Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
- Pierre-HenriHabitué du forum
Il se trouve ici http://cache.media.education.gouv.fr/file/capes_ext/70/5/lettres_473705.pdf
Quelques extraits :
Un aveu désolant (p.4) :
Quelques extraits :
Ces jeunes mal informés n'ont sûrement pas compris que la réforme, comme on nous le promet, allait renforcer les langues anciennes.Rapport a écrit:On s’inquiète toutefois, pour l’option Lettres Classiques, du nombre extrêmement limité de candidats qui se sont présentés aux épreuves écrites et s’avère nettement inférieur au nombre de postes inscrits au concours pour ladite option (133 candidats CAPES pour 230 postes ; 35 candidats CAFEP pour 25 postes).
Les journalistes qui, la veille encore, photocopiaient servilement la communication ministérielle sur le regain d'intérêt pour la profession publieront-ils un démenti ?rapport a écrit:L’écart entre le nombre de candidats qui s’inscrivent au concours en septembre et ceux qui passent les épreuves écrites en avril est également très important pour l’option Lettres Modernes où l’on déplore plus de 40% de pertes pour les inscrits CAPES, 50% pour les inscrits CAFEP, même si dans les deux cas le nombre de candidats effectifs reste supérieur au nombre de postes inscrits.
Un aveu désolant (p.4) :
Traduction en langage non diplomatique : on envoie au casse-pipe un nombre important de nouveaux professeurs qu'on sait déjà largués au départ, en espérant que la formation comble les insuffisances du concours. On compte donc sur la "remédiation" -- c'est à dire, après avoir constaté qu'on a mal fait son travail, on se contente de refiler la patate chaude au niveau suivant. Lu entre les lignes, ce passage a de quoi inquiéter, tant il révèle la situation catastrophique du recrutement des professeurs de français.rapport a écrit: On a aussi à l’esprit qu’un certain nombre de candidats, parmi ceux reçus en fin de classement lors d’une session où le nombre de postes offerts est très important, donc le recrutement large, peuvent être confrontés à des difficultés que leur seul sérieux ne leur permettra pas de régler.
Un accompagnement, un suivi, un apprentissage étendus sur plusieurs années ne sont pas simplement utiles : ils sont nécessaires, pour le bien de tous.
- OsmieSage
Et quand toutes ces difficultés les conduisent au suicide, famille et amis entendent que c'est en raison de problèmes personnels.
- NadejdaGrand sage
Osmie a écrit:Et quand toutes ces difficultés les conduisent au suicide, famille et amis entendent que c'est en raison de problèmes personnels.
Quel rapport avec ces jeunes professeurs confrontés jusqu'au désespoir à des établissements et à des classes difficiles ?
- OsmieSage
Je pense au stagiaire de mathématiques qui vient de se suicider, et qui a été sciemment envoyé dans un établissement difficile ; je comprends que les candidats au CAPES se raréfient.
- NadejdaGrand sage
Ah, je pensais que tu réagissais au dernier paragraphe qui évoquait des reçus au niveau disciplinaire plus qu'insuffisant.
- OsmieSage
Non, je pensais au stagiaire et au message de Metroplolis75 dans la discussion sur le suicide des professeurs.
Le niveau disciplinaire, je préfère ne pas en parler. Le stagiaire de lettres de notre collège fait ce qu'il peut ; son niveau est le résultat d'une destruction de l'enseignement : il a subi l'observation raisonnée de la langue, la littérature jeunesse, n'a pas eu d’œuvres intégrales à lire à la fac (ou si peu !), n'a subi aucune sélection, n'a jamais rencontré d'exigences, etc. Je ne peux pas lui en vouloir, mais j'en veux vraiment à l'institution d'avoir organisé cette casse.
Ce que devient notre métier me fait mal au cœur.
Le niveau disciplinaire, je préfère ne pas en parler. Le stagiaire de lettres de notre collège fait ce qu'il peut ; son niveau est le résultat d'une destruction de l'enseignement : il a subi l'observation raisonnée de la langue, la littérature jeunesse, n'a pas eu d’œuvres intégrales à lire à la fac (ou si peu !), n'a subi aucune sélection, n'a jamais rencontré d'exigences, etc. Je ne peux pas lui en vouloir, mais j'en veux vraiment à l'institution d'avoir organisé cette casse.
Ce que devient notre métier me fait mal au cœur.
- stenchMonarque
rapport a écrit: On a aussi à l’esprit qu’un certain nombre de candidats, parmi ceux reçus en fin de classement
lors d’une session où le nombre de postes offerts est très important, donc le recrutement large,
peuvent être confrontés à des difficultés que leur seul sérieux ne leur permettra pas de régler.
Un accompagnement, un suivi, un apprentissage étendus sur plusieurs années ne sont pas
simplement utiles : ils sont nécessaires, pour le bien de tous.
Pourquoi les avoir recrutés s'ils n'ont pas le niveau? Le concours n'a plus d'utilité dans ce cas, le jury n'est pas obligé de pourvoir tous les postes, non? Si le concours ne permet plus de sélectionner les gens compétents, il se tue lui-même. Chacun, à son petit niveau, casse le sytème actuel.
_________________
"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- Pierre-HenriHabitué du forum
Le jury n'a pas pourvu tous les postes. Cependant, la situation est tellement catastrophique qu'il a estimé ne pas avoir le choix.
Pour ma part, je serais partisan d'une ligne dure. Si le jury pense que 300 candidats ont le niveau, il accepte 300 lauréats, point. Il accomplit la mission pour laquelle il a été mis en place, sans se préoccuper des conséquences pour l'image de Madame la Ministre. Au ministère, ensuite, de réfléchir aux raisons pour lesquelles le métier attire aussi peu de gens qualifiés, afin de mettre en place des solutions.
Là, le jury accepte des candidats tout en disant qu'il aurait dû les refuser. Il entretient le flou qui empêche d'exposer clairement le problème. Le jury évoque, à ce propos, ses "responsabilités". A mon sens, ses véritables "responsabilités" auraient dû être exactement inverses : refuser les candidats jugés insuffisants.
Pour ma part, je serais partisan d'une ligne dure. Si le jury pense que 300 candidats ont le niveau, il accepte 300 lauréats, point. Il accomplit la mission pour laquelle il a été mis en place, sans se préoccuper des conséquences pour l'image de Madame la Ministre. Au ministère, ensuite, de réfléchir aux raisons pour lesquelles le métier attire aussi peu de gens qualifiés, afin de mettre en place des solutions.
Là, le jury accepte des candidats tout en disant qu'il aurait dû les refuser. Il entretient le flou qui empêche d'exposer clairement le problème. Le jury évoque, à ce propos, ses "responsabilités". A mon sens, ses véritables "responsabilités" auraient dû être exactement inverses : refuser les candidats jugés insuffisants.
- IphigénieProphète
Quand je vois quels sont les lycéens qui actuellement rêvent d'enseigner...pas besoin d'être grand statisticien pour prévoir des problèmes.
- ProvenceEnchanteur
stench a écrit:
Pourquoi les avoir recrutés s'ils n'ont pas le niveau? Le concours n'a plus d'utilité dans ce cas, le jury n'est pas obligé de pourvoir tous les postes, non? Si le concours ne permet plus de sélectionner les gens compétents, il se tue lui-même. Chacun, à son petit niveau, casse le sytème actuel.
Je suis d'accord. Sans compter que cela dévalorise la réussite de ceux qui méritaient leur CAPES.
- BoubouleDoyen
stench a écrit:rapport a écrit: On a aussi à l’esprit qu’un certain nombre de candidats, parmi ceux reçus en fin de classement
lors d’une session où le nombre de postes offerts est très important, donc le recrutement large,
peuvent être confrontés à des difficultés que leur seul sérieux ne leur permettra pas de régler.
Un accompagnement, un suivi, un apprentissage étendus sur plusieurs années ne sont pas
simplement utiles : ils sont nécessaires, pour le bien de tous.
Pourquoi les avoir recrutés s'ils n'ont pas le niveau? Le concours n'a plus d'utilité dans ce cas, le jury n'est pas obligé de pourvoir tous les postes, non? Si le concours ne permet plus de sélectionner les gens compétents, il se tue lui-même. Chacun, à son petit niveau, casse le sytème actuel.
Tout à fait d'accord. Je ne comprends même pas qu'on puisse publier cela à moins que ce ne soit pour dénoncer dse ordres venus d'en haut.
- Pierre-HenriHabitué du forum
Bouboule a écrit:
Tout à fait d'accord. Je ne comprends même pas qu'on puisse publier cela à moins que ce ne soit pour dénoncer dse ordres venus d'en haut.
C'est une hypothèse probable. Le président du jury a fini son mandat cette année.
- User5899Demi-dieu
Pierre-Henri a écrit:Il se trouve ici :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/capes_ext/70/5/lettres_473705.pdf
Quelques extraits :Rapport a écrit:On s’inquiète toutefois, pour l’option Lettres Classiques, du nombre extrêmement
limité de candidats qui se sont présentés aux épreuves écrites et s’avère nettement inférieur au nombre de postes inscrits au concours
Qu'est-ce que c'est que cette phrase ?
- NannnieHabitué du forum
Cripure a écrit:Pierre-Henri a écrit:Il se trouve ici :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/capes_ext/70/5/lettres_473705.pdf
Quelques extraits :Rapport a écrit:On s’inquiète toutefois, pour l’option Lettres Classiques, du nombre extrêmement
limité de candidats qui se sont présentés aux épreuves écrites et s’avère nettement inférieur au nombre de postes inscrits au concours
Qu'est-ce que c'est que cette phrase ?
Certainement écrite par quelqu'un qui a pu être confronté à des difficultés que son seul sérieux ne lui a pas permis de régler. :|
- InvitéInvité
:lol:Nannnie a écrit:Cripure a écrit:Pierre-Henri a écrit:Il se trouve ici :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/capes_ext/70/5/lettres_473705.pdf
Quelques extraits :Rapport a écrit:On s’inquiète toutefois, pour l’option Lettres Classiques, du nombre extrêmement
limité de candidats qui se sont présentés aux épreuves écrites et s’avère nettement inférieur au nombre de postes inscrits au concours
Qu'est-ce que c'est que cette phrase ?
Certainement écrite par quelqu'un qui a pu être confronté à des difficultés que son seul sérieux ne lui a pas permis de régler. :|
- User5899Demi-dieu
Non mais c'est affolant !
- IlianaGrand sage
C'est un festival... Atterrant.
_________________
Minuit passé déjà. Le feu s'est éteint et je sens le sommeil qui gagne du terrain.
Je vais m'endormir contre vous, respirer doucement, parce que je sais où nous allons désormais.
Fauve - Révérence
- BoubouleDoyen
Iliana a écrit:C'est un festival... Atterrant.
Il y en a d'autres ou cela peut passer pour un manque de relecture après une phrase retravaillée numériquement en plusieurs temps ?
- InvitéInvité
C'est cocasse, dirons nous. Cela dit, pour en revenir au problème de fond, il me semble que donner le CAPES a des gens dont le jury estime qu'ils n'ont pas le niveau (car je suppose qu’il ne s'agit pas de fragilité psychologique éventuelle dans la future gestion de classe) est une question très préoccupante. C'en est même cruel si ce n’était pas une petite catastrophe.
- IlianaGrand sage
Ah je ne sais pas, j'entendais par festival l'accablement que j'ai ressenti, tout d'abord sur le fond, en lisant le sujet du topic, puis sur la forme, avec une telle phrase.
Je me suis fait assez de mal avec l'institution pour aujourd'hui.
D'autant plus, il me semble, que les rapports de jury sont aussi des exercices de style. Là c'est quand même problématique (et ironique, vu l'objet d'une partie du rapport).
Je me suis fait assez de mal avec l'institution pour aujourd'hui.
D'autant plus, il me semble, que les rapports de jury sont aussi des exercices de style. Là c'est quand même problématique (et ironique, vu l'objet d'une partie du rapport).
_________________
Minuit passé déjà. Le feu s'est éteint et je sens le sommeil qui gagne du terrain.
Je vais m'endormir contre vous, respirer doucement, parce que je sais où nous allons désormais.
Fauve - Révérence
- BoubouleDoyen
rapport a écrit:Devenus enseignants, les candidats sont attendus sur le terrain. Le jury, qui a pris ses responsabilités en matière de recrutement, souhaite que les institutions concernées par la suite du processus en fassent autant.
rapport a écrit:Un accompagnement, un suivi, un apprentissage étendus sur plusieurs années ne sont pas simplement utiles : ils sont nécessaires, pour le bien de tous. Cette mission d’accompagnement sur le long terme figure dans le cahier des charges des ESPE : on souhaiterait vivement qu’elle figurât aussi dans leur pratique - moyens à l’appui. Dans une situation extrêmement délicate qui se caractérise par une très nette hausse des postes inscrits au concours et une stagnation du nombre de candidats, le jury a pris ses responsabilités. Il a acté le fait que le pays a besoin d’enseignants professionnels et que les académies ne peuvent plus s’en remettre, pour combler les manques, à des contingents de vacataires, sinon d’intérimaires, souvent non formés, non préparés, donc éphémères - faute non pas de bonne volonté, mais d’apprentissage. Il sait aussi que le seul volontarisme de la puissance publique est insuffisant, si louable soit-il quand il s’agit d’indexer le nombre de postes créés sur le nombre réel de postes vacants là où la tentation contraire fut parfois d’actualité. Le jury a donc opté pour un recrutement ouvert — barre d’admissibilité à 6,5/20 — mais qui demeure, autant que faire se peut en pareilles circonstances, sélectif — barre d’admission à 7,5/20 —, seule marge d’affirmation possible de son identité de concours. Il plaide surtout pour que la politique de recrutement des fonctionnaires en charge de l’éducation nationale ne soit pas alignée sur le court terme – aux deux sens de l’adjectif – d’un mandat législatif. Qu’elle soit pérennisée, à défaut d’être sanctuarisée : tel est le vœu pieux – même s’il est destiné à faire des professeurs et non des anges – formulé par un président de jury qui achève ici son propre mandat.
Ceal confirme mon hypothèse et je lui pardonne la faute.
- VicomteDeValmontGrand sage
On ne peut pas leur reprocher une certaine franchise.
Le personnel éducatif sera à la hauteur des émoluments proposés.
A qui profite le crime?
Le personnel éducatif sera à la hauteur des émoluments proposés.
A qui profite le crime?
_________________
Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
- egometDoyen
VicomteDeValmont a écrit:
A qui profite le crime?
Personne.
Je crois que le désastre éducatif actuel n'est jamais qu'une combinaison mortelle d'une bonne dose d'hybris politique, assaisonnée d'incompétence et de bonnes intentions, et d'un cadre administratif absurde.
Un malheureux concours de circonstances, sur le mode: "Je nettoyais mon IUFM et le coup est parti tout seul."
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Pierre-HenriHabitué du forum
Démentir de façon aussi claire la communication de la ministre demandait un certain courage de la part du jury. Nul doute qu'il sera composé de pédagogues aux ordres l'an prochain.
Ensuite, pour les causes, outre celles qu'énonce Egomet, il y en a d'autres, idéologiques, qui sont plus profondes -- notamment la haine du savoir disciplinaire, et le mépris ouvert des responsables hiérarchiques de l'éducation nationale contre les professeurs.
Que dit-on à des jeunes, cultivés, qui s'intéressent à la littérature ? Que ce sont de sales bourgeois élitistes, des sadiques qui jouissent de leur domination culturelle indue, des réactionnaires, qu'on va les mettre au pas, les faire obéir (*), que la loi c'est la loi, elle est votée, reste groupir, et que s'ils ne sont pas heureux, ils n'ont qu'à changer de métier. On les accueille en mettant en place un plan aussi coûteux que stupide d'infantilisation et de décervelage, qui vise à changer des gens indépendants et cultivés en minables cocheurs de cases de compétences. On transforme volontairement des intellectuels en petits bureaucrates insignifiants... et on s'étonne de manquer de volontaires pour s'humilier de la sorte.
Mais quel responsable de ressources humaines, à qui on confierait un plan de recrutement décisif pour la survie d'une entreprise, agirait de la sorte ? Si une boîte a besoin de recruter les meilleurs ingénieurs, elle ne base pas sa stratégie de recrutement sur le fait que l'ingénierie est inégalitaire, réactionnaire, condamnable. Elle ne promet pas qu'elle empêchera ses ingénieurs de faire correctement le travail qu'ils aiment, qu'elle va les "éduquer" à faire autre chose, qu'ils doivent se repentir de s'intéresser à l'ingénierie, que tout ça, c'est dépassé, et que maintenant, au lieu de créer des appareils et des machines, les ingénieurs doivent passer leur vie à subir des réunions inutiles et cocher des cases sur des formulaires.
Au fond, cette désaffection pour le métier est une bonne nouvelle. Elle prouve qu'il reste des jeunes pour résister au matraquage bureaucratico-pédagol -- des jeunes qui disent "non", qui refusent, qui préfèrent aller ailleurs plutôt que de voir leur passion humiliée et salie par les maudits experts en expertise qui dirigent l'éducation nationale. Ca peut être un espoir pour l'avenir.
-------------------------------------------
(*) les "éduquer", pour parler comme Florence Robine.
Ensuite, pour les causes, outre celles qu'énonce Egomet, il y en a d'autres, idéologiques, qui sont plus profondes -- notamment la haine du savoir disciplinaire, et le mépris ouvert des responsables hiérarchiques de l'éducation nationale contre les professeurs.
Que dit-on à des jeunes, cultivés, qui s'intéressent à la littérature ? Que ce sont de sales bourgeois élitistes, des sadiques qui jouissent de leur domination culturelle indue, des réactionnaires, qu'on va les mettre au pas, les faire obéir (*), que la loi c'est la loi, elle est votée, reste groupir, et que s'ils ne sont pas heureux, ils n'ont qu'à changer de métier. On les accueille en mettant en place un plan aussi coûteux que stupide d'infantilisation et de décervelage, qui vise à changer des gens indépendants et cultivés en minables cocheurs de cases de compétences. On transforme volontairement des intellectuels en petits bureaucrates insignifiants... et on s'étonne de manquer de volontaires pour s'humilier de la sorte.
Mais quel responsable de ressources humaines, à qui on confierait un plan de recrutement décisif pour la survie d'une entreprise, agirait de la sorte ? Si une boîte a besoin de recruter les meilleurs ingénieurs, elle ne base pas sa stratégie de recrutement sur le fait que l'ingénierie est inégalitaire, réactionnaire, condamnable. Elle ne promet pas qu'elle empêchera ses ingénieurs de faire correctement le travail qu'ils aiment, qu'elle va les "éduquer" à faire autre chose, qu'ils doivent se repentir de s'intéresser à l'ingénierie, que tout ça, c'est dépassé, et que maintenant, au lieu de créer des appareils et des machines, les ingénieurs doivent passer leur vie à subir des réunions inutiles et cocher des cases sur des formulaires.
Au fond, cette désaffection pour le métier est une bonne nouvelle. Elle prouve qu'il reste des jeunes pour résister au matraquage bureaucratico-pédagol -- des jeunes qui disent "non", qui refusent, qui préfèrent aller ailleurs plutôt que de voir leur passion humiliée et salie par les maudits experts en expertise qui dirigent l'éducation nationale. Ca peut être un espoir pour l'avenir.
-------------------------------------------
(*) les "éduquer", pour parler comme Florence Robine.
- gauvain31Empereur
Merci Pierre-Henri
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum