De l'opportunité d’un blog

Bonjour à tous,

J’avais pour idée première de créer, à destination de mes élèves de l’an prochain, un blog qui comprendrait principalement des ressources vidéo et audio, "pour ne pas philosopher dans le vide" et pour qu’ils aient accès facilement et rapidement à des références que je vais utiliser au sein de mon cours.
Il y aurait donc une partie "pour les curieux", sans consultation obligatoire ; et une autre qui regrouperait ce qu’ils devraient voir et écouter pour suivre au mieux la réflexion  (faire de la philosophie de la musique, c’est bien, écouter Bach pour savoir de quoi on parle, c’est mieux).

Première question : ai-je bien "le droit" de faire des renvois à un site internet, qui constituerait donc un véritable moment du cours à part entière? Que pensez vous de cette organisation?

Et puis la chose a mûri, et je me suis dit aussi que j’ouvrirais bien ce blog à tout curieux, et que je serais heureuse d’y ajouter quelques réflexions personnelles, pourquoi pas des plans de cours ou des dissertations. Je me retrouve donc à vouloir discerner quelque chose qui relèverait de la compilation éclairée et une partie plus personnelle, le tout à disposition de tous.

Mais je n’oublie pas mon souci premier : MES élèves. Seconde question : jugez vous qu’ils pourront s’y retrouver et que la chose a, comme on le dit si joliment de nos jours, un "intérêt pédagogique"?
L’un de vous a-t-il tenté ce genre de choses?

Je trouve que c'est une très bonne idée. C'est même une chose que j'avais envisagé de faire dans l'éventualité où je réussirais à devenir professeur. Je pense que ça permettrait aux "curieux" d'aller un peu plus loin dans le cours, et ça donnerait un support supplémentaire. J'imagine que le temps dont dispose un professeur pour faire le programme est limité, et qu'il ne peut pas passer trop de temps à combler les lacunes en culture générale, donc ce cours parallèle peut remplir cette fonction.
Je me demandais aussi si faire figurer les cours écrits au fur et à mesure que l'année s'écoule ne permettrait pas de débloquer du temps, dans la mesure où les élèves seraient moins assujettis à la prise de notes, et ainsi de faire un cours plus vivant et interactif.
D'une manière générale, je crois aux vertus pédagogiques des nouvelles technologies, lorsqu'elles sont bien utilisées. En terminale, j'avais un prof de maths qui faisait cours en se servant d'un logiciel, ce qui lui permettait de projeter au tableau des courbes qu'on voyait évoluer quand on modifiait certains paramètres. C'était génial, et on comprenait rapidement quelque chose qui aurait demandé beaucoup de temps s'il avait fallu le représenter sur le tableau à craies. Le tout est de garantir un bon équilibre, et de conserver tout de même les bonnes vieilles méthodes qui marchent.
Je pense donc que l'expérience est à tenter.

Merci pour ce premier retour Levincent!
En passant, je n’oublie pas que je dois t’envoyer la liste "pour ne pas philosopher dans le vide" que l’on m’avait remise lors de la préparation des concours... je rentre bientôt, j’aurai le temps de fouiller!

En revanche, je ne pense pas transcrire le cours au fur et à mesure de l'année : j’aurais trop peur qu’ils arrêtent purement et simplement de noter...

J'y ai souvent pensé, mais finalement, je n'ai pas donné suite.

J'y vois aussi des intérêts, en particulier, celui que tu évoques du "complément" sur un support que les élèves fréquentent aisément. J'avais autrefois utilisé de cette manière un forum et les élèves y ouvraient des sujets divers ; cela donnait parfois lieu à de bonnes discussions.

Mais c'est terriblement chronophage, là est ma première réserve. Il faut bien sûr pouvoir surveiller les commentaires, et pour qu'il y ait un peu de spontanéité dans les échanges, impossible de se dire qu'on n'y va pas régulièrement (j'évoque le cas où l'on ne publierait le commentaire qu'après validation par exemple).
Par ailleurs, il y a un côté "tout cuit" dans ce que l'on met en ligne (articles de réflexion) et l'on sait bien comment cela se retrouve ensuite copié-collé dans les dissertations de nos élèves. Je ne suis pas certaine du tout d'avoir envie d'alimenter d'une manière ou d'une autre cela. Du coup, cela élimine directement toute possibilité d'ajout de corrigés par exemple (dès qu'ils sont en format traitement de texte, les élèves peuvent s'en servir pour alimenter les banques de données de corrigés "payants" : donner un corrigé leur ouvre l'accès aux autres corrigés disponibles dans la banque). Or de question évidemment, à mon sens, de mettre en ligne le cours lui-même : les élèves ne savent pas prendre de note ; il faut donc qu'ils s'y collent, qu'ils apprennent. Avec un poly, aucun doute qu'une certaine catégorie d'entre eux passeraient du temps à faire autre chose qu'à écouter les compléments ou à participer ; enfin, un cours, c'est aussi une grande part d'improvisation, de choses qui sont indiquées à cette classe, à cet individu, mais pas à une autre ; j'en reste donc dans mes cours à une trame, mais je n'en viens jamais à quelque chose de rédigé.

En somme, je trouve qu'il y a un intérêt pédagogique à ce genre de démarche, mais il faut le penser très soigneusement quant à ce qu'on met en ligne.

Quant à l'exemple du logiciel utilisé en maths que tu donnes LeVincent, il y a moyen de faire un usage intéressant des "nouvelles technologies" en cours, mais il faut être logique : en philo, ça s'y prête moins qu'en maths. Mais il y a des possibilités, c'est certain, y compris pour faciliter la trace écrite. Cependant, encore faut-il être dans un établissement dont les salles -qui plus est, les salles attribuées à la philo- sont équipées ; c'est loin d'être toujours le cas, et quand envisager de passer un petit extrait de film ou simplement de faire voir une série de Picasso aux élèves relève déjà du parcours du combattant...

Je pense moi aussi à ouvrir un blog mais je n'y mettrais pas de contenu "obligatoire", uniquement des compléments, pour ne pas léser ceux qui ne sont pas équipés ou n'ont pas forcément accès à internet illimité (je suis au collège, je pense par exemple aux élèves dont les parents restreignent l'accès à internet).

HermyMacgo a écrit: pour ne pas léser ceux qui ne sont pas équipés ou n'ont pas forcément accès à internet illimité

Ah oui, c'est vrai, j'ai oublié de mentionner cet aspect aussi. Evidemment, on peut toujours s'appuyer sur les salles informatiques ou le CDI, mais il faut aussi, au préalable s'assurer que les élèves ont tous leurs identifiants de connexion, et parfois, là aussi, c'est loin d'être évident (mais nécessaire si l'on veut garantir un minimum d'égalité au départ).

J'y ai pensé aussi, j'avais même commencé un truc, mais j'ai abandonné l'idée. L'année dernière j'ai beaucoup fonctionné par mails. Comme Aspasie, pas vraiment envie de mettre en ligne trop de contenu copié-collable : il y en a déjà beaucoup, et je sais que quelqu'un comme Simone Manon insiste sur les côtés potentiellement pervers d'un blog comme le sien. C'est vrai que l'échange de mails est loin d'être optimal, mais pour le contenu (textes, images, vidéos, musiques) et la fréquence de partage (un convoi de fichiers à la fin de chaque séquence) qui m'intéressent, je crois que ça me va...

En ce qui concerne les cours rédigés et mis en ligne, c'est effectivement à double tranchant pour tout le monde (en licence, une prof faisait ça : plus personne dans son cours au bout de la deuxième séance...). La philo est l'une des matières dans lesquelles les élèves sont le plus autonomes dans leur prise de note, ça me semble précieux pour la suite. Cela dit, quand je vois les lycéens réviser leur Bac avec les fascicules du Monde, je me dis qu'on gagnerait à s'assurer qu'ils ont bien un cours à peu près intégral en fin d'année... Et, surtout, au fond, ce type de procédé ""pourrait"" permettre aux élèves de s'investir davantage en temps réel dans la classe : pourquoi ne pas aller jusqu'à leur transmettre les textes et grandes lignes du cours avant les séances et faire ce qu'on appelle de la "pédagogie inversée" ? Ça me tente beaucoup, personnellement. Démonter l'alternative cours magistral/débat... Ça demande à être rodé et bien encadré, mais ça demande surtout à être testé

Quant au problème de l'accès à internet... je suis moi-même à la fois partisan d'un abandon de l'informatique et fervent défenseur de nos amis les arbres, donc autant vous dire qu'à part générer des antinomies... (Enfin, les tablettes DE CIRE, ce serait optimal : adiou les matériaux polluants, adiou la déforestation, bonjour la protection des abeilles  )

Mon prof de philo de terminale en avait un et il s'est fait tirer les oreilles par la conseillère principale d'éducation (qui détestait tout ce qui sort de l'ordinaire), c'est dommage car ce blog était assez utile pour nous, il nous y renvoyait régulièrement.

Ceci dit, c'était en 2009 et on peut espérer que la méfiance envers internet est moins paranoïaque qu'à l'époque. On sait qu'on peut l'utiliser avec discernement.

Donc je pense que ça peut être très profitable pour tes élèves!

Je ne sais pas si tu as décidé de mettre en œuvre cette idée de blog, mais j'ai découvert sur youtube l'émission cogito, qui remonte à un temps où le service public pouvait encore produire des émissions de qualité. Je verrais bien certaines de ces vidéos, qui présentent en moins d'un quart d'heure un penseur ou un courant de pensée de manière pédagogique, présentes sur un blog d'enseignant de philosophie. La projection en plein cours me paraît également envisageable.
Le lien ici :
https://www.youtube.com/watch?v=s_4S7yiDMAw

Ah, tiens, je ne connaissais pas. Merci pour le lien

Levincent, j'ai finalement ouvert un blog cette année, oui! J'y mets des "bonus", rien d'obligatoire. Les élèves semblent en être friands.

J'hésite à mettre la vidéo sur Epictète, car mes Technos planchent jusqu'à mardi sur un ses textes, je ne voudrais pas que ceux qui n'ont pas accès à internet se pensent pénalisés... Dès qu'ils ont rendu l'explication, je posterai cette vidéo. Merci!