Thèse de philosophie : questions pratiques

Bonjour
J'enseigne theory of knowledge depuis 7 ans en anglais dans une high school en Asie (pas un lycée AEFE, mais une école internationale qui prepare au baccalauréat international). J'ai un M2 de Lettres modernes de Paris 3. J'ai 44 ans. J'ai publié plusieurs ouvrages en France (plutôt de fiction). Je souhaite faire une these de philosophie à Paris par correspondance. Tout en continuant à travailler en Asie, donc je ne cherche pas de contrat de doctorant.
Voici mes questions et je vous remercie d'avance pour vos réponses car les sites d'infos ne me donnent pas ces réponses et j'aimerais avoir vos lumières avant de me lancer à la pêche aux infos par telephone avec le décalage horaire

1. Est ce que Master 2 en Lettres modernes (je n'ai jamais étudié la philo en fac meme si je l'enseigne, je l'ai étudié par moi-même) me barre l'accès au doctorat de philosophie?
2. Est ce que mon âge est un problème?
3. Est ce que je peux  le faire par correspondance? même en me rendant sur place une fois par an par exemple
4. Comment faire une double these en français et en anglais avec un jumelage dans une université affiliée puisqu'a priori je ne retournerai pas en France pour enseigner
5. Enfin quelles universités ou même si vous êtes vraiment calés directeurs de these me recommandez vous? Mon sujet serait soit lié  à art de la catastrophe/soit   déclin de l'occident mais toujours en maturation ... je suis juste au debut de mes reflexions

Une très belle année à tous et toutes
merci d'avance pour vos réponses

1. je ne pense pas, en tous cas je crois que administrativement c'est possible
2. non
3. une fois par an ne suffira pas, il y a des crédits à valider avec l'école doctorale et des formations à faire.
4. à voir avec le directeur français
5. à toi de trouver un directeur dont tu aimes le travail

Donc il faut surtout prendre contact avec un professeur d'université.

Cocosing a écrit:Bonjour
J'enseigne theory of knowledge depuis 7 ans en anglais dans une high school en Asie (pas un lycée AEFE, mais une école internationale qui prepare au baccalauréat international). J'ai un M2 de Lettres modernes de Paris 3. J'ai 44 ans. J'ai publié plusieurs ouvrages en France (plutôt de fiction). Je souhaite faire une these de philosophie à Paris par correspondance. Tout en continuant à travailler en Asie, donc je ne cherche pas de contrat de doctorant.
Voici mes questions et je vous remercie d'avance pour vos réponses car les sites d'infos ne me donnent pas ces réponses et j'aimerais avoir vos lumières avant de me lancer à la pêche aux infos par telephone avec le décalage horaire

1. Est ce que Master 2 en Lettres modernes (je n'ai jamais étudié la philo en fac meme si je l'enseigne, je l'ai étudié par moi-même) me barre l'accès au doctorat de philosophie?
2. Est ce que mon âge est un problème?
3. Est ce que je peux  le faire par correspondance? même en me rendant sur place une fois par an par exemple
4. Comment faire une double these en français et en anglais avec un jumelage dans une université affiliée puisqu'a priori je ne retournerai pas en France pour enseigner
5. Enfin quelles universités ou même si vous êtes vraiment calés directeurs de these me recommandez vous? Mon sujet serait soit lié  à art de la catastrophe/soit   déclin de l'occident mais toujours en maturation ... je suis juste au debut de mes reflexions

Une très belle année à tous et toutes
merci d'avance pour vos réponses

1.Légalement, le master 2 permet de postuler au doctorat, mais l'examen du dossier en école doctorale risque de poser problème si vous n'avez pas fait de philosophie auparavant. On ne découvre pas une discipline en commençant une thèse. Il faudrait peut être penser à commencer par faire un master recherche en philosophie pour 1) préparer la thèse 2) appréhender sur les enjeux de la discipline. L'inscription en thèse en sera simplifié, surtout que vous pourrez découvrir la fiabilité du directeur de mémoire qui est potentiellement un directeur de thèse.

2.Pour l'âge, ce n'est pas un problème, mais clairement vous n'aurez ni financement, ni beaucoup de chance d'élection comme MdC ou chargé de recherche (surtout si vous n'êtes pas agrégé). Cela veut dire que les déplacements et frais de thèse seront à vos frais: pensez-y.

3.La plupart des écoles doctorales ou des laboratoires tendent aujourd'hui à demander une certaine assiduité, ne serait-ce que pour les formations obligatoires des doctorants. Une thèse par correspondance, cela n'existe pas en France sous bénéfice d'inventaire: vous êtes tenu à certaines obligations (réunions de labos, RdV avec le directeur, formations).

4.Une thèse en co-tutelle peut être risquée en cas de mésentente des directeurs ou de différence d'attente ou de durée. Si vous souhaitez limiter le risque, renseignez dans le pays où vous êtes auprès des enseignants de philosophie sur ce sujet s'ils ont une connaissance d'un professeur ou MdC HDR en France avec qui ils travaillent. Ne vous engagez absolument pas dans une co-tutelle où les enseignants ne se connaissent pas.

Comme Chamil, avec une réserve sur le point 3; c'est à discuter avec le directeur, qui est susceptible de vous indiquer lesquelles des obligations sont incontournables et lesquelles ne le sont pas.

Pour le point 5, il faudrait davantage de précisions pour répondre.

Je me demande pourquoi l'âge serait un problème pour un poste de chargé de recherche ou de MCF ?

Mr_Z a écrit:Je me demande pourquoi l'âge serait un problème pour un poste de chargé de recherche ou de MCF ?

Question de dynamisme (un jeune apporte du "sang neuf" et permettra de remonter les stats de production à montrer au HCERES), de marché (il y a de nombreux jeunes docteurs au CV de plus en plus bétonné), et de coût (recruter quelqu'un d'âgé signifie un risque de le reclasser à un échelon élevé, ce qui pèsera plus sur la masse salariale, désormais gérée par l'université).

Merci pour cette réponse, je ne savais pas tout cela.

Mr_Z a écrit:Merci pour cette réponse, je ne savais pas tout cela.

De rien! Sur le fond, c'est une pratique parfaitement discriminatoire, hélas répandue dans les comités de sélection. Et, mais c'est un avis personnel, cela prive l'enseignement supérieur de profils plus diversifiés, avec des gens qui auraient pu avoir fait autre chose que des études ou des post-docs avant devenir EC.

Je me permets de revenir sur cette histoire d'age, qui ne relève pas de la simple discrimination.

Recruter en SHS un MCF qui sort de finir sa thèse à plus de 50 ans, qui n'a auparavant pas eu de contact autre avec la recherche que son travail de doctorat et n'a jamais eu de service d'enseignement universitaire, c'est effectivement très peu rentable pour une UFR/un groupe de recherche/et en dernier lieu un établissement à cause d'un hypothétique reclassement couteux.

Je ne vois pas pourquoi un comité de recrutement n'aurait pas le droit de lui préférer un candidat accessoirement plus jeune, mais surtout ayant déjà enseigné en université et participé à des activités de recherche.

Meme lorsqu'on partage du matériau pédagogique (ce qui n'est pas la norme en SHS, tout regrettable que ce soit), il faut bien du temps avant d'accumuler assez de "réserves" pour ne pas que la préparation du moindre TD voire CM se transforme en un deuxième travail de thèse.
Organiser un colloque, faire acheter du matériel pour un centre de recherche ou monter un projet pour financement, tout cela est devenu un véritable parcours du combattant administratif.
Je ne parle pas meme pas des réseaux et relais scientifiques nécessaires à l'international pour satisfaire aux exigences de financement d'une ERC.

Donc oui, on hésite à recruter quelqu'un de tout à fait hors-sol, et qui n'aura objectivement pas le temps de devenir un collègue efficace avant son départ à la retraite.

Les taches d'un MCF ne sont pas négligeables. En recruter un au sein d'une UFR qui n'est pas capable rapidement de les accomplir au mieux, c'est alourdir le travail de ses collègues.

Je ne suis pas objective, j'ai trop souvent été, et ce dès mon monitorat, la bonne gourde qui surveillait des épreuves en plus/rédigeait des sujets pour toutes les sessions d'examen/corrigeait rapidement les copies/récupérait dans son groupe de TD des étudiants paumés, le tout à cause de la présence dans l'équipe d'un de ces collègues au profil super intéressant, mais infichus de s'organiser pour gérer leur charge de cours. Non pas que j'étais une victime consentante, mais parce que c'est très rare de pouvoir ensuite installer ces perles dans leur 192h d'équivalent TD sans leur faire partager le moindre enseignement avec d'autres, qui se retrouvent alors à devoir les tirer/pousser/remplacer, et le tout sans les vexer.

Après 25 ans en facs d'anglais diverses et variées, j'estime à moins de 10% les recrutements réussis pour ce type de profil (et qui sont alors exceptionnels, certes), alors que je dirais que dans les profils "classiques" on a plutot largement moins de 10% de recrutements ratés. On ne peut pas en vouloir aux comités de recrutement d'agir en fonction de cette expérience statistique.

RogerMartin a écrit:Je me permets de revenir sur cette histoire d'age, qui ne relève pas de la simple discrimination.

(...)

Mais cela relève néanmoins de la discrimination au sens légal et plein du terme:

https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=2EA8C87847C6FCD3FEF47F6BD8E70E16.tpdila13v_3?idSectionTA=LEGISCTA000006165298&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20160629

Même si sur le fond, nous sommes en partie d'accord, en tant qu'agents du service public, nous pouvons encore moins que d'autres relativiser une violation du code pénal. Que dira-t-on demain si on recommence à discriminer dans certains COS les femmes en âge d'avoir des enfants sous prétexte que l'établissement risque un congés parental, pratique qui fût courante jusqu'à très récemment?

Chamil a écrit:

RogerMartin a écrit:Je me permets de revenir sur cette histoire d'age, qui ne relève pas de la simple discrimination.

(...)

Mais cela relève néanmoins de la discrimination au sens légal et plein du terme:

https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=2EA8C87847C6FCD3FEF47F6BD8E70E16.tpdila13v_3?idSectionTA=LEGISCTA000006165298&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20160629

Même si sur le fond, nous sommes en partie d'accord, en tant qu'agents du service public, nous pouvons encore moins que d'autres relativiser une violation du code pénal. Que dira-t-on demain si on recommence à discriminer dans certains COS les femmes en âge d'avoir des enfants sous prétexte que l'établissement risque un congés parental, pratique qui fût courante jusqu'à très récemment?

Il y a l'esprit et la lettre de la loi. Oui, je trouve normal de recruter un jeune docteur avec de l'expérience du travail en fac, meme si le "risque" () de congés maternels ou parentaux à répétition n'est pas exclu, cela n'aura qu'un temps de toute façon, plutot qu'un docteur fraichement émoulu de 50+ ans qui ne connait pas notre système universitaire. On n'est d'ailleurs pas à qualification égale, point barre, et donc il n'y a pas discrimination.

RogerMartin a écrit:

Il y a l'esprit et la lettre de la loi. Oui, je trouve normal de recruter un jeune docteur avec de l'expérience du travail en fac, meme si le "risque" () de congés maternels ou parentaux à répétition n'est pas exclu, cela n'aura qu'un temps de toute façon, plutot qu'un docteur fraichement émoulu de 50+ ans qui ne connait pas notre système universitaire. On n'est d'ailleurs pas à qualification égale, point barre, et donc il n'y a pas discrimination.

J'apprécie nos échanges, mais en toute courtoisie, vouloir distinguer "l'esprit" et la "lettre" en matière de droit anti-discrimination revient à nier ce droit. Bien entendu que l'expérience de l'enseignement supérieur est un critère légitime de sélection, mais quid d'un docteur plus âgé que la norme(ancien PRAG/PRCE/PEMF ou vacataire) qui a une réelle expérience en la matière? Ou de celui qui possède une expérience de vie (fonctions électives ou syndicales, humanitaire, formation d'adultes, management, entrepreneuriat, collectivités locales, organisations internationales...) qui peut être une vraie richesse pour un département, une UFR, une école?

Le sujet dépasse en ce sens la seule question discriminatoire, déjà majeure. Très sincèrement, pour la qualité humaine et scientifique de l'enseignement supérieur, recruter des collègues au profil de plus en plus hyperspécialisé, aux thèmes de recherche de plus en plus réduits à des niches, sur-sélectionnées, rompus aux combines de ce "petit monde", au parcours de plus en plus normé car de plus en plus long, qui n'ont rien fait d'autre que du sup, n'est peut-être pas entièrement une bonne nouvelle.

Mais un ancien "PRAG/PRCE/PEMF ou vacataire" qui vient de boucler une thèse de qualité n'a pas plus de mal à etre recruté aujourd'hui qu'un candidat plus jeune (qui aurait bénéficié d'un contrat doctoral ?), le manque de postes pèse hélas également sur tous, non ?

Je me permets une réponse sur votre appel à la diversité des recrutements, car je travaille depuis assez longtemps dans une matière où beaucoup plus qu'en histoire on recrute déjà des profils atypiques, ne serait-ce que du fait de l'existence de filières LEA et du recrutement d'anglophones non issus de l'université française. Dans mon expérience, non, ce ne sont pas nécessairement des collègues plus humains ou plus créatifs en matière de recherche que les autres, loin de là, y compris dans leurs relations avec les étudiants.

Vous ne vous etes pas présenté sur le forum : travaillez-vous dans une université ? Avez-vous déjà participé à des comités de recrutement post-LRU ?

RogerMartin a écrit:Mais un ancien "PRAG/PRCE/PEMF ou vacataire" qui vient de boucler une thèse de qualité n'a pas plus de mal à etre recruté aujourd'hui qu'un candidat plus jeune (qui aurait bénéficié d'un contrat doctoral ?), le manque de postes pèse hélas également sur tous, non ?

Oui et non: on revient à la marge financière et à la productivité scientifique attendue de candidats plus jeunes. Si l'âge moyen des MdC et des PU à leur recrutement tend à s'élever, il reste suffisamment bas pour éliminer les candidats "trop" âgés. Et les concours réservés aux enseignants du second degré, déjà marginaux, baissent depuis 2006 (maximum... à 1,1% des postes):
https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/statistiques/13/5/bilan_recrutement_2014_v2_405135.pdf (p.36).

RogerMartin a écrit:Je me permets une réponse sur votre appel à la diversité des recrutements, car je travaille depuis assez longtemps dans une matière où beaucoup plus qu'en histoire on recrute déjà des profils atypiques, ne serait-ce que du fait de l'existence de filières LEA et du recrutement d'anglophones non issus de l'université française. Dans mon expérience, non, ce ne sont pas nécessairement des collègues plus humains ou plus créatifs en matière de recherche que les autres, loin de là, y compris dans leurs relations avec les étudiants.

C'est bien entendu tout à fait possible, mais de facto, la pression du manque de postes, par l'allongement du délai d'élection, finit par supprimer les profils plus "atypiques". Du moins pour les SHS où la thèse financée, l'Aterat et le post-doc se répandent tels un "parcours obligé" au même titre que l'agrégation dans certaines disciplines (Cf. dans le doc la raréfaction généralisée des recrutements juste après la qualification p.35). Y gagne-t-on en termes de diversité sociale, intellectuelle, ou tout simplement de parcours de vie?

RogerMartin a écrit:Vous ne vous etes pas présenté sur le forum : travaillez-vous dans une université ? Avez-vous déjà participé à des comités de recrutement post-LRU ?

Oui dans les deux cas (mais mon expérience personnelle n'a que peu d'intérêt ;-).

Chamil a écrit:Y gagne-t-on en termes de diversité sociale, intellectuelle, ou tout simplement de parcours de vie?

Je vois tout à fait l'intéret de l'existence d'une diversité intellectuelle chez les titulaires d'une UFR, mais pas du tout ce qu'apporteraient nécessairement les autres, qui ne me paraissent d'ailleurs pas en etre les prérequis (ni etre absentes des départements que j'ai fréquentés). Le conformisme n'est pas l'apanage de la reproduction sociale, bien au contraire.

En tout cas l'âge n'est pas un problème pour s'inscrire en doctorat, ce qui était, je crois, la question posée. Si l'intention n'est pas de chercher à enseigner en France (je crois que ça a été précisé aussi), du coup la question du caractère éventuellement handicapant d'un âge compris entre 47 et, mettons, 50 ans pour candidater à un poste de MCF ou chargé de recherche en France, ne concerne pas non plus directement Cocosing.

Pour ce qui est de la distance, le point 3, ça peut aussi s'aménager. Maintenant, il faut valider un certain nombre d'heures de formation pour pouvoir soutenir sa thèse (une centaine d'heures, ça dépend des universités). Ca doit être des formations doctorales, mais généralement, tu peux les faire ailleurs que dans ton université (je suis dans ce cas). Le tout étant de trouver dans ta région du monde des formations de niveau doctoral qui soient validées par ton université… mais ça n'est peut-être pas du tout impossible. Tu peux certainement avoir une décharge partielle parce que tu travailles (dans ma fac, où on doit valider 90 heures de formation, on peut avoir 10 heures de décharge par an, ce qui mine de rien fait un tiers de moins à faire).
Tu n'as pas besoin de voir ton directeur de thèse (c'est de toute façon extrêmement difficile de voir un directeur de thèse ), vous pouvez vous écrire, vous skyper.

Pour le point 1., je pense que ça dépendra beaucoup de ton sujet et de l'université qui t'accueillerait. Si tu as envie de faire une thèse, je ne vois pas vraiment de sens à ce que tu t'embêtes à faire un master. Ton expérience de l'enseignement peut sans doute suffire, surtout que tu demandes juste à être inscrit, c'est-à-dire à avoir le droit de payer des frais d'inscription, et ne prétends pas à un contrat doctoral.