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- MurrNiveau 9
J'invoque désespérément la muse qui vous inspire de si belles phrases, cher ami : vous vous exprimez peu, mais vos paroles valent de l'or. J'attends avec impatience l'épisode suivant .desnos a écrit:Bonjour.
Platon disait des Sophistes que l’essentiel de leur fonds de commerce intellectuel consistait à vendre la persuasion d'un auditoire. Il vilipendait, ainsi, leur prétention à détenir la "science", la "sagesse" (sophia) et à pouvoir la transmettre. Les raisonnements qu’ils développaient avaient uniquement pour but l'efficacité persuasive et non la vérité, et à ce titre, contenaient souvent des vices logiques, bien qu'ils parussent à première vue cohérents. Et, à y voir de plus près, les sophistes ne s’embarrassaient pas de considérations relatives à l'éthique, à la justice et encore moins à la vérité.
Ô combien ce schéma s’applique aujourd'hui aux "idolâtres" de l'innovation en matière éducative ! Ceux dont l'objectif de leurs innovations se résume, en général, au fait même d'innover, si ce n'est à la volonté, sans cesse renouvelée, de masquer d'autres escobarderies forcément indéfendables. Et, comble de l'outrecuidance, voici le procès latent qu'ils réservent à toute conscience sceptique à l'égard de leur argumentaire spécieux et qui est uniquement mue par le bon sens pédagogique. Un procès inquisitorial où les Torquemada des temps modernes érigent l'échafaud de l'innovation à tout prix en arme de culpabilisation massive.
Accusé ! Levez-vous !
- Attendu que vous doutez de la pédagogie différenciée, comme panacée capable d’éradiquer les inégalités cognitives entre élèves et permettre à l'élève en difficulté d'accéder à tous les apprentissages.
- Attendu que vous continuez à utiliser un mesurage chiffré pour évaluer les élèves, faisant fi de ses conséquences stigmatisantes, traumatisantes et, partant, délétères quant au bien-être de l'élève. N'avez-vous donc pas compris que la note n'a plus de raison d'être, dans le cadre d'une scolarité obligatoire jusqu’à seize ans ?
- Attendu que vous êtes sceptique à l’égard des vertus de la pédagogie qui met l'élève au centre du dispositif pédagogique, oubliant qu'il s'agit là d'un cadre ad-hoc où celui-ci est à même de pouvoir construire ses propres apprentissages et se prémunir ainsi contre l’échec scolaire.
Eu égard à toutes ces considérations, vous êtes poursuivi pour les chefs d'accusations suivants : non-respect des codes qui permettent de masquer l’échec scolaire, non-assistance à élève en difficulté et outrage à la doxa des innovations pédagogiques.
Objection, votre honneur !
Au lieu d'accabler la conscience sceptique à l'égard de ces billevisées pédagogistes, avez-vous songé un instant à examiner les tréfonds de leur quiddité ? Car, il y apparaît ce qui suit.
Au prochain épisode si intérêt il y a.
coindeparadis a écrit:Au bûcher !
- Pensez-vous être en état de grâce ?
- Si je n'y suis, Meirieu veuille m'y mettre ; si j'y suis, Meirieu veuille m'y tenir.
Dhaiphi a écrit:Le CPC n'est pas un supérieur hiérarchique (mais un collègue, si, si...) et ne peut franchir la porte d'un titulaire sans son autorisation préalable.Murr a écrit:Aboyer, d'accord, mais comment peut-il mordre ?
C'est bien ce qu'il me semblait...
- MurrNiveau 9
Verdurette a écrit:A notre dernier conseil de maîtres, la directrice nous a transmis la "bonne parole" : notre IEN interdit désormais fermement et totalement l'usage des notes, et en cas de transgression, elle viendra visiter l'enseignant concerné afin qu'il s'explique.
Mais les résultats des évaluations doivent être donnés en pourcentage de réussite.
Qu'est -ce qu'un pourcentage sinon une note ... sur 100 ?
Bref, je suis perplexe ... et énervée aussi, qu'elle puisse avoir du temps pour venir sermonner les vilainszenseignants qui mettent des notes et qu'elle n'en ait pas pour trouver une solution quand toute une classe dysfonctionne à cause de deux élèves complètement barrés.
Personnellement, évoluer à l'ancienneté ne me fait pas peur (j'y suis déjà résignée), alors si on risque "juste" un bon savon, il va falloir que je m'habitue à serrer les dents et à entasser les rapports d'inspection au fond d'un tiroir sans les ouvrir (conseil d'un collègue)...
- Spoiler:
- Je fanfaronne mais j'ai une peur bleue des inspecteurs capables de vous envoyer dix jours en arrêt maladie ...
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- Ma'amÉrudit
maikreeeesse a écrit: Dites les filles (coindeparadis, Maîtresse...), vous nous abondonnez dans le panier ! Tu pars dans le secondaire Coindeparadis ? Et Maîtresse tu vas où (si ce n'est pas trop indiscret ) ?
Pour l'instant nulle part, je suis en attente des résultats du CAPES externe d'anglais. Fingers crossed !
- maikreeeesseGrand sage
Alors, ich drücke die Daumen !
- MurrNiveau 9
Me too / Ich auch
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- coindeparadisGuide spirituel
Buena suerte
Buona fortuna
удачи
Buona fortuna
удачи
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- Ma'amÉrudit
Je ne parle pas allemand, mais je crois que je saisis l'idée.
Merci, thanks, danke, gracias, grazie.
Si je l'ai, je change de pseudo.
Merci, thanks, danke, gracias, grazie.
Si je l'ai, je change de pseudo.
- MurrNiveau 9
maîtresse a écrit:Je ne parle pas allemand, mais je crois que je saisis l'idée.
Merci, thanks, danke, gracias, grazie.
Si je l'ai, je change de pseudo.
"M'dame" ?
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- User9242Niveau 5
Murr a écrit:J'invoque désespérément la muse qui vous inspire de si belles phrases, cher ami : vous vous exprimez peu, mais vos paroles valent de l'or. J'attends avec impatience l'épisode suivant .desnos a écrit:Bonjour.
Platon disait des Sophistes que l’essentiel de leur fonds de commerce intellectuel consistait à vendre la persuasion d'un auditoire. Il vilipendait, ainsi, leur prétention à détenir la "science", la "sagesse" (sophia) et à pouvoir la transmettre. Les raisonnements qu’ils développaient avaient uniquement pour but l'efficacité persuasive et non la vérité, et à ce titre, contenaient souvent des vices logiques, bien qu'ils parussent à première vue cohérents. Et, à y voir de plus près, les sophistes ne s’embarrassaient pas de considérations relatives à l'éthique, à la justice et encore moins à la vérité.
Ô combien ce schéma s’applique aujourd'hui aux "idolâtres" de l'innovation en matière éducative ! Ceux dont l'objectif de leurs innovations se résume, en général, au fait même d'innover, si ce n'est à la volonté, sans cesse renouvelée, de masquer d'autres escobarderies forcément indéfendables. Et, comble de l'outrecuidance, voici le procès latent qu'ils réservent à toute conscience sceptique à l'égard de leur argumentaire spécieux et qui est uniquement mue par le bon sens pédagogique. Un procès inquisitorial où les Torquemada des temps modernes érigent l'échafaud de l'innovation à tout prix en arme de culpabilisation massive.
Accusé ! Levez-vous !
- Attendu que vous doutez de la pédagogie différenciée, comme panacée capable d’éradiquer les inégalités cognitives entre élèves et permettre à l'élève en difficulté d'accéder à tous les apprentissages.
- Attendu que vous continuez à utiliser un mesurage chiffré pour évaluer les élèves, faisant fi de ses conséquences stigmatisantes, traumatisantes et, partant, délétères quant au bien-être de l'élève. N'avez-vous donc pas compris que la note n'a plus de raison d'être, dans le cadre d'une scolarité obligatoire jusqu’à seize ans ?
- Attendu que vous êtes sceptique à l’égard des vertus de la pédagogie qui met l'élève au centre du dispositif pédagogique, oubliant qu'il s'agit là d'un cadre ad-hoc où celui-ci est à même de pouvoir construire ses propres apprentissages et se prémunir ainsi contre l’échec scolaire.
Eu égard à toutes ces considérations, vous êtes poursuivi pour les chefs d'accusations suivants : non-respect des codes qui permettent de masquer l’échec scolaire, non-assistance à élève en difficulté et outrage à la doxa des innovations pédagogiques.
Objection, votre honneur !
Au lieu d'accabler la conscience sceptique à l'égard de ces billevisées pédagogistes, avez-vous songé un instant à examiner les tréfonds de leur quiddité ? Car, il y apparaît ce qui suit.
Au prochain épisode si intérêt il y a.coindeparadis a écrit:Au bûcher !
- Pensez-vous être en état de grâce ?
- Si je n'y suis, Meirieu veuille m'y mettre ; si j'y suis, Meirieu veuille m'y tenir.Dhaiphi a écrit:Le CPC n'est pas un supérieur hiérarchique (mais un collègue, si, si...) et ne peut franchir la porte d'un titulaire sans son autorisation préalable.Murr a écrit:Aboyer, d'accord, mais comment peut-il mordre ?
C'est bien ce qu'il me semblait...
Bonjour Murr et merci.
Il est certes toujours agréable de recevoir des dithyrambes : notre vanité s'en sent flattée. Mais n'exagérons rien, peut-être que la suite ne suscitera-t-elle guère votre engouement. En tout cas, la voici :
Les limites de la différenciation pédagogique
S'agissant de la pédagogie différenciée, s'il faut lui reconnaître quelques intérêts dans son aspiration à satisfaire aux différents styles cognitifs, ces différents modes de représentation (la fameuse triade : "le visuel, l'auditif et le kinesthésique"), elle outrepasse le cadre de son efficience quand elle se met à prétendre que tous les élèves peuvent atteindre simultanément les mêmes objectifs d'apprentissages, ceux définis dans le cadre de la scolarité obligatoire, fussent-ils ceux du "SMIC scolaire" : le socle commun. Il s'agit, dès lors, d'une corrélation artificielle entre l'objectif réaliste de vouloir réduire des inégalités, qui peuvent être inhérentes simplement à la diversité des profils cognitifs, et une vision égalitariste croyant en la possibilité absolue d'une démocratisation de la réussite, c'est à dire l'accès à l'apprentissage pour tous ; c'est confondre, in fine, égalité et égalitarisme. N'est-ce pas ce "isme" qui traduit toute absence de réalisme ? La dérive égalitariste réside donc dans ce fait qui consiste à faire accroire que tout le monde peut apprendre la même chose au même moment. Faut-il, dans ce cas, rappeler que toutes les sociétés humaines et toutes les nations n'ont pas les mêmes degrés de développement scientifique et technique pour douter que la différenciation pédagogique puisse être dotée d'un tel pouvoir " égalisateur " ?
Par ailleurs, une approche différenciée, qui prétend pouvoir juguler la difficulté scolaire cohabite mal avec le maintien des mêmes exigences pour tous. Cette injonction paradoxale confère à la différenciation le caractère d’une équation insoluble. Et, lorsqu'on prétend qu'il suffit de varier les chemins d'accès pour atteindre les mêmes objectifs, c'est là une assertion qui oublie que la difficulté d'ordre cognitif c'est du lourd, puisqu'enracinée dans les structures mêmes de la pensée. Il ne s'agit guère ici de l'élève qui éprouve des difficultés qui peuvent s'estomper avec une certaine assistance du maître, de la répétition et un effort soutenu de concentration, mais de l'élève dont l'outillage intellectuel n'est pas efficace, celui pour qui le langage scolaire est cognitivement une langue étrangère. L'insuffisance du développement mental, conjuguée à l'indigence d'un capital culturel, à d'autres facteurs psychosociologiques…, déterminent des difficultés qui empêchent les outils cognitifs de se mettre en branle dans une situation d'apprentissage. Dès lors, la démocratisation de la réussite scolaire, pour cette catégorie d'élèves, est une chimère. À cet égard, Philippe Perrenoud, sociologue suisse, précise qu' « une pédagogie différenciée doit constamment naviguer entre deux écueils : dire la réalité des écarts et des difficultés, donc décourager ; ou encourager, donc entretenir l’illusion trompeuse que tout va bien. […] C’est encore plus difficile lorsqu’il faut concilier une évaluation formative au service de la différenciation, dans une logique pragmatique, et une évaluation certificative/sélective au service du système, qui exige équité formelle et transparence de hiérarchies. »
(http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1992/1992_08.html)
Oui, tous les élèves sont égaux devant la possibilité d'apprendre quelque chose ; mais ils ne le sont pas quant à la possibilité d'apprendre tous les mêmes choses et surtout quant au rythme des apprentissages, eu égard à cette "satanée" injustice de la nature : qu'on le veuille ou non, nous n'avons pas tous les mêmes potentialités cognitives. Certes, il est commode d'avoir une vision fataliste et de penser qu’il y a des enfants doués et d’autre pas. Mais l'énoncé de cette commodité ne signifie pas que la réalité qu'elle décrit est moins vraie. Il faut se résoudre à admettre que, malgré les précautions que prennent les thuriféraires de la pédagogie différenciée, elle n'en demeure pas moins une pauvre pédagogie pour une pédagogie du "pauvre".
Si l'on considère que les critiques, ici faites à la différenciation, se contentent de la commodité de ce constat fataliste, c'est leur faire un faux procès. C'est ne pas reconnaître qu'en souscrivant aux propos de Philippe Perrenoud, elles ne nient pas certaines vertus de cette pédagogie. C'est surtout ne pas voir que ces critiques mettent d'abord en cause cette vision égalitariste qui voit la pédagogie différenciée capable de gommer les inégalités. Ce qui est également en cause ce sont les relents culpabilisants, ainsi que les injonctions paradoxales, qui découlent de cette vision égalitariste. En somme, c'est ne pas voir qu'il s'agit surtout de dénoncer la caractère péremptoire et dogmatique des affirmations relatives aux vertus de la pédagogie différenciée, oubliant que la pédagogie n'est pas une science exacte.
Ceci n'est pas la fin.
- Ma'amÉrudit
Murr a écrit:maîtresse a écrit:Je ne parle pas allemand, mais je crois que je saisis l'idée.
Merci, thanks, danke, gracias, grazie.
Si je l'ai, je change de pseudo.
"M'dame" ?
Voilà, par exemple ! Mais je crois que je garderai quand même mon avatar parce que je le trouve mignon ! :lol:
Desnos, je souscris à tout ce que tu as écrit sur la pédagogie différenciée. J'ai hâte de lire la suite !
On pourrait dire la même chose sur l'évaluation positive, on ne fait que leurrer les élèves et leurs familles sur leurs capacités réelles. A mon avis, plus dure sera la chute !
C'est drôle quand même, plus le monde du travail devient impitoyable, plus l'école protège artificiellement les élèves. On va créer des générations de gens inemployables. Il ne faudra pas s'étonner si les patrons font massivement venir d'ailleurs une main d'oeuvre plus docile et mieux préparée.
- coindeparadisGuide spirituel
Inemployables ? Je ne suis pas certaine ... Corvéables à merci, trop individualistes pour adhérer à des syndicats ou associations, trop illettrés pour connaître leurs droits, trop anxieux face au chômage de masse pour bouger.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- Ma'amÉrudit
Ben mon mari me dit que depuis quelques années, les stagiaires sont insupportables : toujours rivés sur leur téléphone perso, pas autonomes pour deux sous, bref, habitués à ce qu'on aplanisse les difficultés pour eux.
Et puis l'orthographe est un réel problème. Certains e-mails envoyés aux clients donnent vraiment une image déplorable de la boîte.
Les patrons ne différencient pas, ils te payent pour faire un boulot, tu dois le faire.
Et puis l'orthographe est un réel problème. Certains e-mails envoyés aux clients donnent vraiment une image déplorable de la boîte.
Les patrons ne différencient pas, ils te payent pour faire un boulot, tu dois le faire.
- coindeparadisGuide spirituel
Oui mais tu as un mari intelligent !
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- Ma'amÉrudit
Certes :lol:
Cela dit, il n'est pas patron, mais on finit toujours par lui coller les stagiaires dans les pattes parce qu'il est très patient.
Cela dit, il n'est pas patron, mais on finit toujours par lui coller les stagiaires dans les pattes parce qu'il est très patient.
- VinteuilNiveau 5
desnos a écrit: À cet égard, Philippe Perrenoud, sociologue suisse, précise qu' « une pédagogie différenciée doit constamment naviguer entre deux écueils : dire la réalité des écarts et des difficultés, donc décourager ; ou encourager, donc entretenir l’illusion trompeuse que tout va bien.
C'est bien là en effet que se situe le problème. Comment faire pour ne pas décourager un élève méritant, mais faible, et, dans le même temps, ne pas lui raconter d'histoires ?
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"Un homme est toujours assez beau quand il ne fait pas peur à son cheval."
- Ma'amÉrudit
Il faudrait peut-être revaloriser sérieusement la voie professionnelle et arrêter de croire et de faire croire que la voie générale, scientifique de préférence, est la seule qui vaille la peine d'être suivie...
Il peut y avoir de l'excellence dans tous les domaines.
Il peut y avoir de l'excellence dans tous les domaines.
- coindeparadisGuide spirituel
Lors d'une inspection on m'a reproché de ne pas faire assez de correction collective et trop de corrections individuelles (séance sur les mesures de segments ). J'avais une classe très hétérogène. Je lançais la phase de découverte, corrigeait collectivement, puis chacun avançait à son rythme et je passais dans les rangs pour corriger, expliquer... De sorte que les plus rapides aient toujours du grain à moudre et les plus fragiles une présence pour donner des coups de pouce. Mais visiblement mon IEN et moi n'avons pas la même définition de la différenciation...
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- DhaiphiGrand sage
Et tu n'es pas la seule !!!maîtresse a écrit: Mais je crois que je garderai quand même mon avatar parce que je le trouve mignon ! :lol:
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- anndreinaNiveau 4
[quote="maîtresse"]coindeparadis, je ressens exactement la même chose. Je ne me sens plus légitime comme maîtresse. C'est presque honteux d'avouer qu'on fait des dictées, du calcul mental, des opérations, des problèmes, de l'histoire chronologique etc., pas des projets tous azimuts !/quote]
Bonsoir,
Je travaille en REP, et dans notre école les dictées, les opérations, les problèmes... sont au programme!
Et ceux qui ne font pas de calcul mental... comment travaillent-ils les compétences "Calculer mentalement? qui sont notées dans les programmes (du type: Calculer mentalement des sommes, des différences, des produits.")?
Enfin bref, je suis surprise.
Bonsoir,
Je travaille en REP, et dans notre école les dictées, les opérations, les problèmes... sont au programme!
Et ceux qui ne font pas de calcul mental... comment travaillent-ils les compétences "Calculer mentalement? qui sont notées dans les programmes (du type: Calculer mentalement des sommes, des différences, des produits.")?
Enfin bref, je suis surprise.
- User9242Niveau 5
maîtresse a écrit:Murr a écrit:maîtresse a écrit:Je ne parle pas allemand, mais je crois que je saisis l'idée.
Merci, thanks, danke, gracias, grazie.
Si je l'ai, je change de pseudo.
"M'dame" ?
Voilà, par exemple ! Mais je crois que je garderai quand même mon avatar parce que je le trouve mignon ! :lol:
Desnos, je souscris à tout ce que tu as écrit sur la pédagogie différenciée. J'ai hâte de lire la suite !
On pourrait dire la même chose sur l'évaluation positive, on ne fait que leurrer les élèves et leurs familles sur leurs capacités réelles. A mon avis, plus dure sera la chute !
C'est drôle quand même, plus le monde du travail devient impitoyable, plus l'école protège artificiellement les élèves. On va créer des générations de gens inemployables. Il ne faudra pas s'étonner si les patrons font massivement venir d'ailleurs une main d'oeuvre plus docile et mieux préparée.
Bonjour maîtresse.
Voici la suite, elle concerne justement l'évaluation chiffrée, que les apôtres du pédagogisme ont déclaré "persona non grata" :
La note ? Faites-moi disparaître ce miroir de la vérité !
Oui, on peut supprimer tout ce qui naguère faisait apparaître l'échec au grand jour : l’examen, la mesure, la note. Oui, on peut casser ce miroir, mais cela ne rendra pas la difficulté d'apprendre et l'échec scolaire plus beaux que Blanche neige.
- Cachez-moi donc ce monstre que je ne saurai voir ! dirait le Torquemada des innovations fallacieuses.
- Amen Maître. N'en déplaise à l’ancien ministre de l’éducation, Luc Ferry, qui crie à la « niaiserie : ce n'est pas en cassant le thermomètre qu’on récupérera les 140 000 enfants qui décrochent de l’école chaque année », il n'y aura ni notes ni examens et, partant, plus d'échec reconnaissable. Mais, on aura beau mettre la poussière sous le tapis, changer ou casser le thermomètre, cela ne changera rien à l'état du malade, ça ne fera pas disparaître sa fièvre.
Mal nous en a pris ! Pourquoi diantre irons-nous jusqu'à douter de la sincérité des raisons qui sous-tendent cette volonté de la suppression de la note ? Le Torquemada modernisant nous jure, la main sur le cœur, que c'est pour ne pas traumatiser l'élève avec une mauvaise note, car ce traumatisme serait responsable de son éventuel échec. Il nous assène, enfin, que les études en docimologie montrent le caractère subjectif et contre-productif de la note.
Or, lorsqu'on sait qu'elles reposent sur des expérimentations "arrangées" pour servir de caution à des préjugés idéologiques et qui, paradoxalement, instaurent en amont toutes les conditions – loin d'être objectives celles-là – leur permettant d’obtenir les résultats qu’elles visent à démontrer en aval, la scientificité de ces fameuses études en docimologie devient ipso facto douteuse. On s'aperçoit qu'il s'agit, au mieux, d'une sorte d'effet Pygmalion sur la base duquel l'on va jusqu'à décréter que c'est le mode et le contexte d’évaluation qui seraient en grande partie responsables de la difficulté et de l'échec scolaires, au lieu de les considérer comme de simples instruments de mesure permettant de les révéler.
(http://www.reseau-canope.fr/innovation2014/levaluation-positive.html?tx_cndpvideoflv_pi1[idvideo]=33)
Autrement dit, on entretient une subtile ambiguïté autour du mot « évaluation » pour faire accroire que les résultats des expériences valident l’idée qu’on veut démontrer, à savoir que les conditions de l’évaluation empêcheraient de progresser dans les apprentissages et provoqueraient l’échec scolaire. « Mal nommer les choses ajouterait au malheur du monde », disait A. Camus. Or, c’est justement là que réside le sophisme de cette démonstration fallacieuse, puisqu’en évitant de préciser de quel type d’évaluation il est question – formative ou sommative – on s’affranchit de la nécessité de reconnaître que le propre d’une évaluation sommative n’est pas de favoriser les apprentissages, ni de faire progresser l’élève, mais simplement de mesurer ses performances. Oserions-nous demander, par exemple, aux tests PISA de créer une dynamique favorable aux apprentissages ? Ce serait absurde.
À vrai dire, même battue en brèche, la doctrine de Torquemada n'en est pas moins cohérente. Elle a su déterminer une certaine adéquation entre les objectifs qu'elle s'est assignés et les moyens pour les atteindre. Derrière la guerre qu’elle a déclenchée contre la note, qu’elle considère comme emblème de l'évaluation sommative, c'est à cette dernière qu'elle en veut. Elle entend se contenter de simples évaluations formative et formatrice, lesquelles, à défaut de masquer l'échec scolaire qui existera toujours bon gré mal gré dans un contexte de classe ordinaire, sont drapées de la vertu de ne pas le révéler au grand jour, c’est-à-dire dans les statistiques et les documents officiels. Pour tuer son chien, qu’y a-t-il de mieux que de décréter qu’il a la rage ?
Pour réaliser ce dessein, un changement de paradigme lui a été éminemment nécessaire. Le faux débat relatif à l’évaluation a ouvert une boîte de Pandore. C’est ce qui va permettre à Torquemada d’accoucher de sa divine trouvaille : l’approche par compétences. Ainsi, au paradigme de la connaissance, qui sous-tend une logique de la transmission, centrée sur l’évaluation sommative, on substitue le paradigme de la compétence qui s’incarne dans une logique pédagogiste de construction de l’apprentissage, au sein de laquelle l’évaluation pertinente serait seulement formative et formatrice ; elles auraient la vertu de donner du sens, de motiver les élèves, de favoriser leur autonomie, de tenir compte de leur progressivité, etc. Rejetons alors cette satanée note et avec elle toute évaluation sommative qui nous jettent à la figure la réalité embarrassante de l'échec scolaire.
Cette escobarderie de Torquemada avait déjà été dénoncée, en 1984, par le linguiste et philosophe français, Jean-Claude Milner dans son ouvrage « De l’école » (Paris, Le Seuil, 1984) :
« Aussi le mauvais élève devient-il à leurs yeux le témoin de toutes les déchéances de la terre ; […] La plus simple consiste à vider de son sens toute notion liée à un échec possible : il ne doit plus y avoir de moyen de désigner tel ou tel comme mauvais élève. Il ne doit donc plus y avoir de notes. » (p. 84)
« […] la note subsiste toujours, mais, au lieu d'être attribuée par un maître, elle est le fruit d'une auto-évaluation où l'élève détermine lui-même s'il a mené à bien le projet qu'il avait lui-même construit » (p. 84)
Rappelons, par ailleurs, que Torquemada nous a également dit que la suppression de la note vise à éviter à l'élève le traumatisme que provoquerait celle-ci quand elle est mauvaise. Ce subit sursaut d’humanisme et d'angélisme pédagogique participe en réalité d’une capucinade qui masque mal ses mesquins relents culpabilisants. Or, qu'on le veuille ou non, la vie – et la vie professionnelle surtout – ne sont-elles pas faites de contraintes liées à la mesure des performances, à la concurrence et à la compétition ? Que pourrait la suppression de la note face à cette implacable réalité, sauf à installer les enfants dans une douce illusion égalitariste ? À cet égard, n’est-il pas légitime de se demander si le rôle de l'école n'est pas aussi de former l’enfant à la vie réelle dès le primaire ?
On aurait pu croire que le chemin de l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions ; mais cela n'avait pas empêché Jean-Claude Milner de s’interroger sur la sincérité de cet humanisme soudain et à géométrie variable :
« En supprimant l'échec, on a aussi supprimé le succès. Car, on a honte de le rappeler […] Mais, si l'on a l'âme suffisamment tendre pour s'émouvoir des drames du mauvais élève, pourquoi ne l'aurait-on pas assez ensoleillée pour se féliciter des happy endings du bon élève ? D'où vient cette autorité qu'on s'arroge de condamner le second, au bénéfice du premier ? D'où vient cette valorisation mesquine des petits drames ? » (Ibid., p. 85)
Pour lui, la suppression de la note, au motif d’un idéal égalitariste, relève plutôt de l’ordre de l’utopie.
« Si les signaux sont exprimés comme une mesure, c'est par une loi générale de nos sociétés : en fait, c'est une marque que la société imprime sur l'école. Pour que cette marque disparaisse, il faudrait que la société fût transformée, et cela, de fond en comble, puisqu'il faudrait que tout le langage de la mesure eût disparu. Aucune société moderne ne répond à cette condition, quel que soit par ailleurs son mode d'organisation. Une école qui n'émette aucun signal ou des signaux qui ne soient pas des mesures est donc bien de l'ordre du songe : un îlot enchanté de lisse sérénité au sein d'un monde traversé de ruptures et de failles. » (Ibid., p. 86)
Bonne journée.
- Ma'amÉrudit
Une fois de plus,
Il y en a d'autres ?
Il y en a d'autres ?
- Ma'amÉrudit
Juste un petit mot pour vous dire que j'ai eu le CAPES d'anglais !
Il va falloir que je m'occupe de mon changement de pseudo !
La bise à tous et je continuerai bien sûr à fréquenter cette partie du forum !
Il va falloir que je m'occupe de mon changement de pseudo !
La bise à tous et je continuerai bien sûr à fréquenter cette partie du forum !
- MurrNiveau 9
Félicitations, Maîtresse !
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- coindeparadisGuide spirituel
maîtresse a écrit:Juste un petit mot pour vous dire que j'ai eu le CAPES d'anglais !
Il va falloir que je m'occupe de mon changement de pseudo !
La bise à tous et je continuerai bien sûr à fréquenter cette partie du forum !
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- maikreeeesseGrand sage
Super, de la nouveauté, des projets, cela doit être très enthousiasmant. Je suis très contente pour toi.
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