Autonomie des établissements : qui le CDE va-t-il choisir ?

Je me pose la question suivante, si le CDE peut choisir ses enseignants : qui va-t-il vouloir embaucher ?
Agrégé / Certifié / Contractuel ?
Jeune / Vieux ?
Homme / Femme ?

Prenons mon cas personnel : homme, 40 ans, agrégé.

Est-ce que le CDE va se dire : "un agrégé, ça fait sérieux, ça va rassurer les parents. En plus, un homme, il ne tombera pas enceinte et je n'aurais pas à trouver quelqu'un d'autre. Et puis, 40 ans, c'est bien, pas vieux et assez expérimenté"

Ou alors : "un agrégé, ça ne fait que 15h, ça ne m'arrange pas. En plus, 40 ans, il ne sera pas très malléable. Mieux vaut un certifié de 28 ans, j'en ferai ce que je veux Et puis, les élèves le trouveront cool."

Ou c'est plus subtil que ça !  

Ben ça dépend....
T'es syndiqué à la CGT ?
Tu es prêt à respecter le formidable projet d'établissement écrit à l'unisson par tous les gentils profs ?
Tu vénères toutes les injonctions de ton recteur ?
T'as voté Macron ?
Ça en fait ces critères de sélection tout ça !!!!

En GB, ce sont les établissements qui recrutent leurs propres professeurs mais le CDE est loin d'âtre le seul à choisir: il y a tout un processus, incluant le Conseil d'Administration, des entrevues, même des cours à faire, comme une espèce de pré-inspection...ça ne se fait pas comme ça.

Dans un établissement comme le mien, où il y a 200 enseignants, croyez-vous que le cde aura le temps de recruter tous les nouveaux professeurs qui arrivent chaque année ? Il y aura/aurait forcément des garde-fous et un choix collégial.

Dans le privé sous contrat c'est le chef d'établissement qui recrute... Il n'y a pas le genre de soucis que tu décris Ramanujan....

La question qui suit et qui doit se poser, ce sont leurs moyens de coercition si tu ne rentres pas dans le moule ?
Le prof est-il jetable ou bien est-il protégé ?

Tu utilises le présent de l'indicatif alors que le conditionnel serait plus approprié.

skindiver a écrit:Dans le privé sous contrat c'est le chef d'établissement qui recrute...

Pas tout-à-fait. C'est la commission de l'emploi, composée de chefs d'établissements et de délégués syndicaux. Ces derniers sont là pour vérifier que les priorités sont bien respectées. Par exemple, il est impossible de faire passer un contractuel devant un titulaire en perte d'heure. Le cde a son mot à dire, mais pas tant que ça puisque l'entretien "d'embauche" a lieu après le choix de la commission de l'emploi.

En attendant je plains les jeunes collègues femmes...ben oui elles vont prendre des congés de maternité, des jours de garde d'enfants malades....

Mais est-ce que cela se fera? Les enseignants titulaires sont fonctionnaires, ça ne va pas être évident de faire accepter puis mettre en place ces nouvelles mesures... ?

Je pense plus vraisemblablement que les enseignants deviendront des fonctionnaires territoriaux.

Dans l'enseignement privé , les professeurs ne sont pas des fonctionnaires et ils survivent !! Il ne sont pas méprisés , j'ai eu deux enfants et je pose des journées quand mes enfants sont malades !

Si tu crois que le temps de travail des fonctionnaires ne va pas bouger avec Macron, je pense que tu es bien optimiste...
Pas sûr qu'il y ait encore une différence de service entre certifiés et agrégés à la fin du quinquennat, l'idée est plutôt d'avoir un temps de travail différent en collège et en lycée.

Caspar Goodwood a écrit:Tu utilises le présent de l'indicatif alors que le conditionnel serait plus approprié.

Il me semble..

Moi, je me demande s'ils ne vont pas simplement diminuer petit à petit le nombre de places aux concours, et augmenter le nombre de contractuels, que le CDE choisira.
Ils seront gagnants sur tous les plans, une relative "paix sociale" et des économies sans aucune complication (changements de la loi, du statut, etc.).

Nous faire passer en fonctionnaires territoriaux ne changera pas grand chose pour l'autonomie des établissements, en revanche ce seront des grèves massives assurées.
Dans mes souvenirs (mais je n'en suis pas certaine), Fillon s'y était cassé les dents.

Le terme d'autonomie renvoie surtout pour le moment à la gestion des DGH volontairement insuffisantes.

ann a écrit:Dans l'enseignement privé , les professeurs ne sont pas des fonctionnaires et ils survivent !! Il ne sont pas méprisés , j'ai eu deux enfants et je pose des journées quand mes enfants sont malades !

Tu parles du hors contrat ?

Sinon, les jours "enfant malade", c'est aussi bien dans le public que dans le privé.

Les enseignants sont des fonctionnaires recrutés par l'Etat et employés par les rectorats - donc d'ici à ce que les CdE "recrutent", il y a un certain nombre de gros changements à faire hein... Ce qui s'en rapprocherait le plus serait une multiplication des postes "à profil" tels qu'ils existent déjà, en gardant à l'esprit que de toutes façons, les personnes déjà recrutées devront bien être affectées quelque part.

Par ailleurs, je rappelle que les CdE sont aussi des fonctionnaires, attachés au service public. Nous avons donc tendance (même si on trouvera toujours quelques contre-exemples) à préférer voir arriver des professeurs formés avec un peu d'expérience à des contractuels qui n'ont jamais été en classe. La "paix sociale" passe d'abord par le bien-être sur le lieu de travail, qui a pour condition la stabilité.

Philomène87 a écrit:

ann a écrit:Dans l'enseignement privé , les professeurs ne sont pas des fonctionnaires et ils survivent !! Il ne sont pas méprisés , j'ai eu deux enfants et je pose des journées quand mes enfants sont malades !

Tu parles du hors contrat ?

Sinon, les jours "enfant malade", c'est aussi bien dans le public que dans le privé.

Je suis sous contrat , certifiée et pas fonctionnaire ,comme tous mes collègues , par exemple , nos retraites sont sur nos 25 meilleures années ! Je voulais juste dire que nos chefs d'établissements qui ne sont eux pas payés par l'état mais par l'OGEC sont soucieux de l'intérêt général !

Concrètement, je ne vois pas comment les têtes pensantes qui prônent le recrutement par les chefs comptent faire pour rendre tout cela possible. Et comme dit Pogonophile, il faudrait bien caser les gens titulaires de toute façon, so what ? Tous les postes ne vont pas être à profil, je n'y crois guère.
Vous imaginez la lourdeur du bazar ? Et l'organisation des mut ? 

Les contractuels qui seraient recrutés sur profil, je ne vois pas qui y gagne, sûrement pas les élèves ni la qualité de l'enseignement. Il faudrait déjà pouvoir être en mesure de remplacer CORRECTEMENT les gens en congé maternité ou en longue maladie : deux cas chez moi cette année -  en math et en physique - et pas un tzr dans ces disciplines, on n'a eu personne pendant des semaines et même un mois et demi en math. Les contractuels balancés là sans formation et pas du tout du tout au niveau, c'est la catastrophe dans leurs classes, des tas de pbs, les mômes en danger, bref...

Il faut arrêter de comparer le privé et le public. Il y a quand même BEAUCOUP moins de bahuts pourris dans le privé. On ne s'y bousculera pas au portillon, donc dans les faits, ils récolteront les profs dont on n'a pas voulu ailleurs. Vive l'égalité des territoires...

ann a écrit:

Philomène87 a écrit:

ann a écrit:Dans l'enseignement privé , les professeurs ne sont pas des fonctionnaires et ils survivent !! Il ne sont pas méprisés , j'ai eu deux enfants et je pose des journées quand mes enfants sont malades !

Tu parles du hors contrat ?

Sinon, les jours "enfant malade", c'est aussi bien dans le public que dans le privé.

Je suis sous contrat , certifiée et pas fonctionnaire ,comme tous  mes collègues , par exemple , nos retraites  sont sur nos 25 meilleures années ! Je voulais juste dire que nos chefs d'établissements qui ne sont eux pas payés par l'état mais par l'OGEC sont soucieux de l'intérêt général !

Et c'est reparti...

@Melu : je ne comprends pas.

trompettemarine a écrit:Moi, je me demande s'ils ne vont pas simplement diminuer petit à petit le nombre de places aux concours, et augmenter le nombre de contractuels, que le CDE choisira.
Ils seront gagnants sur tous les plans, une relative "paix sociale" et des économies sans aucune complication (changements de la loi, du statut, etc.).

C'est aussi ce que je pense. Du moins, ce sera certainement l'un des leviers de mise en place.

Mélu a écrit:Il faut arrêter de comparer le privé et le public. Il y a quand même BEAUCOUP moins de bahuts pourris dans le privé. On ne s'y bousculera pas au portillon, donc dans les faits, ils récolteront les profs dont on n'a pas voulu ailleurs. Vive l'égalité des territoires...

+1 Les CdE de certains établissements recruteront ceux qui voudront bien postuler, ou qui auront été refusés ailleurs, et iront ensuite faire leur marché parmi les chômeurs où ils récupéreront des gens qui n'ont aucune envie d'enseigner, mais sont menacés de perdre leur indemnité s'ils refusent.

laMiss a écrit:

trompettemarine a écrit:Moi, je me demande s'ils ne vont pas simplement diminuer petit à petit le nombre de places aux concours, et augmenter le nombre de contractuels, que le CDE choisira.
Ils seront gagnants sur tous les plans, une relative "paix sociale" et des économies sans aucune complication (changements de la loi, du statut, etc.).

C'est aussi ce que je pense. Du moins, ce sera certainement l'un des leviers de mise en place.

Ils peuvent aussi supprimer les concours...en GB il n'y a pas de concours.

Et quand ultérieurement il y aura l'autonomie financière des établissements, avec un budget dépendant du nombre d'élèves (chèque éducation...), alors les chefs prendront un agrégé hors classe expérimenté, ou bien un contractuel pour 60% moins cher ?

Un agrégé payé comme un contractuel.