- NLM76Grand Maître
Suspēnsī Eurypylum scītātum ōrācula Phœbī
mittimus, isque adytīs hæc trīstia dicta reportat :
Qu'en pensez-vous ? Le pronom de rappel se rapporte-t-il à Eurypylum (is, au nominatif masculin singulier) ou à adytīs (īs, à l'ablatif pluriel) ? Je pencherais pour la seconde solution.
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- e-WandererGrand sage
Pas facile, comme question !
Intuitivement, je penserais que is reprend Eurypylum – l'anaphore pronominale étant rendue nécessaire par le passage de l'accusatif (Eurypylum) au nominatif (pour le sujet de reportat).
La petite édition Hachette verte va dans ce sens, puisqu'elle semble dissocier nettement is de adytis (note 7 p. 298 : "adytis : ex adytis"). Et puis is long pour iis ou his, ce n'est pas très classique, je me trompe ?
J'ai regardé la traduction Desfontaines, et elle propose encore autre chose : is reprendrait Phœbi !
« Incertains sur le parti que nous devions prendre, nous envoyâmes Eurypyle consulter Apollon, qui de son sanctuaire rendit ce triste oracle : "Grecs, (…)." »
Mais cette lecture me semble difficilement acceptable, car elle oblitère complètement le sens de reportat. Elle se justifie par le sens, car Eurypyle retranscrit fidèlement au DD le propos d'Apollon, jusqu'à l'apostrophe aux Grecs (Danai, v. 117), donc ça allège un peu la traduction sans trahir le sens. Mais au mot à mot, ça tient difficilement, car reportat n'a pas d'autre sens dans le Gaffiot que rapporter une réponse (Gaffiot renvoie d'ailleurs explicitement à ce passage). Donc c'est clairement d'Eurypyle qu'il s'agit.
Intuitivement, je penserais que is reprend Eurypylum – l'anaphore pronominale étant rendue nécessaire par le passage de l'accusatif (Eurypylum) au nominatif (pour le sujet de reportat).
La petite édition Hachette verte va dans ce sens, puisqu'elle semble dissocier nettement is de adytis (note 7 p. 298 : "adytis : ex adytis"). Et puis is long pour iis ou his, ce n'est pas très classique, je me trompe ?
J'ai regardé la traduction Desfontaines, et elle propose encore autre chose : is reprendrait Phœbi !
« Incertains sur le parti que nous devions prendre, nous envoyâmes Eurypyle consulter Apollon, qui de son sanctuaire rendit ce triste oracle : "Grecs, (…)." »
Mais cette lecture me semble difficilement acceptable, car elle oblitère complètement le sens de reportat. Elle se justifie par le sens, car Eurypyle retranscrit fidèlement au DD le propos d'Apollon, jusqu'à l'apostrophe aux Grecs (Danai, v. 117), donc ça allège un peu la traduction sans trahir le sens. Mais au mot à mot, ça tient difficilement, car reportat n'a pas d'autre sens dans le Gaffiot que rapporter une réponse (Gaffiot renvoie d'ailleurs explicitement à ce passage). Donc c'est clairement d'Eurypyle qu'il s'agit.
- AphrodissiaMonarque
Je conserverai isque comme sujet de reportat, et donc pronom de rappel d'Eurypilum. Je vois bien que la scansion invite à rapprocher isque adytis et éloigne le pronom de son verbe mais il me paraît hardi de tirer l'anaphorique is d'oracula Phoebi pour en faire le déterminant d'adytis.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- IphigénieProphète
D'accord avec le raisonnement d'e-Wanderer.
Avec l'idée, en plus, que les solutions les plus simples sont presque toujours les meilleures (d'accord, le "presque" laisse une marge, mais ...): is pour eis/iis ça se trouve chez Virgile?
Je ne vois pas pourquoi Virgile soulignerait à la fois adytis avec is et verba avec haec: un peu lourd, stylistiquement, non? par contre la grammaire impose le is sujet pour reprendre l'accusatif Eurypilum.
Je ne comprends pas l'histoire de la scansion : la coupe intervient, atténuée par l'elision , en trihémimère après is//quadytis: en appui de la principale en penthémimère: non?
Si c'est bien ça donc, au contraire la coupe plaide en faveur de is sujet
Avec l'idée, en plus, que les solutions les plus simples sont presque toujours les meilleures (d'accord, le "presque" laisse une marge, mais ...): is pour eis/iis ça se trouve chez Virgile?
Je ne vois pas pourquoi Virgile soulignerait à la fois adytis avec is et verba avec haec: un peu lourd, stylistiquement, non? par contre la grammaire impose le is sujet pour reprendre l'accusatif Eurypilum.
Je ne comprends pas l'histoire de la scansion : la coupe intervient, atténuée par l'elision , en trihémimère après is//quadytis: en appui de la principale en penthémimère: non?
Si c'est bien ça donc, au contraire la coupe plaide en faveur de is sujet
- NLM76Grand Maître
Ah ben c'est vraiment bien. Merci : problème réglé. Nominatif.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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