CAPES lettres : sujets

Bonjour à tous.

Pour ma part je trouve que le plan de Nuage Blanc est vraiment pas mal!

Sinon voilà ce que j'ai fait:

PB -> L'art pictural et l'art littéraire sont-ils nécessairement opposés dans leur manière de décrire le monde?

I. Le monde tel que décrit par l'art littéraire
a. Le concept de mimesis
- Différentes types de description littéraire du monde : Zola décrire l'environnement pour mieux décrire les mouvements de l'âme des personnages / L'abbé prévot ne décrit pas physiquement Manon Lescaut pour que chaque lecteur s'en fasse une image
- Relation de la littérature au monde complexe : la littérature peut parler d'elle même aussi (Barthes et Riffatterre, mouvement symboliste Mallarmé, Rimbaud...) mais l'arbitraire du signe se fait toujours sentir et le cratyle de Platon n'est jamais complètement supprimé. Contrairement à l'art pictural, l'art littéraire est cantonné aux 26 lettres de l'alphabet

b. L'art pictural vu par la littérature
- Si l'art littéraire ne devrait pas être illustré on remarque pourtant le phénomène inverse: l'art littéraire s'inspire du pictural:
L'Ekphrasis dans le chef d’œuvre inconnu de Balzac
L'inspiration des natures mortes pour la poésie symboliste (pas trop sur de mon coup là)

c. La figure de l'écrivain
L'écrivain a une relation à son texte qui peut être proche de celle du peintre
- Catharsis (Pétrarque et son Canzoniere influence toute la pléiade dans l'écriture de l'amour exutoire)
- Engagé (Césaire, Sartre)
- instrumentalisé (Oulipo / Queneau )

II. Le monde tel que décrit par l'art pictural
a.  Pourquoi l'illustration?
- objectifs de l’illustration attirer l'oeil pour mieux vendre le livre
- fonction d'embrayeur de l'imagination (le Nautilus dessiné par Verne... enfin je crois ^^)

b. L'art littéraire vu par l'art pictural
- Des peintres qui ont illustré des textes littéraires montrent qu'ils complètent l’œuvre plus qu'ils ne la réduisent (Sonia Delaunay illustre le transsibérien de Cendrars, Bernard Buffet illustre la voix humaine de Cocteau)
- Les illustrations des fables de La Fontaine ont permis leur accès à l'école...
- Petit HS sur La Joconde qui peut est toujours étudiée aujourd'hui (=art équivoque)

c.  La figure de l'illustrateur
- L'artiste illustrateur s'imprègne d'une œuvre pour la transcender. Tous les genres sont concernés : Cinéma dépasse Flaubert, son œuvre est réécrite (Cœur de Pierres), Musique dépasse la poésie (Debussy reprend les poèmes de Mallarmé)
- L'illustre fait face à son art de la même manière que l'écrivain fait face à son texte (catharsis, engagé, instrumentalisé)

III. Une dichotomie vaine
a. Le problème de la hiérarchie des arts et de leur valeur
- Compaganon dans le démon de la théorie réfute les valeurs de l'art. Cette hiérarchisation est vaine et dépassée

b. L'illustration complète ou réduit?
- Comment régler la problématique de Flaubert? J'ai utilisé la théorie de la réception de Jauss dans Pour une esthétique devla réception.
Il dit que c’est l'écart entre l'horizon d'attente du lecteur et ce que fournit l’œuvre qui est un critère d'évaluation. Donc la réponse sur le problème de l'illustration dépend du lecteur.

c. La figure de l'écrivain-peintre
- Certains artistes sont dits "touche à tout" et ils arrivent à allier la plume et le pinceau. Cocteau par exemple. Malheureusement ces artistes sont décriés car leur polyvalence est suspecte et la critique ne les pense pas assez technicien.

CCL: Plutôt que de vouloir concilier deux paradigmes artistiques, peut-être faut il vouloir unifier deux artistes sous une même vision de l'art. (Moebius dessinateur et Jodorowski écrivain font une BD qui déchire : L'incal)

sujet composition française...

J'ai un doute, ne vous voyant pas le mentionner ; pour moi il était clair que Flaubert s'en prenait avec véhémence à la vogue des gravures ; Gustave Doré et sa clique s'en "prennent", depuis la fin du XVIIIe siècle, à tous les classiques et best-sellers : Cosette a un visage, Rémi d'Hector Malot aussi, Virginie une robe blanche... Et quelque part les lecteurs de l'époque, comme les spectateurs de cinéma aujourd'hui, confondent les héro-ïnes avec ces images populaires. Donc de sa part il y a clairement une prise de position élitiste : la vraie littérature se sépare de cette littérature illustrée qu'on offre aux écoliers et qui se vend bien.

Oui j y ai pensé après en discutant avec une amie...

Il était super votre sujet ! J'aurais adoré le traiter ! Mais effectivement c'est assez déroutant que ce sujet soit donné pour un capes de lettres...

Dire que j'aurais dû être là, mais que j'avais près de 40 de fièvre hier matin (bel acte manqué, j'avais très peu travaillé)

J'ai l'impression qu'il va y avoir de super notes cette année.....

J'espère que la 2e épreuve se sera bien passée pour vous tous, à l'heure où j'écris ce sera fini dans 35 minutes....courage..

Je me mets à bosser dès maintenant pour le CAPES et l'Agrég LM 2018, bonne chance à tous, ne lâchez rien!

Voilà maintenant il faut oublier jusqu'aux résultats.

Vous avez fait des plans très bien !
J'ai essayé de le passer, mais vu vos plans, je pense que le mien est plus que nul. Je ne me fais aucune illusion. Mais ce n'est pas grave, je le passerai l'année prochaine, je serais sans doute mieux préparée. Et puis, j'ai vu comment les épreuves se déroulaient. Du coup, ça m'enlève déjà un peu de stress.

Donc, oui Kirkê, oublions jusqu'aux résultats
En tout cas, je vous souhaite à tous d'avoir réussi ce concours

Sujet

Cela fait bien longtemps pour moi que j'ai passé les concours et je ne m'aventurerai pas à traiter le sujet que j'ai lu fort rapidement entre deux copies (où j'ai appris que Victor Hugo était le chef de file des naturalistes du XVIIe siècle   ), mais la dimension littéraire me semble tout de même première dans la citation : le terme "description" apparaît plusieurs fois dans le sujet. Et c'est le pouvoir d'imagination que la description procure qui est ici convoquée. La description flaubertienne n'est ni celle de Balzac, de Zola, ni celle de Proust, etc. Chacune doit être convoquée et l'originalité de chacune doit être étudiée dans l'économie du roman tel que ce dernier est pensé par l'auteur.
L'illustration (lustro = mettre en lumière, faire briller : une étude étymologique du terme et de tous les domaines qu'il recouvre me semble importante) peut n'être qu'une lecture qui réduise voire emprisonne l'œuvre, ou bien elle est une autre œuvre à part entière avec son propre langage (Voir les positions d'Odilon Redon). Bien plus, certaines illustrations, musicales ou autres, reposent sur ce qui n'est pas décrit dans l'œuvre.
En un mot, je pense que construire sa problématique sur l'illustration ou le dialogue entre les arts ne me paraît pas tout à fait juste, en revanche ce qui me semble au cœur du sujet est la puissance créatrice de la description par le style (dont l'illustration n'est qu'une conséquence possible refusée par Flaubert).
Mais ce n'est qu'un avis donné à la va-vite.

Oui, je pense que tu as lu d'un œil très distrait la citation; erreur à ne jamais commettre par un candidat!!!

Si mon post a pu te paraître discourtois, je m'en excuse.

Néanmoins, ce que j'ai appris après avoir passé l'agrégation de grammaire, c'est l'humilité devant toutes les questions littéraires et toutes les oeuvres. La réussite au concours n'est que le début d'un long apprentissage.
Il n'y a jamais d'évidences en littérature.


Bonne réussite Rosky.

Bonjour à tous

J'ai moi aussi passé les épreuves et je viens apporter ma petite pierre à l'édifice !

J'ai trouvé la citation très intéressante même si le mélange des arts pouvait en dérouter plus d'un.
En revanche je pense qu'avec un sujet comme ça, beaucoup de pistes étaients envisageables selon la culture générale des uns et des autres.
Pour ma part jet n'ai pas vraiment pris de risques avec en première partie une acceptation de la thèse de Flaubert et du côté figé et fermé de l'illustration à la différence du livre qui permet au lecteur de se faire sa propre représentation. En deuxième partie une réfutation de la thèse , en trouvant des exemples d'oeuvres littéraires très fermées et d'illustrations au contraire très ouvertes (l'Art Contemporain par exemple). Et en troisième partie un dépassement qui consiste à dire que de toute façon l'art quel qu'il soit n'est que subjectivité et que la clé de la représentation se trouve dans la Réception.

Bref rien de très original mais je pense que l'on pouvait avoir beaucoup d'exemples à citer : Aristote et sa mimésis , Guernica et Picasso , le théâtre qui fige la représentation sur scène mais l'ouvre à la lecture d'une pièce, le cinéma qui ne nous donne qu'un seul point de vue, c'est à dire celui du cinéaste, la poésie qui dans certains cas fige la représentation tant la collaboration avec le lecteur est impossible etc

Voilà. En tout cas j'ai trouvé les sujets de la deuxième journée vraiment très accessibles pour le coup...

Bon courage à tous pour la révision de l'oral

Guillaume.

Bonjour,

Qui pourrait me dire le sujet qui est tombé en grammaire moderne et stylistique (texte postérieur à 1500 + questions) ?

Merci d'avance !

Bonjour !

Alors pour la grammaire et la stylistique, le texte choisi était un extrait de la nouvelle de Balzac : La Maison du chat-qui-pelote (1829) :

"Par une matinée pluvieuse, au mois de mars, un jeune homme, soigneusement enveloppé dans son manteau, se tenait sous l’auvent de la boutique qui se trouvait en face de ce vieux logis, et paraissait l’examiner avec un enthousiasme d’archéologue. À la vérité, ce débris de la bourgeoisie du seizième siècle pouvait offrir à l’observateur plus d’un problème à résoudre. Chaque étage avait sa singularité. Au premier, quatre fenêtres longues, étroites, rapprochées l’une de l’autre, avaient des carreaux de bois dans leur partie inférieure, afin de produire ce jour douteux, à la faveur duquel un habile marchand prête aux étoffes la couleur souhaitée par ses chalands. Le jeune homme semblait plein de dédain pour cette partie essentielle de la maison, ses yeux ne s’y étaient pas encore arrêtés. Les fenêtres du second étage, dont les jalousies relevées laissaient voir, au travers de grands carreaux en verre de Bohême, de petits rideaux de mousseline rousse, ne l’intéressaient pas davantage. Son attention se portait particulièrement au troisième, sur d’humbles croisées dont le bois travaillé grossièrement aurait mérité d’être placé au Conservatoire des arts et métiers pour y indiquer les premiers efforts de la menuiserie française. Ces croisées avaient de petites vitres d’une couleur si verte, que, sans son excellente vue, le jeune homme n’aurait pu apercevoir les rideaux de toile à carreaux bleus qui cachaient les mystères de cet appartement aux yeux des profanes. Parfois, cet observateur, ennuyé de sa contemplation sans résultat, ou du silence dans lequel la maison était ensevelie, ainsi que tout le quartier, abaissait ses regards vers les régions inférieures. Un sourire involontaire se dessinait alors sur ses lèvres, quand il revoyait la boutique où se rencontraient en effet des choses assez risibles. Une formidable pièce de bois, horizontalement appuyée sur quatre piliers qui paraissaient courbés par le poids de cette maison décrépite, avait été rechampie d’autant de couches de diverses peintures que la joue d’une vieille duchesse en a reçu de rouge. Au milieu de cette large poutre mignardement sculptée se trouvait un antique tableau représentant un chat qui pelotait"

J'ai aussi lu le sujet, et ce qui m'étonne c'est qu'on ne parle pas du rapport de Flaubert au réalisme. C'est un rapport bien ambigu puisque Flaubert ne se considérait pas comme réaliste: "on me croit épris du réel tandis que je l'exècre".
Pour moi, je serais partie de là. Flaubert est considéré comme un grand "peintre" réaliste alors que c'est ce qu'il rejette. D'ailleurs si on lit attentivement Madame Bovary, on n'y trouve pas de description fine des personnages. Flaubert se construit en haine du réalisme, il critique ce courant et tente de s'en dégager.
Comme Trompettemarine, je pense qu'il fallait avant tout évoquer la description et le courant réaliste avant de s'enfoncer dans les autres arts...

Merci beaucoup pour le texte de Balzac. Quelles étaient les questions d'orthographe, lexico, grammaire et stylistique ?

Je pense aussi comme Isidoria qu'il fallait à un moment donné de la dissertation partir sur l'idée d'un réalisme auquel Flaubert ne veut pas être rattaché : "Je veux écrire un livre sur rien".
Et insister vraiment sur l'idée d'une "description littéraire" qui est surtout très présente dans le réalisme (donc je pense que Flaubert se contredit un peu en favorisant cela).

Mais je pense quand même qu'il fallait surtout ne pas négliger la réception et la figure du lecteur grâce à qui la représentation subjective est possible. Il insiste beaucoup là dessus dans son propos.

Pour la Grammaire, lexicologie et Stylistique les questions étaient les suivantes :

Orthographe et Lexicologie :

Étudiez du point de vue orthographique, morphologique, et sémantique, les affixes dans: "pluvieuse"(ligne 1) , "douteux" (l.6), "involontaire"(l.19) et "risibles"(l. 20).

Grammaire:

Vous étudierez, dans un commentaire organisé, les adverbes, depuis "Son attention" (...)(ligne 11) jusqu'à la fin du texte (ligne 24).

Stylistique:

Vous ferez une étude stylistique de ce texte en insistant sur les enjeux de la description dans le début de cette nouvelle.

Merci beaucoup pour le texte et les questions de grammaire et stylistique.

Isidoria a écrit:J'ai aussi lu le sujet, et ce qui m'étonne c'est qu'on ne parle pas du rapport de Flaubert au réalisme. C'est un rapport bien ambigu puisque Flaubert ne se considérait pas comme réaliste: "on me croit épris du réel tandis que je l'exècre".
Pour moi, je serais partie de là. Flaubert est considéré comme un grand "peintre" réaliste alors que c'est ce qu'il rejette. D'ailleurs si on lit attentivement Madame Bovary, on n'y trouve pas de description fine des personnages. Flaubert se construit en haine du réalisme, il critique ce courant et tente de s'en dégager.
Comme Trompettemarine, je pense qu'il fallait avant tout évoquer la description et le courant réaliste avant de s'enfoncer dans les autres arts...

Oh ! c'est l'amorce de ma dissertation... et oui je pense qu'en 1862 Flaubert ne pouvait que faire référence aux réalistes comme Courbet qui faisaient concurrence au roman réaliste et plus particulièrement à leurs descriptions.

En y repensant, la théorie de Lessing sur la différence entre le texte de Virgile et la sculpture du Laocoon allaient aussi dans le sens de Flaubert.

Mais bon...


Si par hasard il y a des Lettres Classiques qui peuvent me dire ce qu'ils ont pensé du texte d'Euripide que j'ai malheureusement massacré.

L'adverbe au capes, comme à l'agreg, alors? Et le sujet de didactique, il portait sur quoi? Sur l'adverbe aussi?
Merci d'avance pour la réponse.

La citation rappelle un extrait des Notes de chevet de Sei Shōnagon : "Choses qui perdent à être peintes : [...] le visage des hommes et des femmes dont on vante la beauté dans les romans".
Sinon, on ne peut guère en effet illustrer Flaubert tant la description y est subjective, attachée à la forme du discours indirect libre qu'il affectionne. Quelle piste suivre pour peindre Mme Arnoux entre son apparente grâce divine de la première apparition, sa ressemblance littéraire avec les "femmes des livres romantiques", le constat lapidaire de Deslauriers pour qui Mme Arnoux est "pas mal, sans avoir pourtant rien d’extraordinaire", et le portrait jaloux fait par Rosanette qui voit en elle "une personne d’un âge mûr, le teint couleur de réglisse, la taille épaisse, des yeux grands comme des soupiraux de cave, et vides comme eux" ?

Mopimo a écrit:L'adverbe au capes, comme à l'agreg, alors? Et le sujet de didactique, il portait sur quoi? Sur l'adverbe aussi?
Merci d'avance pour la réponse.

Sur la modalisation.

Ah, pas mal en effet. Merci pour l'info!

Bonjour tout le monde,
J'ai passé les écrits de l'agreg et du capes de LC. Tout le monde m'avait dit pour le capes "mais vas-y les mains dans les poches, c'est faciiiile"... eh bien j'ai trouvé le sujet de dissert complexe ! je ne m'attendais pas à devoir convoquer les arts plastiques et le cinéma ; c'est comme ça tous les ans ?
Pour l'épreuve de LC j'ai mis plus de temps que prévu en version grecque, mais finalement il n'y avait que de l'indicatif donc je pense que c'était possible de s'en tirer convenablement. Et la version latine était plutôt simple ,j'ai trouvé. En revanche le texte de Grimal n'était pas très utile. Qu'en avez-vous pensé ?