Nécessité de lecture pour CAPES Lettres modernes

Bonjour,

Titulaire d'un master en droit et sciences du travail européen, j'ai toujours bossé dans l'insertion professionnelle et souhaite me reconvertir et passer le CAPES en 2017. Seulement, j'hésite entre hist/géo et lettres modernes sachant que je n'ai jamais fait de fac d'hist/géo, ni de lettres.
Concernant les lettres modernes, faut-il avoir nécessairement lu beaucoup d'ouvrages pour y arriver?
Où puis-je trouver le programme officiel ?

Merci pour vos conseils,
Lisa

Il n'y a pas de programme officiel en lettres. On demande aux candidats de disposer d'un bagage culturel et méthodologique suffisant pour aborder n'importe quel texte littéraire, de n'importe quelle époque, même lorsqu'ils le découvrent au moment de l'épreuve. Cela demande une solide connaissance de l'histoire littéraire, et aussi d'avoir lu les textes majeurs de chaque époque pour pouvoir tisser des liens.

Merci pour votre réponse,
Est-il possible, du coup, de réussir le concours sans être un littéraire à la base?
Quels sont les principaux ouvrages que vous recommanderiez pour avoir une connaissance de l'histoire littéraire?

Bonjour,

Pour le capes de Lettres Modernes, le programme est vaste : les programmes du collège et du lycée. Tu trouveras des bibliographies sur la toile mais il n'y a pas de programme défini vu qu'il te faut être capable de couvrir les programmes allant de la sixième à la première. Je te conseille donc d'imprimer les nouveaux programmes que tu trouveras sur la toile (site du ministère et ailleurs)

- Pour le CAPES : commence par lire le rapport de jury de l'an dernier, cela te donnera une idée claire des exigences et cela t'aidera peut-être à choisir entre les deux capes.

Je commencerais par Littérature Française, Mouvements, Modes et Manifestes, par Claude Aziza et Annie Collognat, chez Pocket. C'est un petit guide d'histoire littéraire, format poche, spécialement conçu pour ceux qui passent le concours. Le livre passe en revue les différents mouvement littéraires, et donne un florilège des textes théoriques importants.

Sinon, pour le bagage culturel proprement dit, il faut se dresser une liste des indispensables : deux ou trois oeuvres représentatives de chaque mouvement, les grands classiques... On peut compléter avec des anthologies, par exemple la collection de manuels dirigée par Henri Mitterand.

A cela, j'ajouterai l'indispensable, l'inoxydable, l'imputrescible Histoire de l'Art d'Ernst Gombrich.

Persephoneia a écrit:il te faut être capable de couvrir les programmes allant de la sixième à la première. Je te conseille donc d'imprimer les nouveaux programmes que tu trouveras sur la toile (site du ministère et ailleurs)

Je trouve trompeuse cette recommandation des textes officiels. A une épreuve, je suis tombé sur un extrait de Sodome et Gomorrhe beaucoup trop difficile pour 99 % des lycéens. A l'épreuve de didactique, j'avais un extrait des Lettres portugaises regorgeant de plus-que-parfaits du subjonctif (*). Je doute que beaucoup de professeurs de lycée oseraient plonger leurs élèves dedans.

A l'inverse, je vois mal un jury de CAPES interroger sur des textes au programme de sixième.

En d'autres termes, les sujets du concours sont beaucoup plus touffus que ce que nous pouvons décemment espérer faire dans nos classes.


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(*) associé à une daube de Christine Angot. Pas chercher à comprendre : c'est de la didactique.

Effectivement, je ne pense pas qu'il faille se limiter aux propositions des nouveaux programmes : nous sommes censés maîtriser une grande partie de la littérature française... Cependant avoir en tête quelques titres, surtout de littérature jeunesse, peut être intéressant pour l'oral de didactique !

lisa57200 a écrit:Merci pour votre réponse,
Est-il possible, du coup, de réussir le concours sans être un littéraire à la base?
Quels sont les principaux ouvrages que vous recommanderiez pour avoir une connaissance de l'histoire littéraire?

C'est possible — je l'ai fait il y a 24 ans maintenant, alors que j'étais certifié de sciences économiques. Maîtriser la langue française, son orthographe et sa grammaire sera un atout considérable: y compris en lettres modernes, les candidats qui ont ce «talent» se font rares et sont appréciés.
On n'a jamais assez lu les classiques. Il faut s'efforcer de combler peu à peu ses lacunes, tout en sachant qu'il est parfaitement impossibles de les combler tout à fait.
L'histoire littéraire... comment dire ? Ne pas trop s'y attarder. Ce que racontent Lagarde et Michard ou d'autres auteurs d'anthologies du même type suffit amplement. D'ailleurs ces anthologies sont fort utiles pour combler suffisamment beaucoup de lacunes, même si on n'a pas le temps de lire tous les livres qu'il faudrait. Et il n'y a là nulle forfaiture, puisqu'elles permettent d'accéder aux auteurs en direct, même si c'est partiellement.
Mais il ne faut pas seulement lire, il faut apprendre, par coeur.

Et comment que c'est possible !  

C'est drôle, je suis moi-même issue d'un master en droit public / droit de l'environnement (après un bac L). A l'issue du master, j'ai réalisé que je voulais enseigner dans le secondaire, et non en fac, mais que je voulais enseigner. J'ai aussi hésité entre lettres et histoire-géo, et puis mon choix s'est fixé sur lettres. Je m'étais donné deux ans pour le capes, mais je l'ai finalement eu en un an, grâce entre autres à d'excellents professeurs (université de Nantes) qui m'ont immédiatement fait accéder à l'essentiel de ce qui est nécessaire pour le concours, à travers des cours synthétiques sur les questions qui reviennent sempiternellement en dissert', et de bons conseils de méthode, notamment pour l'oral. L'iufm (espe désormais) en revanche nous préparait très mal à l'épreuve de didactique, mais bon, les connaissances en langue et en littérature peuvent permettre de s'en tirer, si on lit un bouquin de méthode recommandé dans les rapports de jury.
Comptes-tu t'inscrire dans une université, au cned, ou le passer en candidat libre ?
Si tu veux l'obtenir au plus vite, il faut penser utile, éliminer tout ce qui n'est pas indispensable. Si un cours est mauvais, n'y va pas. Si un ouvrage te semble abscons, changes-en. Etc. En ancien français je n'ai travaillé que la traduction, mais j'allais en cours pour la bosser / la remanier (c'est apprécié) et me familiariser avec le reste (on peut alors glaner des points un peu partout en s'appuyant sur les connaissances en moderne - et en latin si on en a  - sauf en phonétique, mais la phonétique, comment dire...  :lol: )
J'avais choisi de passer :
* les heures de "trou" à la BU à compléter les cours par des lectures théoriques (un ouvrage de critique par genre et un ouvrage d'histoire littéraire par siècle - je préfère les Mitterand - cela suffit amplement, ce sont tous les mêmes, et quant à ceux qui sortent des sentiers battus, tu n'as pas le temps, et puis ce n'est pas ce qui est attendu dans les copies...), et à combler mes lacunes en langue française (si possible avec une seule grammaire de référence avec laquelle tu te familiariseras peu à peu, pus un ouvrage d'entraînement aux questions pour les concours) ;
* mes soirées et vacances à l'essentiel : lire des classiques que je n'avais jamais lus (parallèlement à mon travail sur les siècles), prendre des notes dessus (pas trop non plus, garder de l'élan, le goût premier de l'oeuvre, c'est apprécié aussi dans les copies ; je notais un résumé, je rappelais les passages clés figurant dans les anthologies et les histoires littéraires, une ou deux citations + quelques éléments marquants à mon idée afin d'apporter des exemples plus personnels) et m'entraîner en temps limité, soit pour la phase brouillon, soit pour l'ensemble de l'exercice.

Les programmes sont à étudier entre l'écrit et l'oral, pour l'épreuve de didactique uniquement (et encore, c'est juste pour l'intro). Pas urgent du tout, et tant mieux, parce que ce n'est pas vraiment la lecture du siècle...
La littérature "jeunesse", tu peux la garder pour après les épreuves / pour l'année de stage. Bref, si la lecture assidue et intense n'est pas trop ton truc, je te conseillerais plutôt l'h-géo.

Par ailleurs, j'ai passé beaucoup de temps au départ à lire les rapports de jury des années précédentes, pas pour les corrigés, qui ne servent à rien puisqu'ils sont écrits pour faire valoir la science du membre qui les écrit, et certainement pas en condition (temps limité, pas d'autre document), ni pour les biblio à rallonge, mais pour tous les conseils de méthodo préliminaires qui permettent de comprendre ce qui est attendu, et donc de travailler dans la direction voulue par le concours. Cela me semble essentiel de démarrer une prépa concours en maîtrisant sur le bout des doigts les modalités de chaque épreuve écrite/orale, ainsi que la doxa récurrente des jurys.

Enfin, pour la confiance, ne pas oublier que le rapport nombre de postes / de candidats en ce moment est plutôt en faveur de ces derniers, et que les méthodes de raisonnement et de démonstration, la rigueur acquises en droit sont des atouts majeurs, vraiment, par rapport à beaucoup d'étudiants en lettres. Il va juste falloir passer du binaire au ternaire. J'ai même manqué de peu l'agreg externe l'année suivante, que je pensais surtout préparer pour consolider les apprentissages menés à toute vapeur l'année précédente, comme quoi tout est possible.

Tu peux tomber au CAPES sur un commentaire d'une fable de La Fontaine, ou sur un conte de Perrault, bref, des textes au programme de 6e, étant entendu qu'on attendra de toi une approche universitaire de ces textes.

Entièrement d'accord Marie-Henriette : il n'est pas rare que Hugo, Verlaine et tant d'autres que nous côtoyons en classe, tombent au concours.

Pierre-Henri a écrit: Je trouve trompeuse cette recommandation des textes officiels. A une épreuve, je suis tombé sur un extrait de Sodome et Gomorrhe beaucoup trop difficile pour 99 % des lycéens. A l'épreuve de didactique, j'avais un extrait des Lettres portugaises regorgeant de plus-que-parfaits du subjonctif (*). Je doute que beaucoup de professeurs de lycée oseraient plonger leurs élèves dedans.

En d'autres termes, les sujets du concours sont beaucoup plus touffus que ce que nous pouvons décemment espérer faire dans nos classes.

A mon avis, elle n'est trompeuse que si l'on se borne à lire les exemples donnés. Pour ma part, les programmes sont une base : c'est là, la liste des mouvements que nous devons maîtriser en tant que professeur. Il convient certes de connaître les oeuvres que nous sommes censés faire étudier mais aussi toutes les oeuvres qui ont marqué chaque période définie par les programmes. Lire les programmes, lui permettra aussi de voir les liens qu'il faut savoir faire d'une classe à l'autre ce qui peut aider aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.

Enfin, j'ai connu des professeurs donnant un extrait des Lettres portugaises en document complémentaire, c'est possible, rare certes. Quant au subjonctif plus-que-parfait, c'est une des joies du concours

C'est logique que les sujets soient "plus touffus" nous devons nous révéler expert en littérature, même si c'est un peu fort, il nous fort néanmoins montrer que nous avons un savoir universitaire beaucoup plus conséquent que celui que l'on attend de nos élèves.