[6e] Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques

A mon humble avis :
- Le Roman de Renart est inclassable en terme de genre. Je pense qu'il est intéressant d'expliquer pourquoi (époque médiévale, plusieurs auteurs dont des anonymes, des histoires d'abord racontées oralement qui ont ensuite été écrites et rassemblées...), plutôt que de vouloir à tout prix le classer dans un genre.

- Les fabliaux et le soties me paraissent des genres mineurs dont je me passerai facilement l'étude en tant que tels au collège (mais je conçois qu'on puisse ne pas être d'accord avec ça).

Je trouve que les fabliaux ont eu leur importance dans l'histoire littéraire. Mais là où j'ai beaucoup de mal, c'est de devoir rapprocher les fables et les fabliaux dans une même séquence. Ce n'est pas parce qu'il y a "fabl-" qu'il faut à tout prix les mettre ensemble...

Là, je suis d'accord avec toi : ce chapitre, encore plus que les autres, est un fourre-tout incohérent ! D'où ma décision de ne pas aborder les fabliaux et de ne garder que les fables et le Roman, avec le personnage de Renart comme fil directeur. Mais là encore ça me chiffonne, car Renart est rarement "un faible qui résiste au plus fort", mais bien plutôt un sadique qui profite de la faiblesse d'autrui. Sauf dans quelques situations non représentatives de l'ensemble, le Roman de Renart est quand même clairement immoral.

Saloum a écrit:"Le chêne et le roseau" ?

Le roseau survit là où le chêne succombe, mais est-ce par ruse? J'y vois plutôt un éloge de la modestie, car le roseau ne "triche" pas, il est simplement lui-même... Non?

Oui Kamol. Mais sa souplesse est bien une façon de résister. Disons que c'est une façon de s'adapter aux aléas, une sorte de ruse naturelle, qui ne calcule pas effectivement.

Saloum a écrit:... ça me chiffonne, car Renart est rarement "un faible qui résiste au plus fort", mais bien plutôt un sadique qui profite de la faiblesse d'autrui. Sauf dans quelques situations non représentatives de l'ensemble, le Roman de Renart est quand même clairement immoral.

Effectivement, j'hésitais moi aussi à aborder le Roman de Renart en sixième pour les raisons que tu énonces dans ton analyse. Mais on peut aussi dire que Renart est faible, puisque ce qui le pousse à voler, c'est la faim dont il est victime plus, peut-être, que du pure sadisme; ce n'est donc pas un noble qui vit dans l'opulence, mais bien un faible, en ce sens. De plus, il est un des barons du roi Noble le lion auquel il est donc théoriquement assujetti et de ce fait, en position de faiblesse sociale. Or, il résiste bien à cette sujétion par la ruse et le mensonge, en échappant par exemple à la peine capitale par sa promesse fallacieuse d'accomplir un pèlerinage/croisade (il apparaît d'ailleurs déguisé à la fin de cet épisode).
Je pense donc que l'on peut effectivement étudier le Roman dans le cadre de ce thème.
Après, il est aussi intéressant pour le thème "héros/héroïne, héroïsme" de cinquième pour l'aspect subversif du modèle du héros qu'il incarne.
A voir avec les collègues de l'autre niveau, donc.
(Même chose pour l'Odyssée, "roman" d'aventures par excellence selon certains en 6e mais aussi œuvre épique de l'Antiquité pour le thème 4 du programme de 5e...).
Bien intriqués, ces nouveaux programmes...

Saloum a écrit:... une sorte de ruse naturelle, qui ne calcule pas effectivement.

OK

Kamol a écrit:

Saloum a écrit:... ça me chiffonne, car Renart est rarement "un faible qui résiste au plus fort", mais bien plutôt un sadique qui profite de la faiblesse d'autrui. Sauf dans quelques situations non représentatives de l'ensemble, le Roman de Renart est quand même clairement immoral.

Effectivement, j'hésitais moi aussi à aborder le Roman de Renart en sixième pour les raisons que tu énonces dans ton analyse. Mais on peut aussi dire que Renart est faible, puisque ce qui le pousse à voler, c'est la faim dont il est victime plus, peut-être, que du pure sadisme; ce n'est donc pas un noble qui vit dans l'opulence, mais bien un faible, en ce sens. De plus, il est un des barons du roi Noble le lion auquel il est donc théoriquement assujetti et de ce fait, en position de faiblesse sociale.

D'accord pour cette lecture...si on évite les extraits dans lesquels il s'acharne sur le pauvre Ysengrin ! (Ce sont ceux que je préfère ).

Saloum a écrit:

Kamol a écrit:

Saloum a écrit:... ça me chiffonne, car Renart est rarement "un faible qui résiste au plus fort", mais bien plutôt un sadique qui profite de la faiblesse d'autrui. Sauf dans quelques situations non représentatives de l'ensemble, le Roman de Renart est quand même clairement immoral.

Effectivement, j'hésitais moi aussi à aborder le Roman de Renart en sixième pour les raisons que tu énonces dans ton analyse. Mais on peut aussi dire que Renart est faible, puisque ce qui le pousse à voler, c'est la faim dont il est victime plus, peut-être, que du pure sadisme; ce n'est donc pas un noble qui vit dans l'opulence, mais bien un faible, en ce sens. De plus, il est un des barons du roi Noble le lion auquel il est donc théoriquement assujetti et de ce fait, en position de faiblesse sociale.

D'accord pour cette lecture...si on évite les extraits dans lesquels il s'acharne sur le pauvre Ysengrin ! (Ce sont ceux que je préfère ).

En effet!

Par ailleurs, le livrescolaire.fr semble distinguer ruse pour vaincre quelqu'un qu'on ne peut vaincre autrement et ruse dans le sens malicieux. Cela me semble recouvrir les 2 sens de rusé : ingénieux et malin (avec la nuance péjorative de malin).

Oui, la notion de ruse est assez riche, c'est le fait de l'accoler à "pour résister au plus fort" qui en restreint la portée sémantique.

Bonjour à tous,
Je suis actuellement en train de me pencher sur l'entrée du programme de 6ème consacré à la ruse et je ne trouve rien de satisfaisant. En effet, il est bien question de "résister au plus fort", or, dans tout ce que j'ai pu voir (hormis quelques fabliaux souvent difficiles), il s'agit davantage de mettre en évidence une faiblesse (souvent la naïveté ou la bêtise) que de s'opposer au plus fort.
Est-ce que quelqu'un a déjà étudié cette partie-là du programme? Quels textes avez-vous faits?
Merci par avance.

Je vais attaquer cette séquence à la rentrée, et dans mon corpus j'ai sélectionné des fables africaines où il est bien question pour les plus petits, plus faibles, de ruser pour résister au plus fort.

Bonjour Prisci,
Aurais-tu des titres précis à me donner? Merci

Le chacal et l'agneau, l' écureuil et l'escargot etc il y en a des tonnes

Ok, j'irai jeter un oeil. Merci!

J'ai bêtement choisi de travailler sur les fables de LF : on lit le Loup et l'agneau, on comprend la structure, la morale, on s'indigne sur le comportement de ce sale loup et on enchaîne sur une rédaction où il faut réécrire la fin pour que l'agneau échappe au loup par ruse.
L'idée est de placer les élèves dans la situation où eux-mêmes s'opposent au plus fort, ce qui leur plaît beaucoup.

J'adore cette idée, Dinaa.

Je pensais pouvoir le faire, mais ça ne sera sans doute pas le cas : Le procès du Loup, Z. pPetan.

Bonjour,

je cherche des idées de lecture cursive pour mes 6e l'an prochain. Ce serait la première de l'année, après une séance que les fables et fabliaux. Je cherche un livre qui leur donne envie, su le thème de la ruse ou en lien avec les fables et, surtout, qui ne dépasse pas les 6€. Cela exclut donc par exemple Fantastique monsieur Renard.
J'avais pensé à Tel est pris qui croyait prendre de Dahl (mais je ne l'ai pas encore lu). Il y a deux ans, j'avais donné La ballade de Cornebique : les élèves avaient bien aimé. J'aimerais changer, d'autant que ce n'est pas trop axé sur le thème de la ruse.
Auriez-vous d'autres idées ?

Merci d'avance !

Et que proposez-vous comme lecture cursive sur ce thème ? Fantastique maître Renard est cher et je n'ai pas été emballée par Tel est pris qui croyait prendre de Dahl...

Bonjour à toutes et à tous !

  Je suis en train de travailler une séquence sur l'objet d'étude "Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques" autour de la figure du domestique rusé et j'aimerais y utiliser davantage d'extraits de textes du Moyen Âge (fabliaux, farces ou autres), mais je peine à trouver des exemples, hormis Lunette dans Yvain ou le chevalier au lion et éventuellement le berger dans La farce de maître Pathelin. Est-ce qu'une brave âme parmi vous aurait d'autres exemples à me suggérer ? Et si vous avez également des idées quant à ce que je pourrais faire travailler en lexique, je suis preneuse !

Merci par avance pour vos réponses !

Mille excuses, je n'avais pas vu ce sujet    ...

Mais ce n'est rien. J'espère que tu trouveras quelques pistes sur ce sujet.

Illiane a écrit:Bonjour à toutes et à tous !

  Je suis en train de travailler une séquence sur l'objet d'étude "Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques" autour de la figure du domestique rusé et j'aimerais y utiliser davantage d'extraits de textes du Moyen Âge (fabliaux, farces ou autres), mais je peine à trouver des exemples, hormis Lunette dans Yvain ou le chevalier au lion et éventuellement le berger dans La farce de maître Pathelin. Est-ce qu'une brave âme parmi vous aurait d'autres exemples à me suggérer ? Et si vous avez également des idées quant à ce que je pourrais faire travailler en lexique, je suis preneuse !

Merci par avance pour vos réponses !

Pour les textes, ce n'est pas un valet, mais dans la farce du Cuvier, où le mari est contraint par la violence de sa femme et de sa belle-mère, il retourne cette violence contre elles par la malice. Attention toutefois à ne pas trop empiéter sur le programme de 5e (centré sur le Moyen Age).

Pour le vocabulaire, tu as toute une fiche sur le thème rire, ruse, flatterie dans le TDL 2010 p. 156.

Merci Véro, j'y avais pensé aussi dans la mesure où il est contraint d'exécuter un certain nombre de tâches ménagères qui en font quasiment le domestique de sa femme. J'essaie effectivement de ne pas trop empiéter sur le programme de 5e, c'est pourquoi je cherche surtout des extraits de farces, de soties, mais faute de grives... En revanche, je n'ai malheureusement pas le TDL (je suis une pauvre TZR qui ne cesse de changer d'établissement)...