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Sapotille
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Nouvelles injonctions en grammaire (Le Parisien) et discussion sur le prédicat  - Page 6 Empty Re: Nouvelles injonctions en grammaire (Le Parisien) et discussion sur le prédicat

par Sapotille Mer 11 Jan 2017 - 21:02
Vinteuil a écrit:Comme je l’ai indiqué plus haut, tout ceci - COD, COI, CDN et j’en passe - ne fait plus partie du programme du CE 2 et je dois dire que, de ce point de vue, la notion de prédicat est le dernier de mes soucis ! Il n’est donc pas étonnant que la petite Ukrainienne de Sapotille ne fasse pas de grammaire à l’école... Si j’avais à m’occuper de cette petite fille, je ferais avec elle de la grammaire « à l’ancienne » : identifier le verbe, le sujet, le complément d’objet, les compléments circonstanciels...

Un très grand merci !

Je vais donc faire ce que je sais faire !

Et mon expérience me permet d'affirmer que les enfants aiment la grammaire. :blague:
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par JiPe38 Mer 11 Jan 2017 - 21:06
Sans la notion de prédicat, comment pourriez vous expliquer que la phrase citée plus haut "Rodriguez passe le ballon par nécessité à Matuidi" est incorrecte ?
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par User17706 Mer 11 Jan 2017 - 21:15
L'est-elle ? Maladroite éventuellement, mais incorrecte ?
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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 21:16
Ben non, elle n'est pas incorrecte.
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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 21:16
Et avec ton prédicat, comment rends-tu compte de tous les effets de mise en relief ?
À son fils cadet le meunier ne laissa que son chat.

Un prédicat coupé en deux, ça le fait ?
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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 21:24
JiPe38 a écrit:Sans la notion de prédicat, comment pourriez vous expliquer que la phrase citée plus haut  "Rodriguez passe le ballon par nécessité à Matuidi" est incorrecte  ?

Qu'est-ce qui te pose problème, en fait ? Que le complément circonstanciel de cause coupe en deux ton prédicat ? Faut pas ?

Alice découvrit au beau milieu du salon un énorme sac de jute.

Ça va pas ?
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par fifi51 Mer 11 Jan 2017 - 21:33
Sapotille a écrit:
Vinteuil a écrit:Comme je l’ai indiqué plus haut, tout ceci - COD, COI, CDN et j’en passe - ne fait plus partie du programme du CE 2 et je dois dire que, de ce point de vue, la notion de prédicat est le dernier de mes soucis ! Il n’est donc pas étonnant que la petite Ukrainienne de Sapotille ne fasse pas de grammaire à l’école... Si j’avais à m’occuper de cette petite fille, je ferais avec elle de la grammaire « à l’ancienne » : identifier le verbe, le sujet, le complément d’objet, les compléments circonstanciels...

Un très grand merci !

Je vais donc faire ce que je sais faire !

Et mon expérience me permet d'affirmer que les enfants aiment la grammaire. :blague:

Pour l'avoir pratiqué, l'ukrainien est une langue à déclinaisons et il me paraît probable que les notions de COD, COI etc.. soit nettement plus claires pour elles (après, il peut y avoir des différences, sans est suivi du génitif de mémoire) que la notion de prédicat.
Et plus j'entends parler du prédicat, moins je comprends ce que c'est (je le décrirais comme ensemble des trucs qui ne sont pas le sujet et je n'en suis même pas sûr).
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par JiPe38 Mer 11 Jan 2017 - 21:38
Dans les deux cas, le meunier et Alice, je rajouterais des virgules.

À son fils cadet, le meunier ne laissa que son chat.
Alice découvrit, au beau milieu du salon, un énorme sac de jute.

Dans ces deux cas il me semble que les phrases sans virgules, même si on peut considérer qu'elles sont grammaticalement acceptables, devraient être évitées par des élèves non rompus à ces effets de style. Effectivement il y a des prédicats coupés par des enchâssements (Alice), au complément renvoyé en position préposée (le meunier). Mais si on donne la règle "le prédicat doit rester intact" dans la phrase, c'est pour en souligner les exceptions en tant qu'effets de style. Pour les élèves : n'écrivez pas ça, mais vous pourrez le rencontrer dans des textes.
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 21:39
Dans les deux phrases suivantes :
1) Roméo a renoncé à son projet par amour.
2) Roméo a été touché par Amour.
qu'est-ce qui ouvre plus sur le sens ?
De dire :
a) que "l'amour" dans la phrase 1 désigne la cause (ou la raison) de son renoncement et "Amour" dans la phrase 2 désigne celui qui - l'agent - a touché Roméo (par exemple au coeur, avec une flèche, irrémédiablement, etc.) ?
b) que "par Amour" est un complément indirect du verbe à la voie passive introduit par "par" (peut-on le supprimer ? peut-on le déplacer ? normalement si c'est un complément de verbe on devrait ne pas pouvoir …) et "par amour" un complément de phrase" ?

Quant à la séparation dans le "prédicat" du verbe et de son complément (d'agent), rien de plus simple : Roméo a été touché hier, en rentrant d'une fête bien arrosée, par Amour. (prédicat = a été touché par Amour). Virgules ou non, ça reste une séparation ...


Dernière édition par bernardo le Mer 11 Jan 2017 - 21:44, édité 1 fois
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par Vinteuil Mer 11 Jan 2017 - 21:42
JiPe38 a écrit:Sans la notion de prédicat, comment pourriez vous expliquer que la phrase citée plus haut  "Rodriguez passe le ballon par nécessité à Matuidi" est incorrecte  ?
En quoi est-elle incorrecte ? C'est le "par nécessité" qui surprend mais si on le remplace par un "par erreur" ? Si, précaution supplémentaire, on entoure le "par erreur" de deux virgules ?

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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 21:43
JiPe38 a écrit:Dans les deux cas, le meunier et Alice, je rajouterais des virgules.

À son fils cadet, le meunier ne laissa que son chat.
Alice découvrit, au beau milieu du salon, un énorme sac de jute.

Dans ces deux cas il me semble que les phrases sans virgules, même si on peut considérer qu'elles sont grammaticalement acceptables, devraient être évitées par des élèves non rompus à ces effets de style. Effectivement il y a des prédicats coupés par des enchâssements (Alice), au complément renvoyé en position préposée (le meunier). Mais si on donne la règle "le prédicat doit rester intact" dans la phrase, c'est pour en souligner les exceptions en tant qu'effets de style. Pour les élèves : n'écrivez pas ça, mais vous pourrez le rencontrer dans des textes.

Pourquoi N'écrivez pas ça ? On le rencontre tout le temps. Le but de la grammaire, c'est aussi d'apprendre à ménager ses effets.
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par User17706 Mer 11 Jan 2017 - 21:45
JiPe38 a écrit:Dans les deux cas, le meunier et Alice, je rajouterais des virgules.

À son fils cadet, le meunier ne laissa que son chat.
Alice découvrit, au beau milieu du salon, un énorme sac de jute.

Dans ces deux cas il me semble que les phrases sans virgules, même si on peut considérer qu'elles sont grammaticalement acceptables, devraient être évitées par des élèves non rompus à ces effets de style. Effectivement il y a des prédicats coupés par des enchâssements (Alice), au complément renvoyé en position préposée (le meunier). Mais si on donne la règle "le prédicat doit rester intact" dans la phrase, c'est pour en souligner les exceptions en tant qu'effets de style. Pour les élèves : n'écrivez pas ça, mais vous pourrez le rencontrer dans des textes.
Une bonne partie de ce propos me semble un artefact engendré par la notion de prédicat.
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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 21:45
En fait, ce qui serait bien, avec la grammaire qu'on enseigne, c'est qu'elle permette d'accéder aux textes tels qu'ils sont écrits, pas seulement à des phrases canoniques qui restent, finalement, relativement rares en dehors des corpus créés ad hoc.
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 21:47
JiPe38 a écrit:Dans les deux cas, le meunier et Alice, je rajouterais des virgules.

À son fils cadet, le meunier ne laissa que son chat.
Alice découvrit, au beau milieu du salon, un énorme sac de jute.

Dans ces deux cas il me semble que les phrases sans virgules, même si on peut considérer qu'elles sont grammaticalement acceptables, devraient être évitées par des élèves non rompus à ces effets de style. Effectivement il y a des prédicats coupés par des enchâssements (Alice), au complément renvoyé en position préposée (le meunier). Mais si on donne la règle "le prédicat doit rester intact" dans la phrase, c'est pour en souligner les exceptions en tant qu'effets de style. Pour les élèves : n'écrivez pas ça, mais vous pourrez le rencontrer dans des textes.

On aurait l'air de dire aux élèves que ce qu'on rencontre dans les textes n'est pas correct alors que, précisément, c'est ça la littérature Very Happy

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par Sapotille Mer 11 Jan 2017 - 21:48
fifi51 a écrit:

Pour l'avoir pratiqué, l'ukrainien est une langue à déclinaisons et il me paraît probable que les notions de COD, COI etc.. soit nettement plus claires pour elles (après, il peut y avoir des différences, sans est suivi du génitif de mémoire) que la notion de prédicat.

Les deux fillettes parlent et écrivent l'ukrainien et le russe : et ces deux langues sont vraiment différentes !
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par Vinteuil Mer 11 Jan 2017 - 21:49
Sapotille a écrit:Et mon expérience me permet d'affirmer que les enfants aiment la grammaire. :blague:

Je confirme ! Very Happy

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par Vinteuil Mer 11 Jan 2017 - 21:50
bernardo a écrit:On aurait l'air de dire aux élèves que ce qu'on rencontre dans les textes n'est pas correct alors que, précisément, c'est ça la littérature Very Happy

aaiaaiaai

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par Provence Mer 11 Jan 2017 - 21:54
JiPe38 a écrit: Mais si on donne la règle "le prédicat doit rester intact" dans la phrase, c'est pour en souligner les exceptions en tant qu'effets de style. Pour les élèves : n'écrivez pas ça, mais vous pourrez le rencontrer dans des textes.
Et quel en serait l'intérêt? N'apprendre aux élèves qu'une langue que pourrait apprendre un ordinateur?
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 22:01
JiPe38 a écrit:Bonjour à toutes et à tous

Nouveau ici, j'explique en quelques mots ce que je suis et ce que je fais. Je passe sur mes qualifications en technologie : j'ai enseigné ça pendant 25 ans. Aujourd'hui, je travaille sur un logiciel d'intelligence artificielle capable de faire l'analyse logique d'une phrase en français. Déjà plus de 1500h de boulot sur la question. Donc en gros, j'apprends la grammaire à un ordinateur...

Globalement je travaille sur quatre fronts : mon lexique, ma grammaire, mon analyseur syntaxique, mon interface utilisateur. Cela peut surprendre que je dise "mon" lexique ou "ma" grammaire. Vous n'imaginez pas à quel point ces entités sont personnelles, dans leur structure profonde. Elles sont d'ailleurs en dépendance étroite : le lexique est un "lexique-grammaire" au sens donné par Maurice Gross. Le parser (pardon, l'analyseur syntaxique) est un logiciel que j'ai programmé de "A" à "Z". Les règles de grammaire que je construis, petit à petit, dépendent étroitement du contenu du lexique et de la structure algorithmique du parser. Et bien évidemment l'interface utilisateur dépend de tout ça.

Pourquoi ai-je décidé d'apporter une contribution à ce débat ? En fait je n'ai jamais enseigné la grammaire à des entités biologiques, qu'on les appelle "élèves", "étudiants" ou "apprenants". Je me garderai donc bien de critiquer telle ou telle approche didactique. Mais une chose m'a sauté aux yeux en regardant d'une part les anciens programmes (ou en me remémorant  mon apprentissage passés de quelques grammaires - français, anglais, latin, grec) et d'autre part en regardant les nouveaux programmes. Dans les deux cas, pour employer une métaphore de charpentier, j'ai l'impression qu'on apprend à monter une échelle en sautant un barreau sur deux.

L'ordinateur (enfin, soyons clair, un logiciel d'intelligence artificielle) a besoin de tous les barreaux de l'échelle pour monter. Si on en supprime un, soit il se bloque, soit il faut contourner la difficulté et notamment complexifier les règles de grammaire pour arriver au résultat. Je donne deux exemples : les déterminants et le prédicat.

Je peux déclarer, dans mon lexique, que "le", "la", "un", "trois", "quelques" etc... sont des déterminants. Si je fais cela, je n'aurai pas de difficulté au niveau syntaxique. Mais je vais bloquer sur l'interprétation sémantique ou pragmatique du groupe nominal dans lequel ce déterminant est inséré. Si mon objectif est de déclarer "la phrase est grammaticalement correcte" je peux en rester là. Si je veux utiliser le logiciel pour aller plus loin, par exemple interpréter la phrase pour agir sur un monde virtuel, je bloque. Pour débloquer, il me faudra dire quelle est l'interprétation sémantique et pragmatique (dans mon monde virtuel) de ce déterminant, c'est à dire distinguer entre un article défini, indéfini, un quantificateur, etc. Donc j'aurais gagné à étiqueter "article", etc. dans le lexique, quitte à créer une règle de type DET --> articleDef | articleIndef | quantif : et un barreau de plus sur l'échelle.

Le prédicat... ou là là... je ne pensais pas que le sujet était aussi chaud dans la communauté des enseignants de notre langue !

Eh oui, ignorant totalement les instructions ministérielles de 2016 (elles n'étaient pas encore parues) j'ai intégré le prédicat dans ma grammaire. Cela simplifie beaucoup les choses. J'ai pourtant (pour l'instant une douzaine de règles définissant des sortes de prédicats distinctes. La phrase peut être déclarative, impérative, interrogative, négative, etc... Si je supprimais cette douzaine d'objets "intermédiaires", il me faudrait rajouter trois ou quatre fois plus (une cinquantaine) de règles ! Pour information, j'estime que la grammaire complète, capable de couvrir le français d'un élève de seconde, doit avoir entre 150 et 200 règles. J'en suis à une soixantaine... Par contre, j'ai besoin, pour écrire les règles de ces diverses variétés de prédicat, d'avoir défini un groupe verbal, un COD, un COI ! Si je supprime ces fonctions, à nouveau je dois multiplier le nombre de prédicats possibles (peut être une soixantaine).

Exemple de règle : PREDIMP --> GV  cld  CO
Exemple de phrase incluant ce "prédicat impératif" : "Passe moi le sel"
GV (passe) = groupe verbal. cld (moi) = pronom clitique datif. CO (le sel) = complément d'objet direct.

Donc je ne suis pas surpris que les linguistes qui ont fait les programmes 2016 aient inclus la notion de prédicat : tant mieux. Mais pourquoi ont ils supprimé la fonction "complément d'objet direct" ? Ils ont rajouté le barreau qui manquait à l'échelle, mais ils ont supprimé le barreau qui était en dessous !

Si leur intention était de faciliter la tâche de celui qui doit monter à l'échelle, ce n'est sans doute pas réussi ! Voilà... simple point de vue d'ingénieur de la langue. Peut être suis-je déformé dans mon raisonnement par le fait que l'ordinateur a une mémoire de grande capacité, et que "multiplier les barreaux de l'échelle" n'est pas un inconvénient pour lui, alors que l'entité biologique a des limitations en terme de capacité de mémorisation et de traitement. Mais j'ai un doute...

D'ailleurs je vous livre une anecdote. J'ai discuté avec l'auteure d'un livre de grammaire pour l'école primaire. Je trouve sa méthode, appuyée sur des supports graphiques, très bien faite. Elle ne parle pas de prédicat. D'ailleurs, elle était perplexe sur la manière de définir et d'employer cette notion, faisant état de conseils divers reçus d'experts. Hilarité de ma part... ma définition du prédicat, dans "ma" grammaire, est identique à celle qu'elle donne d'une "pochette rouge" dans laquelle elle fait ranger les étiquettes des mots de la phrase aux élèves de CE2.

Alors, peut être que le secret est d'enseigner le prédicat sans employer le mot qui le définit...

Maintenant que je comprends un peu mieux ce que tu expliques, je me permets de revenir sur ton premier message posté ici : les choses que j'ai soulignées (que tu apprends la grammaire à un ordinateur et non à des élèves et que le prédicat simplifie beaucoup de choses) disent une chose : que la grammaire que tu apprends à ton ordinateur est plus simple que la grammaire qu'on apprend à des élèves. Pour une raison simple : nous espérons permettre à nos élèves, par le moyen de la grammaire, d'accéder à la compréhension (intellectuelle et esthétique) des "grands textes", où le style importe, et, soyons ambitieux, de leur permettre aussi de rédiger avec style. Deux projets, deux directions différentes. Non ?

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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 22:03
On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on coiffait ma lampe. (Proust)

Ce n'est pas seulement une question de style. C'est aussi une question de construction des phrases, de possibilité de les développer à loisir sans s'emmêler les pinceaux : une question de liberté. Ici, la relative qui complète la lanterne magique impose de déplacer le complément circonstanciel. C'est parce qu'ils apprennent des structures trop figées que les élèves sont capables d'écrire sans sourciller : Arthur offrit un cheval à la reine qui galopait avec beaucoup d'élégance. Il est justement important qu'ils sachent varier la place des compléments à différentes fins. J'y travaille beaucoup en expression écrite.
bernardo
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 22:07
V.Marchais a écrit:On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on coiffait ma lampe. (Proust)

Ce n'est pas seulement une question de style. C'est aussi une question de construction des phrases, de possibilité de les développer à loisir sans s'emmêler les pinceaux : une question de liberté. Ici, la relative qui complète la lanterne magique impose de déplacer le complément circonstanciel. C'est parce qu'ils apprennent des structures trop figées que les élèves sont capables d'écrire sans sourciller : Arthur offrit un cheval à la reine qui galopait avec beaucoup d'élégance. Il est justement important qu'ils sachent varier la place des compléments à différentes fins. J'y travaille beaucoup en expression écrite.

Mais c'est ça le style, non ?
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par V.Marchais Mer 11 Jan 2017 - 22:09
Chez Proust, évidemment, ça participe du style. Chez les élèves, savoir déplacer les complément peut tout simplement éviter des incorrections, ou des incongruités, comme celle citée plus haut.
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 22:12
On touche à la question qui fait que le débat sur la grammaire (dont le prédicat) est un débat politique. Quel projet on a pour les élèves ? Est-ce qu'il faut seulement qu'ils s'y retrouvent à peu près pour (j'exagère) "lire" une notice ou un bon roman de gare vendu comme "addictif" (comme si provoquer une addiction était le but de la littérature) ? Ou est-ce qu'on veut plus pour tous les élèves ? Et est-ce que le fait que certains n'y arrivent pas (pas tout de suite, pas facilement) est une raison pour jeter le bébé aux orties ?

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par JiPe38 Mer 11 Jan 2017 - 22:27
bernardo a écrit:
je me permets de revenir sur ton premier message posté ici : les choses que j'ai soulignées (que tu apprends la grammaire à un ordinateur et non à des élèves et que le prédicat simplifie beaucoup de choses) disent une chose : que la grammaire que tu apprends à ton ordinateur est plus simple que la grammaire qu'on apprend à des élèves. Pour une raison simple : nous espérons permettre à nos élèves, par le moyen de la grammaire, d'accéder à la compréhension (intellectuelle et esthétique) des "grands textes", où le style importe, et, soyons ambitieux, de leur permettre aussi de rédiger avec style. Deux projets, deux directions différentes. Non ?
Au départ, mon ambition était de pouvoir analyser logiquement des textes littéraires. Aider les auteurs peu expérimentés (j'en suis) à valider leurs textes, détecter des phrases un peu compliquées pour les lecteurs, etc. J'ai du effectivement rapidement modérer mes ambitions en constatant à quel Himalaya je m'étais attaqué. Donc j'ai décidé de procéder par étape, en construisant une grammaire correspondant plus ou moins au niveau CE1, rajoutant une surcouche pour le CE2, etc. Aujourd'hui j'en suis à compléter mon niveau CE2, entre autres car il y a du travail sur le parser (les coordinations), sur le lexique (alignement).

Donc oui, aujourd'hui le "niveau" de mon bébé ne vole pas bien haut. Il n'a qu'une soixantaine de règles. Mais il apprend régulièrement... Comme souligné dans le exemples discutés ci-dessus, il y a bien des cas où le bel ordonnancement canonique sujet-prédicat-compléments de phrase peut être rompu. Chacun de ces cas nécessite d'être analysé, et le plus souvent il faut créer une ou plusieurs règles de grammaire (au sens génératif) qui permettent de reconnaître ces constructions. Les spécialistes du TAL le disent : la littérature du XIX° et notamment Proust sont considérés comme un graal plus ou moins inatteignable. Mais ce n'est qu'une question de temps, d'effort, donc d'investissement. Si une grammaire de niveau 6° contient par exemple 200 règles, une grammaire capable de "lire" Proust en comprendra peut être le double ou le triple.

Je serais curieux de tester mon analyseur sur des rédactions d'élèves de CE2 par exemple, pour voir si l'évaluation que je fais du "niveau" de ma grammaire est réaliste ou pas. Si quelqu'un connait des corpus de ce type numérisés... je suis preneur.

bernardo
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par bernardo Mer 11 Jan 2017 - 22:41
JiPe38 a écrit:
bernardo a écrit:
je me permets de revenir sur ton premier message posté ici : les choses que j'ai soulignées (que tu apprends la grammaire à un ordinateur et non à des élèves et que le prédicat simplifie beaucoup de choses) disent une chose : que la grammaire que tu apprends à ton ordinateur est plus simple que la grammaire qu'on apprend à des élèves. Pour une raison simple : nous espérons permettre à nos élèves, par le moyen de la grammaire, d'accéder à la compréhension (intellectuelle et esthétique) des "grands textes", où le style importe, et, soyons ambitieux, de leur permettre aussi de rédiger avec style. Deux projets, deux directions différentes. Non ?
Au départ, mon ambition était de pouvoir analyser logiquement des textes littéraires. Aider les auteurs peu expérimentés (j'en suis) à valider leurs textes, détecter des phrases un peu compliquées pour les lecteurs, etc. J'ai du effectivement rapidement modérer mes ambitions en constatant à quel Himalaya je m'étais attaqué. Donc j'ai décidé de procéder par étape, en construisant une grammaire correspondant plus ou moins au niveau CE1, rajoutant une surcouche pour le CE2, etc. Aujourd'hui j'en suis à compléter mon niveau CE2, entre autres car il y a du travail sur le parser (les coordinations), sur le lexique (alignement).

Donc oui, aujourd'hui le "niveau" de mon bébé ne vole pas bien haut. Il n'a qu'une soixantaine de règles. Mais il apprend régulièrement... Comme souligné dans le exemples discutés ci-dessus, il y a bien des cas où le bel ordonnancement canonique sujet-prédicat-compléments de phrase peut être rompu. Chacun de ces cas nécessite d'être analysé, et le plus souvent il faut créer une ou plusieurs règles de grammaire (au sens génératif) qui permettent de reconnaître ces constructions. Les spécialistes du TAL le disent : la littérature du XIX° et notamment Proust sont considérés comme un graal plus ou moins inatteignable. Mais ce n'est qu'une question de temps, d'effort, donc d'investissement. Si une grammaire de niveau 6° contient par exemple 200 règles, une grammaire capable de "lire" Proust en comprendra peut être le double ou le triple.

Je serais curieux de tester mon analyseur sur des rédactions d'élèves de CE2 par exemple, pour voir si l'évaluation que je fais du "niveau" de ma grammaire est réaliste ou pas. Si quelqu'un connait des corpus de ce type numérisés... je suis preneur.


Je n'ai pas cela mais je te propose un test : analyser "Ultima verba" de Victor Hugo. Attention : ça met en jeu des fonctions comme : mis en apostrophe, épithète détachée, mis en apposition, CdN, COD, etc. + quelques subordonnées, notamment des circonstancielles de condition et 2 relatives intéressantes. Dans combien de temps penses-tu que ton programme y arrivera ?
Dalva
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Nouvelles injonctions en grammaire (Le Parisien) et discussion sur le prédicat  - Page 6 Empty Re: Nouvelles injonctions en grammaire (Le Parisien) et discussion sur le prédicat

par Dalva Mer 11 Jan 2017 - 23:10
JiPe38 a écrit:
Dalva a écrit:JiPe38, es-tu en mesure de montrer qu'il existe une catégorie "complément de phrase" distincte de la catégorie "complément du verbe" ?
(Et cette PE, l'est-elle ?)

Prenons un exemple. L'un de vos élèves commente un match de foot vu à la télé et il vous ressort une phrase plus ou moins bien mémorisée du commentaire entendu : "Rodriguez passe le ballon par nécessité à Matuidi".

Analyse de la phrase : trois compléments (le ballon, la nécessité, Matuidi). Recherche dans le dico, vous allez trouver une entrée au verbe "passer" qui indique "passer quelque chose à quelqu'un". Si vous cherchez un exemple avec "passer par" vous allez trouver la locution "passer par pertes et profits". Vous ne trouverez pas "passer quelque chose par X à quelqu'un. D'ailleurs les verbes trivalents (qui admettent trois compléments dans leur prédicat) sont extrêmement rares. En vous appuyant sur la sémantique et la pragmatique du procès, vous pourrez dire à votre élève que le sens à prendre en compte ici est le premier, donc son prédicat est "passe le ballon à Matuidi". Il en résulte que "par nécessité" est un complément de phrase.
Vraiment ? Je ne vois toujours pas le lien logique.
Reprenons l'exemple, mais augmentons-le un peu, en tenant compte du fait que tu as inclus de la notion de "proposition" pour apprendre la grammaire à ton ordinateur.
"Rodriguez passe le ballon par nécessité à Matuidi ; celui-ci opère une formidable reprise de volée, calme le jeu, vise, tire, et marque."
Si "par nécessité" est un complément de phrase, alors on doit comprendre Matuidi marque "par nécessité". Je veux bien qu'on évacue la sémantique, mais enfin, ça ne te pose aucun problème ?
Question annexe : la grammaire peut-elle réellement s'affranchir du sens ? Ne confonds-tu pas avec la linguistique ?

JiPe38 a écrit:Vous pourrez donc conclure que, au niveau de votre élève, enchâsser le complément de phrase au beau milieu du prédicat est interdit, et que les phrases correctes seraient : "Rodriguez passe le ballon à Matuidi par nécessité" ou encore "Par nécessité, Rodriguez passe le ballon à Matuidi".
Ah non, je ne conclurai pas ça. La phrase initiale est peut-être étonnante, voire déroutante pour qui ne lit pas fluidement, mais pas incorrecte. Je ne m'étendrai pas sur ce point, d'autres l'ont fait plus haut.
Mon élève n'étant pas un ordinateur, je ne vois pas pourquoi je lui infligerais des simplifications extrêmes qui ôteraient toute âme à son écriture (déjà qu'il y manque l'orthographe...).

JiPe38 a écrit:L'utilité du prédicat en analyse (et donc lors de la production) est de regrouper le verbe et ses compléments essentiels (je n'aime pas le terme obligatoire, car dans certains cas ils sont facultatifs) et de rejeter les compléments de phrase à l'extérieur. Pour le lecteur ou l'auditeur de la phrase, ce rejet permet de distinguer plus facilement les compléments "de modalité" ou "circonstanciels", qui ne sont que du "décor" du schéma actanciel, et de regrouper les acteurs du dit schéma.
Non, ce que je vois ici, c'est que l'utilité du prédicat (tel que tu le définis et circonscris), en production, est d'assécher la langue. En analyse, elle est d'exclure la quasi-totalité de la littérature de la correction grammaticale, ce qui est tout de même un comble.

JiPe38 a écrit:Je n'ai pas "montré qu'il existe une catégorie complément de phrase", mais je pense que cet exemple vous montrera que la construction d'une grammaire qui contient cette fonction simplifie l'analyse et permet d'expliquer pourquoi une phrase peut être mieux construite qu'une autre.
Certes non, et pour cause.

Quant à la fin de ta phrase, c'est Le Meilleur des mondes appliqué à la grammaire !
On ne peut pas "construire une grammaire" et ensuite tenter d'y conformer la langue. On ne peut qu'observer la langue telle qu'elle est, et en déduire une grammaire qui se trouvera nécessairement dépassée par des cas limites, non analysables - et pourtant corrects.

JiPe38 a écrit:
bernardo a écrit:
je me permets de revenir sur ton premier message posté ici : les choses que j'ai soulignées (que tu apprends la grammaire à un ordinateur et non à des élèves et que le prédicat simplifie beaucoup de choses) disent une chose : que la grammaire que tu apprends à ton ordinateur est plus simple que la grammaire qu'on apprend à des élèves. Pour une raison simple : nous espérons permettre à nos élèves, par le moyen de la grammaire, d'accéder à la compréhension (intellectuelle et esthétique) des "grands textes", où le style importe, et, soyons ambitieux, de leur permettre aussi de rédiger avec style. Deux projets, deux directions différentes. Non ?
Au départ, mon ambition était de pouvoir analyser logiquement des textes littéraires. Aider les auteurs peu expérimentés (j'en suis) à valider leurs textes, détecter des phrases un peu compliquées pour les lecteurs, etc. J'ai du effectivement rapidement modérer mes ambitions en constatant à quel Himalaya je m'étais attaqué. Donc j'ai décidé de procéder par étape, en construisant une grammaire correspondant plus ou moins au niveau CE1, rajoutant une surcouche pour le CE2, etc. Aujourd'hui j'en suis à compléter mon niveau CE2, entre autres car il y a du travail sur le parser (les coordinations), sur le lexique (alignement).
Tu n'avais donc pas l'intuition avant de commencer que ce serait impossible ?
Ce que j'ai mis en gras : affraid
C'est donc toi, le coupable ? Celui qui a fait réécrire les Jojo lapin et les Fantômette dans une langue simpliste, sans passé simple et sans sortie du schéma S-V-Compléments ?
Mais tu es criminel !

Tu me diras que non.
Je citerai La Fontaine : "C'est donc quelqu'un des tiens."
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