- VioletEmpereur
Dans le passage suivant, la falaise dont il est question est-elle réelle ou s'agit-il d'une image évoquant le bloc formé par Créon et ses assesseurs ?
Je ne dispose pas du livre pour vérifier.
[C'est Antigone qui raconte.] Créon s'impatiente et ordonne à Ismène de prendre place de l'autre côté de la salle. Il y a de nouveau en face de nous la falaise ou le rempart livide derrière lequel se dissimulent le roi vautour et ses mangeurs de cadavres. Il énumère un à un les crimes de Polynice et déclare que la loi, condamnant les corps des traîtres à pourrir sans sépulture hors des murs de la cité, est la plus antique, la plus vénérable des lois de la Grèce. Repliée sur moi-même je me tais, comme le veut Ismène, je me tais de toutes mes forces. C'est en finissant que le Grand Proférateur énonce la véritable accusation : "Tout le monde à Thèbes m'obéit, sauf toi, une femme !" Ismène, d'un cillement des yeux, m'avertit : Nous y voilà ! Nous y sommes, c'est vrai et je voudrais me taire encore mais cette fois je ne puis plus déguiser ma pensée. Mes yeux que le soleil fait larmoyer, ne peuvent plus discerner dans les formes de pierre le véritable Créon, et c'est à voix basse, peut-être pour lui seul, que je trouve la force de dire : "Je ne refuse pas les lois de la cité, ce sont des lois pour les vivants, elles ne peuvent s'imposer aux morts. Pour ceux-ci il existe une autre loi qui est inscrite dans le corps des femmes. Tous nos corps, ceux des vivants et ceux des morts, sont nés un jour d'une femme, ils ont été portés, soignés, chéris par elle. Une intime certitude assure aux femmes que ces corps, lorsque la vie les quitte, ont droit aux honneurs funèbres et à entrer à la fois dans l'oubli et l'infini respect. Nous savons cela, nous le savons sans que nul ne l'enseigne ou l'ordonne." La grande falaise royale s'élève et occupe tout l'horizon tandis qu'en face de moi le personnage crispé de Créon proclame : " A Thèbes il n'y a qu'une seule loi et jamais une femme n'y fera prévaloir la sienne." Il se tourne vers ses assesseurs : "Vous l'avez entendue, que dit la loi ?" Ils s'inclinent et leurs voix répondent en écho : "La mort."
Je ne dispose pas du livre pour vérifier.
[C'est Antigone qui raconte.] Créon s'impatiente et ordonne à Ismène de prendre place de l'autre côté de la salle. Il y a de nouveau en face de nous la falaise ou le rempart livide derrière lequel se dissimulent le roi vautour et ses mangeurs de cadavres. Il énumère un à un les crimes de Polynice et déclare que la loi, condamnant les corps des traîtres à pourrir sans sépulture hors des murs de la cité, est la plus antique, la plus vénérable des lois de la Grèce. Repliée sur moi-même je me tais, comme le veut Ismène, je me tais de toutes mes forces. C'est en finissant que le Grand Proférateur énonce la véritable accusation : "Tout le monde à Thèbes m'obéit, sauf toi, une femme !" Ismène, d'un cillement des yeux, m'avertit : Nous y voilà ! Nous y sommes, c'est vrai et je voudrais me taire encore mais cette fois je ne puis plus déguiser ma pensée. Mes yeux que le soleil fait larmoyer, ne peuvent plus discerner dans les formes de pierre le véritable Créon, et c'est à voix basse, peut-être pour lui seul, que je trouve la force de dire : "Je ne refuse pas les lois de la cité, ce sont des lois pour les vivants, elles ne peuvent s'imposer aux morts. Pour ceux-ci il existe une autre loi qui est inscrite dans le corps des femmes. Tous nos corps, ceux des vivants et ceux des morts, sont nés un jour d'une femme, ils ont été portés, soignés, chéris par elle. Une intime certitude assure aux femmes que ces corps, lorsque la vie les quitte, ont droit aux honneurs funèbres et à entrer à la fois dans l'oubli et l'infini respect. Nous savons cela, nous le savons sans que nul ne l'enseigne ou l'ordonne." La grande falaise royale s'élève et occupe tout l'horizon tandis qu'en face de moi le personnage crispé de Créon proclame : " A Thèbes il n'y a qu'une seule loi et jamais une femme n'y fera prévaloir la sienne." Il se tourne vers ses assesseurs : "Vous l'avez entendue, que dit la loi ?" Ils s'inclinent et leurs voix répondent en écho : "La mort."
- VioletEmpereur
75 lectures et pas une réponse...
Vous séchez ou ma question est très bête ?
Vous séchez ou ma question est très bête ?
- nuagesGrand sage
Je voudrais bien te répondre mais je ne connaissais même pas l'existence de cette réécriture d'Antigone , donc c'est toi qui m'apprends quelque chose ! A lire le passage que tu indiques je pencherais pour une falaise figurant dans le décor qui prend une valeur symbolique puisqu'elle s'élève quand le roi se fait plus tyrannique et qu'elle bouche l'horizon de la liberté quand est prononcée la condamnation d'Antigone.
- VioletEmpereur
C'est l'hypothèse pour laquelle je penchais mais comme le début de cet extrait de roman indique qu'ils sont dans une salle, j'ai un doute.
Je m'interroge aussi sur le "derrière lequel se dissimulent le roi vautour et ses mangeurs de cadavres"... J'aurais mis "devant lequel"...
Merci pour ta réponse, Nuages.
Je m'interroge aussi sur le "derrière lequel se dissimulent le roi vautour et ses mangeurs de cadavres"... J'aurais mis "devant lequel"...
Merci pour ta réponse, Nuages.
- antigoneJe viens de m'inscrire !
J'espère qu'il n'est pas trop tard...
Dans le livre, ce n'est pas clair car Antigone ne sait pas trop ce qu'elle voit
p 313: "Nous [Ismène et elle] gravissons un escalier obscur suivi d'un long corridor et soudain je me trouve éblouie, sur le seuil d'une salle immense. En face de moi, mes yeux blessés par le soleil découvrent trois grandes statues de pierre.
Ces trois juges me dévisagent avec rigueur. [...]
Après une nuit sans sommeil et une journée harassante, ma tête bourdonne de douleur et mes yeux aveuglés se ferment. Ce qui est devant moi, cette lourde chaine de statues ou de falaises abruptes, est-ce Créon et ses juges ou seulement une imagination funeste de mon corps et de mon esprit épuisé?" (le passage que tu as cité se trouve p 315-316)
Visiblement d'après le livre il s'agit des juges.
J'espère t'avoir aidée.
Dans le livre, ce n'est pas clair car Antigone ne sait pas trop ce qu'elle voit
p 313: "Nous [Ismène et elle] gravissons un escalier obscur suivi d'un long corridor et soudain je me trouve éblouie, sur le seuil d'une salle immense. En face de moi, mes yeux blessés par le soleil découvrent trois grandes statues de pierre.
Ces trois juges me dévisagent avec rigueur. [...]
Après une nuit sans sommeil et une journée harassante, ma tête bourdonne de douleur et mes yeux aveuglés se ferment. Ce qui est devant moi, cette lourde chaine de statues ou de falaises abruptes, est-ce Créon et ses juges ou seulement une imagination funeste de mon corps et de mon esprit épuisé?" (le passage que tu as cité se trouve p 315-316)
Visiblement d'après le livre il s'agit des juges.
J'espère t'avoir aidée.
- PuckVénérable
Ton passage m'a fait penser aux roches Phédriades de Delphes. D'autant que la Pythie joue le rôle que l'on sait dans l'histoire d'Oedipe et sa fille. J'ai donc recherché et trouvé un truc qui peut peut-être t'aider.
http://www.persee.fr/doc/bch_0304-2456_1981_sup_7_1_5178
http://www.persee.fr/doc/bch_0304-2456_1981_sup_7_1_5178
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
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