- InvitéeBruNiveau 5
Bonsoir à tous,
J'enseigne au lycée et Phèdre est au programme du bac.
Nous avons passé du temps à traduire des textes, en vue de l'épreuve orale des Tle mais j'aimerais qu'ils soufflent un peu et fassent des activités plus thématiques autour de l'oeuvre.
J'ai songé à l'étude des sententiae dans l'oeuvre, au rôle du choeur, à des confrontations entre la Phèdre de Sénèque et celle de Racine, à un travail sur la représentation ... Auriez-vous toutefois d'autres idées à me suggérer?
Je précise que ce serait une activité à mener en 2h avec présentation orale au cours suivant.
Merci d'avance!
J'enseigne au lycée et Phèdre est au programme du bac.
Nous avons passé du temps à traduire des textes, en vue de l'épreuve orale des Tle mais j'aimerais qu'ils soufflent un peu et fassent des activités plus thématiques autour de l'oeuvre.
J'ai songé à l'étude des sententiae dans l'oeuvre, au rôle du choeur, à des confrontations entre la Phèdre de Sénèque et celle de Racine, à un travail sur la représentation ... Auriez-vous toutefois d'autres idées à me suggérer?
Je précise que ce serait une activité à mener en 2h avec présentation orale au cours suivant.
Merci d'avance!
- Invité ElExpert spécialisé
J'ai aussi proposé quelques études un peu transversales sur la Phèdre.
Pour la mise en scène, je me suis un peu attardé sur la pantomime et notamment sur le personnage de l'archimime qui pourrait sans doute intervenir dans le prologue avec Hippolyte. Un exposé sur le masque de l'archimime pourrait être d'ailleurs intéressant.
Pour la comparaison avec Racine, je me suis concentré aussi sur Hippolyte dont l'évolution est intéressante, mais j'ai élargi avec d'autres dramaturges comme Pradon ou Garnier. C'était surtout destiné aux TL car la problématique concernait surtout la discontinuité du personnage dans Sénèque et son nécessaire resserrement dans les tragédies classiques au nom de la vraisemblance.
Tu pourrais regarder peut-être la traduction de F. Dupont qui permet des commentaires ou des exposés dans des directions très diverses: théorie de la traduction, mise en scène, etc.
Pour la mise en scène, je me suis un peu attardé sur la pantomime et notamment sur le personnage de l'archimime qui pourrait sans doute intervenir dans le prologue avec Hippolyte. Un exposé sur le masque de l'archimime pourrait être d'ailleurs intéressant.
Pour la comparaison avec Racine, je me suis concentré aussi sur Hippolyte dont l'évolution est intéressante, mais j'ai élargi avec d'autres dramaturges comme Pradon ou Garnier. C'était surtout destiné aux TL car la problématique concernait surtout la discontinuité du personnage dans Sénèque et son nécessaire resserrement dans les tragédies classiques au nom de la vraisemblance.
Tu pourrais regarder peut-être la traduction de F. Dupont qui permet des commentaires ou des exposés dans des directions très diverses: théorie de la traduction, mise en scène, etc.
- InvitéeBruNiveau 5
Bonnes idées! Merci Elpenor
- NLM76Grand Maître
Tiens c'est quoi ça l'archimime ?
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Sites du grip :
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MictlantecuhtliNiveau 9
Un mime-en-chef ? :lol:
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Ō miserās hominum mentēs, ō pectora cæca !
Quālibus in tenebrīs uītæ quantīsque perīclīs
dēgitur hoc æuī quodcumquest ! Nōnne uidēre
nīl aliud sibi nātūram lātrāre, nisi ut quī
corpore sēiūnctus dolor absit — mente fruātur
iūcundō sēnsū, cūrā sēmōta metūque ?
- InvitéeBruNiveau 5
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/archimime
- NLM76Grand Maître
Pourquoi y aurait-il un archimime dans le prologue ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Punaise, vous travaillez vraiment en pro, vous autres!
Moi qui n'ai pas encore commencé à aborder l’œuvre au programme....
Nan mais continuez vos conversations, faut que je m'instruise :lecteur:
Moi qui n'ai pas encore commencé à aborder l’œuvre au programme....
Nan mais continuez vos conversations, faut que je m'instruise :lecteur:
- Invité ElExpert spécialisé
L'archimime est un acteur qui joue en le dansant le texte lu, ou chanté, en portant un masque sans bouche ni expression. C'est sa gestuelle qui est narrative. Il pouvait d'ailleurs intervenir non seulement sur des textes dramatiques, comme la Phèdre, mais également sur des passages des Métamorphoses, de l'Enéide (la mort de Turnus par exemple), etc.
L'usage de la pantomime, et, par là, le recours à l'archimime, s'est généralisé à partir d'Auguste. La première fois, c'était aux Ludi augustales en -14. Le théâtre de Sénèque s'inscrit donc dans cette pratique du théâtre qui fait une large part à la pantomime. On ne sait rien des conditions dans lesquelles ces pièces ont été présentées. La question de l'historicité des mises en scène dans un théâtre semble une impasse d'après les spécialistes: reste que le texte de Sénèque semble compatible avec la scène.
Ceci dit, le prologue de Phèdre est un peu étonnant car si tous les manuscrits attribuent les vers 1 à 84 à Hippolyte, le texte est bien un canticum, en vers anapestiques, et normalement dévolu au choeur. Première anomalie, donc. Ensuite, quand un personnage est sur scène, il porte un masque qui correspond à son motus animi dans lequel il doit être figé à la fin de la pièce. Or Hippolyte, ici, possède une figure multiple: il est ferus bien sûr, chasseur sauvage, mais il possède aussi une dimension érotique: il est un mélange de violence et d'érotisme. C'est un personnage déconstruit, sans unité identifiable, sans ethos bien défini. Qui peut jouer cela, alors, sinon le pantomime? Chez Sénèque, il y a une vraie discontinuité dans le personnage (ce que Racine, en bon lecteur de la Poétique, a essayé de corriger; il s'en explique assez explicitement dans la Préface), et il faut bien se poser la question de sa représentation. Etant entendu que pour le théâtre romain, la catégorie de la μίμησις d'Aristote est inopérante.
Si je n'ai pas dit de bêtises, voilà en gros la thèse que développe notamment F. Dupont. Son article publié dans la REL est très stimulant: F. Dupont, "Le prologue de la Phèdre de Sénèque" (1991) vol.69, p.124-135. J'ai aussi raconté pas mal de choses glanées dans son livre L'orateur sans visage.
Et pour la pantomime, une référence importante est : Marie-Hélène Garelli, Danser le mythe. La pantomime et sa réception dans la culture antique (2007)
En tout cas, voilà ce que je raconte à mes élèves.
L'usage de la pantomime, et, par là, le recours à l'archimime, s'est généralisé à partir d'Auguste. La première fois, c'était aux Ludi augustales en -14. Le théâtre de Sénèque s'inscrit donc dans cette pratique du théâtre qui fait une large part à la pantomime. On ne sait rien des conditions dans lesquelles ces pièces ont été présentées. La question de l'historicité des mises en scène dans un théâtre semble une impasse d'après les spécialistes: reste que le texte de Sénèque semble compatible avec la scène.
Ceci dit, le prologue de Phèdre est un peu étonnant car si tous les manuscrits attribuent les vers 1 à 84 à Hippolyte, le texte est bien un canticum, en vers anapestiques, et normalement dévolu au choeur. Première anomalie, donc. Ensuite, quand un personnage est sur scène, il porte un masque qui correspond à son motus animi dans lequel il doit être figé à la fin de la pièce. Or Hippolyte, ici, possède une figure multiple: il est ferus bien sûr, chasseur sauvage, mais il possède aussi une dimension érotique: il est un mélange de violence et d'érotisme. C'est un personnage déconstruit, sans unité identifiable, sans ethos bien défini. Qui peut jouer cela, alors, sinon le pantomime? Chez Sénèque, il y a une vraie discontinuité dans le personnage (ce que Racine, en bon lecteur de la Poétique, a essayé de corriger; il s'en explique assez explicitement dans la Préface), et il faut bien se poser la question de sa représentation. Etant entendu que pour le théâtre romain, la catégorie de la μίμησις d'Aristote est inopérante.
Si je n'ai pas dit de bêtises, voilà en gros la thèse que développe notamment F. Dupont. Son article publié dans la REL est très stimulant: F. Dupont, "Le prologue de la Phèdre de Sénèque" (1991) vol.69, p.124-135. J'ai aussi raconté pas mal de choses glanées dans son livre L'orateur sans visage.
Et pour la pantomime, une référence importante est : Marie-Hélène Garelli, Danser le mythe. La pantomime et sa réception dans la culture antique (2007)
En tout cas, voilà ce que je raconte à mes élèves.
- Invité ElExpert spécialisé
Un petit oubli: sur les sententiae, et parce qu'on ne peut pas tout lire, une recension éclairante de la thèse de P. Paré-Rey ici:
http://www.revue-etudes-anciennes.fr/wp-content/uploads/2013/11/lecture-critique-flamerie-1-2013.pdf
http://www.revue-etudes-anciennes.fr/wp-content/uploads/2013/11/lecture-critique-flamerie-1-2013.pdf
- NLM76Grand Maître
Qu'est-ce que c'est, les références antiques pour l'archimime ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- Invité ElExpert spécialisé
On a l'embarras du choix La seule que je connaissais avant d'avoir lu Garelli et Dupont était dans Suétone, Vespasien 19:
Un autre, pour la route:
Pour le reste, la prosopographie compléte est chez H. Leppin, Histrionen, Bonn, 1992 mais Garelli en fait justement une sélection dans sa thèse, ce qui est bien pratique (de temps en temps, l'argument d'autorité ne me gêne pas).
On trouve beaucoup de matière sur la pantomime - et donc l'archimime - dans Lucien, La Danse et Libanios, Discours 64 contre Aristide.
Suet., Vesp. 19 a écrit:Alexandrini Cybiosacten eum vocare perseveraverunt, cognomine unius e regibus suis turpissimarum sordium, Sed et in funere Favor archimimus personam eius ferens imitansque, ut est mos, facta ac dicta vivi, interrogatis palam procuratoribus, quanti funus et pompa constaret, ut audiit, sestertio centiens, exclamavit, centum sibi sestertia darent, ac se vel in Tiberim proicerent.
Un autre, pour la route:
Plutarque, Sylla, 36 a écrit: οὗτοι γὰρ οἱ τότε παρ᾽ αὐτῷ δυνάμενοι μέγιστον ἦσαν, Ῥώσκιος ὁ κωμῳδὸς καὶ Σῶριξ ὁ ἀρχιμῖμος καὶ Μητρόβιος ὁ λυσιῳδός,
Pour le reste, la prosopographie compléte est chez H. Leppin, Histrionen, Bonn, 1992 mais Garelli en fait justement une sélection dans sa thèse, ce qui est bien pratique (de temps en temps, l'argument d'autorité ne me gêne pas).
On trouve beaucoup de matière sur la pantomime - et donc l'archimime - dans Lucien, La Danse et Libanios, Discours 64 contre Aristide.
- Invité ElExpert spécialisé
Si ça vous intéresse, je donne ça aux élèves (j'imprime deux pages sur une, d'où la police 14 et les espaces):
[url=
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- NLM76Grand Maître
Merci l'ami, incarnation de l'incompétence !
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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