- roxanneOracle
En relisant l'Assommoir, je ne retrouve pas ce personnage, il n'y a que deux enfants (Claude et Etienne) du couple Gervaise-Lantier. Mais il est bien le fils de Gervaise? Il est dans un autre roman à part la Bête Humaine?
- sansaraModérateur
Wikipedia a écrit:Jacques Lantier, né en 1844 selon la généalogie établie par Zola, est le fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, dont l'histoire est contée dans L'Assommoir. Pourtant, dans cet ouvrage, seuls Claude et Étienne Lantier, ainsi que Anna Coupeau sont mentionnés. Jacques ne sera ajouté qu'après. En effet, Zola avait prévu de mettre Etienne mais le personnage ne correspondait pas au rôle qu'il devait jouer dans La Bête humaine et il le garda pour Germinal.
Et il n'apparaît (en tant que personnage) que dans La Bête humaine, il me semble.
- roxanneOracle
Je crois me rappeler qu'Etienne le mentionne dans Germinal à un moment.
- User5899Demi-dieu
Négatif. Jacques est inventé par Zola au moment de la gestation de La Bête humaine, il lui manque quelqu'un sur l'arbre généalogique. Et donc il ajoute cet enfant qu'on ne voit en effet pas dans L'Assommoir.roxanne a écrit:Je crois me rappeler qu'Etienne le mentionne dans Germinal à un moment.
Oui, ni avant, ni (forcément) après...sansara a écrit:Wikipedia a écrit:Jacques Lantier, né en 1844 selon la généalogie établie par Zola, est le fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, dont l'histoire est contée dans L'Assommoir. Pourtant, dans cet ouvrage, seuls Claude et Étienne Lantier, ainsi que Anna Coupeau sont mentionnés. Jacques ne sera ajouté qu'après. En effet, Zola avait prévu de mettre Etienne mais le personnage ne correspondait pas au rôle qu'il devait jouer dans La Bête humaine et il le garda pour Germinal.
Et il n'apparaît (en tant que personnage) que dans La Bête humaine, il me semble.
- Tem-toGrand sage
Oui, Zola a créé Jacques Lantier après avoir créé la fratrie Claude (L'Oeuvre), Etienne (Germinal) et bien sûr Anna (Nana).
Primitivement Zola voulait aussi faire d'Etienne le héros de La Bête humaine.
Pourquoi il a changé d'avis ? Mystère.
Deux hypothèses :
1) Etienne était trop connoté mineur et socialiste pour lui faire adopter plus tard un autre métier dans les chemins de fer. De plus, dans La Bête humaine c'est plus la justice qui est dans le colimateur que l'idéologie. La présence d'Etienne ne s'imposerait donc pas.
2) Les sociétés de chemin de fer ne voulant pas d'un héros étiqueté gauchiste dans le roman ferroviaire qu'elles savaient que Zola préparait, auraient fait pression sur Mimile. Pas forcément à exclure mais cette idée ne vient que de moi.
Toujours est-il qu'entre l'immense succès de Germinal et l'écriture de La Bête humaine Zola a créé Jacques, né à Plassans frère d'Etienne et Claude.
Ce que l'on sait à la lecture de La Bête humaine, c'est que l'enfant Jacques Lantier n'est pas monté à Paris avec Lantier, Gervaise et ses frères. Il est resté grandir à Plassans sous la garde de je-ne-sais-plus-qui, avant de faire des études, de devenir mécanicien de locomotive et d'être affecté à la ligne Paris-Le Havre. Avec le destin littéraire que l'on sait.
Primitivement Zola voulait aussi faire d'Etienne le héros de La Bête humaine.
Pourquoi il a changé d'avis ? Mystère.
Deux hypothèses :
1) Etienne était trop connoté mineur et socialiste pour lui faire adopter plus tard un autre métier dans les chemins de fer. De plus, dans La Bête humaine c'est plus la justice qui est dans le colimateur que l'idéologie. La présence d'Etienne ne s'imposerait donc pas.
2) Les sociétés de chemin de fer ne voulant pas d'un héros étiqueté gauchiste dans le roman ferroviaire qu'elles savaient que Zola préparait, auraient fait pression sur Mimile. Pas forcément à exclure mais cette idée ne vient que de moi.
Toujours est-il qu'entre l'immense succès de Germinal et l'écriture de La Bête humaine Zola a créé Jacques, né à Plassans frère d'Etienne et Claude.
Ce que l'on sait à la lecture de La Bête humaine, c'est que l'enfant Jacques Lantier n'est pas monté à Paris avec Lantier, Gervaise et ses frères. Il est resté grandir à Plassans sous la garde de je-ne-sais-plus-qui, avant de faire des études, de devenir mécanicien de locomotive et d'être affecté à la ligne Paris-Le Havre. Avec le destin littéraire que l'on sait.
- Tem-toGrand sage
Zut j'ai oublié : si je ne crois pas qu'Etienne évoque ni Claude ni Anna dans Germinal, il fait allusion à l'alcoolisme de ses parents à un moment où des envies de meurtre le démangent. Zola a ainsi raccroché le personnage à sa théorie sur l'hérédité. Cela avant qu'Etienne finisse par tuer Chaval qui est sa seule victime directe dans le roman mais pas sous l'emprise de l'alcool. Plutôt pour défendre Catherine.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Peut-être qu'Etienne lui était devenu trop sympathique pour qu'il se décide en faire un meurtrier?
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- Tem-toGrand sage
Ca Ecusette de Noireuil, c'est à mon avis certain. Le "méchant" aux yeux de Zola, c'est Souvarine, l'idéologue nihiliste inspiré de Boukanine "ce camarade vitamine" comme disait Ferré dans Il n'y a plus rien.
A la fin de Germinal, on sait qu'Etienne quitte Montsou pour Paris où Zola annonce qu'il doit devenir professionnel du syndicalisme naissant, quelque part dans l'internationale socialiste. Dans mon entreprise de relire tous les Rougon-Macquart, je suis actuellement en pause (je dois reprendre avec Le Rêve) et je ne suis donc pas encore à La Débâcle mais je sais qu'il y est question -brièvement je crois- des activités d'Etienne pendant la Commune et qu'il finira déporté dans les îles où il se mariera et aura des enfants.
A la fin de Germinal, on sait qu'Etienne quitte Montsou pour Paris où Zola annonce qu'il doit devenir professionnel du syndicalisme naissant, quelque part dans l'internationale socialiste. Dans mon entreprise de relire tous les Rougon-Macquart, je suis actuellement en pause (je dois reprendre avec Le Rêve) et je ne suis donc pas encore à La Débâcle mais je sais qu'il y est question -brièvement je crois- des activités d'Etienne pendant la Commune et qu'il finira déporté dans les îles où il se mariera et aura des enfants.
- sanoNiveau 3
Très instructif et passionnant! Cela me donne envie de lire toute la série, mais le temps, le temps...
- roxanneOracle
C'est vrai que quand on a remis le nez dedans, on en veut encore.
- Tem-toGrand sage
S'il y en a parmi vous qui s'intéressent à la personnalité de Zola à travers son oeuvre, il faut lire La Joie de vivre et étudier particulièrement le personnage de Lazare.
En tout cas c'est une des rares pistes qu'avait donnée Zola sur lui-même à un journaliste américain au tout début du XXe siècle.
En tout cas c'est une des rares pistes qu'avait donnée Zola sur lui-même à un journaliste américain au tout début du XXe siècle.
- User5899Demi-dieu
C'est d'ailleurs assez curieux, vu que Lazare commence tout mais ne finit rien, alors que Zola compose ses 20 RM en un peu plus de 20 ans, sans quasiment se détourner un instant de son projet. Peut-être faut-il prendre cette "déclaration" avec un brin d'ironie, La Joie de vivre n'en manquant pas, ni de cynismePetitfils a écrit:S'il y en a parmi vous qui s'intéressent à la personnalité de Zola à travers son œuvre, il faut lire La Joie de vivre et étudier particulièrement le personnage de Lazare.
En tout cas c'est une des rares pistes qu'avait donnée Zola sur lui-même à un journaliste américain au tout début du XXe siècle.
- User5899Demi-dieu
Non, on en entend encore parler dans Le Docteur Pascal, au moment où le docteur récapitule les existences des personnages que nous avons suivis de livre en livre. Effectivement, il s'est compromis pendant la Commune, a été condamné à mort, peine commuée en exil en Nouvelle Calédonie si je me rappelle bien.Petitfils a écrit:Ca Ecusette de Noireuil, c'est à mon avis certain. Le "méchant" aux yeux de Zola, c'est Souvarine, l'idéologue nihiliste inspiré de Boukanine "ce camarade vitamine" comme disait Ferré dans Il n'y a plus rien.
A la fin de Germinal, on sait qu'Etienne quitte Montsou pour Paris où Zola annonce qu'il doit devenir professionnel du syndicalisme naissant, quelque part dans l'internationale socialiste. Dans mon entreprise de relire tous les Rougon-Macquart, je suis actuellement en pause (je dois reprendre avec Le Rêve) et je ne suis donc pas encore à La Débâcle mais je sais qu'il y est question -brièvement je crois- des activités d'Etienne pendant la Commune et qu'il finira déporté dans les îles où il se mariera et aura des enfants.
- Tem-toGrand sage
Oui j'y ai pensé, mais je ne suis pas sûr qu'il y a là quelque chose de bizarre. La théorie de La Joie de Vivre c'est l'émiettement : Lazare et ses attermoiements permanents dans tous les domaines, Chanteau que la goutte déforme et qui finit paralysé, Pauline dépossédée de son argent et de son amour, la falaise et le village rongés par la mer...
Quand Zola écrit le roman, il est au fond du trou moralement : trois décès l'ont profondémment affecté en 1880. Ceux de Duranty, de Flaubert et de sa mère. Chez les intellectuels d'alors, l'époque est à Schopenhauer et au pessisimisme qu'il essaie de dépasser pour ne pas y sombrer. Dans sa crise de la quarantaine (il est attaqué de toutes parts par la critique, il n'a pas d'enfant, ne connaît pas encore Jeanne Rozereau) il y arrive plutôt avec la suite des RM : Germinal (appel au combat syndical) ; L'Oeuvre qui se termine par un "au travail" volontariste au sortir du cimetière où on vient d'enterrer Claude, ; La Bête humaine qui est une forme de croyance dans le progrès malgré tout. Pour L'Argent et La Débâcle je ne me prononce pas, ne les ayant pas relus récemment.
Pour moi, La Terre (cet Assommoir du paysan) est à part et, juste après le manifeste des cinq qui exprime le ras le bol des petits maîtres du naturalisme (que Huysmans, qui n'est pas un petit maître, n'a pas signé), il sort Le Rêve dans un souci de parenthèse hors du réalisme et du naturalisme. D'accord, le milieu dans lequel est transplanté Angélique la conditionne énormément mais héréditairement, elle n'a pas grand chose (rien ?) de sa mère Sidonie.
Quant au Docteur Pascal, je ne l'ai pas encore lu mais je sais qu'il finit par une naissance alors que La Fortune commençait dans un ex-cimetière. Les RM, au bout du compte, c'est une trajectoire de renaissance de l'humanité malgré tout ses vices étudiés dans l'essor économique et technique du XIX.
Enfin, j'en suis là dans mes réflexions et je pense que Zola, à partir de la parution de Pot-Bouille a changé ses plans pour bousculer un peu le pessimisme et se forcer (?) à davantage d'optimisme. Au Bonheur des dames finit bien et Paul de Vallagnosc, son personnage secondaire schopenhaurien en diable au début du roman se marie en route...
Les RM, comme la locomotive à la fin de La Bête Humaine, une sorte de fuite en avant dans une confiance (mesurée) en l'humanité ?
Quand Zola écrit le roman, il est au fond du trou moralement : trois décès l'ont profondémment affecté en 1880. Ceux de Duranty, de Flaubert et de sa mère. Chez les intellectuels d'alors, l'époque est à Schopenhauer et au pessisimisme qu'il essaie de dépasser pour ne pas y sombrer. Dans sa crise de la quarantaine (il est attaqué de toutes parts par la critique, il n'a pas d'enfant, ne connaît pas encore Jeanne Rozereau) il y arrive plutôt avec la suite des RM : Germinal (appel au combat syndical) ; L'Oeuvre qui se termine par un "au travail" volontariste au sortir du cimetière où on vient d'enterrer Claude, ; La Bête humaine qui est une forme de croyance dans le progrès malgré tout. Pour L'Argent et La Débâcle je ne me prononce pas, ne les ayant pas relus récemment.
Pour moi, La Terre (cet Assommoir du paysan) est à part et, juste après le manifeste des cinq qui exprime le ras le bol des petits maîtres du naturalisme (que Huysmans, qui n'est pas un petit maître, n'a pas signé), il sort Le Rêve dans un souci de parenthèse hors du réalisme et du naturalisme. D'accord, le milieu dans lequel est transplanté Angélique la conditionne énormément mais héréditairement, elle n'a pas grand chose (rien ?) de sa mère Sidonie.
Quant au Docteur Pascal, je ne l'ai pas encore lu mais je sais qu'il finit par une naissance alors que La Fortune commençait dans un ex-cimetière. Les RM, au bout du compte, c'est une trajectoire de renaissance de l'humanité malgré tout ses vices étudiés dans l'essor économique et technique du XIX.
Enfin, j'en suis là dans mes réflexions et je pense que Zola, à partir de la parution de Pot-Bouille a changé ses plans pour bousculer un peu le pessimisme et se forcer (?) à davantage d'optimisme. Au Bonheur des dames finit bien et Paul de Vallagnosc, son personnage secondaire schopenhaurien en diable au début du roman se marie en route...
Les RM, comme la locomotive à la fin de La Bête Humaine, une sorte de fuite en avant dans une confiance (mesurée) en l'humanité ?
- Tem-toGrand sage
Oops ! Cripure, ton message a croisé le mien. Moi, je crois que Zola, pas dupe de son projet, c'est un peu détourné de sa préface de La Fortune. En vingt ans, il serait bizarre de ne pas évoluer. En dix ans, en fait si on regarde les dates de parution.
Et puis je crois me souvenir que dans la récapitulation de l'existence des personnages dans Le Docteur Pascal, il est question de hasard...
Et puis je crois me souvenir que dans la récapitulation de l'existence des personnages dans Le Docteur Pascal, il est question de hasard...
- KrilinXV3Neoprof expérimenté
Moi il m'a toujours été sympathique, ce Souvarine.
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Asinus asinum fricat
- User5899Demi-dieu
Qui n'évolue pas dans un projet au fil de vingt années et quelques ? Nous ne sommes pas en désaccord. Sauf sur la Bête humaine : le train fou sans conducteur transportant la viande saoule du Sedan à venir... "Qu'importe ceux qu'il écrasait dans sa course folle ?"...Petitfils a écrit:Oops ! Cripure, ton message a croisé le mien. Moi, je crois que Zola, pas dupe de son projet, c'est un peu détourné de sa préface de La Fortune. En vingt ans, il serait bizarre de ne pas évoluer. En dix ans, en fait si on regarde les dates de parution.
Et puis je crois me souvenir que dans la récapitulation de l'existence des personnages dans Le Docteur Pascal, il est question de hasard...
Mais Zola, c'est vrai, est loin d'être toujours sordide.
- Tem-toGrand sage
Ma fréquentation des classes en Rep +, la fatigue morale qu'elle m'occasionne me font désécrire. J'ai honte de l'orthographe de mes posts qui doit vous faire faire des bonds. Mes excuses aux lecteurs et merci pour vos réponses qui permettent des échanges intéressants ce qui est de plus en plus rare.
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