- F.LemoineÉrudit
Je joue à fond le système de la note chiffrée : j'en mets entre 20 et 30 par trimestre. Ces sont pour la grande majorité des évaluations sur des choses précises et répétitives (conjugaison, bien répondre à une question, apprentissage du vocabulaire, participation orale, etc.). Cela me semble essentiel : cela donne des repères aux élèves et les aide à s'améliorer dans chaque domaine visé. Et cela fonctionne pour les élèves qui ont envie de progresser.
Il y a aussi des notes sur des choses plus complexes (par exemple les travaux de rédaction). Les coefficients ne sont pas les mêmes.
Ce qui me semble dommageable, ce n'est pas la note, c'est de zapper la première étape (l'évaluation régulière de tout le travail fourni en amont des travaux plus complexes).
Quand je vois sur les bulletins des moyennes de français qui sont des calculs faits à partir de deux à cinq notes sur tout le trimestre, je m'interroge : cela ressemble à des couperets.
Il y a aussi des notes sur des choses plus complexes (par exemple les travaux de rédaction). Les coefficients ne sont pas les mêmes.
Ce qui me semble dommageable, ce n'est pas la note, c'est de zapper la première étape (l'évaluation régulière de tout le travail fourni en amont des travaux plus complexes).
Quand je vois sur les bulletins des moyennes de français qui sont des calculs faits à partir de deux à cinq notes sur tout le trimestre, je m'interroge : cela ressemble à des couperets.
- the educatorFidèle du forum
ça c'est très juste. Et ça peut se renverser: s'accrocher à la note comme à une crosse d’évêque pose le même problème d'aveuglement.V Marchais a écrit:Le mauvais procès fait à la note ne fait que détruire les repères et empêcher de tirer les constats d'années de réformes aberrantes, avec toujours moins de structuration de la langue.
Et surtout est ce qu'on saura le monter sur un essieu?PY a écrit:En cherchant un système qui remplisse sa fonction d'évaluation tout en ne prêtant à aucune des confusions couramment faites entre concurrence et émulation (pour le classement) et signe et chose (pour la note), est-ce qu'on ne se met pas quand même un peu en quête d'un cercle carré?
Mais ce n'est pas tant le point d'équilibre parfait qui m’intéresse, mais surtout qu'on puisse se balader librement, avec les yeux bien ouverts, dans le no man's land entre la notation et les systèmes sans notation.
Le rapport entre la concurrence et l'émulation est intéressant, et pour moi il soulève deux points de comparaison avec la pratique sportive, par exemple: d'une part, le rapport à soi et aux autres. certaines pratiques sportives ont un rapport à la performance qui est très individuel et qui n'a pas besoin d'une échelle de comparaison. d'autre part le côté clos et délimité de la pratique sportive: on est meilleur au 100m, meilleur au lancer franc, meilleur à l'épaulé jeté. Le cadre est hyper précis, et encadré par un système de règles détaillé. On se compare sur une echelle. Et il ne viendrait à personne à l'esprit de déduire autre chose que ce qui se passe sur cette échelle.
Avec la note, d'une part l'échelle et l'exercice sont variables, mais quand bien même on conviendrait qu'il s'agit d'un cadre comparable à celui du sport, et qu'on l'appellerait "performance scolaire", qui est d'accord pour dire que tout ce bazar quotidien n'a pour seul objectif de mesurer la performance scolaire? Qui est d'accord pour dire qu'a partir de ces performances scolaires, on trie, on décide qui sera apte ou non à exercer tel ou tel métier. Et que contrairement au marathon, on met tout le monde sur la même ligne de départ, y compris les sprinters et les haltérophiles, et que ça occupe l'essentiel des journées.
Le problème de la note, c'est pas tant son utilité en tant qu'outil de mesure, mais bien la place qu'elle finit par occuper dans la vie d'enfants (parce quelque soit les résultats, l'école c'est quand même une bonne moitié de leur temps eveillé entre 5 et 16 ans), dans la relation aux savoirs et à l'activité qui se contruit.
- IphigénieProphète
Les notes ont fini par prendre une place démesurée quand elles ont cessé d'être signifiantes: la nature a horreur du vide.Le problème de la note, c'est pas tant son utilité en tant qu'outil de mesure, mais bien la place qu'elle finit par occuper dans la vie d'enfants (parce quelque soit les résultats, l'école c'est quand même une bonne moitié de leur temps eveillé entre 5 et 16 ans), dans la relation aux savoirs et à l'activité qui se contruit.
Le problème de la notation n'est pas la concurrence, mais la justesse de l'évaluation: et là, il y a fort à dire.
On se trompe, comme toujours, de problème. A mon avis.
- the educatorFidèle du forum
La notation porte les deux dimensions, l'évaluation et son feedback. Le feedback s'adresse à l'élève (par opposition, il existe des évaluations transparentes pour l'usager), mais aussi au système qui va s'en servir pour déterminer tout un tas de paramètre dans la scolarité et la vie de l'élève.
Et on ne peut pas exclure la comparaison aux autres, les gagnants, les perdants, etc... Le classement par exemple, ça mettait ce problème directement sur la table.
Le problème de la précision, c'est autre chose: l'évaluation d'un élève, dans la tête du professeur, c'est très clair, et les interactions quotidiennes entre le maitre et l'élève permettent d'ajuster cette évaluation en temps réel. Pas besoin d'une précision de laboratoire à un instant T. Et si cette évaluation est foireuse, ce n'est ni la faute de la note, ni celle de l'ocde.
reste le problème du feedback, justement, de son destinataire, et de son effet.
Et on ne peut pas exclure la comparaison aux autres, les gagnants, les perdants, etc... Le classement par exemple, ça mettait ce problème directement sur la table.
Le problème de la précision, c'est autre chose: l'évaluation d'un élève, dans la tête du professeur, c'est très clair, et les interactions quotidiennes entre le maitre et l'élève permettent d'ajuster cette évaluation en temps réel. Pas besoin d'une précision de laboratoire à un instant T. Et si cette évaluation est foireuse, ce n'est ni la faute de la note, ni celle de l'ocde.
reste le problème du feedback, justement, de son destinataire, et de son effet.
- IphigénieProphète
Tu compliques beaucoup: je peux t'assurer par exemple que les notes de l'oral de l'EAF sont hautement fantaisistes. Les notes des matières facultatives aussi. La notation n'a de sens que si elle est juste; là, tout pousse à la fausser et après on s'interroge sur le bienfondé de la notation. Il faudrait commencer par fonder la note sur une base juste. Après on discute. Sinon, comme d'hab, on discute dans le vide et pour des queues de cerise.
- the educatorFidèle du forum
Non mais pour moi ce sont deux enjeux différents. Je suis d'accord avec toi sur les notations actuelles, et nous en avons aussi la responsabilité (mais ce n'est pas si facile d’être sur ses appuis dans ses moments là), mais pour moi c'est indépendant de la forme d'évaluation. Si on fait déjà illusion avec des notes, on ne fera pas mieux avec autre chose, je suis d'accord.
- ycombeMonarque
Pour en revenir à l'étude, un article du Café Pédagogique de ce jour qui en a interrogé l'auteur:
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2016/03/09032016Article635931027011308054.aspx
On attendra la publication pour les détails, mais le compte-rendu du Café laisse quelques questions en suspens.
Les citations sont du Café qui commente plus qu'autre chose (ce n'est pas une interview):
Voici celui qui a été utilisé:
http://www.apmep.fr/IMG/pdf/Brevet_Metro_Antilles_juin_2015.pdf
L'algèbre (essentiel pour une bonne suite d'étude au lycée en mathématiques) y est réduite à la portion congrue, pas de sujet de réflexion, pas de géométrie dans l'espace, pas de démonstration de géométrie euclidienne, seulement des exercices types...
Edit: J'oubliais le meilleur.
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2016/03/09032016Article635931027011308054.aspx
On attendra la publication pour les détails, mais le compte-rendu du Café laisse quelques questions en suspens.
Les citations sont du Café qui commente plus qu'autre chose (ce n'est pas une interview):
Même caractéristique sociale? Et des caractéristiques scolaires non testées ? En tant normal, ce genre d'étude avec groupe témoin utilise aussi un test standardisé pour vérifier les caractéristiques scolaires. Histoire de vérifier que les groupes sont vraiment comparables. Le silence sur cet aspect me laisse rêveur.
L'enquête a touché 2600 élèves de l'académie d'Orléans - Tours , 1500 suivant une évaluation par compétences et 1100 constituant un groupe témoin ayant les mêmes caractéristiques sociales, selon P Huguet.
Pour comparer les résultats, utiliser le brevet?
L'évaluation par compétences a touché trois disciplines : maths, histoire-géo et français. Le niveau retenu a généralement été la classe de troisième de façon à pouvoir comparer les résultats avec ceux d'une épreuve nationale, celle du brevet.
Voici celui qui a été utilisé:
http://www.apmep.fr/IMG/pdf/Brevet_Metro_Antilles_juin_2015.pdf
L'algèbre (essentiel pour une bonne suite d'étude au lycée en mathématiques) y est réduite à la portion congrue, pas de sujet de réflexion, pas de géométrie dans l'espace, pas de démonstration de géométrie euclidienne, seulement des exercices types...
Une étude comparative avec des protocoles d'évaluation différents pour chacune des classes? Étrange.
Le protocole d'évaluation a été défini dans chaque établissement. Les professeurs dans chaque collège ont défini les compétences à évaluer, disciplinaires et transversales, en s'appuyant sur le socle. Les notes n'ont pas totalement disparu puisque les bulletins trimestriels continuaient à afficher une note et que les autres disciplines ont gardé leurs notes. Mais dans le quotidien de la classe le travail est évalué selon les compétences à acquérir.
Edit: J'oubliais le meilleur.
Au collège ? Excusez-moi c'est nerveux... :mdr3:Interrogé sur l'absence de résultats en français et histoire-géographie, P Huguet nous dit que dans ces disciplines les compétences sont peut-être plus difficiles à définir. "Mais les maths c'est important car c'est ce qui détermine l'orientation".
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- atriumNeoprof expérimenté
the educator a écrit:Le problème de la note, c'est pas tant son utilité en tant qu'outil de mesure, mais bien la place qu'elle finit par occuper dans la vie d'enfants (parce quelque soit les résultats, l'école c'est quand même une bonne moitié de leur temps eveillé entre 5 et 16 ans), dans la relation aux savoirs et à l'activité qui se contruit.
Non. Maximum 7h par jour avec les devoirs (surestimé), 5 jours par semaine, 36 semaines par an. On est très loin de la moitié. Le problème, c'est le rapport de la société française à l'école et au savoir en général.
- BRNiveau 9
Intrigué par l'effet d'annonce autour de résultats scientifiques incontestables prouvant le bien fondé de l'abandon des notes, j'ai effectué quelques recherches sur le sujet.
Une recherche sur les pages perso des trois chercheurs cités : Pascal Huguet, Isabelle Régner, Céline Darnon ou sur le titre Concilier l’évaluation par compétences et un usage raisonné de la note ne permet d'avoir accès ni aux données sur lesquelles se sont basés les auteurs, ni à un quelconque article scientifique présentant leur travaux. Nous savons par des articles de presse que l'étude a porté sur 84 établissements d'après l'afp cité par le point ou sud ouest, c'est à dire environ 70 établissements, dont 59 collèges, d'après puissance 2D (site consacré au développement durable en région...) qui annonçait une conférence Canopé sur le sujet vendredi 4 mars.
S'agissant d'une étude scientifique, le fait même que le nombre d'établissements concernés par l'étude ne soit pas connu avec précision incite à la prudence. Je me fais fort de prouver ce que je veux en choisissant parmi une centaine de cobayes que j'ai traité la cinquantaine qui confirme mon intuition en ignorant ceux qui l'infirment. Est ce le cas ? Si le nombre d'établissements concernés varie d'une source à l'autre, on est en droit de se demander si les auteurs n'ont pas choisi de supprimer de leurs données celles qui ne correspondent pas à leurs fantasmes. Pascal Huguet fanfaronne sur les cahiers pédagogiques en notant que
Il se fait par contre plus discret sur le fait que :
Il me semble qu'un étude qui affirme prouver le bien fondé de l'évaluation par compétences en ignorant que, dans deux matières sur trois, elle n'a aucun effet mesurable sur les résultats ne prouve qu'une seule chose : il y a un biais de sélection patent dans les choix des chercheurs. Je pourrais moi même démontrer la position inverse de celle de Pascal Huguet en menant une telle étude en anglais, en français, en histoire, en sport, en sciences physiques, en SVT et en mathématiques, sur plusieurs académie. Si, par bonheur, une des matières testée dans une académie prouvait de façon statistiquement significative que l'évaluation par compétence fait baisser les résultats, je m'empresserais de publier les résultats de cette branche spécifique en ignorant les autres, et à moi la gloire d'avoir établi l'absurdité de l'évaluation par compétence :-)
Quelle crédibilité accorder à une étude qui ne rend publique ni les conditions de l'expérimentation, ni les résultats bruts de l'expérimentation, si ce n'est des affirmations très vagues comme :
Que signifie donc privilégier l'évaluation par compétence et fortement limiter le rôle des notes dans l'appréciation des élèves ?
Comment les chercheurs se sont ils assuré de l'homogénéité des pratiques dans les classes servant de support à l'expérimentation ? Les différences d'écart sont elles statistiquement significative ? Les facteurs de confusion éventuels (cf paradoxe de Simpson) ont-ils été correctement pris en compte ? En l'absence de tout autre renseignement sur l'étude réalisée, il est impossible de savoir s'il s'agit d'un travail de charlatans ou de véritables travaux révolutionnaires en faveur d'une évolution majeure des paradigmes pédagogiques vers une approche par compétences fondée sur une évaluation bienveillante.
On peut trouver sur le site disciplinaire de l'EPS de l'académie un manifeste contre les notes vraisemblablement associé à l'étude citée... Je vous invite à lire ce petit chef d'œuvre qui réjouira les professeurs qui sont nombreux à se plaindre du fait que les notes conduisent presqu’immanquablement à des moyennes dont le principe pose problème en introduisant un principe de compensation qui fait que plus aucun acquis fondamental n’est assuré (par exemple un candidat peut réussir un examen sans aucune limite dans le minimum attendu sur une discipline donnée). Comme l'a prouvé l'expérience du livret personnel de compétence, ce défaut a heureusement été résolu dans l'approche par compétence :-/
Le site de l'académie d'Orléans-Tours propose une présentation de l'expérimentation en eps (apparemment, Pascal Huguet a oublié cet aspect de l'expérimentation...), en lettres, en histoire géographie et en Mathématiques. En mathématiques, l'expérimentation s'appuie sur une précédente expérimentation menée en 2013-2014 avec Deux classes de 6ème, une classe de 4ème et trois classes de 3ème. Les résultats semblent convaincants puisque les élèves des classes testés surperforment largement les groupes témoins à un brevet blanc. Bizarrement, il n'y a pas d'étude des résultats au brevet, ce qui éliminerait un facteur de confusion évident pour le brevet blanc : quel professeur a rédigé l'épreuve du brevet blanc ?
Les principes de notation dans l'expérimentation sont présentés dans un manifeste très convaincant : un élève qui a 0/20 puis 20/20 sur deux devoirs successifs sur les mêmes compétences mérite une meilleure moyenne que 10/20 (puisque les compétences sont acquises à la deuxième évaluation); un autre qui passe de 20/20 à 20/20 ne mérite pas une meilleure moyenne que le premier, puisqu'à la fin, il n'a pas acquis plus de compétences que le premier. Nonobstant le caractère irréaliste de l'exemple, la proposition formulée est intéressante : il s'agit de valoriser les élèves qui progressent au cours d'un trimestre, ce qui devrait avoir un effet d'entraînement positif.
Notez cependant que le dispositif propose une évaluation couperet (notée sur 10) et une évaluation des compétences un peu fumeuse sur 10, déclinée en items bizarres (2 pt d'expression orale, 4 pts d'évaluations à la suite de tâches complexes (finalement, encore une note sur les devoirs surveillés ?), 2 pts de moyenne sur les séances d'informatique, et 2 pts sur l'auto évaluation (?!) et l'investissement dans le groupe lors des tâches complexes (note de participation ?)).
Bref : moins de notes, mais toujours des notes. Est ce vraiment révolutionnaire ? Comment valorise-t-on ici un élève qui passe de 0/20 à 20/20 ? Est ce dans les 4 pts sur 20 dévolues aux «évaluations à la suite de tâches complexes» ? Ou dans les 10 pts sur 20 dévolu à l'unique évaluation finale ? Mais dans ce cas, comment un élève peut il progresser, puisqu'il n'y a plus qu'une seule évaluation finale ?
Une recherche sur les pages perso des trois chercheurs cités : Pascal Huguet, Isabelle Régner, Céline Darnon ou sur le titre Concilier l’évaluation par compétences et un usage raisonné de la note ne permet d'avoir accès ni aux données sur lesquelles se sont basés les auteurs, ni à un quelconque article scientifique présentant leur travaux. Nous savons par des articles de presse que l'étude a porté sur 84 établissements d'après l'afp cité par le point ou sud ouest, c'est à dire environ 70 établissements, dont 59 collèges, d'après puissance 2D (site consacré au développement durable en région...) qui annonçait une conférence Canopé sur le sujet vendredi 4 mars.
S'agissant d'une étude scientifique, le fait même que le nombre d'établissements concernés par l'étude ne soit pas connu avec précision incite à la prudence. Je me fais fort de prouver ce que je veux en choisissant parmi une centaine de cobayes que j'ai traité la cinquantaine qui confirme mon intuition en ignorant ceux qui l'infirment. Est ce le cas ? Si le nombre d'établissements concernés varie d'une source à l'autre, on est en droit de se demander si les auteurs n'ont pas choisi de supprimer de leurs données celles qui ne correspondent pas à leurs fantasmes. Pascal Huguet fanfaronne sur les cahiers pédagogiques en notant que
dans les classes qui ont suivi les protocole d'évaluation par compétences, le niveau global des élèves est plus élevé en maths. L'écart avec le groupe témoin est de 3 points, ce qui est très important. Surtout l'écart entre le niveau moyen des élèves favorisés et celui des élèves issus des catégorise socialement défavorisées est de 6 points dans le groupe témoin. Il n'est que de trois points dans le groupe suivant une évaluation par compétences.
Il se fait par contre plus discret sur le fait que :
En histoire-géographie et en français, l'évaluation par compétences n'a pas d'effet notable sur les résultats.
Il me semble qu'un étude qui affirme prouver le bien fondé de l'évaluation par compétences en ignorant que, dans deux matières sur trois, elle n'a aucun effet mesurable sur les résultats ne prouve qu'une seule chose : il y a un biais de sélection patent dans les choix des chercheurs. Je pourrais moi même démontrer la position inverse de celle de Pascal Huguet en menant une telle étude en anglais, en français, en histoire, en sport, en sciences physiques, en SVT et en mathématiques, sur plusieurs académie. Si, par bonheur, une des matières testée dans une académie prouvait de façon statistiquement significative que l'évaluation par compétence fait baisser les résultats, je m'empresserais de publier les résultats de cette branche spécifique en ignorant les autres, et à moi la gloire d'avoir établi l'absurdité de l'évaluation par compétence :-)
Quelle crédibilité accorder à une étude qui ne rend publique ni les conditions de l'expérimentation, ni les résultats bruts de l'expérimentation, si ce n'est des affirmations très vagues comme :
Dans les classes participantes, les enseignants ont privilégié l'évaluation par compétences et fortement limité le rôle des notes dans l'appréciation des élèves.
Les chercheurs ont ensuite comparé en fin d'année les résultats obtenus au diplôme national du brevet par les élèves impliqués dans l'expérimentation et les résultats obtenus par un groupe témoin. "Pour l'épreuve de mathématiques, nous avons constaté que l'écart entre élèves issus de classes sociales favorisées et défavorisées était divisé par deux", résume Isabelle Régner, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille.
[...]Autre enseignement positif de l'étude, les meilleurs élèves ont eux aussi vu leurs résultats s'améliorer. "Il y a un entraînement vers le haut, c'est donc un vrai ascenseur social", concluent les chercheurs.
Que signifie donc privilégier l'évaluation par compétence et fortement limiter le rôle des notes dans l'appréciation des élèves ?
Comment les chercheurs se sont ils assuré de l'homogénéité des pratiques dans les classes servant de support à l'expérimentation ? Les différences d'écart sont elles statistiquement significative ? Les facteurs de confusion éventuels (cf paradoxe de Simpson) ont-ils été correctement pris en compte ? En l'absence de tout autre renseignement sur l'étude réalisée, il est impossible de savoir s'il s'agit d'un travail de charlatans ou de véritables travaux révolutionnaires en faveur d'une évolution majeure des paradigmes pédagogiques vers une approche par compétences fondée sur une évaluation bienveillante.
On peut trouver sur le site disciplinaire de l'EPS de l'académie un manifeste contre les notes vraisemblablement associé à l'étude citée... Je vous invite à lire ce petit chef d'œuvre qui réjouira les professeurs qui sont nombreux à se plaindre du fait que les notes conduisent presqu’immanquablement à des moyennes dont le principe pose problème en introduisant un principe de compensation qui fait que plus aucun acquis fondamental n’est assuré (par exemple un candidat peut réussir un examen sans aucune limite dans le minimum attendu sur une discipline donnée). Comme l'a prouvé l'expérience du livret personnel de compétence, ce défaut a heureusement été résolu dans l'approche par compétence :-/
Le site de l'académie d'Orléans-Tours propose une présentation de l'expérimentation en eps (apparemment, Pascal Huguet a oublié cet aspect de l'expérimentation...), en lettres, en histoire géographie et en Mathématiques. En mathématiques, l'expérimentation s'appuie sur une précédente expérimentation menée en 2013-2014 avec Deux classes de 6ème, une classe de 4ème et trois classes de 3ème. Les résultats semblent convaincants puisque les élèves des classes testés surperforment largement les groupes témoins à un brevet blanc. Bizarrement, il n'y a pas d'étude des résultats au brevet, ce qui éliminerait un facteur de confusion évident pour le brevet blanc : quel professeur a rédigé l'épreuve du brevet blanc ?
Les principes de notation dans l'expérimentation sont présentés dans un manifeste très convaincant : un élève qui a 0/20 puis 20/20 sur deux devoirs successifs sur les mêmes compétences mérite une meilleure moyenne que 10/20 (puisque les compétences sont acquises à la deuxième évaluation); un autre qui passe de 20/20 à 20/20 ne mérite pas une meilleure moyenne que le premier, puisqu'à la fin, il n'a pas acquis plus de compétences que le premier. Nonobstant le caractère irréaliste de l'exemple, la proposition formulée est intéressante : il s'agit de valoriser les élèves qui progressent au cours d'un trimestre, ce qui devrait avoir un effet d'entraînement positif.
Notez cependant que le dispositif propose une évaluation couperet (notée sur 10) et une évaluation des compétences un peu fumeuse sur 10, déclinée en items bizarres (2 pt d'expression orale, 4 pts d'évaluations à la suite de tâches complexes (finalement, encore une note sur les devoirs surveillés ?), 2 pts de moyenne sur les séances d'informatique, et 2 pts sur l'auto évaluation (?!) et l'investissement dans le groupe lors des tâches complexes (note de participation ?)).
Bref : moins de notes, mais toujours des notes. Est ce vraiment révolutionnaire ? Comment valorise-t-on ici un élève qui passe de 0/20 à 20/20 ? Est ce dans les 4 pts sur 20 dévolues aux «évaluations à la suite de tâches complexes» ? Ou dans les 10 pts sur 20 dévolu à l'unique évaluation finale ? Mais dans ce cas, comment un élève peut il progresser, puisqu'il n'y a plus qu'une seule évaluation finale ?
- Luigi_BGrand Maître
On apprend, à la lecture du "Café", que l’étude, qui devait être publiée en 2015... n'est pas encore rédigée. Son auteur présente donc à la presse une étude qui n'existe pas !Une recherche sur les pages perso des trois chercheurs cités : Pascal Huguet, Isabelle Régner, Céline Darnon ou sur le titre Concilier l’évaluation par compétences et un usage raisonné de la note ne permet d'avoir accès ni aux données sur lesquelles se sont basés les auteurs, ni à un quelconque article scientifique présentant leur travaux.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- User5899Demi-dieu
Mais Véronique, vous ne saviez pas que dans l'EN, quand on expérimente, c'est pour prouver que ce qu'on a écrit deux ans auparavant est vrai ? Vous n'avez pas vu venir le piège ? Ce sont ces gens et leurs pratiques qui bloquent toute envie, toute velléité si minime soit-elle de changement dans l'EN, ces inspecteurs et ces collègues frétillantes du croupion, attendant l'agreg sucette ou la hors-classe.V.Marchais a écrit:VicomteDeValmont a écrit:Le Point a écrit:
Le débat sur la suppression des notes pourrait bien rebondir. Quand certains considèrent que "supprimer les notes est le pire service à rendre aux élèves", une nouvelle étude met en avant les bénéfices que pourraient en retirer les jeunes. Menée par le CNRS en partenariat avec l'académie d'Orléans-Tours, l'expérimentation conduite auprès de 84 établissements de l'académie sur l'année 2014/2015 démontre pour la première fois que la suppression partielle des notes permet de réduire de moitié l'écart des performances entre élèves de différentes classes sociales.
La suite: http://www.lepoint.fr/societe/suppression-des-notes-un-vrai-ascenseur-social-selon-le-cnrs-04-03-2016-2023057_23.php
Bonjour,
Je n'ai pas lu le fil.
Je voudrais juste apporter un témoignage au sujet de cette expérimentation, parce que figurez-vous que j'en ai fait partie.
Je suis dans l'académie d'Orléans-Tours et mon collège avait décidé, à l'initiative de deux collègues, de se joindre à l'expérimentation. J'ai été plus ou moins désignée d'office en français, dans la mesure où je développais déjà un travail par compétences en écriture. J'ai accepté.
M'y voilà donc. Je joue le jeu de bonne foi. Assez vite, je remarque quelques problèmes : manque de prises pour contraindre les élèves à apprendre leurs leçons (l'air de rien, le petit contrôle de cours en début d'heure, même oral, fait des miracles), difficulté à évaluer certaines tâches ; par ailleurs, si certains élèves très faibles n'abandonnent pas complètement (l'eussent-ils fait s'ils avaient eu des notes ? On ne le saura jamais), un grand nombre d'élèves moyens cesse tout travail et s'effondre ; par ailleurs, d'excellents élèves, qui aiment l'émulation, ne voient pas l'intérêt de travailler pour des points verts et se mettent en service minimum. Ils perdent en motivation, cessent les efforts, baissent eux aussi en performance.
Dès le conseil de classe du premier trimestre, je fais part de mes inquiétudes. Elles ne sont guère entendues. Au deuxième trimestre, je dresse un bilan négatif de l'expérience : je ne suis pas en mesure de juger si elle a réellement bénéficié aux élèves faibles, mais elle a plombé un grand nombre d'élèves. De ce point de vue, on peut dire, si l'on veut, que la suppression des notes a réduit les écarts, mais avec beaucoup de cynisme, car c'est en tirant le plus grand nombre vers le bas.
À la fin de l'année scolaire, je découvre avec stupeur qu'il y a eu une réunion d'évaluation du dispositif avec IPR et tout le gratin. Je n'y ai pas été conviée. Ce qui permet à mes deux collègues très satisfaites de dresser un bilan parfaitement positif de la suppression des notes. L'IPR vient ensuite en grand messe faire le bilan à l'ensemble de nos collègues, les enjoignant à participer à une démarche qui a fait ses preuves. Je prends la parole pour dire qu'ayant participé au dispositif et n'étant pas parvenue aux mêmes conclusions, ce que mes collègues ne peuvent ignorer, je suis étonnée du manque de nuances du bilan. Mon intervention est reléguée au profit des questions matérielles sur la mise en place de l'évaluation sans notes.
L'IPR est ensuite allé dans d'autres établissements porter le modèle de l'expérimentation si réussie, et unanimement applaudie, de notre collège.
Je m'en tiendrai à ces faits. Je vous laisse les commentaires, et surtout les conclusions.
Belle expérience dans l'académie, et riche d'enseignements.
- User5899Demi-dieu
En même temps, la somme des angles d'un carré n'est-elle pas égale à 360° ?PauvreYorick a écrit:the educator a écrit:Mais je ne parle pas que de ça. Un élève qui monnaie ses travaux d'apprentissages contre un classement ou une bonne note, même en situation de réussite, je ne suis pas certain que ce soit plus sain. C'est efficace à moyen terme, sans doute, et dans certains contextes, quant à savoir si cela présage d'une relation saine aux savoirs (et plus généralement à l'activité), je m'interroge vraiment.Ycombe a écrit: Pourquoi attribuer à la note ce qui n'est que la conséquence d'une réaction négative face à l'échec?
Je n'essaie pas de démonter la note, et je reconnais son efficacité pour certains élèves, dans le contexte scolaire, et à l'échelle où nous travaillons, c'est peut être une solution valable, par contre je ne veux pas parer la notation de vertus qui ne sont les siennes, ni en faire un système universel et inévitable d'entrée dans les apprentissages et de préparation à la vraie-vie(tm). Ni me raccrocher à la note parce que l'OCDE propose de la merde.
En cherchant un système qui remplisse sa fonction d'évaluation tout en ne prêtant à aucune des confusions couramment faites entre concurrence et émulation (pour le classement) et signe et chose (pour la note), est-ce qu'on ne se met pas quand même un peu en quête d'un cercle carré?
- User5899Demi-dieu
Pourquoi dites-vous "compétence" au lieu de "savoir-faire" ou "démarche" ? Ça changerait tellement de choses...thenastywizard a écrit:Je pense qu'un rond rouge vaut tous les 4/5/6 ou 7/20 du monde : les élèves sont tout autant stressés/déprimés/etc. (et le prof aussi, parfois)
Les compétences doivent permettre de pointer ce qui ne va pas pour s'améliorer ou dire ce qui a été réussi. Autrement dit, rendre transparente l'évaluation, ce qu'une seule note ne fait pas. Que veut dire 13/20 à un contrôle si on évalue la rédaction, les connaissances, etc. en même temps ? Il n'a pas retenu les connaissances ? il ne sait pas les appliquer ? Il n'a pas compris la rédaction ? Il n'a pas su exploiter le document ?
Personnellement, je ne mets pas de note aux évaluations "intermédiaires" (certains les appelleront "formatives", soit) car je teste des points précis qui seront retravaillés ensuite. L'utilisation des compétences évaluées me permettent d'organiser des groupes de travail en fonction de ce qui dot être amélioré en vue de l'évaluation finale. En fin de chapitre, j'évalue les élèves et les note mais la note n'intervient après une évaluation intermédiaire.
Bref, j'ai eu besoin d'évaluer par compétences pour aider à revenir sur ce qui n'était pas compris.
- User5899Demi-dieu
Elles étaient satisfaites d'être contentes, tiens !laMiss a écrit:V.Marchais a écrit:Ce qui permet à mes deux collègues très satisfaites de dresser un bilan parfaitement positif de la suppression des notes.
Du coup, je me demande quels étaient leurs motifs de satisfaction... :shock:
- ZapponsNiveau 7
V.Marchais a écrit:Bonjour,
Je n'ai pas lu le fil.
Je voudrais juste apporter un témoignage au sujet de cette expérimentation, parce que figurez-vous que j'en ai fait partie.
Je suis dans l'académie d'Orléans-Tours et mon collège avait décidé, à l'initiative de deux collègues, de se joindre à l'expérimentation. J'ai été plus ou moins désignée d'office en français, dans la mesure où je développais déjà un travail par compétences en écriture. J'ai accepté.
M'y voilà donc. Je joue le jeu de bonne foi. Assez vite, je remarque quelques problèmes : manque de prises pour contraindre les élèves à apprendre leurs leçons (l'air de rien, le petit contrôle de cours en début d'heure, même oral, fait des miracles), difficulté à évaluer certaines tâches ; par ailleurs, si certains élèves très faibles n'abandonnent pas complètement (l'eussent-ils fait s'ils avaient eu des notes ? On ne le saura jamais), un grand nombre d'élèves moyens cesse tout travail et s'effondre ; par ailleurs, d'excellents élèves, qui aiment l'émulation, ne voient pas l'intérêt de travailler pour des points verts et se mettent en service minimum. Ils perdent en motivation, cessent les efforts, baissent eux aussi en performance.
Dès le conseil de classe du premier trimestre, je fais part de mes inquiétudes. Elles ne sont guère entendues. Au deuxième trimestre, je dresse un bilan négatif de l'expérience : je ne suis pas en mesure de juger si elle a réellement bénéficié aux élèves faibles, mais elle a plombé un grand nombre d'élèves. De ce point de vue, on peut dire, si l'on veut, que la suppression des notes a réduit les écarts, mais avec beaucoup de cynisme, car c'est en tirant le plus grand nombre vers le bas.
À la fin de l'année scolaire, je découvre avec stupeur qu'il y a eu une réunion d'évaluation du dispositif avec IPR et tout le gratin. Je n'y ai pas été conviée. Ce qui permet à mes deux collègues très satisfaites de dresser un bilan parfaitement positif de la suppression des notes. L'IPR vient ensuite en grand messe faire le bilan à l'ensemble de nos collègues, les enjoignant à participer à une démarche qui a fait ses preuves. Je prends la parole pour dire qu'ayant participé au dispositif et n'étant pas parvenue aux mêmes conclusions, ce que mes collègues ne peuvent ignorer, je suis étonnée du manque de nuances du bilan. Mon intervention est reléguée au profit des questions matérielles sur la mise en place de l'évaluation sans notes.
L'IPR est ensuite allé dans d'autres établissements porter le modèle de l'expérimentation si réussie, et unanimement applaudie, de notre collège.
Je m'en tiendrai à ces faits. Je vous laisse les commentaires, et surtout les conclusions.
Belle expérience dans l'académie, et riche d'enseignements.
Ce témoignage devrait être plus largement diffusé, pour sauver le pays, s'il n'est pas déjà trop tard.
- ycombeMonarque
Seulement les jours impairs.Cripure a écrit:
En même temps, la somme des angles d'un carré n'est-elle pas égale à 360° ?
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- Luigi_BGrand Maître
Une chose est sûre, tu n'as pas à être fière d'avoir été une "désignée volontaire", Véronique :
:lol:
François Jarraud a écrit:Les professeurs qui se sont engagés dans le protocole sont des enseignants volontaires qui ont aussi décidé de travailler ensemble. Ce sont de facto des militants pédagogiques. Par suite on peut attendre d'eux qu'ils aient davantage de capacités pédagogiques
:lol:
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- trompettemarineMonarque
Dire que le premier résumé que j'ai eu à faire au lycée (quand l'épreuve de résumé discussion existait encore en lieu et place de l'invention) s'appuyait sur le texte suivant de Jacqueline de Romilly, au début des années 80.
"L'émulation et la sélection sont les ressorts de l'enseignement, elles sont indispensables, l'émulation fait travailler, c'est son premier bienfait. La sélection, on la présente comme un barrage.... C'est le contraire. Il faut se la représenter comme un appel vers le haut, stimulant, prometteur de progrès pour tous. Viendrait-il à quelqu'un l'idée de reprocher à un entraîneur d'inciter ses sportifs à se surpasser eux-mêmes, à surpasser les autres pour obtenir l'une de ces victoires sur le stade qui enflamment les foules ? On prétend qu'on n'est pas contre la qualité, seulement contre l'élitisme, en fait la haine de l'élitisme est si violente qu'elle entraîne la ruine de la qualité de tout et de tous.
- pailleauquebecFidèle du forum
V.Marchais a écrit:VicomteDeValmont a écrit:Le Point a écrit:
Le débat sur la suppression des notes pourrait bien rebondir. Quand certains considèrent que "supprimer les notes est le pire service à rendre aux élèves", une nouvelle étude met en avant les bénéfices que pourraient en retirer les jeunes. Menée par le CNRS en partenariat avec l'académie d'Orléans-Tours, l'expérimentation conduite auprès de 84 établissements de l'académie sur l'année 2014/2015 démontre pour la première fois que la suppression partielle des notes permet de réduire de moitié l'écart des performances entre élèves de différentes classes sociales.
La suite: http://www.lepoint.fr/societe/suppression-des-notes-un-vrai-ascenseur-social-selon-le-cnrs-04-03-2016-2023057_23.php
Bonjour,
Je n'ai pas lu le fil.
Je voudrais juste apporter un témoignage au sujet de cette expérimentation, parce que figurez-vous que j'en ai fait partie.
Je suis dans l'académie d'Orléans-Tours et mon collège avait décidé, à l'initiative de deux collègues, de se joindre à l'expérimentation. J'ai été plus ou moins désignée d'office en français, dans la mesure où je développais déjà un travail par compétences en écriture. J'ai accepté.
M'y voilà donc. Je joue le jeu de bonne foi. Assez vite, je remarque quelques problèmes : manque de prises pour contraindre les élèves à apprendre leurs leçons (l'air de rien, le petit contrôle de cours en début d'heure, même oral, fait des miracles), difficulté à évaluer certaines tâches ; par ailleurs, si certains élèves très faibles n'abandonnent pas complètement (l'eussent-ils fait s'ils avaient eu des notes ? On ne le saura jamais), un grand nombre d'élèves moyens cesse tout travail et s'effondre ; par ailleurs, d'excellents élèves, qui aiment l'émulation, ne voient pas l'intérêt de travailler pour des points verts et se mettent en service minimum. Ils perdent en motivation, cessent les efforts, baissent eux aussi en performance.
Dès le conseil de classe du premier trimestre, je fais part de mes inquiétudes. Elles ne sont guère entendues. Au deuxième trimestre, je dresse un bilan négatif de l'expérience : je ne suis pas en mesure de juger si elle a réellement bénéficié aux élèves faibles, mais elle a plombé un grand nombre d'élèves. De ce point de vue, on peut dire, si l'on veut, que la suppression des notes a réduit les écarts, mais avec beaucoup de cynisme, car c'est en tirant le plus grand nombre vers le bas.
À la fin de l'année scolaire, je découvre avec stupeur qu'il y a eu une réunion d'évaluation du dispositif avec IPR et tout le gratin. Je n'y ai pas été conviée. Ce qui permet à mes deux collègues très satisfaites de dresser un bilan parfaitement positif de la suppression des notes. L'IPR vient ensuite en grand messe faire le bilan à l'ensemble de nos collègues, les enjoignant à participer à une démarche qui a fait ses preuves. Je prends la parole pour dire qu'ayant participé au dispositif et n'étant pas parvenue aux mêmes conclusions, ce que mes collègues ne peuvent ignorer, je suis étonnée du manque de nuances du bilan. Mon intervention est reléguée au profit des questions matérielles sur la mise en place de l'évaluation sans notes.
L'IPR est ensuite allé dans d'autres établissements porter le modèle de l'expérimentation si réussie, et unanimement applaudie, de notre collège.
Je m'en tiendrai à ces faits. Je vous laisse les commentaires, et surtout les conclusions.
Belle expérience dans l'académie, et riche d'enseignements.
On s'en doutait,...
Il faut être vigilant avec tout ce qu'on nous avance.
Bienvenue dans le monde de la communication.
- the educatorFidèle du forum
Mais personne n'a vraiment envie d'être sauvé, dans cette histoire. Il s'agit d'un débat strictement idéologique, un débat de posture, entre la note et ce qu'elle représente, et la compétence et ce qu'elle représente. ça s'arrête là.zappons a écrit:Ce témoignage devrait être plus largement diffusé, pour sauver le pays, s'il n'est pas déjà trop tard.
Bon, cela dit il n'est pas rare qu'on expérimente pour vérifier des théories (ni d'ailleurs que l'expérience soit biaisée, volontairement ou non, pour satisfaire la théorie), ni que l'on communique sur de la recherche avant d'avoir publié (qu'il s'agisse de trouver un éditeur, de lever des fonds, de justifier des détachements, ou ce genre de trucs dont la recherche ne sait pas vraiment se passer).
Du coup le protocole pour l'instant est opaque, comme les conclusions: il y a très peu d'études sérieuses qui ne prennent pas la peine de délimiter les conclusions à la situation observée, justement pour évacuer les paramètres de contexte qu'on ne peut pas isoler.
- V.MarchaisEmpereur
Luigi_B a écrit:Une chose est sûre, tu n'as pas à être fière d'avoir été une "désignée volontaire", Véronique :François Jarraud a écrit:Les professeurs qui se sont engagés dans le protocole sont des enseignants volontaires qui ont aussi décidé de travailler ensemble. Ce sont de facto des militants pédagogiques. Par suite on peut attendre d'eux qu'ils aient davantage de capacités pédagogiques
:lol:
Militante pédagogique, je le revendique. Par contre, je ne pensais pas être un jour citée à ce titre par le Café Péda ! :lol:
- frdmNiveau 10
the educator a écrit:Mais personne n'a vraiment envie d'être sauvé, dans cette histoire. Il s'agit d'un débat strictement idéologique, un débat de posture, entre la note et ce qu'elle représente, et la compétence et ce qu'elle représente. ça s'arrête là.zappons a écrit:Ce témoignage devrait être plus largement diffusé, pour sauver le pays, s'il n'est pas déjà trop tard.
Bon, cela dit il n'est pas rare qu'on expérimente pour vérifier des théories (ni d'ailleurs que l'expérience soit biaisée, volontairement ou non, pour satisfaire la théorie), ni que l'on communique sur de la recherche avant d'avoir publié (qu'il s'agisse de trouver un éditeur, de lever des fonds, de justifier des détachements, ou ce genre de trucs dont la recherche ne sait pas vraiment se passer).
Du coup le protocole pour l'instant est opaque, comme les conclusions: il y a très peu d'études sérieuses qui ne prennent pas la peine de délimiter les conclusions à la situation observée, justement pour évacuer les paramètres de contexte qu'on ne peut pas isoler.
Il n'y aurait pas une négation en trop, là ?
- the educatorFidèle du forum
Je ne crois pas, non, mais j'avoue que j'ai relu deux ou trois fois en l'écrivant.
- V.MarchaisEmpereur
Il y a trop peu d'études sérieuses, qui pour la plupart ne prennent pas la peine...
C'est ça que tu veux dire ?
C'est ça que tu veux dire ?
- User17706Bon génie
Ce que the_educator a écrit ne peut s'interpréter, il me semble, que d'une seule manière: presque toutes les études sérieuses prennent la peine, etc. (Après, j'ai du mal à saisir moi aussi comment ça s'articule à ce qui précède.)
- carpemuetteNiveau 5
F.Lemoine a écrit:Je joue à fond le système de la note chiffrée : j'en mets entre 20 et 30 par trimestre. Ces sont pour la grande majorité des évaluations sur des choses précises et répétitives (conjugaison, bien répondre à une question, apprentissage du vocabulaire, participation orale, etc.). Cela me semble essentiel : cela donne des repères aux élèves et les aide à s'améliorer dans chaque domaine visé. Et cela fonctionne pour les élèves qui ont envie de progresser.
Il y a aussi des notes sur des choses plus complexes (par exemple les travaux de rédaction). Les coefficients ne sont pas les mêmes.
Ce qui me semble dommageable, ce n'est pas la note, c'est de zapper la première étape (l'évaluation régulière de tout le travail fourni en amont des travaux plus complexes).
Quand je vois sur les bulletins des moyennes de français qui sont des calculs faits à partir de deux à cinq notes sur tout le trimestre, je m'interroge : cela ressemble à des couperets.
Je note aussi ainsi. Énormément de petites notes, en séparant les compétences : par exemple , une question de cours "rédiger un paragraphe pour expliquer ce qu'est la Chanson de Roland" : une note /5 pour les connaissances, 1 autre pour la rédaction du paragraphe. Et puis des notes "tâches complexes", comme ils disent, sur les rédactions. Mais là encore, d'ailleurs, le barème est en 3 critères, consignes, expression, organisation). Je trouve que les élèves s'y retrouvent bien. Ils ont beaucoup progressé en rédaction des réponses depuis que je mets une note à part. Je ne vois pas du tout ce qu'apporterait de plus un système d'où les notes seraient exclues.
- Luc Cédelle et l'ascenseur social
- Selon Hélène Pilichowski, "tous les chercheurs de Grenoble" ne trouvent rien et "vont sur les pistes de ski et dans les clubs de tennis".
- un article intéressant sur le livre d'Aurélie Ledoux L'ascenseur social est en panne.
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