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- dandelionVénérable
Dans le Pas-de-Calais, mes petits élèves de CE1 n'avaient pour beaucoup aucune idée de ce qu'était une prune. J'avais un prunier dans mon jardin. Ce n'était donc pas un fruit exotique.
J'ai entendu un copain un jour raconter que dans l'usine où il travaillait (en Picardie) les instructions importantes étaient fournies sous forme de pictogrammes, du fait du fort taux d'illettrisme chez les ouvriers.
Pour être tout à fait honnête, peut-on traiter un problème qu'on ne saurait nommer? Souvenez-vous du tollé déclenché par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'illettrisme, on a bien vu que c'était un tabou.
J'ai entendu un copain un jour raconter que dans l'usine où il travaillait (en Picardie) les instructions importantes étaient fournies sous forme de pictogrammes, du fait du fort taux d'illettrisme chez les ouvriers.
Pour être tout à fait honnête, peut-on traiter un problème qu'on ne saurait nommer? Souvenez-vous du tollé déclenché par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'illettrisme, on a bien vu que c'était un tabou.
- Benji-XNiveau 8
dandelion a écrit:Dans le Pas-de-Calais, mes petits élèves de CE1 n'avaient pour beaucoup aucune idée de ce qu'était une prune. J'avais un prunier dans mon jardin. Ce n'était donc pas un fruit exotique.
J'ai entendu un copain un jour raconter que dans l'usine où il travaillait (en Picardie) les instructions importantes étaient fournies sous forme de pictogrammes, du fait du fort taux d'illettrisme chez les ouvriers.
Pour être tout à fait honnête, peut-on traiter un problème qu'on ne saurait nommer? Souvenez-vous du tollé déclenché par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'illettrisme, on a bien vu que c'était un tabou.
Dans l'entreprise de ma compagne, la société propose des formations en français et en maths à ses employés (jusqu'aux cadres compris)... Étonnamment, personne ne veut y participer.
- dandelionVénérable
C'est tout le problème de l'illettrisme: tant que la société le conçoit comme une maladie honteuse, il sera très difficile pour les personnes de demander de l'aide.
Si j'ai bien compris, il s'agit souvent de personnes qui 'savaient' lire, même s'ils étaient de faibles lecteurs, mais qui ont oublié faute de pratique. C'est donc un problème qui ne se résume pas à une mauvaise méthode de lecture. Je vois mal comment on peut corriger ce problème sans un travail de fond, qui commencerait dès la petite-enfance. Le problème c'est qu'il faut que notre pays admette qu'une partie importante de sa population vit dans le dénuement social et culturel. Comme je le disais plus haut, je crois qu'il est des problèmes qu'on ne veut pas nommer.
Si j'ai bien compris, il s'agit souvent de personnes qui 'savaient' lire, même s'ils étaient de faibles lecteurs, mais qui ont oublié faute de pratique. C'est donc un problème qui ne se résume pas à une mauvaise méthode de lecture. Je vois mal comment on peut corriger ce problème sans un travail de fond, qui commencerait dès la petite-enfance. Le problème c'est qu'il faut que notre pays admette qu'une partie importante de sa population vit dans le dénuement social et culturel. Comme je le disais plus haut, je crois qu'il est des problèmes qu'on ne veut pas nommer.
- InvitéInvité
Leclochard a écrit:Lornet a écrit:Cowabunga a écrit:
La réduction du nombre d'heures de français touche toutes les régions, tout comme les méthodes inefficaces pour apprendre à lire. Si l'on prend ces deux critères (que je ne nie pas), la Picardie n'est pas plus mal traitée que les autres.
Les difficultés des Picards en lecture naissent principalement de lacunes épouvantables en vocabulaire. A titre d'exemple, j'ai vu un gamin de 6e, il y a deux ans, me soutenir mordicus que personne n'utilisait le mot "révolution" à part moi. Un élève de 5e ne pas savoir ce que signifie le mot "tronc" dans le groupe "un tronc d'arbre". Et je pourrais vous citer des centaines d'exemples.
Je suis en zone rurale. Ici, je vois tous les jours des gamins qui boivent le cocktail suivant : aucune discussion avec des adultes + passion pour la téléréalité + abandon des pouvoirs publics + trop peu d'heures de français + méthodes d'apprentissage de lecture douteuse + aucun équipement culturel.
Résultat : en 6e, 85 % des élèves sont incapables de comprendre un texte simple de moins de 10 lignes ; parmi ceux-là, 10 % seulement sont incapables de déchiffrer (l'adressage est le problème le plus fréquent) ; et parmi ces 10 %, la moitié arrive sans connaître l'alphabet.
Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
Mais sinon, forcément, je suis d'accord. Il y a deux ans, j'avais demandé à mes 5e de me décrire en quinze lignes leur fruit préféré. Un élève m'a donc parlé de la pomme golden et de son merveilleux noyau... Ce n'était pas une blague. C'est aussi après ce devoir qu'on a découvert que certains élèves, dans la même classe, ignoraient ce que sont un kaki, un kiwi ou un...abricot. Pour l'abricot, j'ai vraiment cru à une blague mais l'élève a reposé la question en fin d'heure à une collègue car elle voulait vraiment savoir. :| On se posait beaucoup de questions lors des conseils de classe.
Et l'année suivante, quand la professeur de géographie a évoqué le Brésil, une élève a levé la main : "C'est pas là qu'ils sont allés, les Chtis ?"
:| parce que oui, la passion pour la téléréalité est bien présente. Les équipements culturels sont dans les villes. Il faut à chaque fois plus de 200 euros pour payer le car "Taquet" ou "Automobiles picards" donc dans les campagnes, c'est le néant.
C'est un détail car je souscris à ton analyse (j'ai toujours entendu des collègues qui y avaient enseigné que le niveau culturel était catastrophique): le kaki n'est pas un fruit commun pour la majorité des gens -surtout dans le nord de la France. Quelle proportion de gens en ont mangé et sauraient le décrire ? De même que la nèfle, la grenade ou le fruit de la passion...
Je suis d'accord pour le kaki mais j'ai retranscrit les faits tels quels et ce qui était surtout ennuyeux, c'était la confusion kaki / kiwi car même s'ils ne savaient pas ce qu'est un kaki, ils avaient déjà entendu le nom ( ) et du coup, ça devenait compliqué à expliquer, mais l'abricot m'a achevée (et pourtant, l'élève était sérieuse).
Je n'avais pas imposé les fruits. Ils pouvaient prendre celui de leur choix.
Mais tous les collègues avaient les mêmes soucis avec cette classe. Ils n'étaient pas méchants mais il fallait tout leur expliquer (même comment allumer un ordinateur...et pas à un seul élève. Je me souviens qu'en salle multimédia, ils appelaient "à l'aide !" sans arrêt et que ça contrastait avec mes deux autres 5e).
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