L'enseignement dans le supérieur au quotidien

RogerMartin a écrit:Que veux-tu, je fais de mon mieux pour ne pas qu'on me refile trop d'âmes à chaperonner.

EDIT Défenseur des aumôneries, des L1 du bas du panier... Il y en a qui aiment les défis

:lol!: :lol!:

Je ne sais plus où j'ai vu passer une petite enquête sur les disciplines dites littéraires ou plus largement appartenant aux humanités (probablement sur des échantillons trop restreints, comme toujours pour ce genre d'enquêtes) suggérant que les enseignants du cycle licence tendent à noter plus haut une même copie que les professeurs de lycée. Personnellement je suis tout prêt à le croire, d'autant que ce qu'on lit ici (évidemment je souscris, et d'autant plus que j'ai les deux publics) l'explique.

Si je devais, mettons, faire un top 10 des dissertations et des explications de texte que j'ai lues durant les dix dernières années, en prenant en compte les élèves de terminale dont j'ai eu la charge et les élèves des trois années du cycle licence que j'ai également évalués dans ces deux exercices en philosophie, plusieurs copies de terminale y figureraient (des copies d'élèves qui, par la suite, n'ont connu ni L1 ni L2, d'ailleurs).

Si quelqu'un a entendu parler de l'enquête et a conservé la référence, j'en serai curieux.

Je suis parfaitement d'accord avec ce constat, j'ai sans doute plus d'indulgence avec les étudiants de L1 que je n'en avais avec des terminales. Il n'est pas du tout étonnant que les meilleures de tes copies soient des copies de terminales, puisque précisément les meilleurs élèves de terminale n'atterrissent que rarement (et accidentellement) en L1.

Philomèle a écrit:

J'ai de l'estime pour les "réponses blanches", où l'étudiant qui ne sait pas assume le fait qu'il ne sache pas dans la sobriété.

Hi hi, j'ai tablé là-dessus y'a deux ans à ma première épreuve de CAPES blanc, qui se trouvait être aussi la première épreuve de géographie de toute ma vie
J'ai rendu une (bonne) intro, puis je suis sorti cafcloper. En me disant qu'au moins je n'enquiquinerais pas trop le pauvre correcteur

Bon, je me suis salement vengé à l'épreuve de socio à l'ESPE l'année d'après. Deux heures, douze pages. Et toc.

klaus2 a écrit:Mais, chers amis, ces étudiants et étudiantes si nuls, ne sont-ils pas devenus, un ou deux ans après, ceux et celles (nouveaux petits professeurs) qui vous lisent ici ?

Oups. Grillé.

PauvreYorick a écrit:Je ne sais plus où j'ai vu passer une petite enquête sur les disciplines dites littéraires ou plus largement appartenant aux humanités (probablement sur des échantillons trop restreints, comme toujours pour ce genre d'enquêtes) suggérant que les enseignants du cycle licence tendent à noter plus haut une même copie que les professeurs de lycée. Personnellement je suis tout prêt à le croire, d'autant que ce qu'on lit ici (évidemment je souscris, et d'autant plus que j'ai les deux publics) l'explique.

Si je devais, mettons, faire un top 10 des dissertations et des explications de texte que j'ai lues durant les dix dernières années, en prenant en compte les élèves de terminale dont j'ai eu la charge et les élèves des trois années du cycle licence que j'ai également évalués dans ces deux exercices en philosophie, plusieurs copies de terminale y figureraient (des copies d'élèves qui, par la suite, n'ont connu ni L1 ni L2, d'ailleurs).

Si quelqu'un a entendu parler de l'enquête et a conservé la référence, j'en serai curieux.

Sujet d'éternelles enguirlandades avec mes collègues qui sont gagnés par la bienveillance. Incapables de dire non en quelque sorte. Or si les copies sont nulles, il faut le dire et vite, pour que les étudiants puissent se réorienter radicalement. J'ai croisé il y a quinze jours une de nos ex étudiantes qui a laissé tomber la fac pour entrer en école d'infirmière, et qui était enfin heureuse (horreur: être reconnue par une étudiante qu'on a eu en CM  -- mais j'étais ravie pour elle).
Certains étudiants surnotés par les collègues ramollis me disent "ah ben c'est comme au bac, je pensais pas que ça passerait et puis finalement ha ha ha" En général, ceux-là se cassent la binette un peu plus en douceur et du coup ils glandouillent de manière indéterminée sans rien terminer correctement.
Ce serait intéressant cette étude, effectivement.

RM, moi je voyais le message de PY concerner plutôt des étudiants moyens, qu'on aurait tendance à noter dans une fourchette peut-être un peu plus haute, à la fois parce que ce sont ces étudiants moyens qui sont dans notre tête de L1 (malheureusement, puisque les bons et très bons de terminale, nous ne les avons pas face à nous), et parce que la différence est terrible avec les très mauvais, qui feraient presque passer ces médiocres-là pour des bons.
Je ne sais pas si j'ai été clair, mais dans ma tête ça l'est

RogerMartin a écrit:

ML :   C'est que tu n'es pas assez méchante En général j'explique que si je reprends la copie la note risque encore de baisser si je relève des fautes d'orthographe ou des passages hors-sujet 'ben oui, en-dessous de 0,5, il y a 0,25 ou 0,1). Je n'ai jamais eu à relire une de ces copies-là.

C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Mais en vrai je suis méchante. Demande à mes élèves actuels (là, chuis titulaire, je me lâche...)

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

MK: C'est bien ce que j'avais compris dans le post de PY, mais j'ai de plus en plus de collègues qui poussent l'enthousiasme jusqu'à rattacher à ces moyens que l'on exhausse la frange supérieure des glandouilleurs -- là aussi, c'est clair dans ma tête
Lesdits collègues vivent aussi très mal de devoir noter comme complètement nuls 10% de leurs paquets, et donc ils cherchent par tous les moyens à "donner des points". L'une des folies consistant à évaluer trois ou quatre critères, en s'interdisant de mettre zéro => minimum trois ou quatre sur vingt.

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

Ho ben on (je m'inclus dans le lot) est les premiers à le faire sur Néo : lorsqu'un Néo poste un truc bourré de fautes d'orthographe, on crie haro sur le bidon.

Rendash a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

Ho ben on (je m'inclus dans le lot) est les premiers à le faire sur Néo : lorsqu'un Néo poste un truc bourré de fautes d'orthographe, on crie haro sur le bidon.

Ouais, m'enfin là ça m'étonnerait que ML soit arrivée comme ATER en faisant des fautes d'orthographe...

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

Tu vois, c'était celle qui n'avait pas voté pour moi lors d'un renouvellement parce que je n'étais pas de la région

L'avantage d'avoir connu ces années-là, c'est qu'après une séance de remontage de bretelles par un professeur parce que je n'inclinais pas assez bas pour le saluer chaque semaine, je n'ai plus peur des chefs. On attend un inspecteur académique pour la rentrée, ça m'émeut à peine, alors que j'ai des collègues terrorrisés par la possibilité éventuelle mais-on-sait-jamais-et-si le CDE disait qu'il était mécontent...

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Rendash a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

Ho ben on (je m'inclus dans le lot) est les premiers à le faire sur Néo : lorsqu'un Néo poste un truc bourré de fautes d'orthographe, on crie haro sur le bidon.

Ouais, m'enfin là ça m'étonnerait que ML soit arrivée comme ATER en faisant des fautes d'orthographe...

Mais elle a bien évoqué des fautes, non?
Plus précisément, des "fautes". Donc on n'a sans doute pas tous les éléments en main : on ne sait pas non plus si elle prenait son pied, ATER.

Marie Laetitia a écrit: une séance de remontage de bretelles par un professeur parce que je n'inclinais pas assez bas pour le saluer chaque semaine

:lol:

Marie Laetitia a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:

Marie Laetitia a écrit:C'est-à-dire que j'étais ATER. Pas trop en position de râler trop fort (d'autant que j'avais une collègue qui se plaisait à pister mes "fautes" quand il en survenait).

Dans la série "nos collègues sont formidables"...

Tu vois, c'était celle qui n'avait pas voté pour moi lors d'un renouvellement parce que je n'étais pas de la région

L'avantage d'avoir connu ces années-là, c'est qu'après une séance de remontage de bretelles par un professeur parce que je n'inclinais pas assez bas pour le saluer chaque semaine, je n'ai plus peur des chefs. On attend un inspecteur académique pour la rentrée, ça m'émeut à peine, alors que j'ai des collègues terrorrisés par la possibilité éventuelle mais-on-sait-jamais-et-si le CDE disait qu'il était mécontent...

Je vois qui c'est...
Sinon, t'inquiète, je me prends souvent des remarques sur ma trop faible soumission au charisme incroyable des PR... (mais bon, je suis à mauvaise école, en moderne le mandarinat n'est pas de mise, mais on est les seuls).

Rendash a écrit:Donc on n'a sans doute pas tous les éléments en main : on ne sait pas non plus si elle prenait son pied, ATER.

ML: popcorn?

Marie Laetitia a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

...se traduit sans doute par "de quoi j'm'ML"?

RogerMartin a écrit:ML: popcorn?

:shock: mais mais pourquoi?

Spoiler:

Il vient d'y avoir une connexion neuronale dans mon crâne : j'ai vu passer les chiffres des taux de réussite en Licence en trois ans dans mon université. Mon UFR a un taux de 25 % (c'est moins qu'en Art par exemple, où ils sont à 30 % mais c'est plus qu'en sciences dures, où ils sont à 15 %) - tous ces chiffres à la louche. Eh bien, ces 25 % qui obtiennent leur licence de Lettres en trois ans, ce sont exactement les 25 % de copies acceptables que j'ai corrigées. Il me faut un doliprane d'ailleurs, là tout de suite.

Marie Laetitia a écrit:

RogerMartin a écrit:ML: popcorn?

:shock: mais mais pourquoi?

Spoiler:

Heu non, rien de tout ça, comment dire... Je pensais que tu avais besoin de patienter en regardant MK et le Ren' analyser ton cas. En mangeant du pop-corn. Comme au cinéma.
Pas exactement comme là:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
(encore que si tu veux partager avec ton chat, pas de souci, hein?)

RogerMartin a écrit:
Sujet d'éternelles enguirlandades avec mes collègues qui sont gagnés par la bienveillance. Incapables de dire non en quelque sorte. Or si les copies sont nulles, il faut le dire et vite, pour que les étudiants puissent se réorienter radicalement. J'ai croisé il y a quinze jours une de nos ex étudiantes qui a laissé tomber la fac pour entrer en école d'infirmière, et qui était enfin heureuse (horreur: être reconnue par une étudiante qu'on a eu en CM  -- mais j'étais ravie pour elle).
Certains étudiants surnotés par les collègues ramollis me disent "ah ben c'est comme au bac, je pensais pas que ça passerait et puis finalement ha ha ha" En général, ceux-là se cassent la binette un peu plus en douceur et du coup ils glandouillent de manière indéterminée sans rien terminer correctement.
Ce serait intéressant cette étude, effectivement.

Vous ne voulez pas venir travailler chez moi RogerMartin ?

Philomèle a écrit:Il vient d'y avoir une connexion neuronale dans mon crâne : j'ai vu passer les chiffres des taux de réussite en Licence en trois ans dans mon université. Mon UFR a un taux de 25 % (c'est moins qu'en Art par exemple, où ils sont à 30 % mais c'est plus qu'en sciences dures, où ils sont à 15 %) - tous ces chiffres à la louche. Eh bien, ces 25 % qui obtiennent leur licence de Lettres en trois ans, ce sont exactement les 25 % de copies acceptables que j'ai corrigées. Il me faut un doliprane d'ailleurs, là tout de suite.

Tu es venue à bout du paquet?
:vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv: :vvv:

Philomèle a écrit:Il vient d'y avoir une connexion neuronale dans mon crâne

Toi, je parie que tu as eu ta licence en trois ans

Niht a écrit:

RogerMartin a écrit:
Sujet d'éternelles enguirlandades avec mes collègues qui sont gagnés par la bienveillance. Incapables de dire non en quelque sorte. Or si les copies sont nulles, il faut le dire et vite, pour que les étudiants puissent se réorienter radicalement. J'ai croisé il y a quinze jours une de nos ex étudiantes qui a laissé tomber la fac pour entrer en école d'infirmière, et qui était enfin heureuse (horreur: être reconnue par une étudiante qu'on a eu en CM  -- mais j'étais ravie pour elle).
Certains étudiants surnotés par les collègues ramollis me disent "ah ben c'est comme au bac, je pensais pas que ça passerait et puis finalement ha ha ha" En général, ceux-là se cassent la binette un peu plus en douceur et du coup ils glandouillent de manière indéterminée sans rien terminer correctement.
Ce serait intéressant cette étude, effectivement.

Vous ne voulez pas venir travailler chez moi RogerMartin ?

Ce serait sympa, mais il faut que je m'enguirlande travaille en équipe dans l'amour avec mes collègues
Une astuce moins satisfaisante, mais tout aussi efficace, c'est simplement de mettre des sales notes mais en ne le proclamant pas haut et fort. Les collègues hésitent souvent à faire le premier pas en faisant remarquer que les notes qu'on a mises sont trop basses.

Philomèle a écrit:Il vient d'y avoir une connexion neuronale dans mon crâne : j'ai vu passer les chiffres des taux de réussite en Licence en trois ans dans mon université. Mon UFR a un taux de 25 % (c'est moins qu'en Art par exemple, où ils sont à 30 % mais c'est plus qu'en sciences dures, où ils sont à 15 %) - tous ces chiffres à la louche. Eh bien, ces 25 % qui obtiennent leur licence de Lettres en trois ans, ce sont exactement les 25 % de copies acceptables que j'ai corrigées. Il me faut un doliprane d'ailleurs, là tout de suite.

Si vos collègues ne baissent pas leurs prétentions, cela devrait encore baisser vu ce qui arrive depuis l'an passé.

(C'est quand même effarant, et coûteux ce manque de bases puisque le coût est à la mode)