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- ElyasEsprit sacré
Je suis étonné (voire déçu) que pour être tuteur, pas besoin de son brevet d'ogre spécialité chair fraîche de stagiaire
- Tallulah23Niveau 7
Il y a des circonstances plus ou moins favorables, mais tout est lié. Pour ma part, ça s'est bien passé, j'ai noué une vraie relation de confiance avec mon tuteur et j'ai apprécié toute l'équipe éducative (les CPE, les PP, les autres professeurs...). Mais dans le même lycée que moi, d'autres stagiaires pour qui ça s'est mal passé ont une vision très négative de l'équipe, c'est pourtant la même. Quand ils parlent de leur année, j'ai l'impression qu'ils parlent d'un autre lycée tant leur expérience est négative. Un de ces stagiaires avait un très bon tuteur, mais tout ne dépend pas du tuteur même s'il vaut mieux tomber sur quelqu'un avec qui le courant passe et qui veut vraiment nous aider.Paul Dedalus a écrit:Rassurant seulement dans une certaine mesure à mon sens car le fil montre seulement que "ça dépend" et qu'il y a des circonstances plus favorables que d'autres selon où l'on tombe.
Mais merci quand même, oui!
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Cela vient de quoi alors selon toi?
Est-ce une question de préparation globale au métier, dans son sens le plus polysémique: aussi bien d'un point de vue pratique = arriver avec une idée assez précise de comment faire cours/gérer une classe et avoir déjà pensé à des supports à cet effet que psychologique/physique = être prêt à endurer différents paramètres compliqués avec un rythme exigeant?
Ou un peu des deux avec une grande capacité d'adaptation?
Est-ce une question de préparation globale au métier, dans son sens le plus polysémique: aussi bien d'un point de vue pratique = arriver avec une idée assez précise de comment faire cours/gérer une classe et avoir déjà pensé à des supports à cet effet que psychologique/physique = être prêt à endurer différents paramètres compliqués avec un rythme exigeant?
Ou un peu des deux avec une grande capacité d'adaptation?
_________________
«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- skindiverÉrudit
Il y aussi je pense une grande question de caractère...
- PandorafaFidèle du forum
J'ai eu une année de stage absolument idyllique. Il faut dire que je sortais de deux années de prépa au concours où j'étais partagée entre petits boulots et cours à la Sorbonne et à l'IUFM de Paris... Donc les conditions de stage, à 6h étaient très confortables à mon époque. J'avais été animatrice pendant des années auprès d'enfants et d'ado, ça a sans doute aidé dans la prise en main des élèves.
Mais surtout, contrairement à beaucoup de stagiaires, j'ai pu rester habiter dans mon petit studio parisien où j'avais mes repères. J'ai été affectée de l'académie de Versailles, mais dans un collège d'une ville frontalière de Paris, dans la banlieue sud, accessible en métro puis en bus. L'IUFM se trouvait dans la ville où j'ai grandi, à 45 minutes de RER d'où j'habitais, et j'en profitais parfois pour dormi chez ma mère la veille de certaines journées de formation, c'était très confortable.
Ma plus grande chance, c'est d'avoir été affectée en collège avec une tutrice formidable, qui est devenue une amie proche aujourd'hui. Quelqu'un d'exigeant, hyper bosseur, mais humble et très à l'écoute. Elle avait déjà eu 2 stagiaires avant moi, et m'avait concocté un service de rêve, deux 6ème, donc un seul niveau, quand beaucoup de mes collègues en avaient deux !
Dès la pré-rentrée, elle m'a conseillé sur les premiers cours que j'avais préparé, elle m'a expliqué tout le fonctionnement du collège, et j'ai été super bien accueillie par les collègues et la direction, qui m'a toujours traité comme une prof à part entière. J'étais ultra motivée, et j'ai mené un gros projet interdisciplinaire et une sortie au Louvre dès cette année là.
Elle venait très souvent voir mes cours et me faisait des debrief très précis et bienveillants, et je prenais beaucoup de plaisir à venir la voir dans ses classes de différents niveaux. Je l'ai même accompagné lors de 3 sorties, ce fut très instructif. Elle m'envoyait ses cours et je lui envoyais les miens, et parfois elle me demandais si elle pouvait me "piquer des trucs" et cela m'a donné confiance en moi. Parfois je lui annoncé que j'allais faire de telle ou telle façon, elle me disait "tu es sure ? Bon tu verras bien ce que ça donne". Et parfois ça foirait complètement, mais elle me laissait faire mes expériences, sans rien m'imposer.
La principale, qui était très copine avec l'une des formatrice, et l'adjointe étaient très chaleureuses avec moi, et me recevaient parfois assez longuement, me donnaient des conseils... J'ai eu une bonne note administrative, et toujours obtenu ce que je demandais d'un point de vue administratif et pédagogique.
Forcément, cela donnait de bons échos de moi à l'IUFM, où mes formatrices disciplinaires étaient compétentes et sympathiques avec moi, alors que l'une d'elles pouvait être très cassante avec les stagiaires en difficulté. Je me suis fait un petit groupe d'amis, principalement des hommes, avec qui j'échangeais pas mal sur les cours. Les autres stagiaires du groupe me semblaient dans l'ensemble soit très immatures (à bavarder constamment pendant les cours, voire à "jouer" comme des ados dans les locaux) soit assez prétentieux (à ressasser constamment leurs oraux et leurs notes de concours...). Du coup je ne mâchais pas mes mots à leur encontre quand ils me gonflait.
Autant les cours disciplinaires étaient assez intéressants, surtout quand il s'agissait de préparer ensemble des séquences, ou de visiter des lieux pour nous donner des idées de sorties, autant les cours "transdisciplinaires" étaient d'une platitude alarmante. Je me souviens d'amphi où tous le monde bavardait ou corrigeais des copies, pendant que l'on nous parlait de "prof autocratique"/"prof démocratique". Je me souviens aussi d'un cours avec un planqué n'ayant plus d'élèves, qui prétendait nous faire faire des exercices de placement de voix en posant ses mains sur notre ventre, pratique contre laquelle je m'étais insurgée, en précisant qu'il ne pourrait pas exiger cela d'élèves du secondaire, ce qui ne lui avait pas plus du tout plu, mais je ne l'ai jamais "payé".
J'ai eu la chance de faire parallèlement un stage en lycée (pour le coup très loin, à l'autre bout de l'académie) avec une autre tutrice formidable et humble elle aussi, qui m'a transmis beaucoup de cours, et qui m'a laissé enseigner tout un chapitre sur la Renaissance à ses 2nde.
J'ai aussi fait un stage d'observation d'une semaine, où j'avais demandé spécifiquement un collège ZEP ("RAR" à l'époque), lui aussi bien situé, où j'ai beaucoup appris sur les problèmes liés à ce type d'établissement. Avec une stagiaire de maths et de français avec qui j'avais copiné on avait rencontré beaucoup de collègues, dont ceux qui coordonnaient le réseau. On avait assisté à des cours où les élèves pouvaient être horribles, à des réunions de direction où des enseignants quémandaient des conseils de discipline pour des élèves ingérables, beaucoup parlé avec le principal et son adjointe... Et on avait finalement rédigé un rapport dithyrambique sur l'établissement et le dispositif mis en place là-bas...
J'ai rédigé un mémoire sur mon projet interdisciplinaire auquel je croyais vraiment, en citant des mérieuseries auxquelles je ne croyais pas du tout, ça a beaucoup plus, c'était dans l'air du temps !
C'est l'année de ma carrière où j'ai eu le moins de boulot. Grâce à mon service sur un seul niveau. Je suis énormément sortie avec mes amis, y compris le soir en semaine, j'ai eu beaucoup de rencards, j'avais enfin du temps pour moi, après ces années de galère à bosser en plus de mes études.
En fait, avec le recul, je peux dire que j'ai été une stagiaire hyper gâtée, trop. Lorsque je n'ai obtenu aucun de mes voeux de mut intra (TZR 92, collèges REP ou non accessibles en transports en commun) et que j'ai été affectée par extension TZR Essonne, j'ai hurlé à l'injustice. Tous le monde était désolé pour moi, y compris ma principale, qui avait fait un courrier pour que j'obtienne quand même le BMP dispo l'année suivante alors que ce n'était pas ma zone. Je suis partie le coeur lourds de cet établissement, et j'y suis souvent retournée pour saluer les collègues. J'ai toujours gardé contact avec ma tutrice et une de nos collègues, qui m'ont donné l'intégralité de leurs cours de collègue du CD-ROM et ont continué à me les envoyer...
Mais avec le recul, cette année "trop cool" m'a fait tomber de haut l'année suivante. J'ai quitté Paris pour ne pas passer ma vie dans les transports en commun, j'ai acheté une voiture... Et j'ai été envoyée 10 jours après la rentrée dans un lycée ZEP à 1h de voiture de ma nouvelle adresse, avec des bouchons constants. Les collègues d'HG expérimentés étaient hyper accueillants et soutenants , ils m'ont épaulé et même formée à la correction des dissertation et des cartes, mais j'avais un service difficile : 5 classes dont 2 STG et 4 programmes à préparer dont 2 Tles. Des élèves très durs, parfois violents et menaçants, une direction laxiste et méprisante avec les TZR... Heureusement, l'un de mes potes d'IUFM avait obtenu l'autre BMP à temps plein, on s'échangeait les cours mais agrégé, il avait déjà fait une année en lycée lors de son stage, et je me sentais d'un niveau bien inférieur au sien, pas légitime. Je n'ai jamais autant bossé de ma vie, jusqu'à 2h du mat pour préparer mes cours, je passais mes WE et mes vacances à corriger des copies, les élèves considéraient que j'étais moins compétente que leurs anciens profs car j'étais plus jeune ... C'est d'ailleurs ainsi que je suis arrivée sur Néo, en cherchant des pistes pour une reconversion !
Heureusement, j'avais rencontré mon mari actuel l'été précédent, il m'a beaucoup soutenu, on s'est vite lancé pour faire un bébé, et j'ai été arrêtée à partir de fin mai à cause d'un premier trimestre de grossesse difficile. Je culpabilisais d'abandonner mes Terminales, mais mes collègues d'HG ont été hyper soutenants, ils ont régulièrement pris de mes nouvelles, sont venus me voir, ils ont pris certaines de mes heures avec les Tles pour aider à boucler le programme tandis qu'un contractuel prenait difficilement en charge les 2nde et 1ère... Par contre, alors que j'avais fait beaucoup de sorties avec les "jeunes" collègues des autres matière lors de la première partie de l'année, ils ne m'ont plus donné de news, c'est la vie, on n'est que de passage...
Concernant l'inspection, je n'ai pas été inspectée lors de mon année de stage, ni pendant celle de néotit, mais seulement lors de 4ème année ! Cela s'est assez mal passé car j'étais déléguée syndicale et en conflit avec ma direction, l'IPR avait un a priori négatif, et a eu une attitude très irrespectueuse et infantilisante lors de l'entretien. Et qui j'ai appelé en pleurs en sortant ? Mon ancienne tutrice, qui m'a rassuré et qui avait pourtant trouvé mon cours très bien lorsque je lui avais envoyé... Ma très bonne note pédagogique obtenue par le concours n'a pas été augmentée et le rapport n'était pas négatif mais ne représentait pas la réalité du cours, j'ai trouvé ça injuste pour l'investissement énorme que j'avais réalisé cette année là ... Cela a ralenti mon avancement, je n'ai plus jamais été inspectée, et l'IPR est partie à la retraite l'année suivante... Et maintenant ce sont mes 3 anciennes formatrices qui sont IPR dans mon académies, je les croise en formation avec amusement !
Mon ancienne tutrice est devenue formatrice, et surtout elle me rejoint à la rentrée dans mon collège ZEP, enfin ! On est resté très proches, y compris quand j'étais très malheureuse dans mon ancien collège, on passait des heures au téléphone, elle a été d'un soutien énorme !
Bref, j'ai eu une chance énorme de la rencontrer et d'avoir des débuts aussi faciles lors du stage, mais j'ai morflé et déchanté dans les années qui ont suivi. Et aujourd'hui, cela m'aide à relativiser le métier, on peut connaître le pire comme le meilleur, avec nos élèves comme avec les collègues et la direction. Et depuis un an, je suis dans la meilleure situation qui soit : collègues et direction au top dans mon mini collège ZEP, élèves attachiants, niveaux qui me plaisent et responsabilités importantes en tant que PP de dys et cas MDPH.
Mais surtout, contrairement à beaucoup de stagiaires, j'ai pu rester habiter dans mon petit studio parisien où j'avais mes repères. J'ai été affectée de l'académie de Versailles, mais dans un collège d'une ville frontalière de Paris, dans la banlieue sud, accessible en métro puis en bus. L'IUFM se trouvait dans la ville où j'ai grandi, à 45 minutes de RER d'où j'habitais, et j'en profitais parfois pour dormi chez ma mère la veille de certaines journées de formation, c'était très confortable.
Ma plus grande chance, c'est d'avoir été affectée en collège avec une tutrice formidable, qui est devenue une amie proche aujourd'hui. Quelqu'un d'exigeant, hyper bosseur, mais humble et très à l'écoute. Elle avait déjà eu 2 stagiaires avant moi, et m'avait concocté un service de rêve, deux 6ème, donc un seul niveau, quand beaucoup de mes collègues en avaient deux !
Dès la pré-rentrée, elle m'a conseillé sur les premiers cours que j'avais préparé, elle m'a expliqué tout le fonctionnement du collège, et j'ai été super bien accueillie par les collègues et la direction, qui m'a toujours traité comme une prof à part entière. J'étais ultra motivée, et j'ai mené un gros projet interdisciplinaire et une sortie au Louvre dès cette année là.
Elle venait très souvent voir mes cours et me faisait des debrief très précis et bienveillants, et je prenais beaucoup de plaisir à venir la voir dans ses classes de différents niveaux. Je l'ai même accompagné lors de 3 sorties, ce fut très instructif. Elle m'envoyait ses cours et je lui envoyais les miens, et parfois elle me demandais si elle pouvait me "piquer des trucs" et cela m'a donné confiance en moi. Parfois je lui annoncé que j'allais faire de telle ou telle façon, elle me disait "tu es sure ? Bon tu verras bien ce que ça donne". Et parfois ça foirait complètement, mais elle me laissait faire mes expériences, sans rien m'imposer.
La principale, qui était très copine avec l'une des formatrice, et l'adjointe étaient très chaleureuses avec moi, et me recevaient parfois assez longuement, me donnaient des conseils... J'ai eu une bonne note administrative, et toujours obtenu ce que je demandais d'un point de vue administratif et pédagogique.
Forcément, cela donnait de bons échos de moi à l'IUFM, où mes formatrices disciplinaires étaient compétentes et sympathiques avec moi, alors que l'une d'elles pouvait être très cassante avec les stagiaires en difficulté. Je me suis fait un petit groupe d'amis, principalement des hommes, avec qui j'échangeais pas mal sur les cours. Les autres stagiaires du groupe me semblaient dans l'ensemble soit très immatures (à bavarder constamment pendant les cours, voire à "jouer" comme des ados dans les locaux) soit assez prétentieux (à ressasser constamment leurs oraux et leurs notes de concours...). Du coup je ne mâchais pas mes mots à leur encontre quand ils me gonflait.
Autant les cours disciplinaires étaient assez intéressants, surtout quand il s'agissait de préparer ensemble des séquences, ou de visiter des lieux pour nous donner des idées de sorties, autant les cours "transdisciplinaires" étaient d'une platitude alarmante. Je me souviens d'amphi où tous le monde bavardait ou corrigeais des copies, pendant que l'on nous parlait de "prof autocratique"/"prof démocratique". Je me souviens aussi d'un cours avec un planqué n'ayant plus d'élèves, qui prétendait nous faire faire des exercices de placement de voix en posant ses mains sur notre ventre, pratique contre laquelle je m'étais insurgée, en précisant qu'il ne pourrait pas exiger cela d'élèves du secondaire, ce qui ne lui avait pas plus du tout plu, mais je ne l'ai jamais "payé".
J'ai eu la chance de faire parallèlement un stage en lycée (pour le coup très loin, à l'autre bout de l'académie) avec une autre tutrice formidable et humble elle aussi, qui m'a transmis beaucoup de cours, et qui m'a laissé enseigner tout un chapitre sur la Renaissance à ses 2nde.
J'ai aussi fait un stage d'observation d'une semaine, où j'avais demandé spécifiquement un collège ZEP ("RAR" à l'époque), lui aussi bien situé, où j'ai beaucoup appris sur les problèmes liés à ce type d'établissement. Avec une stagiaire de maths et de français avec qui j'avais copiné on avait rencontré beaucoup de collègues, dont ceux qui coordonnaient le réseau. On avait assisté à des cours où les élèves pouvaient être horribles, à des réunions de direction où des enseignants quémandaient des conseils de discipline pour des élèves ingérables, beaucoup parlé avec le principal et son adjointe... Et on avait finalement rédigé un rapport dithyrambique sur l'établissement et le dispositif mis en place là-bas...
J'ai rédigé un mémoire sur mon projet interdisciplinaire auquel je croyais vraiment, en citant des mérieuseries auxquelles je ne croyais pas du tout, ça a beaucoup plus, c'était dans l'air du temps !
C'est l'année de ma carrière où j'ai eu le moins de boulot. Grâce à mon service sur un seul niveau. Je suis énormément sortie avec mes amis, y compris le soir en semaine, j'ai eu beaucoup de rencards, j'avais enfin du temps pour moi, après ces années de galère à bosser en plus de mes études.
En fait, avec le recul, je peux dire que j'ai été une stagiaire hyper gâtée, trop. Lorsque je n'ai obtenu aucun de mes voeux de mut intra (TZR 92, collèges REP ou non accessibles en transports en commun) et que j'ai été affectée par extension TZR Essonne, j'ai hurlé à l'injustice. Tous le monde était désolé pour moi, y compris ma principale, qui avait fait un courrier pour que j'obtienne quand même le BMP dispo l'année suivante alors que ce n'était pas ma zone. Je suis partie le coeur lourds de cet établissement, et j'y suis souvent retournée pour saluer les collègues. J'ai toujours gardé contact avec ma tutrice et une de nos collègues, qui m'ont donné l'intégralité de leurs cours de collègue du CD-ROM et ont continué à me les envoyer...
Mais avec le recul, cette année "trop cool" m'a fait tomber de haut l'année suivante. J'ai quitté Paris pour ne pas passer ma vie dans les transports en commun, j'ai acheté une voiture... Et j'ai été envoyée 10 jours après la rentrée dans un lycée ZEP à 1h de voiture de ma nouvelle adresse, avec des bouchons constants. Les collègues d'HG expérimentés étaient hyper accueillants et soutenants , ils m'ont épaulé et même formée à la correction des dissertation et des cartes, mais j'avais un service difficile : 5 classes dont 2 STG et 4 programmes à préparer dont 2 Tles. Des élèves très durs, parfois violents et menaçants, une direction laxiste et méprisante avec les TZR... Heureusement, l'un de mes potes d'IUFM avait obtenu l'autre BMP à temps plein, on s'échangeait les cours mais agrégé, il avait déjà fait une année en lycée lors de son stage, et je me sentais d'un niveau bien inférieur au sien, pas légitime. Je n'ai jamais autant bossé de ma vie, jusqu'à 2h du mat pour préparer mes cours, je passais mes WE et mes vacances à corriger des copies, les élèves considéraient que j'étais moins compétente que leurs anciens profs car j'étais plus jeune ... C'est d'ailleurs ainsi que je suis arrivée sur Néo, en cherchant des pistes pour une reconversion !
Heureusement, j'avais rencontré mon mari actuel l'été précédent, il m'a beaucoup soutenu, on s'est vite lancé pour faire un bébé, et j'ai été arrêtée à partir de fin mai à cause d'un premier trimestre de grossesse difficile. Je culpabilisais d'abandonner mes Terminales, mais mes collègues d'HG ont été hyper soutenants, ils ont régulièrement pris de mes nouvelles, sont venus me voir, ils ont pris certaines de mes heures avec les Tles pour aider à boucler le programme tandis qu'un contractuel prenait difficilement en charge les 2nde et 1ère... Par contre, alors que j'avais fait beaucoup de sorties avec les "jeunes" collègues des autres matière lors de la première partie de l'année, ils ne m'ont plus donné de news, c'est la vie, on n'est que de passage...
Concernant l'inspection, je n'ai pas été inspectée lors de mon année de stage, ni pendant celle de néotit, mais seulement lors de 4ème année ! Cela s'est assez mal passé car j'étais déléguée syndicale et en conflit avec ma direction, l'IPR avait un a priori négatif, et a eu une attitude très irrespectueuse et infantilisante lors de l'entretien. Et qui j'ai appelé en pleurs en sortant ? Mon ancienne tutrice, qui m'a rassuré et qui avait pourtant trouvé mon cours très bien lorsque je lui avais envoyé... Ma très bonne note pédagogique obtenue par le concours n'a pas été augmentée et le rapport n'était pas négatif mais ne représentait pas la réalité du cours, j'ai trouvé ça injuste pour l'investissement énorme que j'avais réalisé cette année là ... Cela a ralenti mon avancement, je n'ai plus jamais été inspectée, et l'IPR est partie à la retraite l'année suivante... Et maintenant ce sont mes 3 anciennes formatrices qui sont IPR dans mon académies, je les croise en formation avec amusement !
Mon ancienne tutrice est devenue formatrice, et surtout elle me rejoint à la rentrée dans mon collège ZEP, enfin ! On est resté très proches, y compris quand j'étais très malheureuse dans mon ancien collège, on passait des heures au téléphone, elle a été d'un soutien énorme !
Bref, j'ai eu une chance énorme de la rencontrer et d'avoir des débuts aussi faciles lors du stage, mais j'ai morflé et déchanté dans les années qui ont suivi. Et aujourd'hui, cela m'aide à relativiser le métier, on peut connaître le pire comme le meilleur, avec nos élèves comme avec les collègues et la direction. Et depuis un an, je suis dans la meilleure situation qui soit : collègues et direction au top dans mon mini collège ZEP, élèves attachiants, niveaux qui me plaisent et responsabilités importantes en tant que PP de dys et cas MDPH.
- trompettemarineMonarque
Un petit HS : C'est rare d'avoir une belle année de stage. La seule chose qui me choque, c'est que les formatrices, si compétentes soient-elles, soient devenues IPR dans la même académie. C'est la même chose chez nous.
Les inspecteurs devraient venir d'autres académies, et comme les CDE, ils devraient muter de temps en temps.
Imagine que tu aies eu des formatrices incompétentes...! Ce système de cooptation me révulse.
Bravo en tout cas pour tout ton travail et ton investissement (que ma remarque ne remet pas en cause ! )
Les inspecteurs devraient venir d'autres académies, et comme les CDE, ils devraient muter de temps en temps.
Imagine que tu aies eu des formatrices incompétentes...! Ce système de cooptation me révulse.
Bravo en tout cas pour tout ton travail et ton investissement (que ma remarque ne remet pas en cause ! )
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Il est certain que ne pas avoir à déménager pour une année qui est déjà assez bouleversante en changements ne peut être qu'une chance énorme!
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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- PandorafaFidèle du forum
trompettemarine a écrit:Un petit HS : C'est rare d'avoir une belle année de stage. La seule chose qui me choque, c'est que les formatrices, si compétentes soient-elles, soient devenues IPR dans la même académie. C'est la même chose chez nous.
Les inspecteurs devraient venir d'autres académies, et comme les CDE, ils devraient muter de temps en temps.
Imagine que tu aies eu des formatrices incompétentes...! Ce système de cooptation me révulse.
Bravo en tout cas pour tout ton travail et ton investissement (que ma remarque ne remet pas en cause ! )
C'est vrai que je me suis fait la remarque de la cooptation également, car elles sont devenues IPR chacune leur tour en quelques années, et qu'elles étaient très copines.
En revanche, je suppose, et j'espère que si elles sont devenues IPR alors qu'elles étaient encore assez jeunes (la quarantaine), c'est justement parce qu'elles étaient très compétentes.
Pour être tout à fait honnête, j'ai beaucoup d'estime pour la première qui l'est devenue, une personne hyper pro, franche, exigeante et très humaine (j'en connais un sur ce forum, que je ne nommerai pas, qui la reconnaîtra). Quand je l'entend en formation de bassin, j'aime sa franchise, son pragmatisme et elle est amicale, à l'écoute mais peut se montrer ferme également. Je pense qu'elle est vraiment à sa place, que c'est même une chance pour les collègues d'avoir une IPR comme elle. Il me semble d'ailleurs qu'elle a fait sa première année comme IPR dans une autre académie (Picardie ?) avant de revenir dans la notre.
La 2nde à être devenue IPR était connue à l'IUFM pour casser les stagiaires en difficulté, et était toujours très satisfaite de tous ses cours, mais ne souhaitait pas que l'on vienne l'observer... En revanche, elle a toujours été positive et charmante avec moi, y compris quand elle est devenue l'IPR de mon ancien bassin, alors qu'elle ne m'a jamais inspecté. Elle avait juste oublié (ou manqué de temps ?) de venir me faire une "visite-conseil" en tant que néotit quand elle n'était encore que chargée d'inspection, avant ma vraie inspection, donc je lui en ai un peu voulu vu comme ça s'est déroulé pour moi ensuite. Mais elle avait de jeunes enfants quand elle est devenue IPR, et je ne trouve pas scandaleux qu'elle ai pu rester dans son académie, en revanche, je sais que le fait qu'elle inspecte dans le département où elle a enseigné pendant une dizaine d'année à choqué quelques collègues... Je pense qu'elle est probablement très compétente mais manque peut-être parfois de sincérité et de bienveillance, mais j'imagine que c'est fréquent chez les IPR ?
Pour la 3ème, plus jeune, qui n'a été formatrice que peu de temps et manquait un peu de charisme à coté des deux autres, j'ai été surprise qu'elle le devienne, surtout aussi vite, mais c'est quelqu'un de humble, très humaine et à l'écoute également. Et je pense que ce sont des qualités vraiment nécessaires chez les IPR.
J'ai tendance à me dire que des IPR que l'on enverrai plusieurs années loin de leur famille alors qu'ils ont peut-être déjà vécu cela en tant que prof en début de carrière le vivraient mal, et je crois qu'un IPR malheureux risquerait de le faire payer aux collègues qu'il inspecte... Peut-être que les IPR dont je parle, toutes mères de famille, voulaient avoir l'assurance de pouvoir rester près de leur enfants avant de s'engager dans le processus ? Est-ce si gênant que des femmes n'aient pas à sacrifier leur vie de famille pour monter les échelons dans notre ministère ?
Désolée, j'ai continué le HS
- WysteriaNiveau 6
Ah mais là dessus je suis tout à fait d'accord !Dadoo33 a écrit:Wysteria a écrit:Dadoo33 a écrit:Catalunya a écrit:
Ça dépend aussi beaucoup du stagiaire, on a tendance à l'oublier.
+1
Je pense que c'est un tout, et que cela dépend du tuteur, du stagiaire et de l'environnement dans lequel on officie.
Parfois, ca peut se passer mal avec notre tuteur mais pas avec l'équipe, ou inversement. Ou on a des circonstances qui font que, bah quoiqu'il arrive ca ne passera pas.
Disons qu'on ne peut pas blâmer qu'une seule des parties, que ce soit dans l'enseignements ou dans tout autre stage d'ailleurs
Mais oui, c'est clairement rassurant de voir que tous les tuteurs ne sont pas friands de la chair fraiche de stagiaire 😁
Euh bah dans certaines situations , si. Que ce soit le stagiaire comme les tuteurs. Je suis navrée.
Il y a des stagiaires qui ont des tuteurs qui ne tiennent pas la route comme des stagiaires qui ne tiennent pas la route non plus. Je ne parle de ceux qui ont des difficultés et qui font tout pour les combler, hein.
Il faut le reconnaître.
Je me suis peut etre mal exprimée... ce que je voulais dire, c'est que ce n'est pas toujours que sur l'une des deux parties qu'il y a un problème
Mais clairement, parfois c'est cas ! (Au point de dégoûter d'un métier, mais passons ...)
- scot69Modérateur
Et d'un point de vue de tuteur: j'ai eu cette année une stagiaire formidable. Une fille adorable avec beaucoup de qualités humaines et pédagogiques. Elle a fait un travail extra et s'est montré super pro sur tous les plans. Ses futurs collègues ont vraiment de la chance!
- AbanicoNiveau 4
J'ai eu beaucoup de chance lors de l'année de stage.
Une tutrice qui voulait transmettre sa façon de faire, de voir les choses sans se fermer aux propositions, innovations. Elle me laissait me planter et me disait comment améliorer quelque chose que j'avais tenté et qui n'avait pas fonctionné. J'étais à 12h et 3h d'iufm. Plutôt des bons souvenirs...je revois encore ma tutrice régulièrement!
Une tutrice qui voulait transmettre sa façon de faire, de voir les choses sans se fermer aux propositions, innovations. Elle me laissait me planter et me disait comment améliorer quelque chose que j'avais tenté et qui n'avait pas fonctionné. J'étais à 12h et 3h d'iufm. Plutôt des bons souvenirs...je revois encore ma tutrice régulièrement!
- orphNiveau 5
J'ai eu beaucoup de chance lors de ma DEUXIEME année de stage.
Je revenais dans l'Education Nationale avec beaucoup de crainte: l'expérience précédente m'avait laissé humilié, broyé, et rempli de doutes quant à ma compétence à pouvoir devenir un professeur capable de transmettre quoi que ce soit.
Le collège, et en particulier ma super tutrice, m'ont énormément aidé à restaurer ma confiance en moi, et à me faire progresser: des conseils avisés tout au long de l'année (et non des ordres péremptoires et contradictoires...), des encouragements,beaucoup de soutien et d'écoute, des sourires (c'est fou ce que c'est important, en fait...)
La direction aussi était au top, elle faisait corps avec les enseignants contre certains parents irrespectueux, et a fortement favorisé mon stage avec un service centré sur un seul niveau.
Tous les stages devraient se passer ainsi.
Je revenais dans l'Education Nationale avec beaucoup de crainte: l'expérience précédente m'avait laissé humilié, broyé, et rempli de doutes quant à ma compétence à pouvoir devenir un professeur capable de transmettre quoi que ce soit.
Le collège, et en particulier ma super tutrice, m'ont énormément aidé à restaurer ma confiance en moi, et à me faire progresser: des conseils avisés tout au long de l'année (et non des ordres péremptoires et contradictoires...), des encouragements,beaucoup de soutien et d'écoute, des sourires (c'est fou ce que c'est important, en fait...)
La direction aussi était au top, elle faisait corps avec les enseignants contre certains parents irrespectueux, et a fortement favorisé mon stage avec un service centré sur un seul niveau.
Tous les stages devraient se passer ainsi.
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"Soyez donc résolu à ne servir plus, et vous voilà libre" Etienne de la Boétie
"les journalistes écrivent des articles par lesquels ils présentent une réalité romancée. Et tout le monde les croit. Et les écrivains écrivent des romans où ils présentent la vérité. Et personne ne les croit." Bernard Werber
- buttersNiveau 4
Bonsoir!
Super année de stage pour moi aussi. J'ai été envoyée dans un établissement APV (je n'ai su ce que c'était que pendant les mut' donc ça m'a pas hyper inquiétée et au final tant mieux) et les élèves étaient sympas (plus que dans un collège voisin mieux "réputé" mais avec des élèves de classes plutôt aisées pas sympas, et parents hypers pénibles -j'étais contractuelle). Là ça m'a changé du tout au tout, parents compréhensifs, à l'écoute, élèves jamais bien méchants.
Ma tutrice à la pointe des nouvelles pédagogies de l'EN ce qui était ce dont j'avais besoin car j'avais un style d'enseignement un peu bourrin, pas très pédagogique, elle est venue régulièrement, je suis allée dans ses cours mais aussi dans ceux des autres collègues (super enrichissant et rassurant de voir tous les styles différents). Les CPE faisaient un super travail de fond avec les élèves donc la dynamique des classes s'est améliorée au fil de l'année et les problèmes se réglaient rapidement. On étaient 6 stagiaires de matières différentes ça c'était plutôt un avantage.
La partie ESPE était plus une séance de support moral pour certains (des stagiaires qui pleurent toutes les semaines en didactique car ils n'y arrivent pas, idem en Tronc commun, les formateurs qui répondent aux inquiétudes immédiates, ce qui je trouve était une bonne réaction pour garder un maximum de stagiaires). Néanmoins, pour moi il y a trop d'heures qui ne servent à rien. Du genre : 4h, voire en semestre 2, 5h de didactique d'affilée avec 45mn de pause pour les fumeurs je ne vois pas trop l'intérêt. En fait je trouve que les cours ESPE sont utiles pour le premier semestre mais je ne vois pas trop l'utilité pour le deuxième.
Contrairement à la quasi-majorité j'ai bien aimé retourner à la fac pour valider mon DU MEEF, ça m'a forcé à faire des expérimentations en CE pour mon mémoire que je compte réutiliser.
En fait en une année j'ai beaucoup appris et c'était super sympa, du coup, j'ai un peu d'appréhension que cette année en tant que néo-tit ne soit pas aussi bien car la barre est plutôt haute, mais y'a pas de raison si on a le bon état d'esprit que ça se passe mal.
La seule chose que je n'ai pas aimé dans mon année était certains stagiaires de promo qui ont pourri l'ambiance en se plaignant de tout, H24, assez imbus de leur personne, à qui tout devrait être dû, mais bon c'est comme en salle des profs certains sont dynamiques et enthousiastes et d'autre accablés par tout et n'importe quoi.
Pour ce qui est des collègues, dans tous les établissements où j'ai été j'ai toujours trouvé l'ambiance sympa et ça n'a pas dérogé pour l'année de stage!
Super année de stage pour moi aussi. J'ai été envoyée dans un établissement APV (je n'ai su ce que c'était que pendant les mut' donc ça m'a pas hyper inquiétée et au final tant mieux) et les élèves étaient sympas (plus que dans un collège voisin mieux "réputé" mais avec des élèves de classes plutôt aisées pas sympas, et parents hypers pénibles -j'étais contractuelle). Là ça m'a changé du tout au tout, parents compréhensifs, à l'écoute, élèves jamais bien méchants.
Ma tutrice à la pointe des nouvelles pédagogies de l'EN ce qui était ce dont j'avais besoin car j'avais un style d'enseignement un peu bourrin, pas très pédagogique, elle est venue régulièrement, je suis allée dans ses cours mais aussi dans ceux des autres collègues (super enrichissant et rassurant de voir tous les styles différents). Les CPE faisaient un super travail de fond avec les élèves donc la dynamique des classes s'est améliorée au fil de l'année et les problèmes se réglaient rapidement. On étaient 6 stagiaires de matières différentes ça c'était plutôt un avantage.
La partie ESPE était plus une séance de support moral pour certains (des stagiaires qui pleurent toutes les semaines en didactique car ils n'y arrivent pas, idem en Tronc commun, les formateurs qui répondent aux inquiétudes immédiates, ce qui je trouve était une bonne réaction pour garder un maximum de stagiaires). Néanmoins, pour moi il y a trop d'heures qui ne servent à rien. Du genre : 4h, voire en semestre 2, 5h de didactique d'affilée avec 45mn de pause pour les fumeurs je ne vois pas trop l'intérêt. En fait je trouve que les cours ESPE sont utiles pour le premier semestre mais je ne vois pas trop l'utilité pour le deuxième.
Contrairement à la quasi-majorité j'ai bien aimé retourner à la fac pour valider mon DU MEEF, ça m'a forcé à faire des expérimentations en CE pour mon mémoire que je compte réutiliser.
En fait en une année j'ai beaucoup appris et c'était super sympa, du coup, j'ai un peu d'appréhension que cette année en tant que néo-tit ne soit pas aussi bien car la barre est plutôt haute, mais y'a pas de raison si on a le bon état d'esprit que ça se passe mal.
La seule chose que je n'ai pas aimé dans mon année était certains stagiaires de promo qui ont pourri l'ambiance en se plaignant de tout, H24, assez imbus de leur personne, à qui tout devrait être dû, mais bon c'est comme en salle des profs certains sont dynamiques et enthousiastes et d'autre accablés par tout et n'importe quoi.
Pour ce qui est des collègues, dans tous les établissements où j'ai été j'ai toujours trouvé l'ambiance sympa et ça n'a pas dérogé pour l'année de stage!
- Pierre-HenriHabitué du forum
Un fil bénéfique, tant la lecture du forum finirait par nous rendre paranoïaques.
Donc, moi aussi, une très bonne année de stage. J'ai passé le CAFEP au tournant de la quarantaine, après une expérience de contractuel désastreuse dans le public. Malgré cela, le responsable du SAAR de Strasbourg (qu'il en soit ici remercié) m'a accueilli avec le sourire et m'a parfaitement remis en confiance. Il m'a fait sentir que l'enseignement catholique misait sur mes capacités et sur mon expérience.
Dans mon établissement d'exercice, un collège privé de banlieue, j'ai bénéficié des très bons conseils de ma tutrice et de mes collègues : concrets, terre à terre, visant à améliorer mon travail au quotidien, et non à me situer sur l'échiquier idéologique des pédagogues. Le chef d'établissement m'a soutenu dans les difficultés, mais a aussi joué franc-jeu quand les choses n'allaient pas. Il m'a permis de me situer clairement, et donc aussi de progresser. Il était présent sans être invasif, toujours à l'écoute (l'établissement était assez petit pour le permettre).
Les choses étaient plus contrastées du côté du centre de formation. Mon tuteur pédagogique était un professeur agrégé, qui misait l'essentiel sur la maitrise disciplinaire. Nous avons eu d'intéressantes conversations proprement littéraires, et les choix didactiques découlaient de ces dernières. Il ne mettait pas la charrue avant les boeufs. Dans mon écrit professionnel, j'ai abondamment cité Laurent Lafforgue, ce qui a mené à un véritable échange. C'est dire.
En revanche, le courant n'est pas passé avec la directrice de formation, une pure théoricienne, qui refusait par principe la formation disciplinaire, a tout fait pour la minimiser, et vilipendait ceux dont les cursus étaient trop académiques. Son avis était le seul négatif sur ma titularisation. Personne à ma connaissance n'en a tenu compte.
Je tiens cependant à dire que j'ai été outré par l'attitude, le manque de professionnalisme et de maturité, le faible niveau d'un certain nombre de stagiaires qui, somme toute, se comportaient plus mal en formation que mes collégiens en cours. La crise de recrutement, trop souvent, a pris cette année là un visage aussi concret que désolant.
L'inspection s'est bien passé. L'inspecteur a accepté mes choix pédagogiques (notamment les progressions séparées grammaire/lecture, et la présence ponctuelle de cours magistraux), car j'ai su les justifier. Il m'a tout de même prévenu que certains de ses collègues seraient beaucoup plus réservés sur mes choix. Ses conseils sur la gestion de classe, très concrets, m'ont servi : je parle trop, j'ai tendance à faire mon théâtre, sans impliquer suffisamment tous les élèves. Il a remarqué que j'avais un bon rapport avec les élèves, qui me respectaient et m'appréciaient.
De fait, mon expérience n'a rien à voir avec l'image véhiculée sur ce forum. Le seul blocage est venu des purs théoriciens de la pédagogie, mais j'ai aussi constaté que, au fond, personne ne les écoutait.
Donc, moi aussi, une très bonne année de stage. J'ai passé le CAFEP au tournant de la quarantaine, après une expérience de contractuel désastreuse dans le public. Malgré cela, le responsable du SAAR de Strasbourg (qu'il en soit ici remercié) m'a accueilli avec le sourire et m'a parfaitement remis en confiance. Il m'a fait sentir que l'enseignement catholique misait sur mes capacités et sur mon expérience.
Dans mon établissement d'exercice, un collège privé de banlieue, j'ai bénéficié des très bons conseils de ma tutrice et de mes collègues : concrets, terre à terre, visant à améliorer mon travail au quotidien, et non à me situer sur l'échiquier idéologique des pédagogues. Le chef d'établissement m'a soutenu dans les difficultés, mais a aussi joué franc-jeu quand les choses n'allaient pas. Il m'a permis de me situer clairement, et donc aussi de progresser. Il était présent sans être invasif, toujours à l'écoute (l'établissement était assez petit pour le permettre).
Les choses étaient plus contrastées du côté du centre de formation. Mon tuteur pédagogique était un professeur agrégé, qui misait l'essentiel sur la maitrise disciplinaire. Nous avons eu d'intéressantes conversations proprement littéraires, et les choix didactiques découlaient de ces dernières. Il ne mettait pas la charrue avant les boeufs. Dans mon écrit professionnel, j'ai abondamment cité Laurent Lafforgue, ce qui a mené à un véritable échange. C'est dire.
En revanche, le courant n'est pas passé avec la directrice de formation, une pure théoricienne, qui refusait par principe la formation disciplinaire, a tout fait pour la minimiser, et vilipendait ceux dont les cursus étaient trop académiques. Son avis était le seul négatif sur ma titularisation. Personne à ma connaissance n'en a tenu compte.
Je tiens cependant à dire que j'ai été outré par l'attitude, le manque de professionnalisme et de maturité, le faible niveau d'un certain nombre de stagiaires qui, somme toute, se comportaient plus mal en formation que mes collégiens en cours. La crise de recrutement, trop souvent, a pris cette année là un visage aussi concret que désolant.
L'inspection s'est bien passé. L'inspecteur a accepté mes choix pédagogiques (notamment les progressions séparées grammaire/lecture, et la présence ponctuelle de cours magistraux), car j'ai su les justifier. Il m'a tout de même prévenu que certains de ses collègues seraient beaucoup plus réservés sur mes choix. Ses conseils sur la gestion de classe, très concrets, m'ont servi : je parle trop, j'ai tendance à faire mon théâtre, sans impliquer suffisamment tous les élèves. Il a remarqué que j'avais un bon rapport avec les élèves, qui me respectaient et m'appréciaient.
De fait, mon expérience n'a rien à voir avec l'image véhiculée sur ce forum. Le seul blocage est venu des purs théoriciens de la pédagogie, mais j'ai aussi constaté que, au fond, personne ne les écoutait.
- livieFidèle du forum
Belle initiative ce post que je découvre à l'instant.
Je compte aussi parmi les chanceuses: j'ai eu une année de stage merveilleuse grâce à une tutrice en or, présente pour me rassurer mais aussi pour me dire ce qui n'allait pas. Ce qui m'a particulièrement aidée aussi c'est d'être en couple car j'étais très jeune, dans une académie que je n'avais pas choisie (je suivais mon mari) et heureusement que j'avais quelqu'un à qui parler de tout en rentrant le soir. Beaucoup de craquages de stagiaires (et de néotit) ont pour origine l'isolement personnel (être loin de chez soi et arriver sans amis, sans famille) et l'isolement professionnel (avoir peur/honte de parler de ses difficultés en classe ou tomber sur des collègues peu empathiques).
J'avais très peur de réaliser mon année de stage dans l'académie de Créteil : tout d'abord parce qu'on entend tout et n'importe quoi sur cette académie (après oui, il faut dire que j'ai vu en un an de stage ce que je n'avais jamais vu, c'est une réalité. Ce qui est faux c'est de nous faire croire qu'on ne peut pas s'en sortir là-bas et qu'on ne bénéficie d'aucune aide). Aussi, parce que j'avais réalisé toute ma scolarité dans une académie de l'Ouest dans le privé sous contrat et hors contrat: arriver dans un lycée au milieu des tours dans une des plus grandes villes de l'académie avec des classes de seconde à 35.... heuuuuuuuuuu, je n'en menais pas large :triste4: Je regrettais même d'avoir choisi cette académie pour y réaliser mon stage car j'avais peur que ça me porte préjudice dans la titularisation :fifi2:
Lors dès premières semaines, je prenais tout pour une agression personnelle: un élève qui ne me disait pas bonjour, un élève qui me rendait une copie avec trois jours de retard... j'ai dû beaucoup travailler là-dessus pour bien vivre mon métier. J'ai rapidement su me positionner même si certaines heures étaient plus difficiles que d'autres ( je me rappellerai encore très longtemps des deux heures à la suite avec les 2ndes2 le mardi de 15h30 à 17h30).... Ma visite conseil et mon inspection se sont bien déroulées. Trois ans après je suis toujours dans l'académie de Créteil mais en collège et j'adore mon boulot. Pourtant, là, encore, j'en avais entendu des vertes et des pas mûres sur les collèges dans cette académie.
Ce que j'ai moins bien vécu fut l'infantilisation de l'ESPE. Un formateur qui mangeait dans la main de l'inspecteur ( c'était à en rire, surtout quand le dit inspecteur se pointait) et qui nous menaçait si nous étions absents (j'avais quasi 1h30 de transport pour aller deux fois par semaine sur les sites de formation et je n'étais pas la plus mal lotie...). Nous avons fait "grève" dès le début d'année quand nous avons appris, il y a 3 ans maintenant, que les stagiaires ayant déjà un M2 (y compris ancienne version du MEEF, appelée MEF waaaaaaaa ça change tout) devaient refaire un mémoire. Nous avons obtenu gain de cause et n'avons eu à rendre qu'un corpus d'une dizaine de petits travaux échelonnés sur l'année. Je sais toutefois que toutes les académies n'ont pas "gagné" dans cette affaire de mémoire à refaire, est-ce parce que dans notre académie, le public-élève était "plus difficile" pour une entrée dans le métier ? c'est ce qui a été mis en avant par nos formateurs pour justifier leur échec face à nos revendications.
Ce que je regrette également, c'est le manque de formation sur la gestion de classe ou les cas pratiques. Ayant réalisé mon stage dans une académie aussi particulière, je m'attendais à avoir une formation davantage axée sur le sujet. Heureusement que ma tutrice était là car les cours à l'ESPE traitaient énormément de la didactique (ce que j'avais fait et refait ayant déjà un M2 MEF).
Je compte aussi parmi les chanceuses: j'ai eu une année de stage merveilleuse grâce à une tutrice en or, présente pour me rassurer mais aussi pour me dire ce qui n'allait pas. Ce qui m'a particulièrement aidée aussi c'est d'être en couple car j'étais très jeune, dans une académie que je n'avais pas choisie (je suivais mon mari) et heureusement que j'avais quelqu'un à qui parler de tout en rentrant le soir. Beaucoup de craquages de stagiaires (et de néotit) ont pour origine l'isolement personnel (être loin de chez soi et arriver sans amis, sans famille) et l'isolement professionnel (avoir peur/honte de parler de ses difficultés en classe ou tomber sur des collègues peu empathiques).
J'avais très peur de réaliser mon année de stage dans l'académie de Créteil : tout d'abord parce qu'on entend tout et n'importe quoi sur cette académie (après oui, il faut dire que j'ai vu en un an de stage ce que je n'avais jamais vu, c'est une réalité. Ce qui est faux c'est de nous faire croire qu'on ne peut pas s'en sortir là-bas et qu'on ne bénéficie d'aucune aide). Aussi, parce que j'avais réalisé toute ma scolarité dans une académie de l'Ouest dans le privé sous contrat et hors contrat: arriver dans un lycée au milieu des tours dans une des plus grandes villes de l'académie avec des classes de seconde à 35.... heuuuuuuuuuu, je n'en menais pas large :triste4: Je regrettais même d'avoir choisi cette académie pour y réaliser mon stage car j'avais peur que ça me porte préjudice dans la titularisation :fifi2:
Lors dès premières semaines, je prenais tout pour une agression personnelle: un élève qui ne me disait pas bonjour, un élève qui me rendait une copie avec trois jours de retard... j'ai dû beaucoup travailler là-dessus pour bien vivre mon métier. J'ai rapidement su me positionner même si certaines heures étaient plus difficiles que d'autres ( je me rappellerai encore très longtemps des deux heures à la suite avec les 2ndes2 le mardi de 15h30 à 17h30).... Ma visite conseil et mon inspection se sont bien déroulées. Trois ans après je suis toujours dans l'académie de Créteil mais en collège et j'adore mon boulot. Pourtant, là, encore, j'en avais entendu des vertes et des pas mûres sur les collèges dans cette académie.
Ce que j'ai moins bien vécu fut l'infantilisation de l'ESPE. Un formateur qui mangeait dans la main de l'inspecteur ( c'était à en rire, surtout quand le dit inspecteur se pointait) et qui nous menaçait si nous étions absents (j'avais quasi 1h30 de transport pour aller deux fois par semaine sur les sites de formation et je n'étais pas la plus mal lotie...). Nous avons fait "grève" dès le début d'année quand nous avons appris, il y a 3 ans maintenant, que les stagiaires ayant déjà un M2 (y compris ancienne version du MEEF, appelée MEF waaaaaaaa ça change tout) devaient refaire un mémoire. Nous avons obtenu gain de cause et n'avons eu à rendre qu'un corpus d'une dizaine de petits travaux échelonnés sur l'année. Je sais toutefois que toutes les académies n'ont pas "gagné" dans cette affaire de mémoire à refaire, est-ce parce que dans notre académie, le public-élève était "plus difficile" pour une entrée dans le métier ? c'est ce qui a été mis en avant par nos formateurs pour justifier leur échec face à nos revendications.
Ce que je regrette également, c'est le manque de formation sur la gestion de classe ou les cas pratiques. Ayant réalisé mon stage dans une académie aussi particulière, je m'attendais à avoir une formation davantage axée sur le sujet. Heureusement que ma tutrice était là car les cours à l'ESPE traitaient énormément de la didactique (ce que j'avais fait et refait ayant déjà un M2 MEF).
- PoupoutchModérateur
Skindiver, je trouve que l'idée de ce post est très bonne, alors moi aussi, je viens poser ma petite pierre à l'édifice.
Mon année de stage s'est bien passée et ne m'a pas paru particulièrement difficile. Il faut dire que j'ai passé le CAPES, l'Agreg et le CAPLP à 33 ans, et préparé les trois concours en travaillant à côté et en donnant des cours à l'université. De plus, je changeais de discipline et devais réapprendre toutes les bases. Il va de soi que cette année de préparation aux concours n'a pas été de tout repos (d'ailleurs, mon corps a attendu mon dernier oral pour flancher : chute de vélo en allant travailler, double entorse pied-cheville, un mois et demi d'immobilisation où je n'ai fait que dormir) ! J'avais déjà enseigné, été animatrice, et le contact avec les élèves ne me faisait pas trop peur ; j'avais en revanche des difficultés à trouver ma position, et mon parcours de docteure, ancienne enseignante d'université et aspirante maître de conférences me poussait sans doute à un peu trop d'arrogance. Le mérite de cette année de stage a aussi été de me remettre les pieds sur terre.
Côté tutrice, on ne peut pas dire que les relations aient toujours été au beau fixe. Elle a plusieurs fois manqué de délicatesse (aller voir la provi-adjointe pour demander que le CPE intervienne dans ma classe au prétexte que "je n'avais pas réussi à motiver mes élèves" pour la sortie théâtre qu'elle organisait et m'imposait, suivi d'un coup de fil chez moi, d'une heure, pour me dire que mon manque de professionnalisme (le CPE non plus n'avait pas trouvé d'élèves motivés et nous étions menacés d'annuler la sortie) la faisait passer pour une idiote et que tout était ma faute ; annonce haut et fort, au beau milieu de la salle des profs, que ma visite-conseil de titularisation avait été une catastrophe, alors que je venais de dire "ça a été" et que la visiteuse de l'ESPE m'avait dit, quand je l'ai ramenée à la gare, que tout s'était très bien passé et que ma titularisation ne serait qu'une formalité...). Mais on ne peut pas lui enlever qu'elle m'a beaucoup aidée, a toujours répondu présente et a, finalement, vraiment fait en sorte de bien me former. Je pense que mon parcours lui faisait peur, qu'elle avait cette année-là présumé un peu de ses capacités (2 stagiaires, un service à 24h.) et qu'elle est parfois plus vive qu'elle ne voudrait, après quoi elle a du mal à faire amende honorable. En ce qui me concerne, je savais où j'allais et j'étais parfois têtue. De quoi créer des situations explosives. Au final, ce que j'en retiendrais, c'est qu'on peut ne pas être d'accord avec son tuteur, qu'il peut aussi parfois ne pas être d'accord avec nous, et que cette relation peut parfois, selon les caractères, être source de tensions. Essayer de comprendre ce qui, chez le tuteur ou chez nous, crée ces tensions peut permettre de les apaiser (de mon côté, je me suis rendu compte que j'agissais comme si je n'avais pas besoin d'elle et que changer cette attitude et reconnaître qu'elle m'aidait beaucoup - et le faire savoir - a permis de faire passer bien des tensions). Ma tutrice est toujours ma collègue puisque j'ai été titularisée dans le lycée où je faisais mon stage ; elle répond toujours présente lorsque j'ai un doute, de même que toute l'équipe, qui est vraiment très soudée.
Côté ESPE, les formateurs que nous avons eux étaient très variés. Certains parmi eux, porte-paroles de la réforme du collège et haut-parleurs du discours officiel, étaient particulièrement imbuvables. Il faut en prendre son parti (mon jeu était de poser le plus de questions possible jusqu'à réussir à les coincer...). D'autres nous ont vraiment donné des pistes pour construire des cours, et j'ai gardé précieusement les documents qu'ils nous ont donnés, et que je réutilise parfois. Ceux-là avaient, vis-à-vis du discours officiel, une position détendue (il y a le discours officiel et la réalité des classes, qui souvent l'annule). Et rencontrer d'autres stagiaires, dont certains sont devenus des amis, a été vraiment salutaire.
J'ajoute que, n'étant pas issue d'un Master MEEF, j'ai effectué mon stage à 250 km de chez moi, ESPE à 50km de mon établissement, avec un conjoint qui vivait et travaillait encore à Paris. Par chance, pas de double loyer, puisque j'ai pu me loger dans ma famille.
Pour ceux qui viennent nuancer les propos positifs tenus sur ce fil, je voudrais ajouter ceci : il se peut, évidemment, que l'on n'ait pas de chance (tuteur absent, établissement pourri, inspecteurs exécrables, ESPE démago...) et que les conditions du stage soient à l'origine d'une non-titularisation du stagiaire. Il se peut aussi, comme cela a été évoqué, que le poids de l'ESPE sur la titularisation joue dans l’augmentation du nombre de renouvellements ou licenciements. Mais il est important, lorsque l'on se présente pour la première fois devant une classe, de partir gagnant, et c'est je pense ce que proposait Skindiver ; que nous offrions aux futurs stagiaires des récits qui leur permettent de prendre confiance, et de contrebalancer les récits de stages plus sombres, dont personne n'a nié qu'ils existent et que c'est regrettable. Ce, afin qu'ils ne vivent pas cette année, déjà porteuse de nombreux changements et de nouvelles expériences, comme une menace mais comme une chance de commencer à se former au mieux.
Mon année de stage s'est bien passée et ne m'a pas paru particulièrement difficile. Il faut dire que j'ai passé le CAPES, l'Agreg et le CAPLP à 33 ans, et préparé les trois concours en travaillant à côté et en donnant des cours à l'université. De plus, je changeais de discipline et devais réapprendre toutes les bases. Il va de soi que cette année de préparation aux concours n'a pas été de tout repos (d'ailleurs, mon corps a attendu mon dernier oral pour flancher : chute de vélo en allant travailler, double entorse pied-cheville, un mois et demi d'immobilisation où je n'ai fait que dormir) ! J'avais déjà enseigné, été animatrice, et le contact avec les élèves ne me faisait pas trop peur ; j'avais en revanche des difficultés à trouver ma position, et mon parcours de docteure, ancienne enseignante d'université et aspirante maître de conférences me poussait sans doute à un peu trop d'arrogance. Le mérite de cette année de stage a aussi été de me remettre les pieds sur terre.
Côté tutrice, on ne peut pas dire que les relations aient toujours été au beau fixe. Elle a plusieurs fois manqué de délicatesse (aller voir la provi-adjointe pour demander que le CPE intervienne dans ma classe au prétexte que "je n'avais pas réussi à motiver mes élèves" pour la sortie théâtre qu'elle organisait et m'imposait, suivi d'un coup de fil chez moi, d'une heure, pour me dire que mon manque de professionnalisme (le CPE non plus n'avait pas trouvé d'élèves motivés et nous étions menacés d'annuler la sortie) la faisait passer pour une idiote et que tout était ma faute ; annonce haut et fort, au beau milieu de la salle des profs, que ma visite-conseil de titularisation avait été une catastrophe, alors que je venais de dire "ça a été" et que la visiteuse de l'ESPE m'avait dit, quand je l'ai ramenée à la gare, que tout s'était très bien passé et que ma titularisation ne serait qu'une formalité...). Mais on ne peut pas lui enlever qu'elle m'a beaucoup aidée, a toujours répondu présente et a, finalement, vraiment fait en sorte de bien me former. Je pense que mon parcours lui faisait peur, qu'elle avait cette année-là présumé un peu de ses capacités (2 stagiaires, un service à 24h.) et qu'elle est parfois plus vive qu'elle ne voudrait, après quoi elle a du mal à faire amende honorable. En ce qui me concerne, je savais où j'allais et j'étais parfois têtue. De quoi créer des situations explosives. Au final, ce que j'en retiendrais, c'est qu'on peut ne pas être d'accord avec son tuteur, qu'il peut aussi parfois ne pas être d'accord avec nous, et que cette relation peut parfois, selon les caractères, être source de tensions. Essayer de comprendre ce qui, chez le tuteur ou chez nous, crée ces tensions peut permettre de les apaiser (de mon côté, je me suis rendu compte que j'agissais comme si je n'avais pas besoin d'elle et que changer cette attitude et reconnaître qu'elle m'aidait beaucoup - et le faire savoir - a permis de faire passer bien des tensions). Ma tutrice est toujours ma collègue puisque j'ai été titularisée dans le lycée où je faisais mon stage ; elle répond toujours présente lorsque j'ai un doute, de même que toute l'équipe, qui est vraiment très soudée.
Côté ESPE, les formateurs que nous avons eux étaient très variés. Certains parmi eux, porte-paroles de la réforme du collège et haut-parleurs du discours officiel, étaient particulièrement imbuvables. Il faut en prendre son parti (mon jeu était de poser le plus de questions possible jusqu'à réussir à les coincer...). D'autres nous ont vraiment donné des pistes pour construire des cours, et j'ai gardé précieusement les documents qu'ils nous ont donnés, et que je réutilise parfois. Ceux-là avaient, vis-à-vis du discours officiel, une position détendue (il y a le discours officiel et la réalité des classes, qui souvent l'annule). Et rencontrer d'autres stagiaires, dont certains sont devenus des amis, a été vraiment salutaire.
J'ajoute que, n'étant pas issue d'un Master MEEF, j'ai effectué mon stage à 250 km de chez moi, ESPE à 50km de mon établissement, avec un conjoint qui vivait et travaillait encore à Paris. Par chance, pas de double loyer, puisque j'ai pu me loger dans ma famille.
Pour ceux qui viennent nuancer les propos positifs tenus sur ce fil, je voudrais ajouter ceci : il se peut, évidemment, que l'on n'ait pas de chance (tuteur absent, établissement pourri, inspecteurs exécrables, ESPE démago...) et que les conditions du stage soient à l'origine d'une non-titularisation du stagiaire. Il se peut aussi, comme cela a été évoqué, que le poids de l'ESPE sur la titularisation joue dans l’augmentation du nombre de renouvellements ou licenciements. Mais il est important, lorsque l'on se présente pour la première fois devant une classe, de partir gagnant, et c'est je pense ce que proposait Skindiver ; que nous offrions aux futurs stagiaires des récits qui leur permettent de prendre confiance, et de contrebalancer les récits de stages plus sombres, dont personne n'a nié qu'ils existent et que c'est regrettable. Ce, afin qu'ils ne vivent pas cette année, déjà porteuse de nombreux changements et de nouvelles expériences, comme une menace mais comme une chance de commencer à se former au mieux.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
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- Que se passe-t-il si l'on "refuse" l'année de stage ?
- Peut-on obtenir une année de dispo après l'année de stage ?
- Admissible au CAFEP-CAPET externe en étant déjà titulaire du CAFEP-PLP depuis 10 ans : comment se passe l'année de stage en cas d'admission ?
- Défense de la réforme des Rythmes (1) - Une directrice : "Ca se passe bien [...]. Je passe une heure par jour à gérer le périsco".
- Bilan de cette année: j'ai passé une bonne année parce que...
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