- ChamilNiveau 9
Vieux serpent de mer, l'insertion professionnelle des titulaires d'un doctorat est étudiée dans une récente note du MESR. Le constat est sombre sur plusieurs points, malgré les circonvolutions de l'étude et le taux d'emploi global:
- peu de femmes, pourtant majoritaires chez les (bons) étudiants.
- une situation professionnelle très difficile juste dans les années juste après la sortie de thèse.
- Un sous-représentation des docteurs dans le secteur privé.
- Des insertions comparables aux masters d'ingénieurs ou de commerce (ce qui signifie que 3 ans d'études n'annulent pas l'effet "grande école" ou filière sélective).
- Des inégalités liées à l'origine sociale qui restent visibles dans le parcours professionnel ultérieur des docteurs.
http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2017/20/7/NI_17.03_-_Docteurs_sur_le_marche_du_travail_716207.pdf
- peu de femmes, pourtant majoritaires chez les (bons) étudiants.
- une situation professionnelle très difficile juste dans les années juste après la sortie de thèse.
- Un sous-représentation des docteurs dans le secteur privé.
- Des insertions comparables aux masters d'ingénieurs ou de commerce (ce qui signifie que 3 ans d'études n'annulent pas l'effet "grande école" ou filière sélective).
- Des inégalités liées à l'origine sociale qui restent visibles dans le parcours professionnel ultérieur des docteurs.
http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2017/20/7/NI_17.03_-_Docteurs_sur_le_marche_du_travail_716207.pdf
- Dr RaynalHabitué du forum
Document intéressant qui évite soigneusement de rechercher si la fameuse "insertion professionnelle" correspond un tant soit peu au domaine étudié dans le doctorat, où à son niveau d'étude. Ainsi, un docteur en astrophysique ayant essayé de monter une librairie (exemple réel) est comptabilisé comme étant "inséré professionnellement", de même pour celui qui serait équipier dans un fast food...
Le petit encadré, à la fin de l'étude, est aussi révélateur :
"Pour les docteurs comme pour l’ensemble des sortants de l’enseignement supérieur, les situations d’insertion sont variables selon le secteur disci- plinaire. Ainsi, le taux de chômage observé cinq ans après la sortie de l’enseignement supérieur varie de 4 % en Mathématiques, Physique, Chimie à 12 % en Sciences de la vie et de la Terre (SVT). En Lettres et Sciences humaines il est de 9 %. La difficile insertion des docteurs en SVT se caractérise aussi par une moins forte proportion d’emplois stables (63 %) que dans l’ensemble des autres disciplines (entre 80 % et 84 %)."
Vous savez pourquoi l'E.N. ne risque pas de manquer de "main d'oeuvre" en SVT, contrairement à ce qui se passe en Math... Je n'aurais jamais cru qu'il était plus difficile d'être employé avec un doctorat en biologie (l'étude mélange allègrement biologie et géologie, pourtant les diplômés en sciences de la Terre ont plus de débouchés... une façon de cacher encore l'étendue des dégâts en biologie) qu'avec un doctorat en Lettres.
Le petit encadré, à la fin de l'étude, est aussi révélateur :
"Pour les docteurs comme pour l’ensemble des sortants de l’enseignement supérieur, les situations d’insertion sont variables selon le secteur disci- plinaire. Ainsi, le taux de chômage observé cinq ans après la sortie de l’enseignement supérieur varie de 4 % en Mathématiques, Physique, Chimie à 12 % en Sciences de la vie et de la Terre (SVT). En Lettres et Sciences humaines il est de 9 %. La difficile insertion des docteurs en SVT se caractérise aussi par une moins forte proportion d’emplois stables (63 %) que dans l’ensemble des autres disciplines (entre 80 % et 84 %)."
Vous savez pourquoi l'E.N. ne risque pas de manquer de "main d'oeuvre" en SVT, contrairement à ce qui se passe en Math... Je n'aurais jamais cru qu'il était plus difficile d'être employé avec un doctorat en biologie (l'étude mélange allègrement biologie et géologie, pourtant les diplômés en sciences de la Terre ont plus de débouchés... une façon de cacher encore l'étendue des dégâts en biologie) qu'avec un doctorat en Lettres.
- SulfolobusÉrudit
Moi ça ne me surprend pas. Traditionnellement en lettres, on passe l'agreg et/ou le CAPES avant la thèse donc on est de facto inséré professionnellement après la thèse (sauf démission). En maths, on m'a dit aussi que les concours de l'enseignement étaient plus fréquemment obtenus avant la thèse qu'en SVT.
En SVT (BGB) des docteurs agrégés/certifiés à la fin de leur doctorat sont l'exception et tous les cas que je connais sont passés par une ENS. Alors forcément, les docteurs ne peuvent retourner facilement dans l'enseignement secondaire pour s'insérer ce qui mécaniquement augmente le taux de docteur non inséré.
C'est tout le problème de ces études : elles ne peuvent pas montrer si l'insertion professionnelle correspond à ce que voulait le jeune docteur ou à un choix par défaut.
En SVT (BGB) des docteurs agrégés/certifiés à la fin de leur doctorat sont l'exception et tous les cas que je connais sont passés par une ENS. Alors forcément, les docteurs ne peuvent retourner facilement dans l'enseignement secondaire pour s'insérer ce qui mécaniquement augmente le taux de docteur non inséré.
C'est tout le problème de ces études : elles ne peuvent pas montrer si l'insertion professionnelle correspond à ce que voulait le jeune docteur ou à un choix par défaut.
- AdsoNiveau 6
Savez-vous les raisons de ces difficultés d'emploi en biologie, Dr Raynal?
Je suis en lettres mais ma fille voudrait se tourner vers cette discipline après le BAC. En tant que parent, je m'interroge, car elle a d'autres cordes à son arc...merci de votre réponse si vous avez des hypothèses sur ce sujet.
Je suis en lettres mais ma fille voudrait se tourner vers cette discipline après le BAC. En tant que parent, je m'interroge, car elle a d'autres cordes à son arc...merci de votre réponse si vous avez des hypothèses sur ce sujet.
- SulfolobusÉrudit
Aucune formation au secteur privé à l'universitéAdso a écrit:Savez-vous les raisons de ces difficultés d'emploi en biologie, Dr Raynal?
Concurrence des pharmaciens, des vétérinaires et des médecins pour certains domaines du privé
Concurrence des ingénieurs agronomes pour d'autres domaines du privé
Une industrie en France qui a du mal à absorber les jeunes formés (même après une très bonne école d'agro dans certains domaines c'est dur de se caser alors que dans d'autres ça peut être très facile)
Dans certains domaines de la biologie, les docteurs sont totalement interchangeables (mêmes compétences, savoirs, techniques) : c'est beaucoup moins le cas dans d'autres domaines
Très peu de postes en recherche publique
Beaucoup trop de docteurs formés par rapport au besoin dans certains domaines
Formation de qualité trèèèès variable (de excellent à nullissime)
Très grande difficulté à bifurquer vers l'enseignement
C'est vraiment le genre de domaines où il faut bien choisir son domaine de recherche et/ou les compétences que l'on développe. Parce que je peux t'assurer que certains ont des propositions bien avant d'avoir fini leur thèse alors que d'autres galèrent terriblement.
- ZagaraGuide spirituel
Prépa bio -> AgroParisTech est un parcours qui assure l'emploi. Les ingénieurs agronomes, il y en a toujours besoin. Par contre, la biologie "fondamentale" connait toutes les difficultés de la recherche fondamentale en général (peu de postes, travail précaire, projets financés au lance-pierre, etc). Comme dans les autres matières scientifiques, il vaut mieux être ingénieur que docteur (ce qui pose d'ailleurs des questions sur la capacité de la France à continuer d'innover et d'être un des moteurs des révolutions scientifiques sur le long terme...).Adso a écrit:Savez-vous les raisons de ces difficultés d'emploi en biologie, Dr Raynal?
Je suis en lettres mais ma fille voudrait se tourner vers cette discipline après le BAC. En tant que parent, je m'interroge, car elle a d'autres cordes à son arc...merci de votre réponse si vous avez des hypothèses sur ce sujet.
- SulfolobusÉrudit
Malheureusement non. APT est une excellente école mais si tu y choisis une spécialité où il y a de toute façon peu de débouchés, APT ou pas tu galèreras. Par contre, tu y auras normalement toutes ces informations avant de faire ton choix ce qui permet de faire un choix éclairé.Zagara a écrit:Prépa bio -> AgroParisTech est un parcours qui assure l'emploi.Adso a écrit:Savez-vous les raisons de ces difficultés d'emploi en biologie, Dr Raynal?
Je suis en lettres mais ma fille voudrait se tourner vers cette discipline après le BAC. En tant que parent, je m'interroge, car elle a d'autres cordes à son arc...merci de votre réponse si vous avez des hypothèses sur ce sujet.
- ChamilNiveau 9
Plus globalement, il y a des explications générales qui peuvent être évoquées:
- indéniablement, pendant des décennies, les écoles doctorales ne se sont pas vraiment souciées (sauf dans les grandes écoles, dès qu'elles en ont créées), de l'insertion professionnelle de leurs lauréats, pour une simple et bonne raison: elle était implicitement limitée à l'enseignement sup/recherche. Cela change néanmoins, ne serait-ce que par les CIFRE et la pénurie de postes universitaires.
- le recrutement d'EC est de plus en plus limité, la création d'une voie spécifique à l'agrégation du second degré pour les docteurs créant à terme un vivier moins cher de recrutement pour le bac-3/bac+3. Pour un docteur, notamment en SHS, la probabilité de passer chargé de recherche, MCF ou PU est aujourd'hui assez réduite.
- le capitalisme français est sur la question des docteurs beaucoup plus fermé que d'autres capitalismes (allemand, américain) qui reconnaissent le doctorat comme un vrai diplôme sur le marché. Pas de convention collective, pas de recrutement massif de docteurs dans le secteur privé, une méfiance du patronat hexagonal pour les "intellos" et les anciens thésards. Patronat il est vrai rejoint par une classe politique et une élite administrative où les docteurs sont marginaux.
- indéniablement, pendant des décennies, les écoles doctorales ne se sont pas vraiment souciées (sauf dans les grandes écoles, dès qu'elles en ont créées), de l'insertion professionnelle de leurs lauréats, pour une simple et bonne raison: elle était implicitement limitée à l'enseignement sup/recherche. Cela change néanmoins, ne serait-ce que par les CIFRE et la pénurie de postes universitaires.
- le recrutement d'EC est de plus en plus limité, la création d'une voie spécifique à l'agrégation du second degré pour les docteurs créant à terme un vivier moins cher de recrutement pour le bac-3/bac+3. Pour un docteur, notamment en SHS, la probabilité de passer chargé de recherche, MCF ou PU est aujourd'hui assez réduite.
- le capitalisme français est sur la question des docteurs beaucoup plus fermé que d'autres capitalismes (allemand, américain) qui reconnaissent le doctorat comme un vrai diplôme sur le marché. Pas de convention collective, pas de recrutement massif de docteurs dans le secteur privé, une méfiance du patronat hexagonal pour les "intellos" et les anciens thésards. Patronat il est vrai rejoint par une classe politique et une élite administrative où les docteurs sont marginaux.
- ChamilNiveau 9
Dr Raynal a écrit:Document intéressant qui évite soigneusement de rechercher si la fameuse "insertion professionnelle" correspond un tant soit peu au domaine étudié dans le doctorat, où à son niveau d'étude. Ainsi, un docteur en astrophysique ayant essayé de monter une librairie (exemple réel) est comptabilisé comme étant "inséré professionnellement", de même pour celui qui serait équipier dans un fast food...
Ce n'est pas faux. Cependant l'étude donne quelques indications: part du CDD, niveau de rémunération, pourcentage de cadres. Il est vrai, sur ce dernier point, que la majorité des fonctionnaires d'Etat (destination privilégiée des docteurs) sont en catégorie A et donc assimilables à des cadres: on mesure rapidement les demi-vérités possibles.
- Dr RaynalHabitué du forum
Je ne saurais mieux dire que Sulfolobus. Je plussois, donc !
- K1naseNiveau 5
Sulfolobus a écrit:Malheureusement non. APT est une excellente école mais si tu y choisis une spécialité où il y a de toute façon peu de débouchés, APT ou pas tu galèreras. Par contre, tu y auras normalement toutes ces informations avant de faire ton choix ce qui permet de faire un choix éclairé.Zagara a écrit:
Prépa bio -> AgroParisTech est un parcours qui assure l'emploi.
Il y a toutes les autres grandes écoles d'agro, industries alimentaires, environnement, biotechnologies etc... À condition d'être un minimum renseigné, il est très aisé de s'orienter vers un parcours sûr en terme d'insertion à l'issu d'une prépa BCPST.
- France - La difficile insertion des docteurs sur le marché du travail
- panique à bord : 3e insertion professionnelle
- grandes écoles :Insertion professionnelle
- Enquête nationale 2010-2013 sur l'université française : "90 % de taux d’insertion professionnelle pour les masters, 91 % pour les licences professionnelles, et 88 % pour les D.U.T.".
- 2017 : création d'une agrégation réservée aux docteurs ?
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