- NLM76Grand Maître
En grammaire, j'aime bien pouvoir dire aux élèves "comme son nom l'indique" (l'adjectif s'adjoint au nom...) ; d'autre part je pense qu'une définition sémantique des cas est préférable à une définition purement syntaxique.
C'est assez facile pour l'ablatif (ablation = action de retirer = éloignement = origine...), pour le datif (donner), mais je suis tout content d'avoir enfin compris pour le génitif, en comprenant son étymologie : génitif = genus, generis = genre, espèce catégorie = dans les livres, il y a les livres de Pierre, les livres de Louise = à quelle catégorie appartient (d'où la possession) la personne, l'animal, la chose désignée par le nom. C'est quel genre de livre ? C'est le genre "livre de Pierre".
Pour l'accusatif, c'est plus compliqué. Ce qu'explique Ernout dans sa Syntaxe latine me paraît peu intelligible (accusativus = fausse traduction de αἰτιατική, qu'il eût mieux valu traduire par causativus [en fait Chantraine explique que αἰτιατική vient de αἰτιατός, «effet» par opposition à αἰτία]). Ni l'idée d'effet ni l'idée de cause ne me paraissent amener à l'idée d'objet de l'action de façon suffisamment simple. Je dirais donc bien quelque chose comme ceci, en rattachant, contre Ernout, accusativus à αἰτιῶμαι et donc à accuser. L'accusatif est le cas de ce qui est mis en cause, l'objet de l'accusation, du jugement... de l'action, quelle qu'elle soit, accomplie par le sujet.
En revanche, le nominatif m'embête beaucoup plus : je n'ose pas utiliser son étymologie pour amener les élèves à confondre nature et fonction.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- DerborenceModérateur
C'est très intéressant.
Je reconnais ne préciser que l'étymologie de "vocatif" en classe.
J'ai relu ce post :
https://www.neoprofs.org/t37642-etymologie-des-cas
Je reconnais ne préciser que l'étymologie de "vocatif" en classe.
J'ai relu ce post :
https://www.neoprofs.org/t37642-etymologie-des-cas
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
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Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- SacapusHabitué du forum
Bonjour.
Oserez-vous donner une étymologie complètement fausse, mais mnémotechniquement efficace ?
Si oui, considérez que la racine du verbe "accusare", c'est le substantif "causa", et que ce mot est à l'origine du mot français "chose", et qu'en français, une chose ou un objet, c'est pareil.
c'est ainsi qu'on se souvient que l'accusatif, c'est le cas de l'objet.
Oserez-vous donner une étymologie complètement fausse, mais mnémotechniquement efficace ?
Si oui, considérez que la racine du verbe "accusare", c'est le substantif "causa", et que ce mot est à l'origine du mot français "chose", et qu'en français, une chose ou un objet, c'est pareil.
c'est ainsi qu'on se souvient que l'accusatif, c'est le cas de l'objet.
- NLM76Grand Maître
Oui, j'ai pensé à ça. La "fausseté" de l'étymologie ne me gêne pas. Je crains plutôt de ne pas aider à faire comprendre la notion d'objet. En effet, le plus important est de leur faire comprendre la notion d'objet de l'action. Et c'est très long et difficile, parce qu'il faut leur faire oublier les âneries distributionnalistes auxquelles ils sont habitués (complément essentiel, réponse à la question quoi?...) Ainsi, il faut prendre le temps de leur faire comprendre ce qu'est l'objet de l'action, qui n'est pas la chose de l'action.
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- doctor whoDoyen
Je ne trouve pas ces explications très claires. Moi aussi, j'aime bien pouvoir dire "Comme son nom l'indique". Mais quand on ne peut pas, il ne faut pas forcer, à mon avis.
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- NLM76Grand Maître
Même pour l'ablatif et le datif ? Pourtant, avec les élèves, ça marche bien.
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- Invité ElExpert spécialisé
Je le faisais beaucoup au début, mais j'en reviens car les inconvénients semblent importants. Je me contente de l'expliquer une fois pour qu'ils sachent que ça ne vient pas de nulle part.
Vocatif et datif, nous sommes d'accord: c'est facile. Eventuellement le nominatif.
Pour l'accusatif, j'avais appris qu'on pouvait le rapporter à l'action concrète de accusare: "montrer du doigt dans un procès", et le cas indique alors l'objet de l'action.
J'utilise la même explication que nlm pour le génitif.
L'ablatif a fini par me gêner parce que l'étymologie ne peut épuiser tous les emplois. Quel rapport avec l'instrumental?
Enfin, un cas ne répond évidemment pas à une fonction: l'accusatif est le sujet de l'infinitive par exemple. On ne peut alors plus faire fonctionner le système.
Raison pour laquelle je me contente de commenter les noms des cas une fois, mais j'ai abandonné l'idée de me reporter à l'étymologie systématiquement.
Vocatif et datif, nous sommes d'accord: c'est facile. Eventuellement le nominatif.
Pour l'accusatif, j'avais appris qu'on pouvait le rapporter à l'action concrète de accusare: "montrer du doigt dans un procès", et le cas indique alors l'objet de l'action.
J'utilise la même explication que nlm pour le génitif.
L'ablatif a fini par me gêner parce que l'étymologie ne peut épuiser tous les emplois. Quel rapport avec l'instrumental?
Enfin, un cas ne répond évidemment pas à une fonction: l'accusatif est le sujet de l'infinitive par exemple. On ne peut alors plus faire fonctionner le système.
Raison pour laquelle je me contente de commenter les noms des cas une fois, mais j'ai abandonné l'idée de me reporter à l'étymologie systématiquement.
- NLM76Grand Maître
Pour l'ablatif, je fais apprendre ses trois valeurs fondamentales. Ablatif à proprement parler + instrumental + locatif = circonstances.
En fait, pour chaque cas, on développe ensuite à partir de sa valeur "fondamentale".
Elpénor, l'explication pour le génitif, que je n'ai pas expérimentée avec les élèves, les aide-t-elle ?
En fait, pour chaque cas, on développe ensuite à partir de sa valeur "fondamentale".
Elpénor, l'explication pour le génitif, que je n'ai pas expérimentée avec les élèves, les aide-t-elle ?
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- OudemiaBon génie
Je me contente de commenter moi aussi (mais pas pour l'accusatif, en effet) quand on arrive au mot racine, (voco, do etc.,), mais c'est plutôt l'inverse de nlm : "voilà pourquoi on dit vocatif, datif etc." ; en revanche pour le nominatif je dis tout de suite qu'il est utilisé pour nommer dans les listes, les dictionnaires, ou tout simplement quand on parle du mot ; pour l'ablatif c'est simplement à l'occasion de la préposition "ab + ablatif, c'est dans le mot".
Je reparlerai des cas, j'ai une façon personnelle de les faire apprendre (tout en soulignant que ce n'est qu'un moyen, que je trouve plus efficace, l'essentiel étant de retenir).
Je reparlerai des cas, j'ai une façon personnelle de les faire apprendre (tout en soulignant que ce n'est qu'un moyen, que je trouve plus efficace, l'essentiel étant de retenir).
- NLM76Grand Maître
Oudemia, avez-vous le temps de tenir votre promesse ?
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- OudemiaBon génie
Plusieurs points :
- je fais comme dans les dictionnaires, le génitif suit le nominatif, ce qui a l'immense avantage de donner tout de suite le radical à utiliser (on évite ainsi miles milem militis ;
- on continue avec le datif, place pratique pour les pronoms, et l'ablatif ;
- l'accusatif vient en dernier car j'enlève le vocatif (ras le bol d'entendre bisser le nominatif et trainer ensuite), que je fais apprendre à part comme, finalement, le locatif.
Dans la liste de présentation des cas il n'y en a donc que 5, accompagnés des fonctions correspondantes, je précise à la fin que deux autres cas, d'emploi plus rare, seront étudiés plus tard.
L'inconvénient est bien sûr qu'ils ne doivent pas se fier aux tableaux du manuel mais aux miens. Quand je récupère en 4e des élèves que je ne connais pas je leur propose ma méthode, sans l'imposer, et je rappelle que ce n'est qu'un moyen, mais que je le trouve plus pratique que l'autre. Souvent certains s'y rallient, je ne force personne, demande d'indiquer le nom des cas quand il y a un tableau à réciter par écrit, et marque toujours les deux versions au tableau.
Prudente, j'avais fait valider cela par mon inspecteur, il y a fort longtemps ; j'avais hésité à présenter cette pratique sur la plate-forme de l'académie, mais j'ai préféré ne pas me faire remarquer.
Les collègues à qui j'en ai parlé ont trouvé cela intéressant, sans pour autant sauter le pas.
Qu'en pensez-vous ?
- je fais comme dans les dictionnaires, le génitif suit le nominatif, ce qui a l'immense avantage de donner tout de suite le radical à utiliser (on évite ainsi miles milem militis ;
- on continue avec le datif, place pratique pour les pronoms, et l'ablatif ;
- l'accusatif vient en dernier car j'enlève le vocatif (ras le bol d'entendre bisser le nominatif et trainer ensuite), que je fais apprendre à part comme, finalement, le locatif.
Dans la liste de présentation des cas il n'y en a donc que 5, accompagnés des fonctions correspondantes, je précise à la fin que deux autres cas, d'emploi plus rare, seront étudiés plus tard.
L'inconvénient est bien sûr qu'ils ne doivent pas se fier aux tableaux du manuel mais aux miens. Quand je récupère en 4e des élèves que je ne connais pas je leur propose ma méthode, sans l'imposer, et je rappelle que ce n'est qu'un moyen, mais que je le trouve plus pratique que l'autre. Souvent certains s'y rallient, je ne force personne, demande d'indiquer le nom des cas quand il y a un tableau à réciter par écrit, et marque toujours les deux versions au tableau.
Prudente, j'avais fait valider cela par mon inspecteur, il y a fort longtemps ; j'avais hésité à présenter cette pratique sur la plate-forme de l'académie, mais j'ai préféré ne pas me faire remarquer.
Les collègues à qui j'en ai parlé ont trouvé cela intéressant, sans pour autant sauter le pas.
Qu'en pensez-vous ?
- archebocEsprit éclairé
Oudemia a écrit:Plusieurs points :
- je fais comme dans les dictionnaires, le génitif suit le nominatif, ce qui a l'immense avantage de donner tout de suite le radical à utiliser (on évite ainsi miles milem militis ;
- on continue avec le datif, place pratique pour les pronoms, et l'ablatif ;
- l'accusatif vient en dernier car j'enlève le vocatif (ras le bol d'entendre bisser le nominatif et trainer ensuite), que je fais apprendre à part comme, finalement, le locatif.
Qu'en pensez-vous ?
Que c'est la méthode du XIXe siècle non ?
En tout cas il me semble l'avoir vue dans un manuel ancien.
Non, si je me souviens bien, l'accusatif était intercalé entre le datif et l'ablatif. Mais je peux me tromper.
Erreur de ma part : Salomon Reinach, dans le latin sans peine, suis le même système que toi (voir par exemple p. 17).
Le latin sans peine :
https://archive.org/details/cornlieoulelat00reinuoft
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