- HonchampDoyen
Dans le Café Pédagogique, entretien avec Jean-Yves Rocheix, prof. en sciences de l'éducation à Paris VIII.
Interrogé à propos de PISA 2012, et dans le cadre de la journée de lutte contre la grande pauvreté .
Sur le faible niveau scolaire de certains élèves issus de mileux dits défavorisés (ceux qui "tirent les résultats vers le bas dans PISA).
Je cite : (la mise en gras est de moi).
"Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Les raisons en sont évidemment multiples, et ne relèvent pas toutes des politiques et des pratiques éducatives, mais on peut considérer que cette situation est pour une large part la conséquence, non seulement de l’aggravation de la situation économique et sociale d’une part croissante de la population, mais aussi de la carence des pouvoirs publics à penser et mettre en œuvre sur la durée une politique sérieuse et fondée de lutte contre les inégalités sociales dès l’école primaire. Elle est aussi le produit de l’effacement progressif d’un tel objectif de démocratisation derrière les rhétoriques et les dispositifs visant aussi bien la promotion de « l’excellence » de quelques-uns, que celle de formes rénovées de méritocratie ou d’innovation pédagogique mal maîtrisée et souvent pensée sur un mode de rapport au savoir et à l’école qui est celui des classes moyennes, et qui confinent une large partie des élèves de milieux populaires à l’idéologie du minimum et aux logiques de pacification sociale et de consolation des perdants de la compétition scolaire. S’y conjuguent également, de manière difficilement objectivable, les initiatives incohérentes portant sur les programmes et celles qui ont abouti à affaiblir durablement, voire à dévaster la formation des enseignants. Si l’on veut réellement inverser les évolutions révélées par Pisa, il convient de repenser, à l’aune de l’objectif de démocratisation, l’ensemble des politiques scolaires mises en œuvre par les gouvernements successifs depuis plusieurs décennies."
Je continue :
"il est selon moi vital que cette réforme vise le noyau dur de la construction des inégalités scolaires, soit les modalités d’enseignement et d’apprentissage, et qu’elle ne confonde pas, comme cela me semble trop souvent le cas, dans nombre de mesures et de propos ministériels, aujourd’hui comme hier, démocratisation et innovation. Dire cela ne plaide évidemment pas pour un maintien de l’état des choses mais pour que les nécessaires transformations soient conçues, pilotées et évaluées au regard de l’objectif prioritaire visant à faire reculer les inégalités sociales et sexuées d’accès aux savoirs et à leur exercice critique, et sachent conjuguer enseignement explicite et mise en activité de l’élève – de tous les élèves – sur des contenus signifiants et émancipateurs."
Bref, il évoque innovations pédagogiques mal maîtrisées, contenus exigeants, idéologie du minimum...
Cela change de certains discours.
PS J'ai connu Rocheix comme CPE, c'était quelqu'un de solide.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/12/06122013Article635219127274452419.aspx
Interrogé à propos de PISA 2012, et dans le cadre de la journée de lutte contre la grande pauvreté .
Sur le faible niveau scolaire de certains élèves issus de mileux dits défavorisés (ceux qui "tirent les résultats vers le bas dans PISA).
Je cite : (la mise en gras est de moi).
"Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Les raisons en sont évidemment multiples, et ne relèvent pas toutes des politiques et des pratiques éducatives, mais on peut considérer que cette situation est pour une large part la conséquence, non seulement de l’aggravation de la situation économique et sociale d’une part croissante de la population, mais aussi de la carence des pouvoirs publics à penser et mettre en œuvre sur la durée une politique sérieuse et fondée de lutte contre les inégalités sociales dès l’école primaire. Elle est aussi le produit de l’effacement progressif d’un tel objectif de démocratisation derrière les rhétoriques et les dispositifs visant aussi bien la promotion de « l’excellence » de quelques-uns, que celle de formes rénovées de méritocratie ou d’innovation pédagogique mal maîtrisée et souvent pensée sur un mode de rapport au savoir et à l’école qui est celui des classes moyennes, et qui confinent une large partie des élèves de milieux populaires à l’idéologie du minimum et aux logiques de pacification sociale et de consolation des perdants de la compétition scolaire. S’y conjuguent également, de manière difficilement objectivable, les initiatives incohérentes portant sur les programmes et celles qui ont abouti à affaiblir durablement, voire à dévaster la formation des enseignants. Si l’on veut réellement inverser les évolutions révélées par Pisa, il convient de repenser, à l’aune de l’objectif de démocratisation, l’ensemble des politiques scolaires mises en œuvre par les gouvernements successifs depuis plusieurs décennies."
Je continue :
"il est selon moi vital que cette réforme vise le noyau dur de la construction des inégalités scolaires, soit les modalités d’enseignement et d’apprentissage, et qu’elle ne confonde pas, comme cela me semble trop souvent le cas, dans nombre de mesures et de propos ministériels, aujourd’hui comme hier, démocratisation et innovation. Dire cela ne plaide évidemment pas pour un maintien de l’état des choses mais pour que les nécessaires transformations soient conçues, pilotées et évaluées au regard de l’objectif prioritaire visant à faire reculer les inégalités sociales et sexuées d’accès aux savoirs et à leur exercice critique, et sachent conjuguer enseignement explicite et mise en activité de l’élève – de tous les élèves – sur des contenus signifiants et émancipateurs."
Bref, il évoque innovations pédagogiques mal maîtrisées, contenus exigeants, idéologie du minimum...
Cela change de certains discours.
PS J'ai connu Rocheix comme CPE, c'était quelqu'un de solide.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/12/06122013Article635219127274452419.aspx
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- OlympiasProphète
Oui, contrairement à d'autres, il n'écrit pas d'énormités.
Ceci étant, je ne peux m'empêcher de remarquer que c'est en sciences de l'Eduk qu'on devient treees facilement maître de conférences et professeur des universités....
Ceci étant, je ne peux m'empêcher de remarquer que c'est en sciences de l'Eduk qu'on devient treees facilement maître de conférences et professeur des universités....
- HonchampDoyen
Olympias a écrit:Oui, contrairement à d'autres, il n'écrit pas d'énormités.
Ceci étant, je ne peux m'empêcher de remarquer que c'est en sciences de l'Eduk qu'on devient treees facilement maître de conférences et professeur des universités....
Effectivement, c'est une réflexion que je me suis déja faite.
On connais tous des docteurs, agrégés, qui ne parviennent pas à mettre le pied à l'université.
Et en Sciences de l'Educ....
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
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