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Niht
Fidèle du forum

Je suis une tortionnaire ! - Page 2 Empty Re: Je suis une tortionnaire !

par Niht Mar 12 Juil 2016 - 15:07
Je découvre des choses qui me sidèrent... En fait, non, je ne découvre pas. Ce qui me choque dans le fonctionnement de mon établissement est visiblement normal. Il est temps que j'aille voir ailleurs.
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Bouboule
Doyen

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par Bouboule Mar 12 Juil 2016 - 21:25
Philomèle a écrit:

[...]

Au sujet de la sévérité de la notation en Licence, quelques remarques en vrac :

- en L2 et L3, le but n'est pas de trier et sélectionner (façon L1 ou concours) mais de former. L'examen permet de vérifier que le cours a atteint ses objectifs. Il me semble important de veiller à l' "alignement pédagogique" : l'exercice de l'examen doit avoir été amené par l'enseignement, on ne doit pas attendre de grande découverte de la part des étudiants le jour de l'examen. Si les notes sont trop basses, c'est que soit le cours soit l'examen n'était pas adapté à ce que les étudiants étaient aptes à faire.

[...]



On peut inverser et dire que les étudiants n'étaient pas adaptés aux exigences du cursus ?
Dimka
Dimka
Vénérable

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par Dimka Mer 13 Juil 2016 - 7:14
Plus en L2 et en L3. Sinon, c'est que la L1 a été bradée et n'a pas rempli son rôle.

_________________
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e-Wanderer
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Grand sage

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par e-Wanderer Mer 13 Juil 2016 - 9:44
Philomèle a écrit:
Les étudiants sont très sensibles au défaut d'équité. À tort ou à raison, ils s'enflamment promptement. Je doute qu'ils aient pu restituer la moyenne des notes attribuées dans chaque TD pour avoir la certitude qu'il y a bien trois points d'écart entre les moyennes. Cependant, je trouve incroyable qu'il n'y ait pas eu une concertation minimale entre les différents chargés de TD avant attribution des notes. En principe, au minimum, le coordonnateur envoie un e-mail circulaire dans lequel il rappelle la moyenne attendue (le 10 me semblant en général de bon aloi). Les correcteurs font ensuite le point sur note la plus basse / la plus haute, moyenne, notes supérieures à 10 et inférieures à 10. Un groupe de TD de 35 étudiants n'est pas un échantillon suffisant pour que l'on puisse imposer rigoureusement une moyenne de 10 : quand j'ai deux groupes, il m'arrive parfois de constater des différences importantes de niveau entre les deux, donc une moyenne peut être un peu plus basse que l'autre. À cette réserve près, les chargés de TD doivent s'imposer de se parler avant d'attribuer les notes définitives.
Je trouve cela assez procédurier, justement parce que sur un groupe de 35 étudiants, il n'y a pas de lois statistiques qui tiennent. Et le niveau des étudiants peut aussi varier considérablement selon les années. Cette année par exemple, j'ai eu un groupe de L3 tout à fait remarquable, comme je n'en avais plus eu depuis longtemps : logiquement, les notes étaient beaucoup plus hautes qu'à l'accoutumée. Je ne note pas par rapport à une moyenne à atteindre, mais plutôt par rapport à un niveau général exigible. L'essentiel est que les différents collègues aient globalement les mêmes attentes. Ma chance, c'est d'avoir des collègues aussi tortionnaires que moi, et qui l'assument sans problème. On ne se concerte pas, car justement on sait que nos exigences et notre façon de noter sont similaires. On se concerte en revanche sur le fond (pour employer par exemple la même terminologie en analyse syntaxique).
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hln
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par hln Mer 13 Juil 2016 - 10:50
Sulfolobus a écrit:
hln a écrit:

Chez nous, il est stipulé qu'une note n'est valide que lorsque le jury la confirme lors de la réunion de fin de semestre. Mais je n'ai jamais vu une de mes notes modifiées sous-prétexte qu'un il y aurait 2 "notations" (c'était pourtant le cas en géographie où notre enseignante mettait plus d'eau dans son vin que le PRAG. Il y a eu rébellion, que j'ai d'ailleurs trouvé déplacé, dans ma promo. Ca ne me viendrait jamais à l'esprit de remettre en cause la notation d'un professeur. Je comprends pas cette attitude :stock: Je préfère être "remise à ma place" en licence que lors d'un concours.)
Oui mais le réel est parfois plus compliqué que ça : tu as des étudiants qui vont peut-être soumettre leur dossier à des commissions d'entrée en master sélectif, en écoles diverses et variées, dans d'autres universités (françaises ou étrangères), pour des demandes de bourse, pour des Erasmus...bref, toute chose qui nécessite une étude du dossier académique. Et il est clair qu'un étudiant peut l'avoir mauvaise si son dossier à travail équivalent est moins bon que celui du voisin qui a juste eu la chance d'être corrigé par un autre correcteur sans que cela soit le moins du monde décelable par la comission.
Et à partir du moment où de telles situations peuvent se présenter, il ne me parait pas choquant que les étudiants soient très sensibles à ce genre de questions et que les professeurs fassent le maximum pour que chaque étudiant soit noté et préparé avec les mêmes exigences.

Je ne dis pas que c'est le cas ici, mais si c'est le cas, je comprends un peu la réaction de l'étudiant (après il y a l'art et la manière, tout ça tout ça).

Je reconnais ne pas avoir pensé au master sélectif puisque n'étant pas dans cette situation... Mais la lettre de recommandation peut aider dans ce cas là je suppose.
Mais un élève qui n'est pas admis dans un DUT hyper sélectif ne va pas se retourner contre son professeur de maths sous prétexte qu'il note plus dur que l'autre professeur de maths de l'autre classe de la même filière non ? Tout comme un élève ne pas se retourner contre ses parents qui l'ont mis dans un lycée public moins bien côté parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer un lycée privé quand même. Pourquoi ça serait la norme à la fac de contester les notes d'un enseignant ? Je trouve ça fort quand même, master sélectif ou non.
Si l'élève n'a pas atteint le niveau atteint par l'enseignant "tortionnaire" (je dirai exigeant pour ma part), pourquoi lui cacher cette abominable vérité ? bounce D'autant qu'il y a d'autres notes pour compenser, les fameux "UE faciles où l'enseignant met 15 d'office si tu fais acte de présence"[/quote]
Sulfolobus
Sulfolobus
Érudit

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par Sulfolobus Mer 13 Juil 2016 - 10:53
e-Wanderer a écrit:
Philomèle a écrit:
Les étudiants sont très sensibles au défaut d'équité. À tort ou à raison, ils s'enflamment promptement. Je doute qu'ils aient pu restituer la moyenne des notes attribuées dans chaque TD pour avoir la certitude qu'il y a bien trois points d'écart entre les moyennes. Cependant, je trouve incroyable qu'il n'y ait pas eu une concertation minimale entre les différents chargés de TD avant attribution des notes. En principe, au minimum, le coordonnateur envoie un e-mail circulaire dans lequel il rappelle la moyenne attendue (le 10 me semblant en général de bon aloi). Les correcteurs font ensuite le point sur note la plus basse / la plus haute, moyenne, notes supérieures à 10 et inférieures à 10. Un groupe de TD de 35 étudiants n'est pas un échantillon suffisant pour que l'on puisse imposer rigoureusement une moyenne de 10 : quand j'ai deux groupes, il m'arrive parfois de constater des différences importantes de niveau entre les deux, donc une moyenne peut être un peu plus basse que l'autre. À cette réserve près, les chargés de TD doivent s'imposer de se parler avant d'attribuer les notes définitives.
Je trouve cela assez procédurier, justement parce que sur un groupe de 35 étudiants, il n'y a pas de lois statistiques qui tiennent.
Sérieusement ???!!!  :lol:
Si si avec 35 étudiants, tu peux faire plein de choses statistiquement parlant.

Et le niveau des étudiants peut aussi varier considérablement selon les années.
Il suffit de le prendre en compte (tu peux même facilement prendre en compte les différences de niveau entre des groupes d'une même année même s'ils n'ont pas le même correcteur).


On ne se concerte pas, car justement on sait que nos exigences et notre façon de noter sont similaires.
:gratte:
Zagara
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Guide spirituel

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par Zagara Mer 13 Juil 2016 - 17:29
Les concertations sont-elles obligatoires ?
J'en ai toujours vues faire et faites en tout cas. Cela ne prend pas trop de temps et ça permet d'harmoniser les corrections et de donner le bénéfice du doute aux étudiants qui ont 9.5/20.
e-Wanderer
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Grand sage

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par e-Wanderer Mer 13 Juil 2016 - 18:52
Moi c'est l'inverse : comme moniteur, MCF ou PU, je n'ai jamais connu cette pratique. Idem pour les vacations que j'ai pu faire chez des voisins à l'occasion.
Sulfolobus a écrit:

On ne se concerte pas, car justement on sait que nos exigences et notre façon de noter sont similaires.
:gratte:
Quelques éléments, pour aider à lever ta perplexité : chaque année, on partage des TD d'un semestre sur l'autre, ou des bouts de préparation CAPES/Agreg. En fonction des besoins du service (congés, décharges diverses), on a tous assuré plus ou moins tous les cours proposés par la maquette. Si on avait constaté de grosses disparités au fil des années, on en aurait discuté, mais pour l'heure, vraiment aucun souci. On a bien sûr chacun nos marottes, nos petites astuces méthodologiques, notre sensibilité propre (ce à quoi il ne faut absolument pas renoncer : c'est justement très intéressant pour les étudiants de se frotter à des personnalités différentes). Mais globalement, ça converge.
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Bouboule
Doyen

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par Bouboule Mer 13 Juil 2016 - 20:19

Une "moyenne attendue" pour un examen ?

Je n'attends aucune moyenne pour un examen, j'examine. Bien sûr s'il s'agit de réguler un flux comme au bac, on peut décider avant de l'attente et du niveau mais il ne faut pas s'étonner de décrédibiliser un diplôme.

Ou alors on ne sait pas ce qu'on évalue.

Philomèle
Philomèle
Niveau 9

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par Philomèle Mer 13 Juil 2016 - 21:07
e-Wanderer a écrit:
Philomèle a écrit:
Les étudiants sont très sensibles au défaut d'équité. À tort ou à raison, ils s'enflamment promptement. Je doute qu'ils aient pu restituer la moyenne des notes attribuées dans chaque TD pour avoir la certitude qu'il y a bien trois points d'écart entre les moyennes. Cependant, je trouve incroyable qu'il n'y ait pas eu une concertation minimale entre les différents chargés de TD avant attribution des notes. En principe, au minimum, le coordonnateur envoie un e-mail circulaire dans lequel il rappelle la moyenne attendue (le 10 me semblant en général de bon aloi). Les correcteurs font ensuite le point sur note la plus basse / la plus haute, moyenne, notes supérieures à 10 et inférieures à 10. Un groupe de TD de 35 étudiants n'est pas un échantillon suffisant pour que l'on puisse imposer rigoureusement une moyenne de 10 : quand j'ai deux groupes, il m'arrive parfois de constater des différences importantes de niveau entre les deux, donc une moyenne peut être un peu plus basse que l'autre. À cette réserve près, les chargés de TD doivent s'imposer de se parler avant d'attribuer les notes définitives.
Je trouve cela assez procédurier, justement parce que sur un groupe de 35 étudiants, il n'y a pas de lois statistiques qui tiennent. Et le niveau des étudiants peut aussi varier considérablement selon les années. Cette année par exemple, j'ai eu un groupe de L3 tout à fait remarquable, comme je n'en avais plus eu depuis longtemps : logiquement, les notes étaient beaucoup plus hautes qu'à l'accoutumée. Je ne note pas par rapport à une moyenne à atteindre, mais plutôt par rapport à un niveau général exigible. L'essentiel est que les différents collègues aient globalement les mêmes attentes. Ma chance, c'est d'avoir des collègues aussi tortionnaires que moi, et qui l'assument sans problème. On ne se concerte pas, car justement on sait que nos exigences et notre façon de noter sont similaires. On se concerte en revanche sur le fond (pour employer par exemple la même terminologie en analyse syntaxique).

Il me paraît préférable que la question soit mise sur la table avant que les copies soient rendues et que les notes remontent auprès du coordonnateurs. En tant que fraîche monitrice, il ne m'avait pas paru anormal que les sept ou huit chargés de TD de la même UE (dont je faisais partie) reçoivent des indications communes. En tant que responsable d'UE, j'ai découvert un jour que l'ATER avait pratiqué une notation très différente de ce que les habitués faisaient (et qui convergeait effectivement sans excès de concertation). Fronde des étudiants, temps perdu à éponger, je préfère désormais qu'on s'entende dès le début du semestre.

Bouboule a écrit:
Une "moyenne attendue" pour un examen ?

Je n'attends aucune moyenne pour un examen, j'examine. Bien sûr s'il s'agit de réguler un flux comme au bac, on peut décider avant de l'attente et du niveau mais il ne faut pas s'étonner de décrédibiliser un diplôme.

Ou alors on ne sait pas ce qu'on évalue.


En L2 et L3, on peut dire qu'il s'agit de réguler un flux, en effet. L'université est la voiture-balai du supérieur, on nous confie ceux qui ont été refusés de toutes les autres formations, ceux qui sont les premières victimes des errances pédagogiques du secondaire, qui sortent de REP, la première génération à faire des études supérieures* : une partie est jugée apte à poursuivre sa formation en L2. Et ces malheureux rescapés du système, il faudrait les noter de façon à leur faire comprendre qu'ils sont de gros nuls indécrottables ?
Ce n'est pas du tout le sens que je donne à la note, pour ma part.
Et pourtant, je note sec. Et je dis à mes étudiants que ceux qui veulent devenir enseignants ne doivent pas viser l'obtention des crédits, mais la validation à 14 de moyenne minimum. Bref, je ne victimise pas les étudiants et je fais ce que je peux pour leur donner les moyens de se former et de progresser. Il n'est pas question non plus que le diplôme soit un brevet d'assiduité.

* résultat qui ressort des questionnaires d'évaluation des formations remplis par les étudiants.
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User17706
Bon génie

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par User17706 Mer 13 Juil 2016 - 22:01
Philomèle a écrit: je trouve incroyable qu'il n'y ait pas eu une concertation minimale entre les différents chargés de TD avant attribution des notes. En principe, au minimum, le coordonnateur envoie un e-mail circulaire dans lequel il rappelle la moyenne attendue (le 10 me semblant en général de bon aloi). Les correcteurs font ensuite le point sur note la plus basse / la plus haute, moyenne, notes supérieures à 10 et inférieures à 10. Un groupe de TD de 35 étudiants n'est pas un échantillon suffisant pour que l'on puisse imposer rigoureusement une moyenne de 10 : quand j'ai deux groupes, il m'arrive parfois de constater des différences importantes de niveau entre les deux, donc une moyenne peut être un peu plus basse que l'autre. À cette réserve près, les chargés de TD doivent s'imposer de se parler avant d'attribuer les notes définitives.
Avec plusieurs lots de cent copies (dûment brassées), on pourrait s'attendre, grosso modo, à ce que les moyennes gravitent autour de la moyenne des moyennes sans s'en écarter de beaucoup plus d'un point, et plus il y a de tels lots, plus il y aura, normalement, de moyennes de lot dans une fourchette d'un tiers de point environ autour de la moyenne des moyennes. (Tout ça, grosso modo, évidemment.)

Avec des lots de l'ordre de 30-40 copies, les écarts sont susceptibles d'être bien supérieurs.
Philomèle a écrit: Bien sûr, le post de Babsie a d'autres enjeux : est-ce que les notes ne servent pas simplement à acheter la paix sociale ? comment amener les étudiants à consacrer plus de temps à travailler qu'à contester leurs notes et protester ? comment les faire sortir d'une vision utilitariste des examens et des diplômes (leur valeur sur le marché du travail) pour les faire entrer dans une logique de formation (ils doivent être transformés par leurs cours…) ? la licence doit-elle compenser les lacunes à l'issue du lycée (expression écrite, culture, concentration même) et se "secondariser", ou doit-on considérer que ce n'est pas son rôle et de l'argent public mal employé ?, etc.
Aussi, pour le cycle licence: est-ce que les notes ne servent pas à sauver les départements? Smile
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User17706
Bon génie

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par User17706 Mer 13 Juil 2016 - 22:04
Et c'est vrai que la question de ce qui est proprement évalué (voire la question de savoir si l'on évalue quelque chose) se pose parfois, pour faire écho à Bouboule.
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Bouboule
Doyen

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par Bouboule Mer 13 Juil 2016 - 22:04
Philomèle a écrit:

Bouboule a écrit:
Une "moyenne attendue" pour un examen ?

Je n'attends aucune moyenne pour un examen, j'examine. Bien sûr s'il s'agit de réguler un flux comme au bac, on peut décider avant de l'attente et du niveau mais il ne faut pas s'étonner de décrédibiliser un diplôme.

Ou alors on ne sait pas ce qu'on évalue.


En L2 et L3, on peut dire qu'il s'agit de réguler un flux, en effet. L'université est la voiture-balai du supérieur, on nous confie ceux qui ont été refusés de toutes les autres formations, ceux qui sont les premières victimes des errances pédagogiques du secondaire, qui sortent de REP, la première génération à faire des études supérieures* : une partie est jugée apte à poursuivre sa formation en L2. Et ces malheureux rescapés du système, il faudrait les noter de façon à leur faire comprendre qu'ils sont de gros nuls indécrottables ?
Ce n'est pas du tout le sens que je donne à la note, pour ma part.
Et pourtant, je note sec. Et je dis à mes étudiants que ceux qui veulent devenir enseignants ne doivent pas viser l'obtention des crédits, mais la validation à 14 de moyenne minimum. Bref, je ne victimise pas les étudiants et je fais ce que je peux pour leur donner les moyens de se former et de progresser. Il n'est pas question non plus que le diplôme soit un brevet d'assiduité.

* résultat qui ressort des questionnaires d'évaluation des formations remplis par les étudiants.

Ce que je veux dire c'est qu'en acceptant de réguler un flux, on accepte de faire comme le bac et on dévalorise sa formation.
Mettre une mauvaise note ce n'est pas qualifier l'étudiant de "nul indécrottable", c'est simplement affirmer que le travail rendu n'est pas au niveau attendu sur cet examen. Je ne qualifie pas l'université de voiture-balai et j'aimerais bien que ceux qui y enseignent fassent de même. Tant que j'entends ces expressions, je n'ai aucune envie d'y orienter mes élèves.
Votre discours est acceptable en interne, on peut même très bien comprendre que ce qui compte est le niveau en fin de L3, on construit peu à peu sur un cycle, et effectivement il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs et proposer des examens inaccessibles en cours de formation. Mais comment est-ce lisible à l'extérieur ? S'il faut 14 pour devenir enseignant, que vaut le 10 qui est la barre qui sépare l'examen validé de l'examen non validé ?
Philomèle
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par Philomèle Jeu 14 Juil 2016 - 16:18
PauvreYorick a écrit:Et c'est vrai que la question de ce qui est proprement évalué (voire la question de savoir si l'on évalue quelque chose) se pose parfois, pour faire écho à Bouboule.

La question est habile mais, entendue de façon frontale, elle me paraît fort malveillante pour les correcteurs dont la responsabilité est bien escamotée derrière le "on", la voix passive et la forme pronominale. Comme tous les collègues, j'essaie d'avoir les idées à peu près claires sur ce que je choisis d'évaluer en donnant tel sujet et en lisant les copies. Et, au-delà de la L1, les copies vides et totalement ineptes sont résiduelles.

Bouboule a écrit:
Philomèle a écrit:

Bouboule a écrit:
Une "moyenne attendue" pour un examen ?

Je n'attends aucune moyenne pour un examen, j'examine. Bien sûr s'il s'agit de réguler un flux comme au bac, on peut décider avant de l'attente et du niveau mais il ne faut pas s'étonner de décrédibiliser un diplôme.

Ou alors on ne sait pas ce qu'on évalue.


En L2 et L3, on peut dire qu'il s'agit de réguler un flux, en effet. L'université est la voiture-balai du supérieur, on nous confie ceux qui ont été refusés de toutes les autres formations, ceux qui sont les premières victimes des errances pédagogiques du secondaire, qui sortent de REP, la première génération à faire des études supérieures* : une partie est jugée apte à poursuivre sa formation en L2. Et ces malheureux rescapés du système, il faudrait les noter de façon à leur faire comprendre qu'ils sont de gros nuls indécrottables ?
Ce n'est pas du tout le sens que je donne à la note, pour ma part.
Et pourtant, je note sec. Et je dis à mes étudiants que ceux qui veulent devenir enseignants ne doivent pas viser l'obtention des crédits, mais la validation à 14 de moyenne minimum. Bref, je ne victimise pas les étudiants et je fais ce que je peux pour leur donner les moyens de se former et de progresser. Il n'est pas question non plus que le diplôme soit un brevet d'assiduité.

* résultat qui ressort des questionnaires d'évaluation des formations remplis par les étudiants.

Ce que je veux dire c'est qu'en acceptant de réguler un flux, on accepte de faire comme le bac et on dévalorise sa formation.
Mettre une mauvaise note ce n'est pas qualifier l'étudiant de "nul indécrottable", c'est simplement affirmer que le travail rendu n'est pas au niveau attendu sur cet examen. Je ne qualifie pas l'université de voiture-balai et j'aimerais bien que ceux qui y enseignent fassent de même. Tant que j'entends ces expressions, je n'ai aucune envie d'y orienter mes élèves.
Votre discours est acceptable en interne, on peut même très bien comprendre que ce qui compte est le niveau en fin de L3, on construit peu à peu sur un cycle, et effectivement il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs et proposer des examens inaccessibles en cours de formation. Mais comment est-ce lisible à l'extérieur ? S'il faut 14 pour devenir enseignant, que vaut le 10 qui est la barre qui sépare l'examen validé de l'examen non validé ?

Pour "voiture-balai", on va arrêter l'hypocrisie : toutes les formations du supérieur sélectionnent, sauf les licences. Sauf pour le droit et la médecine qui restent des monopoles universitaires, les UFR sont en concurrence avec les BTS, les IUT, les prépas. Échapper à la licence devient un travail à temps plein pour les familles, puisque les formations sélectives sont plus prestigieuses. C'est aussi le très mauvais tour que joue APB aux licences : APB est prévu aiguiller les candidats entre formations sélectives et les licences ne devraient pas être incluses dans le dispositif. Or les lycéens doivent faire un voeu de licence comme solution de secours, au cas où ils seraient refusés partout ailleurs. Je vois mal comment on pourrait signifier plus clairement que la licence est une orientation par défaut, la voie de relégation, la seconde ou troisième zone, le destin qui sanctionne les dossiers rejetés partout ailleurs. "Chez moi", on récupère beaucoup de recalés de BTS, fort amers, et qui n'ont en effet pas le niveau pour poursuivre des études longues. On le voit dans les statistiques d'entrée : nous n'avons quasi pas de bacheliers avec mention (une poignée de mentions AB, au mieux).

Quant à l'échelle de notes à partir du moment où l'UE ou la Licence est validée, elle me paraît assez lisible comme solidité présumée de l'étudiant. La compétition n'a pas lieu pendant la licence : ce sont les concours qui viennent après qui vont discriminer.
Un étudiant qui souhaite se présenter aux concours d'enseignement CRPE, Capes ou agreg a intérêt à avoir acquis un bagage disciplinaire (surtout pour le Capes et l'agreg) pour entrer dans la compétition avec des étudiants de la France entière. S'il a validé ses années après des calculs à la petite semaine autour de la compensation, on peut craindre pour lui l'échec.
En revanche, un étudiant qui va entrer sur le marché du travail à l'issue de sa licence, devenir relation publique, chargé de communication dans un musée, documentaliste en entreprise, bibliothécaire, employé dans un média local ou dans le marketing, fonctionnaire de catégorie B rédigeant des notes et rapports, etc. (je prends des exemples de postes de nos anciens étudiants), s'en sortira en ayant appris à lire et interpréter, problématiser, rédiger, en ayant acquis une culture littéraire et artistique générale, sans forcément avoir brillé dans mon cours sur Rabelais. Bien sûr que je préfère que l'étudiant devienne un fin lecteur de Rabelais. S'il valide avec un 10 un peu terne en ayant lu le programme, articulé des arguments ou proposé une explication de texte sensible à la densité énonciative, on peut considérer qu'il n'est pas un bon étudiant de lettres mais qu'on peut lui décerner la licence sans scandale ni dévaluation du diplôme.
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par User17706 Jeu 14 Juil 2016 - 19:25
Je parlais avant tout pour moi-même en disant "on", bien entendu.
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par Philomèle Jeu 14 Juil 2016 - 20:02
PauvreYorick a écrit:Je parlais avant tout pour moi-même en disant "on", bien entendu.

Mais alors je ne comprends pas ce qui t'amène à mettre en doute le fait que tu aies quelque chose à évaluer ou le contenu (à gros traits) que tu soumets à évaluation. Je présume que tu ne te dérobes pas aux exigences de ton rôle d'enseignant (car je ne vois pas pourquoi tu te défilerais devant la tâche). Et je présume aussi qu'en L2 ou L3 (niveaux dont il est question dans ce fil), les copies remplissent à peu près le cahier des charges : il y a tout de même une différence avec les copies de philo des bacs technologiques, non ? Je désespère des conditions d'enseignement en faux-semblants en L1, très souvent, et cela déteint parfois sur ce que je pense des L2 et L3 et mon humeur, mais enfin il me semble que l'on peut quand même instruire et mesurer des résultats en L2 et L3, non ?
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User17706
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par User17706 Jeu 14 Juil 2016 - 20:39
Combien d'étudiants sont inscrits en L2 chez toi ?
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par Philomèle Jeu 14 Juil 2016 - 21:20
Une soixantaine, parfois plus près de cinquante, parfois plus près de soixante-dix. Après une période d'érosion, les effectifs augmentent depuis le nouveau quadriennal (qui s'achève).
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par User17706 Jeu 14 Juil 2016 - 22:51
Chez moi on essaie de ne pas descendre (trop) en-dessous de 20. C'est pas toujours facile. Ces conditions sont de nature, certaines années, à relativiser la hauteur de la marche entre la L1 et la L2.

(EDIT du 21.07.2016 12:45:13) Je suppose que ça répond aux questions posées, puisque depuis une semaine il n'y a plus eu de réaction...?
Aspasie
Aspasie
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par Aspasie Jeu 21 Juil 2016 - 21:38
Oui... ou la torpeur estivale engourdit tous les échanges...
Babsie
Babsie
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par Babsie Jeu 21 Juil 2016 - 22:29
Suis là, suis là!

J'interviens ailleurs assez laconiquement et j'essayais de me motiver pour répondre un peu plus longuement ici et faire honneur à vos interventions, mais je suis écrasée de chaleur dans ma chambre.

EDIT: attention, il faut suivre, j'ai mis pas mal de parenthèses!

Je vous remercie pour vos avis, et vos conseils dont je vais m'inspirer à l'avenir, notamment la bonne copie distribuée.
Quelqu'un parlait plus haut de certains cours où on a 15 rien qu'en étant présent... Je crois qu'en fait, c'est ce genre de cours dont j'étais chargée. Sauf que je ne savais pas! Au dire des étudiants mécontents, ces cours généralement augmentent leur moyenne, ce qui n'a pas été le cas cette année avec moi. Mais honnêtement, je me suis organisée d'une telle façon pour ces cours, que je ne vois pas comment ils auraient pu avoir 15 (pour le cours avec matériel info, certains m'ont dit que le 15 était pour ainsi dire systématique!) ou juste la moyenne pour les moins bons...
Et bien, il faudra me dire la prochaine fois que je suis censée mettre la moyenne d'office aux têtes que je vois régulièrement au TD (paraît que c'est ce qui se fait selon une étudiante), si j'arrive à retenir leurs noms.
Bref, il y a peu, la jeune fille dont je parlais dans mon premier post a écrit une nouvelle fois au responsable compétent pour se plaindre de tout et de rien: de mon barème, du fait que, le matériel info n'ayant pas été fonctionnel (Windows...) pour l'examen final programmé, on ait dû le reporter à un autre jour après concertation des étudiants devant la porte de la salle, jour qui ne l'arrangeait pas car son patron ne voulait pas lui donner de congé (elle a eu donc un blâme de son patron), du fait que je "parle mal" (là, honnêtement, je ne pense pas parler plus mal que mes collègues, mais, si, et c'est un grand si, ma mémoire ne me joue pas de tours, je crois que c'est la même qui se plaignait de la même chose l'année dernière à mon sujet, et qui passait son temps retournée à causer aussi fort que moi, juste sous mon nez...), du fait qu'elle ne peut pas être AJAC et qu'elle loupe donc Erasmus, et qu'il lui manque une note dans un CM de civi (parce qu'une procédure pour fraude à l'examen est en cours et qu'elle ne le savait pas encore quand elle a écrit son mail).

Pour que tout soit clair, je lui ai écrit un dernier mail que je lui devais bien. Car elle était venue avec des camarades regarder sa copie d'épreuve d'expression écrite, et sur le coup, comme ils étaient à bavarder "joyeusement" et qu'elle m'a agressivement fait remarquer qu'une de ses réponses n'était pas si fausse que je le disais, et vu que je n'avais pas relu le texte support de leur examen, j'ai laissé échapper en relisant sa réponse vite fait que j'avais ptet été trop sévère. Mais à tête reposée, j'ai relu le texte et sa réponse qui était à côté de la plaque (il s'agissait d'expliquer quelles étaient les différences entre reproduction sexuée et asexuée expliquées dans un textes sur les implications éthiques du clonage, et elle n'avait pas compris, m'avait même sorti de son chapeau la fécondation in vitro comme exemple de reproduction asexuée, sur fond de manque de culture scientifique censée avoir été assimilée au collège, je crois), et j'ai maintenu.  J'ai écrit mon mail, donc, avec toutes les explications voulues, auquel elle a répondu qu'elle n'était pas d'accord avec moi et qu'elle se demandait pourquoi j'avais changé de discours. Evidemment tout ceci en copie avec le responsable. Et puis, je n'ai plus répondu.

Le tout me laisse perplexe parce que j'ai l'impression qu'elle (et d'autres) s'imagine(nt) qu'on est sur le mode du "je suis d'accord ou pas, je donne mon petit avis, et je n'accepte pas qu'on me contredise, et même si j'ai faut, soyez sympa". Et je n'ai vu aucun désir de comprendre les erreurs de compréhension, les faiblesses, juste des calculs pour arriver à passer en AJAC, au moins, ou avec les compensations. Bref, je crois que leurs capacités ne les intéressent pas, ils veulent juste passer et négocient interminablement.

Comme je n'ai pas pu sonder mes collègues sur leurs moyennes en TD, j'ai fait ma soupe. Et si ma notation, dont je pense qu'elle sanctionne ce qu'elle doit sanctionner, fait mal à certains au point qu'ils aillent pleurer un peu plus haut, c'est que j'ai mal évalué le niveau de la filière (et de la fac) où j'ai bossé, et qu'il n'est pas digne de gens formés un minimum (un étudiant ne savait pas ce qu'est un colibri, un autre croyait que l'expression "jeter les bases" signifiait s'en débarrasser pour en établir de nouvelles). Je me demande: comment je peux éviter de mettre des notes au-dessous de 7/8 à ces cas? Cela me donnerait l'impression de faire n'importe quoi.

Après, je ne suis plus vraiment jeune, mais j'ai très peu d'années d'enseignement derrière moi, et il est indubitable que j'ai besoin d'entraînement dans la manière de présenter les choses, d'organiser les progressions, et même d'être claire ( car je crois parfois que des choses sont évidentes, alors que pour eux... c'est une surprise).

Mais ils sont si différents de ce que j'étais à leurs âges, il y a 10 ans...Bon, c'est un public précis aussi.
Babsie
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par Babsie Jeu 21 Juil 2016 - 22:37
PauvreYorick a écrit:Chez moi on essaie de ne pas descendre (trop) en-dessous de 20. C'est pas toujours facile. Ces conditions sont de nature, certaines années, à relativiser la hauteur de la marche entre la L1 et la L2.

(EDIT du 21.07.2016 12:45:13) Je suppose que ça répond aux questions posées, puisque depuis une semaine il n'y a plus eu de réaction...?

Pardon, pardon, je suis flemmarde, et puis ces "événements" m'énervent un peu, mon inconscient a évité ce sujet que j'ai moi-même ouvert!
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par User17706 Jeu 21 Juil 2016 - 22:47
En fait, la remarque s'adressait surtout à Philomèle, puisque c'est pour lui répondre que j'ai donné ces précisions.
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par Babsie Jeu 21 Juil 2016 - 22:50
Le vent! :lol:
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par User17706 Jeu 21 Juil 2016 - 23:57
Bah, c'est juste pour préciser la portée de ma remarque et ne pas donner le sentiment de faire un reproche à qui que ce soit; Philomèle me demandait si je me dérobais devant les exigences élémentaires de mon métier d'EC, j'espère l'avoir quelque peu rassurée Smile

Ton cas à toi, c'est apparemment un(e) étudiant(e) pas bien honnête dont la fac saura se passer si nécessaire... Razz
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par Babsie Ven 22 Juil 2016 - 0:02
PauvreYorick a écrit:Bah, c'est juste pour préciser la portée de ma remarque et ne pas donner le sentiment de faire un reproche à qui que ce soit; Philomèle me demandait si je me dérobais devant les exigences élémentaires de mon métier d'EC, j'espère l'avoir quelque peu rassurée Smile

Ton cas à toi, c'est apparemment un(e) étudiant(e) pas bien honnête dont la fac saura se passer si nécessaire... Razz

T'inquiète, je rigolais.
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