Et si on gagnait du temps ? (séquences etc.)

J'ai lu les post de "sondage : comment montez-vous vos séquences ?" et je vois que nous procédons à peu près toutes, tous, de la même manière :

1- choix de thèmes en rapport avec les instructions officielles
2- organisation de ces thèmes sur une progression annuelle
3- choix de textes liés à ces thèmes, glanés dans divers manuels ou livres
4- organisation des séances : intégration des textes, des points de langue associés (avec 1er doc attrayant, dixit phedre034), etc.
... les deux dernières parties étant les plus longues.

Ayant le privilège (...) d'être TZR, j'ai toujours fonctionné ainsi, sans savoir où j'allais tomber, donc en me servant des quelques spécimens récoltés, d'anciens manuels de littérature, de ma bibliothèque personnelle, puisque j'ignore quels sont les manuels que j'aurai à disposition. Grande liberté dans le choix des textes, mais problème si la photocopieuse de l'établissement est en accès restreint, car nous sommes bien d'accord, notre façon de faire nous amène à créer beaucoup de documents personnels ou à faire des polycopiés. (Pour ma part, j'ai pour beaucoup de séance tout fait : découpage des textes, invention de questions en lien avec le texte et la séquence, insertion d'images, exercices de langue...).

...A l'aune du mois de juillet, je relis mes années précédentes et je me dis que je passe trop de temps à préparer des séquences, à bosser et que je veux profiter davantage / tout court de mes vacances, de mes soirées, et que j'en serai sans doute meilleure face aux élèves.

La seule solution : utiliser le manuel, rien que le manuel (ou presque). Mais voilà... à la lecture de vos messages, j'ai l'impression que personne parmi vous ne forge sa progression que sur un manuel, celui du bahut. Cela doit pourtant bien être possible, en plus tout est déjà ordonné...non ? Alors, on pourrait peut-être l'utiliser carrément, ou à 90% ?
Voilà, après des années de boulot, d'investissement, je voudrais envisager un rythme plus sage et tout de suite les mots "impossible" ou "glandeuse" apparaissent dans ma tête...


Est-ce que certains, certaines se reconnaissent dans cette envie ? Ont-ils trouvé des solutions ? Savez-vous vous servir très franchement d'un manuel sans complexer ?

...imaginez le bonheur...

l'envie oui, le pb c'est qu'aucun manuel n'est satisfaisant pour toute l'année! si j'aime une séquence dans l'un (arrangé à ma sauce, bien sûr), je vais destesté les propositions pour tel autre thème dans le même manuel...

Enfin encore faut-il un manuel utilisable.Nous en aurons des nouveaux en 6° donc je vais m'en servir ..pour le reste , à part quelques textes ponctuellement , c'est totalement inutilisable ( manuels de 1995 par exemple)

Je n'arrive pas à me contenter du manuel... Même si le Fleur d'encre est le plus proche de mes attentes, j'ai toujours envie et besoin de m'en éloigner...

Mais comme toi, je me rends compte que tout créer est chronophage...

Oui, on a envie de s'en éloigner. On pense en se léchant les babines à plein de textes, de thèmes, d'images, aux cours... et puis le moment venu où on est pris dans l'engrenage du boulot + copies + sujets + autres... on se dit "euuhhh... tant pis, c'est trop tard et puis on est là pour bosser, non ?"
et moi je dis : je sens qu'une autre vie est possible, mais comment faire pour s'arranger au mieux avec ces satanés manuels et surtout, surtout (à mon avis), s'arranger avec notre petit démon intérieur qui nous dit "tu fais quoi là ? tu veux moins bosser ? tu vas utiliser le système et devenir un-mauvais-prof-qui-glande ? oooooouuu h!"

Tim a écrit:
Est-ce que certains, certaines se reconnaissent dans cette envie ?

Oui. Cela me paraît être une spécificité des professeurs de lettres, d'ailleurs. Je note que les collègues d'histoire, de mathématiques ou d'anglais utilisent uniquement le manuel.
Je vais tenter de le faire à la rentrée puisque j'aurai le manuel Hatier que je trouve plutôt bien fait.
Pour la grammaire, j'ai déjà commencé puisque je fais acheter, chaque année, par les élèves les cahiers Bordas.

En effet, c'est cette spécificité qui fait que j'ose dire : et si on faisait autrement ? Il n'y a pas de raison pour que nos manuels soient plus pourris !
Moi aussi j'ai les Hatier, qui sont plutôt pas mal, mais le découpage I. Les formes du discours II. Les genres me désarçonne... Est-ce un découpage possible ? J'ai toujours préféré mélanger formes du discours & genres au sein d'une séquence. Je trouve ça très étrange de couper là.

Les cahiers Bordas, ça m'intéresse ça ! Surtout que nos bouquins de grammaire sont nuls... C'est un cahier d'exercice ?

Oui, ce sont des cahiers d'exercices avec des leçons et bilans.

http://www.editions-bordas.fr/ouvrage/grammaire-par-les-exercices-6e-cahier-dexercices-programme-2009

Il en existe pour chaque niveau (tu peux les feuilleter, je crois, sur le site).

Magnard vient de sortir son cahier pour les classes de 6e.


Je suis d'accord pour ta remarque concernant le manuel Hatier. Je ne vais pas m'attarder sur la partie "discours". J'ai toujours privilégié l'approche par les genres (poésie, théâtre, roman, nouvelle...) et c'est d'ailleurs ce qui plait dans ce manuel.

Hiiiiiii ! J'adore Magnard ! Je vais aller voir. Merci mille fois pour le super tuyau !
Les parents ne râlent pas pour cet achat ? (puisque ça peut leur sembler un doublon du livre de grammaire)

4,5 euros : c'est le prix d'un des romans que tu peux faire acheter.... Personne n'a jamais protesté. Au contraire, les élèves sont très heureux d'avoir un tel cahier.

Personnellement, j'utilise beaucoup le manuel pour les textes ou les images mais je refais souvent les questionnaires. Ce qui ne m'empêche pas d'ajouter dans ma séquence des textes trouvés ailleurs.

merci pour l'info ! je n'ai pas réussi (ou compris) à consulter ce cahier sur internet. Il est bien ?

Les IPR, d'après ce que j'en sais, n'apprécient pas que l'on suive le manuel à la lettre, ils pensent qu'il n'y a là rien de construit!
Je pense que dans notre matière ce serait dommage parce que si on y réféchit bien: on garde le mêm manuel quelques bonnes années, donc chaque année, on va refaire exactement les mêmes choses! oui, comme en maths, en histoire... C'est bien pour cela que je n'aimerais pas enseigner ces matières. Le prof de français a une grande liberté dans le choix de ses textes, c'est ce qui nous empêche de tomber dans la routine.
De toutes façons les manuels des anciens programmes étaient tous inutilisables ( surtout les manuels uniques) et même dans les nouveaux, je trouve regrettable que, pour tel ou tel point de langue, les ex soient reliés à des textes au programme, me forçant pas ex à étudier le COD quand je vois Ulysse. Je suis donc obligée de choisir d'autres ex.

Le boulot que me demande le fait de ne pas suivre le manuel est devenu trop monstrueux pour que je poursuive. Et puis, une fois qu'on a commencé sans, il faut bien poursuivre sans, sinon, dur pour la cohérence de nos objectifs.
Je pense qu'il est possible de construire une séquence tout en s'appuyant sur le manuel : le cours, notre pédagogie est une construction nécessaire à chaque séance et les annexes que nous choisissons aussi (images, exposés...). Cette menace de l'IPR me fatigue... j'en ai assez de bosser sans arrêter de septembre à juillet et de me reconstruire en été. Je veux adopter un rythme plus équilibré à l'année et mon travail n'en sera que meilleur. Je pense ne pas être la seule dans ce cas.

Tim a écrit:Le boulot que me demande le fait de ne pas suivre le manuel est devenu trop monstrueux pour que je poursuive. Et puis, une fois qu'on a commencé sans, il faut bien poursuivre sans, sinon, dur pour la cohérence de nos objectifs.
Je pense qu'il est possible de construire une séquence tout en s'appuyant sur le manuel : le cours, notre pédagogie est une construction nécessaire à chaque séance et les annexes que nous choisissons aussi (images, exposés...). Cette menace de l'IPR me fatigue... j'en ai assez de bosser sans arrêter de septembre à juillet et de me reconstruire en été. Je veux adopter un rythme plus équilibré à l'année et mon travail n'en sera que meilleur. Je pense ne pas être la seule dans ce cas.

En effet. Cette année le logiciel pronotes m'indique que j'ai mis 4196 notes (sur l'année pour 4 classes), TZR moi aussi (mais pour la 1° fois 2008-2009 à l'année) j'ai construit toutes mes séquences. En 6 ans de TZRiat (!!!) j'ai connus tous les niveaux de la 6° aux BTS, exceptés les TL.
Mon mari et mes deux enfants sont restés sans moi TOUS les dimanches, cette année. Mon mari me fait remarquer de plus en plus souvent que je passe trop de temps sur mes cours ou mes copies (seul un soir dans la semaine sans corriger : le samedi !) Moi aussi je veux changer de rythme. Je suis convaincue que cet acharnement nuit finalement à mon travail. Je suis preneuse si vous avez des astuces !

Pour ma part, j'ai décidé d'utiliser un maximum les manuels dès cette année mais dans un unique souci écologique. je vais tenter de limiter au max les photocopies, je ne leur donnerai plus du "tout-fait": les tableaux, les bilans, etc ils les recopieront sur leur cahier!

Les IPR n'apprécient pas quand on suit le manuel à la lettre, sans aucun apport personnel, sans changer les questions. Il me semble que ce n'est pas ce que Tim veut faire.

je suis tout à fait d'accord avec toi ,après des années à construire mes séquences , je me rends compte que tous mes collègues ont une vie , des loisirs en plus de leurs enfants qu'ils ne passent pas elur temps à travailler et qu'ils vont très bien .. le fr est une matière problématique car la construction d'une séquence est un boulot important , les ipr mettent la pression mais aussi les collègues ( parfois méprisants , arrogants , se surestimant )!
Cette année je vais beaucoup plus suivre les manuels !! Je rappelle à tout le monde que le temps de travail hebdo est de 35h et que nos salaires ne me donnent pas envie de me crever à la tâche!!

Eh bien si des anti-profs tombent sur ce sujet, ils auront de bons arguments!
Trève de plaisanterie, même si je ne suis pas une pro du manuel, je commence aussi à être fatiguée du fait de bosser tous les WE ( et j'enseigne depuis 17 ans déjà)! Il faut trouver un compromis : mieux s'organiser tout en proposant des cours de qualité aux élèves.

Je ne crois pas que mon problème vienne d'un manque d'organisation. C'est le nombre de copies, les exercices de remédiation que je construis (notamment pour les expressions écrites), les cours que je personnalise qui sont chronophages.
De plus, cinq textes par séquence je me dis que c'est peut-être un de trop. Sincèrement une moyenne de trois semaines pour cinq textes à analyser (+ image), une ou deux expressions écrites (plus ou moins longues), les leçons et exercices en langue, et le travail à l'oral (cours dialogué, récitation ou exposé...) c'est super intense (à vivre et à préparer). Quelles sont vos techniques ?

Je suis tout à fait d'accord avec 21 et ann.
Nous oscillons entre la pression des IPR, des collègues (même implicite - surtout implicite), de notre image (surtout travailler, travailler, ne pas envisager d'en faire moins sous prétexte de le faire mal et d'être un profiteur, un petit fonctionnaire, et d'entendre notre conscience nous dire "c'est mal") mais finalement, quid du temps libre, de notre liberté, de notre entourage, quid de ces moments d'échappée (il ne suffit pas d'avoir 1mn ou 1h pour s'échapper, c'est une disposition générale face au travail, c'est savoir ce que l'on veut faire, où l'on en est, car on est seul chef et la mauvaise conscience tiraille vite), nécessaire à notre souffle ?
Je pense qu'en respirant un peu plus, un peu mieux en dehors du boulot (et si j'arrêtais de m'imposer de rendre les copies pour le cours suivant ?) on identifierait mieux nos objectifs, avec plus de lucidité, de sérénité et de bonheur.

Tim a écrit:Je suis tout à fait d'accord avec 21 et ann.
Nous oscillons entre la pression des IPR, des collègues (même implicite - surtout implicite), de notre image (surtout travailler, travailler, ne pas envisager d'en faire moins sous prétexte de le faire mal et d'être un profiteur, un petit fonctionnaire, et d'entendre notre conscience nous dire "c'est mal") mais finalement, quid du temps libre, de notre liberté, de notre entourage, quid de ces moments d'échappée (il ne suffit pas d'avoir 1mn ou 1h pour s'échapper, c'est une disposition générale face au travail, c'est savoir ce que l'on veut faire, où l'on en est, car on est seul chef et la mauvaise conscience tiraille vite), nécessaire à notre souffle ?
Je pense qu'en respirant un peu plus, un peu mieux en dehors du boulot (et si j'arrêtais de m'imposer de rendre les copies pour le cours suivant ?) on identifierait mieux nos objectifs, avec plus de lucidité, de sérénité et de bonheur.

+1
A te lire, j'ai l'impression de m'entendre lorsque la fatigue engendre un raz le bol, une overdose de corrections qui font que je me lamente auprès de mon mari qui me répond que beaucoup de collègues ne fournissent pas la moitié de mes efforts. (Après observation, je constate qu'il a largement raison) Mais comment arriver à maintenir une certaine qualité sans tout ce temps et ce travail personnel ? Là oui j'ai un problème que je n'arrive pas à résoudre.

Et puis, j'ai fait des calculs et je constate que les nombreux devoirs que je donne (et donc que je corrige) afin de permettre à tous de se rattraper et d'être évalués de manière plus précise, en réalité ces devoirs ne changent pas la moyenne individuelle. Autrement dit un élève aura par exemple 12 de moyenne qu'il fasse 11 ou 15 devoirs ! Alors déjà premiers pas pour moi, c'est décidé : 12 notes par trimestre MAXIMUM !

Oui... 12 notes c'est déjà énorme !
Je regarde mes amis qui ont d'autres boulots (et pas nos vacances, oui oui, mais je ne profite pour l'instant pas de ces vacances - je suis partie à l'étranger 2 semaines pendant ces fameuses vacances internes et j'ai vu ce que ça me coûtait de tout prévoir pour ne vraiment rien faire : surcroît monstrueux de travail en aval) et ils savent profiter de leur soirée, parler d'autre chose, être autre chose que leur métier.
Cela coûte à l'identité et au métier d'être prof et rien que prof.
Je pense que c'est aussi pour cette raison que beaucoup craquent (ou ne font que parler boulot, ou sont tristes).

Je ne sais pas encore comment faire, mais j'en ai marre aussi pour un texte de séquence de compulser dix manuels... En août, je pars, je vais prendre juste LE manuel de mes niveaux et faire coller le plus possible de textes à mes séquences. Notamment pour le nouveau Fleurs d'encre en 6e, où je vais essayer d'utiliser davantage les exercices. On verra !

Chaque année, je construis 2 séquences par niveau. Le reste, soit j'utilise le manuel de la classe, soit d'autres manuels, soit d'anciennes séquences que j'adapte à la classe. Je ne serais pas capable de créer toutes les séquences pour chaque niveau chaque année !!! Avec les copies en plus ....

Mais c'est vrai que j'adore fouiner, chercher les textes, trouver la bonne image etc. C'est ce que je trouve intéressant dans notre métier. Mais j'arrive à conserver une vie de famille et de femme, c'est essentiel ! Il y a un juste milieu !! Des périodes où je bosse un peu plus, d'autres un peu moins.
Et puis mon mari est là pour me dire "là, il faudrait lever le pied !". J'adore mon boulot, mais aussi ma famille !!
Donc, il y a un temps pour tout !!!