La cogitatio selon Quintilien

Après la lecture du livre X de L'instruction des orateurs, de Quintilien, beaucoup de réflexions pédagogiques me viennent. Dans ce livre, Quintilien explique comment parvenir à une aisance solide pour discourir. On peut résumer ses préceptes à trois ensembles : d'abord, faire lire et imiter les auteurs; ensuite, donner de nombreux, fréquents et variés exercices écrits (le stilus); enfin apprendre au futur orateur à s'adonner à la cōgitātiō, évoquée dans les chapitres 6 (directement) et 7 (indirectement).
Or ce dernier point me paraît essentiel, au sens où ce n'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de transmettre explicitement à mes élèves, alors que cela me paraît un des éléments essentiels pour réussir des études.
En fait, cela m'a rappelé une réflexion que je me suis faite adolescent, alors que mes camarades disaient jalouser ma réussite scolaire. Ils voyaient en effet comme un avantage naturel (et injuste!) le fait que j'obtinsse de bons résultats sans apprendre mes leçons ni faire mes exercices. Bon, il faut reconnaître que j'étais un cossard — même si le cossard des années 1980, vis-à-vis de celui des années 2010, c'est vraiment de la bibine. Mais je pense que si je réussissais passablement bien à l'école, en particulier en mathématiques, c'est parce que je cogitais souvent sur les sujets des leçons, que ce soit sur le chemin de l'école, ou vautré sur mon lit.
Quintilien parle de cette méditation, rumination, préparation, au sujet des discours à préparer, à construire, et probablement aussi à mémoriser. Mais cela, me semble-t-il, outre les compositions françaises et exposés, se transpose bien aux leçons à apprendre.
Quelqu'un d'entre vous a-t-il déjà travaillé à développer cette capacité à cogiter (càd à agiter ensemble les idées, les connaissances autour d'une question, d'un sujet — à le pourpenser) chez ses élèves ?