- Moses2Niveau 5
https://www.slate.fr/story/143261/back-office-front-office-quel-role-jouera-travail-voteDenis Maillard a écrit:[…] Avec l'entrée dans la société de services, la vision que l'on avait des enseignants a totalement muté. Alors qu’il s'agissait d'une profession de prestige, de front office pourrait-on dire (ce qui reste vrai pour les universitaires), le triomphe du client a tout bouleversé : il ne s’agit plus pour eux, avant tout, de transmettre un savoir mais de donner accès à un diplôme. S’insère alors ici la notion redoutable de « satisfaction client » qui prend la figure du parent d’élève ; cet être paradoxal mêlant dans la même personne un cœur attendri et un actionnaire soucieux de la performance de son « investissement » [...].
- OneiroNiveau 2
Merci pour le partage de cet article très intéressant.
Cela donne envie d'aller plus loin concernant la question de la "réduction de l'autonomie des enseignants".
En tant qu'enseignant stagiaire, j'observe une forte tendance des formateurs de l'Espe à vouloir penser à notre place, alors que leur travail est de nous aider à penser, à faire le lien entre la réflexion et la pratique.
Le discours de formation est souvent idéologique, alors qu'il y a de réels savoirs et savoirs-faire à transmettre.
La dimension intellectuelle du métier est mise à mal.
Durant cette année de stagiaire, j'ai parfois eu l'impression d'être au service de l'ESPE.
Il me fallait toujours me rappeler que je travaillais pour mes élèves d'abord et que c'est la transmission des connaissances qui était en jeu.
Le bon stagiaire enseignant ressemble en effet au bon employé, ce qui m'a grandement surpris lorsque, par ailleurs, on nous demande d'élever l'esprit critique de nos élèves.
Durant une journée inter-degrés en lycée, un chef d'établissement a en effet utilisé l'expression d' "enseignant attendu", ce qui m'avait beaucoup heurté.
Il y a urgence à débattre du sens du métier et de ses dimensions fondamentales.
Qu'en pensez-vous ?
Cela donne envie d'aller plus loin concernant la question de la "réduction de l'autonomie des enseignants".
En tant qu'enseignant stagiaire, j'observe une forte tendance des formateurs de l'Espe à vouloir penser à notre place, alors que leur travail est de nous aider à penser, à faire le lien entre la réflexion et la pratique.
Le discours de formation est souvent idéologique, alors qu'il y a de réels savoirs et savoirs-faire à transmettre.
La dimension intellectuelle du métier est mise à mal.
Durant cette année de stagiaire, j'ai parfois eu l'impression d'être au service de l'ESPE.
Il me fallait toujours me rappeler que je travaillais pour mes élèves d'abord et que c'est la transmission des connaissances qui était en jeu.
Le bon stagiaire enseignant ressemble en effet au bon employé, ce qui m'a grandement surpris lorsque, par ailleurs, on nous demande d'élever l'esprit critique de nos élèves.
Durant une journée inter-degrés en lycée, un chef d'établissement a en effet utilisé l'expression d' "enseignant attendu", ce qui m'avait beaucoup heurté.
Il y a urgence à débattre du sens du métier et de ses dimensions fondamentales.
Qu'en pensez-vous ?
- Ignatius ReillyFidèle du forum
Moses2 a écrit:https://www.slate.fr/story/143261/back-office-front-office-quel-role-jouera-travail-voteDenis Maillard a écrit:[…] Avec l'entrée dans la société de services, la vision que l'on avait des enseignants a totalement muté. Alors qu’il s'agissait d'une profession de prestige, de front office pourrait-on dire (ce qui reste vrai pour les universitaires), le triomphe du client a tout bouleversé : il ne s’agit plus pour eux, avant tout, de transmettre un savoir mais de donner accès à un diplôme. S’insère alors ici la notion redoutable de « satisfaction client » qui prend la figure du parent d’élève ; cet être paradoxal mêlant dans la même personne un cœur attendri et un actionnaire soucieux de la performance de son « investissement » [...].
Oui enfin non. On peut ne pas adhérer à ce modèle et saboter cette mise en œuvre purement utilitaire des apprentissages à des fins économiques. On est hors des clous, mais au moins on peut encore se regarder dans la classe. Mais pour cela il faut se fiche des inspections, de sa carrière (ah ah ah) et ne pas être en espe.
- LemmyKHabitué du forum
Oneiro a écrit:Merci pour le partage de cet article très intéressant.
Cela donne envie d'aller plus loin concernant la question de la "réduction de l'autonomie des enseignants". /
En tant qu'enseignant stagiaire, j'observe une forte tendance des formateurs de l'Espe à vouloir penser à notre place, alors que leur travail est de nous aider à penser, à faire le lien entre la réflexion et la pratique.
Le discours de formation est souvent idéologique, alors qu'il y a de réels savoirs et savoirs-faire à transmettre.
La dimension intellectuelle du métier est mise à mal.
Durant cette année de stagiaire, j'ai parfois eu l'impression d'être au service de l'ESPE.
Il me fallait toujours me rappeler que je travaillais pour mes élèves d'abord et que c'est la transmission des connaissances qui était en jeu.
Le bon stagiaire enseignant ressemble en effet au bon employé, ce qui m'a grandement surpris lorsque, par ailleurs, on nous demande d'élever l'esprit critique de nos élèves.
Durant une journée inter-degrés en lycée, un chef d'établissement a en effet utilisé l'expression d' "enseignant attendu", ce qui m'avait beaucoup heurté.
Il y a urgence à débattre du sens du métier et de ses dimensions fondamentales.
Qu'en pensez-vous ?[/b]
Cela fait plaisir de voir que les professeurs stagiaires ne sont pas dupes.
Ils commencent à réagir et protester à l'ESPE de Grenoble en ce moment. Qu'en est-il chez vous?
- OneiroNiveau 2
Je suis dans une toute petite ESPE, et les cours sont maintenant terminés.
Il reste les soutenances de mémoire.
Nous sommes tous très contents de savoir que nous n'aurons plus à subir certains formateurs.
Cependant, la critique est toujours restée latente. Avec une amie, nous avons quitté un cours de musique complètement nul mais personne ne nous a suivi.
On a compris que cela ne servait à rien de faire cavaliers seuls, surtout que nous étions débordés de travail et que nous ressentions la pression des heures non payées et des possibles représailles. Heureusement, la directrice nous a soutenu !
Malheureusement, les stagiaires ne sont pas dupes mais disposent très peu de temps pour se retrouver, discuter et agir.
Nous avons vraiment été mis toute l'année dans une pression permanente, je m'en rends compte maintenant que ce sont les vacances... c'est une façon d'empêcher les gens de penser, évidemment !
Les enseignants en poste arrivent-ils davantage à critiquer collectivement le système ?
J'ai l'impression que la question du temps est essentielle...une amie enseignante depuis longtemps me dit qu'on ne veut plus que les enseignants aient du temps (pour lire, se cultiver, discuter et donc...penser et critiquer).
Il reste les soutenances de mémoire.
Nous sommes tous très contents de savoir que nous n'aurons plus à subir certains formateurs.
Cependant, la critique est toujours restée latente. Avec une amie, nous avons quitté un cours de musique complètement nul mais personne ne nous a suivi.
On a compris que cela ne servait à rien de faire cavaliers seuls, surtout que nous étions débordés de travail et que nous ressentions la pression des heures non payées et des possibles représailles. Heureusement, la directrice nous a soutenu !
Malheureusement, les stagiaires ne sont pas dupes mais disposent très peu de temps pour se retrouver, discuter et agir.
Nous avons vraiment été mis toute l'année dans une pression permanente, je m'en rends compte maintenant que ce sont les vacances... c'est une façon d'empêcher les gens de penser, évidemment !
Les enseignants en poste arrivent-ils davantage à critiquer collectivement le système ?
J'ai l'impression que la question du temps est essentielle...une amie enseignante depuis longtemps me dit qu'on ne veut plus que les enseignants aient du temps (pour lire, se cultiver, discuter et donc...penser et critiquer).
- LenagcnNiveau 10
A voir le contenu et la réflexion mis dans les échanges dans 2 forums d'enseignants, le facteur temps est beaucoup plus problématique en primaire que dans le secondaire.
Mais il y a aussi les regroupements permettant les échanges.
Dans une école, avoir 5 collègues, c'est beaucoup. Dans un collège, est-ce simplement possible d'en avoir moins de 10? Côté brainstorming, cela a forcément des conséquences.
Notre hiérarchie a bien compris la chose, qui ne fait plus de regroupement des collègues à l'échelle des circonscriptions. Alors oui, la grand-messe, bon... Mais ce n'est pas pour le chef et la parole divine qu'on y allait!
Il ne manquerait plus que l'on se parle, que l'on compare nos situations, partagions nos avis voire ... voire... que nous nous serrions les coudes!
Mais il y a aussi les regroupements permettant les échanges.
Dans une école, avoir 5 collègues, c'est beaucoup. Dans un collège, est-ce simplement possible d'en avoir moins de 10? Côté brainstorming, cela a forcément des conséquences.
Notre hiérarchie a bien compris la chose, qui ne fait plus de regroupement des collègues à l'échelle des circonscriptions. Alors oui, la grand-messe, bon... Mais ce n'est pas pour le chef et la parole divine qu'on y allait!
Il ne manquerait plus que l'on se parle, que l'on compare nos situations, partagions nos avis voire ... voire... que nous nous serrions les coudes!
- billet62Niveau 4
personnellement, j'ai le sentiment aujourdh'ui (et par rapport à 5 ou 10 ans..°que le métier a énormément changé.J'ai le sentiment désormais d'avoir en face de moi des élèves consommateur/utilitariste à l'excès. Ils n'ont plus aucun devoir que des droits, et non avons vis à vis d'eux que des obligations de réussite. JE ne sais pas si vous ressentez aussi ce fait, mais cela me dégoute du métier....et je ne sais plus à quoi me raccrocher...
- LenagcnNiveau 10
Un tour régulier ici ...
http://www.fonction-publique.gouv.fr/biep/bienvenue-sur-la-bourse-interministerielle-de-lemploi-public-biep
http://www.fonction-publique.gouv.fr/biep/bienvenue-sur-la-bourse-interministerielle-de-lemploi-public-biep
- MissWest-IndiesNiveau 5
billet62 a écrit:personnellement, j'ai le sentiment aujourdh'ui (et par rapport à 5 ou 10 ans..°que le métier a énormément changé.J'ai le sentiment désormais d'avoir en face de moi des élèves consommateur/utilitariste à l'excès. Ils n'ont plus aucun devoir que des droits, et non avons vis à vis d'eux que des obligations de réussite. JE ne sais pas si vous ressentez aussi ce fait, mais cela me dégoute du métier....et je ne sais plus à quoi me raccrocher...
Et nous sommes très nombreux à être dégoûtés de ce métier.
Certains te diront qu'ils adorent ce job,qu'ils " s'éclatent" avec les élèves,etc,mais vont dans des forums de discussion,prennent des anti-depresseurs et multiplient les arrêts de courte durée...
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Exactement!
Ma sœur jumelle et moi faisons le même métier, dans la même discipline dans des établissements quasi similaires. Pourtant, on n'a strictement aucun point commun quand on échange sur notre pratique professionnelle: pour ma soeur, etre un prof de "service" ça lui paraît normal. Elle accepte tout et se dit épanouie (sauf qu'en réalité elle passe son temps à se plaindre). Moi, je me plains tout le temps mais je refuse qu'on me marche dessus comme le font certains parents ou cde. Du coup, je passe pour la chieuse de service mais au moins je pose des limites.
Je ne supporte plus par exemple, d'entendre ma soeur se justifier sur ses cours auprès de certains parents. Moi je regle ça d'un "Ah, vous êtes prof d'arts plastiques aussi?!" et devant leur non, je leur dis que je n'ai pas à me justifier et à leur apprendre leur métier!
Ma sœur jumelle et moi faisons le même métier, dans la même discipline dans des établissements quasi similaires. Pourtant, on n'a strictement aucun point commun quand on échange sur notre pratique professionnelle: pour ma soeur, etre un prof de "service" ça lui paraît normal. Elle accepte tout et se dit épanouie (sauf qu'en réalité elle passe son temps à se plaindre). Moi, je me plains tout le temps mais je refuse qu'on me marche dessus comme le font certains parents ou cde. Du coup, je passe pour la chieuse de service mais au moins je pose des limites.
Je ne supporte plus par exemple, d'entendre ma soeur se justifier sur ses cours auprès de certains parents. Moi je regle ça d'un "Ah, vous êtes prof d'arts plastiques aussi?!" et devant leur non, je leur dis que je n'ai pas à me justifier et à leur apprendre leur métier!
_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- CindyBNiveau 8
billet62 a écrit:personnellement, j'ai le sentiment aujourdh'ui (et par rapport à 5 ou 10 ans..°que le métier a énormément changé.J'ai le sentiment désormais d'avoir en face de moi des élèves consommateur/utilitariste à l'excès. Ils n'ont plus aucun devoir que des droits, et non avons vis à vis d'eux que des obligations de réussite. JE ne sais pas si vous ressentez aussi ce fait, mais cela me dégoute du métier....et je ne sais plus à quoi me raccrocher...
je partage aussi votre sentiment....On vit dans une société de sur consommation, du coup on consomme l'école comme on consommerait n'importe quel produit!
Les élèves râlent dés qu'on donne trop de devoirs (nous, par contre, nous devons corriger les copies si possible sur notre pause déjeuner afin qu'ils les aient encore plus vite, je dis ça alors que je mets un point d'honneur à remettre les copies le plus rapidement possible....). Et puis devoir se justifier sans cesse, mettre les grilles d'évaluation avec chaque copie (et même après ça il y a toujours des contestations latentes), c'est vite épuisant à la longue, on dirait que nous avons toujours le mauvais rôle....
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