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- Raoul VolfoniGrand sage
Vendredi 13 au soir, la France a été la cible des attentats les plus meurtriers de son histoire. Chacun de nous a été choqué par la violence de ces événements, et aussi par les conclusions de l'enquête qui avance doucement. Plusieurs des assassins sont Français, ont fréquenté ce que nous aimons à appeler l'école de la République. D'autres sont Belges, et ont été formés à l'école belge qui, si elle n'est pas "de la République", n'en porte pas moins ces valeurs humanistes que nous qualifions de républicaines. Stupeur. Nous avons nourri la vipère dans notre sein.
On va me dire que ce n'est pas le moment de parler de la réforme du collège, que ce n'est pas respectueux pour les victimes, mais moi je crois justement que ça n'a jamais autant été le moment.
Je veux une réforme qui donne aux jeunes les mots pour s'exprimer, pour exprimer une pensée riche, nuancée, pas une réforme qui sacrifie le français au motif qu'on peut en faire dans toutes les matières. Rien ne remplacera le travail patient sur des textes, sur les idées de ceux qui nous ont précédé, pour construire une pensée rigoureuse et nourrie. Je veux que nous apprenions aux jeunes, de notre mieux et en sachant que nous ne pouvons pas tout, à critiquer les théories qu'on leur présente, à se construire leur pensée plutôt qu'à accepter des vérités prêchées par d'autres. Je veux que nous montrions aux jeunes que le savoir peut être par lui-même source d'un intense plaisir et d'un profond épanouissement. Je veux que nous puissions leur transmettre des valeurs, non par l'EMC qui ressemble à un catéchisme mal fagoté, mais par des programmes intelligemment construits, par une réelle capacité du collège à s'occuper de ceux qui décrochent, par une véritable connaissance de chacun des élèves par les adultes. Comment "repérer" ceux qui ont besoin de notre soutien dans la masse qu'on nous donne à garder ? Comment leur offrir ce dont ils ont besoin - attention personnelle et soutien scolaire efficace ? Je ne prétends pas détenir les clés pour éviter que d'autres Merah, d'autres Mostefai, d'autres Kouachi ne viennent semer la terreur dans leur propre pays. Je voudrais simplement que nos responsables, Najat Vallaud-Belkacem en tête, comprennent que ce n'est pas en réformant à la va-vite, avec uniquement des objectifs comptables, que l'école pourra tenir le rôle qui lui est dévolu dans notre pays.
Nous ne pouvons pas enseigner les valeurs de la République. Nous devons les faire vivre pour que nos élèves les acceptent comme les leurs, et pour cela nous avons besoin de moyens, de confiance et de respect.
EDIT : je suis peut-être confuse pour exprimer ce que je ressens. C'est clair dans mon esprit, mais l'exprimer est finalement assez ardu. Mes excuses.
On va me dire que ce n'est pas le moment de parler de la réforme du collège, que ce n'est pas respectueux pour les victimes, mais moi je crois justement que ça n'a jamais autant été le moment.
Je veux une réforme qui donne aux jeunes les mots pour s'exprimer, pour exprimer une pensée riche, nuancée, pas une réforme qui sacrifie le français au motif qu'on peut en faire dans toutes les matières. Rien ne remplacera le travail patient sur des textes, sur les idées de ceux qui nous ont précédé, pour construire une pensée rigoureuse et nourrie. Je veux que nous apprenions aux jeunes, de notre mieux et en sachant que nous ne pouvons pas tout, à critiquer les théories qu'on leur présente, à se construire leur pensée plutôt qu'à accepter des vérités prêchées par d'autres. Je veux que nous montrions aux jeunes que le savoir peut être par lui-même source d'un intense plaisir et d'un profond épanouissement. Je veux que nous puissions leur transmettre des valeurs, non par l'EMC qui ressemble à un catéchisme mal fagoté, mais par des programmes intelligemment construits, par une réelle capacité du collège à s'occuper de ceux qui décrochent, par une véritable connaissance de chacun des élèves par les adultes. Comment "repérer" ceux qui ont besoin de notre soutien dans la masse qu'on nous donne à garder ? Comment leur offrir ce dont ils ont besoin - attention personnelle et soutien scolaire efficace ? Je ne prétends pas détenir les clés pour éviter que d'autres Merah, d'autres Mostefai, d'autres Kouachi ne viennent semer la terreur dans leur propre pays. Je voudrais simplement que nos responsables, Najat Vallaud-Belkacem en tête, comprennent que ce n'est pas en réformant à la va-vite, avec uniquement des objectifs comptables, que l'école pourra tenir le rôle qui lui est dévolu dans notre pays.
Nous ne pouvons pas enseigner les valeurs de la République. Nous devons les faire vivre pour que nos élèves les acceptent comme les leurs, et pour cela nous avons besoin de moyens, de confiance et de respect.
EDIT : je suis peut-être confuse pour exprimer ce que je ressens. C'est clair dans mon esprit, mais l'exprimer est finalement assez ardu. Mes excuses.
- emanaoNiveau 5
Raoul Volfoni a écrit: C'est clair dans mon esprit, mais l'exprimer est finalement assez ardu.
C'est très clair également dans ton propos.
Entièrement d'accord avec tout ce que tu dis.
- ElyasEsprit sacré
Franchement, utiliser les attentats contre la réforme, pardon, mais quelle indécence !
- BalthamosDoyen
Tu es contre la réforme du collège, comme beaucoup ici.
Tu as des arguments percutants, en plus d'autres développés sur ce forum.
Mais je ne comprends pas le lien fait entre la réforme et les attentats.
Cela est indécent.
Ou alors, tu sous- entends qu'avec la réforme, ça sera pire puisque l'école sera moins efficace, ce qui est odieux.
L'école n'est pas la solution à tout, l'école n'est pas responsable de tout.
Tu as des arguments percutants, en plus d'autres développés sur ce forum.
Mais je ne comprends pas le lien fait entre la réforme et les attentats.
Cela est indécent.
Ou alors, tu sous- entends qu'avec la réforme, ça sera pire puisque l'école sera moins efficace, ce qui est odieux.
L'école n'est pas la solution à tout, l'école n'est pas responsable de tout.
- JennyMédiateur
Balthamos a écrit:L'école n'est pas la solution à tout, l'école n'est pas responsable de tout.
Je ne vois pas non plus le lien entre les attentats et la réforme du collège.
- kamasolouHabitué du forum
Je ne trouve pas ça si indécent.
Passés le choc et l'émotion parfaitement légitimes, la France commence à réaliser l'échec cuisant des politiques sociale et éducative menées ces dernières décennies.
Les "territoires perdus de la République", viviers de recrues pour les organisations terroristes, d'où émerge une haine extrême de la France et de ce qu'elle n'a pas su offrir à ces jeunes issus de l'immigration même après plusieurs générations, sont aussi les territoires perdus de l'Ecole.
Passés le choc et l'émotion parfaitement légitimes, la France commence à réaliser l'échec cuisant des politiques sociale et éducative menées ces dernières décennies.
Les "territoires perdus de la République", viviers de recrues pour les organisations terroristes, d'où émerge une haine extrême de la France et de ce qu'elle n'a pas su offrir à ces jeunes issus de l'immigration même après plusieurs générations, sont aussi les territoires perdus de l'Ecole.
- BalthamosDoyen
justement, cela est trop simple.
L'école promet la promotion social, le travail, la réussite, la tolérance, le respect et à la fin les élèves découvrent le déclassement, le chômage, le racisme, le mépris.
L'école promet la promotion social, le travail, la réussite, la tolérance, le respect et à la fin les élèves découvrent le déclassement, le chômage, le racisme, le mépris.
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- Spoiler:
- dandelionVénérable
Le lien direct est en effet difficile à établir. Par contre, je trouve très dangereux de déprimer plus encore le corps enseignant.
Quand j'entends critiquer les services de renseignement, ou les services de police, je me dis qu'eux aussi ont subi réformes et suppression de postes et qu'en y réfléchissant bien, le moral ne doit pas y être au plus haut, et la motivation non plus.
Si tous les fonctionnaires sont déprimés, démotivés, fatigués, cela pose un vrai problème par les temps qui courent.
Quand j'entends critiquer les services de renseignement, ou les services de police, je me dis qu'eux aussi ont subi réformes et suppression de postes et qu'en y réfléchissant bien, le moral ne doit pas y être au plus haut, et la motivation non plus.
Si tous les fonctionnaires sont déprimés, démotivés, fatigués, cela pose un vrai problème par les temps qui courent.
- Raoul VolfoniGrand sage
A vrai dire, je ne suis même plus contre la réforme du collège ; je l'ai déjà dit par ailleurs, je suis désabusée au point de ne plus croire en grand-chose, et je pense avoir déjà un pied hors de l'EN. Je ne fais pas des attentats un argument contre cette réforme. Je dis simplement que si on ne parle pas d'éducation maintenant, c'est dommage. L'école n'est ni la réponse ni la solution à tout, mais elle est une partie de tout cela. J'aimerais que ces événements donnent lieu à une réflexion sur ce que l'école doit être et transmettre. Peut-on faire l'économie d'une telle réflexion alors que plusieurs tueurs sont issus de notre pays, de nos écoles ? Je ne le crois pas. On pourra me répondre que l'éducation se fait aussi dans les familles, et c'est vrai ; mais l'école est un maillon de la chaîne, et sur ce maillon, nous pouvons agir.
J'aimerais, comme je l'ai dit plus haut, des programmes qui permettent aux élèves de penser. J'ai vu trop d'élèves incapables de réagir autrement que par la violence, faute de posséder un langage suffisamment riche et structuré. La ministre s'honorerait à associer les enseignants à une vraie réflexion sur l'école, sur les programmes, sur ce que nous voulons transmettre.
Je me suis peut-être mal exprimée dans mon premier message. J'ai peur pour l'avenir, peur des prochains événements comme ceux de vendredi. Même si je m'éloigne de plus en plus de l'EN, je reste un membre de la société et c'est à ce titre que je m'exprime. Désolée si je n'ai pas été claire.
J'aimerais, comme je l'ai dit plus haut, des programmes qui permettent aux élèves de penser. J'ai vu trop d'élèves incapables de réagir autrement que par la violence, faute de posséder un langage suffisamment riche et structuré. La ministre s'honorerait à associer les enseignants à une vraie réflexion sur l'école, sur les programmes, sur ce que nous voulons transmettre.
Je me suis peut-être mal exprimée dans mon premier message. J'ai peur pour l'avenir, peur des prochains événements comme ceux de vendredi. Même si je m'éloigne de plus en plus de l'EN, je reste un membre de la société et c'est à ce titre que je m'exprime. Désolée si je n'ai pas été claire.
- TangledingGrand Maître
Il vaut mieux lire cela que d'être sourd. Quand on voit le mail de récupération tout mielleux qu'on a reçu de NVB ce matin, quand on voit que des responsables de l'EN exploitent l'état d'urgence pour interdire des stages syndicaux, etc.Elyas a écrit:Franchement, utiliser les attentats contre la réforme, pardon, mais quelle indécence !
Je ne l'ai pas formulé jusqu'ici sinon à demi-mots, mais je rejoins la position de Raoul quoique pour d'autres raisons. Je trouve cette réforme inepte imbécile et nocive, certes. Mais le problème est ailleurs : au vu des divisions de la société et au sein de nos classes que révèle douloureusement l'actualité, je trouve les tensions qu'engendre le projet ministériel très manifestement malvenues.
L'école n'a déjà pas besoin d'un management par la tension et la division en temps normal. L'école a besoin d'un ministre sérieux et à l'écoute car l'école a besoin d'un projet qui rassemble, et non d'une petite cuisine collusive entre le PS/EELV et eux-mêmes au sein du SGEN et de l'UNSA. L'école a besoin de se réformer avec les enseignants, pas contre la majorité d'entre eux avec quelques uns (fussent-ils convaincus d'être des génies de la pédagogie parce qu'ils publient des articles au CRAP).
L'école n'a pas non plus besoin d'un petit chef autocratique et méprisant, dont le seul titre de gloire est semble-t-il d'avoir la politesse de sourire (entre deux âneries, deux ricanements ou deux contre-vérités).
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- e-WandererGrand sage
Il n'est pas forcément politiquement correct ou bien venu, si près des événements, de mettre en relation les attentas et la réforme. Il n'empêche… Ces horreurs récentes mettent cruellement en évidence une carence éducative importante, dont notre école est en partie responsable : pas seule responsable, mais responsable tout de même. La réforme ne sera qu'un épiphénomène car le système est déjà bien vérolé, mais elle va encore aggraver les choses.
Une anecdote personnelle : mes parents, qui sont retraités, ont donné des cours de soutien pendant plusieurs années à deux jeunes béninois. La mère, en France depuis 10 ans, ne parlait pas un mot de français. Le père alternait périodes de chômage et allocations diverses. Pas le méchant bougre, mais aucune instruction, aucune formation, et une pratique de l'Islam complètement arriérée : il demandait par exemple à ses enfants de ne pas avaler leur salive pendant le Ramadan, car à ses yeux c'était la même chose que s'ils buvaient… Un jour, l'un des gamins a griffonné "Sa pu" (sic.) sur une carte postale d'Italie que mes parents avait mise sur leur frigo, et qui reproduisait une Annonciation de la Renaissance… Depuis, la famille a déménagé dans les banlieues difficiles de Marseille, et je ne serais pas étonné d'apprendre un jour que l'un des gamins a mal tourné. C'est triste, mais ils étaient déjà sur cette voie : le plus jeune, assez malin, était en revanche complètement instable et incapable de se concentrer plus de 5 minutes : difficile de réussir à l'école dans ces conditions. L'aîné était déjà dans l'impasse et avait rejoint une SEGPA.
1) Je n'ai rien contre une politique d'accueil, mais il faut s'en donner les moyens : ce qui signifie des logements décents, une politique d'aide à l'emploi efficace, des cours de langue française pour les parents etc. Je sais, ça coûte de l'argent. Mais notre politique migratoire n'a actuellement aucun sens : il y a une règle républicaine, mais qui n'est pas respectée (les clandestins restent sur le territoire, sans solution) et on se contente d'entasser les gens dans les HLM de banlieue. C'est lamentable et indigne, mais on fait semblant de faire comme si tout allait bien. Les Allemands, les Danois, les Canadiens accompagnent leurs migrants : nous, nous nous contentons de verser des aides, sans réelle politique d'intégration. Je me suis posé la question d'une mutation au Danemark il y a deux ans : l'employeur indiquait qu'on demandait de parler la langue au bout d'un an, et qu'il y avait des cours prévus pour cela. Je trouve ça très bien.
2) L'immigration n'est pas seule en cause : il suffit de voir les carences éducatives de nombreuses familles dites "de souche". Pour que l'école puisse jouer son rôle, il faut que les parents jouent d'abord le leur. Ça peut paraître idiot, mais je suis convaincu qu'on aurait besoin de bataillons de "Super Nannies": ce serait sans doute beaucoup plus efficace que les millions dépensés en tablettes ou en gadgets numériques à la mode.
3) Il faut, effectivement, des programmes cohérents, et surtout un peu de bon sens. Quand on entend Robine raconter qu'un enfant peut entrer au collège sans savoir lire correctement car il rattrapera sur le tas, j'ai envie de lui coller des baffes. C'est criminel. L'un des petits Béninois dont s'occupait mes parents étudiait, en 6e, "La cimaise et la fraction" de Queneau : la prof s'amusait peut-être beaucoup avec ça, mais un gamin déjà complètement largué n'entrave évidemment absolument rien à ces jeux oulipiens. Pour lui, c'était juste du chinois, il avait déjà du mal à déchiffrer des énoncés simples…
Je crois vraiment qu'il faut une vraie politique familiale, une vraie politique éducative, et qu'on remette un peu les choses dans l'ordre dans les programmes scolaires. Ce n'est pas forcément plus coûteux que toutes les politiques de la ville ou toutes les innovations dispendieuses de notre ministère. Mais il faut du courage politique, et surtout un minimum de bon sens. C'est malheureusement sur le terreau de l'ignorance et de nos démissions que l'obscurantisme prospère.
Une anecdote personnelle : mes parents, qui sont retraités, ont donné des cours de soutien pendant plusieurs années à deux jeunes béninois. La mère, en France depuis 10 ans, ne parlait pas un mot de français. Le père alternait périodes de chômage et allocations diverses. Pas le méchant bougre, mais aucune instruction, aucune formation, et une pratique de l'Islam complètement arriérée : il demandait par exemple à ses enfants de ne pas avaler leur salive pendant le Ramadan, car à ses yeux c'était la même chose que s'ils buvaient… Un jour, l'un des gamins a griffonné "Sa pu" (sic.) sur une carte postale d'Italie que mes parents avait mise sur leur frigo, et qui reproduisait une Annonciation de la Renaissance… Depuis, la famille a déménagé dans les banlieues difficiles de Marseille, et je ne serais pas étonné d'apprendre un jour que l'un des gamins a mal tourné. C'est triste, mais ils étaient déjà sur cette voie : le plus jeune, assez malin, était en revanche complètement instable et incapable de se concentrer plus de 5 minutes : difficile de réussir à l'école dans ces conditions. L'aîné était déjà dans l'impasse et avait rejoint une SEGPA.
1) Je n'ai rien contre une politique d'accueil, mais il faut s'en donner les moyens : ce qui signifie des logements décents, une politique d'aide à l'emploi efficace, des cours de langue française pour les parents etc. Je sais, ça coûte de l'argent. Mais notre politique migratoire n'a actuellement aucun sens : il y a une règle républicaine, mais qui n'est pas respectée (les clandestins restent sur le territoire, sans solution) et on se contente d'entasser les gens dans les HLM de banlieue. C'est lamentable et indigne, mais on fait semblant de faire comme si tout allait bien. Les Allemands, les Danois, les Canadiens accompagnent leurs migrants : nous, nous nous contentons de verser des aides, sans réelle politique d'intégration. Je me suis posé la question d'une mutation au Danemark il y a deux ans : l'employeur indiquait qu'on demandait de parler la langue au bout d'un an, et qu'il y avait des cours prévus pour cela. Je trouve ça très bien.
2) L'immigration n'est pas seule en cause : il suffit de voir les carences éducatives de nombreuses familles dites "de souche". Pour que l'école puisse jouer son rôle, il faut que les parents jouent d'abord le leur. Ça peut paraître idiot, mais je suis convaincu qu'on aurait besoin de bataillons de "Super Nannies": ce serait sans doute beaucoup plus efficace que les millions dépensés en tablettes ou en gadgets numériques à la mode.
3) Il faut, effectivement, des programmes cohérents, et surtout un peu de bon sens. Quand on entend Robine raconter qu'un enfant peut entrer au collège sans savoir lire correctement car il rattrapera sur le tas, j'ai envie de lui coller des baffes. C'est criminel. L'un des petits Béninois dont s'occupait mes parents étudiait, en 6e, "La cimaise et la fraction" de Queneau : la prof s'amusait peut-être beaucoup avec ça, mais un gamin déjà complètement largué n'entrave évidemment absolument rien à ces jeux oulipiens. Pour lui, c'était juste du chinois, il avait déjà du mal à déchiffrer des énoncés simples…
Je crois vraiment qu'il faut une vraie politique familiale, une vraie politique éducative, et qu'on remette un peu les choses dans l'ordre dans les programmes scolaires. Ce n'est pas forcément plus coûteux que toutes les politiques de la ville ou toutes les innovations dispendieuses de notre ministère. Mais il faut du courage politique, et surtout un minimum de bon sens. C'est malheureusement sur le terreau de l'ignorance et de nos démissions que l'obscurantisme prospère.
- Ma'amÉrudit
Je pense franchement que c'est un peu facile de toujours taper sur l'école.
Il faut une école qui soit bienveillante, qui ne laisse personne sur le carreau, qui arrête de pointer les faiblesses des enfants, de favoriser les élites, de stigmatiser, etc.
Mais qu'en est-il du monde du travail ? Les consignes "école des fans" vont-elles également s'appliquer aux patrons ? Bien sûr que non. Eux ont le droit d'embaucher qui ils veulent, de sélectionner les meilleurs et de se débarrasser de ceux qui ne font pas l'affaire.
Le vrai problème à mon sens est la désindustrialisation de la France. Il n'y a plus de travail pour tout le monde. On a voulu faire une nation d'intellectuels, proposant surtout des emplois dans le secteur tertiaire. Sauf que cela ne se décrète pas. Tous les enfants sont éducables, certes, mais jusqu'à un certain point.
Autrefois, presque tout le monde pouvait trouver un travail, être fier de ce qu'il faisait, faire vivre honnêtement sa famille et ce n'est plus possible aujourd'hui. Est-ce réellement la faute de l'école ?
Si on ajoute à cela une politique de la Ville désastreuse qui a favorisé la ghettoïsation, on arrive à la situation explosive actuelle.
Mais évidemment, c'est plus facile de rejeter la faute sur nous qui sommes dociles et prompts à l'autoflagellation...
Il faut une école qui soit bienveillante, qui ne laisse personne sur le carreau, qui arrête de pointer les faiblesses des enfants, de favoriser les élites, de stigmatiser, etc.
Mais qu'en est-il du monde du travail ? Les consignes "école des fans" vont-elles également s'appliquer aux patrons ? Bien sûr que non. Eux ont le droit d'embaucher qui ils veulent, de sélectionner les meilleurs et de se débarrasser de ceux qui ne font pas l'affaire.
Le vrai problème à mon sens est la désindustrialisation de la France. Il n'y a plus de travail pour tout le monde. On a voulu faire une nation d'intellectuels, proposant surtout des emplois dans le secteur tertiaire. Sauf que cela ne se décrète pas. Tous les enfants sont éducables, certes, mais jusqu'à un certain point.
Autrefois, presque tout le monde pouvait trouver un travail, être fier de ce qu'il faisait, faire vivre honnêtement sa famille et ce n'est plus possible aujourd'hui. Est-ce réellement la faute de l'école ?
Si on ajoute à cela une politique de la Ville désastreuse qui a favorisé la ghettoïsation, on arrive à la situation explosive actuelle.
Mais évidemment, c'est plus facile de rejeter la faute sur nous qui sommes dociles et prompts à l'autoflagellation...
- RogerMartinBon génie
Je ne pense pas qu'il s'agisse de taper sur l'école, mais au contraire d'être dans une pensée magique, qui pose que l'école puisse tout résoudre, envers et contre les problèmes que vous listez tous et contre lesquels l'école ne peut rien en réalité, en tout cas rien toute seule.
C'est de cette pensée magique de l'école guérisseuse de tous les maux que découlent toutes les injonctions invraisemblables (apprendre à rédiger à un élève qui ne sait pas tenir un stylo, apprendre à décortiquer des textes à un autre qui ne sait pas déchiffrer) dont crèvent les collègues aujourd'hui.
Les mesures raisonnables personne ne veut les prendre parce qu'elles ne sont pas glamour. Quelqu'un les a détaillées sur un autre fil: ne laisser les gamins poursuivre le collège qu'une fois qu'ils savent lire écrire compter, quitte à les sortir de leur classe pour arriver à ce prérequis. Elles reposent sur l'identification des difficultés propres à chaque élève, qu'il est si facile d'écarter comme une stigmatisation.
Il est beaucoup plus facile et gratifiant de faire la leçon aux enseignants, en exigeant d'eux toujours plus, en échange de rien puisque ce serait sale d'enseigner pour gagner sa vie et non pour sauver le monde.
Sacerdoce / école panacée, ce sont les deux aspects de cette idéologie, dont on crève à petit feu.
C'est de cette pensée magique de l'école guérisseuse de tous les maux que découlent toutes les injonctions invraisemblables (apprendre à rédiger à un élève qui ne sait pas tenir un stylo, apprendre à décortiquer des textes à un autre qui ne sait pas déchiffrer) dont crèvent les collègues aujourd'hui.
Les mesures raisonnables personne ne veut les prendre parce qu'elles ne sont pas glamour. Quelqu'un les a détaillées sur un autre fil: ne laisser les gamins poursuivre le collège qu'une fois qu'ils savent lire écrire compter, quitte à les sortir de leur classe pour arriver à ce prérequis. Elles reposent sur l'identification des difficultés propres à chaque élève, qu'il est si facile d'écarter comme une stigmatisation.
Il est beaucoup plus facile et gratifiant de faire la leçon aux enseignants, en exigeant d'eux toujours plus, en échange de rien puisque ce serait sale d'enseigner pour gagner sa vie et non pour sauver le monde.
Sacerdoce / école panacée, ce sont les deux aspects de cette idéologie, dont on crève à petit feu.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- OsmieSage
Le chômage n'est pas une raison pour former des générations d'analphabètes et d'ignares. Franchement, avec les EPI Bovary, les tracts en espagnol pour les paysans kényans, les téléthons sur les heures de cours, les projets financés par Suez dans les collèges, vers quoi nous dirigeons-nous ?
Il n'y a plus assez de travail, et alors ? Pourquoi ne pas travailler moins ? Répartir les heures de travail ? Vivre différemment ? Pourquoi vivre dans une société fondée sur l'hyper-consommation ? Des esprits bien formés par l'école seraient en mesure de réfléchir à ces idées, et de proposer un autre fonctionnement pour nos sociétés.
Le MEN détruit sciemment l'instruction publique, et ce n'est pas pour rien. Qui disait que les frontières du langage sont les frontières du monde ?
Il n'y a plus assez de travail, et alors ? Pourquoi ne pas travailler moins ? Répartir les heures de travail ? Vivre différemment ? Pourquoi vivre dans une société fondée sur l'hyper-consommation ? Des esprits bien formés par l'école seraient en mesure de réfléchir à ces idées, et de proposer un autre fonctionnement pour nos sociétés.
Le MEN détruit sciemment l'instruction publique, et ce n'est pas pour rien. Qui disait que les frontières du langage sont les frontières du monde ?
- InvitéInvité
A mon avis s'il n'est pas anormal d'entamer une discussion sur jihadisme et système éducatif (même nécessaire sans doute), la lancer sur la réforme ne peut qu'amener à des réflexions sommaires, incomplètes et rapidement dégénérer en boîte à gifles... Mais bon...
- may68Expert
kamasolou a écrit:Je ne trouve pas ça si indécent.
Passés le choc et l'émotion parfaitement légitimes, la France commence à réaliser l'échec cuisant des politiques sociale et éducative menées ces dernières décennies.
Les "territoires perdus de la République", viviers de recrues pour les organisations terroristes, d'où émerge une haine extrême de la France et de ce qu'elle n'a pas su offrir à ces jeunes issus de l'immigration même après plusieurs générations, sont aussi les territoires perdus de l'Ecole.
+1
Se battre contre le recul social qu'engendrera cette réforme (et les reculs sociaux en général ) c'est exactement le contraire de la démarche du terroriste . Donc ce qu'écrit Raoul Volfoni n'est pas indécent du tout . Loin de là .
C'est justement maintenant plus que jamais qu'il faut se défendre contre la casse des services publics .
- InvitéInvité
may68 a écrit:kamasolou a écrit:Je ne trouve pas ça si indécent.
Passés le choc et l'émotion parfaitement légitimes, la France commence à réaliser l'échec cuisant des politiques sociale et éducative menées ces dernières décennies.
Les "territoires perdus de la République", viviers de recrues pour les organisations terroristes, d'où émerge une haine extrême de la France et de ce qu'elle n'a pas su offrir à ces jeunes issus de l'immigration même après plusieurs générations, sont aussi les territoires perdus de l'Ecole.
+1
Se battre contre le recul social qu'engendrera cette réforme (et les reculs sociaux en général ) c'est exactement le contraire de la démarche du terroriste . Donc ce qu'écrit Raoul Volfoni n'est pas indécent du tout . Loin de là .
Le problème, et c'est ce que soulignaient Balthamos et RogerMartin, c'est que le problème fondamental, économique et social, se situe hors de l'école. Et que là on va finir asséner que le jihadisme est le résultat des politiques scolaires depuis 30 ans...
- dandelionVénérable
L'instruction n'a jamais empêché la violence. Parce que les Français tous gentils et emplis de compassion de la Troisième République, ça va cinq minutes. On peut être instruit et abject, comme on peut être très compatissant et ignare. J'ai le sentiment que l'on veut faire du terrorisme un fait isolé dans l'histoire, comme si la brutalité n'y était pas omniprésente, et le fait de personnes très diverses. J'ai plutôt le sentiment que les personnes qui se livrent à l'extrême violence souffrent de problèmes personnels, qui s'expriment différemment selon la société où ils vivent.
De plus, je pense qu'une partie des personnes qui soutiennent la réforme le font justement avec l'idée que cela résoudra tous les maux du pays, et arguer que l'école peut résoudre les problèmes de la société en instruisant les élèves, cela revient à leur donner raison.
Par contre, des services de l'état désorganisés alors que le pays traverse une crise de ce type, cela ne semble pas un choix particulièrement opportun.
De plus, je pense qu'une partie des personnes qui soutiennent la réforme le font justement avec l'idée que cela résoudra tous les maux du pays, et arguer que l'école peut résoudre les problèmes de la société en instruisant les élèves, cela revient à leur donner raison.
Par contre, des services de l'état désorganisés alors que le pays traverse une crise de ce type, cela ne semble pas un choix particulièrement opportun.
- may68Expert
En attendant les matchs de foot toussa toussa , on peut mais les manifs toussa toussa , on peut pas ...
En plus c'est pas comme si ils avaient voulu se faire sauter dans un stade , hein !
En plus c'est pas comme si ils avaient voulu se faire sauter dans un stade , hein !
- dandelionVénérable
C'est sûr que vu comme ça, c'est le moment ou jamais de faire des plans sociaux. Ah non, pardon, les gens instruits ne sont jamais cyniques, opportunistes ou violents.
- RogerMartinBon génie
dandelion a écrit:L'instruction n'a jamais empêché la violence. Parce que les Français tous gentils et emplis de compassion de la Troisième République, ça va cinq minutes. On peut être instruit et abject, comme on peut être très compatissant et ignare. J'ai le sentiment que l'on veut faire du terrorisme un fait isolé dans l'histoire, comme si la brutalité n'y était pas omniprésente, et le fait de personnes très diverses. J'ai plutôt le sentiment que les personnes qui se livrent à l'extrême violence souffrent de problèmes personnels, qui s'expriment différemment selon la société où ils vivent.
De plus, je pense qu'une partie des personnes qui soutiennent la réforme le font justement avec l'idée que cela résoudra tous les maux du pays, et arguer que l'école peut résoudre les problèmes de la société en instruisant les élèves, cela revient à leur donner raison.
Par contre, des services de l'état désorganisés alors que le pays traverse une crise de ce type, cela ne semble pas un choix particulièrement opportun.
Je suis particulièrement d'accord avec tes deux derniers paragraphes. On ne pourra rien accomplir sans l'école, mais l'école toute seule ne pourra rien.
Et oui, il me semble que le MEN pourrait faire le choix d'arrêter d'épuiser les profs avec leur réforme à la kh* pour mettre en place quelques mesures simples, quitte à ce qu'il y ait moins de numérique.
Oui, il est urgent de revoir les programmes. Ainsi, les profs d'HG pourraient en EMC ou géo expliquer comment on se procure dans le sang et les larmes (des Africains) les métaux rares nécessaires à la fabrication des smartphones, tablettes et autres machins, plutôt que vanter les mérites du tourisme durable à Madagascar (fin d'une colère personnelle tout à fait HS, pardon, mais la lecture des manuels d'histoire, de géo et d'EMC me rend folle je l'avoue).
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- may68Expert
""Notre contributeur, professeur dans un collège du centre de la France, s'indigne de la façon dont les attentats du 13 novembre sont instrumentalisés par des acteurs de l'éducation, notamment des professeurs opposés à la réforme du collège.
http://www.lexpress.fr/education/apres-les-attentats-non-l-ecole-n-est-pas-en-guerre_1737634.html#comments_item
"L'instruction n'a jamais empêché des fous sanguinaires de perpétrer les pires atrocités" ...
c'est vrai , mais la destruction d'un service public de qualité aussi bien dans l'éducation qu'ailleurs ne mènera à rien de bon , ça j'en suis persuadée . Donc l'inverse est aussi vrai : ce n'est pas avec des réformes qui creusent les inégalités que l'on va éviter certains de se radicaliser .
- isabeNiveau 8
+1may68 a écrit:""Notre contributeur, professeur dans un collège du centre de la France, s'indigne de la façon dont les attentats du 13 novembre sont instrumentalisés par des acteurs de l'éducation, notamment des professeurs opposés à la réforme du collège.
http://www.lexpress.fr/education/apres-les-attentats-non-l-ecole-n-est-pas-en-guerre_1737634.html#comments_item
"L'instruction n'a jamais empêché des fous sanguinaires de perpétrer les pires atrocités" ...
c'est vrai , mais la destruction d'un service public de qualité aussi bien dans l'éducation qu'ailleurs ne mènera à rien de bon , ça j'en suis persuadée . Donc l'inverse est aussi vrai : ce n'est pas avec des réformes qui creusent les inégalités que l'on va éviter certains de se radicaliser .
Les journalistes qui écrivent que certains profs se servent des attentats contre la réforme du collège n'ont décidément rien compris.
La réforme passera et se fera. Point. Mais ne pas considérer que l'école joue aussi un rôle dans la non-réponse faite à des gamins en perdition est un non-sens. Et ça sera de pire en pire avec la réforme. Un facteur parmi d'autres. C'est le constat de gens qui cherchent des explications et des pistes de réflexion, pas de la récupération. On est au-delà de ça.
- RoninMonarque
Macron vient bien de déclarer que la fermeture de l'économie française a joué un rôle dans les attentats sans que ça ne choque personne.
http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/22/emmanuel-macron-la-france-a-une-part-de-responsabilite-dans-le-terreau-du-djihadisme_4815087_4809495.html
Il sont où les collègues à l'indignation pavlovienne ?
http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/22/emmanuel-macron-la-france-a-une-part-de-responsabilite-dans-le-terreau-du-djihadisme_4815087_4809495.html
Il sont où les collègues à l'indignation pavlovienne ?
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