Copie de CAPES session 2015 (dissertation notée 12/20)

Comme une réminiscence de ma ténacité, j'ai reçu hier matin mes copies de CAPES session 2015.
Je partage ici ma dissertation.

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Sujet : Peut-on tirer des leçons de l'histoire?

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Introduction


Karl Marx affirmait l'importance de la connaissance historique par une formule demeurée célèbre : "celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre." Une telle assertion suppose qu'il est possible de tirer des leçons de l'histoire du fait qu'elle se répète d'elle-même si nous ne nous inscrivons pas activement en son sein.
Dès lors, nous percevons la difficulté inhérente à un tel enseignement puisque rien n'indique qu'il soit nécessairement ou uniquement d'ordre théorique. Il semble en effet que nous soyons pris dans ce temps historique puisque l'histoire avance toujours indépendamment de notre existence singulière. C'est donc à la difficulté d'articuler l'universel au singulier qu'un tel questionnement nous invite à nous confronter. Il s'agit en effet de déterminer s'il est possible, depuis notre existence particulière et subjective, de retirer un enseignement de ce qui se présente comme entité formant une totalité ; l'histoire, et dans laquelle nous sommes inexorablement pris.
Ainsi, c'est en tant que sujet à la fois singulier et donc partiellement séparé de cette totalité, mais en même temps universel car appartenant à l'histoire comme partie, qu'il nous est possible de répondre à la question; c'est-à-dire depuis ce paradoxe. Car l'histoire est elle-même paradoxale par sa double condition d'objectivité et de subjectivité ; si elle relate des faits réels, elle est également interprétative dès lors qu'elle se constitue comme un enseignement. En effet, chez les historiens eux-mêmes il existe de nombreux désaccords sur ces faits et ces décisions théoriques sont souvent au service d'enjeux qui dépassent l'objectivité historique et sont liées à des conceptions politiques.
En ce sens, l'exigence "d'apprendre ses leçons d'histoire" renvoie également à une exigence d'adhésion à une certaine vision de l'histoire délivrée par d'autres que soi. Le problème de la possibilité de tirer des leçons de  l'histoire est donc contextuel puisqu'il s'agit nécessairement de le faire depuis un certain contexte : le nôtre.
Effectivement nous n'avons accès aux connaissances historiques que par médiation puisque nous vivons dans notre propre temporalité et notre propre espace. Cela signifie, en termes kantiens, que nous n'avons pas accès à l'histoire comme une chose-en-soi mais bien comme un phénomène, c'est-à-dire perçue sous un certain point de vue avec ses perspectives.
C'est avec cette conscience d'impossibilité d'une objectivité absolue qu'il convient d'examiner s'il est ou non possible de tirer des leçons de l'histoire afin de montrer qu'une telle exigence ne signifie pas autre chose que la possibilité de s'inscrire en elle.


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Partie 1

La première condition de possibilité de tirer des leçons de l'histoire est celle de la finalité. Il apparaît en effet que si l'histoire se déroule selon un plan qu'il est possible de dévoiler, nous pourrons en tirer des leçons. Cette découverte d'un plan caché de l'histoire semble avoir pour objectif l'action puisque la connaissance du déroulement des événements permettrait de prédire le futur et donc d'agir sur lui depuis le présent. Il y a donc un enjeu politique à une telle saisie puisqu'elle est ce qui permet de voir cette fameuse répétabilité dans les événements et d'agir de manière à ce qu'ils tournent à notre avantage. En ce sens, tirer des leçons de l'histoire se rapporte à une vertu aristotélicienne définie par la prudence qui désigne une attitude clairvoyante capable de délibérer sur les actions d'après les données qui sont en notre possession. Ainsi, la capacité à tirer des leçons de l'histoire, dès lors que l'on comprend son plan, permet de nous extraire de notre présent en devenant prévoyant ou prudent. En somme, c'est une faculté qui permet de lier dans le présent de l'action, le passé et le futur.


(j'écrirai la suite plus tard)

La suite...

Merci pour le partage, c'est toujours très instructif de lire des copies pour se rendre compte du niveau demandé. J'attends également la suite.
H.

Oops.
Vos demandes me font plaisir mais j'avoue avoir égaré ces fameuses copies du CAPES que j'avais pourtant demandées.
Je les ai prêtées entre-temps et on me les a pourtant rendues mais je ne sais plus ce que j'en ai fait (je perds tout en ce moment lol).


Je vais donc donner un conseil personnel qui sort des sentiers battus : je pense que pour le CAPES - qui est une épreuve sur cinq heures seulement - le meilleur moyen est de foncer.
Il ne faut surtout pas perdre de temps au brouillon (je n'ai fait aucun brouillon pour cette dissertation là d'ailleurs).
Pour cela, il faut travailler beaucoup en amont sur les notions de terminale, connaître quelques auteurs centraux au programme (dans les grandes lignes) et s'appuyer sur ce qu'on connaît bien pour gagner des points.

J'ai construit une problématique autour de la questions de l'universel et du singulier et je finissais ma troisième partie par un texte très précis de Sartre dans lequel il parle de Kierkegaard et de sa conception de l'histoire "L'universel singulier" (une conférence prononcée à l'UNESCO en 1964 que vous trouverez facilement dans ses Situations).

Et dans ma conclusion, j'ai terminé par le "De te fabula narratur" de Horace repris par Kierkegaard : c'est de toi dont parle l'histoire.
On ne peut tirer des leçons de l'histoire qu'à condition de se sentir concerné en première personne, ce qui permettait de renverser le "on" impersonnel du sujet en chacun de nous comme individu transhistorique mais pris dans l'histoire.

Ce qui a joué c'est aussi que je connaissais très bien la seconde considération intempestive de Nietzsche qui m'a servi dans ma seconde partie (j'ai pu citer le texte très précisément de mémoire, j'avais relu le texte la veille car je me doutais que ça pouvait tomber sur l'histoire cette année).

J'avais aussi introduit au cours de mon propos une référence artistique (l'Angelus Novus de Paul Klee dont parle Walter Benjamin dans son essai Sur le concept d'histoire) et une référence littéraire (le Faust de Goethe). Tout cela donne de la "chair" au propos et un sentiment de culture commune (les profs qui m'ont entraîné à l'oral m'ont dit que c'était très important que le jury éprouve ce sentiment là).

Par ailleurs il ne faut pas hésiter à défendre une thèse très personnelle du moment qu'elle est claire et recevable et qu'elle répond au problème posé, c'est ce que j'ai fait et ça a payé. Le jury doit aussi avoir le sentiment qu'on s'engage pleinement et pas qu'on essaie de contourner le problème ni qu'on a peur. Il y a quelque chose de l'ordre du grand saut, penser (vraiment) est une aventure!

et tu as réussi l'oral?

J'y suis allé comme ça aussi, avec l'impression de ramer et être peu enthousiaste pour les sujets proposés...et j'ai 12 aussi à la dissertation...sans avoir vraiment révisé...
L'impression de patauger dans mes références ( genre , ne plus savoir ce qu'à écrit exactement hérodote, thucydide, vague idée de ce qu'à écrit machiavel, même les différentes histoires selon Nietzsche) bref, limite du bluff...
Bref, un boulot de tâcheron à mon sens, l'inverse de l'agrégation où j'ai enthousiaste pour les sujets de dissertation et où j'avais proposé une réflexion travaillée et personnelle et ça n'a pas marché...

Oui mais il y a une énorme différence de niveau pour l'agrégation - j'en ai pris conscience car comme toi j'ai pourtant l'impression d'avoir produit des copies de niveau supérieur pour l'agrégation (j'ai pourtant eu 7 aux trois épreuves...)
En comparaison, au CAPES (et surtout vu le nombre de postes en ce moment), il s'agit juste de montrer qu'on est un minimum investi sérieusement dans la philosophie.

D'ailleurs on se "connaît" via un autre forum (celui destiné aux concours de l'enseignement de la philosophie).

Donc non, je n'ai pas été admis et pas du tout surpris de ne pas l'être (à cause de mon fameux foirage sur l'explication de texte à l'oral). Pourtant, au final, il me manquait un point seulement pour l'être...

Cette année, à l'écrit du CAPES, je vois bien tomber un sujet transversal autour de la question de la vérité qui recouperait à la fois l'épistémologie et la morale.
Et pour le texte je ne sais pas...peut-être un auteur de l'antiquité.

ouais, des pronostics sur les sujets de concours, je n'en fais jamais...en général, ça tombe à côté...
Je constate aussi que les notes sont souvent éliminatoires entre ceux qui vont à l'oral et ceux qui n'y vont pas...après ceux qui y vont , il commence y avoir un classement...et que ça ne veut pas dire grand chose...

Moi, j'a foiré l'oral...je le comprends mais les notes étaient juste assassines et pas justes ( j'ai relu mes brouillons) mais je vais pas revenir là-dessus

Désolé mais j'ai le sentiment inverse : j'ai vraiment eu le sentiment qu'ils lâchaient facilement les points à l'oral pour peu qu'on se plie aux règles du jeu.
Après on ne pourra jamais saisir tous les paramètres qui jouent...

Je croyais que c'était tendu d'avoir la moyenne en grande leçon et en fait avec un peu d'articulation et de problématisation, je me suis retrouvé avec une très bonne note.

Quant à ma taule sur le texte, j'en suis totalement responsable car j'ai complètement perdu les pédales devant le jury et je trouve encore très bienveillante la note qu'ils ont mis pour un tel foirage...

Ceci pour ne pas désespérer les futurs admissibles.

Si on comprend les règles du jeu...

bref, de toute façon, j'ai déjà tourné le dos à l'enseignement...vu la tournure que ça prend, étant donné que j'ai trouvé un travail stable en musée..., je ne suis pas prêt à y retourner.

Depuis que je vais sur ce forum ( et non sur l'autre de philo), et contrairement à l'autre, je constate que mon ressenti négatif sur l'évolution de l'enseignement n'est pas isolé, que nombre de prof cherchent à se reconvertir et y parviennent...
Et je me vois réconforté dans mes choix...

Et que la différence entre ce qui est fait à la fac/ ce qui est attendu en concours/ ce qui se passe en établissement me paraît débouché sur une schizophrénie importante et pas vivable pour moi.
A rajouter le délitement général de l'éducation nationale où les profs subissent les dysfonctionnements des personnels d'encadrement et des élèves, et sont des bouc-émissaires...
l'enjeu étant la gestion de classe qui est de plus en plus compliquée puisqu'on a laissé faire et laissé la responsabilité au prof seul...
Ces éléments rendent complètement hasardeux une carrière et une vie professionnelle sans encombre.

Mais bon, continuons de parler ad nauseam de ce qu'il faudrait mettre ou pas en troisième partie d'une dissert...car l'enjeu est loin d'être là.

Du point de vue de l'enseignement c'est vrai.
Après, il faut bien débuter un jour avec un travail stable et de ce point de vue je vois le CAPES comme une relative aubaine disons...

Question un peu perso : si tu as trouvé un job stable en musée pourquoi tu continues à t'inscrire et à passer les concours de l'enseignement ad vitam ad eternam ad nauseam ?

Question subsidiaire, que penser de quelqu'un qui noircit chaque jour dix pavés pour dire de toutes les façons possibles que l'unique sujet qu'il y aborde ne mérite pas qu'on y consacre son temps?

Au fait, j'ai également fait une demande pour voir mes copies de capes (demande envoyée mi-octobre) mais je n'ai rien reçu. Est-ce normal ou ai-je fait ma demande trop tard ?

Je ne sais pas : demande envoyée début septembre et copies reçues une dizaine de jours après.

Une dizaine de jours après ? Waouh ! Ça fait deux mois que j'attends une réponse...
J'ai demandé qu'on m'envoie mes copies car, même si j'ai réussi mon capes, j'ai trouvé une de mes notes exagérément basse par rapport à ce que j'ai l'habitude d'obtenir. Ça se trouve, il y a eu une erreur et ils essayent de la camoufler ?

Je ne pense pas, même si on ne sait jamais^^
Oui c'est bizarre, j'imagine que ça dépend des périodes mais les voies des administrations en tout genre sont (hélàs) impénétrables...

Félicitations en tout cas!

novabulma a écrit:Une dizaine de jours après ? Waouh ! Ça fait deux mois que j'attends une réponse...
J'ai demandé qu'on m'envoie mes copies car, même si j'ai réussi mon capes, j'ai trouvé une de mes notes exagérément basse par rapport à ce que j'ai l'habitude d'obtenir. Ça se trouve, il y a eu une erreur et ils essayent de la camoufler ?

As-tu bien respecté la procédure (enveloppe timbrée d'un format bien précis etc.)?

Oui j'ai mis dans mon courrier une enveloppe A4 affranchie à 2€25

PauvreYorick a écrit:Question subsidiaire, que penser de quelqu'un qui noircit chaque jour dix pavés pour dire de toutes les façons possibles que l'unique sujet qu'il y aborde ne mérite pas qu'on y consacre son temps?

c'est ce que disent à peu près beaucoup de profs qui viennent sur ce forum. A dire qu'ils font un métier qu'ils n'aiment , qu'ils veulent quitter ou les désagréments administratifs sont toujours plus insupportable?

D'ailleurs, j'hallucine moi-même de voir autant de personne qui s'évertuent dans une voie ou dans un métier qui les détruit à petit feu...

Après, je parle d'où je suis, c'est-à-dire quitter petit à petit le navire et de comprendre ( via la lecture de ce forum et échanges) comment cela a pu arriver à moi et aux autres....Et là, je commence à comprendre pleins de choses à cette lecture. Et je suis content de rencontrer de l'écho chez certains, et je me sens moins isolé...bref

jésus a écrit:

PauvreYorick a écrit:Question subsidiaire, que penser de quelqu'un qui noircit chaque jour dix pavés pour dire de toutes les façons possibles que l'unique sujet qu'il y aborde ne mérite pas qu'on y consacre son temps?

c'est ce que disent à peu près beaucoup de profs qui viennent sur ce forum. A dire qu'ils font un métier qu'ils n'aiment , qu'ils veulent quitter ou les désagréments administratifs sont toujours plus insupportable?

D'ailleurs, j'hallucine moi-même de voir autant de personne qui s'évertuent dans une voie ou dans un métier qui les détruit à petit feu...

Après, je parle d'où je suis, c'est-à-dire quitter petit à petit le navire et de comprendre ( via la lecture de ce forum et échanges) comment cela a pu arriver à moi et aux autres....Et là, je commence à comprendre pleins de choses à cette lecture. Et je suis content de rencontrer de l'écho chez certains, et je me sens moins isolé...bref

Quand on a dépassé la quarantaine il devient de plus en plus difficile, et hasardeux, de se reconvertir. D'autre part, un forum comme celui-ci sert entre autres de défouloir pour parler de toutes les tracasseries et dysfonctionnements que nous vivons au quotidien, cela ne veut pas dire que l'enseignement n'a que des côtés négatifs.

Ce que PY veut dire je pense, c'est que tu sembles garder une certaine rancœur contre le système des concours. Je ne connais pas les détails de ton expérience, mais les concours ont des règles assez claires et relativement transparentes, et ils ont le mérite d'éviter piston et copinage. Mais tu as trouvé un travail qui te convient, tant mieux et bravo.

Oui, et je m'étonnais, naïvement, que l'on puisse d'un côté avoir apparemment réglé personnellement la question, et de l'autre consacrer encore autant d'énergie à l'évoquer, d'une façon qui, de l'extérieur, apparaît compulsive.

Bonjour,
Eh bien, je suis vraiment perplexe : après avoir fait une demande de consultation de copie envoyée vers la mi-octobre, puis une relance envoyée le 23 décembre, je n'ai toujours rien reçu...
J'ai eu mon capes mais j'ai eu une note pour le moins inhabituelle qui m'a énormément surprise et j'aurais aimé vérifier s'il n'y a pas eu d'erreur dans l'enregistrement informatique des notes.
Du coup, je fais quoi ? Y-a-t'il un numéro de téléphone où joindre le service qui s'occupe de transmettre les copies ?

novabulma a écrit:Bonjour,
Eh bien, je suis vraiment perplexe : après avoir fait une demande de consultation de copie envoyée vers la mi-octobre, puis une relance envoyée le 23 décembre, je n'ai toujours rien reçu...
J'ai eu mon capes mais j'ai eu une note pour le moins inhabituelle qui m'a énormément surprise et j'aurais aimé vérifier s'il n'y a pas eu d'erreur dans l'enregistrement informatique des notes.
Du coup, je fais quoi ? Y-a-t'il un numéro de téléphone où joindre le service qui s'occupe de transmettre les copies ?

S'adresser au président du jury qui dans un premier temps pourra p-e donner des explications (ça marche mieux pour l'oral mais ne voyant pas venir la copie...).