Avis sur un manuel de CE2

Ronin a écrit:Recopie-nous la table des matières. Mais comme ça, rien que qu'est-ce-tu dis je trouve que ça sent la bouse idéologique, mon détecteur de manuel de merdre se met à frétiller...

Spinoza1670 a écrit:Je peux te donner deux-trois conseils de livres, mais j'ai aussi besoin de nouvelles idées.
Alors on peut peut-être créer un sujet sur les conseils de lecture parce qu'après les 39 clés, je vais caler.
Mais je ne sais pas s'il faut faire un sujet général ou alors un sujet spécifique aux CE2.

La notion de « type de texte » est pourtant plus difficile à cerner qu'il n'y paraît. D'ailleurs, les ouvrages de pédagogie pratique mettent souvent allègrement sur le même plan ce qu'on pourrait appeler des types d'écrits sociaux (lettre) des types de textes (description) et des genres littéraires (poème, conte, nouvelle…). Quoi qu'il en soit, quels que soient les systèmes de classement et leur degré de cohérence, les programmes d'apprentissages proposés par les manuels mettent sur un pied d'égalité des écrits extrêmement divers qu'il s'agit de traiter très « démocratiquement » en leur confé-
rant le statut d'objets construits à lire, analyser et produire. Les écoliers lisent, analysent et produisent donc des recettes de cuisine, des contes, des petites annonces, des poèmes, etc.. La plupart des manuels récents veillent d'ailleurs à faire alterner ces différentes études comme en témoignent ces quelques extraits du sommaire du manuel Les 7 clés pour lire et écrire CE2, assez représentatif de la nouvelle génération :
p. 12 : Le conte populaire français : Découvrir la
structure du conte
p. 20 : La lecture et l'écriture fonctionnelle : Lire pour chercher un renseignement précis
[…]
p. 48 : Le conte des origines : la situation initiale, le déséquilibre
p. 52 : La lecture et l'écriture fonctionnelles : lire pour fabriquer, commander, choisir.
Même si les auteurs suggèrent la possibilité de regrouper les séquences sur un même type, le choix de la présentation nous fait voyager à travers des contes, des emplois du temps, des calendriers, des notices de fabrication, des poèmes, des pages de catalogue et cet ensemble hétéroclite produit une curieuse impression d'aplatissement : effet de banalisation, d'absence de hiérarchie. Les écrits ne sont pourtant pas traités de la même manière et la page de présentation du livre
pose d'emblée le principe de la différence :
« On ne lit pas de la même manière le récit d'une aventure, une annonce publicitaire, une page de journal, une règle de jeu, un texte dialogué (théâtre) etc..On ne rédige pas non plus de façon semblable le récit d'une histoire, un article de presse, un slogan publicitaire, une recette de cuisine, un conte. »

« Conte », « récit », « texte narratif » deviennent même parfaitement synonymes dans les propos de certains maîtres qui, à la question: « avez-vous travaillé l'écriture de récits ? », répondent : « oui, jeviens de faire le conte » !… Il en est qui « font le narratif » comme on« fait la Tunisie », flashant les objets typiques et les lieux incontournables
avec la conscience heureuse du devoir accompli…Les propos sur la nécessité de diversifier les écrits lus et produits,
largement diffusés par les formateurs et la littérature didactique au point de devenir des lieux communs, ont eu pour effet second imprévisible et paradoxal d'inciter les enseignants à accorder le même statut à tous les textes lus et à leur appliquer la même approche.