Comment atteindre les objectifs du CECRL au lycée?

Bonjour à tous,

je vais être stagiaire au lycée à la rentrée et, en relisant les programmes, j'en suis venue à me demander comment atteindre certains objectifs du CECRL:

- tout d'abord, si tout ce qui concerne l'interaction orale paraît logique pour une langue vivante, comment parvenez-vous à faire travailler les élèves là-dessus dans le contexte de la classe? Il y a bien la solution d'une interaction avec des anglophones via les TICE, mais encore faut-il que les correspondants soient à peu près dans le même fuseau horaire. On peut aussi imaginer de simples échanges de mails, mais peut-on alors considérer qu'il s'agit d'"interaction," même si l'on est ici clairement plus dans l'oral?
Je suppose que l'on peut passer par des jeux interactifs (type jeux de rôles), mais est-ce justifiable au lycée? Par ailleurs, même si cette activité permet de l'interaction orale, il ne s'agit pas de quelque chose que l'on peut mettre en place de façon hebdomadaire.
D'où ma question: comment faire travailler l'interaction orale aux élèves, en particulier au lycée?

-je me suis également penchée sur les objectifs du CECRL du cycle terminal et il me semble que ceux-ci sont plus liés au développement de l'esprit critique qu'à de véritables compétences linguistiques à acquérir. Ma question est donc la suivante: comment travailler la critique de façon ludique ou, du moins, parvenir à proposer aux élèves des activités sous un angle qui peut les motiver.
Je donne des exemples plus précis du programme du cycle terminal qui, énoncés tels quels, ne me paraissent pas très stimulants:
   CO: comprendre l'essentiel d'une conférence.
   EE: synthétiser des informations; résumer une intrigue.
   EO: développer une argumentation.
Même si le sujet les intéresse, leur dire qu'on va écouter un podcast sur un film et qu'on va ensuite synthétiser les arguments soulevés n'est pas passionnant.

Mon embarras réside aussi dans le fait que le programme de seconde laisse encore une grande liberté de traitement quand celui du cycle terminal ne semble se concentrer que sur la critique (au sens scolaire du terme).

Merci à vous! ^^

Bonne question !

Peut-être envisager le travail avec un assistant si ton établissement en accueille ?
Pour le cycle terminal, essaie de les motiver en faisant apparaître leur critique ou résumé dans le journal de l'établissement (si,encore une fois, ils en ont un).

Je ne t'ai sûrement pas beaucoup aidé, mais je me pose les mêmes questions !

Pour l'interaction orale (IO pour les intimes), c'est effectivement ce qu'il y a de plus compliqué à faire travailler de manière à peu près naturelle. J'ai pour ma part recours aux jeux de rôles que tu mentionnes; ça passe encore en première, cela devient franchement artificiel en terminale.
Les lycées sont encouragés à être apparié avec un établissement étranger, et une majorité le sont avec des gymnasiums allemands; tu peux donc essayer de mettre en place des échanges avec les élèves de cet établissement partenaire via skype ou quelque chose de ce genre (c'est ce qui s'appelle une "mobilité virtuelle" dans le si poétique lexique pédagogique: on bouge, mais assis sur sa chaise ). C'est très coûteux en temps d'organisation, et ça a à mon sens un intérêt très limité.

Quant à la deuxième partie de ta question: le cycle terminal accorde effectivement une grande importance à l'acquisition de capacités critiques en LV. Tu veux rendre cela "ludique", et je ne vois pas comment cela peut être le cas; en revanche, il y a moyen de rendre cela intéressant: ce qui compte alors n'est pas la technique utilisée, mais le sujet abordé. Par exemple, admettons que dans "Mythes et héros" tu décides de traiter du personnage type du "gentle giant", pour changer de Rosa Parks et de Nelson Mandela: l'appareil critique ne permettra pas à tes élèves de décrire les principaux exemples, mais leur permettra en revanche de montrer ce que disent ces personnages des sociétés qui les ont créés.
Enfin, de la même manière, les descripteurs qui ne te paraissent pas stimulants font partie de ceux qui sont les plus importants pour les épreuves de bac, et même pour la vie professionnelle ou en relation avec les autres matières. Je pense qu'il ne faut pas hésiter à être explicite et à dire pourquoi on travaille telle compétence: d'expérience cela motive réellement les élèves, et c'est d'ailleurs dans la logique des tâches finales.

Le CECRL est très vague de toute manière, par exemple en PPC:
B1: exprimer une opinion personnelle
B2: exprimer avec finesse et précision une opinion personnelle
Quelle est la différence CONCRETEMENT entre les 2??

autre exemple:
B1: argumenter pour convaincre
B2: développer une argumentation claire, enchaîner les arguments avec logique
encore une fois, c'est le genre de truc qui "sonne" bien sur le papier mais qui ne veux pas dire grand chose en réalité

Compréhension orale:
B1: comprendre les points principaux
B2: comprendre l'essentiel
n'est-ce pas la même chose formulée différemment??

Il faut faire un gros travail d'analyse du CECR pour bien pouvoir travailler avec. Dès que je suis sur ordi, je mets en ligne les deux livrets d'évaluation que j'ai conçus pour les secondes et le cycle terminal, à titre indicatif.
Même en cycle terminal, il ne faut ps négliger la maîtrise lexicale et grammaticale. Quant à l'insistance sur l'esprit critique pour le cycle terminal, c'est en fait surtout un critère de niveau: plus on avance dans la maîtrise d'une langue, mieux on décode l'implicite.

Chertea a écrit:Le CECRL est très vague de toute manière, par exemple en PPC:
B1: exprimer une opinion personnelle
B2: exprimer avec finesse et précision une opinion personnelle
Quelle est la différence CONCRETEMENT entre les 2??

autre exemple:
B1: argumenter pour convaincre
B2: développer une argumentation claire, enchaîner les arguments avec logique
encore une fois, c'est le genre de truc qui "sonne" bien sur le papier mais qui ne veux pas dire grand chose en réalité

Compréhension orale:
B1: comprendre les points principaux
B2: comprendre l'essentiel
n'est-ce pas la même chose formulée différemment??

Il n'y a pas de différences fondamentales, c'est une question de degrés, de précision: concessions, présence de connecteurs logiques, qualités des exemples, nombre d'éléments compris... De toutes façons, ce sont des indications, on ne peut pas mesurer des compétences avec un pied à coulisse!

Le CECR est suffisamment vague et précis à la fois pour que ce soit un outil relativement fiable et adaptable selon les besoins du professeur.

Merci pour vos réponses!

C'est vrai que, finalement, l'assistant de langue est le meilleur moyen de mettre en place ces IO (^^). En tant qu'élève, je ne voyais pas trop l'intérêt, mais aujourd'hui tout s'explique!

@ Dorian Gray: pourquoi trouves-tu que l'intérêt de la mobilité virtuelle est limité? Parce que trop peu de séances sont mises en place? trop courtes? trop déconnectées du travail fait en classe? les élèves ne parviennent pas à "parler" avec leur correspondant sans but défini dans le cours?

@ holderfar: merci pour tes livrets d'évaluation, ça me serait en effet très utile

Sinon, autre question: dans la réalité, quelle partie/pourcentage de votre cours dédiez-vous à l'oral (qu'il s'agisse de compréhension ou expression en continu)?

Je ne veux pas décourager les bonnes volontés, mais plutôt vous éviter de passer par des phases de désespoir ou d'énervement comme cela était encore mon cas il y a quelques années mais arrivé en cycle terminal et à moins de fournir un peu de travail personnel, un élève très faible ( A2 par exemple) va régresser et n'atteindra ni B1 ni B2. Les deux heures de cours hebdomadaires que l'on nous octroie, à nous, mais aussi aux aspirants bacheliers sont insuffisantes pour faire des progrès. Or un élève en échec depuis plusieurs années et parfois si démotivé qu'il abandonne la matière (surtout dans les sections scientifiques où le coef à l'examen est trop faible).
A partir de là, ce n'est pas l'enseignant qui peut parvenir aux exigences du CECRL, mais bien chaque candidat au bac qui suivra les conseils, sites, et pratiquera en CO à partir des liens donnés par le prof...

Bonjour kiki97, tu poses là en effet une question tout aussi pertinente que louable.

C'est en professeur de collège (très heureux de ne pas enseigner en lycée) que je te me permets de te répondre, plus précisément en ce qui concerne le couple POI /PPC: normalement les élèves que tu vas rencontrer en 2nde en auront fait déjà beaucoup au collège.

Je ne peux parler que de ce que je connais, mais chez nous (= collège "normal" +, mes collègues et moi-même travaillons essentiellement les compétences qui relèvent de l'oral, au cycle 4, càd: CO/PO que cette derniàre soit en continu ou en interaction.

D'une manière ou d'une autre, que ce soit lors d'une tâche intermédiaire ou finale, les élèves auront fait beaucoup de "pair/groupwork" et des mini exposés.

Bien sûr nous travaillons aussi l'écrit, surtout au palier 2, mais force est de constater -surtout depuis 2006 = l'arrivée des tâches finales et tout le reste!- que les élèves que nous envoyons en 2nde GT ont un bagage lexical & grammatical considérablement réduit par rapport à quand je suis arrivé sur ce poste au début des années 2000

(pour ne te donner que quelques exemples, à l'époque ils arrivaient en 2nde en ayant déjà vu: used to - la différence entre les 2 present perfect - le passif à tous les temps - les modaux au passé/futur ...).


Certes, maintenant, ils sont mieux entraînés à la CO et les meilleurs auront des acquis en termes de stratégie d'accès au sens, il n'en demeure cependant, qu'à mon sens, ton travail devra quand même les amener à travailler davantage l'écrit (cf les épreuves du BAC) => il y a bien une épreuve de CO au BAC mais en interne!, enrichir leur lexique (en réception ET en production), reprendre et approfondir la grammaire mais surtout - et c'est bien là que vous avez un vrai défi à relever - les amener à réfléchir à autre chose que ces niaiseries que sont "l'ici et l'ailleurs"!

Au moins, au lycée, tu auras l'occasion de monter des séquences avec des problématiques et des contenus culturels un peu plus pointus et intéressants

(sauf que, comme le mentionnait un collègue, cela sera bien souvent avec un horaire absurde, des groupes à 35, et beaucoup d'élèves d'un niveau A2 en général)

Mode HS on

Comment parvenir à passer de A2 à B2 en 3 ans alors qu'ils sont péniblement passés de A(rien) à A2 en 5 ou 6 ans?

Spoiler:

@ Panta Rhei: merci pour cette réponse très détaillée.
En ce qui concerne le niveau des élèves LV1 en fin collège (palier 2), il n'est donc pas B1 comme théoriquement? Je pensais que mon travail avec les secondes serait de consolider les compétences des élèves de niveau B1 et d'essayer de raccrocher ceux un peu en-dessous!?!

Oh, il va plutôt s'agir, pour la plupart, de consolider le niveau A2 et essayer de raccrocher ceux qui sont en-dessous (il y en aura!). Puis essayer d'en amener le plus possible au niveau B1 d'ici la fin de l'année.
Enfin, les collègues de lycée confirmeront (ou pas).

Panta Rhei a écrit:Bonjour kiki97, tu poses là en effet une question tout aussi pertinente que louable.

C'est en professeur de collège (très heureux de ne pas enseigner en lycée) que je te me permets de te répondre, plus précisément en ce qui concerne le couple POI /PPC: normalement les élèves que tu vas rencontrer en 2nde en auront fait déjà beaucoup au collège.

Je ne peux parler que de ce que je connais, mais chez nous (= collège "normal" +, mes collègues et moi-même travaillons essentiellement les compétences qui relèvent de l'oral, au cycle 4, càd: CO/PO que cette derniàre soit en continu ou en interaction.

D'une manière ou d'une autre, que ce soit lors d'une tâche intermédiaire ou finale, les élèves auront fait beaucoup de "pair/groupwork" et des mini exposés.

Bien sûr nous travaillons aussi l'écrit, surtout au palier 2, mais force est de constater -surtout depuis 2006 = l'arrivée des tâches finales et tout le reste!- que les élèves que nous envoyons en 2nde GT ont un bagage lexical & grammatical considérablement réduit par rapport à quand je suis arrivé sur ce poste au début des années 2000

(pour ne te donner que quelques exemples, à l'époque ils arrivaient en 2nde en ayant déjà vu: used to - la différence entre les 2 present perfect - le passif à tous les temps - les modaux au passé/futur ...).


Certes, maintenant, ils sont mieux entraînés à la CO et les meilleurs auront des acquis en termes de stratégie d'accès au sens, il n'en demeure cependant, qu'à mon sens, ton travail devra quand même les amener à travailler davantage l'écrit (cf les épreuves du BAC) => il y a bien une épreuve de CO au BAC mais en interne!, enrichir leur lexique (en réception ET en production), reprendre et approfondir la grammaire mais surtout - et c'est bien là que vous avez un vrai défi à relever - les amener à réfléchir à autre chose que ces niaiseries que sont "l'ici et l'ailleurs"!

Au moins, au lycée, tu auras l'occasion de monter des séquences avec des problématiques et des contenus culturels un peu plus pointus et intéressants

(sauf que, comme le mentionnait un collègue, cela sera bien souvent avec un horaire absurde, des groupes à 35, et beaucoup d'élèves d'un niveau A2 en général)

Mode HS on

Comment parvenir à passer de A2 à B2 en 3 ans alors qu'ils sont péniblement passés de A(rien) à A2 en 5 ou 6 ans?

Spoiler:

En collège également, même constat.

kensington a écrit:Oh, il va plutôt s'agir, pour la plupart, de consolider le niveau A2 et essayer de raccrocher ceux qui sont en-dessous (il y en aura!). Puis essayer d'en amener le plus possible au niveau B1 d'ici la fin d l'année.
Enfin, les collègues de lycée confirmeront (ou pas).

C'est bien cela. En seconde, les classes sont en général très hétérogènes, différencier un peu me semble de plus en plus indispensable.
Comme promis (tardivement, désolée), voilà ce que j'utilise pour expliquer aux élèves ce que j'attends d'eux et les aider à s'auto-évaluer:
https://drive.google.com/file/d/0B3mZgCSL79EKcHFZcDJ3dnZFZVk/view?usp=docslist_api (secondes)
https://drive.google.com/file/d/0B3mZgCSL79EKS3hEREtra3dkS3c/edit?usp=docslist_api (cycle terminal)
Et je fais remplir ceci aux secondes. Ça me donne en général des indications précises sur chaque élève:
https://drive.google.com/file/d/0B3mZgCSL79EKanVQdjVSeW91eTQ/edit?usp=docslist_api

Panta Rhei a écrit: force est de constater -surtout depuis 2006 = l'arrivée des tâches finales et tout le reste!- que les élèves que nous envoyons en 2nde GT ont un bagage lexical & grammatical considérablement réduit par rapport à quand je suis arrivé sur ce poste au début des années 2000

100% d'accord

isabe a écrit:

Panta Rhei a écrit: force est de constater -surtout depuis 2006 = l'arrivée des tâches finales et tout le reste!- que les élèves que nous envoyons en 2nde GT ont un bagage lexical & grammatical considérablement réduit par rapport à quand je suis arrivé sur ce poste au début des années 2000

100% d'accord

Je suis d'accord aussi. Comme par ailleurs nous évaluons aussi par tâches au lycée, l'évaluation du bagage lexical et grammatical est réduite (part dans chaque évaluation ET fréquences). Je ne me prive cependant pas de petites interrogations de cours pour stimuler l'apprentissage. Le coefficient attribué aux langues à l'examen du baccalauréat, à l'exception peut-être des sections L, est trop faible pour qu'un élève même moyen et même visant une classe prépa après le bac s'investisse suffisamment pour progresser surtout s'il connaît par ailleurs des difficultés dans d'autres disciplines. Il n'est pas rare que certains élèves n'aient pas atteint le niveau A2, surtout en PE, à l'entrée de terminale. Il y a par ailleurs un gros problème entre l'usage que l'on peut faire d'une langue étrangère dans la vie professionnelle ou personnelle et certaines tâches encore possibles au bac: écrire un dialogue, c'est déjà une chose que peu de personnes sont amenées à faire dans leur langue maternelle, encore moins dans une langue seconde!

@ holderfar: merci pour les docs! ^^