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- SydneyNiveau 10
Hello everyone,
Je cherche des poèmes qui traitent de la première guerre mondiale, évoquant si possible les combats.
Auriez-vous des titres et auteurs en tête ?
Je fais souvent deux poèmes d'Apollinaire ("Adieu" et "Quatre jours mon amour") mais ils sont plus lyriques qu'engagés... (Poèmes à Lou). La guerre est en arrière-plan et l'amour au 1er plan.
Sydney
Je cherche des poèmes qui traitent de la première guerre mondiale, évoquant si possible les combats.
Auriez-vous des titres et auteurs en tête ?
Je fais souvent deux poèmes d'Apollinaire ("Adieu" et "Quatre jours mon amour") mais ils sont plus lyriques qu'engagés... (Poèmes à Lou). La guerre est en arrière-plan et l'amour au 1er plan.
Sydney
- tannatHabitué du forum
Merci, Cripure.
Une partie de La chanson de Craonne apparaît aussi dans la nouvelle Un petit air mutin de Didier Daeninckx, il me semble.
Une partie de La chanson de Craonne apparaît aussi dans la nouvelle Un petit air mutin de Didier Daeninckx, il me semble.
_________________
« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- User5899Demi-dieu
Je ne connais pas ce livre-là, mais avec Daeninckx, ce ne serait guère étonnant, en effet.
- Reine MargotDemi-dieu
Chez Apollinaire il y a aussi des poèmes sur la guerre sans parler d'amour dans les calligrammes (toute la section lueurs des tirs)
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- OsmieSage
Bien d'accord avec Cripure ; cette chanson est à faire connaître.
En complément de la chanson de Craonne, tu peux leur faire écouter celle de Jacques Debronckart, Les Mutins de 1917.
https://www.youtube.com/watch?v=462oq4hBACA
Les Mutins de 1917
Vous n'êtes pas aux Monuments aux Morts
Vous n'êtes même plus dans les mémoires
Comme vos compagnons de la Mer Noire :
Vous êtes morts et deux fois morts.
A vos petits-enfants l'on ne répète
Jamais comment finit leur grand-papa :
Il y a des choses dont on ne parle pas,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Sur votre dos, les Joffre et les Nivelle
Faisaient carrière dans les états-majors,
Leur humeur décidait de votre sort :
Aujourd'hui qui se le rappelle ?
Au lieu de s'emmerder en garnison,
Au lieu de piétiner au même grade,
C'était le temps béni de l'empoignade,
Vous parlez d'un' belle occasion...
Vous aviez fait tant d'assauts inutiles,
Juste pour corser le communiqué,
Vous vous sentiez tellement cocufiés,
Tellement pris pour des imbéciles,
Que vous avez voulu que ça s'arrête,
Cet abattoir tenu par la patrie,
Cette nationale charcuterie,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Avant l'attaque arrivaient les cercueils
Et vous coupiez votre pain sur leurs planches,
Tout juste si le crêpe à votre manche
N'annonçait votre propre deuil.
Par malheur, la France n'était pas prête,
Se révolter lui paraissait énorme,
Elle bavait encore devant l'uniforme,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
L'Histoire vous a jetés dans ses égouts,
Cachant sous les flots de ses Marseillaise
Qu'un' bonne moitié de l'armée française
Brûlait de faire comme vous.
Un jour, sortirez-vous des oubliettes ?
Un jour verrons-nous gagner votre cause ?
J'en doute, à voir le train où vont les choses
Mutins de mille neuf cent dix-sept,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
En complément de la chanson de Craonne, tu peux leur faire écouter celle de Jacques Debronckart, Les Mutins de 1917.
https://www.youtube.com/watch?v=462oq4hBACA
Les Mutins de 1917
Vous n'êtes pas aux Monuments aux Morts
Vous n'êtes même plus dans les mémoires
Comme vos compagnons de la Mer Noire :
Vous êtes morts et deux fois morts.
A vos petits-enfants l'on ne répète
Jamais comment finit leur grand-papa :
Il y a des choses dont on ne parle pas,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Sur votre dos, les Joffre et les Nivelle
Faisaient carrière dans les états-majors,
Leur humeur décidait de votre sort :
Aujourd'hui qui se le rappelle ?
Au lieu de s'emmerder en garnison,
Au lieu de piétiner au même grade,
C'était le temps béni de l'empoignade,
Vous parlez d'un' belle occasion...
Vous aviez fait tant d'assauts inutiles,
Juste pour corser le communiqué,
Vous vous sentiez tellement cocufiés,
Tellement pris pour des imbéciles,
Que vous avez voulu que ça s'arrête,
Cet abattoir tenu par la patrie,
Cette nationale charcuterie,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Avant l'attaque arrivaient les cercueils
Et vous coupiez votre pain sur leurs planches,
Tout juste si le crêpe à votre manche
N'annonçait votre propre deuil.
Par malheur, la France n'était pas prête,
Se révolter lui paraissait énorme,
Elle bavait encore devant l'uniforme,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
L'Histoire vous a jetés dans ses égouts,
Cachant sous les flots de ses Marseillaise
Qu'un' bonne moitié de l'armée française
Brûlait de faire comme vous.
Un jour, sortirez-vous des oubliettes ?
Un jour verrons-nous gagner votre cause ?
J'en doute, à voir le train où vont les choses
Mutins de mille neuf cent dix-sept,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
- User5899Demi-dieu
Osmie a écrit:Bien d'accord avec Cripure ; cette chanson est à faire connaître.
En complément de la chanson de Craonne, tu peux leur faire écouter celle de Jacques Debronckart, Les Mutins de 1917.
https://www.youtube.com/watch?v=462oq4hBACA
Les Mutins de 1917
Vous n'êtes pas aux Monuments aux Morts
Vous n'êtes même plus dans les mémoires
Comme vos compagnons de la Mer Noire :
Vous êtes morts et deux fois morts.
A vos petits-enfants l'on ne répète
Jamais comment finit leur grand-papa :
Il y a des choses dont on ne parle pas,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Sur votre dos, les Joffre et les Nivelle
Faisaient carrière dans les états-majors,
Leur humeur décidait de votre sort :
Aujourd'hui qui se le rappelle ?
Au lieu de s'emmerder en garnison,
Au lieu de piétiner au même grade,
C'était le temps béni de l'empoignade,
Vous parlez d'un' belle occasion...
Vous aviez fait tant d'assauts inutiles,
Juste pour corser le communiqué,
Vous vous sentiez tellement cocufiés,
Tellement pris pour des imbéciles,
Que vous avez voulu que ça s'arrête,
Cet abattoir tenu par la patrie,
Cette nationale charcuterie,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Avant l'attaque arrivaient les cercueils
Et vous coupiez votre pain sur leurs planches,
Tout juste si le crêpe à votre manche
N'annonçait votre propre deuil.
Par malheur, la France n'était pas prête,
Se révolter lui paraissait énorme,
Elle bavait encore devant l'uniforme,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
L'Histoire vous a jetés dans ses égouts,
Cachant sous les flots de ses Marseillaise
Qu'un' bonne moitié de l'armée française
Brûlait de faire comme vous.
Un jour, sortirez-vous des oubliettes ?
Un jour verrons-nous gagner votre cause ?
J'en doute, à voir le train où vont les choses
Mutins de mille neuf cent dix-sept,
Mutins de mille neuf cent dix-sept
Daniel Mermet avait essayé de diffuser le disque, dans ses émissions de 1997 sur les mutins de 1917, mais la galette avait été poinçonnée par la censure...
L'émission (+ d'autres sur Google), très bien faite, dans mon souvenir :
http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-craonne-sa-chanson-ses-mutins
- OsmieSage
La chanson de Jacques Brel, Jaurès, notamment le dernier couplet sur la guerre. Jaurès assassiné juste avant la déclaration de guerre ; un texte splendide.
- tannatHabitué du forum
J'ai trouvé cette nouvelle dans le recueil réunissant plusieurs auteurs Nouvelles du monde contemporain publié en 2013, chez Hatier ; mais la nouvelle appartenait à un recueil de Daeninckx Histoire et faux-semblants publié en 2007 chez Verdier, puis Folio en 2010, je crois.
Cependant c'est peut-être dans Verdun 1916 : un tirailleur en enfer de Yves Pinguilly, j'ai la mémoire qui flanche...
Cependant c'est peut-être dans Verdun 1916 : un tirailleur en enfer de Yves Pinguilly, j'ai la mémoire qui flanche...
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- OsmieSage
Mermet a fait plusieurs émissions sur la chanson de Craonne, et elles sont belles. Son texte d'introduction vaut la peine.
- JaneMonarque
La colombe poignardée et le jet d'eau (Apollinaire)
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- Marie-NoireNiveau 6
"Secousse" d'Aragon (dans Feu de joie, en 1919).
Aragon y évoque sa propre expérience des combats : alors qu'il est médecin auxiliaire, au cours d'une bataille, il est enseveli trois fois sous les obus. Le texte est difficile, assez hermétique. Mais ça peut être intéressant quand même ?
http://www.mouvement-transitions.fr/exergues/dernier-exergue/sommaire-des-exergues-deja-publies/310-exergue-nd-113-l-aragon.html
Aragon y évoque sa propre expérience des combats : alors qu'il est médecin auxiliaire, au cours d'une bataille, il est enseveli trois fois sous les obus. Le texte est difficile, assez hermétique. Mais ça peut être intéressant quand même ?
http://www.mouvement-transitions.fr/exergues/dernier-exergue/sommaire-des-exergues-deja-publies/310-exergue-nd-113-l-aragon.html
- SydneyNiveau 10
Merci, merci ! Je vais creuser toutes ces pistes.
- TangledingGrand Maître
Il y a aussi des extraits de témoignages très poétiques (je pense à Lintier, en particulier)
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- Invité ElExpert spécialisé
En général bien sûr, nous reproduisons des textes reflétant l'opinion majoritaire, savoir le rejet et le refus de la guerre.
Il me parait quand même intéressant de donner aussi des témoignages de l'esprit patriotique (ou nationaliste) qui pouvait animer certains, et notamment les officiers. Péguy est alors intéressant, malgré sa difficulté.
J'ai déjà donné cet extrait d'Eve (1913)
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles.
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu
Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.
(…)
Heureux ceux qui sont morts car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. »
(Ed. Gallimard, coll. La Pléiade, Œuvres poétiques complètes, p. 664)
Il me parait quand même intéressant de donner aussi des témoignages de l'esprit patriotique (ou nationaliste) qui pouvait animer certains, et notamment les officiers. Péguy est alors intéressant, malgré sa difficulté.
J'ai déjà donné cet extrait d'Eve (1913)
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles.
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu
Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.
(…)
Heureux ceux qui sont morts car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. »
(Ed. Gallimard, coll. La Pléiade, Œuvres poétiques complètes, p. 664)
- OudemiaBon génie
Le livre peu connu de Roland Dorgelès Bleu horizon contient, dans sa partie "Des morts vous parlent" de nombreux extraits de poèmes à découvrir qui répondent à cette demande. Il est maintenant disponible dans une édition numérique, on peut en lire une partie ici :
https://books.google.fr/books?id=PERDIBkkSA4C&pg=PT184&lpg=PT184&dq="des+morts+vous+parlent"+dorgelès&sou
Il faut descendre de deux pages pour avoir le texte, très incomplet, mais il y a quelques vers de Franconi qui valent le détour.
Ce poème d'Apollinaire évoque le quotidien :
C’était un temps béni nous étions sur les plages
Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau
Et vite comme va la langue d’un crapaud
L’amour blessait au coeur les fous comme les sages
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni Le temps du vaguemestre
On est bien plus serré que dans les autobus
Et des astres passaient que singeaient les obus
Quand dans la nuit survint la batterie équestre
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni Jours vagues et nuits vagues
Les marmites donnaient aux rondins des cagnats
Quelque aluminium où tu t’ingénias
À limer jusqu’au soir d’invraisemblables bagues
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni La guerre continue
Les Servants ont limé la bague au long des mois
Le Conducteur écoute abrité dans les bois
La chanson que répète une étoile inconnue
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
Magie d'Internet, certains de ces poètes méconnus ne sont pas tous oubliés, je mets en spoiler pour ne pas alourdir (ce n'est pas de la grande poésie, mais ce fut écrit sur le vif...) et parce que ce n'est pas tout à fait ce qui était demandé :
Je trouve aussi cette citation de Lucien Rolmer dans un livre que je ne connais pas :
https://books.google.fr/books?id=CR6bFF4kU7gC&pg=PA91&lpg=PA91&dq=%22lucien+rolmer%22+%22quand+vous+m%27enterrerez%22&source=bl&ots=wnCIFLD8N5&sig=KugrqhV-nV0Dpg-ndOV9AIpGDy4&hl=fr&sa=X&ved=0CCQQ6AEwAWoVChMI3v2-lM_VyAIVjHEUCh1mAAd5#v=onepage&q=%22lucien%20rolmer%22%20%22quand%20vous%20m%27enterrerez%22&f=false
Je me souviens avoir lu quelques passages de "Des morts vous parlent", puis les dernières pages, à une classe tétanisée...
https://books.google.fr/books?id=PERDIBkkSA4C&pg=PT184&lpg=PT184&dq="des+morts+vous+parlent"+dorgelès&sou
Il faut descendre de deux pages pour avoir le texte, très incomplet, mais il y a quelques vers de Franconi qui valent le détour.
Ce poème d'Apollinaire évoque le quotidien :
C’était un temps béni nous étions sur les plages
Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau
Et vite comme va la langue d’un crapaud
L’amour blessait au coeur les fous comme les sages
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni Le temps du vaguemestre
On est bien plus serré que dans les autobus
Et des astres passaient que singeaient les obus
Quand dans la nuit survint la batterie équestre
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni Jours vagues et nuits vagues
Les marmites donnaient aux rondins des cagnats
Quelque aluminium où tu t’ingénias
À limer jusqu’au soir d’invraisemblables bagues
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
C’était un temps béni La guerre continue
Les Servants ont limé la bague au long des mois
Le Conducteur écoute abrité dans les bois
La chanson que répète une étoile inconnue
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
Magie d'Internet, certains de ces poètes méconnus ne sont pas tous oubliés, je mets en spoiler pour ne pas alourdir (ce n'est pas de la grande poésie, mais ce fut écrit sur le vif...) et parce que ce n'est pas tout à fait ce qui était demandé :
- Jean-Marc Bernard :
Du plus profond de la tranchée
Nous élevons les mains vers vous
Seigneur : Ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !
Car plus encor que notre chair
Notre âme est lasse et sans courage.
Sur nous s’est abattu l'orage
Des eaux, de la flamme et du fer,
Vous nous voyez couverts de boue
Déchirés, hâves et rendus...
Mais nos cœurs, les avez-vous vus ?
Et faut-il, mon Dieu, qu’on l'avoue,
Nous sommes si privés d’espoir
La paix est toujours si lointaine
Que parfois nous savons à peine
Où se trouve notre devoir.
Éclairez-nous dans ce marasme
Réconfortez-nous et chassez
L’angoisse des cœurs harassés
Ah ! rendez-nous l’enthousiasme !
Mais aux morts, qui ont tous été
Couchés dans la glaise et le sable
Donnez le repos ineffable,
Seigneur ! ils l’ont bien mérité.
- Sylvain Royé:
« La Prière des Tranchées »
Le soir tombe, semblable au-dessus des deux lignes
Semblable de tendresse et de rédemption.
Encore un jour passé que nous abandonnons
Pour mieux aimer demain dont l'espoir nous fait signe.
Le soir tombe, Seigneur. Sous sa feinte douceur
Que cache-t-il, tendant la trame de son ombre ?
Quel invisible doigt parmi nos rangs dénombre
Ceux dont le dernier jour sera ce jour qui meurt ?
Quels d'entre nous verront le prochain crépuscule ?
Quels verront la Victoire et l'ultime combat ?
Notre désir grandit, s'exalte, se débat,
Et, douloureux se tend vers le but qui recule.
Sans la flamme, Seigneur, les flambeaux ne sont rien.
Nous sommes les flambeaux et vous êtes la flamme.
Pour l'orgueil de nos cœurs, pour la foi de nos âmes,
Seigneur, accordez-nous notre espoir quotidien.
...Seigneur, vous n'avez pas exaucé nos prières.
Voici les ciels de brume et d'immobilité !
Chaque jour alourdit le poids de nos misères
Et nous doutons parfois, Seigneur, de la clarté.
Où sont les fruits promis, les moissons et les roses ?
L'hiver a poignardé la gloire du jardin.
Aux espoirs abolis les granges se sont closes
Et le vol des corbeaux insulte à nos destins.
...Pitié mon Dieu, pitié pour tous ceux qui fléchissent,
Pour tous ceux qui n'ont plus la foi qu'il faut avoir.
Plus pur est dans le cœur l'état du sacrifice
Quand il ne s'est nourri qu'aux flambeaux du devoir.
D'autres heures naîtront, plus belles et meilleures.
La Victoire luira sur le dernier combat.
Seigneur, faites que ceux qui connaîtront ces heures
Se souviennent de ceux qui ne reviendront pas.
Sylvain ROYÉ (1891-1916)
Je trouve aussi cette citation de Lucien Rolmer dans un livre que je ne connais pas :
https://books.google.fr/books?id=CR6bFF4kU7gC&pg=PA91&lpg=PA91&dq=%22lucien+rolmer%22+%22quand+vous+m%27enterrerez%22&source=bl&ots=wnCIFLD8N5&sig=KugrqhV-nV0Dpg-ndOV9AIpGDy4&hl=fr&sa=X&ved=0CCQQ6AEwAWoVChMI3v2-lM_VyAIVjHEUCh1mAAd5#v=onepage&q=%22lucien%20rolmer%22%20%22quand%20vous%20m%27enterrerez%22&f=false
Je me souviens avoir lu quelques passages de "Des morts vous parlent", puis les dernières pages, à une classe tétanisée...
- Invité ElExpert spécialisé
Même si le cours porte sur la poésie, je ne rate jamais un occasion de lire quelques passages des carnets de Louis Barthas. J'encourage les élèves à aller à la côte 304, pas loin de chez nous, et de visiter les tranchées en ayant lu, ou en lisant sur place, les chapitres correspondants. Ceux qui l'ont fait sont revenus assez chamboulés.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Et aussi, d'Aragon (on en trouve des versions chantées)
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le coeur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous faite de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous baillez Vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le coeur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous faite de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous baillez Vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- User5899Demi-dieu
Oudemia a écrit:As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre
Ce refrain d'Apollinaire est gravé sur une stèle commémorative du poète inaugurée il y a lurette au chemin des dames (Philippe Meyer raconte, dans Dans mon pays lui-même (très beau chapitre sur le chemin des dames avec interview narrativisée d'Yves Gibeau, je le signale au passage), comment le préfet qui inaugura la stèle parla dans son discours de la mémoire de Charles Baudelaire... Déjà, les stagiaires de BFM faisaient rage...). Je ne savais pas que la strophe provenait d'un texte d'Apollinaire lui-même, je pensais qu'un de ses amis l'avait composée pour la stèle, justement, en inventant un schéma de rimes à la fois simple et sophistiqué, qui "sonnait" bien comme les textes du poète. Merci pour cette référence.
- SydneyNiveau 10
J'ai découvert la Chanson de Craonne : texte magnifique, j'ai écouté la version chantée. Je la connaissais de nom mais sans plus. Belle redécouverte.
Je suis allée voir la section Lueurs des tirs dans l'oeuvre d' Apollinaire et j'ai trouvé le poème "Désir" :
« Désir » de Guillaume APOLLINAIRE
Mon désir est la région qui est devant moi
Derrière les lignes boches
Mon désir est aussi derrière moi
Après la zone des armées
Mon désir c’est la butte du Mesnil
Mon désir est là sur quoi je tire
De mon désir qui est au-delà de la zone des armées
Je n’en parle pas aujourd’hui mais j’y pense
Butte du Mesnil je t’imagine en vain
Des fils de fer des mitrailleuses des ennemis trop sûrs d’eux
Trop enfoncés sous terre déjà enterrés
Ca ta clac des coups qui meurent en s’éloignant
En y veillant tard dans la nuit
Le Decauville qui toussote
La tôle ondulée sous la pluie
Et sous la pluie ma bourguignotte
Entends la terre véhémente
Vois les lueurs avant d’entendre les coups
Et tel obus siffler de la démence
Ou le tac tac tac monotone et bref plein de dégoût
Je désire
Te serrer dans ma main Main de Massiges
Si décharnée sur la carte
Le boyau Goethe où j’ai tiré
J’ai tiré même sur le boyau Nietzsche
Décidément je ne respecte aucune gloire
Nuit violente et violette et sombre et pleine d’or par moments
Nuits des hommes seulement
Nuit du 24 septembre
Demain l’assaut
Nuit violente ô nuit dont l’épouvantable cri profond devenait plus intense de minute en minute
Nuit qui criait comme une femme qui accouche
Nuit des hommes seulement
Guillaume Apollinaire, Calligrammes
Diffusion préalable d’un reportage sur le site de la Main de Massiges.
Je suis allée voir la section Lueurs des tirs dans l'oeuvre d' Apollinaire et j'ai trouvé le poème "Désir" :
« Désir » de Guillaume APOLLINAIRE
Mon désir est la région qui est devant moi
Derrière les lignes boches
Mon désir est aussi derrière moi
Après la zone des armées
Mon désir c’est la butte du Mesnil
Mon désir est là sur quoi je tire
De mon désir qui est au-delà de la zone des armées
Je n’en parle pas aujourd’hui mais j’y pense
Butte du Mesnil je t’imagine en vain
Des fils de fer des mitrailleuses des ennemis trop sûrs d’eux
Trop enfoncés sous terre déjà enterrés
Ca ta clac des coups qui meurent en s’éloignant
En y veillant tard dans la nuit
Le Decauville qui toussote
La tôle ondulée sous la pluie
Et sous la pluie ma bourguignotte
Entends la terre véhémente
Vois les lueurs avant d’entendre les coups
Et tel obus siffler de la démence
Ou le tac tac tac monotone et bref plein de dégoût
Je désire
Te serrer dans ma main Main de Massiges
Si décharnée sur la carte
Le boyau Goethe où j’ai tiré
J’ai tiré même sur le boyau Nietzsche
Décidément je ne respecte aucune gloire
Nuit violente et violette et sombre et pleine d’or par moments
Nuits des hommes seulement
Nuit du 24 septembre
Demain l’assaut
Nuit violente ô nuit dont l’épouvantable cri profond devenait plus intense de minute en minute
Nuit qui criait comme une femme qui accouche
Nuit des hommes seulement
Guillaume Apollinaire, Calligrammes
Diffusion préalable d’un reportage sur le site de la Main de Massiges.
- InvitélhbNiveau 5
Blaise Cendrars " J'ai tué" illustré par Fernand Léger
- InvitélhbNiveau 5
Ben je n'ai pas réussi à insérer l'image. Pourtant j'ai cliqué sur "insérer image.
http://expositions.bnf.fr/utopie/grand/4_14.htm
http://expositions.bnf.fr/utopie/grand/4_14.htm
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
Je rappelle à toutes fins utiles ce superbe site pour la peinture de la grande guerre
http://www.memorial-caen.fr/10EVENT/EXPO1418/fr/visite.html
C'est très riche en complément.
http://www.memorial-caen.fr/10EVENT/EXPO1418/fr/visite.html
C'est très riche en complément.
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
- RogerMartinBon génie
Écusette de Noireuil a écrit:Et aussi, d'Aragon (on en trouve des versions chantées)
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le coeur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous baillez Vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.
La version chantée par Ferré est particulièrement intéressante pour le traitement rythmique, beaucoup de retards, de faux effets d'enjambements, très rhétorique comme toujours. Ce ne sont pas tout à fait les strophes (une en plus, une en moins).
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
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