- GrypheMédiateur
Le 26 février 2016, Sylvie Ducatteau a écrit:
table ronde avec Jean-Pierre Terrail, sociologue, auteur de Pour une école de l’exigence intellectuelle. Marcel Gauchet directeur d’études à l’EHESS. Frédérique Rolet enseignante, cosecrétaire générale du Snes-FSU. Bertrand Geay professeur de sciences politiques.
les faits Face à l’échec scolaire massif des jeunes issus des milieux populaires, le sociologue Jean-Pierre Terrail oppose l’urgence d’une éducation de haut niveau pour tous et une école de l’exigence intellectuelle.
le contexte Les éditions La Dispute, le Groupe de recherche sur la démocratisation scolaire (GRDS) et la Fondation Gabriel-Péri ont invité le 16 février trois personnalités du monde de l’éducation à échanger avec lui.
À l’issue de trois décennies de recherche sur le système scolaire, Jean-Pierre Terrail propose une transformation radicale de l’école. À l’école unique il veut substituer une école commune débarrassée de toute concurrence, entre élèves notamment. Il défend un nouveau paradigme pédagogique, « l’exigence intellectuelle », qu’il oppose au « paradigme déficitariste », responsable de l’échec scolaire massif des enfants des classes populaires. [...]
Jean-Pierre TERRAIL :
[...] Aussi, à la philosophie de la rénovation pédagogique des années 1970, assise sur l’idée de ne pas trop en demander aux enfants des milieux populaires, j’en suis arrivé à opposer une nouvelle pédagogie s’appuyant sur le nouveau paradigme « l’exigence intellectuelle ».
Marcel Gauchet s’intéresse aux problématiques de transmission des savoirs. Il partage avec Jean-Pierre Terrail le sentiment d’urgence d’une école exigeante. Il considère que le système scolaire est dans l’erreur depuis quarante ans.
Marcel GAUCHET :
Toute connaissance s’appuie sur des concepts. Or, notre enseignement a opté pour le refus de l’abstraction, considérant que « cela va leur passer au-dessus de la tête ». En théorie, on part de ce que les élèves sont capables de comprendre, ce qui est bien, mais en pratique on les laisse là où ils en sont. D’où le sentiment d’ennui partagé par beaucoup. [...]
Jean-Pierre TERRAIL :
Nous avons réalisé une étude sur l’impact des manuels sur l’apprentissage de la lecture. Elle montre de manière frappante que l’effet manuel l’emporte sur l’effet culturel des parents. Dans les classes qui utilisent le meilleur manuel, à la fin du CP, les enfants des classes populaires dont les parents n’ont pas le bac lisent mieux que ceux qui ont appris avec le plus mauvais manuel et dont les parents sont bacheliers. On voit comment la conduite des apprentissages peut contrecarrer le poids des héritages linguistiques et culturels. Les difficultés logiques, intellectuelles sont les mêmes pour tous, que le papa soit chômeur, ouvrier, ou tout ce qu’on veut.
de l’ambition pour tous les élèves
Dans son ouvrage « Pour une école de l’exigence intellectuelle, » aux éditions La Dispute, Jean-Pierre Terrail invite à une révolution pédagogique. Le sociologue dénonce « le paradigme déficitariste », à l’origine de la baisse d’exigence de l’école à l’égard des élèves des classes populaires, jugés incapables d’accéder aux savoirs abstraits. Il pointe l’urgence d’une éducation de haut niveau pour tous.
http://www.humanite.fr/lexigence-peut-elle-permettre-de-lutter-contre-lechec-scolaire-600324
:lecteur:
- kamasolouHabitué du forum
Très intéressant, merci !
J'adhère à ce discours car même sans avoir mené d'étude précise, je constate que moins on en demande aux élèves, moins ils en font. Les professeurs exigeants, avec des outils exigeants également (textes, supports ou manuels plus poussés) arrivent à un meilleur niveau avec leurs élèves qu'un prof qui se contente de faire le "minimum", même avec des élèves de classes sociales modestes.
C'est le constat que j'ai pu faire, notamment avec mes classes de SEGPA : moins je leur en demande, plus ils se contentent du minimum. Et quand j'élève le niveau, ils arrivent à suivre et se sentent d'autant plus valorisés. Après, c'est sûr qu'il y a une façon de faire, le but n'est pas non plus de les noyer.
De la même façon, je ne crois pas en l'efficacité du prof "accompagnateur". Je crois plus au prof "pousseur", à la fois motivant et référent.
Cela ne veut pas non plus dire qu'il faut noter de façon très sévère : je crois en la bienveillance dans l'attitude comme dans l'évaluation.
Mais réduire les programmes à peau de chagrin et se contenter d'un niveau minimal (l'esprit, à mon sens, des nouveaux programmes), c'est tout l'inverse de ce qu'il faudrait faire, encore plus pour les élèves CSP - qui n'auront pas d'autre moyen pour arriver à se construire une culture solide.
J'adhère à ce discours car même sans avoir mené d'étude précise, je constate que moins on en demande aux élèves, moins ils en font. Les professeurs exigeants, avec des outils exigeants également (textes, supports ou manuels plus poussés) arrivent à un meilleur niveau avec leurs élèves qu'un prof qui se contente de faire le "minimum", même avec des élèves de classes sociales modestes.
C'est le constat que j'ai pu faire, notamment avec mes classes de SEGPA : moins je leur en demande, plus ils se contentent du minimum. Et quand j'élève le niveau, ils arrivent à suivre et se sentent d'autant plus valorisés. Après, c'est sûr qu'il y a une façon de faire, le but n'est pas non plus de les noyer.
De la même façon, je ne crois pas en l'efficacité du prof "accompagnateur". Je crois plus au prof "pousseur", à la fois motivant et référent.
Cela ne veut pas non plus dire qu'il faut noter de façon très sévère : je crois en la bienveillance dans l'attitude comme dans l'évaluation.
Mais réduire les programmes à peau de chagrin et se contenter d'un niveau minimal (l'esprit, à mon sens, des nouveaux programmes), c'est tout l'inverse de ce qu'il faudrait faire, encore plus pour les élèves CSP - qui n'auront pas d'autre moyen pour arriver à se construire une culture solide.
- Presse-puréeGrand sage
C'est quoi pour lui l'"exigence"?
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- User5899Demi-dieu
Quand je dis que le SNALC est un des syndicats les plus à gauche !
Et ce n'est pas Gryphe citant L'Humanité qui me contredira
Et ce n'est pas Gryphe citant L'Humanité qui me contredira
- doctor whoDoyen
Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- RendashBon génie
kamasolou a écrit:quand j'élève le niveau, ils arrivent à suivre et se sentent d'autant plus valorisés. Après, c'est sûr qu'il y a une façon de faire, le but n'est pas non plus de les noyer.
De la même façon, je ne crois pas en l'efficacité du prof "accompagnateur". Je crois plus au prof "pousseur", à la fois motivant et référent.
- User5899Demi-dieu
doctor who a écrit:Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
- kamasolouHabitué du forum
doctor who a écrit:
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
Complètement !
- ElyasEsprit sacré
doctor who a écrit:Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
Dis un type fondu de pédagogie et de didactique. On en arrive aux grands écarts
- User5899Demi-dieu
Pas du tout. De même que "la vraie morale se moque de la morale", la pédagogie se moque des estampillés pédagogues.Elyas a écrit:doctor who a écrit:Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
Dis un type fondu de pédagogie et de didactique. On en arrive aux grands écarts
- ElyasEsprit sacré
Cripure a écrit:Pas du tout. De même que "la vraie morale se moque de la morale", la pédagogie se moque des estampillés pédagogues.Elyas a écrit:doctor who a écrit:Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
Dis un type fondu de pédagogie et de didactique. On en arrive aux grands écarts
Ce que je veux dire, Cripure et tu le sais très bien, c'est que le titre "anti-pédago" est si racoleur qu'on n'y retrouve des gens tellement différents qu'il ne vaut mieux pas qu'ils discutent vraiment entre eux. Sous le mot anti-pédago, il y a bien des réalités dont certaines ne sont pas du tout honorables et d'autres prennent un titre qu'elles ne devraient pas.
- Invité ElExpert spécialisé
kamasolou a écrit:J'adhère à ce discours car même sans avoir mené d'étude précise, je constate que moins on en demande aux élèves, moins ils en font. Les professeurs exigeants, avec des outils exigeants également (textes, supports ou manuels plus poussés) arrivent à un meilleur niveau avec leurs élèves qu'un prof qui se contente de faire le "minimum", même avec des élèves de classes sociales modestes.
C'est le constat que j'ai pu faire, notamment avec mes classes de SEGPA : moins je leur en demande, plus ils se contentent du minimum. Et quand j'élève le niveau, ils arrivent à suivre et se sentent d'autant plus valorisés. Après, c'est sûr qu'il y a une façon de faire, le but n'est pas non plus de les noyer.
De la même façon, je ne crois pas en l'efficacité du prof "accompagnateur". Je crois plus au prof "pousseur", à la fois motivant et référent.
Cela ne veut pas non plus dire qu'il faut noter de façon très sévère : je crois en la bienveillance dans l'attitude comme dans l'évaluation.
Mais réduire les programmes à peau de chagrin et se contenter d'un niveau minimal (l'esprit, à mon sens, des nouveaux programmes), c'est tout l'inverse de ce qu'il faudrait faire, encore plus pour les élèves CSP - qui n'auront pas d'autre moyen pour arriver à se construire une culture solide.
doctor who a écrit:Presse-purée a écrit:C'est quoi pour lui l'"exigence"?
En tout cas, l'exigence, c'est la bienveillance des anti-pédagos.
Cripure a écrit:De même que "la vraie morale se moque de la morale", la pédagogie se moque des estampillés pédagogues.
Ça fait du bien de lire tout cela dès le matin.
- doctor whoDoyen
Je précise : le mot d'ordre de l'exigence a autant d'intérêt que celui de la bienveillance : aucun.
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- DaphnéDemi-dieu
100% d'accord avec ça, c'est même une évidencekamasolou a écrit:Très intéressant, merci !
J'adhère à ce discours car même sans avoir mené d'étude précise, je constate que moins on en demande aux élèves, moins ils en font. Les professeurs exigeants, avec des outils exigeants également (textes, supports ou manuels plus poussés) arrivent à un meilleur niveau avec leurs élèves qu'un prof qui se contente de faire le "minimum", même avec des élèves de classes sociales modestes.
C'est le constat que j'ai pu faire, notamment avec mes classes de SEGPA : moins je leur en demande, plus ils se contentent du minimum. Et quand j'élève le niveau, ils arrivent à suivre et se sentent d'autant plus valorisés. Après, c'est sûr qu'il y a une façon de faire, le but n'est pas non plus de les noyer.
De la même façon, je ne crois pas en l'efficacité du prof "accompagnateur". Je crois plus au prof "pousseur", à la fois motivant et référent.
Cela ne veut pas non plus dire qu'il faut noter de façon très sévère : je crois en la bienveillance dans l'attitude comme dans l'évaluation.
Mais réduire les programmes à peau de chagrin et se contenter d'un niveau minimal (l'esprit, à mon sens, des nouveaux programmes), c'est tout l'inverse de ce qu'il faudrait faire, encore plus pour les élèves CSP - qui n'auront pas d'autre moyen pour arriver à se construire une culture solide.
- DaphnéDemi-dieu
Cripure a écrit:Quand je dis que le SNALC est un des syndicats les plus à gauche !
Et ce n'est pas Gryphe citant L'Humanité qui me contredira
On est bien d'accord
- Escargot GéantNiveau 8
Bonjour est-ce quelqu'un sait quels sont les manuels de lecture évoqués par JP Terrail? "le meilleur manuel" "le plus mauvais manuel"?
Est-ce que quelqu'un peut me citer l'étude dont il est question? Merci.
Est-ce que quelqu'un peut me citer l'étude dont il est question? Merci.
- doctor whoDoyen
Il me semble que pour le coup, Terrail est juge et partie : Je lis, j'écris aux Lettres bleues.
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- Escargot GéantNiveau 8
Merci de votre réponse.
- atriumNeoprof expérimenté
On ne serait pas en train de redécouvrir Vigotsky, là?
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John Brunner, The Jagged Orbit
- XIIINeoprof expérimenté
Escargot Géant a écrit:Bonjour est-ce quelqu'un sait quels sont les manuels de lecture évoqués par JP Terrail? "le meilleur manuel" "le plus mauvais manuel"?
Est-ce que quelqu'un peut me citer l'étude dont il est question? Merci.
Peu de personnes connaissent ces manuels! Il n'y a plus de formation initiale ni de formation continue...Quelques animations pédagogiques avec des intervenants complètement déconnectés des réalités.
Les meilleurs manuels demeurant pour moi ceux qui mettent en avant la méthode syllabique surtout en ZEP. Les plus mauvais...ceux du genre Ratus. Après, je connais des enseignants qui travaillent sans manuel en jonglant avec plusieurs méthodes et qui obtiennent de très bons résultats mais ces enseignants là sont souvent chevronnés ayant la chance d'avoir pu bénéficier de formations de qualité.
- Presse-puréeGrand sage
ça répond sur les réseaux sociaux, et notamment sur facebook.
La question que je me pose, c'est de savoir si le discours de Terrail (on peut peut-être le rapprocher de Bautier ou Rochex, qui ouvrent des perspectives similaires) est nouveau, s'il prend dans les institutions, ou bien s'il est marginal et pas assez puissant pour envoyer à la retraite ceux qui, sous couvert d'être des "expérimentateurs" et des "progressistes" défendent en fait leur position institutionnelle...
La question que je me pose, c'est de savoir si le discours de Terrail (on peut peut-être le rapprocher de Bautier ou Rochex, qui ouvrent des perspectives similaires) est nouveau, s'il prend dans les institutions, ou bien s'il est marginal et pas assez puissant pour envoyer à la retraite ceux qui, sous couvert d'être des "expérimentateurs" et des "progressistes" défendent en fait leur position institutionnelle...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
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