90% de boursiers au lycée Turgot de Paris à la rentrée 2016

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/07/01/01016-20160701ARTFIG00389-dans-le-marais-un-lycee-prise-n-accueille-que-des-boursiers.php

Par le jeu de l'algorithme d'affectation Affelnet, le lycée parisien Turgot accueillera en septembre prochain 83 % d'élèves boursiers en classe de seconde contre 44 % cette année.

«C'est le monde à l'envers, une aberration administrative, une situation ubuesque.» Dans la salle des professeurs du lycée Turgot, établissement du centre de Paris, dans le Marais, qui en son temps accueillit André Malraux, Robert Desnos, Claude Bartolone ou, plus récemment, Jean Sarkozy, on ne décolère pas. Depuis l'assemblée générale, jeudi, tout est envisagé: lettre ouverte à la presse, grève à la rentrée…

J'ai mis le texte entier un peu plus bas

Aucun élève non boursier n'a été admis, y compris les meilleurs des collèges voisins...
Affelnet aussi stupéfiant qu' APB...

C'est totalement ubuesque!

Hypothèse (avec éléments de contexte) :

- sur le district de Paris-Est, dans lequel se trouve Turgot, le secteur public accueille 25% de boursier. Dans les lycées les plus cotés, le taux de boursier monte à plus de 30 ou 35%, voire frôle les 50% sur le vaisseau amiral : le lycée Charlemagne. Un boursier peut aller dans un lycée de premier rang avec une moyenne de 11, quand il faut un 17 à un non-boursier.

- pour égaliser le nombre de boursiers, la PEEP Paris a proposé un autre mode de distribution : mettre dans chaque lycée un quota de 25% de place pour les boursiers. De cette manière, en quelque sorte, plus de concurrence entre boursiers et non-boursiers. Le rectorat a accepté.

- La FCPE a protesté, et le rectorat a reculé.
http://www.leparisien.fr/informations/la-fcpe-prend-fait-et-cause-pour-les-lyceens-boursiers-06-06-2016-5859073.php

- Mais entre-temps, les élèves avaient fait leur voeux Afflenet. Les boursiers auraient (ici c'est l'hypothèse) moins choisi Charlemagne et les autres lycées de premier rang, parce qu'ils pensaient qu'avec les quota, ils offriraient moins de place. On constate effectivement dans ces lycées de premier rang une baisse cette année du nombre de boursiers. Turgot paraissait le meilleur de seconde catégorie, avec en particulier des résultats magnifiques au cru du bac 2015, ce serait donc sur lui que leur choix se serait porté.

Quoi qu'ils grèvent, je ne vois pas ce que peuvent obtenir les enseignants de Turgot. Afflenet a craché son résultat, et la plupart des inscriptions sont faites. Je ne pense pas que le rectorat jouera à réaffecter les élèves cet été. S'il tente cela, c'est blocage, main dans la main élèves avec leurs parents.

Bref, une fois de plus : merci la FCPE.

Des parents chafouins pourraient demander l'annulation des affectations pour discrimination, le taux de boursier indiquant une procédure manifestement déséquilibrée en faveur des boursiers.

Je ne vois pas trop sur quel motif, puisque le critère boursier prime explicitement sur celui des notes ou du rapprochement de fratrie par exemple. Seul un élève handicapé pourrait à bon droit faire ce type de recours.

Deux choses me dérangent :

1/ que dans ce système (je l'ignorais) on ne demande pas la même note aux boursiers et aux non-boursiers pour obtenir la bonification "bon dossier scolaire".
2/ est-ce pour cela que  "boursiers" rimerait  avec "mauvais élèves, élèves désagréables", ce qui expliquerait que les professeurs de Turgot soient aussi furieux ?

Je vois toutefois un point positif dans cette histoire ... (je ne me rends peut-être pas bien compte de la situation, bien que j'exerce dans une école de probables futurs boursiers compte tenu du niveau social de nos familles...) une sorte de superbe challenge pour faire de cette promotion boursière un autre bon cru de bac.

Je suis peut-être naïve, mais des élèves venant de familles qui se donnent la peine de réfléchir à une stratégie pour intégrer un "bon lycée" quitte à faire un certain temps de transport quotidien méritent peut-être qu'on s'intéresse autant à eux que les petits bobos junior du Marais ?

Je suis dans mon trip "les Héritiers", discrimination positive et opportunité d'excellence ... on peut rêver ...

(mais je suis peut-être complètement à côté de la plaque).

Qui parlait de mixité sociale ?
Même si ce système est fort contestable, ces élèves et leurs parents ont peut-être aussi le mérite de vouloir intégrer un établissement qui puisse leur donner accès à autre chose.
Je suis ton idée Verdurette, surtout quand après on parle d'inégalité sociale et tout le tralala.

Avec 80% de boursiers, je ne vois pas comment ces élèves vont pouvoir bénéficier de l'effet "bon lycée de centre ville" !
Quant au bac, ma foi, je ne m'en fais pas et leurs résultats seront autant miraculeux qu'ailleurs, si ce n'est plus d'ailleurs, il faudra bien laisse entendre que tout va bien Mme...

qu'est ce qui gêne les professeurs de ce lycée ? l'injustice du système ou le fait d'avoir des élèves moins bons, habituellement déversés sur d'autres établissements?

ces élèves (leurs parents?) cherchent un "lycée d'excellence", mais qu'est-ce qui fait un lycée d'excellence? n'est-ce pas justement le fait de ne travailler qu'avec d'excellents collégiens?

Sauf que la barre d'"excellence" n'est pas la même pour les boursiers ou les non-boursiers, ce qui fausse un peu les mérites respectifs.

Je mets le texte pour ceux qui n'ont pas lu tout l'article

Pour des questions de droits d'auteur, nous ne pouvons reproduire l'article en entier. J'en laisse quelques phrases, le lien ayant été donné en ouverture de sujet. Hélips, pour la modération.


Dans le Marais, un lycée prisé n'accueille que des boursiers
Pech, Marie-Estelle
« C'EST LE MONDE à l'envers, une aberration administrative, une situation ubuesque .  » [...]
Alors qu'Affelnet était censé introduire davantage de mixité sociale,  «  on nous transforme en lycée ghetto. L'inverse de l'objectif affiché »  , se désole Karine Teffa, professeur d'histoire-géographie.[...]
Les professeurs font en outre valoir que les notes, important critère de sélection dans Affelnet, sont en partie aléatoires puisque ces dernières ne se valent pas d'un collège à l'autre. [...]
À force de classes à projet, d'actions culturelles, d'ambition, le lycée Turgot avait réussi ces dix dernières années à redevenir attractif et à maintenir une forme de mixité. Les parents non boursiers étaient sollicités pour financer ces activités.[...]

Ah... la discrimination positive !!!!!

Je fatigue d'autant de conneries journalières

mamieprof a écrit:Je mets le texte pour ceux qui n'ont pas lu tout l'article


 «  ces boursiers ne sont pas tous mauvais ! »
Parmi ces élèves le plus souvent d'origine immigrée, issus pour l'essentiel des collèges défavorisés du nord-est de la capitale, 44 % affichent entre 13 et 17 de moyenne, 30 % entre 12 et 13. Et 35 % entre 9,7 et 12. .

109%

Comment, sous prétexte de favoriser la mixité sociale, on lui tord le cou. Bravo Affelnet.

Whypee a écrit:Ah... la discrimination positive !!!!!

Je fatigue d'autant de conneries journalières  

Ses excès surtout.

Enaeco a écrit:qu'est ce qui gêne les professeurs de ce lycée ? l'injustice du système ou le fait d'avoir des élèves moins bons, habituellement déversés sur d'autres établissements?

ces élèves (leurs parents?) cherchent un "lycée d'excellence", mais qu'est-ce qui fait un lycée d'excellence? n'est-ce pas justement le fait de ne travailler qu'avec d'excellents collégiens?

C'est une question intéressante, en effet.

44 % affichent entre 13 et 17 de moyenne, 30 % entre 12 et 13. Et 35 % entre 9,7 et 12. C'est ce dernier groupe qui inquiète particulièrement le proviseur. « Certains sont très faibles. Mais nous n'avons plus le droit de les faire redoubler. Ils vont passer de classe en classe mais beaucoup vont aussi décrocher... »

Sans parler des 109% remarqués par fifi51, ce sont des chiffres "normaux" dans bien des lycées...

Quant aux problématiques du (non-)redoublement et du décrochage qui en découlent, c'est aussi le quotidien d'un bon nombre d'établissements.

Effectivement, j'ai l'impression que ce proviseur et les professeurs vont découvrir comment sont les élèves "dans la vraie vie..." en dehors d'un bahut très privilégié de centre ville...

mamieprof a écrit:Effectivement, j'ai l'impression que ce proviseur et les professeurs vont découvrir comment sont les élèves "dans la vraie vie..."  en dehors d'un bahut très privilégié de centre ville...

je ne comprends pas bien l'intérêt de cette remarque. Soyons fous, imaginons que pas mal de professeurs qui ont la chance d'enseigner là ont rarement obtenu ça à peine frais émoulus du CAPES, mais que beaucoup ont pu manger bien cher dans des banlieues bien pourries.
Par ailleurs, la notion de "vraie vie"... bon bah voilà, personnellement, la vie de mes élèves de lycée médiocre de banlieue paumée incapables de lire un livre ne me fait pas fantasmer... et je n'ai pourtant pas prétention de déterminer qui a une vie plus vraie que les autres.
Après, si on trouve pertinent de dresser les collègues les uns contre les autres, c'est un peu comme le débat agrégé versus certifié, parisien versus province, fac versus CPGE...

La remarque de Mamieprof me paraît intéressante justement parce qu'on a l'impression à la lecture de l'article, que le vrai souci, ce n'est pas le dysfonctionnement d'Affelnet, mais bien le fait que des professeurs de Turgot vont devoir accueillir des élèves "inhabituels".

mamieprof a écrit:Effectivement, j'ai l'impression que ce proviseur et les professeurs vont découvrir comment sont les élèves "dans la vraie vie..."  en dehors d'un bahut très privilégié de centre ville...

Ce lycée reçoit déjà tous les ans son lot d'élèves boursiers, et comme c'est un bon lycée du district est, il en reçoit sans doute plus que 25%. Donc c'est bon, ils connaissent déjà. Cette année, ils en ont simplement plus. En fait, cette année, ils n'ont rien d'autre.

KrilinXV3 a écrit:La remarque de Mamieprof me paraît intéressante justement parce qu'on a l'impression à la lecture de l'article, que le vrai souci, ce n'est pas le dysfonctionnement d'Affelnet, mais bien le fait que des professeurs de Turgot vont devoir accueillir des élèves "inhabituels".

moui, ça semblait surtout une remarque ironique qui insinuait que les professeurs de Turgot sont des sales bourges totalement déconnectés du monde.
ça me fait le même effet que quand on dit que les profs ne connaissent rien à la "vraie vie" parce qu'ils ne sont "jamais sortis de l'école" :

Je suis bien heureuse d'avoir été collégienne et lycéenne à une époque (lointaine ) où être boursier (-ière) ne nous classait pas dans la catégorie des élèves (forcément) de niveau (très/trop) médiocre qui nuiraient au niveau et à la réputation d'un établissement scolaire "côté".
Issue d'une CSP modeste, je dois dire que certains posts que je lis m'attristent.
De fait, je suis une farouche défenseure  de la mixité sociale dans les établissements scolaires ; c'est ce qui m'a permis, entre autres, d'accéder à des études supérieures...

C'est une question d'équilibre. Les excellents élèves boursiers vont paradoxalement se retrouver avec des élèves bien plus médiocres acceptés parce que boursiers alors que les bons élèves non boursiers ont été refusés.
Ce lycée, malgré sa localisation, n'a pas une excellente réputation et il était en train d'améliorer la situation grâce à un équilibre désormais rompu.

Faudrait-il ajouter un critère "boursier au mérite" (au moins la mention "bien" au brevet) dans le logiciel affelnet?