- laMissSage
Bonjour à tous,
Une remarque, après lecture de l'autre topic qui recense les témoignages sur les formations réforme.
J'ai l'impression que l'on semble vouloir traiter le français comme une langue étrangère.
C'est même assez frappant.
On vous donne les mêmes conseils qu'en LVE :
- priorité à l'oral
- effacement du professeur pour laisser parler les élèves et les laisser interagir entre eux
- très grande tolérance concernant les erreurs d'orthographe et même d'accord (les petitent filles, c'est pas si mal)
- apprentissage fractionné des conjugaisons pour un même temps (cf. la logique de la démarche actionnelle en LVE)
- grammaire : pas de cours magistral; faire dégager les règles par les élèves
...
Avez-vous la même lecture que moi ? Depuis quelques témoignages, cela me saute vraiment aux yeux.
Si oui, est-ce l'aveu d'une baisse de niveau ?
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Une remarque, après lecture de l'autre topic qui recense les témoignages sur les formations réforme.
J'ai l'impression que l'on semble vouloir traiter le français comme une langue étrangère.
C'est même assez frappant.
On vous donne les mêmes conseils qu'en LVE :
- priorité à l'oral
- effacement du professeur pour laisser parler les élèves et les laisser interagir entre eux
- très grande tolérance concernant les erreurs d'orthographe et même d'accord (les petitent filles, c'est pas si mal)
- apprentissage fractionné des conjugaisons pour un même temps (cf. la logique de la démarche actionnelle en LVE)
- grammaire : pas de cours magistral; faire dégager les règles par les élèves
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Avez-vous la même lecture que moi ? Depuis quelques témoignages, cela me saute vraiment aux yeux.
Si oui, est-ce l'aveu d'une baisse de niveau ?
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- Presse-puréeGrand sage
laMiss a écrit:Bonjour à tous,
Une remarque, après lecture de l'autre topic qui recense les témoignages sur les formations réforme.
J'ai l'impression que l'on semble vouloir traiter le français comme une langue étrangère.
C'est même assez frappant.
On vous donne les mêmes conseils qu'en LVE :
- priorité à l'oral
- effacement du professeur pour laisser parler les élèves et les laisser interagir entre eux
- très grande tolérance concernant les erreurs d'orthographe et même d'accord (les petitent filles, c'est pas si mal)
- apprentissage fractionné des conjugaisons pour un même temps (cf. la logique de la démarche actionnelle en LVE)
- grammaire : pas de cours magistral; faire dégager les règles par les élèves
...
Avez-vous la même lecture que moi ? Depuis quelques témoignages, cela me saute vraiment aux yeux.
Si oui, est-ce l'aveu d'une baisse de niveau ?
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On estime que les élèves en difficulté le sont à cause de l'écrit, donc on a des consignes pour le limiter au maximum.
ça rejoint ce que dit Gauchet. Ce qui est combattu actuellement dans l'enseignement au collège, c'est l'abstraction, qui passe essentiellement par l'écrit. Il est donc normal qu'on nous ordonne d'en limiter la part dans notre travail.
Et diminuer constamment les horaires de français, là où on travaille le plus l'écrit de manière consciente, relève aussi de cette intention, pour forcer aussi (pour des questions de temps) à évaluer à l'oral.
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- User4312Niveau 10
Moi je pense que c'est malheureusement devenu nécessaire pour plein de gamins. Je ne pense pas que ça serve à quoi que ce soit de les noyer si le français est pour eux de facto une langue étrangère car ils la pratiquent peu au quotidien (environnement étranger et/ou pauvre culturellement).
Par contre, le problème des classes à niveaux disparates se pose.
Aussi, les gamins qui doivent commencer par ce style d'enseignement ne doivent pas être cantonnés à des cours de style FLE, mais être basculés dès que possible dans un système "normal". Du coup, c'est nécessaire d'être exigeant avec eux le plus possible.
Par contre, le problème des classes à niveaux disparates se pose.
Aussi, les gamins qui doivent commencer par ce style d'enseignement ne doivent pas être cantonnés à des cours de style FLE, mais être basculés dès que possible dans un système "normal". Du coup, c'est nécessaire d'être exigeant avec eux le plus possible.
- ProvenceEnchanteur
yoaken a écrit:Moi je pense que c'est malheureusement devenu nécessaire pour plein de gamins. Je ne pense pas que ça serve à quoi que ce soit de les noyer si le français est pour eux de facto une langue étrangère car ils la pratiquent peu au quotidien (environnement étranger et/ou pauvre culturellement).
Par contre, le problème des classes à niveaux disparates se pose.
Aussi, les gamins qui doivent commencer par ce style d'enseignement ne doivent pas être cantonnés à des cours de style FLE, mais être basculés dès que possible dans un système "normal". Du coup, c'est nécessaire d'être exigeant avec eux le plus possible.
C'est nécessaire à certains gamins, donc on l'impose à tous?
Ce qui serait vraiment nécessaire, c'est d'avoir le temps d'enseigner correctement le français, pas de cacher l'effondrement de l'écrit derrière une mise en valeur de l'oral.
Mon impression première, à moi aussi, avait été de lire des programmes de FLE...
- Presse-puréeGrand sage
@ yoaken: Donc on accepterait l'idée de ne pas travailler l'écrit parce que c'est "trop dur"? Si l'école ne le fait pas, qui le fera? Réponse: la famille. Donc, de facto, on accepte de relier encore plus la réussite scolaire non aux capacités et au travail des élèves, mais à leur milieu socio-culturel.
Sinon, on peut s'y mettre "plus tard". Et ce qu'on remet à "plus tard"...
Ce qui est en route pour l'écrit (et la grammaire et l'orthographe), c'est ce qui est arrivé au latin il y a 40 ans. Faites attention...
Sinon, on peut s'y mettre "plus tard". Et ce qu'on remet à "plus tard"...
Ce qui est en route pour l'écrit (et la grammaire et l'orthographe), c'est ce qui est arrivé au latin il y a 40 ans. Faites attention...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- User4312Niveau 10
Je ne pense pas que ça soit nécessaire à tous mais seulement à une partie d'entre eux. Ils faut qu'ils rattrapent leur retard, quitte à avoir plus d'heures de français que les autres.
En ce moment, il y a réellement un nivellement par le bas assez consternant. Sous prétexte de "faciliter" la vie à certains, de ne pas les traumatiser, toute exigence est abandonnée. C'est tout à fait contre-productif. Mais ne pas s'adapter au niveau de gamins illettrés et s'obstiner à leur faire faire du français de haut niveau (niveau normal en fait), c'est à mon sens tout aussi contre-productif.
En ce moment, il y a réellement un nivellement par le bas assez consternant. Sous prétexte de "faciliter" la vie à certains, de ne pas les traumatiser, toute exigence est abandonnée. C'est tout à fait contre-productif. Mais ne pas s'adapter au niveau de gamins illettrés et s'obstiner à leur faire faire du français de haut niveau (niveau normal en fait), c'est à mon sens tout aussi contre-productif.
- ProvenceEnchanteur
yoaken a écrit:Je ne pense pas que ça soit nécessaire à tous mais seulement à une partie d'entre eux. Ils faut qu'ils rattrapent leur retard, quitte à avoir plus d'heures de français que les autres.
En ce moment, il y a réellement un nivellement par le bas assez consternant. Sous prétexte de "faciliter" la vie à certains, de ne pas les traumatiser, toute exigence est abandonnée. C'est tout à fait contre-productif. Mais ne pas s'adapter au niveau de gamins illettrés et s'obstiner à leur faire faire du français de haut niveau (niveau normal en fait), c'est à mon sens tout aussi contre-productif.
C'est contre-productif, mais c'est ce qu'imposent les nouveaux programmes.
- CarnyxNeoprof expérimenté
Je colle ce que j'avais mis sur un autre fil :
L'obsession de l’oral est une des caractères de cette pédagogie coloniale chère à nos amis réformateurs !
Cette préface de Bernard Lecherbonnier l'explique bien :
« Apartheid social. Pédagogie coloniale.
Mais quel français enseigner ? Les textes académiques répondent avec clarté à cette question : « une langue simple ». Sur le plan pédagogique, cela signifie un rejet pur et simple de la grammaire explicite : « On n’apprend pas dans nos écoles le français par la grammaire mais par la méthode directe de la conversation et des exercices de langage : tout par la pratique, pour la pratique. » L’oral est systématiquement privilégié. Par conséquent, la dictée est rejetée : elle est réservée aux écoles des colons. Les instructions insistent sur le fait que les maîtres doivent parler le moins possible, se soucier de faire parler d’abondance les élèves. En aucun cas ils ne doivent exprimer la moindre idée : « rien d’abstrait, rien de compliqué, rien de savant », précisent les programmes. Interdiction d’aborder la littérature : « Une personne n’ayant que des besoins matériels n’est guère prête pour goûter notre littérature. » Ce n’est pas du Viala, ce pourrait en être. Les concepteurs des programmes coloniaux ne dissimulent pas leurs sources pédagogiques. Les programmes de 1900, qui perfectionnent ceux de 1893, revendiquent leur ressemblance avec la méthode Berlitz. Ils cherchent à s’opposer point à point aux programmes réservés à la bourgeoisie coloniale : ceux-ci ne privilégient-ils pas l’écrit, n’exigent-ils pas la maîtrise de l’orthographe et de la grammaire, ne préconisent-ils pas la culture des belles-lettres ?
Ai-je besoin de filer la métaphore ? Cette école à deux vitesses, c’est la nôtre. Les indigènes sont à nos portes – en banlieue. À eux les beautés de l’expression orale, de la spontanéité, du savoir au compte-gouttes.
En face, dans les lycées des « héritiers », de la culture à pleines louches.
Quand l’école se scinde en deux c’est la République qui est en danger. »
L'obsession de l’oral est une des caractères de cette pédagogie coloniale chère à nos amis réformateurs !
Cette préface de Bernard Lecherbonnier l'explique bien :
« Apartheid social. Pédagogie coloniale.
Mais quel français enseigner ? Les textes académiques répondent avec clarté à cette question : « une langue simple ». Sur le plan pédagogique, cela signifie un rejet pur et simple de la grammaire explicite : « On n’apprend pas dans nos écoles le français par la grammaire mais par la méthode directe de la conversation et des exercices de langage : tout par la pratique, pour la pratique. » L’oral est systématiquement privilégié. Par conséquent, la dictée est rejetée : elle est réservée aux écoles des colons. Les instructions insistent sur le fait que les maîtres doivent parler le moins possible, se soucier de faire parler d’abondance les élèves. En aucun cas ils ne doivent exprimer la moindre idée : « rien d’abstrait, rien de compliqué, rien de savant », précisent les programmes. Interdiction d’aborder la littérature : « Une personne n’ayant que des besoins matériels n’est guère prête pour goûter notre littérature. » Ce n’est pas du Viala, ce pourrait en être. Les concepteurs des programmes coloniaux ne dissimulent pas leurs sources pédagogiques. Les programmes de 1900, qui perfectionnent ceux de 1893, revendiquent leur ressemblance avec la méthode Berlitz. Ils cherchent à s’opposer point à point aux programmes réservés à la bourgeoisie coloniale : ceux-ci ne privilégient-ils pas l’écrit, n’exigent-ils pas la maîtrise de l’orthographe et de la grammaire, ne préconisent-ils pas la culture des belles-lettres ?
Ai-je besoin de filer la métaphore ? Cette école à deux vitesses, c’est la nôtre. Les indigènes sont à nos portes – en banlieue. À eux les beautés de l’expression orale, de la spontanéité, du savoir au compte-gouttes.
En face, dans les lycées des « héritiers », de la culture à pleines louches.
Quand l’école se scinde en deux c’est la République qui est en danger. »
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- Invité ElExpert spécialisé
Quand je pense qu'il y a deux ans à peine, en formation, le mot d'ordre était: faites écrire, faites écrire, faites écrire. N'importe quoi, mais faites écrire.
- ysabelDevin
Bah, d'une certaine manière, le français est une langue étrangère pour beaucoup de nos élèves... même s'il s'agit de leur langue maternelle.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- laMissSage
Provence a écrit: Mon impression première, à moi aussi, avait été de lire des programmes de FLE...
Je ne les ai pas lus, mais je réagissais aux retours des collègues concernant les conseils donnés en formation.
J'ai un collègue de français qui me dit que les programmes ne changent pas beaucoup...
Il est à l'ouest alors ?
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- ProvenceEnchanteur
laMiss a écrit:Provence a écrit: Mon impression première, à moi aussi, avait été de lire des programmes de FLE...
Je ne les ai pas lus, mais je réagissais aux retours des collègues concernant les conseils donnés en formation.
J'ai un collègue de français qui me dit que les programmes ne changent pas beaucoup...
Il est à l'ouest alors ?
Il est à l'ouest...
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