- EuchridNiveau 2
Bonsoir à toutes et tous,
Je viens de faire mon premier jour dans un nouveau collège (je suis remplaçant). Ayant déjà un peu d'expérience, j'ai bien réussi mes premiers cours mais... Gros problème avec une élève de 4e. Le principal adjoint m'avait déjà prévenu : arrivée récemment après avoir été exclue de son collège + placée en famille d'accueil. Très provocatrice à l'égard de tous les enseignants.
Elle arrive en retard, je lui demande de s'en excuser - pas de passage à la vie scolaire pour les retards ici. Puis elle commence à bavarder fort avec sa voisine, à faire des commentaires désobligeants à voix haute. Je la reprends plusieurs fois, et elle me répond avec beaucoup d'irrespect (genre "vous n'êtes pas notre vrai prof", "vous n'êtes pas mon père", "je fais ce que je veux", etc.) Je ne lâche pas, et je finis par demander à sa voisine (qui commençait à s'y mettre aussi - d'après l'équipe, elle se fait entraîner) de changer de place. Et là elles explosent toutes les deux, refusent, continuent de me répondre avec une insolence vraiment particulière - j'ai déjà enseigné en REP, mais je n'avais jamais vu ça !
Ne voulant pas continuer à perdre du temps dans mon cours, je décide d'exclure l'élève en question accompagnée d'un délégué. Sa voisine décide de la suivre, et sort avec elle malgré mon refus. Ne pouvant laisser ma classe seule, je finis par fermer la porte en me disant que j'irais faire un rapport à la CPE... Sauf qu'elles remontent ensuite avec une surveillante, qui n'a pas tout compris. J'insiste pour que la voisine revienne en cours, puisque je ne l'avais pas exclue, mais elle refuse toujours et ma collègue m'aide à peine (...) J'exige alors qu'elles reviennent toutes les deux me voir en fin d'heure.
En fin d'heure donc, j'essaie de parler plus sereinement avec elles. Dialogue impossible, je rappelle que je suis bien leur professeur à présent, qu'il y a des règles à respecter, qu'elles me doivent le respect, mais elles continuent à protester avec force "on a toujours été assises à côté c'est pas vous qui allez changer ça vous n'êtes pas notre prof" (et ainsi de suite). Je ne me démonte pas tout en gardant mon calme, mais la classe suivante arrive alors j'écourte... En disant que je veux qu'elles reviennent toutes les deux au prochain cours en ayant rattrapé la leçon sur leur cahier.
Bref, désolé de la longueur de ce message, mais j'en appelle à vos conseils, vos témoignages, car ça ne me quitte pas depuis que je suis sorti du collège ! J'en ai parlé avec la CPE, qui m'a dit qu'à part l'exclure il n'y avait rien à faire, qu'elle-même ne parvenait pas à discuter avec. Insensible aux retenues, mots dans le carnet inutiles puisqu'elle n'est plus avec ses parents. Sauf que je refuse l'idée de l'exclure systématiquement. Mais que je ne veux pas non plus passer tout le temps de mes cours à la (les) rappeler à l'ordre, au détriment des autres élèves.
Un grand, grand merci d'avance... Je revois cette classe samedi, et même si ça s'est très bien passé ensuite avec les autres élèves (j'ai juste été un peu trop rigide sûrement, pour m'assurer que les autres ne s'y mettent pas), j'appréhende la prochaine séance. Je devrais peut-être dédramatiser, l'exclure si elle recommence en me disant que, de toute façon, rien ne fonctionnera, mais ça ne m'est pas possible.
Je viens de faire mon premier jour dans un nouveau collège (je suis remplaçant). Ayant déjà un peu d'expérience, j'ai bien réussi mes premiers cours mais... Gros problème avec une élève de 4e. Le principal adjoint m'avait déjà prévenu : arrivée récemment après avoir été exclue de son collège + placée en famille d'accueil. Très provocatrice à l'égard de tous les enseignants.
Elle arrive en retard, je lui demande de s'en excuser - pas de passage à la vie scolaire pour les retards ici. Puis elle commence à bavarder fort avec sa voisine, à faire des commentaires désobligeants à voix haute. Je la reprends plusieurs fois, et elle me répond avec beaucoup d'irrespect (genre "vous n'êtes pas notre vrai prof", "vous n'êtes pas mon père", "je fais ce que je veux", etc.) Je ne lâche pas, et je finis par demander à sa voisine (qui commençait à s'y mettre aussi - d'après l'équipe, elle se fait entraîner) de changer de place. Et là elles explosent toutes les deux, refusent, continuent de me répondre avec une insolence vraiment particulière - j'ai déjà enseigné en REP, mais je n'avais jamais vu ça !
Ne voulant pas continuer à perdre du temps dans mon cours, je décide d'exclure l'élève en question accompagnée d'un délégué. Sa voisine décide de la suivre, et sort avec elle malgré mon refus. Ne pouvant laisser ma classe seule, je finis par fermer la porte en me disant que j'irais faire un rapport à la CPE... Sauf qu'elles remontent ensuite avec une surveillante, qui n'a pas tout compris. J'insiste pour que la voisine revienne en cours, puisque je ne l'avais pas exclue, mais elle refuse toujours et ma collègue m'aide à peine (...) J'exige alors qu'elles reviennent toutes les deux me voir en fin d'heure.
En fin d'heure donc, j'essaie de parler plus sereinement avec elles. Dialogue impossible, je rappelle que je suis bien leur professeur à présent, qu'il y a des règles à respecter, qu'elles me doivent le respect, mais elles continuent à protester avec force "on a toujours été assises à côté c'est pas vous qui allez changer ça vous n'êtes pas notre prof" (et ainsi de suite). Je ne me démonte pas tout en gardant mon calme, mais la classe suivante arrive alors j'écourte... En disant que je veux qu'elles reviennent toutes les deux au prochain cours en ayant rattrapé la leçon sur leur cahier.
Bref, désolé de la longueur de ce message, mais j'en appelle à vos conseils, vos témoignages, car ça ne me quitte pas depuis que je suis sorti du collège ! J'en ai parlé avec la CPE, qui m'a dit qu'à part l'exclure il n'y avait rien à faire, qu'elle-même ne parvenait pas à discuter avec. Insensible aux retenues, mots dans le carnet inutiles puisqu'elle n'est plus avec ses parents. Sauf que je refuse l'idée de l'exclure systématiquement. Mais que je ne veux pas non plus passer tout le temps de mes cours à la (les) rappeler à l'ordre, au détriment des autres élèves.
Un grand, grand merci d'avance... Je revois cette classe samedi, et même si ça s'est très bien passé ensuite avec les autres élèves (j'ai juste été un peu trop rigide sûrement, pour m'assurer que les autres ne s'y mettent pas), j'appréhende la prochaine séance. Je devrais peut-être dédramatiser, l'exclure si elle recommence en me disant que, de toute façon, rien ne fonctionnera, mais ça ne m'est pas possible.
- amourExpert
Je ne comprends pas vraiment pourquoi tu répugnes à l'idée d'exclure cette jeune fille du cours si cela est possible en accord avec la vie sco : visiblement, elle a des problèmes qui se répercutent sur son comportement, l'empêchent de suivre le cours et, à terme, empêcheront aussi les autres de suivre et/ou t'empêcheront toi de délivrer ton cours. de plus il n'est pas complétement impossible qu'elle ait besoin de se faire remarquer. Pourquoi, dans ces conditions, et, je me répète, si c'est possible, se refuser à la "remarquer", et du même coup, prévenir les problèmes futurs? En d'autres termes, quel bien sa présence en cours fait-elle? A elle comme aux autres? Il y a visiblement des choses que la CPE/ la COpsy sont plus à même d'aborder que toi à ce moment précis je pense!
- EuchridNiveau 2
Parce que je suis chargé d'enseigner à tous mes élèves, elle y compris. Je ne dis pas que je ne l’exclurai pas de nouveau si elle est ingérable et perturbe trop la classe, c'est une évidence ! Mais je veux tout de même essayer, ne pas renoncer d'entrée de jeu. Lui permettre de se "faire remarquer" d'une autre manière. Je ne suis pas idéaliste, je suis conscient qu'il serait quasiment improbable qu'elle devienne une élève modèle d'un cours à l'autre, mais je refuse tout simplement de ne pas essayer de trouver un moyen de l'inclure à mes cours, de mieux réagir quand je sens une crise monter.
- EuchridNiveau 2
D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
- CasparProphète
Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
- amourExpert
+11Caspar Goodwood a écrit:Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
- CasparProphète
Désolé pour les fautes de frappe. Je viens de nettoyer mon post.
- archebocEsprit éclairé
Caspar Goodwood a écrit:Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
La vie pourrie, pour le moment, elle est pour les autres élèves. Euchrid a eu son salaire. Les élèves n'ont pas eu le cours auquel ils avaient droit, et que la République a le devoir de leur donner. C'est une mentalité très évangélique de laisser le troupeau pour aller chercher la brebis égarée, mais ce n'est valable que si le troupeau se garde tout seul. Ce n'est pas le cas ici. C'est le troupeau qui perd, et qui perd d'autant plus que les bergers traitent le loup en brebis.
- EuchridNiveau 2
Merci beaucoup amour et Caspar Goodwood, j'essaie de dédramatiser tout ça ; je ne peux en effet sûrement pas grand chose. Dans tous les cas, comme je le disais, je l’exclurai dès que j'estimerai que son comportement nuit trop au déroulement du cours.
archeboc, le désagrément a duré cinq minutes. Rassure-toi, le troupeau a bien été gardé.
Je m'étonne en revanche qu'un enseignant puisse, de la sorte, opposer un élève aux autres. Ce doit être plus pratique non, de fusiller chaque "loup" en prenant pour prétexte de garder les "brebis" ? C'est une élève, parmi d'autres, qui méritait autant que les autres ces quelques petites minutes passées à essayer de lui transmettre quelque chose dans de bonnes conditions. Quand bien même ça a échoué.
archeboc, le désagrément a duré cinq minutes. Rassure-toi, le troupeau a bien été gardé.
Je m'étonne en revanche qu'un enseignant puisse, de la sorte, opposer un élève aux autres. Ce doit être plus pratique non, de fusiller chaque "loup" en prenant pour prétexte de garder les "brebis" ? C'est une élève, parmi d'autres, qui méritait autant que les autres ces quelques petites minutes passées à essayer de lui transmettre quelque chose dans de bonnes conditions. Quand bien même ça a échoué.
- Thalia de GMédiateur
Caspar Goodwood a écrit:Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
Caspar et archeboc ont tout dit.archeboc a écrit:Caspar Goodwood a écrit:Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
La vie pourrie, pour le moment, elle est pour les autres élèves. Euchrid a eu son salaire. Les élèves n'ont pas eu le cours auquel ils avaient droit, et que la République a le devoir de leur donner. C'est une mentalité très évangélique de laisser le troupeau pour aller chercher la brebis égarée, mais ce n'est valable que si le troupeau se garde tout seul. Ce n'est pas le cas ici. C'est le troupeau qui perd, et qui perd d'autant plus que les bergers traitent le loup en brebis.
Arrête de sacrifier les autres pour une élève visiblement ingérable.
- LeodaganFidèle du forum
Je ne sais pas quelle dose d'énergie tu es prêt à consacrer à cette élève. Ton raisonnement est compréhensible et louable: si elle ne revient pas en cours, elle ne remettra jamais les pieds dans une salle de classe.
Seulement, on n'obtient rien avec ces élèves sans aller directement au conflit, et quand je parle de conflit, il s'agit de quelque chose de plus violent que ce qu'elle t'a "proposé" avec sa voisine qui a décidé de collaborer, quitte à le provoquer sciemment.
Je vois d'ici les réponses que je risque de récolter : ça n'est pas professionnel, ce n'est pas sérieux, ça peut être insultant, elle risque d'en venir aux mains, etc.
D'où ma première remarque: quelle dose de violence verbale (voire physique) te sens-tu prêt à "encaisser" ?
D'expérience, je dirais qu'on n'a pas beaucoup de chance d'atteindre un objectif sans en venir aux cris et aux larmes... et il faudra peut-être renouveler l'expérience plusieurs fois...
Ensuite, il y a sa camarade qui lui emboîte le pas. Si elle a des parents perméables aux sanctions, c'est sur elle qu'il faut mettre le paquet dès maintenant (punition, rapport, coup de téléphone aux parents), de peur que d'autres s'y mettent ou commencent à marmonner des remarques désobligeantes à la moindre contrariété.
Seulement, on n'obtient rien avec ces élèves sans aller directement au conflit, et quand je parle de conflit, il s'agit de quelque chose de plus violent que ce qu'elle t'a "proposé" avec sa voisine qui a décidé de collaborer, quitte à le provoquer sciemment.
Je vois d'ici les réponses que je risque de récolter : ça n'est pas professionnel, ce n'est pas sérieux, ça peut être insultant, elle risque d'en venir aux mains, etc.
D'où ma première remarque: quelle dose de violence verbale (voire physique) te sens-tu prêt à "encaisser" ?
D'expérience, je dirais qu'on n'a pas beaucoup de chance d'atteindre un objectif sans en venir aux cris et aux larmes... et il faudra peut-être renouveler l'expérience plusieurs fois...
Ensuite, il y a sa camarade qui lui emboîte le pas. Si elle a des parents perméables aux sanctions, c'est sur elle qu'il faut mettre le paquet dès maintenant (punition, rapport, coup de téléphone aux parents), de peur que d'autres s'y mettent ou commencent à marmonner des remarques désobligeantes à la moindre contrariété.
- bazar_et_badineNiveau 4
Complètement d'accord avec Leodagan concernant la seconde élève qui profite de l'occasion pour exister. Celle-ci mérite autant si ce n'est plus d'être punie. La première ayant potentiellement des circonstances atténuantes (même si ça n'excuse en rien son attitude).
Après si j'ai bien compris, malgré ta reprise à la fin de l'heure, elles n'ont rien admis et ne se sont pas excusées. C'est bien ça?
Alors ça vaut ce que ça vaut et je ne sais pas si c'est ce dont tu as besoin, mais si j'étais dans ta situation, au prochain cours et dans le rang même, je demanderais à ces deux élèves de rentrer en dernier afin de leur toucher un mot du deal.
Pendant que les autres élèves s'installent et qu'elles sont donc bloquées à la porte (dans ces cas-là, je suis dans l'embrasure et je fais barrage avec mon bras), je rappellerais les faits, l'absence d'excuses et le manque de respect.
Je dirais calmement que mon but c'est de travailler avec elles, mais pas dans n'importe quelles conditions: soit elles s'installent aux places désignées, elles se tiennent bien pendant toute l'heure et on oublie tout ça, soit elles sortent et ne seront pas admises dans ta classe tant que des excuses n'auront pas été prononcées / rédigées.
Il m'est arrivé et il m'arrive encore de procéder de cette manière, je trouve que ça fonctionne plutôt bien. On arrive rarement à plus de deux heures de cours loupées, et seulement si les élèves sont vraiment teigneux.
Après, si c'était la deuxième option choisie par ces demoiselles, il faut que tu sois ok avec la CPE afin qu'elle prenne le relais et accompagne la rédaction de la lettre.
Généralement quand je récupère une lettre d'excuses, je souligne auprès de l'élève que ça vaut pour engagement à ne pas recommencer.
Et s'ils dérapent de nouveau pendant ton cours, tu peux rappeler leur engagement. Ça permet de montrer à toute la classe que le perturbateur a dû s'excuser, ça répare un peu.
Pour info, je te suis complètement dans ton raisonnement: moi aussi je tente d'exclure le moins possible d'élèves, même fortement perturbateurs (je suis en rep en Seine-Saint-Denis).
A la fois parce que je ne les vois qu'une heure par semaine mais aussi parce que j'estime justement qu'une grande partie de mon travail, c'est d'inclure.
Idéaliste? Sûrement.
Après si j'ai bien compris, malgré ta reprise à la fin de l'heure, elles n'ont rien admis et ne se sont pas excusées. C'est bien ça?
Alors ça vaut ce que ça vaut et je ne sais pas si c'est ce dont tu as besoin, mais si j'étais dans ta situation, au prochain cours et dans le rang même, je demanderais à ces deux élèves de rentrer en dernier afin de leur toucher un mot du deal.
Pendant que les autres élèves s'installent et qu'elles sont donc bloquées à la porte (dans ces cas-là, je suis dans l'embrasure et je fais barrage avec mon bras), je rappellerais les faits, l'absence d'excuses et le manque de respect.
Je dirais calmement que mon but c'est de travailler avec elles, mais pas dans n'importe quelles conditions: soit elles s'installent aux places désignées, elles se tiennent bien pendant toute l'heure et on oublie tout ça, soit elles sortent et ne seront pas admises dans ta classe tant que des excuses n'auront pas été prononcées / rédigées.
Il m'est arrivé et il m'arrive encore de procéder de cette manière, je trouve que ça fonctionne plutôt bien. On arrive rarement à plus de deux heures de cours loupées, et seulement si les élèves sont vraiment teigneux.
Après, si c'était la deuxième option choisie par ces demoiselles, il faut que tu sois ok avec la CPE afin qu'elle prenne le relais et accompagne la rédaction de la lettre.
Généralement quand je récupère une lettre d'excuses, je souligne auprès de l'élève que ça vaut pour engagement à ne pas recommencer.
Et s'ils dérapent de nouveau pendant ton cours, tu peux rappeler leur engagement. Ça permet de montrer à toute la classe que le perturbateur a dû s'excuser, ça répare un peu.
Pour info, je te suis complètement dans ton raisonnement: moi aussi je tente d'exclure le moins possible d'élèves, même fortement perturbateurs (je suis en rep en Seine-Saint-Denis).
A la fois parce que je ne les vois qu'une heure par semaine mais aussi parce que j'estime justement qu'une grande partie de mon travail, c'est d'inclure.
Idéaliste? Sûrement.
- amourExpert
. Tu parles d'or, je trouve. L'attitude à adopter dépend vraiment de ce que j'ai mis en gras. Idéalistes, nous le sommes tous, du moins je l'espère. Mais Archeboc a raison, il arrive fréquemment que ce soient les élèves qui ont droit à un cours complet qui soient lésés. Il y a de nombreuses années je me suis littéralement pourri la vie pour une classe, mais surtout pour une élève. J'alternais constamment entre l'empathie, l'idéalisme, l'agacement et je ne l'ai jamais exclue. Mes efforts n'ont pas été vains. Cependant, je ne recommencerai jamais. Je ne parvenais pas à prendre du recul, la petite s'est mise à travailler et une enquête a pu mettre à jour et assainir une situation familiale intolérable. Mais j'ai été presque dégoutée du métier, parce qu'outre ce que souligne Léodagan, ce que l'on se sent "prêt à encaisser", il y aussi ce que l'on est effectivement prêt à encaisser humainement sans trop de dommages. Ma santé s'en est ressentie. fais attention aux autres élèves et fais bien attention à toi.Leodagan a écrit:Je ne sais pas quelle dose d'énergie tu es prêt à consacrer à cette élève. Ton raisonnement est compréhensible et louable: si elle ne revient pas en cours, elle ne remettra jamais les pieds dans une salle de classe.
Seulement, on n'obtient rien avec ces élèves sans aller directement au conflit, et quand je parle de conflit, il s'agit de quelque chose de plus violent que ce qu'elle t'a "proposé" avec sa voisine qui a décidé de collaborer, quitte à le provoquer sciemment.
Je vois d'ici les réponses que je risque de récolter : ça n'est pas professionnel, ce n'est pas sérieux, ça peut être insultant, elle risque d'en venir aux mains, etc.
D'où ma première remarque: quelle dose de violence verbale (voire physique) te sens-tu prêt à "encaisser" ?
D'expérience, je dirais qu'on n'a pas beaucoup de chance d'atteindre un objectif sans en venir aux cris et aux larmes... et il faudra peut-être renouveler l'expérience plusieurs fois...
Ensuite, il y a sa camarade qui lui emboîte le pas. Si elle a des parents perméables aux sanctions, c'est sur elle qu'il faut mettre le paquet dès maintenant (punition, rapport, coup de téléphone aux parents), de peur que d'autres s'y mettent ou commencent à marmonner des remarques désobligeantes à la moindre contrariété.
- EuchridNiveau 2
Leodagan, bazar_et_badine, merci beaucoup pour vos réponses - et amour pour ta bienveillance.
Je n'ai pas voulu justement entrer en conflit avec elles, parce que les autres élèves en aurait pâti. Et puis, je suis contractuel (mon statut est précaire), je ne connais pas l'équipe (et elle ne me connait donc pas), alors je veux éviter d'aller au conflit et de chercher à provoquer une scène qui, même si elle n'engrangerait aucune violence de ma part, pourrait être portée à ma défaveur (des collègues passant dans le couloir, ou des parents ayant entendu des échos...). On pourrait me reprocher, moi petit remplaçant, d'avoir mal agi en ayant alimenté un conflit avec une élève dont on m'avait prévenu qu'elle pouvait faire de grosses crises, et de ne pas l'avoir virée direct comme le font les autres. Même si je conçois tout à fait que cela pourrait être salutaire malgré les cris et les larmes.
Pour ce qui est de sa camarade, la situation familiale semble également compliquée ; je vais tout de même retourner voir la CPE pour savoir si un coup de téléphone aux parents pourrait s'avérer fructueux - même si elle avait l'air de dire que pour elle aussi, le recours aux parents ne serait pas forcément utile. En revanche, je n'ai rien altéré dans mes deux rapports : les torts sont partagés, l'une est aussi responsable que l'autre. Je parle simplement davantage de l'une ici parce que je sais que l'autre est plus facilement atteignable.
Pour ce qui est du deal, l'idée me semble excellente ! Je comptais déjà leur demander de s'excuser avant d'entrer dans la salle samedi, mais je n'avais pas pensé à la lettre, preuve matérielle qu'elles auront reconnu à un moment donné avoir dépassé les limites - ce qu'elles n'ont effectivement pas voulu faire en fin d'heure. Mais comme tu dis, bazar_et_badine, je leur proposerai tout de même l'alternative d'entrer, de s'asseoir aux places désignées et de s'engager à respecter cette fois-ci les règles.
C'est un cas vraiment nouveau pour moi, jusque là j'ai toujours obtenu des excuses en fin d'heure. J'ai demandé à n'être affecté qu'en REP pour être préparé à ce genre de situations (plutôt que de me retrouver noyé, décontenancé après mon CAPES), et je suis prêt à encaisser pas mal. Malgré ma stupeur parfois, je ressens beaucoup d'empathie à l'égard de mes élèves, et je n'interprète pas ces écarts de comportement comme étant dirigés spécialement contre ma personne, mais contre ma fonction.
Tout ça en veillant évidemment à ce que l'ensemble de la classe se trouve le moins possible impacté.
Je n'ai pas voulu justement entrer en conflit avec elles, parce que les autres élèves en aurait pâti. Et puis, je suis contractuel (mon statut est précaire), je ne connais pas l'équipe (et elle ne me connait donc pas), alors je veux éviter d'aller au conflit et de chercher à provoquer une scène qui, même si elle n'engrangerait aucune violence de ma part, pourrait être portée à ma défaveur (des collègues passant dans le couloir, ou des parents ayant entendu des échos...). On pourrait me reprocher, moi petit remplaçant, d'avoir mal agi en ayant alimenté un conflit avec une élève dont on m'avait prévenu qu'elle pouvait faire de grosses crises, et de ne pas l'avoir virée direct comme le font les autres. Même si je conçois tout à fait que cela pourrait être salutaire malgré les cris et les larmes.
Pour ce qui est de sa camarade, la situation familiale semble également compliquée ; je vais tout de même retourner voir la CPE pour savoir si un coup de téléphone aux parents pourrait s'avérer fructueux - même si elle avait l'air de dire que pour elle aussi, le recours aux parents ne serait pas forcément utile. En revanche, je n'ai rien altéré dans mes deux rapports : les torts sont partagés, l'une est aussi responsable que l'autre. Je parle simplement davantage de l'une ici parce que je sais que l'autre est plus facilement atteignable.
Pour ce qui est du deal, l'idée me semble excellente ! Je comptais déjà leur demander de s'excuser avant d'entrer dans la salle samedi, mais je n'avais pas pensé à la lettre, preuve matérielle qu'elles auront reconnu à un moment donné avoir dépassé les limites - ce qu'elles n'ont effectivement pas voulu faire en fin d'heure. Mais comme tu dis, bazar_et_badine, je leur proposerai tout de même l'alternative d'entrer, de s'asseoir aux places désignées et de s'engager à respecter cette fois-ci les règles.
C'est un cas vraiment nouveau pour moi, jusque là j'ai toujours obtenu des excuses en fin d'heure. J'ai demandé à n'être affecté qu'en REP pour être préparé à ce genre de situations (plutôt que de me retrouver noyé, décontenancé après mon CAPES), et je suis prêt à encaisser pas mal. Malgré ma stupeur parfois, je ressens beaucoup d'empathie à l'égard de mes élèves, et je n'interprète pas ces écarts de comportement comme étant dirigés spécialement contre ma personne, mais contre ma fonction.
Tout ça en veillant évidemment à ce que l'ensemble de la classe se trouve le moins possible impacté.
- archebocEsprit éclairé
Euchrid a écrit:
archeboc, le désagrément a duré cinq minutes. Rassure-toi, le troupeau a bien été gardé.
Je m'étonne en revanche qu'un enseignant puisse, de la sorte, opposer un élève aux autres. Ce doit être plus pratique non, de fusiller chaque "loup" en prenant pour prétexte de garder les "brebis" ? C'est une élève, parmi d'autres, qui méritait autant que les autres ces quelques petites minutes passées à essayer de lui transmettre quelque chose dans de bonnes conditions. Quand bien même ça a échoué.
A partir des éléments numériques que tu donnes, et en comptant une classe de vingt cinq élèves, si tu donnes autant aux autres, cela fait plus de deux heures.
Je te laisse conclure sur l'opportunité de rajouter trois minutes au début du prochain cours.
Ce n'est pas moi qui oppose un élève aux autres. Il y a une minorité d'élèves qui plombent l'école de la République. Je ne sais pas si on peut les protéger de leur propre comportement. Nous avons en tout cas le pouvoir, et donc le devoir, d'en protéger les autres élèves. Et si nous ne le faisons pas, nous coulons l'école de la République. Le privé nous dit déjà merci.
Ensuite, il est évident que ton statut t'oblige à la prudence. Mais si l'équipe enseignante est raccord avec une ligne dure, tu peux sans risque t'y rallier.
- egometDoyen
On peut aussi considérer qu'il n'y a pas de droit inconditionnel.archeboc a écrit:Caspar Goodwood a écrit:Euchrid a écrit:D'après ce que m'ont dit les élèves et la CPE, ils l'excluent à chaque cours... Je n'ai pas encore pu le leur demander, vu que je ne les connais pas encore.
C'est tout à ton honneur de vouloir l'intégrer à tout prix (et un brin idéaliste en effet) mais tu as l'air d'avoir affaire à forte partie, ne te pourris pas la vie pour une élève dont tu as peu de chance de pouvoir résoudre les problèmes.
La vie pourrie, pour le moment, elle est pour les autres élèves. Euchrid a eu son salaire. Les élèves n'ont pas eu le cours auquel ils avaient droit, et que la République a le devoir de leur donner. C'est une mentalité très évangélique de laisser le troupeau pour aller chercher la brebis égarée, mais ce n'est valable que si le troupeau se garde tout seul. Ce n'est pas le cas ici. C'est le troupeau qui perd, et qui perd d'autant plus que les bergers traitent le loup en brebis.
Le droit à l'école de cette élève est perdu de deux manières:
1. Elle n'en veut pas.
2. Elle ne respecte pas ce même droit pour les autres élèves.
A côté de ça, il n'y a pas d'autres conditions, mais celles-ci sont incontournables.
Et pour reprendre l'idée de la brebis égarée, celle-ci n'est pas en train de faire du mal aux autres. Elle est loin, et c'est loin du troupeau que le berger va chercher à la convaincre. Tu peux pardonner à l'infini, à la seule condition qu'elle veuille être pardonnée.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- EuchridNiveau 2
Bon, du nouveau !
J'y ai réfléchi depuis. Je suis allé voir la CPE avant le cours, en lui demandant de les convoquer à l'heure du mien (je ne les ai donc pas vues aujourd'hui) pour qu'elles lisent (séparément) la lettre que je leur ai écrite (où je leur rappelle les faits, leur dis que c'était inadmissible, que je suis là pour les aider et leur enseigner des choses, tatata bon week-end), recopient le cours de jeudi et d'aujourd'hui dans leur cahier (que j'ai imprimé pour elles), et fassent les exercices faits en classe. J'ai également demandé une lettre d'excuses pour le début du cours de lundi, seule condition pour qu'elles y soient de nouveau admises.
Résultat, en sortant du cours, j'ai trouvé dans mon casier deux lettres dans lesquelles elles reconnaissaient tout, et s'excusaient de tout. L'une - la plus "difficile" - m'a même souhaité un bon week-end !
On verra donc lundi. Apparemment, avant même de savoir qu'elles étaient convoquées, elles ont demandé à un camarade de leur prêter son cahier pour qu'elles rattrapent le cours. Content que mon ordre de jeudi ait été suivi !
J'y ai réfléchi depuis. Je suis allé voir la CPE avant le cours, en lui demandant de les convoquer à l'heure du mien (je ne les ai donc pas vues aujourd'hui) pour qu'elles lisent (séparément) la lettre que je leur ai écrite (où je leur rappelle les faits, leur dis que c'était inadmissible, que je suis là pour les aider et leur enseigner des choses, tatata bon week-end), recopient le cours de jeudi et d'aujourd'hui dans leur cahier (que j'ai imprimé pour elles), et fassent les exercices faits en classe. J'ai également demandé une lettre d'excuses pour le début du cours de lundi, seule condition pour qu'elles y soient de nouveau admises.
Résultat, en sortant du cours, j'ai trouvé dans mon casier deux lettres dans lesquelles elles reconnaissaient tout, et s'excusaient de tout. L'une - la plus "difficile" - m'a même souhaité un bon week-end !
On verra donc lundi. Apparemment, avant même de savoir qu'elles étaient convoquées, elles ont demandé à un camarade de leur prêter son cahier pour qu'elles rattrapent le cours. Content que mon ordre de jeudi ait été suivi !
- CasparProphète
C'est de bon augure en effet, après il faut voir ce que ça donne sur la durée, il y aura vraisemblablement des hauts et des bas avec ce genre d'élève. Bon courage pour la suite.
- archebocEsprit éclairé
Saluons leur bonne volonté ! Bonne chance à ces deux élèves, et félicitations à Euchrid.
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