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- scoutnessNiveau 1
Bonjour à tous,
Auriez-vous, dans vos tablettes, une fiche expliquant les différentes caractéristiques de l'anti-héros ?
En effet, je vais commencer ma séquence sur L'Etranger en 1ère et je souhaiterai faire un point sur cette notion.
Mais surtout, pourriez-vous m'expliquer la différence entre anti-héros et héros de l'absurde ? C'est bête, mais je pense que je serai incapable de faire la distinction devant mes élèves.
Pour moi, Meursault est un anti-héros dans le sens qu'il ne correspond en rien au héros traditionnel (à part, dans un monde qu'il ne comprend pas). Mais en quoi est-il aussi un héros absurde ? Le fait de montrer le vide existentiel fait-il de lui un héros absurde ?
MErci d'avance :-)
Auriez-vous, dans vos tablettes, une fiche expliquant les différentes caractéristiques de l'anti-héros ?
En effet, je vais commencer ma séquence sur L'Etranger en 1ère et je souhaiterai faire un point sur cette notion.
Mais surtout, pourriez-vous m'expliquer la différence entre anti-héros et héros de l'absurde ? C'est bête, mais je pense que je serai incapable de faire la distinction devant mes élèves.
Pour moi, Meursault est un anti-héros dans le sens qu'il ne correspond en rien au héros traditionnel (à part, dans un monde qu'il ne comprend pas). Mais en quoi est-il aussi un héros absurde ? Le fait de montrer le vide existentiel fait-il de lui un héros absurde ?
MErci d'avance :-)
- 79 airlinesNiveau 9
De l'absurde en ce sens où il ne semble jamais trop savoir ce qu'il fait, ce qu'il doit faire, penser... Comme si tout revient au même, sans cesse.
Héros car c'est lui qui porte le chapeau pour tous ceux qui agissent de même (sans vraiment savoir ce qu'ils font) ?
Mais il y a sûrement plus représentatif en ce domaine : Ignatius, dans La conjuration des imbéciles, est héroïque dans l’absurde, absurdement héroïque, mais héroïque pour sûr !
p.s : c'est un point de vue perso, suis pas prof de lettres^^
Héros car c'est lui qui porte le chapeau pour tous ceux qui agissent de même (sans vraiment savoir ce qu'ils font) ?
Mais il y a sûrement plus représentatif en ce domaine : Ignatius, dans La conjuration des imbéciles, est héroïque dans l’absurde, absurdement héroïque, mais héroïque pour sûr !
p.s : c'est un point de vue perso, suis pas prof de lettres^^
- OrlandaFidèle du forum
Je ne vais pas aider sans doute, mais faire part de mes réserves.
Je ne parle jamais de "anti-héros". C'est cette expression que je trouve absurde. Je ne la comprends pas, à vrai dire. Elle n'éclaire pas pour moi la lecture d'un roman.
Meursault est un personnage qui ne se laisse pas si facilement définir, et quand je fais étudier L'Etranger, je demande aux élèves de réfléchir à ce personnage pour lui-même.
C'est déjà beaucoup et très bien que les élèves parviennent à parler du personnage en son roman. Meursault, tel qu'il se livre, dans ce roman piégé qu'est l'Etranger.
Souvent, quand les élèves tentent de m'expliquer à l'oral que tel personnage est un anti-héros, ils s'enlisent misérablement. Je ne les sanctionne pas, car ce n'est pas de leur faute, on leur a dit que Meursault était un anti-héros. Mais en dehors de ça, ils n'ont en général pas grand-chose à dire sur lui.
Et surtout, à quel personnage de roman opposer l'exemple de Meursault? Puisqu'il est anti-, quel est son contraire?
Pas simple.
Je ne parle jamais de "anti-héros". C'est cette expression que je trouve absurde. Je ne la comprends pas, à vrai dire. Elle n'éclaire pas pour moi la lecture d'un roman.
Meursault est un personnage qui ne se laisse pas si facilement définir, et quand je fais étudier L'Etranger, je demande aux élèves de réfléchir à ce personnage pour lui-même.
C'est déjà beaucoup et très bien que les élèves parviennent à parler du personnage en son roman. Meursault, tel qu'il se livre, dans ce roman piégé qu'est l'Etranger.
Souvent, quand les élèves tentent de m'expliquer à l'oral que tel personnage est un anti-héros, ils s'enlisent misérablement. Je ne les sanctionne pas, car ce n'est pas de leur faute, on leur a dit que Meursault était un anti-héros. Mais en dehors de ça, ils n'ont en général pas grand-chose à dire sur lui.
Et surtout, à quel personnage de roman opposer l'exemple de Meursault? Puisqu'il est anti-, quel est son contraire?
Pas simple.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- Tem-toGrand sage
Je dirais que Meursault n'est pas un anti-héros mais un non-héros en ce sens qu'il est essentiellement passif, passivité à débattre dans son meurtre de l'Arabe. Il n'a que des réactions et ne fait aucune action pour se construire soit comme héros soit comme anti-héros. Meursault ne "naît" véritablement à l'action que face au prêtre, en prison, avant d'être exécuté, acculé par la fin consciente de sa vie. Son drame, c'est qu'il ne "naît" qu'à la fin du roman. Pour moi dans l'absurde (l'Etranger est dans le cycle de l'absurde de Camus), il n'y a ni héros ni anti-héros, il y a des non-héros.
Pour moi, l'anti-héros, c'est un personnage sur lequel on peut avoir un jugement moral nettement dans le négatif relativement à sa façon d'être au monde et/ou à ses interactions avec les autres personnages (Georges Duroy chez Maupassant, tous les Rougon sauf le docteur Pascal chez Zola).
Le héros, lui, représente parfois à son propre détriment des valeurs positives et agit de façon morale comme le Docteur Rieux dans La Peste.
Pour moi, l'anti-héros, c'est un personnage sur lequel on peut avoir un jugement moral nettement dans le négatif relativement à sa façon d'être au monde et/ou à ses interactions avec les autres personnages (Georges Duroy chez Maupassant, tous les Rougon sauf le docteur Pascal chez Zola).
Le héros, lui, représente parfois à son propre détriment des valeurs positives et agit de façon morale comme le Docteur Rieux dans La Peste.
- DimkaVénérable
Salut,
Rien d’absurde : http://blogs.mediapart.fr/blog/eric-pierre-michel/240412/albert-camus-totem-et-tabou-politique-de-la-posterite-dyves-anse
Rien d’absurde : http://blogs.mediapart.fr/blog/eric-pierre-michel/240412/albert-camus-totem-et-tabou-politique-de-la-posterite-dyves-anse
Sur une plage, un dimanche, un pied noir armé d’un revolver tire sur un Arabe (le mot propre, le mot « Algérien » n’apparaît pas) armé d’un couteau. Meursault est jugé et condamné à mort, non pour le meurtre d’un homme, mais parce qu’il n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère, a fumé une cigarette devant son cercueil, etc. Dans quel ordre social une cigarette pèse-t-elle plus que le meurtre d’un homme ? Réponse : dans le système colonial où un colonisé ne vaut rien, est égal à zéro. Et c’est pourquoi, dans la seconde partie du roman, au cours du procès, jamais il n’est question du meurtre de l’Arabe, oublié, enterré, proprement néantisé. Autrement dit, le roman traduit lumineusement l’inégal rapport de forces entre les colons et les colonisés, et le meurtre révèle brutalement l’antagonisme larvé, mais violent, entre les deux populations. Loin que la cause de l’assassinat soit le soleil (c’est l’explication avancée par le meurtrier, et rituellement reprise par la critique officielle), c’est la « haine » (le dernier mot du roman) qui arme la main de Meursault, lequel, quelque temps avant de tuer l’Arabe, avait déclaré à son ami : « Prends-le d’homme à homme et donne-moi ton revolver. Si l’autre intervient ou s’il tire son couteau, je le descendrai ». Voilà des mots simples, des phrases univoques, et sans circonstances atténuantes. Quand, plus tard, l’Arabe tirera son couteau, Meursault fera ce qu’il a dit qu’il ferait, il le « descendra ». Nous avons donc bien affaire à un meurtre annoncé, programmé, pas à un meurtre gratuit, involontaire, « absurde ». Et bien, aussi limpide et explicite que soit la lettre du roman, d’un commun accord, commentateurs et critiques ont choisi de se voiler la face, et c’est ainsi que depuis 1942, L’Etranger est un roman censé illustrer la philosophie de l’absurde.
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- Spoiler:
- Tem-toGrand sage
Petitfils a écrit:Je dirais que Meursault n'est pas un anti-héros mais un non-héros en ce sens qu'il est essentiellement passif, passivité à débattre dans son meurtre de l'Arabe. Il n'a que des réactions et ne fait aucune action pour se construire soit comme héros soit comme anti-héros.
Dimka, je m'autocite, pardon, mais j'avais bien écrit "à débattre".
C'est vrai qu'il faut prendre en compte la dimension du colonialisme et j'adhère au passage concernant sa critique dans la citation que tu mets en exergue.
Mais dans le roman, Meursault n'a jamais vécu que dans la passivité que Camus rapproche de l'absurde en en développant les conséquences. C'est cette passivité de Meursault, son agacement permanent, cette aide bête à son "ami" auquel il propose de tuer l'Arabe au cas où, bref cet absurde existentiel, qui le fait passer à l'acte criminel.
Pour moi, L'Etranger est un roman d'initiation qui dénonce l'absurde de la passivité comme posture à risque pour l'être humain dans ses rapports avec les autres (et avec lui-même), dans la vie réelle. C'est un roman apologue. Pour sortir de l'impasse de l'absurde, Camus dans ses oeuvres suivantes prônera un humanisme littéraire par le biais du cycle de la révolte, notamment avec La Peste.
- Tem-toGrand sage
Dimka, merci d'avoir partagé ce très intéressant document.
- DimkaVénérable
C’est un prof que j’avais eu à la fac, je me souviens de cours sur Camus : ça m’avait plu (j’aimais bien sa rigueur méthodologique), mais n’étant pas du tout spécialiste de Camus, je serais bien incapable de retranscrire ce qu’il avait expliqué. Du coup, j’ai cherché s’il exposait ses conceptions sur internet, et je suis tombé sur cet article. D’ailleurs, j’ai vu qu’il avait écrit un livre sur Camus, je crois que je vais me le procurer.
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- Spoiler:
- scoutnessNiveau 1
Je comprends bien votre position sur l'anti héros. C'est vrai que Meursault correspond plus à un non héros, surtout si on le compare à des personnages comme Duroy.
Pas facile d'expliquer ça à des Premières. Je vais tenter de m'en sortir grâce à vos messages ;-)
Merci merci merci.
Je bénis ce forum !!!
Pas facile d'expliquer ça à des Premières. Je vais tenter de m'en sortir grâce à vos messages ;-)
Merci merci merci.
Je bénis ce forum !!!
- Invité ElExpert spécialisé
"Absurde" a un sens bien spécifique dans le cycle formé par L'Etranger, Le mythe de Sisyphe et Caligula.
Le mieux est de laisser parler Camus lui-même, je trouve. Quand j'ai fait l'Etranger, j'avais donné ce long passage du Mythe de Sisyphe:
"Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.
C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre luimême. Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.
Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tragique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa misérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.
Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au cœur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher luimême. Ce sont nos nuits de Gethsémani. Mais les vérités écrasantes périssent d'être reconnues. Ainsi, Œdipe obéit d'abord au destin sans le savoir. A partir du moment où il sait, sa tragédie commence. Mais dans le même instant, aveugle et désespéré, il reconnaît que le seul lien qui le rattache au monde, c'est la main fraîche d'une jeune fille. Une parole démesurée retentit alors : " Malgré tant d'épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. " L'Œdipe de Sophocle, comme le Kirilov de Dostoïevsky, donne ainsi la formule de la victoire absurde. La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne.
On ne découvre pas l'absurde sans être tenté d'écrire quelque manuel du bonheur. " Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? " Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur. " Je juge que tout est bien ", dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers farouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.
Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.
L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.
Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux."
La fin du texte empêche de voir Meursault comme un héros teinté de négativité. La comparaison avec Sartre est aussi intéressante. Camus disait ceci dans un article de l'Alger républicain, le 20 octobre 1938, à propos de La Nausée.
"Dans les vies les mieux préparées, il arrive toujours un moment où les décors s'écroulent. Pourquoi ceci et cela, cette femme, ce métier et cet appétit d'avenir ? Et pour tout dire, pourquoi cette agitation à vivre dans ces jambes qui vont pourrir ?
Ce sentiment nous est commun. Et d'ailleurs, pour la plupart des hommes, l'approche du dîner, une lettre reçue, ou un sourire de passante, suffisent à leur faire passer le cap. Mais pour qui a le goût de creuser ses idées, regarder cette idée en face rend la vie impossible. Et vivre en jugeant que cela est vain, voilà qui crée l'angoisse. À force de vivre à contre-courant, un dégoût, une révolte transporte tout l'être et la révolte du corps, cela s'appelle la nausée.
Étrange sujet sans doute, le plus banal de tous cependant. M. Sartre le mène de bout en bout avec une vigueur et une sûreté qui marquent ce que peut avoir de quotidien un dégoût d'apparence si subtile. C'est dans cet effort que se retrouve la parenté de M. Sartre avec un auteur qu'on n'a pas (sauf erreur) cité à propos de la Nausée, je veux dire Franz Kafka.
Mais la différence est que devant le roman de M. Sartre, je ne sais quelle gêne empêche l'adhésion du lecteur et l'arrête au seuil du consentement. Je l'attribue sans doute à ce déséquilibre si sensible entre la pensée de l'œuvre et les images où elle se joue. Mais peut-être peut-on penser autre chose. Car l'erreur d'une certaine littérature, c'est de croire que la vie est tragique parce qu'elle est misérable.
Elle peut être bouleversante et magnifique, voilà toute sa tragédie. Sans la beauté, l'amour ou le danger, il serait presque facile de vivre. Et le héros de M. Sartre n'a peut-être pas fourni le vrai sens de son angoisse lorsqu'il insiste sur ce qui lui répugne dans l'homme, au lieu de se fonder sur certaines de ses grandeurs des raisons de désespérer."
L'article cité plus haut dans le fil est vraiment intéressant. J'ai l'impression qu'après des années marquées par le structuralisme, on repolitise fortement la lecture de Camus. Je ne sais pas si c'est toujours pertinent, mais c'est vraiment enrichissant.
J'aimais bien rappeler en cours que l'Etranger est, comme les deux autres oeuvres, considéré par Camus comme un texte théorique, au même titre que le Mythe qui n'est pas une sorte de commentaire du roman. Je trouve que ça évite de faire des généralités trop grosses et trop commodes pour faire rentrer ce roman dans l'objet d'étude "le personnage de roman".
Le mieux est de laisser parler Camus lui-même, je trouve. Quand j'ai fait l'Etranger, j'avais donné ce long passage du Mythe de Sisyphe:
"Tout au bout de ce long effort mesuré par l'espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.
C'est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre luimême. Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.
Si ce mythe est tragique, c'est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l'espoir de réussir le soutenait ? L'ouvrier d'aujourd'hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n'est pas moins absurde. Mais il n'est tragique qu'aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l'étendue de sa misérable condition : c'est à elle qu'il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.
Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n'est pas de trop. J'imagine encore Sisyphe revenant vers son rocher, et la douleur était au début. Quand les images de la terre tiennent trop fort au souvenir, quand l'appel du bonheur se fait trop pressant, il arrive que la tristesse se lève au cœur de l'homme : c'est la victoire du rocher, c'est le rocher luimême. Ce sont nos nuits de Gethsémani. Mais les vérités écrasantes périssent d'être reconnues. Ainsi, Œdipe obéit d'abord au destin sans le savoir. A partir du moment où il sait, sa tragédie commence. Mais dans le même instant, aveugle et désespéré, il reconnaît que le seul lien qui le rattache au monde, c'est la main fraîche d'une jeune fille. Une parole démesurée retentit alors : " Malgré tant d'épreuves, mon âge avancé et la grandeur de mon âme me font juger que tout est bien. " L'Œdipe de Sophocle, comme le Kirilov de Dostoïevsky, donne ainsi la formule de la victoire absurde. La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne.
On ne découvre pas l'absurde sans être tenté d'écrire quelque manuel du bonheur. " Eh ! quoi, par des voies si étroites... ? " Mais il n'y a qu'un monde. Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur. " Je juge que tout est bien ", dit Œdipe, et cette parole est sacrée. Elle retentit dans l'univers farouche et limité de l'homme. Elle enseigne que tout n'est pas, n'a pas été épuisé. Elle chasse de ce monde un dieu qui y était entré avec l'insatisfaction et le goût des douleurs inutiles. Elle fait du destin une affaire d'homme, qui doit être réglée entre les hommes.
Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.
L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. S'il y a un destin personnel, il n'y a point de destinée supérieure ou du moins il n'en est qu'une dont il juge qu'elle est fatale et méprisable. Pour le reste, il se sait le maître de ses jours. A cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore.
Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux."
La fin du texte empêche de voir Meursault comme un héros teinté de négativité. La comparaison avec Sartre est aussi intéressante. Camus disait ceci dans un article de l'Alger républicain, le 20 octobre 1938, à propos de La Nausée.
"Dans les vies les mieux préparées, il arrive toujours un moment où les décors s'écroulent. Pourquoi ceci et cela, cette femme, ce métier et cet appétit d'avenir ? Et pour tout dire, pourquoi cette agitation à vivre dans ces jambes qui vont pourrir ?
Ce sentiment nous est commun. Et d'ailleurs, pour la plupart des hommes, l'approche du dîner, une lettre reçue, ou un sourire de passante, suffisent à leur faire passer le cap. Mais pour qui a le goût de creuser ses idées, regarder cette idée en face rend la vie impossible. Et vivre en jugeant que cela est vain, voilà qui crée l'angoisse. À force de vivre à contre-courant, un dégoût, une révolte transporte tout l'être et la révolte du corps, cela s'appelle la nausée.
Étrange sujet sans doute, le plus banal de tous cependant. M. Sartre le mène de bout en bout avec une vigueur et une sûreté qui marquent ce que peut avoir de quotidien un dégoût d'apparence si subtile. C'est dans cet effort que se retrouve la parenté de M. Sartre avec un auteur qu'on n'a pas (sauf erreur) cité à propos de la Nausée, je veux dire Franz Kafka.
Mais la différence est que devant le roman de M. Sartre, je ne sais quelle gêne empêche l'adhésion du lecteur et l'arrête au seuil du consentement. Je l'attribue sans doute à ce déséquilibre si sensible entre la pensée de l'œuvre et les images où elle se joue. Mais peut-être peut-on penser autre chose. Car l'erreur d'une certaine littérature, c'est de croire que la vie est tragique parce qu'elle est misérable.
Elle peut être bouleversante et magnifique, voilà toute sa tragédie. Sans la beauté, l'amour ou le danger, il serait presque facile de vivre. Et le héros de M. Sartre n'a peut-être pas fourni le vrai sens de son angoisse lorsqu'il insiste sur ce qui lui répugne dans l'homme, au lieu de se fonder sur certaines de ses grandeurs des raisons de désespérer."
L'article cité plus haut dans le fil est vraiment intéressant. J'ai l'impression qu'après des années marquées par le structuralisme, on repolitise fortement la lecture de Camus. Je ne sais pas si c'est toujours pertinent, mais c'est vraiment enrichissant.
J'aimais bien rappeler en cours que l'Etranger est, comme les deux autres oeuvres, considéré par Camus comme un texte théorique, au même titre que le Mythe qui n'est pas une sorte de commentaire du roman. Je trouve que ça évite de faire des généralités trop grosses et trop commodes pour faire rentrer ce roman dans l'objet d'étude "le personnage de roman".
- Invité ElExpert spécialisé
Si cela peut aussi te donner des idées, j'avais fait en complément un commentaire du tableau de Hopper, Conference at Night.
J'ai volé l'idée à A. Verlet, qui proposait ce rapprochement dans l'édition chez "folio plus classiques". Les élèves avaient beaucoup réagi à l'univers de Hooper, et au tableau en particulier.
J'ai volé l'idée à A. Verlet, qui proposait ce rapprochement dans l'édition chez "folio plus classiques". Les élèves avaient beaucoup réagi à l'univers de Hooper, et au tableau en particulier.
- scoutnessNiveau 1
D'accord, ca marche je vais regarder ça de plus près. Merci pour le tuyau ;-)
- Tem-toGrand sage
Elpenor, je suis d'accord. C'est pour cela que j'ai dit que L'Etranger est un apologue, comme le sont aussi La Peste, La Nausée, Les Mouches. Comme Candide, ce sont des romans engagés (contes philosophiques), chacun ancré dans son époque mais dont la didactique, la rhétorique, résonnent encore aujourd'hui et pour longtemps. Ce sont des classiques. Tant mieux
Dimka, on savait tout de même avant la communication de ton ex-prof que Camus n'était ni pour la décolonisation ni pour l'asservissement des Algériens en Algérie. Il voulait, comme cela a été promis à de multiples reprises par plusieurs gouvernements français de l'époque, parvenir à une égalité des droits entre colons et colonisés. Mais la parole politique n'a bien sûr pas été concrétisée et Camus savait bien qu'il aurait fallu du temps si jamais cela devait arriver.
Aujourd'hui, la France paie ses colonisations par l'immigration qu'elle a suscitée. Mais elle est incapable, culturellement et sans doute économiquement, d'insérer les immigrés dans notre société si tant est que les immigrés eux-même, également culturellement et économiquement, le puissent, le veulent. Pas leur plus grand nombre en tout cas, hélas, d'autant plus que malgré le passage du temps, les Français ne le supporteraient toujours pas. Cela viendra avec le temps et le changement des générations. Ce sera d'autant plus retardé si le FN arrive à des responsabilités importantes. Pour l'instant, le Français moyen n'admet pas le multiculturel national.
Dimka, on savait tout de même avant la communication de ton ex-prof que Camus n'était ni pour la décolonisation ni pour l'asservissement des Algériens en Algérie. Il voulait, comme cela a été promis à de multiples reprises par plusieurs gouvernements français de l'époque, parvenir à une égalité des droits entre colons et colonisés. Mais la parole politique n'a bien sûr pas été concrétisée et Camus savait bien qu'il aurait fallu du temps si jamais cela devait arriver.
Aujourd'hui, la France paie ses colonisations par l'immigration qu'elle a suscitée. Mais elle est incapable, culturellement et sans doute économiquement, d'insérer les immigrés dans notre société si tant est que les immigrés eux-même, également culturellement et économiquement, le puissent, le veulent. Pas leur plus grand nombre en tout cas, hélas, d'autant plus que malgré le passage du temps, les Français ne le supporteraient toujours pas. Cela viendra avec le temps et le changement des générations. Ce sera d'autant plus retardé si le FN arrive à des responsabilités importantes. Pour l'instant, le Français moyen n'admet pas le multiculturel national.
- DimkaVénérable
En fait, j’avais cité ça essentiellement pour contester l’idée de roman de l’absurde, à propos de l’Étranger. Je n’ai pas trouvé d’autre article accessible en ligne, de ce prof, sur ce sujet.
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- Spoiler:
- Tem-toGrand sage
Dimka, je suis d'accord avec toi, "l'absurde" de roman n'est pas le même que l'absurde au théâtre.
En tout cas merci pour les textes, je les garde au chaud. J'aimerais connaître ton analyse du tableau de Hooper en rapport avec L'Etranger. J'ai une petite idée mais...
En tout cas merci pour les textes, je les garde au chaud. J'aimerais connaître ton analyse du tableau de Hooper en rapport avec L'Etranger. J'ai une petite idée mais...
- Invité ElExpert spécialisé
Je ne me suis pas lancé tout seul dans l'analyse de Hopper (pardon pour la faute, d'ailleurs). J'ai lu le Hopper. Métamorphoses du réel (chez Taschen), ainsi que l'analyse citée plus haut.
Mais sans nécessairement tout réduire pour que ça rentre un peu trop bien dans la démarche comparative, j'ai lu le tableau en m'appuyant sur le cours que je leur avais fait sur le degré zéro de l'écriture et sur l'article où Sartre dit que "toute phrase de l'Etranger est une île". J'ai commenté dans cet esprit l'isolement ou la solitude des personnages (en parallèle avec le passage sur l'enterrement mais surtout la scène de plaidoirie), et surtout le rôle violent, agressif et parfois accusateur de la lumière dans ses tableaux qui me semble produire à certains moments les mêmes émotions que, par exemple, le soleil dans la scène du meurtre.
Je passe à autre chose mais il m'avait semblé que Camus avait retrouvé récemment (5, 10 ans?) un regain d'intérêt et qu'il sortait un peu d'une sorte de purgatoire critique. Qu'en pensez-vous?
En tout cas, je trouve que L'Etranger est un texte assez puissant, à condition de ne pas le réduire à quelques clichés (l'absurde...). Et, par ailleurs, il a l'énorme avantage de pouvoir être lu par des élèves de niveaux très différents: tout le monde peut y trouver son compte.
Enfin, je me méfie même de "l'absurde" au théâtre car je crois qu'on met un peu vite dans le même panier des oeuvres aussi différentes que celles de Beckett, de Ionesco ou de Genet (certains manuels sont édifiants...).
Mais sans nécessairement tout réduire pour que ça rentre un peu trop bien dans la démarche comparative, j'ai lu le tableau en m'appuyant sur le cours que je leur avais fait sur le degré zéro de l'écriture et sur l'article où Sartre dit que "toute phrase de l'Etranger est une île". J'ai commenté dans cet esprit l'isolement ou la solitude des personnages (en parallèle avec le passage sur l'enterrement mais surtout la scène de plaidoirie), et surtout le rôle violent, agressif et parfois accusateur de la lumière dans ses tableaux qui me semble produire à certains moments les mêmes émotions que, par exemple, le soleil dans la scène du meurtre.
Je passe à autre chose mais il m'avait semblé que Camus avait retrouvé récemment (5, 10 ans?) un regain d'intérêt et qu'il sortait un peu d'une sorte de purgatoire critique. Qu'en pensez-vous?
En tout cas, je trouve que L'Etranger est un texte assez puissant, à condition de ne pas le réduire à quelques clichés (l'absurde...). Et, par ailleurs, il a l'énorme avantage de pouvoir être lu par des élèves de niveaux très différents: tout le monde peut y trouver son compte.
Enfin, je me méfie même de "l'absurde" au théâtre car je crois qu'on met un peu vite dans le même panier des oeuvres aussi différentes que celles de Beckett, de Ionesco ou de Genet (certains manuels sont édifiants...).
- Tem-toGrand sage
elpénor, parce que ses oeuvres ménagent la possibilité d'un mieux-être à l'issue d'un malheur personnel ou collectif ?
- Invité ElExpert spécialisé
Pardon, Petitfils, mais peux-tu expliciter ta question?
- IphigénieProphète
C'est un détail mais ça, c'est le propre de tout mouvement: ce n'est qu'une étiquette d'"origine contrôlée" posée sur des vins très différents; entre Bossuet et La Fontaine, y a de la distance aussi.Enfin, je me méfie même de "l'absurde" au théâtre car je crois qu'on met un peu vite dans le même panier des oeuvres aussi différentes que celles de Beckett, de Ionesco ou de Genet (certains manuels sont édifiants...).
- IphigénieProphète
Je dirais très simplistement qu'un anti-héros, ce n'est pas un héros mais la négation de l'héroïsme, tandis qu'un héros de l'absurde c'est celui qui va en toute lucidité jusqu'au bout du chemin de l'absurde, comme Caligula, par exemple.scoutness a écrit:Bonjour à tous,
Auriez-vous, dans vos tablettes, une fiche expliquant les différentes caractéristiques de l'anti-héros ?
En effet, je vais commencer ma séquence sur L'Etranger en 1ère et je souhaiterai faire un point sur cette notion.
Mais surtout, pourriez-vous m'expliquer la différence entre anti-héros et héros de l'absurde ? C'est bête, mais je pense que je serai incapable de faire la distinction devant mes élèves.
Pour moi, Meursault est un anti-héros dans le sens qu'il ne correspond en rien au héros traditionnel (à part, dans un monde qu'il ne comprend pas). Mais en quoi est-il aussi un héros absurde ? Le fait de montrer le vide existentiel fait-il de lui un héros absurde ?
MErci d'avance :-)
- Invité ElExpert spécialisé
Iphigénie a écrit:C'est un détail mais ça, c'est le propre de tout mouvement: ce n'est qu'une étiquette d'"origine contrôlée" posée sur des vins très différents; entre Bossuet et La Fontaine, y a de la distance aussi.Enfin, je me méfie même de "l'absurde" au théâtre car je crois qu'on met un peu vite dans le même panier des oeuvres aussi différentes que celles de Beckett, de Ionesco ou de Genet (certains manuels sont édifiants...).
Tutafé.
- Invité ElExpert spécialisé
Iphigénie a écrit:Je dirais très simplistement qu'un anti-héros, ce n'est pas un héros mais la négation de l'héroïsme, tandis qu'un héros de l'absurde c'est celui qui va en toute lucidité jusqu'au bout du chemin de l'absurde, comme Caligula, par exemple.scoutness a écrit:Bonjour à tous,
Auriez-vous, dans vos tablettes, une fiche expliquant les différentes caractéristiques de l'anti-héros ?
En effet, je vais commencer ma séquence sur L'Etranger en 1ère et je souhaiterai faire un point sur cette notion.
Mais surtout, pourriez-vous m'expliquer la différence entre anti-héros et héros de l'absurde ? C'est bête, mais je pense que je serai incapable de faire la distinction devant mes élèves.
Pour moi, Meursault est un anti-héros dans le sens qu'il ne correspond en rien au héros traditionnel (à part, dans un monde qu'il ne comprend pas). Mais en quoi est-il aussi un héros absurde ? Le fait de montrer le vide existentiel fait-il de lui un héros absurde ?
MErci d'avance :-)
Pour la première définition, je souscris.
Pour la seconde, on reste bloqué par la nécessaire définition du mot "absurde", qui prend des sens bien différents suivant les cas. Ce qui exclut alors une définition trop simple. Je garde ta définition à condition de modaliser un peu la fin: je mettrais absurde entre guillemets, et renverrais alors au texte qui a été étudié (sans généralisation).
- IphigénieProphète
On peut sans doute s'accorder.elpenor08 a écrit:Iphigénie a écrit:Je dirais très simplistement qu'un anti-héros, ce n'est pas un héros mais la négation de l'héroïsme, tandis qu'un héros de l'absurde c'est celui qui va en toute lucidité jusqu'au bout du chemin de l'absurde, comme Caligula, par exemple.scoutness a écrit:Bonjour à tous,
Auriez-vous, dans vos tablettes, une fiche expliquant les différentes caractéristiques de l'anti-héros ?
En effet, je vais commencer ma séquence sur L'Etranger en 1ère et je souhaiterai faire un point sur cette notion.
Mais surtout, pourriez-vous m'expliquer la différence entre anti-héros et héros de l'absurde ? C'est bête, mais je pense que je serai incapable de faire la distinction devant mes élèves.
Pour moi, Meursault est un anti-héros dans le sens qu'il ne correspond en rien au héros traditionnel (à part, dans un monde qu'il ne comprend pas). Mais en quoi est-il aussi un héros absurde ? Le fait de montrer le vide existentiel fait-il de lui un héros absurde ?
MErci d'avance :-)
Pour la première définition, je souscris.
Pour la seconde, on reste bloqué par la nécessaire définition du mot "absurde", qui prend des sens bien différents suivant les cas. Ce qui exclut alors une définition trop simple. Je garde ta définition à condition de modaliser un peu la fin: je mettrais absurde entre guillemets, et renverrais alors au texte qui a été étudié (sans généralisation).
- User5899Demi-dieu
Et si on arrêtait de réduire la lecture d'une œuvre au collage d'étiquettes ?
- Invité ElExpert spécialisé
Ben justement c'est plutôt ce qu'on essaie de faire depuis le début. Enfin il me semblait.
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