Travailler dans le privé lors d'un report de stage d'un concours de la fonction publique

Paul Dedalus a écrit:De la même manière qu'il est demandé de remplir un rapport sur chaque élève chaque semaine. J'imagine que ça prend beaucoup de temps!


Par ailleurs, j'ai trouvé bizarre certaines demandes formelles :
-Imposer que les élèves se lèvent quand on rentre dans la classe (est-ce comme ça pour vous aussi dans vos établissements?)
-Ne surtout pas leur divulguer, ni aux parents, que je débute dans le métier et que c'est ma première expérience en lycée (ça je peux comprendre mais ça me met mal à l'aise cette nécessité de dissimulation).

Un rapport sur chaque élève ? Comme si on n'avait pas déjà assez de travail...
Les élèves qui se lèvent quand un adulte entre c'est la base.
Il vaut mieux éviter de dire qu'on débute, oui, même si les élèves s'en rendront sûrement compte.

(Bon, il a l'air barbant, ce lycée.)

Paul Dedalus a écrit:Mais c'est plutôt ce qui concerne "l'esprit de l'établissement" qui m'inquiète : par exemple on m'a dit que Sartre n'était pas un choix judicieux car il représente "l'existentialisme athée". Je me rappelle qu'au rattrapage du bac philo j'avais justement un texte de Nietzsche pour ma part!
Elle m'a dit d'éviter de parler de ce philosophe d'ailleurs à cause de la violence de ses propos sur la religion.

Ce serait donc un établissement hors-contrat ? L'existentialisme n'est-il pas à étudier ?

Paul Dedalus a écrit:L'attente pédagogique est la suivante : faire des cours de philosophie recoupant diverses notions au programme sous forme de dissertation (ce que je trouve classique mais peu stimulant). Dicter l'introduction aux élèves, noter les notions au tableau et les faire un peu interagir mais tout en gardant toujours le fil conducteur à partir d'une problématique traitée.


Je sais que beaucoup de profs fonctionnent comme ça mais je sais aussi (via la fréquentation de profs et de groupes d'enseignement sur le net) que ce n'est pas ce qui stimule le plus les élèves.

Je trouve cela hallucinant que la direction te dicte comment faire tes cours. Sont-elles elles-mêmes professeures de philosophie ? Où est ta liberté pédagogique ? Et si tu avais projeter de faire des séances ciné-philo ou tout autre méthode ?

Paul Dedalus a écrit:Par ailleurs, elles m'ont conseillé de faire une interro au début de chaque cours. Cela me fait peur car j'imagine que ça fait beaucoup à corriger! De la même manière qu'il est demandé de remplir un rapport sur chaque élève chaque semaine. J'imagine que ça prend beaucoup de temps!


Par ailleurs, j'ai trouvé bizarre certaines demandes formelles :
-Imposer que les élèves se lèvent quand on rentre dans la classe (est-ce comme ça pour vous aussi dans vos établissements?)
-Ne surtout pas leur divulguer, ni aux parents, que je débute dans le métier et que c'est ma première expérience en lycée (ça je peux comprendre mais ça me met mal à l'aise cette nécessité de dissimulation).

Ce ne sera pas forcément très long à corriger ces petites interros de début de cours. D'autant que tu peux les faire oralement, ou te contenter de séries de simples questions. Je ne pense qu'elles attendent de toi des interros type dissertation en l'occurence.
En revanche, ça + les fiches oui, ce sera énormément chronophage.

Quant aux autres demandes elles ne sont pas incongrües. Chaque établissement à sa politique en la matière, et ne pas divulguer qu'on enseigne pour la première année, ou que l'on est stagiaire est recommandé. Les élèves pourraient en profiter en te jugeant plus fragile car débutant, les parents sonner l'hallali et crier haro sur le débutant.

Paul Dedalus a écrit:Concernant la raison d'ouverture de ce fil, elles aussi avaient l'air un peu embarrassées de ma situation (bi admissible à l'agrégation et au capes externes) car elles ne sont pas certaines que j'ai le droit de travailler pour un établissement privé pendant l'année de mon report de stage du CAPES mais comme c'est un temps partiel ça ne devrait pas poser problème (après il faut voir aussi au niveau des statuts, si je me réinscris à la fac pour une préparation, j'imagine que je peux encore bénéficier du statut d'étudiant tout en étant contractuel ou c'est antinomique?).

En fait je vois mal comment ce serait incompatible. Tu auras un contrat de droit privé ? donc c'est comme n'importe quel étudiant qui bosse chez McDonald's pendant ses études. Le statut d'étudiant, est lié à ton inscription à l'université.
Tout ceci serait problématique si tu travaillais ainsi tout en étant stagiaire EN.

Pour conclure, je ne trouve pas cet établissement très engageant. Ca me rappelle mes années de pion dans une école privée de Neuilly, où le CPE qui m'avait reçu m'avait longuement (enfin, cela avait vite tourné court, n'étant ni baptisé, ni croyant) interrogé sur mes rapports au catholicisme.

Ok, merci pour les réponses. Je ne savais pas du tout que même dans le public en tant que fonctionnaire stagiaire il fallait éviter de dire qu'on était débutant, je me suis toujours imaginé que je me présenterai à mes élèves comme débutant dans le métier justement (ce doit être ma naïveté).

Sinon je connais un lycée un peu dans ce genre là dans ma ville d'origine mais en un peu moins privatisé quand même.

Pour le rectorat, je ne sais pas comment faire. Elles m'ont dit qu'il y avait des inspections régulièrement. Du coup je reste quand même dans la crainte que cela me porte préjudice pour mon hypothétique CAPES.

Bref, je suis dans le flou et pas emballé sur tous les points pour cet établissement qui a l'air très dirigiste mais dont j'apprécie certains côtés par ailleurs (et puis si j'étais en report l'an prochain, ou pire ; si je n'ai aucun des deux concours en 2017, ça me ferait une expérience intéressante).

Il n'a vraiment pas l'air net ce lycée. C'est du sous-contrat ou hors-contrat ? J'ai fait au moins 4/5 stages dans du sous-contrat et jamais (encore heureux) la direction ne dit, lors d'un entretien d'embauche, comment le prof devra faire cours...

Paul Dedalus a écrit:Ok, merci pour les réponses. Je ne savais pas du tout que même dans le public en tant que fonctionnaire stagiaire il fallait éviter de dire qu'on était débutant, je me suis toujours imaginé que je me présenterai à mes élèves comme débutant dans le métier justement (ce doit être ma naïveté).

Sinon je connais un lycée un peu dans ce genre là dans ma ville d'origine mais en un peu moins privatisé quand même.

Pour le rectorat, je ne sais pas comment faire. Elles m'ont dit qu'il y avait des inspections régulièrement. Du coup je reste quand même dans la crainte que cela me porte préjudice pour mon hypothétique CAPES.

Bref, je suis dans le flou et pas emballé sur tous les points pour cet établissement qui a l'air très dirigiste mais dont j'apprécie certains côtés par ailleurs (et puis si j'étais en report l'an prochain, ou pire ; si je n'ai aucun des deux concours en 2017, ça me ferait une expérience intéressante).

Je ne connais aucun stagiaire qui soit arrivé le jour de la rentrée en annonçant à ses élèves qu'il débutait, mais ce n'est pas qu'une question de dissimulation, ils n'ont pas à connaître notre vie, tout simplement.
50% des élèves qui vont au rattrapage cela me semble quand même élevé, non ? Tout cela plus les injonctions pédagogiques, franchement à ta place je refuserai le poste (sauf si tu en as besoin pour des questions financières, évidemment). Commencer sa première année sous pression de la hiérarchie c'est rude.
Question bête aux collègues de philo : y-a-t-il un intérêt à faire une interro de 5 minutes en début d'heure ? Il me semble qu'insister sur les notions et la méthodo est plus important, non ?

Est-ce ce qu'il y à des établissements où on ne nous impose pas notre manière de faire cours ?

Est-ce que je peux encore annuler mon report de stage du CAPES pour le faire à la rentrée ? (Dans l'éventualité où je l'ai)

Les discussions ici et là suite à l'entretien me font penser que c'est finalement la meilleure solution dans la mesure où je ne souhaite pas repasser l'agrégation dans l'immédiat.

Jamais (je suis dans le public) un cde ne s'est mêlé de ma manière de faire cours ou de me demander de faire plus ou moins d'évaluations. S'il le faisait, je lui rappellerais qu'il n'est pas compétent pour le faire et qu'il n'en a pas le droit.
Pour le report de stage, je pense qu'il faut que tu appelles le rectorat.

Je n'arrive pas à les joindre comme je disais hier soir. Et puis il y a l'éventualité où je n'ai pas non plus le CAPES. C'est vraiment aporétique comme situation !
Au passage je trouve fort dommage qu'on doive faire nos vœux avant les résultats d'admission. J'imagine que ça met beaucoup de gens dans le flou pendant deux mois.

Paul Dedalus a écrit:Est-ce ce qu'il y à des établissements où on ne nous impose pas notre manière de faire cours ?

C'est déjà un non sens d'imposer une progression fin août sans connaître les élèves, programme ou pas. Certes on se documente et on lit beaucoup pendant les vacances (c'est l'essentiel), on pense les grandes lignes de l'année (mais ça changera forcément) mais il est inutile d'être trop précis.

Paul Dedalus a écrit:Est-ce ce qu'il y à des établissements où on ne nous impose pas notre manière de faire cours ?  

La seule chose qui nous est imposée c'est le programme, et il nous est imposé par le ministère, sûrement pas par le CDE (donc t'interdire d'aborder Sartre, comment dire ). Tu es entièrement libre de ta manière de faire cours ou d'évoluer dans le programme: c'est la liberté pédagogique, et si tu veux commencer par la fin ou réordonner les différents chapitres, tu fais comme tu veux.
Et le CDE n'a rien à y redire. En matière de contenu et de choix pédagogique, ton supérieur hiérarchique, c'est l'inspecteur. Et même lui, sauf pour les contenus, ne peut pas t'imposer de manière de faire (classe inversée, ilôts, cours dialogué, cours magistral). Il aimerait bien, mais pour ça il faudrait qu'il vienne tous les jours nous surveiller....

J'en conclu que le stage est une meilleure option...

De toute façon comme je ne peux pas donner ma réponse tout de suite,  la CDE va certainement  engager quelqu'un d'autre puisque qu'elle ne peut pas attendre jusqu'au 5 Juillet : jour des résultats.

Et les deux personnes suivantes ont peut-être été bien plus convaincantes et avaient peut-être déjà de l'expérience en lycée.

En fait on ne m'a pas défendu d'aborder Sartre, on m'a dit que pour les deux textes du rattrapage il y avait des auteurs plus adaptés à l'esprit de l'établissement.

Vu de l'extérieur, l'histoire paraît très louche.

C'est du hors-contrat ?

C'est un peu compliqué : c'est du hors-contrat rattaché à l'académie et reconnu par l'académie (il y a des inspections comme dans un lycée normal).

D'ailleurs qu'est-ce que cela signifie au juste "reconnu par l'académie"?

J'ai été rappelé avant-hier. La directrice (qui a l'air assez directe) me dit "bon, je sais que ça fait un peu vulgaire mais on est en train de passer à la phase d'"écrémage" et vous faites partie des candidats qu'on pourrait potentiellement engager, vous n'avez jamais travaillé dans un lycée mais Madame X vous trouve solide au niveau des connaissances et apprécie votre état d'esprit. Elle trouve que le contact est bien passé. Vous êtes toujours intéressé?"

J'ai dit oui parce que si je n'ai ni l'agrégation ni le CAPES, je n'imagine pas me retaper une année de préparation à la fac. Je trouve vraiment que j'ai passé l'âge et que ce serait contre-productif. Bon après, je peux peut-être trouver un autre contrat d'enseignement ailleurs mais jusqu'à maintenant, je n'ai jamais rien trouvé donc...

Pour ne pas trop stresser, j'essaie un peu de me laisser porter, on verra bien...

Ce lycée est bien étrange. On ne doit pas te dire comment faire cours, tu suis le programme officiel et c'est tout. C'est le rôle de l'inspecteur ou d'un chargé de mission si tu es inspecté de te conseiller, mais pas celui du chef d'établissement.

Sauf si on n'a aucune expérience en classe entière et que c'est justement du "hors-contrat", peut-être...
Personnellement ça ne me choque pas. Peut-être justement parce que je n'ai pas de comparatif.

Ce qui me motivait à postuler malgré mes chances d'obtenir au moins le CAPES, c'était la dimension "transitoire" de travailler une année dans ce genre d'établissement avant l'année de stage (que j'ai peur de rater, certains témoignages sur ce forum n'étant point encourageants en ce sens, donc je me dis, autant me "préparer" au mieux en ayant déjà un peu de bouteille).

Je me dis juste que je ne me sentirai peut-être pas à ma place dans une atmosphère comme celle-là mais dans la vie il faut parfois essayer pour avancer donc j'hésite et je laisse un peu les choses se faire. Je ne peux pas tout gérer en même temps.


Si vraiment il y avait eu rejet de leur côté, elle ne m'aurait même pas rappelé.

J'ai été rappelé hier matin par la CDE!
Je ne m'y attendais pas du tout, je pensais qu'elle avait déjà engagé quelqu'un d'autre depuis belle lurette.

Elle m'a dit que j'avais leur nette préférence (waouh! ) à elle et à la CPE sur tous les candidats et qu'elles auraient été plus que ravies de me recruter.
Quand j'ai dit que j'avais eu le CAPES, elle n'a pas insisté et m'a chaleureusement félicité.
Bref, très sympa.

J'ai un peu regretté de décliner l'offre du coup mais je me suis souvenu de ce fil et c'est vrai que toutes ces données cumulées :

- 1 heure de trajet pour y aller (et donc pour revenir)
- Le suivi excessif des élèves et les parents potentiellement exigeants vu le prix des inscriptions...
- Les interros hyper régulières et les rapports chronophages sur les élèves
- La restriction idéologique et formelle pour faire mes cours
- Les demandes disciplinaires qui m'avaient mis un peu mal à l'aise et me semblaient assez loin de mon caractère.
...
me permettent de ne pas trop regretter.
Après, toutes ces données peuvent aussi se retrouver l'année de stage dans le public (moins pour la restriction idéologique) mais bon.

J'en avais parlé à deux préparateurs à la fac et ils m'ont tous les deux conseillé (avec réserve) de refuser vu ce que je rapportais de l'entretien. Selon eux, et dans l'hypothèse où j'aurais souhaité démarrer ma carrière à la rentrée 2017, l'année de stage était une bien meilleure opportunité malgré mes craintes.