J'ai l'impression de faire des cours nuls, je perds confiance en moi

Bonjour,
T1 cette année (histoire-géo), j'ai l'impression que mes cours sont nuls. J'essaie de mettre les élèves en activité à chaque séance, mais en ce moment, comme il faut boucler le programme de 3e, je fais beaucoup de magistral et de dialogué. J'ai différents profils de classes de 3e :
- la 3A, complètement amorphe, 2 ou 3 qui participent, et moi qui parle toute seule parfois ;
- la 3B, très agitée, mais sympathique ; je suis souvent obligée de m'arrêter de parler pour les engueuler, car ça bavarde beaucoup ;
- la 3C, calme, 2 ou 3 participent, mais là, depuis quelque temps, j'en ai un paquet qui se mettent à souffler ostensiblement afin de bien me montrer à quel point mon cours est chiant ; d'ailleurs, ils s'en étaient déjà plaints à un collègue (de ce que mes cours étaient chiants).
Face à ces profils de classes (surtout la 3C), évidemment, je me déstabilise. Je deviens moins dynamique, moins sûre de moi, quand j'entends souffler comme ça, et que je les vois avachis sur leurs chaises. J'ai l'impression de pas mettre les élèves assez en activité, mais c'est un peu dur vu qu'il y a le programme à boucler. En début d'année je ressentais la même impression (je faisais beaucoup de magistral et de dialogué mais je tâtonnais).
Quand je pense qu'à la fin de mon année de stage, l'an dernier, quelques élèves m'avaient dit qu'ils avaient bien aimé mes cours, je me dis "mais qu'est-ce qui a changé dans ma façon de faire ?" Car il est évident que je n'aurai pas ce type de remarque à la fin de l'année.
En somme, je perds confiance en moi. J'ai l'impression que je ferai sans doute partie de cette catégorie de profs que l'on qualifie d'incompétents, et ça me rend malade.
Merci d'avoir lu mon pavé. Si vous pouviez m'aider à relativiser...

Franchement, tu décris ce que nous vivons tous au quotidien à cette période de l'année. On est quand même mi-juin, c'est pas le mois de l'année le plus épanouissant pour un enseignant.

Ne stresse pas pour le programme à finir et ne te remets pas en cause pour si peu.

Bonjour.

1.Tu découvres la magiiiie de l'enseignemeeent.
2.Peu d' élèves sont et seront un jour capables d'évaluer un cours.
3.Tes cours ne sont pas nuls au motif qu'ils ne veulent pas travailler tes activités... car voir point 1, et 2 et 4.
4.Ce sont des fainéasses.

Remarque : Mon ordi ne connait pas cette orthographe pour fainéasse et pourtant LF Céline l'écrit comme ça. C'est donc correct.

C'est vrai que cette remise en question ne m'envahit que depuis 2 semaines. Mais elle m'avait déjà prise en septembre-octobre. En fait, j'ai l'impression de ne pas faire ce que voudraient les inspecteurs : faire que les élèves soient "acteurs de leurs savoirs". Je sais c'est naze, moi qui suis assez anti-réforme et anti-espé, mais... Je n'arrive pas à imaginer des activités captivantes. Une fois, j'ai un copain-collègue qui m'avait montré une de ses activités (en histoire) et c'est là que j'ai découvert l'ampleur de ma banalité. Son truc était tout simplement génial. Je n'arrive pas à en faire autant. Je me fatigue à essayer de trouver des trucs bien, et au bout d'un moment j'en ai tellement marre que je prends les documents et questions du manuel. Bof, mais c'est mieux que rien...

Je ressens les choses comme toi, courage !

Courage Kiko, nous avons tous ressenti et ressentirons à nouveau ce que tu décris! Ne te flagelle pas. Je pense que le simple fait que tu t'interroges prouve ton sérieux.

La semaine dernière j'ai carrément entendu, alors que le calme planait en cours : "Il est quelle heure ? " "Quoi il reste 5 mn ??? pffffff" (soupir qui voulait dire "TOUT ÇA ???") De la part d'un élève sérieux et bosseur, en plus.
Ça a été chuchoté, mais j'ai entendu. Je me suis complètement effondrée moralement (j'ai fait en sorte de ne pas le montrer). Bon ok, jeudi am entre 15h et 16h, chaleur accablante. Mais rebelote jeudi dernier, avec de l'insolence en prime.
Au fait, mon tuteur de stage m'avait fait (gentiment) la remarque que je n'étais pas dynamique en cours, que j'étais très monocorde. Je me suis convaincue que ça viendrait avec l'expérience. On verra bien.

Et oui, tu n'es pas ma seule. Même des activités qui passent très bien une année ou avec une classe ne passeront pas l'année suivante avec d'autres classes. Et puis, les mettre en activité tout le temps, à un moment, ils ne savent plus réfléchir dans le calme et tout seuls. C'est cela qui devient difficile pour eux et qui les rebute. Enfin, en ce moment, on est tous en train de courir après notre programme et d'essayer d'aller au plus efficace et au plus rapide.

Même rodés, mes cours de fin d'année sont comme des assommoirs pour les élèves comme pour moi même. Je trouve tout nul à cette époque de l'année.

Je te comprends très bien. Moi aussi, il m'arrive régulièrement de me décourager pour ces motifs. L'institution nous culpabilise beaucoup, et, pour notre santé mentale, il faut se défaire de l'impression d'être un mauvais prof parce que les élèves ne sont pas passionnés. Je suis moi aussi souvent en panne d'idées d'activités mais, dans ces moments-là, je me dis que le fond de mon métier n'est pas de chercher à faire du ludique. Courage, les vacances sont proches

Quelle catastrophe ! Tu ne fais pas des activités ! Hérétique !
Tu oses du magistral ? La chemise de souffre !
Relapse, tu persiste et résigne avec du dialogué ? La roue ! Crime de lèse ESPE, espèce de petit Luther (aux dents pointues) de la contre-réforme !

On va être clair : quel que soit la qualité du cours, la méthode "visée par l'ESPE" ou pas, on est en fin d'année, et passé les conseils, RIEN ne compte (comme quand il se met à neiger, tiens). Tu pourrais faire un show avec des tigres albinos, des éphèbes musculeux et des danseuses court-vêtues que ça ne changerait rien (quoique, pour les deux dernières propositions...).

Le mois de Juin est désorganisé au possible, et tu n'y ait pour rien : tu ne peux pas vider le pacifique à toi seul. Alors haut les coeurs, et cinglons vers les rivages jolis de Juillet...

kiko30 a écrit:C'est vrai que cette remise en question ne m'envahit que depuis 2 semaines. Mais elle m'avait déjà prise en septembre-octobre. En fait, j'ai l'impression de ne pas faire ce que voudraient les inspecteurs : faire que les élèves soient "acteurs de leurs savoirs". Je sais c'est naze, moi qui suis assez anti-réforme et anti-espé, mais... Je n'arrive pas à imaginer des activités captivantes. Une fois, j'ai un copain-collègue qui m'avait montré une de ses activités (en histoire) et c'est là que j'ai découvert l'ampleur de ma banalité. Son truc était tout simplement génial. Je n'arrive pas à en faire autant. Je me fatigue à essayer de trouver des trucs bien, et au bout d'un moment j'en ai tellement marre que je prends les documents et questions du manuel. Bof, mais c'est mieux que rien...

Ne te décourage pas, tu n'es pas seule à penser ainsi Je me retrouve très bien dans tes propos ! Le ludique, les super-activités-trop-cool-que-les-élèves-ne-voient-pas-le-temps-passer-et-en-redemandent ... Je suis bien incapable de faire tout ça ! J'aurais aimé que ma formation me serve à ça, à avoir de bons exemples (mais bon, ça c'est juste un rêve :lol: ).
Donc je t'envoie du courage !! L'année se termine, plus que quelques heures plus ou moins pénibles et ... vacances ! Je me dis que je pourrai m'améliorer pour la prochaine rentrée et que pour cette fin d'année, je fais ce que je peux et du mieux que je peux (même si ce n'est pas au goût des élèves ).
Courage

Franchement cette histoire de "mise en activité" à tout prix ça fait un peu peur. Dans mon souvenir, les profs que j'ai préférés étaient ceux qui faisaient pas mal de magistral (mais vivant!). Je n'aimerais vraiment pas être élève aujourd'hui.
Et je rejoins les autres (Dr Raynal m'a bien fait rire), à cette époque de l'année, ils sont rarement réceptifs et je ne crois même pas qu'un spectacle pyrotechnique suffirait.

Peu importe la qualité du cours proposé, il y en aura toujours pour trouver que c'est nul. Quant aux élèves impolis (qui soufflent, demandent l'heure à haute voix), eux aussi tu en rencontreras tout le temps. Pas la peine de te prendre la tête pour ça. Courage, c'est bientôt la fin!

Quand j'y repense, lorsque j'étais en 4e, les cours d'histoire c'était du 100% magistral (c'était il y a 15 ans), le prof vidéoprojetait le plan du cours avec les mots-clés et basta. Bon, on s'ennuyait, mais on n'en est pas morts. En 3e, c'était du 100% dialogué et magistral, mais vivant. C'est cette prof qui m'a fait aimer sa matière (et son métier). Donc je relativise en me disant que ce type de cours plaît à certains élèves, au moins.

Il n'est normal d'avoir parfois des coups de mou et de manquer de confiance en soi. Certains de tes élèves et de tes classes apprécient sans doute tes cours, d'autres moins, et c'est normal aussi. D'autres encore s'apercevront après coup que tu leur as apporté beaucoup de choses.

Première année en lycée, je me suis posé et me pose encore beaucoup de questions à l'heure du bilan. Hier après mon dernier cours de l'année, j'ai croisé à la sortie un élève qui m'a dit avoir passé une bonne année avec moi, ce n'est pas grand chose mais ça me permettra de douter un peu moins à la rentrée.

Nous en somme tous régulièrement au même point.
Il faut savoir rester zen et conserver sa confiance en soi, même seul contre tous...

kiko30 a écrit:En fait, j'ai l'impression de ne pas faire ce que voudraient les inspecteurs : faire que les élèves soient "acteurs de leurs savoirs".

Si un inspecteur se laisse aveugler par ce type de slogan sans signification, cela signifie que son avis est de ceux qu'il faut réserver, comme eût dit Descartes, "pour le dernier usage".

:lol: