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- mrlNiveau 10
faer a écrit:. L'énoncé précise que les migrants, d'une part, fuient la guerre, et, d'autre part, atteignent une île en Méditerranée. Quand on connaît bien le sujet, peut-on penser à autre chose qu'à Kos ou Lampedusa ? Quelle a été l'actualité dramatique ici ? L'entassement de migrants dans des camps, avec des frontières fermées. Si l'énoncé avait parlé de l'arrivée massive de migrants en France ou dans tel pays, je ne dis pas, mais ici on est pas loin de la description des conséquences de la guerre avec ses déplacements de population à la frontière, dans des conditions terribles. Parle-t-on souvent du nombre de migrants, largement majoritaire, qui atterrissent dans des camps situés dans les pays limitrophes ? Ici, comme à Kos ou Lampedusa, évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
Reste que l'exercice est effectivement maladroit et absurde (arrondir à l'unité ).
Ok, mais pour une telle lecture, il faudrait préciser : "un camp de réfugiés" au lieu d' "une île".
Le problème (et je fais une analyse littéraire, après tout c'est ma formation), c'est que le mot "île" est le symbole d'un "centre spirituel primordial" (Dictionnaire des symboles, ed. Robert Laffon), ou le symbole du "refuge", d'un "lieu où la conscience et la volonté s'unissent pour échapper aux assauts de l'inconscient".
Pour certains, l' "île" de l'énoncé renvoie peut-être à un lieu physique pour ceux qui connaissent Kos ou Lampedusa. Pour les autres, cette "île" évoque un lieu sacré, paisible, etc.
Du coup, l'arrivée de centaines de migrants dans cette "île", que l'énoncé mentionne, peut être lue comme une menace s'exerçant contre ce lieu sacré et paisible qu'est l'île.
- CathEnchanteur
Dr Raynal a écrit:C'est étonnant, mais personne ne semble avoir protesté lorsqu'un manuel HG (j'ai jeté un oeil sur un spécimen en juin dernier) présentait une famille de migrant "type" : père ingénieur, femme médecin, et deux charmant enfants. Tout a fait réaliste, absolument pas tendancieux.
Le fait qu'ils prennent la peine, dans de si terribles circonstances, d'organiser leur arrivée selon une suite mathématiques, montre bien leur niveau d'études, non ?
- DimkaVénérable
Oui mais non. Quand tu veux évoquer une situation, soit tu le fais sérieusement, avec des outils et des données appropriés, soit tu ne fais rien. Là, c'est totalement absurde parce que les chiffres sont faux et ne correspondent à aucun phénomène réel (les arrivées de migrants ne se font pas comme ça), et parce que dans la réalité, on n'applique jamais les mathématiques comme ça (tu imagines sérieusement un responsable réfléchir comme ça ?). C'est une question de rigueur intellectuelle, tant à propos d'un phénomène social que des sciences.faer a écrit:évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
"Évoquer" en se basant sur le mensonge et les préjugés, je ne vois pas ce que ça apporte. Et l'opinion est assez grande pour être alertée par des discours et des faits véridiques, plutôt que par le biais de prétextes bidons à des exos de maths. Puis franchement, c'est comme les usages détournés de l'histoire, c'est agaçant : les maths, comme l'histoire, ont une volonté de rigueur. Ça me rappelle l'angélisme naïf de l'inspectrice qui m'avait expliqué qu'on faisait étudier la cité antique non pas parce que c'est super cool en soi, mais pour que les élèves réfléchissent à leur propre citoyenneté : ça me gonfle. Si tu veux parler aux élèves de leur citoyenneté, tu leur en parles directement. Si tu veux leur parler des migrants, pareil. Par contre, quand tu leur parles de l'Antiquité ou de maths, tu ne leur parles que de ça au lieu de faire un gloubi-boulga anachronique qui n'a rien d'historique ou un gloubi-boulga socio-mathématique qui n'a rien ni de sociologique ni de mathématiques appliquées.
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- Spoiler:
- faerNiveau 6
Dimka a écrit:Oui mais non. Quand tu veux évoquer une situation, soit tu le fais sérieusement, avec des outils et des données appropriés, soit tu ne fais rien. Là, c'est totalement absurde parce que les chiffres sont faux et ne correspondent à aucun phénomène réel (les arrivées de migrants ne se font pas comme ça), et parce que dans la réalité, on n'applique jamais les mathématiques comme ça (tu imagines sérieusement un responsable réfléchir comme ça ?). C'est une question de rigueur intellectuelle, tant à propos d'un phénomène social que des sciences.faer a écrit:évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
"Évoquer" en se basant sur le mensonge et les préjugés, je ne vois pas ce que ça apporte. Et l'opinion est assez grande pour être alertée par des discours et des faits véridiques, plutôt que par le biais de prétextes bidons à des exos de maths. Puis franchement, c'est comme les usages détournés de l'histoire, c'est agaçant : les maths, comme l'histoire, ont une volonté de rigueur. Ça me rappelle l'angélisme naïf de l'inspectrice qui m'avait expliqué qu'on faisait étudier la cité antique non pas parce que c'est super cool en soi, mais pour que les élèves réfléchissent à leur propre citoyenneté : ça me gonfle. Si tu veux parler aux élèves de leur citoyenneté, tu leur en parles directement. Si tu veux leur parler des migrants, pareil. Par contre, quand tu leur parles de l'Antiquité ou de maths, tu ne leur parles que de ça au lieu de faire un gloubi-boulga anachronique qui n'a rien d'historique ou un gloubi-boulga socio-mathématique qui n'a rien ni de sociologique ni de mathématiques appliquées.
Mais nous sommes (à deux-trois termes près) tout à fait d'accord. Je proposais simplement une autre interprétation des intentions de l'auteur de cet exercice. J'ai dit, au début et à la fin, ce que je pensais de l'exercice en lui-même, et de sa manière "d'évoquer".
- BabaretteDoyen
Rendash a écrit:gauvain31 a écrit:Rendash a écrit:Babarette a écrit:C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
Tu sors ça d'où ?
C'est inconscient: livre = auteurs enseignants confirmés = ils savent de quoi ils parlent= tout est donc vrai. Dans un sondage il y a quelques années la très grande majorité des élèves reconnaissent les compétences de leurs enseignants. Je pense pas qu'ils aient un esprit critique assez développé pour se permettre de dire qu'il y a des mensonges dans un livre
Faut croire que les auteurs du sondage n'ont pas interrogé les professeurs de SVT et d'histoire-géographie Et qu'ils n'ont pas tenu compte de YouTube, non plus. Quelques années, dis-tu ? Si tu retrouves la date, voire le sondage lui-même, ça m'intéresse.
Mais ça n'était pas le sens de ma question, de toute façon
Je pense m'être mal exprimée et je reformule: un manuel servant à l'enseignement est supposé ne pas contenir des informations fausses, sinon, on se demande à quoi il servirait. Même si, bien entendu, je ne doute aucunement de l'existence de crétins, notamment des créationnistes et négationnistes, mais c'est encore autre chose. Le manuel doit pouvoir être digne de foi. Puis on se doute bien que le crétin moyen pourra hurler que le manuel d'histoire dit des ***, mais que celui de maths a apporté la vérité, à savoir que le nombre de migrants augmente de 10% par bateau.
- TristanaVénérable
Purée, je pensais à une caricature du Gorafi...
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« C’est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n’y met pas assez du sien. »
Virginie Despentes
- laMissSage
C'est fou de proposer et de valider ça ! :abb:
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- ZakalweNiveau 9
archeboc a écrit:Philomène87 a écrit:Toujours dans le Nathan, il est question de "migrants" pour désigner l'invasion de la Gaule dans l'Antiquité tardive (posté sur facebook).
Quel est l'état de l'historiographie aujourd'hui ? Ne montre-t-elle pas que ces "invasions" n'ont pris la forme d'irruption de troupes en arme que dans de rares occasions, et qu'il faut plus généralement parler de "grandes migrations" ?
"Rares" serait pour le moins exagéré, ils se mettaient quand même régulièrement joyeusement sur la tronche. Après, pas forcément plus parfois qu'entre "Romains" lors des usurpations, sans compter les pacifications après révolte.
Effectivement l'expression "grandes migrations" est devenue à la mode depuis quelque temps, j'aurais tendance à penser de manière tout aussi fallacieuse finalement que l'expression "grandes invasions", la réalité étant autrement plus complexe. Après, la question de l'emploi du terme "migration" et des implicites qu'il peut porter suivant qu'on évoque les voyages en armes de nos amis germains ou les visites des sarrasins du sud autour de 732, ça montre que le terme employé importe finalement peu.
Bon, accessoirement, "l'invasion de la Gaule", ça pose le problème du pluriel généralement d'usage pour les Gaules. Et parler d'invasion quand les trois quart des nouveaux royaumes sont le fait de peuples fédérés qui s'efforcent en fin de compte de maintenir un ordre "romain" (comme Chilpéric et son fiston...).
HS pour HS, je suis bien plus choqué de trouver encore des références à Clovis comme premier roi de France par exemple...
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INJUSTE Terme utilisé pour désigner les avantages dont on a essayé de spolier d'autres gens, mais sans y arriver. Voir aussi MALHONNETETE, DISSIMULATION, et TIENS J'AI DU POT
- RendashBon génie
Zakalwe a écrit:
Effectivement l'expression "grandes migrations" est devenue à la mode depuis quelque temps
Sauf erreur de ma part, c'est une expression issue directement de l'historiographie allemande sur la question, et qui tend à être de plus en plus utilisée en France depuis quelques années.
Le Grand Remplacement historiographique, toussah :lol:
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- gauvain31Empereur
Rendash a écrit:Zakalwe a écrit:
Effectivement l'expression "grandes migrations" est devenue à la mode depuis quelque temps
Sauf erreur de ma part, c'est une expression issue directement de l'historiographie allemande sur la question, et qui tend à être de plus en plus utilisée en France depuis quelques années.
Le Grand Remplacement historiographique, toussah :lol:
Et dans l’Éducation Nationale, chez les CDE, on appelle ceci la "gestion des flux"
- ZakalweNiveau 9
Rendash a écrit:Zakalwe a écrit:
Effectivement l'expression "grandes migrations" est devenue à la mode depuis quelque temps
Sauf erreur de ma part, c'est une expression issue directement de l'historiographie allemande sur la question, et qui tend à être de plus en plus utilisée en France depuis quelques années.
Le Grand Remplacement historiographique, toussah :lol:
C'est vaguement ce dont je me souviens aussi - en même temps de leur point de vue ça se comprend. C'est vrai que finalement on pourrait réécrire l'exercice avec les migrations germaniques vers l'ouest de 1870, 1914 et 1939, avec calcul de l'intensité de la prochaine vague en fonction du temps d'attente par rapport à la précédente.
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INJUSTE Terme utilisé pour désigner les avantages dont on a essayé de spolier d'autres gens, mais sans y arriver. Voir aussi MALHONNETETE, DISSIMULATION, et TIENS J'AI DU POT
- PrezboGrand Maître
PauvreYorick a écrit: Là, c'est différent, parce que les intentions qu'on prête se rencontrent et sont donc crédibles sans forcer à postuler l'humour : on soupçonne l'auteur de l'exercice, si toutefois l'exercice est bien réel (j'avoue avoir du mal à m'en laisser convaincre tellement c'est gros), d'utiliser le prétexte d'un exercice pour, avec une discrétion toute relative, diffuser des représentations fausses de ce flux, tellement fausses qu'on voit mal ce qui pourrait les expliquer à part une haine irrationnelle qu'il chercherait à diffuser.
Franchement, ça me semble tellement évident que je n'arrive pas à croire une autre hypothèse. Même si c'est impossible à prouver -et que l'hypothèse déclencherait sans doute des dénégations indignées- ça sent le type qui vient de découvrir Jean Raspail.
Et les réaction de ceux qui ne voient pas le problème, de ceux qui font semblant de ne pas voir le problème, et de ceux qui trouve que quand même il y a trop de sujet tabous en France étaient tristement prévisibles.
Au passage : le fait que ce truc soit passé en dit aussi beaucoup sur la qualité de la relecture faite par les éditeurs pour les livres scolaires.
- ditaNeoprof expérimenté
Heureusement que pour apprendre la natation, il n'y a pas de manuel.
Facile d'imaginer les horreurs ...
Facile d'imaginer les horreurs ...
- InvitéInvité
lienNathan a écrit:
En accord avec les auteurs de l’ouvrage, nous avons décidé d’arrêter immédiatement la commercialisation du livre incriminé et de remplacer gratuitement l’ouvrage actuel par la version corrigée qui sera disponible très prochainement. Nous nous engageons également à redoubler de vigilance dans la validation de nos contenus.
- William FosterExpert
Nathan a écrit:...nos excuses et nos actions
Petit Larousse a écrit:excuse. Raison alléguée pour se disculper ou pour disculper quelqu'un ; circonstance propre à disculper
Une excuse, c'est ce que tu sors pour dire que ce n'est pas de ta faute (genre "mon chien a mangé mon devoir maison", ou "suis en retard à cause que le bus a crevé un pneu").
J'eus trouvé un "nous demandons pardon" plus adéquat qu'un "nous nous excusons"... :|
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- DesolationRowEmpereur
archeboc a écrit:
Il y a d'abord le mot "abject" revenu plusieurs fois ; le smiley qui vomit aussi. La lecture de cet exercice semble déclencher chez beaucoup un sentiment de dégout : pour ceux-là, le sujet est ce que les latins disaient sacer, et les polynésiens, tabou.
Je ne suis pas spécialiste des polynésiens, mais pour ce qui est du latin en tout cas, je pense qu'il serait judicieux de ne pas couvrir les remarques supra d'un vernis d'intelligence en invoquant un terme qui veut dire des tas de choses selon le contexte, mais n'a rien à voir avec le schmilblick ici évoqué.
- HirondelleNiveau 8
Apparemment, il y a aussi une citation tendancieuse dans le manuel d'HG de 5e. Quelqu'un a plus d'infos ? (à part sur la page "sommes-nous trop nombreux sur Terre, où Nathan cite un site d'extrème droite ?
- JEMSGrand Maître
Un sujet tabou ???? On joue aux maths en prenant exemple sur un drame humain, je ne pense pas que celà soir tabou.
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