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- RellNiveau 6
Bonjour à tous,
Comme vous le voyez, il est 6h20 et je ne dors pas, je passe encore une nuit à m'interroger sur la qualité de mon enseignement. Cette nuit : mes quatre heures de latin en 4ème.
Je suis certifié de lettres modernes mais l'on m'a proposé, il y a 2 ans, de prendre en charge le latin en quatrième : j'ai accepté, j'aime ça, j'en ai fait de la 5ème au M1, j'ai lu plein de bouquins pendant un été pour me cultiver en civi. L'année dernière, j'avais un groupe de 25 élèves plutôt passifs mais sympathiques et, ma foi, ils n'avaient pas l'air de venir en cours à reculons.
Cette année, la chanson est un peu différente. J'ai deux groupes de 17 élèves (2x2 heures par semaine, donc). L'un des groupes est très sympa, intéressé en classe mais le travail personnel est très limité. L'autre groupe me fait la tête, passe son temps à me narguer en me demandant si le latin sera maintenu l'année prochaine (ce à quoi je n'ai pas de réponse, c'est terrible), insistant régulièrement pour me montrer que ce sont leurs parents qui ont décidé qu'ils feraient latin, mais qu'ils détestent ça, etc. J'en ai parlé avec eux, je leur ai fait comprendre que ce n'était aucunement une raison pour ne pas travailler, rien n'y fait : ils ne font RIEN, me disent que c'est dur, ne comprennent pas qu'il y a des devoirs, des points de langue à apprendre. Résultat : à chaque point de langue, je galère car ils ne maîtrisent toujours pas la 1ère décli ni le présent de l'indicatif pour beaucoup.
Alors, j'en viens à me dire que mes cours sont sûrement bien ennuyeux pour qu'ils ne s'intéressent pas à ma ma matière. Pour être honnête, je suis plus à l'aise en langue qu'en civilisation, mais je tiens quand même à alterner les deux de manière égale. Mes cours de langue partent souvent d'une phrase en lien avec le point de civi, que l'on analyse et dont on observe plus précisément une notion. Les séances de civi sont moins inductives : souvent, c'est de la lecture de documents (textes, tableaux, quelques rares fois une vidéo) avec des questions de compréhension écrites et orales et une trace écrite bilan. Et ils continuent : ils soupirent, ils râlent, etc. Rassurez-vous, ils sont loin d'être ingérables : c'est le calme plat, c'est bien le problème. Ils ne veulent pas de ce que je veux leur donner, ce qu'ils ont normalement choisi de recevoir.
Je me dis donc que l'autre groupe ressent certainement cet ennui abyssal mais, comme ils sont plus sympas, ils le masquent par un faux entrain ... Ma collègue de LC me dit qu'elle a souvent eu ça en 4ème, que c'est le niveau qui veut ça ... Mouais.
N'hésitez donc pas à me donner des conseils ou à me faire nuancer mon sentiment. Merci.
Comme vous le voyez, il est 6h20 et je ne dors pas, je passe encore une nuit à m'interroger sur la qualité de mon enseignement. Cette nuit : mes quatre heures de latin en 4ème.
Je suis certifié de lettres modernes mais l'on m'a proposé, il y a 2 ans, de prendre en charge le latin en quatrième : j'ai accepté, j'aime ça, j'en ai fait de la 5ème au M1, j'ai lu plein de bouquins pendant un été pour me cultiver en civi. L'année dernière, j'avais un groupe de 25 élèves plutôt passifs mais sympathiques et, ma foi, ils n'avaient pas l'air de venir en cours à reculons.
Cette année, la chanson est un peu différente. J'ai deux groupes de 17 élèves (2x2 heures par semaine, donc). L'un des groupes est très sympa, intéressé en classe mais le travail personnel est très limité. L'autre groupe me fait la tête, passe son temps à me narguer en me demandant si le latin sera maintenu l'année prochaine (ce à quoi je n'ai pas de réponse, c'est terrible), insistant régulièrement pour me montrer que ce sont leurs parents qui ont décidé qu'ils feraient latin, mais qu'ils détestent ça, etc. J'en ai parlé avec eux, je leur ai fait comprendre que ce n'était aucunement une raison pour ne pas travailler, rien n'y fait : ils ne font RIEN, me disent que c'est dur, ne comprennent pas qu'il y a des devoirs, des points de langue à apprendre. Résultat : à chaque point de langue, je galère car ils ne maîtrisent toujours pas la 1ère décli ni le présent de l'indicatif pour beaucoup.
Alors, j'en viens à me dire que mes cours sont sûrement bien ennuyeux pour qu'ils ne s'intéressent pas à ma ma matière. Pour être honnête, je suis plus à l'aise en langue qu'en civilisation, mais je tiens quand même à alterner les deux de manière égale. Mes cours de langue partent souvent d'une phrase en lien avec le point de civi, que l'on analyse et dont on observe plus précisément une notion. Les séances de civi sont moins inductives : souvent, c'est de la lecture de documents (textes, tableaux, quelques rares fois une vidéo) avec des questions de compréhension écrites et orales et une trace écrite bilan. Et ils continuent : ils soupirent, ils râlent, etc. Rassurez-vous, ils sont loin d'être ingérables : c'est le calme plat, c'est bien le problème. Ils ne veulent pas de ce que je veux leur donner, ce qu'ils ont normalement choisi de recevoir.
Je me dis donc que l'autre groupe ressent certainement cet ennui abyssal mais, comme ils sont plus sympas, ils le masquent par un faux entrain ... Ma collègue de LC me dit qu'elle a souvent eu ça en 4ème, que c'est le niveau qui veut ça ... Mouais.
N'hésitez donc pas à me donner des conseils ou à me faire nuancer mon sentiment. Merci.
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Classes 2020-2021 : deux classes de 1ère générale + HLP 1ère
"Le temps était encore ténébreux et sentant l'infélicité et calamité des Goths, qui avaient mis à destruction toute bonne littérature ; mais, par la bonté divine, la lumière et dignité a esté de mon âge rendue ès lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, Hébraïque, Chaldaïque, Latine "[...]
François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, chap. 8, 1532.
- GilbertineNeoprof expérimenté
Rell
Tu te remets en question, c'est sain dans notre métier, mais là tu te fais du mal. Tu ne rendrais pas service à tes élèves de vider tes cours de tout contenu grammatical, sous prétexte que cela ne leur plait pas. On éduque avec et contre. Résister au ludique, à la journée de la toge et autre banquet romain, ce n'est pas être un mauvais prof ennuyeux, loin de là. L'attitude de tes élèves n'est pas à corréler avec ton enseignement, ils seront ainsi face à la physique en seconde, sous prétexte qu'ils n'en feront plus l'année suivante, et ainsi de suite. Je comprends que ce soit dur. Cette attitude consumériste doit être pourfendue et non confortée. Garde courage et crois en ce que tu fais : si tu leur transmets des connaissances, alors tu leur rends service.
Tu te remets en question, c'est sain dans notre métier, mais là tu te fais du mal. Tu ne rendrais pas service à tes élèves de vider tes cours de tout contenu grammatical, sous prétexte que cela ne leur plait pas. On éduque avec et contre. Résister au ludique, à la journée de la toge et autre banquet romain, ce n'est pas être un mauvais prof ennuyeux, loin de là. L'attitude de tes élèves n'est pas à corréler avec ton enseignement, ils seront ainsi face à la physique en seconde, sous prétexte qu'ils n'en feront plus l'année suivante, et ainsi de suite. Je comprends que ce soit dur. Cette attitude consumériste doit être pourfendue et non confortée. Garde courage et crois en ce que tu fais : si tu leur transmets des connaissances, alors tu leur rends service.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- Bobby-CowenFidèle du forum
Je suis d'accord avec Gilbertine. J'ai eu le même parcours que toi il y a quelques années, quand on m'a proposé un remplacement en lettres classiques. Et je retrouve dans tes propos certains anciens élèves... dont je me fichais royalement car je faisais quelque chose qui me plaisait. Alors cesse de te remettre en questions et poursuis sur ta lancée ; peut-être ton autre classe de 4e est-elle vraiment intéressée mais feignasse !
- IphigénieProphète
Si maintenant on demande aux élèves si travailler est intéressant, j'ai très peur de leurs réponses...
- RellNiveau 6
Merci beaucoup.
Je suis en phase de remise en question permanente depuis plusieurs semaines, c'est épuisant. Je me sens décalé par rapport à l'état d'esprit (pseudo-)éducatif actuel et c'est très pesant.
Je suis en phase de remise en question permanente depuis plusieurs semaines, c'est épuisant. Je me sens décalé par rapport à l'état d'esprit (pseudo-)éducatif actuel et c'est très pesant.
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Classes 2020-2021 : deux classes de 1ère générale + HLP 1ère
"Le temps était encore ténébreux et sentant l'infélicité et calamité des Goths, qui avaient mis à destruction toute bonne littérature ; mais, par la bonté divine, la lumière et dignité a esté de mon âge rendue ès lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, Hébraïque, Chaldaïque, Latine "[...]
François Rabelais, Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, chap. 8, 1532.
- SphinxProphète
Tu leur passes une soufflante et ils bossent. Le cours de maths, ils l'ont choisi peut-être ? Leurs parents les ont inscrits malgré eux, tu es bien désolé pour eux mais ça n'est absolument pas ton problème, et s'ils veulent avoir zéro de moyenne, là aussi c'est eux que ça regarde.
Il y a souvent des élèves qui ont cette attitude vis-à-vis du latin parce que c'est une option et du coup, on se met nous-mêmes dans la tête que c'est un choix, qu'on ne peut pas les obliger, etc. Ils sentent la brèche et s'y engouffrent. Il ne faut pas les laisser faire : en 4e, de toutes façons, intéressant ou non, leurs priorités sont les copains qui ont moins d'heures de cours ou qui passent plus tôt à la cantine. Montre-toi intraitable, fais savoir aux parents qu'il n'y a aucun travail et que ça va faire tache sur le bulletin. Normalement, certains devraient s'y mettre. Bon courage
Il y a souvent des élèves qui ont cette attitude vis-à-vis du latin parce que c'est une option et du coup, on se met nous-mêmes dans la tête que c'est un choix, qu'on ne peut pas les obliger, etc. Ils sentent la brèche et s'y engouffrent. Il ne faut pas les laisser faire : en 4e, de toutes façons, intéressant ou non, leurs priorités sont les copains qui ont moins d'heures de cours ou qui passent plus tôt à la cantine. Montre-toi intraitable, fais savoir aux parents qu'il n'y a aucun travail et que ça va faire tache sur le bulletin. Normalement, certains devraient s'y mettre. Bon courage
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- marjoDoyen
Rell, je comprends tes interrogations, car pour ma part, j'enseigne vraiment comme à la vieille école : je fais faire beaucoup de manipulations, de la version, du thème (oui, oui). Mes élèves bossent, mais je vois bien que ça n'en passionne pas la plus grande partie, surtout en 3e. Mais je suis persuadée que c'est la bonne voie, au moins pour ceux qui voudront continuer en lycée et qui devront se frotter un peu à du "vrai" latin. C'est juste que parfois, je me dis que si un inspecteur venait voir mes cours, je me ferais descendre.
- EudeNiveau 2
Le latin a beau être une option, il est compté dans la moyenne générale au même titre que les autres disciplines non (désolée si je me trompe, je ne suis pas au collège)? Il faut espérer que si leurs notes en latin sont faibles ils réagissent à un moment ou à un autre...
- IphigénieProphète
Voilà!Sphinx a écrit:Tu leur passes une soufflante et ils bossent. Le cours de maths, ils l'ont choisi peut-être ? Leurs parents les ont inscrits malgré eux, tu es bien désolé pour eux mais ça n'est absolument pas ton problème, et s'ils veulent avoir zéro de moyenne, là aussi c'est eux que ça regarde.
Il y a souvent des élèves qui ont cette attitude vis-à-vis du latin parce que c'est une option et du coup, on se met nous-mêmes dans la tête que c'est un choix, qu'on ne peut pas les obliger, etc. Ils sentent la brèche et s'y engouffrent. Il ne faut pas les laisser faire : en 4e, de toutes façons, intéressant ou non, leurs priorités sont les copains qui ont moins d'heures de cours ou qui passent plus tôt à la cantine. Montre-toi intraitable, fais savoir aux parents qu'il n'y a aucun travail et que ça va faire tache sur le bulletin. Normalement, certains devraient s'y mettre. Bon courage
- Mona Lisa KlaxonEsprit éclairé
Pour la langue, j'ai abandonné l'espoir que tous apprennent à la maison: certains bossent super bien à la maison, d'autres n'ouvriront pas leur cahier. Quand j'ai une classe comme celle que tu décris, je consacre une grosse partie du temps de cours à leur faire apprendre et répéter déclinaisons et conjugaisons, à base de "maillon faible", de "pingpong", de gratumstudium projeté, de jeux par équipes. ça prend du temps, mais je me dis que c'est gagné: ils sortent en sachant presque entièrement la notion, et c'est déjà ça, et comme ça a pris des dehors "ludiques", ils ont oublié de m'emm**der pendant l'heure. Pour le voc, on commence l'heure par la "capsa verbis": une "boîte à mots" avec des cartons recto/verso (français/latin) pour les noms, adjectifs (1 point), pour les verbes et temps primitifs ou les phrases d'auteurs (2 points). Un élève interroge tour à tour différents élèves de la classe, moi, je fais les comptes (une grille avec des cases à cocher, et au bout du trimestre, les 23 élèves ont une note sur 20 de voc). Cette idée empruntée sur ce forum à une collègue permet à tous d'entendre des mots de voca à chaque heure, de les mémoriser sans s'en rendre compte à force de répétition. Bref, j'utilise tous les stratagèmes qui font qu'ils bossent sans s'en rendre compte. Si ça peut aider...
- CasparProphète
ta collègue n'a pas tort Rell: le niveau 4ème n'est vraiment pas facile (on est en plein d'en l'âge bête et autocentré, il ne faut surtout pas avoir l'air de s'intéresser aux cours), tu es aussi tombée sur un groupe pas très sympathique, cela arrive...Pourquoi l'entrain de l'autre groupe serait-il faux? Il est peut-être tout à fait sincère.
Ils te demandent sir le latin sera maintenu l'année prochaine? Même si tu n'en sais rien, tu peux bluffer, en restant vague ("Il y aura vraisemblablement du latin l'année prochaine...ce serait vraiment idiot de supprimer cette option." ).
Ils te demandent sir le latin sera maintenu l'année prochaine? Même si tu n'en sais rien, tu peux bluffer, en restant vague ("Il y aura vraisemblablement du latin l'année prochaine...ce serait vraiment idiot de supprimer cette option." ).
- SacapusHabitué du forum
:shock: Vous appelez ça ainsi ??Mona Lisa Klaxon a écrit:Pour le voc, on commence l'heure par la "capsa verbis": une "boîte à mots" [...]
- Mona Lisa KlaxonEsprit éclairé
Les élèves ont choisi cette expression : une boîte pour les mots, pas une boîte de mots et ont constitué l'expression avec leurs rudiments de latin en 5e. Ce n'est pas académique, certes, mais je m'en tamponne le coquillard avec un tibia de mérou. Ils se sont approprié le lexique qui est dedans, et c'est ce qui m'importe. C'est déjà une telle galère de faire vivre le Latin en collège...
- SacapusHabitué du forum
Soit. Mais dans ce cas, je préfère prétendre que l'Odyssée est un roman. ça me paraît une approximation beaucoup plus anodine.
- Mona Lisa KlaxonEsprit éclairé
Et moi je me dis que je devrais vraiment changer de métier...
- Mona Lisa KlaxonEsprit éclairé
Merci pour cette remarque qui me remonte le moral dans ces temps bénis où l'on doit passer notre temps à justifier notre existence: c'est tout à fait ce dont j'avais besoin, là, maintenant, à deux jours de ma 2e dé-formation réforme...
- User5899Demi-dieu
Mona Lisa Klaxon a écrit:Je m'en tamponne le coquillard avec un tibia de mérou.
:lol:
Comme c'est bientôt Noël, je vais m'en commander un, pour voir :lol!:
Je ne comprends pas vraiment. Le datif de destination fait quand même partie de la latinité, non ? M'abusé-je ?Sacapus a écrit:Soit. Mais dans ce cas, je préfère prétendre que l'Odyssée est un roman. ça me paraît une approximation beaucoup plus anodine.
Et sinon, à propos du fil, si chaque fois que les élèves ne travaillent pas, il faut se sentir coupable, hein...
- LefterisEsprit sacré
Attitude normale. j'ai moi aussi une classe d'ex- excellents 5è dont certains sont rentrés de vacances transformés en décidant cette année de n e plus rien faire, déclarent qu'ils ne "comprennent pas " avant que le cours ne commencent, font savoir à chaque cours qu'ils arrêteront le latin dès que possible, qu'à la limite la civilisation ça va, mais pas la langue. Mais certains demeurent excellents et motivés, et donc je continue la grammaire.Rell a écrit:Bonjour à tous,
Comme vous le voyez, il est 6h20 et je ne dors pas, je passe encore une nuit à m'interroger sur la qualité de mon enseignement. Cette nuit : mes quatre heures de latin en 4ème.
Je suis certifié de lettres modernes mais l'on m'a proposé, il y a 2 ans, de prendre en charge le latin en quatrième : j'ai accepté, j'aime ça, j'en ai fait de la 5ème au M1, j'ai lu plein de bouquins pendant un été pour me cultiver en civi. L'année dernière, j'avais un groupe de 25 élèves plutôt passifs mais sympathiques et, ma foi, ils n'avaient pas l'air de venir en cours à reculons.
Cette année, la chanson est un peu différente. J'ai deux groupes de 17 élèves (2x2 heures par semaine, donc). L'un des groupes est très sympa, intéressé en classe mais le travail personnel est très limité. L'autre groupe me fait la tête, passe son temps à me narguer en me demandant si le latin sera maintenu l'année prochaine (ce à quoi je n'ai pas de réponse, c'est terrible), insistant régulièrement pour me montrer que ce sont leurs parents qui ont décidé qu'ils feraient latin, mais qu'ils détestent ça, etc. J'en ai parlé avec eux, je leur ai fait comprendre que ce n'était aucunement une raison pour ne pas travailler, rien n'y fait : ils ne font RIEN, me disent que c'est dur, ne comprennent pas qu'il y a des devoirs, des points de langue à apprendre. Résultat : à chaque point de langue, je galère car ils ne maîtrisent toujours pas la 1ère décli ni le présent de l'indicatif pour beaucoup.
Alors, j'en viens à me dire que mes cours sont sûrement bien ennuyeux pour qu'ils ne s'intéressent pas à ma ma matière. Pour être honnête, je suis plus à l'aise en langue qu'en civilisation, mais je tiens quand même à alterner les deux de manière égale. Mes cours de langue partent souvent d'une phrase en lien avec le point de civi, que l'on analyse et dont on observe plus précisément une notion. Les séances de civi sont moins inductives : souvent, c'est de la lecture de documents (textes, tableaux, quelques rares fois une vidéo) avec des questions de compréhension écrites et orales et une trace écrite bilan. Et ils continuent : ils soupirent, ils râlent, etc. Rassurez-vous, ils sont loin d'être ingérables : c'est le calme plat, c'est bien le problème. Ils ne veulent pas de ce que je veux leur donner, ce qu'ils ont normalement choisi de recevoir.
Je me dis donc que l'autre groupe ressent certainement cet ennui abyssal mais, comme ils sont plus sympas, ils le masquent par un faux entrain ... Ma collègue de LC me dit qu'elle a souvent eu ça en 4ème, que c'est le niveau qui veut ça ... Mouais.
N'hésitez donc pas à me donner des conseils ou à me faire nuancer mon sentiment. Merci.
Si l'on baisse ses exigences , on perd non seulement ceux qui veulent que ça baisse, mais aussi les bons. Donc il vaut mieux en sauver cinq ou six par classe, qui continueront efficacement au lycée, comme je l'ai constaté, que personne. En 3è, classe où certains sont entièrement dans l'idée d'arrêter dès le 1er septembre, il y a toujours quelques excellents , et pour eux, j'ai à coeur de terminer au moins toute la morphologie .
Quand on en arrive là, c'est gagné , ils peuvent s'orienter dans un texte, apprendre au fur et à mesure la syntaxe, du vocabulaire, et démarrent en seconde avec une option qui ne leur pèse pas, mais au contraire les aide .
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- IphigénieProphète
J'ai réagi comme vous devant le purisme à Sacapus. Il semblerait que ce datif ne soit possible qu'avec un nom verbal, mais bon, les Romains devaient bien faire authentiquement aussi ce genre de fautes, non? Tandis que dire que l'Odyssée est un roman, ce n'est même pas une faute, c'est juste une idiotie. :lol:Cripure a écrit:Je ne comprends pas vraiment. Le datif de destination fait quand même partie de la latinité, non ? M'abusé-je ?Sacapus a écrit:Soit. Mais dans ce cas, je préfère prétendre que l'Odyssée est un roman. ça me paraît une approximation beaucoup plus anodine.
- MictlantecuhtliNiveau 9
Il est superbe ce fil. J'ai des troisièmes qui sont incapables de reconnaître un comparatif banal, et qui me sortent qu'ils ne connaissent pas leurs déclinaisons (je ne parle que des trois premières...). Ils n'ont fait que des jeux, des maquettes, que sais-je encore, mais de latin, point.
_________________
Ō miserās hominum mentēs, ō pectora cæca !
Quālibus in tenebrīs uītæ quantīsque perīclīs
dēgitur hoc æuī quodcumquest ! Nōnne uidēre
nīl aliud sibi nātūram lātrāre, nisi ut quī
corpore sēiūnctus dolor absit — mente fruātur
iūcundō sēnsū, cūrā sēmōta metūque ?
- User5899Demi-dieu
Je ne l'aurais pas employé en thème d'agreg, c'est clair. Mais je suis sûr qu'on doit en trouver dans l'Enéide et, de toutes façons, ce n'est pas du tout contraire à l'esprit de la langue.Iphigénie a écrit:J'ai réagi comme vous devant le purisme à Sacapus. Il semblerait que ce datif ne soit possible qu'avec un nom verbal, mais bon, les Romains devaient bien faire authentiquement aussi ce genre de fautes, non?Cripure a écrit:Je ne comprends pas vraiment. Le datif de destination fait quand même partie de la latinité, non ? M'abusé-je ?Sacapus a écrit:Soit. Mais dans ce cas, je préfère prétendre que l'Odyssée est un roman. ça me paraît une approximation beaucoup plus anodine.
- RendashBon génie
Cripure a écrit:Mais je suis sûr qu'on doit en trouver dans l'Enéide
Encore un roman?
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- marjoDoyen
Bon, j'avoue que je me pose un peu la même question que l'auteur de ce post : depuis que j'ai dégainé le cours sur la proposition infinitive et celui sur les comparatifs/superlatifs, je me sens seule au monde. J'ai l'impression d'avoir perdu les 3/4 de la classe et de faire cours avec 4/5 élèves qui suivent pendant que les autres dorment. C'est sûr que comprendre quelque chose au fonctionnement de la proposition infinitive quand on ne sait pas décliner un nom (et donc pas reconnaître un accusatif), ce n'est pas gagné. Tout à l'heure, en 4e, j'ai annoncé aux élèves qu'on allait faire une traduction pour mettre à profit toutes les connaissances qu'ils ont accumulées : ils ont tiré la tronche. J'en ai un peu marre...
- MictlantecuhtliNiveau 9
Toi aussi ? Bienvenue au club.
Le pire, c'est quand je ressors mes interros de 4e/3e : j'en avais une par semaine (!) et le rythme était largeeeeeement plus rapide que ce que je fais péniblement à l'heure actuelle. Tu leur mâches le travail, passes des heures et heures à leur expliquer les choses ? C'est la même rengaine : "j'comprends pas".
Le pire, c'est quand je ressors mes interros de 4e/3e : j'en avais une par semaine (!) et le rythme était largeeeeeement plus rapide que ce que je fais péniblement à l'heure actuelle. Tu leur mâches le travail, passes des heures et heures à leur expliquer les choses ? C'est la même rengaine : "j'comprends pas".
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Ō miserās hominum mentēs, ō pectora cæca !
Quālibus in tenebrīs uītæ quantīsque perīclīs
dēgitur hoc æuī quodcumquest ! Nōnne uidēre
nīl aliud sibi nātūram lātrāre, nisi ut quī
corpore sēiūnctus dolor absit — mente fruātur
iūcundō sēnsū, cūrā sēmōta metūque ?
- AudreyOracle
marjolie.june a écrit:Bon, j'avoue que je me pose un peu la même question que l'auteur de ce post : depuis que j'ai dégainé le cours sur la proposition infinitive et celui sur les comparatifs/superlatifs, je me sens seule au monde. J'ai l'impression d'avoir perdu les 3/4 de la classe et de faire cours avec 4/5 élèves qui suivent pendant que les autres dorment. C'est sûr que comprendre quelque chose au fonctionnement de la proposition infinitive quand on ne sait pas décliner un nom (et donc pas reconnaître un accusatif), ce n'est pas gagné. Tout à l'heure, en 4e, j'ai annoncé aux élèves qu'on allait faire une traduction pour mettre à profit toutes les connaissances qu'ils ont accumulées : ils ont tiré la tronche. J'en ai un peu marre...
Ca doit bien faire 5-6 ans que je n'enseigne plus la proposition infinitive en latin...Quand je pense qu'à mes débuts, on travaillait la concordance des temps dans l'infinitive, et les conjonctives, et les relatives au sbjonctif...
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- Comment faire un cours de latin en collège ?
- Faire cours avec les manuels de 2010 ? (Latin)
- Programme latin 5e (pour un lettre moderne obligé de faire du latin)
- En Suisse, l'enseignante de latin Sarabella Benamran a pu faire cours "immobile" grâce à Skype durant ses trois semaines d'arrêt-maladie.
- Rendre mes cours "intéressants" !
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