Ce que l'école doit être

Verdurette a écrit:... j'aime ce métier, j'ai envie de continuer et d'enseigner,  mais j'ai l'impression de le faire de moins en moins,  j'ai l'impression d'être assistante sociale (beau métier, mais ce n'est pas le mien), dresseuse de fauves  (et les parents sont souvent pires que leurs gamins), psy (de comptoir, là encore ce n'est pas mon métier), flic (que je respecte aussi beaucoup, mais ce n'est toujours pas mon métier !) bref de ne pas faire mon vrai travail.  Et parfois je suis terriblement découragée par tous les bâtons que notre hiérarchie et la société nous mettent dans les roues.

Je me permets de citer verdurette pour lancer un debat et recueillir vos avis. J'exerce au Japon et le role de l'enseignant est bien de ce type : assistante sociale, educateur, psy etc. les enseignants se chargent du boulot si les parents ne font pas le leur et... je dois dire que ca fonctionne plutot bien. Les enseignants ici se sont vus charges de ce boulot au debut des annees 90 quand le nombre de racailles et gangs de jeunes avait explose au Japon. Il y a aussi d'autres causes que le manque d'education parentale, la culture est differente, le contexte aussi, donc on ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable, mais...

Ma question est la suivante : pensez vous que ce temps est venu pour la France aussi, a savoir que l'ecole de la republique se charge de l'education des gamins que pas mal de parents ne font pas ?

Je sais que vous ne voulez pas faire ce metier, que vous n'avez pas signe pour etc. donc c'est juste en theorie. En pratique, il faudrait avoir des encadrements dignes de ce nom qui envoient bouler les parents qui ralent, prennent des mesures educatives strictes etc. En plus il faudrait des enseignants formes (et qui veulent faire ce nouveau metier polyvalent) etc. Beaucoup de barrieres pour mettre les choses en place.

Ce qui m'interresse, c'est votre avis sur la question posee plus haut (avec pour pre requis que ca ne vous concerne pas au niveau de votre boulot).

Ben, en fait, on le fait tous déjà (mais sans aucun moyen, et surtout en devant ménager les parents, qui sont ceux qui nous envoient bouler).

Mais quels sont les moyens dont tu disposes, Nemuyoake ?
Je pense qu'au Japon les professeurs sont respectés...

Cath a écrit:Mais quels sont les moyens dont tu disposes, Nemuyoake ?
Je pense qu'au Japon les professeurs sont respectés...

Voilà, pour ce que j'en sais (un tout petit peu ), les adultes, et les professeurs sont beaucoup plus respectés au Japon et leur parole n'est pas remise systématiquement en question (par l'élèves, la famille, la société, l'administration...), ce qui change énormément de choses.

Oui, les enseignants sont respectes donc ils peuvent eduquer les enfants sans que ce soit remis en question.

Je constate (on constate tous) que beaucoup de petits francais manquent d'education. Leurs parents ne le font pas. Quelle autre solution reste-t-il que l'ecole pour les eduquer ? Dans ce cas, l'ecole doit elle commencer a eduquer les enfants ? Sinon, comment obliger les parents a faire leur boulot si jamais ce n'est pas le role de l'ecole ? Ce sont mes questions. Avez vous un avis dessus ou alors ca vous semble sans solution ?

Nemuyoake a écrit:. En pratique, il faudrait avoir des encadrements dignes de ce nom qui envoient bouler les parents qui ralent, prennent des mesures educatives strictes etc. En plus il faudrait des enseignants formes (et qui veulent faire ce nouveau metier polyvalent) etc. Beaucoup de barrieres pour mettre les choses en place.
.

Pas nécessairement des enseignants formés. C'est une question de moyen et d'ambition. Une équipe éducatives renforcée avec des éduc', as ( et pas une as qui tourne sur 5-10 établissement ), inf permettrait déjà de répondre à ces problèmes.

Ensuite, ce n'est pas que l'encadrement ( l'ensemble de ce que tu pointes impliques des responsabilités essentiellement locales ) c'est aussi la politique sur le redoublement, les notations aux examens, etc ...

Je constate (on constate tous) que beaucoup de petits francais manquent d'education. Leurs parents ne le font pas. Quelle autre solution reste-t-il que l'ecole pour les eduquer ?

Généraliser et renforcer les dispositifs d'internats. Permettre aux élèves de sortir du cadre familial, de s'ouvrir ...

Puisque le fil est issu de ce que j'ai écrit précédemment, je ne vois pas d'inconvénient à remédier à la situation des élèves problématiques, mais à deux conditions :
- que mon rôle se limite à servir d'interface entre l'élève et une service spécialisé : je ne peux pas remplacer un juge pour enfant, un pédopsychiatre, un neuropédiatre ... je n'en ai ni le temps, ni surtout les compétences.
- qu'on arrête de tout conditionner à l'accord des parents.  Parce que c'est cela, le plus frustrant : détecter un problème, savoir qu'il existe des solutions, et ne pas pouvoir les mettre en œuvre parce que les parents bloquent tout, sans égard pour le bien de leurs propres enfants. Si cet enfant tombe dans la cour et se blesse, on ne les laissera pas empêcher les pompiers de l'emmener à l'hôpital, n'est-ce pas ? Et bien je ne vois pas pourquoi on laisse à des parents démissionnaires ou sous-équipés intellectuellement un pouvoir discrétionnaire sur l'avenir de leurs enfants.

En Scandinavie on intègre les soins dans l'école, et l'enfant est "remis à niveau" au fur et à mesure, au mieux de ses possibilités, et surtout dès qu'on constate les difficultés (et non après des années d'échec et d'inaction, d'équipe éducative en équipe éducative). Les parents sont informés, évidemment.
On objectera le coût : j'ai lu dans une étude économique récente qu'un euro investi sur la petite enfance évite d'en dépenser huit quand l'enfant est adulte,  en formation, soins psy, allocations diverses ... voire prison.  
Je suis une fervente adepte du préventif. L'Education Nationale préfère le curatif théorique souvent retardé ou lettre morte. (cf PPRE chronophages, incompréhensibles et inutiles)

ok, merci pour vos avis sur le sujet.