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MUTIS
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L'interdisciplinarité n'est pas un dieu... Empty L'interdisciplinarité n'est pas un dieu...

par MUTIS Lun 11 Mai - 19:53
Quelques remarques sur l'interdisciplinarité pour relativiser un peu la propagande actuelle...
http://www.slate.fr/story/101073/ecole-debat-interdisciplinarite
Deux remarques de spécialistes :
1) Elisabeth Bauthier : «Ce que nous avons observé, depuis quelques années, c’est que les meilleurs élèves tirent un avantage supplémentaire de ce genre de dispositif. Les entrées par thème favorisent les élèves qui savent construire un texte ou une réflexion en cherchant dans différents domaines. Ils naviguent entre les savoirs. C’est une tâche sophistiquée qui laisse les plus faibles sur le bord de la route. Avec la généralisation de telles méthodes les écarts vont se creuser.» «On risque de rendre l’enseignement plus superficiel, c’est un danger…»
2) Stéphane Bonnéry, chercheur en sciences de l'éducation qui travaille également sur les implicites scolaires note que les projets interdisciplinaires qu’il a pu observer sont souvent trop savants ou trop simplistes, peu accessibles ou sans intérêt... Il ressort des travaux de ces chercheurs qu’en interdisciplinarité, les élèves doivent faire des liens, des connections qui paraissent évidentes aux adultes cultivés qui enseignent mais qui sont neuves pour certains d'entre eux parce qu'ils ont peu de bagage culturel. Les enseignants doivent passer un temps fou à expliquer ce lien même qui doit s’appuyer sur les disciplines mères qui sont peut-être elles même fragilisées par le temps qu’on leur prend. Il en ressort un savoir isolé et assez précaire.

A cela s'ajoute le bilan très contestable de la réforme au Québec.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/02/05022015Article635587161256499771.aspx
Deux premiers principes... : Le premier c'est l'approche par compétences. " Les compétences « constituent un savoir-agir fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficaces d’un ensemble de ressources » (MELS, 2007). L’élève devrait pouvoir utiliser ces ressources selon les caractéristiques de la situation dans laquelle la compétence doit être mobilisée... Finalement, ce concept « implique la capacité à exposer le cheminement emprunté pour accomplir des tâches et résoudre des problèmes »". Le second changement c'était l'introduction d'un nouveau référentiel. " Des domaines généraux de formation qui font référence aux enjeux sociaux actuels, soit Santé et bien-être, Orientation et entrepreneuriat, Environnement et consommation, Médias ainsi que Vivre-ensemble et citoyenneté, servent de point d’ancrage aux situations d’apprentissage réalisées en classe. Ces domaines favorisent l’interdisciplinarité et « concrétisent la mission de l’école, inspirent les pratiques éducatives et concourent à donner plus de sens et d’authenticité aux situations d’apprentissage » (MELS, 2007). En complément des domaines généraux de formation, six domaines d’apprentissage sont établis : Langues, Mathématique, science et technologie, Univers social, Arts, Développement de la personne et Développement professionnel. Diverses disciplines se regroupent sous un même domaine, démontrant leur complémentarité; par exemple, les cours « Éthique et culture religieuse » et « Éducation physique et à la santé » font partie du domaine du Développement de la personne".
Résultat : baisse du niveau et baisse de l'intérêt des élèves... + hausse des inégalités...
"L’écart entre les cohortes exposées au Renouveau et la cohorte contrôle s’est accentué pour les élèves jugés à risque par leurs parents et pour ceux fréquentant des écoles de milieux défavorisés". Autrement dit l'objectif de lutte contre les inégalités n'est pas atteint lui non plus. En français, le niveau reste élevé mais moins bon pour les élèves du Renouveau. " Le critère « orthographe » est celui pour lequel les taux de réussite ont été les plus bas, et ce, particulièrement pour les élèves de la troisième cohorte; cette différence est d’autant plus vraie pour les garçons de cette cohorte", écrit le rapport."

On retrouve les analyses de Gauchet : Revue Sciences Humaines d'octobre 2014 :
On peut en effet intégrer ces enseignements interdisciplinaires aux "méthodes actives" prônées par les réformistes : « Notre modèle éducatif butte sur le postulat, naïf, que laisser une plus grande liberté aux enfants en classe est synonyme d’efficacité. Si les élèves sont actifs, cela ne signifie pas qu’ils ont une appétence cognitive surdéveloppée. En dépit de toutes les méthodes mises en œuvre pour les rendre actifs, la majorité des élèves restent passifs. On retrouve une problématique fondamentalement inégalitaire : avec les élèves les plus dotés en capital social, ces méthodes fonctionnent bien. C’est moins le cas avec ceux qui vivent dans une zone socialement défavorisée et qui rencontrent des difficultés. Avec un modèle individualiste, l’école échoue à corriger quoi que ce soit." "Il n’est pas vrai que chacun construise seul ses connaissances. Et lorsqu’on se concentre sur la seule activité des élèves, on les différencie davantage que lorsqu’on les met tous sur la même ligne en s’efforçant de leur assurer des acquis homogènes. "

Cela rejoint le rapport fait par les experts canadiens :
QUELLES SONT LES PÉDAGOGIES EFFICACES ? UN ÉTAT DE LA RECHERCHE
le 18 janvier 2005

Marie-Christine Bellosta, Clermont Gauthier, M’hammed Mellouki, Denis Simard, Steve Bissonnette et Mario Richard, font dans cette étude une analyse très documentée du pourquoi de la réussite scolaire et ce, à travers le prisme d’expériences réalisées à l’étranger. Une manière d’éclaircir le débat français, trop idéologique, et de proposer un paradigme efficace, en particulier pour les élèves en échec scolaire et issus de milieux défavorisés. Le constat est sans appel : la réussite scolaire est le fait de politiques qui privilégient le paradigme d’enseignement à celui d’apprentissage. Au plus loin des discours aussi démagogues que silencieux sur les pratiques à mettre en œuvre, plaçant en particulier « l’élève au centre du système éducatif », les auteurs de ce rapport se livrent à une étude raisonnée d’enquêtes sociologiques et d’études réalisées à l’étranger sur les effets des pratiques pédagogiques sur la performance scolaire : l’expérience Fellow Through, City Spring (Baltimore) ou la réforme de l’éducation québécoise. Leurs conclusions sont aussi argumentées que contraires à l’esprit du temps : dès l’école primaire, une pédagogie fondée sur des enseignements explicites, directs, comme la lecture, le calcul, est bien plus efficace et réductrice d’inégalités que celle fondée sur « l’élève au centre », qui nuit, de fait, à l’apprentissage des savoirs fondamentaux. Détracteurs d’une idéologie « constructiviste », qui a non seulement montré ses limites, mais aussi sa nocivité, les auteurs en appellent moins à un débat idéologique, à leurs yeux périmé, qu’à un changement de paradigme où il n’est question que de contenu des programmes et des méthodes à adopter par le corps enseignant.

Ce que Nathalie Bulle analyse ainsi :" Il y a un problème de fond qui ne relève pas réellement de l’erreur. Il s’agit de l’aversion pour l’asymétrie de la relation maître-élève, son assimilation à une forme d’autorité héritée des sociétés pré-démocratiques avec, paradoxalement, la volonté d’orienter les développements individuels vers les fins sociales souhaitées. Derrière cela, on trouve la vieille utopie progressiste suivant laquelle les doctrines évolutionnistes conduisent à instaurer un nouvel ordre social, avec l’idée, qui a traversé le xixe siècle, d’une possible transformation de la nature de l’homme, par la définition de son environnement. Je crois que ces idées sont bien vivantes, et alimentent la dimension quasi-religieuse des orientations pédagogiques que j’évoquais précédemment. Il est intéressant de voir à cet égard que les systèmes totalitaires – aussi différents qu’ils aient pu être – ont tous réformé leurs systèmes éducatifs à partir des principes progressistes, destructurant l’enseignement des disciplines, survalorisant l’action pratique, exacerbant les liens communautaristes qui devaient, en fonction des contextes politiques, donner corps aux notions d’État, de Travail productif, de Nation."
"Les résultats d’une enquête, aussi vaste et sérieuse soit-elle, ne trouvent pas d’écoute si elles ne sont pas en phase avec les idées soutenues officiellement. Je mentionne aussi, très synthétiquement, les résultats des nombreuses autres enquêtes menées dans le cadre de recherches sur l’efficacité des établissements et des enseignements. Elles abondent pour établir que les facteurs majeurs de la réussite des élèves sont la qualité du corps enseignant, l’exigence académique des cursus – supposant des enseignements progressifs et structurés – et les attentes élevées communiquées aux élèves, l’attention portée à la réussite de chacun, le suivi effectif des progrès réalisés ainsi que la clarté des objectifs institutionnels.  Mais l’histoire de l’éducation est bien plus intéressante encore. Elle révèle que l’on invente sans cesse de nouveaux concepts pour traduire des idées pédagogiques déjà anciennes, qui ont été expérimentées à grande échelle, et qui ont échoué dans le passé. Je le montre notamment à partir de l’exemple américain. C’est le mépris de l’ensemble de ces réalités falsifiant les croyances psychopédagogiques dominantes, qui pose problème."
https://www.contrepoints.org/2013/04/19/122048-nathalie-bulle-leducation-a-ete-vendue-a-la-politique


Voilà donc quelques aperçus qui contredisent les arguments qu'on entend parfois.
Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.

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"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
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par Spinoza1670 Lun 11 Mai - 22:02
Mutis a écrit:Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.
Oui, le rapport Intervilles, étude réalisée par les chercheurs G. Lux et L. Zitrone à partir de 1962 et qui a eu de nombreuses confirmations depuis, a montré qu'une équipe soudée et se partageant correctement les rôles selon les compétences pouvait accomplir plus facilement des tâches complexes. :lol:

Sinon, bonne idée de fil. Je vais te donner des billes si je peux.


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par wanax Lun 11 Mai - 22:13
cette différence est d’autant plus vraie pour les garçons de cette cohorte
Un hasard malheureux.
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par Spinoza1670 Lun 11 Mai - 22:23
MUTIS a écrit:Quelques remarques sur l'interdisciplinarité pour relativiser un peu la propagande actuelle...
http://www.slate.fr/story/101073/ecole-debat-interdisciplinarite

Deux remarques de spécialistes :
1) Elisabeth Bauthier : «Ce que nous avons observé, depuis quelques années, c’est que les meilleurs élèves tirent un avantage supplémentaire de ce genre de dispositif. Les entrées par thème favorisent les élèves qui savent construire un texte ou une réflexion en cherchant dans différents domaines. Ils naviguent entre les savoirs. C’est une tâche sophistiquée qui laisse les plus faibles sur le bord de la route. Avec la généralisation de telles méthodes les écarts vont se creuser.» «On risque de rendre l’enseignement plus superficiel, c’est un danger…»
[...]

Stratégiquement, tu as raison de la mettre en 1. Je n'ai pas le temps de regarder sa bibliographie, mais il me semble que c'est THE chercheuse française à utiliser ici. Il faudrait citer la source de ce passage.
Elle a écrit un rapport pour le CSP : http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/97/4/BAUTIER_Elisabeth_-_PU_-_CSP_Contribution_362974.pdf
Je ne suis pas sûr qu'elle soit très favorable à une récupération pour s'opposer à une réforme du PS...

L'IFÉ (institut français de l'éducation, ex cndp je crois, basé à Lyon, fief de Meirieu, à l'ex école normale de Fontenay, je crois), a sorti un dossier
"Éduquer au-delà des frontières disciplinaires". Il y a sûrement des "études" dans la bibliographie.
présentation : http://eduveille.hypotheses.org/7002
dossier : https://www.neoprofs.org/t89441-institut-francais-de-l-education-eduquer-au-dela-des-frontieres-disciplinaires


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Moonchild
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par Moonchild Lun 11 Mai - 22:23
Spinoza1670 a écrit:
Mutis a écrit:Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.
Oui, le rapport Intervilles, étude réalisée par les chercheurs G. Lux et L. Zitrone à partir de 1962 et qui a eu de nombreuses confirmations depuis, a montré qu'une équipe soudée et se partageant correctement les rôles selon les compétences pouvait accomplir plus facilement des tâches complexes.  :lol:
D'ailleurs cette étude a démontré que, grâce à l'interdisciplinarité, le niveau des vachettes a incroyablement progressé entre les années 80 et les années 2000. professeur
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par Spinoza1670 Lun 11 Mai - 22:47
La recherche a montré aussi à propos des sujets humains - et c'est ce qui nous intéresse ici à l'aube de ce collège réformé, non que l'étude de la vachette soit en soi inintéressante - que dès que l'on s'affranchit des frontières disciplinaires, des synergies cognitives nouvelles se mettent en place chez les apprenants et aussi d'ailleurs chez les enseignants ; et les élèves apprennent de manière nouvelle en donnant plus de sens à leurs apprentissages. Le rapport au savoir s'en trouve par là-même affermi. professeur

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par Spinoza1670 Lun 11 Mai - 23:32
IFÉ, Des projets pour mieux apprendre ? mars 2013 a écrit:La démarche de projet dans les programmes français 

L’application de la pédagogie par projet en France se généralise petit à petit, à partir de la mise en place dans les années 1970 des « 10 % pédagogiques », puis des projets d’action culturelle et éducative ou PACTE et, en 1981, à la fois des projets de zone (lors de la création des zones d’éducation prioritaire) et des projets d’action éducative au lycée et collège, puis en primaire* (proches des PACTE, ils intègrent l’objectif nouveau de « faciliter le développement de la pédagogie de projet » et de « s’articuler avec les projets d’établissement », eux-mêmes introduits par une note de service en 1982, voir Sublet, 1987 : 
Avec une plus grande autonomie des établissements scolaires, arrivent en 1979 les PACTE, pour prendre « en charge les phases de motivation et de concrétisation que bien des cours “traditionnels” ignorent. On ne parle toujours pas dans les textes d’une démarche de projet vis-à-vis des élèves. Il est simplement rappelé que ces projets doivent favoriser des réalisations concrètes et des “démarches allant dans le sens de l’innovation et de la créativité”. » (Sublet, 1987) 

* Ces projets d’établissement ne seront par contre rendus obligatoires que par la loi d’orientation du 10 juillet 1989 (voir l’article 18).

Vient ensuite l’introduction des projets techniques en enseignement technologique et en SEGPA en 1998, puis des projets pluridisciplinaires à caractère professionnel en lycée professionnel en 2000, des travaux personnels encadrés (TPE) en lycée général et des travaux croisés en collège la même année, ainsi que des itinéraires de découverte (IDD) qui les remplaceront deux ans plus tard.

Pour plus de détails sur cette « jungle des dispositifs », et notamment sur leur utilisation comme « un élément de souplesse dans la gestion des services des enseignants, et non un outil d’innovation pédagogique », voir Cauterman & Daunay (2010). 
http://wikindx.ens-lyon.fr/biblio_vst/index.php?action=resource_RESOURCEVIEW_CORE&id=8616

La mise en place des travaux personnels encadrés (TPE) 
La pédagogie par projet en France, même si elle ne soulève pas un enthousiasme débordant, fait donc malgré tout partie de la scolarité des élèves de toutes les filières, sous forme de dispositifs interdisciplinaires. En 2001, chercheurs et enseignants défendent les TPE lorsque le ministre de l’Éducation de l’époque, Jack Lang, les généralise en terminale, mais en rendant l’épreuve facultative au baccalauréat alors que, dans le même temps, une expérimentation des TPE est conduite dans les séries technologiques (Bulletin officiel n° 24 de juin 2001, amendé par le décret d’avril 2002). Dans un article datant de cette époque, intitulé « Les TPE ou l’élan brisé », Pantanella, enseignant et formateur, ne cache pas sa déception. Trois ans plus tard, les chiffres confirment l’intérêt des élèves pour ce dispositif : 9 élèves sur 10 présentent l’épreuve facultative de TPE à la session 2004 du baccalauréat. En 2005, nouveau mouvement pour la défense des TPE, cette fois-ci sous forme de pétitions : François Fillon supprime pour la session 2006 les TPE en terminale, contre l’avis du Conseil supérieur de l’éducation (Bulletin officiel n° 1 de janvier 2005). Richard, directeur de CRDP, va jusqu’à subordonner l’intégration même des TICE dans les lycées à l’existence des TPE (dans un article au titre évocateur, « Supprimer les TPE, c’est toucher à l’emblème d’une réforme réussie ») : « Supprimer les TPE, ne serait-ce qu’en terminale, c’est toucher à une rénovation réussie et acceptée. […] Les TPE sont la seule solution pour faire comprendre que la nécessité d’évoluer passe par un travail en équipe, et il n’y aura pas d’évolution des TICE sans évolution des pratiques pédagogiques ».

« Dispositif pédagogique judicieux, les TPE incitent les enseignants à travailler en équipe, à décloisonner leurs disciplines, à collaborer avec les documentalistes, à proposer aux élèves de devenir actifs et de prendre des initiatives pour leurs apprentissages intellectuels […] En terminale, les TPE devaient initier les lycéens à leur futur “métier” d’étudiants […] le ministre, avec les TPE, tenait l’occasion exceptionnelle d’une innovation grandeur nature, installée dans le saint des saints des voies “d’excellence” des lycées, et cohérente avec ce qui se fait et se projette ailleurs dans le système scolaire. » Pour approfondir le lien entre innovations et changements institutionnels dans le cadre des TPE, on pourra se reporter à l’étude de Gustin (2009).


source : IFÉ, Dossier d’actualité veille et analyses • n° 82 • Février 2013 12/24 Des projets pour mieux apprendre ?
http://web.archive.org/web/20150328081028/http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/82-fevrier-2013.pdf

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par Spinoza1670 Lun 11 Mai - 23:39
La loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005, dite « loi Fillon », instaure un « socle commun de connaissances et de compétences en fin de scolarité obligatoire », assis sur quatre domaines : la maîtrise de la langue française, la maîtrise des principaux éléments de mathématiques, une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté et la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication. 

Ces quatre domaines sont précisés et complétés par le décret du 11 juillet 2006 qui prévoit 7 piliers : – maîtrise de la langue française ; – pratique d’une langue vivante étrangère ; – compétence de base en mathématiques et culture scientifique et technique ; – maîtrise des techniques usuelles des TIC ; – culture humaniste ; – compétences sociales et civiques ; – autonomie et initiative. Chaque pilier est décomposé en connaissances, capacités et attitudes, ce qui fait du socle une réforme moins « radicale » que d’autres, quant à un passage de la logique des savoirs à la logique des compétences (cf. infra sur la réforme belge). 

Par de nombreux aspects, cette loi constitue pourtant un tournant dans l’histoire curriculaire française : c’est l’une des rares fois où le législateur intervient dans le domaine éducatif, c’est un cas quasiment inédit depuis la fin du XIXe siècle (lois de Jules Ferry) où le pouvoir politique légifère en matière curriculaire, c’est une introduction franche de la notion de « commun » et de « compétences » dans un système éducatif qui a été un des derniers dans le monde occidental à réaliser le collège unique et dans lequel les disciplines organisées sont un cadre structurant, tant au niveau académique qu’institutionnel. 

source : 
Contenus et programmes scolaires : comment lire les réformes curriculaires ? 
Par Olivier Rey, Chargé d’études et de recherche à la Veille scientifique et technologique 
http://web.archive.org/web/20150511231832/http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/53-avril-2010-integrale.pdf

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Isis39
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par Isis39 Mar 12 Mai - 4:53
MUTIS a écrit:
Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.

http://www.unesco.org/education/pdf/31_14_f.pdf

MUTIS
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par MUTIS Mar 12 Mai - 5:19
Isis39 a écrit:
MUTIS a écrit:
Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.

http://www.unesco.org/education/pdf/31_14_f.pdf


Merci.
Je viens de parcourir... Effectivement tout y est. Le discours de nos "révolutionnaires" est puisé dans ce rapport.
Tout y est sauf l'essentiel !
- Une étude précise montrant les effets réels de ces pratiques sur les résultats, les motivations et la diminution de l'inégalité
En effet : les textes et études que je cite sont bien postérieurs à ce rapport.
Ils montrent que les résultats, a priori et a posteriori, ne sont pas au rendez-vous.
Je veux bien croire que ces pratiques soient utiles avec des élèves ayant une formation initiale solide. Mais quid des collégiens ? Et des plus faibles ? Là est le problème. Aucune étude à ma connaissance ne montre l'efficacité. Mais des études sérieuses montrent l'inefficacité du dispositif.
Pour le moment c'est le constat que je fais. J'attends toujours qu'on me démontre l'inverse.
Et argument supplémentaire : si ce type de dispositif est fait au détriment des enseignements fondamentaux, son efficacité est encore moindre. En effet au Canada on peut voir que la hausse des horaires dans les matières comme le français et les maths a compensé la mise en place des compétences et de l'interdisciplinarité. Elle a sans doute freiné la chute...

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par Invité Mar 12 Mai - 5:50
Mon mémoire de stage portait sur les enjeux et les limites de l'interdisiplinarité.
En conclusion, j'insistais plus sur les limites.
ycombe
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par ycombe Mar 12 Mai - 7:35
Isis39 a écrit:
MUTIS a écrit:
Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.

http://www.unesco.org/education/pdf/31_14_f.pdf

Ce n'est pas une étude, c'est un discours. C.f. ma signature.

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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".

Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
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par V.Marchais Mar 12 Mai - 7:48
Merci pour ce fil, Mutis. Tes textes sont très intéressants.
Il faudrait que je retrouve, pour l'adjoindre à ce fil, l'article dans lequel Dehaene déplorait l'absence d'évaluation sérieuse des pédagogies "innovantes", et rappelait quelques principes de bon sens : un apprentissage solide du code en CP (en pas en CM, ni tout au long d'un cycle allant jusqu'à la 6e...) est la meilleure garantie de réussite scolaire ; l'exigence en matière de contenus réduit davantage les inégalités que de pieuses "adaptations au public" ; un enseignement explicite des notions est toujours plus efficace qu'un constructivisme plein d'implicite, surtout avec les élèves en difficulté, etc.
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par Cath Mar 12 Mai - 9:05
Tu parles de celui-là ?

http://moncerveaualecole.com/education-et-sciences-cognitives-le-coup-de-gueule/
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par V.Marchais Mar 12 Mai - 9:12
Ah oui, merci. Mais en le relisant, je m'aperçois que ce n'est pas là qu'on parle des contenus ni de l'enseignement explicite. Ce devait être Dauvieau, justement, cité dans cet article aussi.
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par Spinoza1670 Mar 12 Mai - 9:26
Cet article de Dehaene et l'étude de Deauvieau ont fait l'objet de toute une série de réponses et de contre-réponses sur le site du Café pédagogique entre Franck Ramus et Rémi Brissiaud concernant l'evidence-based education : 
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2014/LectureLedebatestouvert.aspx

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par V.Marchais Mar 12 Mai - 9:35
Quelle bande de bouchés du ciboulot !
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par V.Marchais Mar 12 Mai - 9:40
Ça me rappelle tous ceux qui, il y a 15 ans, proclamaient partout dans les médias que le niveau montait et traitaient de déclinistes, de vieux réacs et autres amabilités ceux qui essayaient d'alerter sur la chute catastrophique des performances en lecture et en écriture, même chez les bons élèves. Aujourd'hui, plus personne n'ose prétendre que le niveau monte. Même les entreprises et les organismes internationaux se sont aperçus du contraire. Et ceux qui se foutaient de nous il y a 15 ans, ont-ils fait leur mea culpa ? Même pas. Ce sont les mêmes qui continuent de réfuter les résultats de neurosciences, établis tout de même plus sérieusement que ceux des "sciences de l'éducation".
Il leur faudra sans doute encore 15 ans pour admettre ce que les autres ont compris tout de suite.
Même chose avec le culte de l'interdisciplinarité.
Pendant ce temps, on continue de gâcher les enfants.
Ronin
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L'interdisciplinarité n'est pas un dieu... Empty Re: L'interdisciplinarité n'est pas un dieu...

par Ronin Mar 12 Mai - 10:14
Ils n'admettront rien, ils sont les prêtres de la religion égalitaire.

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par Spinoza1670 Mar 12 Mai - 10:20
ycombe a écrit:
Isis39 a écrit:
MUTIS a écrit:
Mais au fait, quelqu'un connaît-il une étude montrant les bienfaits (en terme de résultats, de motivation et de diminution des inégalités) de l'interdisciplinarité ???
Je suis preneur.
http://www.unesco.org/education/pdf/31_14_f.pdf
Ce n'est pas une étude, c'est un discours. C.f. ma signature.
Un discours à charge contre les disciplines traditionnelles et les contenus et méthodes d'enseignement de ces disciplines.

Un des biais pour attaquer cette dissertation serait de montrer qu'elle implique de passer par la transposition didactique, notion elle-même hautement sujette à caution. En effet, l'interdisciplinarité dans la recherche scientifique, cela marche si on a des chercheurs à la pointe de leurs disciplines, cela marche à l'Université. Y a-t-il une voie royale permettant de faire ces comparaisons, ces analogies, ces transferts de concepts en collège et au lycée ?
Traditionnellement, c'est, même si toutes les disciplines contribuent à leur manière à cette réflexion, c'est spécialement le cours de philosophie, et seulement en terminale, qui est censé être un couronnement réflexif, une tentative de systématisation des savoirs acquis dans les différentes disciplines. 

La transposition didactique stipule grosso modo que, quelque soit le niveau d'enseignement, tout contenu peut être adapté à l'âge et aux prérequis des élèves. C'est une manière de faire passer au mieux les savoirs savants, les savoirs universitaires en les transformant adéquatement en savoirs enseignés.
C'est un des concepts qui a vu le jour en même temps que les maths modernes (th. des ensembles au primaire) et le français moderne (linguistique universitaire au primaire). 

Textes faciles d'accès : 
Michel delord, 6 propositions sur la didactique
http://michel.delord.free.fr/6didactic.html

Débat (Luc Cédelle, Pedro Cordoba, Michel Delord, etc.), La didactique peut-elle casser des briques ?
http://education.blog.lemonde.fr/2011/03/03/la-didactique-peut-elle-casser-des-briques/ (233 commentaires)

Débat (Luc Cédelle, Pedro Cordoba, Michel Delord, etc.), Des didactiques pour délier les langues
http://education.blog.lemonde.fr/2010/09/26/des-didactiques-pour-delier-les-langues/ (63 commentaires)

Textes plus ardus : 
Rudolf Bkouche, De la transposition didactique 
http://michel.delord.free.fr/rb/rb-transpo.pdf 

Rudolf Bkouche, Culture scientifique, pensée machinale et recherche du sens
http://spirale-edu-revue.fr/IMG/pdf/4_Bkouche_Spi26_.pdf



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Voir aussi le concept d'enseignement spiralaire chez Bruner critiqué dans http://pedagoj.eklablog.com/spiralaire-vous-avez-dit-spiralaire-a108736776

Bruner a écrit:It seems highly arbitrary and very likely incorrect to delay the teaching, for example, of Euclidian or metric geometry until the end of the primary grades, particularly when projective geometry has not been given earlier. So too with the teaching of physics, which has much in it that can be profitably taught at an inductive or intuitive level much earlier. Basic notions in these fields are perfectly accessible to children of seven to ten years of age, provided that they are divorced from their mathematical expression and studied through materials that the child can handle himself. 

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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)

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par Spinoza1670 Mar 12 Mai - 12:37
Le site du sgen-cfdt invite à lire une "étude" sur l'interdisciplinarité : 
. l’expérience de l’interdisciplinarité au Collège des Clayes


source : http://www.sgen-cfdt-versailles.org/spip.php?article1012

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par Al9 Mar 12 Mai - 13:00
J'ai lu. Mais bon, cela n'a pas l'air si génial que çà.
A la lecture, on a surtout l'impression que ce sont les collègues qui se font plaisir mais que les effets sur les élèves sont mesurés (enfin il est trop tôt).
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L'interdisciplinarité n'est pas un dieu... Empty Re: L'interdisciplinarité n'est pas un dieu...

par Luigi_B Mar 12 Mai - 13:27
V.Marchais a écrit:Ça me rappelle tous ceux qui, il y a 15 ans, proclamaient partout dans les médias que le niveau montait et traitaient de déclinistes, de vieux réacs et autres amabilités ceux qui essayaient d'alerter sur la chute catastrophique des performances en lecture et en écriture, même chez les bons élèves. Aujourd'hui, plus personne n'ose prétendre que le niveau monte.
Enfin, nous sommes encore en pleine schizophrénie : la catastrophisme assez nouveau de nos dirigeants contraste curieusement avec la réussite éclatante du système au brevet, au bac, et à l'entrée à l'université où se multiplient les records. Même le nombre de décrocheurs n'a jamais été aussi bas (101.000 n'ont rien ou le brevet).

Aujourd'hui NVB peut même taxer un Brighelli d'immobilisme : il est vrai qu'il écrit depuis 2005 pour que rien ne change. L'interdisciplinarité n'est pas un dieu... 1212985298

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L'interdisciplinarité n'est pas un dieu... Empty Re: L'interdisciplinarité n'est pas un dieu...

par Collier de Barbe Mar 12 Mai - 13:42
Merci d'ouvrir ce fil, c'est en effet un grand impensé de la réforme. SGEN et UNSA addddddoooooorrrrrreeeeeennnnnntttttttt l'interdisciplinarité et la parent de toutes les vertus. 
Il me semble pour ma part qu'elle nécessite au contraire une très grande maîtrise des disciplines mélangées. Je ne vois pas en quoi elle pourrait aider les plus en difficulté à s'en sortir. 
Je me suis obligé à acheter et compulser le dernier numéro du CRAP consacré à ce thème et on y apprend rien de très convainquant. Des collègues trouvent l'interdisciplinarité bien et la pratique. Mais ça ne va pas plus loin. Aucun fondement scientifique.


Dernière édition par Collier de Barbe le Mer 13 Mai - 7:09, édité 1 fois

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par doctor who Mar 12 Mai - 13:51
Je me permets de remettre les liens de mes trois articles parlant de l'interdisciplinarité :

Les E.P.I. : O.P.A. sur l'interdisciplinarité !

Le rendez-vous manqué de l'interdisciplinarité

De l'interdisciplinarité à l'EPIdisciplinarité

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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
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