- miss teriousDoyen
Petite question du soir, bonsoir.
Quel nom doit-on donner aux propositions qui, dans le discours direct, indiquent locuteur et verbe déclaratif ? Il me semble que le terme « proposition incise » ne convient que si la proposition se trouve DANS la réplique (« Blabla, dit-il. Bla »). Que dire alors quand elle la précède (Il dit : « Blablabla. ») ou la suit (« Blablabla. » dit-il). Parle-t-on de « proposition déclarative » par exemple ?
Merci à ceux qui pourront éclairer ma lanterne.
Quel nom doit-on donner aux propositions qui, dans le discours direct, indiquent locuteur et verbe déclaratif ? Il me semble que le terme « proposition incise » ne convient que si la proposition se trouve DANS la réplique (« Blabla, dit-il. Bla »). Que dire alors quand elle la précède (Il dit : « Blablabla. ») ou la suit (« Blablabla. » dit-il). Parle-t-on de « proposition déclarative » par exemple ?
Merci à ceux qui pourront éclairer ma lanterne.
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- HocamSage
Oui, l'incise est en théorie une proposition insérée dans la réplique avec inversion sujet-verbe. Comme on utilise le terme de verbe introducteur pour dire, déclarer et ainsi de suite, on peut parler d'une manière générale de proposition introductive. C'est souvent comme cela qu'est traduite l'expression reporting clause en linguistique anglaise : un exemple ici.
- miss teriousDoyen
Merci pour cette réponse. Mais peut-on parler de proposition introductive dès lors que la proposition suit la réplique ?Beniamino Massimo a écrit:Oui, l'incise est en théorie une proposition insérée dans la réplique avec inversion sujet-verbe. Comme on utilise le terme de verbe introducteur pour dire, déclarer et ainsi de suite, on peut parler d'une manière générale de proposition introductive. C'est souvent comme cela qu'est traduite l'expression reporting clause en linguistique anglaise : un exemple ici.
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- HocamSage
Il me semble que dans le deuxième cas que vous citez (« Blablabla. » dit-il), il s'agit bien d'une incise, même si elle n'est pas dans la réplique à proprement parler. Grévisse : une proposition incise est une « proposition généralement courte tantôt insérée dans le corps de la phrase, tantôt rejetée à la fin de la phrase ».
- miss teriousDoyen
Merci Beniamino. Je n'ai pas le Grévisse à portée de main.
Il n'existerait donc pas de terme générique pour tous les cas, avant/après/dedans, mais "prop. incise" pour après/dedans et "prop. introductive" pour avant ? C'est pénible pour expliquer aux élèves.
Il n'existerait donc pas de terme générique pour tous les cas, avant/après/dedans, mais "prop. incise" pour après/dedans et "prop. introductive" pour avant ? C'est pénible pour expliquer aux élèves.
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- tannatHabitué du forum
La GMF de Riegel, Pellat & Rioul a écrit: "La proposition incise peut s'insérer à l'intérieur ou se placer à la fin d'un phrase pour indiquer qu'on rapporte les paroles ou les pensées de quelqu'un." (p.769)
On trouve dans ces deux grammaires, l'idée que les incises seraient des "parenthèses"/ "un décrochement" qui relèvent d'un fonctionnement particulier car elles ne sont pas située sur le même plan énonciatif que le reste de la phrase dont elles suspendent le cours et le "schéma" mélodique.La grammaire du français de Denis & Sansier-Chateau a écrit: on constate parfois (...) que le verbe de l'incise appelle un complément d'objet direct, qui serait représenté dans une autre structure par le reste de la phrase :
ex.: Le général me disait : "si tu savais quelle est ma situation..." (p.233)
La grammaire du français de Denis & Sansier-Chateau précise que cela vient du fait que cet énoncé est ordinairement rattaché à un autre énonciateur (ou au même mais à un moment différent -discours rapporté + récit de ce discours-)
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- HocamSage
Oui, et des grammaires rappellent d'ailleurs la différence avec les propositions dites incidentes.
Miss terious, je comprends votre gêne à l'égard de la terminologie. L'ouvrage que je cite dans mon premier message n'a pas l'air de s'embarrasser : « La proposition introductive peut précéder, suivre les paroles rapportées ou leur être intégrée ». Mais il y a bien un paradoxe à qualifier d'introductive une proposition qui suit la chose introduite. C'est le résultat, sans doute, d'une traduction se voulant univoque de l'anglais reporting clause, qui est plus neutre chronologiquement parlant.
Concernant l'explication à donner aux élèves, je ne suis pas spécialiste mais je me contenterais d'évoquer la grande famille des propositions introductives, et à l'intérieur de cette famille le cas particulier des incises reconnaissables à leur inversion sujet-verbe, quelle que soit leur place dans la phrase. La distinction avant vs. dedans/après apparaîtra d'elle-même, puisqu'il n'y a pas à ma connaissance d'inversion sujet-verbe avant les propos rapportés. Si un élève vous fait remarquer le paradoxe introductive vs. après, c'est un malin et ça veut dire qu'il suit : vous n'aurez pas complètement perdu votre temps.
Miss terious, je comprends votre gêne à l'égard de la terminologie. L'ouvrage que je cite dans mon premier message n'a pas l'air de s'embarrasser : « La proposition introductive peut précéder, suivre les paroles rapportées ou leur être intégrée ». Mais il y a bien un paradoxe à qualifier d'introductive une proposition qui suit la chose introduite. C'est le résultat, sans doute, d'une traduction se voulant univoque de l'anglais reporting clause, qui est plus neutre chronologiquement parlant.
Concernant l'explication à donner aux élèves, je ne suis pas spécialiste mais je me contenterais d'évoquer la grande famille des propositions introductives, et à l'intérieur de cette famille le cas particulier des incises reconnaissables à leur inversion sujet-verbe, quelle que soit leur place dans la phrase. La distinction avant vs. dedans/après apparaîtra d'elle-même, puisqu'il n'y a pas à ma connaissance d'inversion sujet-verbe avant les propos rapportés. Si un élève vous fait remarquer le paradoxe introductive vs. après, c'est un malin et ça veut dire qu'il suit : vous n'aurez pas complètement perdu votre temps.
- tannatHabitué du forum
Mais je n'aborde pas, dans ce que j'ai dit plus haut, les propositions incidentes(GMF, p.770 ou GF p.232) qui sont, si j'ai bien compris(=>proposition incidente), des sortes de commentaire du discours à l'intérieur de ce discours. Dans la proposition incise, il peut y avoir un "commentaire" mais il s'agit bien du récit du discours rapporté et non pas d'un commentaire sur le discours premier.Beniamino Massimo a écrit:Oui, et des grammaires rappellent d'ailleurs la différence avec les propositions dites incidentes.
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- HocamSage
C'est bien pour cela que je parle (incidemment : « d'ailleurs » ) de la différence entre incise et incidente, puisque vous évoquiez les problèmes de plan énonciatif. L'incise est en fait plus difficile à saisir que l'incidente. Comme on le lit ici, « la proposition incise ne fait pas partie du même paradigme que le reste de l'énoncé avec lequel elle ne peut pas être coordonnée par et ». Cela ne fait pas de mal de le rappeler.tannat a écrit:Mais je n'aborde pas, dans ce que j'ai dit plus haut, les propositions incidentes(GMF, p.770 ou GF p.232) qui sont, si j'ai bien compris(=>proposition incidente), des sortes de commentaire du discours à l'intérieur de ce discours. Dans la proposition incise, il peut y avoir un "commentaire" mais il s'agit bien du récit du discours rapporté et non pas d'un commentaire sur le discours premier.Beniamino Massimo a écrit:Oui, et des grammaires rappellent d'ailleurs la différence avec les propositions dites incidentes.
- miss teriousDoyen
Merci beaucoup de vous être penchés sur ce point de langue. Je vais donc adopter l'appellation "proposition introductive". Et, en effet, si un élève relève le paradoxe, je serai contente !
Merci encore.
Merci encore.
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- EuphémiaNiveau 10
Je ne sais pas à quel niveau vous enseignez, mais il me semble que le plus pertinent est de proposer à vos élèves la terminologie usuelle qui est "proposition incise".
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L’école est un lieu admirable. J’aime que les bruits extérieurs n’y entrent point. (Alain)
L'esprit critique, c'est, au minimum, un esprit qui n’a pas peur des mots. (Jean-Claude Michéa)
- HocamSage
Euphémia a écrit:Je ne sais pas à quel niveau vous enseignez, mais il me semble que le plus pertinent est de proposer à vos élèves la terminologie usuelle qui est "proposition incise".
En s'arrangeant pour ne parler que des propositions avec inversion sujet-verbe, si c'est en collège et que Miss terious veut garder malgré tout une certaine rigueur dans la terminologie (ce qui me semble être le cas, puisqu'elle pose une question sur un point bien précis).
- miss teriousDoyen
En effet, je suis en collège.
Et j'aborde actuellement discours direct (et indirect) avec mes 5e et avec mes 4e. Je leur ai fait repérer les propositions, ce qu'elles comportent, ce à quoi elles servent, leur place. Mais il serait plus facile d'en parler si elles avaient un nom précis. Et "incises" ne me convainc pas pour celles qui précèdent (et peu pour celles qui suivent). D'où ma question.
Merci pour vos réponses !
Et j'aborde actuellement discours direct (et indirect) avec mes 5e et avec mes 4e. Je leur ai fait repérer les propositions, ce qu'elles comportent, ce à quoi elles servent, leur place. Mais il serait plus facile d'en parler si elles avaient un nom précis. Et "incises" ne me convainc pas pour celles qui précèdent (et peu pour celles qui suivent). D'où ma question.
Merci pour vos réponses !
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- tannatHabitué du forum
Mais "proposition incise" est le nom que leur donnent les deux grammaires citées plus haut.
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- HocamSage
Pour celles qui précèdent les propos rapportés, ce n'est l'avis ni de Grévisse (voir plus haut), ni du TLFi (voir ici), ni de Bescherelle (voir ici), ni de quantité d'autres manuels qui précisent que l'incise est caractérisée, entre autres, par la postposition du sujet. Je pense que Miss terious a donc raison de prendre des précautions pour « Il dit : "Blablabla" ».tannat a écrit:Mais "proposition incise" est le nom que leur donnent les deux grammaires citées plus haut.
Pour celles qui sont rejetées à la fin, en revanche, je ne vois pas d'obstacle à les nommer incises.
EDIT. Un passage de Cohésion et cohérence consultable ici dit ceci :
« Le segment introducteur de discours direct (Paul s’écria : "Je ne viendrai pas") ne peut être considéré comme une incise (latin incisus "coupé") même si on ajoute à "incise" la mention contradictoire "placée en tête de phrase" : le rapport entre énonciation rapportée et énonciation rapportante n’est pas du même ordre, cette différence de rapport étant marquée notamment par l’inversion ou l’absence d’inversion du sujet ».
Voilà qui devrait conforter Miss terious dans ses réticences à généraliser l'emploi d'incise.
- miss teriousDoyen
Merci infiniment, Beniamino de tous ces extraits "savants" qui confortent ma modeste analyse.
Pour les propositions rejetées après, je peux expliquer davantage pourquoi le nom "incise" ne me convient pas vraiment.
"Inciser" c'est "entailler", "couper" (cf. http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=2306233005;) donc quand la proposition coupe les paroles du personnage ("Je viendrai demain, dit-il, et j'apporterai le dessert.") je vois bien pourquoi on parle d'incise. En revanche, quand elle suit ("Je viendrai demain et j'apporterai le dessert, dit-il.), la proposition ne coupe pas les paroles ; aussi ne trouvé-je pas le terme "incise" adapté pour ce cas.
(Et ceci explique aussi pour quelle raison je ne le trouve pas adapté non plus quand la proposition précède le discours direct.)
Mais je coupe (sans mauvais jeu de mots) sans doute trop les cheveux en quatre.
Pour les propositions rejetées après, je peux expliquer davantage pourquoi le nom "incise" ne me convient pas vraiment.
"Inciser" c'est "entailler", "couper" (cf. http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=2306233005;) donc quand la proposition coupe les paroles du personnage ("Je viendrai demain, dit-il, et j'apporterai le dessert.") je vois bien pourquoi on parle d'incise. En revanche, quand elle suit ("Je viendrai demain et j'apporterai le dessert, dit-il.), la proposition ne coupe pas les paroles ; aussi ne trouvé-je pas le terme "incise" adapté pour ce cas.
(Et ceci explique aussi pour quelle raison je ne le trouve pas adapté non plus quand la proposition précède le discours direct.)
Mais je coupe (sans mauvais jeu de mots) sans doute trop les cheveux en quatre.
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- HocamSage
Oui, j'avais bien saisi pourquoi le terme incise est moins adapté aux propositions rejetées en fin de phrase. Dans Cohésion et cohérence que je cite plus haut, une note indique que Le Goffic distingue l'incise au sens strict de l'incise terminale. Il y a bien des incises plus incises que d'autres. Si vous avez l'étymologie dans la peau, dites-vous que la terminale « entaille » malgré tout la phrase du point de vue de la ponctuation, puisqu'elle s'insère avant le point final ; elle n'incise pour ainsi dire que l'épiderme, tandis que l'incise au sens strict vient se loger plus profondément dans la chair de la phrase.
Je note également l'expression discours attributif pour désigner l'ensemble des propositions introductives et incises.
Mais vous ne vous embarrasserez pas de ces considérations devant les collégiens, naturellement. Puisque les grands ouvrages de référence tolère incise pour la position terminale, il n'y a pas trop de scrupules à avoir.
Je note également l'expression discours attributif pour désigner l'ensemble des propositions introductives et incises.
Mais vous ne vous embarrasserez pas de ces considérations devant les collégiens, naturellement. Puisque les grands ouvrages de référence tolère incise pour la position terminale, il n'y a pas trop de scrupules à avoir.
- miss teriousDoyen
À nouveau merci Beniamino. Mais si j'ai expliqué ma réticence, c'est surtout pour Euphémia et tannat.
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"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- HocamSage
De rien. Vous nous direz si la mise au point s'est bien passée avec les élèves.
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