- neo-fitNiveau 9
Point de vue de René MULET-MARQUIS (Instititut de Recherche pour l'Enseignement des Mathématiques de Lyon) sur la présentation et la production des résultats de PISA 2012 publié en Janvier 2014
Ce texte a été proposé à la revue "Repères IREM" pour publication en tant que "Point de vue"
Première partie : que nous enseigne la présentation des résultats des tests PISA ?
Deuxième partie : qui produit les tests PISA ? Quelles sont les enjeux ?
Et un épilogue un peu terrifiant
"En résumé, l’OCDE compte parmi ses partenaires la Fondation Pearson, émanation de Pearson, éditeur de tests et de produits scolaires permettant de remédier aux problèmes détectés par ces mêmes tests. Et il faudrait se hâter de faire évoluer notre enseignement au vu des résultats des tests PISA ? Vraiment ?"
http://www.univ-irem.fr/IMG/pdf/Pisa_-_Mulet-Marquis_janvier_2014.pdf
Ce texte est-il diffusé aussi largement qu'il le devrait ?
- Al9Niveau 10
Merci, lecture très intéressante.
- ThalieGrand sage
Très intéressant, en effet. A faire circuler. C'est écoeurant mais peu étonnant finalement.
- neo-fitNiveau 9
Pour que l'article gagne en diffusion, n'hésitez pas à ReTwitter
https://twitter.com/br1borion/status/611298905502969857
https://twitter.com/br1borion/status/611298905502969857
A mettre entre les mains des journalistes et ministres : #Pisa argument de #reforme #education #college2016 ??! https://t.co/IrvH6ws9dj
— Prudence (@br1borion) 17 Juin 2015
- Blablatrice occasionnelleNiveau 6
Bof.
PISA a bien des défauts mais a le mérite d'exister, et contient beaucoup de données brutes, certes imparfaites mais très exploitables.
En revanche, l'usage qui est fait de PISA pour défendre la réforme est un mélange d'idiotie et de mauvaise foi qui n'est certainement pas suffisamment critiqué. PISA montre seulement superbement (et à mon avis de manière tout à fait correcte) que la baisse du niveau des exigences et le désinvestissement des enseignements fondamentaux accroit mécaniquement les inégalités. On le savait déjà, mais bon, si c'est sensé être nouveau, c'est évidemment un argument contre la réforme.
PISA a bien des défauts mais a le mérite d'exister, et contient beaucoup de données brutes, certes imparfaites mais très exploitables.
En revanche, l'usage qui est fait de PISA pour défendre la réforme est un mélange d'idiotie et de mauvaise foi qui n'est certainement pas suffisamment critiqué. PISA montre seulement superbement (et à mon avis de manière tout à fait correcte) que la baisse du niveau des exigences et le désinvestissement des enseignements fondamentaux accroit mécaniquement les inégalités. On le savait déjà, mais bon, si c'est sensé être nouveau, c'est évidemment un argument contre la réforme.
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Parfaitement d'accord avec Blablatrice sur ce point!
_________________
Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- neo-fitNiveau 9
Blablatrice occasionnelle a écrit:Bof.
PISA a bien des défauts mais a le mérite d'exister, et contient beaucoup de données brutes, certes imparfaites mais très exploitables.
En revanche, l'usage qui est fait de PISA pour défendre la réforme est un mélange d'idiotie et de mauvaise foi qui n'est certainement pas suffisamment critiqué. PISA montre seulement superbement (et à mon avis de manière tout à fait correcte) que la baisse du niveau des exigences et le désinvestissement des enseignements fondamentaux accroit mécaniquement les inégalités. On le savait déjà, mais bon, si c'est sensé être nouveau, c'est évidemment un argument contre la réforme.
Tant que les données restent brutes, ce qui est loin d'être le cas dans leur diffusion au grand public.
Et c'est bien la lecture qui en est faite pour défendre une réforme qui pose problème.
Il me semble que c'est bien ce qu'essaye d'expliquer l'auteur qui pose par ailleurs des questions fort pertinentes.
Quant à l'épilogue…
- FraserHabitué du forum
Pisa justifie les rythmes scolaires
Pisa justifie la reforme du collège
Pisa justifie l'interdiction de fumer en public
Pisa justifie les 5 fruits et légumes par jour
Pisa justifie l'achat de croissants en scooter avant d'aller voir sa bien aimée
Pisa justifie l'ouverture des commerces le dimanche
Pisa justifie les tartines au Nutella
.....
Pisa justifie la reforme du collège
Pisa justifie l'interdiction de fumer en public
Pisa justifie les 5 fruits et légumes par jour
Pisa justifie l'achat de croissants en scooter avant d'aller voir sa bien aimée
Pisa justifie l'ouverture des commerces le dimanche
Pisa justifie les tartines au Nutella
.....
- oxaNiveau 9
forrester1 a écrit:Pisa justifie les rythmes scolaires
Pisa justifie la reforme du collège
Pisa justifie l'interdiction de fumer en public
Pisa justifie les 5 fruits et légumes par jour
Pisa justifie l'achat de croissants en scooter avant d'aller voir sa bien aimée
Pisa justifie l'ouverture des commerces le dimanche
Pisa justifie les tartines au Nutella
.....
+1
Pisa justifie les olives
- Spoiler:
- et les coui*** dans le potage! :lol:
- bernardoFidèle du forum
Blablatrice occasionnelle a écrit:Bof.
PISA a bien des défauts mais a le mérite d'exister, et contient beaucoup de données brutes, certes imparfaites mais très exploitables.
En revanche, l'usage qui est fait de PISA pour défendre la réforme est un mélange d'idiotie et de mauvaise foi qui n'est certainement pas suffisamment critiqué. PISA montre seulement superbement (et à mon avis de manière tout à fait correcte) que la baisse du niveau des exigences et le désinvestissement des enseignements fondamentaux accroit mécaniquement les inégalités[/b]. On le savait déjà, mais bon, si c'est sensé être nouveau, c'est évidemment un argument contre la réforme.
Oui, c'est également mon interprétation.
Pour PISA c'est le caractère international de l'enquête, qui met en concurrence les pays, qui me pose problème. Je crois que PISA a été pensée dès le départ en vue de son instrumentalisation : en gros on a cherché à étayer une thèse qui était déjà formulée, et qui est une thèse idéologique (l'idéologie néolibérale qui transforme tout ce qu'elle touche en "parts de marché" et soumet à sa conception darwinienne du monde des univers qui, par définition, devraient rester indépendants des exigences du marché).
- WabiSabiHabitué du forum
guennec a écrit:Blablatrice occasionnelle a écrit:Bof.
PISA a bien des défauts mais a le mérite d'exister, et contient beaucoup de données brutes, certes imparfaites mais très exploitables.
En revanche, l'usage qui est fait de PISA pour défendre la réforme est un mélange d'idiotie et de mauvaise foi qui n'est certainement pas suffisamment critiqué. PISA montre seulement superbement (et à mon avis de manière tout à fait correcte) que la baisse du niveau des exigences et le désinvestissement des enseignements fondamentaux accroit mécaniquement les inégalités[/b]. On le savait déjà, mais bon, si c'est sensé être nouveau, c'est évidemment un argument contre la réforme.
Oui, c'est également mon interprétation.
Pour PISA c'est le caractère international de l'enquête, qui met en concurrence les pays, qui me pose problème. Je crois que PISA a été pensée dès le départ en vue de son instrumentalisation : en gros on a cherché à étayer une thèse qui était déjà formulée, et qui est une thèse idéologique (l'idéologie néolibérale qui transforme tout ce qu'elle touche en "parts de marché" et soumet à sa conception guerrière du monde des univers qui, par définition, devraient rester en dehors de la guerre).
_________________
"De duobus malis, minus est semper eligendum."
"Plus je travaille moins, moins je glande plus. C'est shadokien." Lefteris
T2 ('17-'18) : TZR 2 collèges REP/REP+, 5e/4e/3e
T1 ('16-'17) : TZR AFA Collège, 2 5e + 2 4e
Stage ('15-'16) : Lycée GT, 1 2de + 1 1re S
- archebocEsprit éclairé
guennec a écrit:Pour PISA c'est le caractère international de l'enquête, qui met en concurrence les pays, qui me pose problème. Je crois que PISA a été pensée dès le départ en vue de son instrumentalisation : en gros on a cherché à étayer une thèse qui était déjà formulée, et qui est une thèse idéologique (l'idéologie néolibérale qui transforme tout ce qu'elle touche en "parts de marché" et soumet à sa conception guerrière du monde des univers qui, par définition, devraient rester en dehors de la guerre).
Je trouve étrange d'attribuer à l'idéologie néolibérale une conception guerrière du monde, et de considérer que l'éducation est un domaine qui devrait rester en dehors du domaine de la guerre. Notre système éducatif a été construit justement en dehors du système marchand pour forger un corps de citoyens soldats. Parce que la vie humaine, du moins dans notre tradition judéo-chrétienne, est "hors de prix", le domaine de la guerre est justement en dehors du système marchand. De manière plus pragmatique, les expériences de marchandisation de la guerre n'ont jamais marché de manière satisfaisante.
Le système néolibéral est opposé à la concurrence en tant qu'affrontement guerrier entre états. Au contraire, la concurrence est un moyen d'égalisation des conditions, qui conduit à l'effacement des frontières. La conception néolibérale du monde dit que la loi du marché apporte la paix universelle. De l'autre côté de la barrière, la guerre est par excellence le domaine de l'Etat, celui où il exerce, dans le cadre de son monopole de la contrainte légitime, une action de violence légitime, et c'est bien sur la guerre que l'Etat fonde les outils symboliques de cette légitimité ("Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé").
- bernardoFidèle du forum
archeboc a écrit:guennec a écrit:Pour PISA c'est le caractère international de l'enquête, qui met en concurrence les pays, qui me pose problème. Je crois que PISA a été pensée dès le départ en vue de son instrumentalisation : en gros on a cherché à étayer une thèse qui était déjà formulée, et qui est une thèse idéologique (l'idéologie néolibérale qui transforme tout ce qu'elle touche en "parts de marché" et soumet à sa conception guerrière du monde des univers qui, par définition, devraient rester en dehors de la guerre).
Je trouve étrange d'attribuer à l'idéologie néolibérale une conception guerrière du monde, et de considérer que l'éducation est un domaine qui devrait rester en dehors du domaine de la guerre. Notre système éducatif a été construit justement en dehors du système marchand pour forger un corps de citoyens soldats. Parce que la vie humaine, du moins dans notre tradition judéo-chrétienne, est "hors de prix", le domaine de la guerre est justement en dehors du système marchand. De manière plus pragmatique, les expériences de marchandisation de la guerre n'ont jamais marché de manière satisfaisante.
Le système néolibéral est opposé à la concurrence en tant qu'affrontement guerrier entre états. Au contraire, la concurrence est un moyen d'égalisation des conditions, qui conduit à l'effacement des frontières. La conception néolibérale du monde dit que la loi du marché apporte la paix universelle. De l'autre côté de la barrière, la guerre est par excellence le domaine de l'Etat, celui où il exerce, dans le cadre de son monopole de la contrainte légitime, une action de violence légitime, et c'est bien sur la guerre que l'Etat fonde les outils symboliques de cette légitimité ("Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé").
Je n'utilisais pas le mot "guerre" au sens propre. Je propose "conception darwinienne" à la place de "conception guerrière". Et "indépendants des exigences du marché" à la place de "en dehors de la guerre". Merci en tout cas pour ces précisions
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Je pense que malgré tout PISA est un outil valable qui met vraiment en évidence un problème et qu'il faut apprendre à l'utiliser contre les réformes (comme moi j'utilise mes tests -alors qu'a priori je n'étais pas très tests au départ- comme des indicateurs et j'essaie justement d'alarmer les parents grâce à eux) : si les tests mettent en évidence des enfants très en-dessous normes et qu'ils ont des A et des B à l'école, c'est qu'il y a un problème. Il faut faire pareil avec PISA et montrer que ce sont justement les réformes qui ont entraîné la chute à laquelle nous assistons.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- WabiSabiHabitué du forum
archeboc a écrit:guennec a écrit:Pour PISA c'est le caractère international de l'enquête, qui met en concurrence les pays, qui me pose problème. Je crois que PISA a été pensée dès le départ en vue de son instrumentalisation : en gros on a cherché à étayer une thèse qui était déjà formulée, et qui est une thèse idéologique (l'idéologie néolibérale qui transforme tout ce qu'elle touche en "parts de marché" et soumet à sa conception guerrière du monde des univers qui, par définition, devraient rester en dehors de la guerre).
Je trouve étrange d'attribuer à l'idéologie néolibérale une conception guerrière du monde, et de considérer que l'éducation est un domaine qui devrait rester en dehors du domaine de la guerre. Notre système éducatif a été construit justement en dehors du système marchand pour forger un corps de citoyens soldats. Parce que la vie humaine, du moins dans notre tradition judéo-chrétienne, est "hors de prix", le domaine de la guerre est justement en dehors du système marchand. De manière plus pragmatique, les expériences de marchandisation de la guerre n'ont jamais marché de manière satisfaisante.
Le système néolibéral est opposé à la concurrence en tant qu'affrontement guerrier entre états. Au contraire, la concurrence est un moyen d'égalisation des conditions, qui conduit à l'effacement des frontières. La conception néolibérale du monde dit que la loi du marché apporte la paix universelle. De l'autre côté de la barrière, la guerre est par excellence le domaine de l'Etat, celui où il exerce, dans le cadre de son monopole de la contrainte légitime, une action de violence légitime, et c'est bien sur la guerre que l'Etat fonde les outils symboliques de cette légitimité ("Allons, enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé").
archeboc, ce que tu dis est en partie juste, mais les choses sont, je pense, beaucoup plus compliquées que ça désormais. Certes, le mouvement libéral a pris son essor au 17ème siècle en réaction aux horreurs des guerres de religion, mais il a beaucoup évolué depuis, même si son discours, que tu rapportes très justement (le marché comme vecteur de la "paix universelle") est resté strictement le même. Le dévoiement le plus visible de ce dogme libéral, que tu prends dans sa pureté conceptuelle (et elle se défend, en l'état!), c'est notamment ce que les américains appellent le complexe militaro-industriel, et qui est la puissance n°1 au sein du pays qui prétend être, justement, la puissance n°1 de notre monde libéral. Or, c'est précisément cette alliance non-refrénée de l'industrie et du militaire qui a créé les plus grands désastres géopolitiques du 20ème siècle, main dans la main avec le bras "désarmé" du libéralisme. On peut penser au financement des premières campagnes politiques puis militaires du IIIème Reich par Wall Street par exemple, ou même aux fortunes nées des grands conflits européens, et que Balzac raillait déjà en son temps après les guerres de l'Empire! Ce mouvement date en effet de la fin du 18ème siècle, et de la conception de la guerre par les Anglais (alors déjà très libéraux) et le lien indéfectible que tu tisses entre guerre et état n'est plus du tout de mise de nos jours. En Irak, près de la moitié des forces armées du contingent américain était composée de corps de mercenaires issus de puissants groupes paramilitaires privés tels que BlackWater. En quelque sorte, le libéralisme a recrée les "Grandes compagnies" qui ravagèrent les campagnes de l'Europe durant la guerre de Cent ans, ce qui paraît logique puisque le libéralisme, poussé à son comble, n'est qu'un féodalisme qui ne dit pas son nom.
De plus, quand tu dis que la vie est "hors de prix" et donc hors du champ d'application du libéralisme il me semble que ton jugement est en retard. Qu'est-ce que la GPA, sinon le moyen de monnayer la vie? Enfin tu réfléchis en termes d'économie légale, mais le libéralisme fonctionne aussi bien qu'il le fait en très grande partie grâce à l'économie souterraine, autrement appelé "trafic". Or les deux plus gros marchés d'économie parallèle, avec la drogue, sont les armes et les êtres vivants (trafics d'esclaves, de prostituées, d'animaux, d'organes, etc, etc, marché juteux de milliards de milliards chaque année...). Bref, le libéralisme et la guerre (ou ses conséquences sur la vie) ont bien un rapport direct, quoi que ses thuriféraires veuillent bien dire.
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"De duobus malis, minus est semper eligendum."
"Plus je travaille moins, moins je glande plus. C'est shadokien." Lefteris
T2 ('17-'18) : TZR 2 collèges REP/REP+, 5e/4e/3e
T1 ('16-'17) : TZR AFA Collège, 2 5e + 2 4e
Stage ('15-'16) : Lycée GT, 1 2de + 1 1re S
- bernardoFidèle du forum
merci à tous les deux pour ce débat très rigoureux
Voici un extrait de http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=87834#socle_commun :
"L’élève engagé dans la scolarité apprend à réfléchir, à mobiliser des connaissances, à choisir des démarches et des procédures adaptées, pour penser, résoudre un problème, réaliser une tâche complexe ou un projet, en particulier dans une situation nouvelle ou inattendue. Les enseignants définissent les modalités les plus pertinentes pour parvenir à ces objectifs en suscitant l’intérêt des élèves, et centrent leurs activités ainsi que les pratiques des enfants et des adolescents sur de véritables (guennec : véritables ? par opposition à quoi ?) enjeux intellectuels, riches de sens et de progrès. Le socle commun identifie les connaissances et compétences qui doivent être acquises à l’issue de la scolarité obligatoire. Une compétence est l’aptitude à mobiliser ses ressources (connaissances, capacités, attitudes) pour accomplir une tâche ou faire face à une situation complexe ou inédite."
Ne trouvez-vous pas que le "champ lexical" de l'entreprise (donc de l'efficacité au nom de la sacro-sainte "libre concurrence") envahit singulièrement le discours éducatif ?
Voici un extrait de http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=87834#socle_commun :
"L’élève engagé dans la scolarité apprend à réfléchir, à mobiliser des connaissances, à choisir des démarches et des procédures adaptées, pour penser, résoudre un problème, réaliser une tâche complexe ou un projet, en particulier dans une situation nouvelle ou inattendue. Les enseignants définissent les modalités les plus pertinentes pour parvenir à ces objectifs en suscitant l’intérêt des élèves, et centrent leurs activités ainsi que les pratiques des enfants et des adolescents sur de véritables (guennec : véritables ? par opposition à quoi ?) enjeux intellectuels, riches de sens et de progrès. Le socle commun identifie les connaissances et compétences qui doivent être acquises à l’issue de la scolarité obligatoire. Une compétence est l’aptitude à mobiliser ses ressources (connaissances, capacités, attitudes) pour accomplir une tâche ou faire face à une situation complexe ou inédite."
Ne trouvez-vous pas que le "champ lexical" de l'entreprise (donc de l'efficacité au nom de la sacro-sainte "libre concurrence") envahit singulièrement le discours éducatif ?
- Luigi_BGrand Maître
Oui. Lire à ce sujet La Barbarie douce.
Les limites de PISA : http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/60-nouvelle-livraison-de-pisa
Les limites de PISA : http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/60-nouvelle-livraison-de-pisa
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- archebocEsprit éclairé
WabiSabi a écrit:archeboc, ce que tu dis est en partie juste, mais les choses sont, je pense, beaucoup plus compliquées que ça désormais. Certes, le mouvement libéral a pris son essor au 17ème siècle en réaction aux horreurs des guerres de religion, mais il a beaucoup évolué depuis, même si son discours, que tu rapportes très justement (le marché comme vecteur de la "paix universelle") est resté strictement le même. Le dévoiement le plus visible de ce dogme libéral, que tu prends dans sa pureté conceptuelle (et elle se défend, en l'état!), c'est notamment ce que les américains appellent le complexe militaro-industriel, et qui est la puissance n°1 au sein du pays qui prétend être, justement, la puissance n°1 de notre monde libéral. Or, c'est précisément cette alliance non-refrénée de l'industrie et du militaire qui a créé les plus grands désastres géopolitiques du 20ème siècle, main dans la main avec le bras "désarmé" du libéralisme. On peut penser au financement des premières campagnes politiques puis militaires du IIIème Reich par Wall Street par exemple, ou même aux fortunes nées des grands conflits européens, et que Balzac raillait déjà en son temps après les guerres de l'Empire! Ce mouvement date en effet de la fin du 18ème siècle, et de la conception de la guerre par les Anglais (alors déjà très libéraux) et le lien indéfectible que tu tisses entre guerre et état n'est plus du tout de mise de nos jours. En Irak, près de la moitié des forces armées du contingent américain était composée de corps de mercenaires issus de puissants groupes paramilitaires privés tels que BlackWater. En quelque sorte, le libéralisme a recrée les "Grandes compagnies" qui ravagèrent les campagnes de l'Europe durant la guerre de Cent ans, ce qui paraît logique puisque le libéralisme, poussé à son comble, n'est qu'un féodalisme qui ne dit pas son nom.
De plus, quand tu dis que la vie est "hors de prix" et donc hors du champ d'application du libéralisme il me semble que ton jugement est en retard. Qu'est-ce que la GPA, sinon le moyen de monnayer la vie? Enfin tu réfléchis en termes d'économie légale, mais le libéralisme fonctionne aussi bien qu'il le fait en très grande partie grâce à l'économie souterraine, autrement appelé "trafic". Or les deux plus gros marchés d'économie parallèle, avec la drogue, sont les armes et les êtres vivants (trafics d'esclaves, de prostituées, d'animaux, d'organes, etc, etc, marché juteux de milliards de milliards chaque année...). Bref, le libéralisme et la guerre (ou ses conséquences sur la vie) ont bien un rapport direct, quoi que ses thuriféraires veuillent bien dire.
* Je suis peu armée pour soutenir le débat sur la connexion Wall Street / nazisme, mais il y a suffisamment de prophètes qui prédisent le nazisme en 1920 (sans faire intervenir la puissance de wall street) pour que j'estime cette connexion non-nécessaire. Je suis plus assuré sur la doctrine reaganienne, qui n'est pas centrée sur le complexe militaro-industrielle : dans la doctrine libérale des Reagan boys, le plus important n'est pas de fabriquer des armes, mais de dépenser l'argent de l'Etat pour affaiblir l'Etat. Le complexe militaro-industriel, lui, date de Roosevelt. Il correspond à la version moderne de la démocratie antique, ajoutant au citoyen-soldat le savant-ingénieur (topique en France avec l'Ecole Polytechnique, que l'on voit aussi avec les artilleurs du Bonheur Fou de Giono, et dont Vauban est un précurseur). Une question sur laquelle je sèche est : pourquoi le savant-ingénieur est-il un appui de la démocratie à certaines époques (XVIIIe au XXe siècle, Grèce archaïque) et l'appui de la monarchie à d'autres époques (monarchie macédonienne, puis hellénistique).
* Je refuse ton assimilation du libéralisme au féodalisme : le féodalisme est la création d'une société solide, fortement structurée par les liens lignagers, qui méprise l'argent, et où le pouvoir s'équilibre entre la maîtrise d'un patrimoine terrien d'un côté, et de l'autre le monopole ecclésiastique des biens du salut. Le libéralisme est exactement l'inverse : une société liquide, où aucune allégeance n'est stable, où tous les pouvoirs non financiers sont fragmentés, voire, dans la version dégénérée, corruptibles par l'argent.
* La dégénérescence du monopole de l'Etat sur la guerre s'accompagne de sa professionnalisation. C'est un mouvement qui a touché Rome et la Grèce à des périodes et pour des motifs différents. Chez nous, ce mouvement a deux causes : d'une part la réduction de la capacité de l'Etat à mobiliser le citoyen (parce que la levée en masse coûte trop cher, mais aussi parce que le citoyen traîne un peu les pieds), d'autre part l'efficacité d'armes de plus en plus techniques et de plus en plus chers, qui rend la levée en masse inefficace. Blackwater est un symptôme, non une cause.
* Les trafics reposent sur notre difficulté à choisir entre étatisme et libéralisme. Nous ne sommes pas assez libéraux pour dire que celui qui veut vendre son corps où le remplir de poison doit avoir le droit de le faire sans limite. Nous sommes trop libéraux pour trouver légitime les moyens de contrainte (essentiellement : le jus gladium) que l'Etat devrait appliquer pour rendre effective l'interdiction des trafics.
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