- KatzeNiveau 1
Bonjour,
Je souhaiterais réaliser une séquence consacrée à la poésie pour une classe de 6ème en étudiant des poèmes ayant pour thème la mer/plage/animaux marins. En effet, l'établissement où je suis organise une sortie d'intégration pour les classes de 6èmes à la mer + musée de la nature à la rentrée, du coup je voulais rester un peu dans ce thème pour les premiers cours comme le fait ma tutrice.
Auriez-vous des références de poèmes sur ce thème exploitables en 6ème à me conseiller ?
Je n'ai retenu pour le moment que "En bateau" de Verlaine et "La Baleine" de Desnos.
Merci
Je souhaiterais réaliser une séquence consacrée à la poésie pour une classe de 6ème en étudiant des poèmes ayant pour thème la mer/plage/animaux marins. En effet, l'établissement où je suis organise une sortie d'intégration pour les classes de 6èmes à la mer + musée de la nature à la rentrée, du coup je voulais rester un peu dans ce thème pour les premiers cours comme le fait ma tutrice.
Auriez-vous des références de poèmes sur ce thème exploitables en 6ème à me conseiller ?
Je n'ai retenu pour le moment que "En bateau" de Verlaine et "La Baleine" de Desnos.
Merci
- VicomteDeValmontGrand sage
Tu as "L'homme et la mer" de Baudelaire. Mais ça risque d'être difficile pour des 6eme.
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
_________________
Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
- Salammb0Expert
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage de Marbeuf qui est très beau et accessible (à mettre en parallèle avec le Cantique des cantiques, éventuellement, quand l'image de la mer ne pouvant éteindre l'amour est évoquée). Lamartine a écrit quelques vers sur la mer aussi dans les Nouvelles Méditations poétiques. Il y a La Mer de Sully Prud'homme, et enfin Brise Marine. Si tu veux un calligramme qui a trait au sujet, il y a un calligramme ancre chez Jean Lescure.
- KatzeNiveau 1
Merci à vous deux pour vos réponses !
J'y ai pensé aussi et je le trouve très beau mais comme toi, je crois que ça va être trop difficile pour une initiation à la poésie.
Le poème de Marbeuf est top et j'aime beaucoup le calligramme de Lescure. Je prendrai aussi sans doute quelques extraits de Lamartine. Merci !
VicomteDeValmont a écrit:Tu as "L'homme et la mer" de Baudelaire. Mais ça risque d'être difficile pour des 6eme.
J'y ai pensé aussi et je le trouve très beau mais comme toi, je crois que ça va être trop difficile pour une initiation à la poésie.
Le poème de Marbeuf est top et j'aime beaucoup le calligramme de Lescure. Je prendrai aussi sans doute quelques extraits de Lamartine. Merci !
- DuplayExpert
De l'un de mes chouchoux, deux superbes poèmes :
Au Nord
Deux vieux marins des mers du Nord
S’en revenaient, un soir d’automne,
De la Sicile et de ses îles souveraines,
Avec un peuple de Sirènes,
A bord.
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient leur fiord,
Parmi les brumes mensongères,
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient le Nord
Sous un vent morne et monotone,
Un soir de tristesse et d’automne.
De la rive, les gens du port
Les regardaient, sans faire un signe :
Aux cordages le long des mâts,
Les Sirènes, couvertes d’or,
Tordaient, comme des vignes,
Les lignes
Sinueuses de leurs corps.
Et les gens se taisaient, ne sachant pas
Ce qui venait de l’océan, là-bas,
A travers brumes ;
Le navire voguait comme un panier d’argent
Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant
Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume.
Les Sirènes chantaient
Dans les cordages du navire,
Les bras tendus en lyres,
Les seins levés comme des feux ;
Les Sirènes chantaient
Devant le soir houleux,
Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ;
Les Sirènes chantaient,
Le corps serré autour des mâts,
Mais les hommes du port, frustes et taciturnes,
Ne les entendaient pas.
Ils ne reconnurent ni leurs amis
- Les deux marins - ni le navire de leur pays,
Ni les focs, ni les voiles
Dont ils avaient cousu la toile ;
Ils ne comprirent rien à ce grand songe
Qui enchantait la mer de ses voyages,
Puisqu’il n’était pas le même mensonge
Qu’on enseignait dans leur village ;
Et le navire auprès du bord
Passa, les alléchant vers sa merveille,
Sans que personne, entre les treilles,
Ne recueillît les fruits de chair et l’or.
Le voyage
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,
An fouet soudain des montantes marées !
Oh ce regonflement de vie immense et lourd
Et ces grands flots, oiseaux d’écume,
Qui s’abattent du large, en un effroi de plumes,
Et reviennent sans cesse et repartent toujours !
La mer est belle et claire et pleine de voyages.
A quoi bon s’attarder près des phares du soir
Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs
Réverbérer au loin des lumières trop sages ?
La mer est belle et claire et pleine de voyages
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :
L’inconnu est seul roi des volontés sauvages.
Partez, partez, sans regarder qui vous regarde,
Sans nuls adieux tristes et doux,
Partez, avec le seul amour en vous
De l’étendue éclatante et hagarde.
Oh voir ce que personne, avec ses yeux humains,
Avant vos yeux à vous, dardés et volontaires,
N’a vu ! voir et surprendre et dompter un mystère
Et le résoudre et tout à coup s’en revenir,
Du bout des mers de la terre,
Vers l’avenir,
Avec les dépouilles de ce mystère
Triomphales, entre les mains !
Ou bien là-bas, se frayer des chemins,
A travers des forêts que la peur accapare
Dieu sait vers quels tourbillonnants essaims
De peuples nains, défiants et bizarres.
Et pénétrer leurs moeurs, leur race et leur esprit
Et surprendre leur culte et ses tortures,
Pour éclairer, dans ses recoins et dans sa nuit,
Toute la sournoise étrangeté de la nature !
Oh ! les torridités du Sud - ou bien encor
La pâle et lucide splendeur des pôles
Que le monde retient, sur ses épaules,
Depuis combien de milliers d’ans, au Nord ?
Dites, l’errance au loin en des ténèbres claires,
Et les minuits monumentaux des gels polaires,
Et l’hivernage, au fond d’un large bateau blanc,
Et les étaux du froid qui font craquer ses flancs,
Et la neige qui choit, comme une somnolence,
Des jours, des jours, des jours, dans le total silence.
Dites, agoniser là-bas, mais néanmoins,
Avec son seul orgueil têtu, comme témoin,
Vivre pour s’en aller - dès que le printemps rouge
Aura cassé l’hiver compact qui déjà bouge -
Trouer toujours plus loin ces blocs de gel uni
Et rencontrer, malgré les volontés adverses,
Quand même, un jour, ce chemin qui traverse,
De part en part, le coeur glacé de l’infini.
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain dorment encor…
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées
Aux coups de fouet soudains des montantes marées !
Emile VERHAEREN
Au Nord
Deux vieux marins des mers du Nord
S’en revenaient, un soir d’automne,
De la Sicile et de ses îles souveraines,
Avec un peuple de Sirènes,
A bord.
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient leur fiord,
Parmi les brumes mensongères,
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient le Nord
Sous un vent morne et monotone,
Un soir de tristesse et d’automne.
De la rive, les gens du port
Les regardaient, sans faire un signe :
Aux cordages le long des mâts,
Les Sirènes, couvertes d’or,
Tordaient, comme des vignes,
Les lignes
Sinueuses de leurs corps.
Et les gens se taisaient, ne sachant pas
Ce qui venait de l’océan, là-bas,
A travers brumes ;
Le navire voguait comme un panier d’argent
Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant
Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume.
Les Sirènes chantaient
Dans les cordages du navire,
Les bras tendus en lyres,
Les seins levés comme des feux ;
Les Sirènes chantaient
Devant le soir houleux,
Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ;
Les Sirènes chantaient,
Le corps serré autour des mâts,
Mais les hommes du port, frustes et taciturnes,
Ne les entendaient pas.
Ils ne reconnurent ni leurs amis
- Les deux marins - ni le navire de leur pays,
Ni les focs, ni les voiles
Dont ils avaient cousu la toile ;
Ils ne comprirent rien à ce grand songe
Qui enchantait la mer de ses voyages,
Puisqu’il n’était pas le même mensonge
Qu’on enseignait dans leur village ;
Et le navire auprès du bord
Passa, les alléchant vers sa merveille,
Sans que personne, entre les treilles,
Ne recueillît les fruits de chair et l’or.
Le voyage
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,
An fouet soudain des montantes marées !
Oh ce regonflement de vie immense et lourd
Et ces grands flots, oiseaux d’écume,
Qui s’abattent du large, en un effroi de plumes,
Et reviennent sans cesse et repartent toujours !
La mer est belle et claire et pleine de voyages.
A quoi bon s’attarder près des phares du soir
Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs
Réverbérer au loin des lumières trop sages ?
La mer est belle et claire et pleine de voyages
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :
L’inconnu est seul roi des volontés sauvages.
Partez, partez, sans regarder qui vous regarde,
Sans nuls adieux tristes et doux,
Partez, avec le seul amour en vous
De l’étendue éclatante et hagarde.
Oh voir ce que personne, avec ses yeux humains,
Avant vos yeux à vous, dardés et volontaires,
N’a vu ! voir et surprendre et dompter un mystère
Et le résoudre et tout à coup s’en revenir,
Du bout des mers de la terre,
Vers l’avenir,
Avec les dépouilles de ce mystère
Triomphales, entre les mains !
Ou bien là-bas, se frayer des chemins,
A travers des forêts que la peur accapare
Dieu sait vers quels tourbillonnants essaims
De peuples nains, défiants et bizarres.
Et pénétrer leurs moeurs, leur race et leur esprit
Et surprendre leur culte et ses tortures,
Pour éclairer, dans ses recoins et dans sa nuit,
Toute la sournoise étrangeté de la nature !
Oh ! les torridités du Sud - ou bien encor
La pâle et lucide splendeur des pôles
Que le monde retient, sur ses épaules,
Depuis combien de milliers d’ans, au Nord ?
Dites, l’errance au loin en des ténèbres claires,
Et les minuits monumentaux des gels polaires,
Et l’hivernage, au fond d’un large bateau blanc,
Et les étaux du froid qui font craquer ses flancs,
Et la neige qui choit, comme une somnolence,
Des jours, des jours, des jours, dans le total silence.
Dites, agoniser là-bas, mais néanmoins,
Avec son seul orgueil têtu, comme témoin,
Vivre pour s’en aller - dès que le printemps rouge
Aura cassé l’hiver compact qui déjà bouge -
Trouer toujours plus loin ces blocs de gel uni
Et rencontrer, malgré les volontés adverses,
Quand même, un jour, ce chemin qui traverse,
De part en part, le coeur glacé de l’infini.
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain dorment encor…
Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées
Aux coups de fouet soudains des montantes marées !
Emile VERHAEREN
- Salammb0Expert
Katze a écrit:Merci à vous deux pour vos réponses !VicomteDeValmont a écrit:Tu as "L'homme et la mer" de Baudelaire. Mais ça risque d'être difficile pour des 6eme.
J'y ai pensé aussi et je le trouve très beau mais comme toi, je crois que ça va être trop difficile pour une initiation à la poésie.
Le poème de Marbeuf est top et j'aime beaucoup le calligramme de Lescure. Je prendrai aussi sans doute quelques extraits de Lamartine. Merci !
De rien
- DuplayExpert
Et de Cendrars :
Clair de Lune
On tangue on tangue sur le bateau
La lune la lune fait des cercles dans l’eau
Dans le ciel c’est le mât qui fait des cercles
Et désigne toutes les étoiles du doigt
Une jeune Argentine accoudée au bastingage
Rêve à Paris en contemplant les phares qui dessinent
la côte de France
Rêve à Paris qu’elle ne connaît qu’à peine et qu’elle
regrette déjà
Ces feux tournants fixes doubles colorés à éclipses lui
rappellent ceux qu’elle voyait de sa fenêtre d’hôtel sur
les Boulevards et lui promettent un prompt retour
Elle rêve de revenir bientôt en France et d’habiter Paris
Le bruit de ma machine à écrire l’empêche de mener son
rêve jusqu’au bout.
Ma belle machine à écrire qui sonne au bout de chaque
ligne et qui est aussi rapide qu’un jazz
Ma belle machine à écrire qui m’empêche de rêver à
bâbord comme à tribord
Et qui me fait suivre jusqu’au bout une idée
Mon idée
Blaise CENDRARS
Et un petit coucou à Delaunay en HdA au passage...
Clair de Lune
On tangue on tangue sur le bateau
La lune la lune fait des cercles dans l’eau
Dans le ciel c’est le mât qui fait des cercles
Et désigne toutes les étoiles du doigt
Une jeune Argentine accoudée au bastingage
Rêve à Paris en contemplant les phares qui dessinent
la côte de France
Rêve à Paris qu’elle ne connaît qu’à peine et qu’elle
regrette déjà
Ces feux tournants fixes doubles colorés à éclipses lui
rappellent ceux qu’elle voyait de sa fenêtre d’hôtel sur
les Boulevards et lui promettent un prompt retour
Elle rêve de revenir bientôt en France et d’habiter Paris
Le bruit de ma machine à écrire l’empêche de mener son
rêve jusqu’au bout.
Ma belle machine à écrire qui sonne au bout de chaque
ligne et qui est aussi rapide qu’un jazz
Ma belle machine à écrire qui m’empêche de rêver à
bâbord comme à tribord
Et qui me fait suivre jusqu’au bout une idée
Mon idée
Blaise CENDRARS
Et un petit coucou à Delaunay en HdA au passage...
- KatzeNiveau 1
Duplay : Merci beaucoup, j'aime bien le Cendrars, mais je crois que c'est malheureusement trop long pour des 6èmes, non ?
- DuplayExpert
De rien !
Pour répondre à ta question, je n'ai eu à ce jour que des classes post-bac puis élémentaires ; je ne connais pas encore les 6e puisque je vais découvrir le collège cette année.
Mais ce que j'ai pu constater en CM1 et CM2, c'est que la longueur n'est pas un problème à partir du moment où tu proposes aux élèves des poèmes riches et non des daubes pour neuneus ou des comptines pour maternelles. Ils sont fous des grands textes poétiques de la littérature, y compris les élèves "difficiles". Vraiment. Y compris en REP ++++.
Ce que je faisais avec les CM pour les poèmes longs (comme certains de Verhaeren, Eluard, Gautier, Hugo, La Fontaine…) c'est qu'on lisait et étudiait le poème dans son intégralité puis je ne donnais qu'un fragment à mémoriser et interpréter à l'oral.
Et il y avait toujours plusieurs élèves pour me demander comme une faveur… la permission d'apprendre le poème en entier !
Donc je compte bien ne pas me censurer davantage avec les collégiens… à moins que ça ne crispe mon tuteur et dans ce cas-là, je patienterai un an avant de me lâcher !!!
Nous avons une discipline géniale, jouissons-en !
P.S. Et le Cendrars n'est pas long : il peut passer sans problème dès le CE2, donc il n'y a pas de raison qu'il ne passe pas en 6e.
Pour répondre à ta question, je n'ai eu à ce jour que des classes post-bac puis élémentaires ; je ne connais pas encore les 6e puisque je vais découvrir le collège cette année.
Mais ce que j'ai pu constater en CM1 et CM2, c'est que la longueur n'est pas un problème à partir du moment où tu proposes aux élèves des poèmes riches et non des daubes pour neuneus ou des comptines pour maternelles. Ils sont fous des grands textes poétiques de la littérature, y compris les élèves "difficiles". Vraiment. Y compris en REP ++++.
Ce que je faisais avec les CM pour les poèmes longs (comme certains de Verhaeren, Eluard, Gautier, Hugo, La Fontaine…) c'est qu'on lisait et étudiait le poème dans son intégralité puis je ne donnais qu'un fragment à mémoriser et interpréter à l'oral.
Et il y avait toujours plusieurs élèves pour me demander comme une faveur… la permission d'apprendre le poème en entier !
Donc je compte bien ne pas me censurer davantage avec les collégiens… à moins que ça ne crispe mon tuteur et dans ce cas-là, je patienterai un an avant de me lâcher !!!
Nous avons une discipline géniale, jouissons-en !
P.S. Et le Cendrars n'est pas long : il peut passer sans problème dès le CE2, donc il n'y a pas de raison qu'il ne passe pas en 6e.
- KatzeNiveau 1
C'est la première fois que j'enseigne cette année et les séquences que j'avais pu trouver sur Internet sur la poésie en 6ème ne proposaient quasiment jamais de poèmes longs, d'où mes doutes.
Merci de tes suggestions et de ton expérience. Je tenterai bien le Cendrars avec ma classe du coup cette année.
Merci de tes suggestions et de ton expérience. Je tenterai bien le Cendrars avec ma classe du coup cette année.
- CeladonDemi-dieu
Villanelle
Une nuit noire, par un calme, sous l'équateur.
Le temps, l'étendue et le nombre
sont tombés du noir firmament
dans la mer immobile et sombre.
Suaire de silence et d'ombre,
la nuit efface absolument
le temps, l'étendue et le nombre.
Tel qu'un lourd et muet décombre,
l'esprit plonge au vide dormant,
dans la mer immobile et sombre.
En lui-même, avec lui, tout sombre,
souvenir, rêve, sentiment,
le temps, l'étendue et le nombre,
dans la mer immobile et sombre.
Leconte de Lisle, 1884, tiré de Poèmes tragiques (1886), pages 40-41
Brise Marine
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Stéphane Mallarmé 1865
Oceano Nox
Saint-Valéry-sur-Somme
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages,
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goëmons verts !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois, dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? –
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Victor Hugo, Les rayons et les ombres Juillet 1836.
Quand c'est trop long, tu partages le texte et le distribues, la gageure étant que la suite soit assurée sans coupure de rythme. Ca marche très bien en CM2 a fortiori en 6e.
Evidemment le poème en entier est lu par l'enseignant et ses questions permettent la compréhension, le travail sur le lexique et les éventuelles figures stylistiques.
Une nuit noire, par un calme, sous l'équateur.
Le temps, l'étendue et le nombre
sont tombés du noir firmament
dans la mer immobile et sombre.
Suaire de silence et d'ombre,
la nuit efface absolument
le temps, l'étendue et le nombre.
Tel qu'un lourd et muet décombre,
l'esprit plonge au vide dormant,
dans la mer immobile et sombre.
En lui-même, avec lui, tout sombre,
souvenir, rêve, sentiment,
le temps, l'étendue et le nombre,
dans la mer immobile et sombre.
Leconte de Lisle, 1884, tiré de Poèmes tragiques (1886), pages 40-41
Brise Marine
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Stéphane Mallarmé 1865
Oceano Nox
Saint-Valéry-sur-Somme
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !
Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages,
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goëmons verts !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois, dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? –
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !
Où sont-ils les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Victor Hugo, Les rayons et les ombres Juillet 1836.
Quand c'est trop long, tu partages le texte et le distribues, la gageure étant que la suite soit assurée sans coupure de rythme. Ca marche très bien en CM2 a fortiori en 6e.
Evidemment le poème en entier est lu par l'enseignant et ses questions permettent la compréhension, le travail sur le lexique et les éventuelles figures stylistiques.
- KatzeNiveau 1
Ok très bien, merci pour vos conseils. Je me lance dans les poèmes plus longs alors !
- SergeMédiateur
"Et l'unique cordeau des trompettes marines", d'Apollinaire.
Un seul vers, mais tant à dire sur le calembour :lol: (bon, c'est de l'humour de prof et de poète, ça ne les fera pas rire du tout )
Même si du coup, on s'éloigne de la mer une fois l'explication donnée.
Un seul vers, mais tant à dire sur le calembour :lol: (bon, c'est de l'humour de prof et de poète, ça ne les fera pas rire du tout )
Même si du coup, on s'éloigne de la mer une fois l'explication donnée.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum