Question concernant l'une des pièces à fournir lors de l'inspection

Bonjour (ou bonsoir) à tous!

Je suis professeur stagiaire en anglais et viens de recevoir la liste de pièces à fournir le jour de mon inspection le 8 mars. Vous trouverez d'ailleurs la liste ci-jointe.

Si je poste sur ce forum, c'est parce que je ne suis pas sûre de vraiment comprendre ce qu'est la pièce n°5 exactement:

Le parcours de formation relatif au service du professeur de collège ou de lycée.

Cette pièce est décrite comme étant "la trame générale qui concerne l'architecture de mise en oeuvre du programme" il est aussi indiqué que cette pièce "relève l'intitulé des séquences, les problèmatiques choisies, les choix d'oeuvres travaillées dans les domaines de la production et de la perception, enfin les grandes compétences abordées" et que "cette trame doit permettre une photographie d'ensemble du parcours élaboré."

Est-ce que quelqu'un pourrait m'éclairer?

Merci d'avance.

Ça ressemble à une progression vu le descriptif.

Une progression incorporant les compétences travaillées.
Dit plus prosaïquement.

Donc une sorte de tableau synoptique mais de toutes les séquences sur toute l'année avec le détail de tous les supports et toutes les compétences travaillées sur l'année?

Niveau de détail à ajuster en fonction du faisable et, si j'osais, du raisonnable...

Bon, je pense que c'est une erreur de copier-coller. Probablement un didacticien a-t-il malencontreusement introduit dans un document officiel une version particulièrement trash des textes de didactic porn sur lesquels il se caresse le soir dans le secret de son bureau.

D'où l'obscénité du truc. Peut-être le plus courtois est-il de faire comme si l'on n'avait pas remarqué ?

Je crois que le philosophe Alain avait omis de remettre ce document avant sa fameuse inspection.

@PY : ce langage est strictement le même que l'ESPE utilisait quand j'y suis passée. C'est assez soft dans la pédanterie. La progression avec compétences est un objet qui était présenté comme banal pendant la formation.

Concrètement, c'est un tableau avec les séquences, divisées en séances, datées, intitulées et décrites par une phrase problématique. Sur une autre colonne, les compétences travaillées pendant chaque séance. On peut peut-être se contenter de les mettre en regard des titres de séquences. La durée de chaque séquence et séance doit apparaître afin de prouver qu'on a prévu le temps pour faire tout le programme.

Ce tableau sert de support à la défense de sa pratique pendant l'entretien avec l'inspecteur. Le but étant de le convaincre que :
1. le programme est respecté
2. le programme est traité dans les temps et sera fini (soit la progression va jusqu'en juin/juillet, soit un second tableau prévisionnel est ajouté)
3. l'enseignant a choisi des angles d'attaque pertinents (scientifiquement et pédagogiquement) pour développer le sujet
4. les compétences sont travaillées en accord avec toutes les dispositions du socle et des nouveaux textes légaux. L'enseignant doit montrer qu'il connait le BO (à jour) sur le bout des doigts

En regard, on joint le cahier de texte qui vient attester du fait que la progression est réelle, a bien été suivie, et n'est pas tout à fait factice.

Il y a une forte part de théâtralité : tout le monde sait autour de la table que la progression sera réajustée en cours d'année, qu'on prend du retard, etc. Mais il ne faut jamais le dire, puisque le but est de montrer qu'on est un parfait professionnel.

Zagara a écrit:C'est assez soft dans la pédanterie.

Relativement, peut-être. Je veux dire relativement à certains autres sommets où la main de l'homme semble avoir déjà mis le pied. Mais je peux t'assurer que pour nous autres gorilles déguisés en ours, les bornes de l'indécence sont d'ores et déjà pulvérisées

(Ça doit être ça, le double BANG qui m'a réveillé il y a quelques jours.)

Oui mais prendre au sérieux ce langage et ces demandes fait la différence entre le grand choix et le choix. Après, la valeur intrinsèque de ces objets, c'est une autre question. Disons qu'une fois l'inspection passée, on les range dans un tiroir ou dans une benne à ordures. La progression a un intérêt pratique limité. Sa fonction se résume essentiellement à gratter des points pendant l'inspection en montrant à l'inspecteur qu'on parle le même langage.

Zagara a écrit:Concrètement, c'est un tableau avec les séquences, divisées en séances, datées, intitulées et décrites par une phrase problématique. Sur une autre colonne, les compétences travaillées pendant chaque séance. On peut peut-être se contenter de les mettre en regard des titres de séquences. La durée de chaque séquence et séance doit apparaître afin de prouver qu'on a prévu le temps pour faire tout le programme.

Quelle horreur !
Courage les jeunes !

C'est rassurant, en un sens, de savoir que les professeurs sont évalués sur des critères qui n'ont rien à voir avec leurs qualités professionnelles

PauvreYorick a écrit:C'est rassurant, en un sens, de savoir que les professeurs sont évalués sur des critères qui n'ont rien à voir avec leurs qualités professionnelles

L'évaluationite traverse la plupart des métiers, tant privés que publics. Tous les gens qui produisent des grilles d'auto-évaluation/progression que je connais (y compris dans le privé), sont d'accord pour dire qu'ils couchent une version très partiale de la réalité sur le papier.

Ça pose de vraies questions sur l'usage de ces documents par les historiens du futur. Les grilles et rapports liés à l'évaluation du travail sont fondées sur un croisement de déformations des faits et d'idéologie (celle présidant à l'évaluationite, pratique née dans le monde de la finance, étant évidemment notre idéologie si dominante qu'elle parait neutre, le néolibéralisme). Elles ne reflètent que peu la réalité du travail produit. Est-ce qu'on pourra les utiliser comme sources dans 100 ans, ou plutôt pour quelles études ces sources seront-elles pertinentes ?

Ah mais je suis bien évidemment d'accord, je dirais même que nous enfonçons là des portes non seulement ouvertes, mais réduites en poudre depuis lurette et dont l'encadrement a lui-même disparu sans laisser de trace avec les murs qui l'entouraient,

un peu comme celle-ci :

mais ce qui me sidère toujours, c'est que ça ne pourrait pas marcher s'il n'y avait pas une proportion (certes microscopique, c'est une évidence) de gens qui y croient vraiment, et que donc il doit en exister quelque part pour que tous les autres puissent faire semblant.

Je n'ai jamais intégré de durée prévisionnelle à la progression que j'ai montrée à l'inspection il y a deux ans... Aucune obligation.

Ah et ladite progression n'a été construite que pour l'inspection par rapport à ce que j'avais fait (j'ai rajouté ensuite trois séquences grossièrement développées).

La force d'une idéologie transformée en sens commun, c'est que la norme est d'y croire sincèrement puisque ne pas y croire demande plus d'effort que d'y croire.

J'écoutais l'autre jour le chef des "décodeurs" de Le Monde, qui a mis en place un "décodex" évaluant avec une granularité très précise (3 couleurs...) le taux de "vérité" de centaines de sites internets. La question lancinante qui me revenait : croit-il sincèrement, naïvement, au bien-fondé de son projet, ou sait-il qu'il est aussi méthodologiquement juste que l'index de l’Église catholique ? Quand on a infusé toute sa vie dans une idéologie sans jamais faire l'effort de se poser la question de son "bon sens", on finit par décerner des brevets de "vérité" et de "mensonge" sur la seule base de cette idéologie. D'où des incohérences très drôles dans le discours de ce chef décodeur. "Non mais heu lui on aurait pu le mettre vert en regardant mieux" ; "ce sont plutôt les gros journaux qui sont en vert - mais nous on est petits et vous nous avez mis vert, pourquoi ? - oh heu ben on y a réfléchi hein"... L'esprit acéré de typologie scientifique.

Non mais lui (si c'est bien celui auquel je pense) c'est pas uniquement un problème d'idéologie.

Fesseur Pro a écrit:

Zagara a écrit:Concrètement, c'est un tableau avec les séquences, divisées en séances, datées, intitulées et décrites par une phrase problématique. Sur une autre colonne, les compétences travaillées pendant chaque séance. On peut peut-être se contenter de les mettre en regard des titres de séquences. La durée de chaque séquence et séance doit apparaître afin de prouver qu'on a prévu le temps pour faire tout le programme.

Quelle horreur !
Courage les jeunes !

Absolument débectant. J'hésiterais entre "et puis quoi encore" et "je ne comprends pas désolé" si on me demandait une telle chose. En ce moment, je sers du "je n'ai pas été formé" à ma CDE, elle renonce assez vite; tant que je suis courtois ça passe. Je ne pense pas qu'un IPR serait ravi, mais d'un autre côté en plus de 30 ans de carrière je n'en ai jamais vu un... Et qui viendrait encore m'inspecter?!

Eh oui...mais je présume qu'un stagiaire est censé fournir ce tableau de progression annuelle (et comprendre ce que c'est car il a été « formé ») ou qu'il encourrait quelques ennuis en répondant, ce qui est serait somme toute parfaitement acceptable compte-tenu de la manière dont c'est décrit, qu'il ne comprend pas ce qu'on lui demande.

Bon courage, MissTeacher, je suppose que tu peux t'inspirer des sommaires des manuels d'anglais, qui proposent ce genre de tableau (moins les dates évidemment).

PauvreYorick a écrit:C'est rassurant, en un sens, de savoir que les professeurs sont évalués sur des critères qui n'ont rien à voir avec leurs qualités professionnelles

Ma modeste expérience m'a montré que ce genre de tableau n'a qu'un intérêt: voir si tu as pigé ce qu'on attendait de toi, hors du moment de l'inspection. En gros, il permet de voir en un coup d'oeil si tu respectes le rythme préconisé et le programme. C'est tout. Si tu rates ta séance, il ne te sauvera pas d'un rapport pourri.

L'inspecteur me demande de fournir une copie du cahier de textes de la classe. Concrètement, comment faire avec Pronote ?

Grain d'aile a écrit:L'inspecteur me demande de fournir une copie du cahier de textes de la classe. Concrètement, comment faire avec Pronote ?

Dans mon souvenir, il y a une icône pour imprimer le cahier de texte d'une classe via Pronote, j'avais dû le faire pour mon stage.

Oui, merci Ergo.

Bon courage !

C'est cela... :lol: