Stagiaire - difficultés - collège

Je venais de finir de rédiger un long message quand ma connexion m'a lâché. Quand tout va mal...
Mon message est sans doute redondant par rapport à bon nombre d'autres messages sur ce site ("stagiaire qui craque" dans la section Lycée). J'ai une quatrième et une cinquième cette année, et j'ai d'énormes difficultés, principalement avec la deuxième classe qui m'avait parue la plus sympathique en début d'année, et avec laquelle j'ai été trop laxiste et coulant, ce qui se retourne contre moi aujourd'hui. Au moins cela me rassure-t-il par rapport à mes quatrièmes.
Mes camarades de l'ESPE sont très sympathiques et prêtent une oreilles très conciliantes mais de toute évidence, une certaine pudeur règne et ceux qui rencontrent les plus grosses difficultés n'osent pas en parler.
Mon problème évidemment ne concerne pas seulement l'aspect disciplinaire mais aussi le contenu pédagogique de mes cours. J'ai l'impression d'être un très mauvais pédagogue et de ne pas pouvoir résoudre le problème. Je crée des cours ex nihilo, je m'inspire de cours de collègues qui me paraissent très bien mais que je ne parviens pas à m'approprier, mais rien n'y fait, les cours se passent plus ou moins bien mais de manière générale, je n'ai pas l'impression de situer précisément le niveau des élèves, le mien propre, et in fine le problème de discipline et ce flou pédagogique créent un cercle des plus vicieux.
Je ne sais pas comment certains d'entre vous ont fait, mais inventer des cours susceptibles d'intéresser cette tranche d'âge et la majorité de la classe à cet âge me semble herculéen. D'un autre côté, la direction me fait bien entendre que je suis censé travailler dans des conditions privilégiées cette année et que l'an prochain, en rep+, ce ne sera pas la même histoire, ma tutrice me prodigue des conseils plein de bons sens (ou qui tombent sous le sens) mais trop souvent abstraits tandis que je continue de me débattre avec la grande question, comment les faire concrètement s'intéresser à la matière et les faire progresser sachant que je n'ai jamais fait ça de ma vie, que j'ai été un grand lecteur et un bon élève pour qui la pratique du français au collège venait naturellement (attention, je n'utilise pas ça comme une excuse).
Voilà pour exprimer en quelques mots mon profond désarroi, si vous aviez quelques conseils, ils sont les bienvenus.

plein de pensées. je ne serai d'aucune aide puisque je suis la stagiaire qui craque au lycée.... je crois qu'on souffre du même mal. le flou me casse littéralement.....

J'ai lu ton topic et je m'y retrouve of course. Même si je n'ai pas d'enfants, ni ne suis marié.

Ne t'inquiète pas, ce que tu vis est tout à fait normal!!
( et tu fais bien d'en parler ici plutôt qu'à l'espe ou à tes collègues directs..tu es stagiaire, tu vas trouver ton style...ne laisse pas croire que tu ne maîtrises rien, ça te desservira. )
Que tu te poses la question des dispositifs pédagogiques qui puissent faire progresser ou intéresser t'es eleves prouve que tu as en toi ce qu'il faut pour progresser: la remise en question et l'ouverture.
En revanche, attention de ne pas tomber dans le reproche du " pas assez ludique" blabla, qui est le discours de l'espe.
Ta mission premiere est qu'ils apprennent,pas qu'ils s'amusent.
Alors certains de tes cinquiemes ou quatriemes n'accrocheront jamais, que tu danses ou non nu sur la table.
Tu suis le programme, tu te fais plaisir avec les œuvres que tu aimes: deja, tu transmettras ton enthousiasme et ton amour des belles lettres.
Ensuite, tu crées des cours de leur niveau, que tu détermines grâce aux évaluations et aussi grâce aux cours de profs plus expérimentés.
Il y a aussi les manuels: tu vois bien le niveau des questions? Et bien, tu pratiques un cran au-dessus.
On est en novembre, ils vont bientot t'apprendre à l'espe à créer une séquence , il y a à prendre et à laisser, mais je crois que ça va t'aider à construire ton déroulé de sequence et tes cours.
Tu as des notions à leur apprendre, commence par là:
Tu listes ce que tu veux qu'ils sachent à la fin de ta sequence theatre, par exemple, puis tu construis ta sequence en y intégrant ces notions et les textes que tu souhaites qu'ils comprennent , qui t'intéressent.
Fouille un peu sur le forum, tu trouveras beaucoup d'idées et de solutions.
Pour la gestion de classe, on est en novembre, tu ne les as pas perdus, il est encore temps de les redresser.
Retour du plan de classe, nouvelles règles de vie de classe apres une petite leçon de morale dont tu signales bien qu'elle est pour leur bien, parce que leur comportement ne leur permet pas de progresser et que tu t'inquiètes pour eux ( discours adapté au cinquieme, tu verras)
Tu ne les loupes pas et tu fais ton cours.
Que ça les intéresse est un PLUS.
Ne le répète pas, mais c'est la stricte vérité : tu n'es pas animateur de l'ALAE, tu as des savoirs à transmettre.

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre.
Tout ça passe par une reprise en main de la classe, comme je me le disais. Le problème est qu'ils s'entendent bien... Mais c'est le buckledownnovember.

Je plussoie.
Je me souviens que lorsque j'ai commencé, j'avais tendance à vouloir trop en faire: que ce soit en explication de texte ou en grammaire, je visais une certaine exhaustivité. Depuis, j'ai appris à réduire la voilure.
Tout ça pour dire qu'il est bien naturel de tatonner. Ne te préoccupe pas d'«intéresser» les élèves. Ça viendra en plus, peut-être, chez certains.
Ne te turlupine pas non plus des autres (stagiaires ESPE ou collègues de ton établissement) qui n'ont prétendument «pas de problème» avec les élèves: tout le monde en a, ou en a eu, ou en aura.
Surtout, ne t'oublie pas toi-même: même si l'année est dense, ménage-toi des pauses, sors, lis, fais un tour en forêt...
Bon courage.

Ils s'entendent bien, tant mieux, ça évitera d'avoir à gerer du harcèlement en prime.
Voilà mes regles , après la morale disant que dans l'intérêt des nenfants, je vais hélas devoir être dure, mais juste, pour leur donner une chance d'avancer.
Mon échelle :
1/ avertissement oral : plus le droit de parler, bouger, rire etc, le nom de l'élève est noté dans la case avertissement, je prépare les deux autres cases.
2/ punition: conjugaison deux E verbes aux temps simples de l'indicatif 3/ fin d'heure: mot dans le carnet ET leçon de morale psy ( qu'as-tu mon petit, tu as des pb, tu es perdu, bla la...ils fuient et redoutent d'y revenir

Fin d'heure: on efface l'ardoise , on reprend à zéro à la prochaine heure  . Ils aiment bien avoir un casier vierge , tu leur expliques qu'ils ont le droit de s'améliorer .

+1 avec Rabelais.

Quelques réponses personnelles :

buckledown a écrit:Je venais de finir de rédiger un long message quand ma connexion m'a lâché. Quand tout va mal...
Mon message est sans doute redondant par rapport à bon nombre d'autres messages sur ce site ("stagiaire qui craque" dans la section Lycée). J'ai une quatrième et une cinquième cette année, et j'ai d'énormes difficultés, principalement avec la deuxième classe qui m'avait parue la plus sympathique en début d'année, et avec laquelle j'ai été trop laxiste et coulant, ce qui se retourne contre moi aujourd'hui. Au moins cela me rassure-t-il par rapport à mes quatrièmes.
-> c'est le coup typique, tu t'es fait avoir comme la plupart des profs stagiaires : oh ceux-là ils sont gentils, je suis moins sévère / oh ceux-là c'est le bordel, je suis très sévère => résultat des courses en novembre : la situation s'est inversée ! Et là tu sauras que dès le début de l'année tu es bien strict avec tout le monde, même le plus choupinou des 6èmes. (ma pire classe en stagiaire mi-temps : une classe de 6ème à 22 élèves dans un collège favorisé de centre-ville... c'est dire!! )

Mes camarades de l'ESPE sont très sympathiques et prêtent une oreilles très conciliantes mais de toute évidence, une certaine pudeur règne et ceux qui rencontrent les plus grosses difficultés n'osent pas en parler.
-> dommage en effet :-/

Mon problème évidemment ne concerne pas seulement l'aspect disciplinaire mais aussi le contenu pédagogique de mes cours. J'ai l'impression d'être un très mauvais pédagogue et de ne pas pouvoir résoudre le problème. Je crée des cours ex nihilo, je m'inspire de cours de collègues qui me paraissent très bien mais que je ne parviens pas à m'approprier, mais rien n'y fait, les cours se passent plus ou moins bien mais de manière générale, je n'ai pas l'impression de situer précisément le niveau des élèves, le mien propre, et in fine le problème de discipline et ce flou pédagogique créent un cercle des plus vicieux.
-> bon, là, difficile de t'aider sans enseigner ta matière.

Je ne sais pas comment certains d'entre vous ont fait, mais inventer des cours susceptibles d'intéresser cette tranche d'âge et la majorité de la classe à cet âge me semble herculéen. D'un autre côté, la direction me fait bien entendre que je suis censé travailler dans des conditions privilégiées cette année et que l'an prochain, en rep+, ce ne sera
pas la même histoire,
-> non !! oula !! Ne le crois pas ! Comme je te disais, j'étais stagiaire dans un collège réputé tranquille, centre-ville (bon, c'était pas non plus très chic, c'était hétérogène je dirais...). Eh bien comme tout stagiaire, j'en ai bavé en gestion de classe, parce qu'on a tout simplement besoin de temps pour se souvenir de ce que c'est un collégien, et pour passer réellement de l'autre côté de la barrière! Ensuite, l'an dernier j'étais entre autre en REP+ dans un collège...très dur. Ça n'a pas été de la tarte avec les grands, mais je peux te dire que les 6èmes et 5èmes, même si c'était sportif, ça n'avait rien à voir avec l'année d'avant : certes, le niveau était... n'était pas là en fait, les enfants avaient peu d'éducation "scolaire", mais mon positionnement était nettement meilleur. Cette année, je suis en poste fixe en REP+ et ces 2 niveaux (6èmes-5èmes) sont devenus... calmes! On travaille ! Reste des 4èmes-3èmes et SEGPA de ces niveaux avec qui il faut serrer la vis plus souvent et ne rien lâcher.
Tout ça pour dire que : faire son stage dans un collège dans des "conditions privilégiées" (je l'ai entendu aussi!), c'est une chance, oui, tu n'as pas peur de te faire frapper dès la première année, ouf ; mais ça n'en est pas moins ton année de stage donc dans tous les cas, c'est dur. Point. Et ça ira mieux après. C'est comme le sport  

ma tutrice me prodigue des conseils plein de bons sens (ou qui tombent sous le sens) mais trop souvent abstraits tandis que je continue de me débattre avec la grande question, comment les faire concrètement s'intéresser à la matière et les faire progresser sachant que je n'ai jamais fait ça de ma vie, que j'ai été un grand lecteur et un bon élève pour qui la pratique du français au collège venait naturellement (attention, je n'utilise pas ça comme une excuse).
-> eh oui, transmettre des choses qu'on a compris "naturellement", sans devoir se creuser la tête, c'est jamais simple... Mais idem, c'est l'écueil de la plupart des stagiaires, alors ne t'en fais pas... Sois consciencieux, préserve-toi, et tu progresseras avec le temps. Si ça n'allait vraiment pas, ta tutrice te l'aurait déjà dit !!

Voilà pour exprimer en quelques mots mon profond désarroi, si vous aviez quelques conseils, ils sont les bienvenus.

Bon courage

Edit : novembre, c'est dur !!

Je suis d'accord avec tout ce qui est dit au-dessus, et je complète: fais-toi plaisir. Le programme est suffisamment vague pour te permettre de faire des choses que tu aimes. Si tu aimes ce que tu fais, ils te suivront.
Fais des choses très simples, mais que tu aimes, ne reste pas dans les carcans qu'on t'impose. Essaie, et laisse-toi le droit à l'erreur. Tu peux faire un cours que tu trouveras pourri, et tu ne le referas plus. Pas grave. D'autres cours te sembleront chouettes.
Donne-toi du temps. On apprend tous les jours, ce qui est merveilleux. On a un métier ou un cours ne ressemble jamais à un autre. Tu évolueras tout au long de ta carrière.

Je vais accorder ma voix au choeur de mes autres collèges : ne pas se préoccuper de les intéresser (les pauv' petits, y s'ennuient ! ). Pas d'états d'âme, l'autorité que l'on impose, le cadre que l'on instaure, ne leur laisse pas le temps de s'ennuyer. Faire un plan de classe solide peut résoudre déjà beaucoup de problèmes : le petit malin d'hier est immédiatement déstabilisé de se voir séparé de son petit copain. On crée ainsi un climat de terrrrreur !!!! (:diable: ou d'insécurité plutôt mais surtout tu leur montres que c'est toi qui diriges, qui es le patron...  avant de s'adoucir en fin d'année quand de bonnes relations de travail se sont installées. J'exagère un peu, mais je sais que certain(e)s collègues qui ne "tiennent" pas du tout leur classe comme on dit, laissent un cadre flou, flottant, changent d'avis, ne comprennent pas pourquoi on punit un élève   et viennent dire ensuite à la prof principale que leurs élèves sont affreux. Tenir la barre avec fermeté mais aussi douceur, avec les petits surtout, qui peuvent être néanmoins de méchants petits gremlins ! J'espère t'avoir rendu le sourire. L'autorité, ça se construit et c'est un travail qui demande de l'énergie et de l'action. Courage !