6è : A quoi ressemblent vos premières études de texte ?

J'ai eu des sixièmes cette année, niveau que je n'avais plus eu depuis longtemps et j'ai été désarçonnée par le fossé qui existait entre ce que je leur demandais et ce qu'ils savaient faire et comprendre. Cette année, je voudrais y aller plus progressivement, d'où ma question. Comment les élèves abordent-ils les textes en CM2 ? Que peut-on leur demander en terme de compréhension? A quel moment commence-ton l'analyse ? Bref, je cherche où positionner mon curseur. Si vous avez des conseils...

Aucun avis ? Je remonte le fil au cas où...

Je débute donc je n'ai pas trop de conseils, d'autant plus que tes questions me semblent assez "larges".

Qu'est-ce que tu entends sous le mot "compréhension" ? L'implicite, pour la plupart, ça reste compliqué. Si un personnage est nommé de différentes manières aussi. Enfin, tout ça, ça vaut aussi pour les autres niveaux.

Quand tu parles d'analyse, tu parles d'axe de lecture/commentaire ? D 'autre chose ?

Quelles ont été tes difficultés ? Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

Je suis loin d'être une experte mais je commence l'année avec des choses vraiment très simples : qui, quoi, où, quand et enchaînement des actions. Le but est de les mettre en confiance et insister sur la rédaction des réponses en formulant des phrases correctes.
Ensuite je m'appuie beaucoup sur deux manuels : j'apprends à rédiger et la partie langue du terre des lettres. Le but est de bien travailler la langue pour affiner la compréhension.

Tu as raison, mes questions manquent de précision.
Je me suis heurtée à la mécompréhension des questions que je posais aux élèves (à l'écrit), questions qui me semblaient assez simples portant sur la compréhension du texte (repérage de personnages, de leurs interactions et relations), parfois sur un implicite qui me semblait évident.

En questionnant mes élèves à l'oral, je me rendais compte que la question de départ leur posait problème (soit qu'ils ne la lisaient pas ou trop vite, soit qu'elle leur restait obtuse). Le texte aussi leur posait d'énormes problèmes de compréhension.

Quand je parle d'analyse, je parle du repérage des procédés soutenant la lecture (temps verbaux, répétitions, images...) : là, mes élèves étaient totalement largués.

Bref, j'ai dû aller trop vite en besogne.

Merci pour ta réponse Cléandre ! Je connais le manuel TDL mais pas l'autre dont tu parles, je vais aller jeter un coup d’œil.

Saloum a écrit:Tu as raison, mes questions manquent de précision.
Je me suis heurtée à la mécompréhension des questions que je posais aux élèves (à l'écrit), questions qui me semblaient assez simples portant sur la compréhension du texte (repérage de personnages, de leurs interactions et relations), parfois sur un implicite qui me semblait évident.

En questionnant mes élèves à l'oral, je me rendais compte que la question de départ leur posait problème (soit qu'ils ne la lisaient pas ou trop vite, soit qu'elle leur restait obtuse). Le texte aussi leur posait d'énormes problèmes de compréhension.

Du coup, si je comprends bien, une part du problème vient de la formulation de la question/consigne elle-même ? En classe, tu peux accorder du temps à la reformulation de la consigne peut-être. Ou alors travailler en amont sur le sens de certains verbes : citer/justifier/ classer, etc.
Lis-tu le texte à voix haute avant le travail écrit ? Lis-tu tout le texte dès le début en intégralité ? Lire paragraphes par paragraphes en demandant à chaque fois à un élève d'expliquer avec ses mots ce qu'il a compris peut aider les plus faibles à "suivre".

Quant aux questions d'analyse, peut-être est-ce un problème de lexique. J'ai remarqué que les élèves ont du mal avec la notion de "temps verbal", ça les bloque alors qu'ils sont capables de dire à quel temps est conjugué le texte. Bref, peut-être expliciter davantage les outils d'analyse que tu utilises.
Par ailleurs, je pense que la notion d'"image" est peut-être un peu précoce en sixième mais ce n'est qu'un point de vue. Je pense aussi que l'analyse peut peut être abordée plus tardivement dans l'année.

En 6e, les séances que je prévois sur les textes ont plusieurs objectifs : vérifier leur compréhension de l'histoire, enrichir leur vocabulaire et leur expression, et élargir leur culture générale et leur réflexion. Peu d'analyse de style.
Je leur propose uniquement des textes exigeants, complets (pas de mini-extraits autour d'une sorcière ou d'un monstre...) et patrimoniaux. Donc très difficiles pour eux. Mais on avance pas à pas.

Je réserve un créneau de 2h (groupées dans l'edt) pour les textes (+ vocabulaire et rédaction). Le reste est consacré à la langue.
En septembre, par exemple, je commencerai avec les contes : 2h = un conte complet. Je lis le conte intégralement, de façon très expressive. On le reformule / résume / explique dans ses grandes lignes. C'est l'occasion de travailler le vocabulaire et l'expression orale ou écrite. Je pointe du doigt les éventuels implicites et on les lève. Au moins 30 à 40 minutes pour cette étape.
Puis, je demande aux élèves quel passage / personnage... du conte les a particulièrement marqués et pourquoi. C'est l'occasion de revenir sur des passages précis et de faire un peu d'analyse si ça s'y prête. C'est aussi l'occasion pour eux d'apprendre à réagir à propos d'un texte et à justifier une impression. Parfois je guide davantage les élèves vers un point qui m'intéresse particulièrement. Quelques exemples :
- La Belle au bois dormant : on s'attarde sur le rôle des fées et l'idée de destin, sur le parcours du prince et le merveilleux, sur les petites touches comiques à la fin du conte...
- La barbe bleue : la tentation ; le suspense et la tension (le troupeau de moutons fait toujours son petit effet)...

À la fin des 2h, les élèves :
- maîtrisent l'histoire et sont capables de la résumer à l'oral rapidement ;
- ont écrit un petit cours général dans leur cahier à propos du conte étudié ;
- ont écrit la définition de 3 à 5 mots de vocabulaire, à retenir et à réutiliser si possible dans les prochains travaux de rédaction.
- ont fait, ou auront à faire à la maison, 2 ou 3 exercices de vocabulaire (familles de mots ; synonymes ; antonymes...) et d'expression écrite (phrases d'imitation ; petit paragraphe...).

En tout début d'année, ça prend parfois un peu plus de 2h. Il faut passer beaucoup de temps sur la compréhension des textes, mais aussi des consignes. En réalité, c'est du temps gagné pour la suite de l'année.
L'analyse de procédés d'écriture, ça peut attendre. En 6e, encore une fois, j'en fais très peu. Le plus souvent, ça passe par des travaux d'écriture : imitation d'un procédé de style pour créer un effet à la lecture, valeur des temps en rédaction...

Je trouve très complet et intéressant le message de Bussy.
Désormais pour nos 6e, il faut axer sur la bonne compréhension et la bonne lecture orale également. Je pourrais donc rajouter au message précédent de faire lire aux élèves un extrait du conte pour garder le même exemple seul ou à plusieurs si cela s'y prête (dialogue entre la bête et la belle qui a eu un beau succès cette année ou la lecture des contes du chat perché où ils devaient imiter les animaux et les petites).
Des questions écrites après la lecture d'un texte (qui devrait être lu par le professeur au début de l'heure) mettent les élèves en surcharge cognitive. Ils ont besoin de parler à l'oral du texte pour mieux le maîtriser et commencer tout de suite par de l'écrit qui est la dominante la plus complexe ne peut que compliquer le travail pour eux. Mieux vaut garder une question un peu large pour la fin afin de synthétiser l'explication orale qui a été faite durant l'heure. Il m'arrive de prendre des notes au tableau de tout ce qui a été dit, de tout le vocabulaire riche que l'on peut trouver tout au long de l'heure. Ils doivent réutiliser ce vocabulaire en partie dans leur petite synthèse écrite à la fin de l'heure ou à l'heure suivante (dans ce cas, je prends en photo mon tableau pour garder ces traces écrites).

je prends toujours le temps, dès la 6eme, de présenter/situer le texte : auteur, siècle, thème pour faire une introduction. Ils prennent très vite le pli même (surtout) dans les petites classes et les plus "perdus" peuvent au moins participer à ce moment-là

Tout à fait d'accord avec Thalie concernant la bonne lecture orale des élèves. C'est de plus en plus rare à l'entrée en 6e. Cette année, une collègue me disait par exemple qu'aucun de ses élèves de 6e (2 classes de 29) n'avait une lecture fluide. Bon, il faut avouer que notre cru de 6e 2016 est assez "exceptionnel" dans son genre.

Merci pour  vos réponses détaillées. Je me rends compte à quel point j'ai trop demandé à mes sixièmes dès le début de l'année. Je vais pouvoir redresser la barre et mieux les enrôler par un travail plus systématique et plus clair pour eux au niveaux des objectifs attendus.