- bleupastelNiveau 7
Pour une séquence autour du monstre, du monstrueux, je recherche des textes plutôt descriptifs, faciles d'accès, courts, sur lesquels mes élèves pourraient s'appuyer afin de "créer" des monstres. Il s'agit d'élèves de seconde professionnelle, donc assez faibles et plutôt allergiques à la lecture....mais un peu de littérature ne leur fera pas de mal
Pourriez-vous me donner quelques pistes ?
Pourriez-vous me donner quelques pistes ?
- OrlandaFidèle du forum
Lautréamont?
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- allanNiveau 5
ogres, sorcières,loups- garous,cerbère, charybde et Scylla, une chimère, le cyclope...
- toubyExpert
J'ai une planche de BD sympa sur ce thème ; ça te tente ?
- bleupastelNiveau 7
Oui, merci . Je prends tout !touby a écrit:J'ai une planche de BD sympa sur ce thème ; ça te tente ?
Allan, merci pour cette petite galerie de monstres, Orlanda et ylm merci à vous aussi pour les auteurs....mais si quelqu'un a un extrait, un texte précis à m'indiquer, sur lequel il a déjà travaillé avec des élèves par exemple, ça me faciliterait la tâche; je "débroussaille" déjà l'iconographie, je manque un peu de temps (ET de connaissances ) pour le côté littérature.
- chewing-huitreNiveau 3
J'ai travaillé sur ce texte avec une classe de cinquième.
Tu as des illustrations ici: https://fr.wikisource.org/wiki/Vingt_mille_lieues_sous_les_mers/Partie_2/Chapitre_18
Jules Verne, in [i]Vingt mille lieues sous les mers[/i] a écrit:Je regardai à mon tour, et je ne pus réprimer un mouvement de répulsion. Devant mes yeux s’agitait un monstre horrible, digne de figurer dans les légendes tératologiques. C’était un calmar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur. Il marchait à reculons avec une extrême vélocité dans la direction du Nautilus. Il regardait de ses énormes yeux fixes à teintes glauques. Ses huit bras, ou plutôt ses huit pieds, implantés sur sa tête, qui ont valu à ces animaux le nom de céphalopodes, avaient un développement double de son corps et se tordaient comme la chevelure des furies. On voyait distinctement les deux cent-cinquante ventouses disposées sur la face interne des tentacules sous forme de capsules semi-sphériques. Parfois ces ventouses s’appliquaient sur la vitre du salon en y faisant le vide. La bouche de ce monstre — un bec de corne fait comme le bec d’un perroquet — s’ouvrait et se refermait verticalement. Sa langue, substance cornée, armée elle-même de plusieurs rangées de dents aiguës, sortait en frémissant de cette véritable cisaille. Quelle fantaisie de la nature ! Un bec d’oiseau à un mollusque ! Son corps, fusiforme et renflé dans sa partie moyenne, formait une masse charnue qui devait peser vingt à vingt-cinq mille kilogrammes. Sa couleur inconstante, changeant avec une extrême rapidité suivant l’irritation de l’animal, passait successivement du gris livide au brun rougeâtre.
De quoi s’irritait ce mollusque ? Sans doute de la présence de ce Nautilus, plus formidable que lui, et sur lequel ses bras suceurs ou ses mandibules n’avaient aucune prise. Et cependant, quels monstres que ces poulpes, quelle vitalité le créateur leur a départie, quelle vigueur dans leurs mouvements, puisqu’ils possèdent trois cœurs !
Le hasard nous avait mis en présence de ce calmar, et je ne voulus pas laisser perdre l’occasion d’étudier soigneusement cet échantillon des céphalopodes. Je surmontai l’horreur que m’inspirait cet aspect, et, prenant un crayon, je commençai à le dessiner.
Tu as des illustrations ici: https://fr.wikisource.org/wiki/Vingt_mille_lieues_sous_les_mers/Partie_2/Chapitre_18
- chewing-huitreNiveau 3
Quelques extraits du Monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle, que j'ai exploités en cinquième. Si tu as besoin d'éléments de contexte, n'hésite pas à demander.
Sir Athur Conan Doyle a écrit:Quand vous me lirez, cher monsieur McArdle, vous réaliserez sûrement, et peut-être pour la première fois, que notre journal ne m’a pas envoyé si loin pour une vulgaire chasse au canard sauvage, et qu’une copie peu banale émerveillera le monde quand le Pr Challenger m’autorisera à la publier. Je n’oserais pas la publier avant de pouvoir rapporter en Angleterre des preuves à l’appui, sinon je serais salué comme le Münchhausen du journalisme de tous les temps ! Je suis persuadé que vous réagirez comme moi, et que vous ne vous soucierez pas de jouer tout le crédit de la Gazette sur une telle aventure tant que nous serons incapables de faire face au chœur des critiques et des sceptiques que mes articles soulèveront naturellement. C’est pourquoi cet incident merveilleux, qui constituerait à lui seul l’objet d’un titre sensationnel dans ce cher vieux journal, doit demeurer dans votre tiroir jusqu’à nouvel ordre.
Il se produisit dans le temps d’un éclair, et il n’eut d’autre suite que d’imposer irrémédiablement notre conviction.
Voilà ce qui arriva. Lord John avait tué un ajouti – animal qui ressemble à un petit porc – et, après en avoir donné la moitié aux Indiens, nous étions en train de cuire l’autre moitié sur notre feu. Le soir, le froid tombe vite ; nous étions donc tous rassemblés autour de la flamme. La nuit était sans lune, mais il y avait des étoiles qui permettaient de voir à courte distance sur la plaine. Hé bien ! brusquement, de la nuit, fonça quelque chose qui sifflait comme un avion. Tout notre groupe fut recouvert d’un dais de plumes d’ailes. Moi, je conserve la vision subite d’un cou long, comme celui d’un serpent, d’un œil glouton, rouge et féroce, et d’un grand bec qui claquait et qui laissait apercevoir, ô stupeur, des petites dents étincelantes de blancheur. Une seconde plus tard, ce phénomène avait disparu… ainsi que notre dîner. Une très grosse ombre noire, à huit ou dix mètres, planait dans les airs ; des ailes monstrueuses dissimulaient les étoiles, puis elle disparut par-dessus l’escarpement. Quant à nous, nous étions demeurés stupidement assis autour du feu, frappés, terrassés par la surprise, tels les héros de Virgile quand les Harpies descendirent au milieu d’eux.
Sir Arthur Conan Doyle a écrit:Cependant Challenger, plié en deux pour bavarder avec Summerlee, releva vivement la tête afin de prouver un fait contesté par son interlocuteur, ce geste faillit provoquer notre perte. Au même instant, le mâle le plus proche poussa un cri perçant et déploya des ailes de cuir qui avaient bien huit mètres d’envergure pour s’élever dans les airs. Les femelles et leurs petits se rassemblèrent au bord de l’eau. Tout un cercle de sentinelles prit son vol dans le ciel. Spectacle magnifique s’il en fût ! Une centaine de ces animaux énormes, hideux, filait comme des hirondelles avec de vifs battements d’ailes au-dessus de nos têtes. Mais nous comprîmes vite que ce spectacle-là n’avait rien qui pût nous autoriser à bayer longtemps d’admiration. D’abord ces grosses brutes dessinèrent un large cercle, comme pour mesurer approximativement la nature et l’étendue du danger qui les menaçait. Puis leur vol se ralentit et leur cercle se rétrécit, nous en figurions évidemment le centre. Le fracas de leurs ailes me rappela les meetings d’aviation à Hendon.
– Fonçons vers le bois et restons ensemble ! ordonna lord John en armant son fusil. Ces horribles bêtes nous veulent du mal !
Au moment où nous entamâmes notre retraite, le cercle se referma sur nous ; déjà les extrémités des ailes les plus proches nous frôlaient le visage. Avec les canons de nos fusils, nous leur assenâmes quelques coups, mais où trouver un endroit vulnérable ? Soudain, du rond noir et hurlant, surgit un cou allongé ; un bec féroce pointa vers nous. D’autres becs goulus s’élancèrent. Summerlee poussa un cri et porta une main à sa figure ensanglantée. Sur ma nuque, je sentis un coup d’aiguillon ; sous le choc, je faillis tomber. Challenger s’écroula, et lorsque je me baissai pour le relever, je reçus un nouveau coup ; cette fois, je m’affalai sur le professeur. Au même instant, j’entendis le claquement d’une arme : lord John avait tiré avec son fusil pour éléphants. Je levai les yeux, l’un des assaillants gisait au sol, avec une aile brisée ; il se débattait, crachait, rotait avec son bec grand ouvert ; ses yeux étaient rouges, à fleur de tête, comme ceux d’un diable dans un tableau du Moyen Age. Au bruit, ses compagnons avaient pris de la hauteur ; mais ils continuaient de dessiner leurs cercles au-dessus de nous.
– Maintenant, cria lord John, c’est notre vie qui se joue !
Nous trébuchions dans les fourrés ; au moment où nous atteignîmes le bois, les harpies fondirent à nouveau sur nous. Summerlee fut projeté à terre, mais nous le relevâmes et le poussâmes parmi les arbres. Une fois là, nous fûmes en sécurité, car les énormes ailes ne pouvaient se déployer entre les branches. Pendant que nous regagnions notre camp, meurtris et déconfits, nous les aperçûmes qui volaient à une grande altitude dans le ciel bleu profond : ils planaient, planaient toujours, guère plus gros que des palombes, et ils suivaient des yeux notre progression. Enfin, quand nous nous fûmes enfoncés au plus épais de la forêt, ils abandonnèrent leur chasse et disparurent.
Sir Arthur Conan Doyle a écrit: L’arbre était vraiment immense ; j’avais beau regarder en l’air, je n’entrevoyais toujours pas la moindre éclaircie dans le feuillage. Je me trouvai devant une sorte de buisson épais qui me sembla être une plante parasite sur la branche où je m’agitais. Je tournai la tête pour voir ce qui était derrière ce buisson, et, devant ce que j’aperçus, je manquai choir de l’arbre.
À trente ou quarante centimètres de mon visage, une figure me regardait. La créature à qui elle appartenait était accroupie derrière la plante parasite, et avait tourné la tête au même moment que moi. C’était une figure humaine… ou du moins qui ressemblait bien plus à une figure d’homme qu’à n’importe quelle face de singe. Elle était allongée, blanchâtre, parsemée de pustules, avec un nez aplati, une mâchoire inférieure proéminente, et quelque chose comme des favoris autour du menton. Les yeux, sous des sourcils épais et lourds, avaient un regard bestial et féroce. La bouche s’entrouvrit pour un reniflement qui m’avait tout l’air d’une malédiction, et exhiba des canines pointues et recourbées. Pendant un instant, je lus clairement de la haine et une menace dans son regard. Puis, ces sentiments firent place à une peur incontrôlable, folle. La créature plongea désespérément dans la verdure des feuilles, cassa deux ou trois branches… J’aperçus un corps poilu, comme celui d’un cochon rougeâtre, qui disparut.
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