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- OlympiasProphète
Et ça me met dans une rage ...Marcel Khrouchtchev a écrit:Il y a au moins un parti qui doit se frotter les mains de voir ainsi son terreau picard prospérer...
- DenysNiveau 6
Maitrise de la lecture au niveau mondial : la France est en 12e position PISA
(source PISA)
(source PISA)
- CowabungaHabitué du forum
LouisBarthas a écrit:Cet échec n'est pas dû à ces réductions qui, bien sûr, sont regrettables, mais à la façon inepte d'enseigner la lecture : "reconnaissance visuelle" des mots, lecture par "hypothèses", recherche de "stratégies" de lecture et autres sornettes.may68 a écrit:C'est pas étonnant vu que le nombre d'heures de classe (et notamment de français) baisse inexorablement depuis 30 ans ...
Il est même probable que l'on consacre plus temps à l'apprentissage de la lecture qu'il y a un demi-siècle, pour des résultats déplorables.
La réduction du nombre d'heures de français touche toutes les régions, tout comme les méthodes inefficaces pour apprendre à lire. Si l'on prend ces deux critères (que je ne nie pas), la Picardie n'est pas plus mal traitée que les autres.
Les difficultés des Picards en lecture naissent principalement de lacunes épouvantables en vocabulaire. A titre d'exemple, j'ai vu un gamin de 6e, il y a deux ans, me soutenir mordicus que personne n'utilisait le mot "révolution" à part moi. Un élève de 5e ne pas savoir ce que signifie le mot "tronc" dans le groupe "un tronc d'arbre". Et je pourrais vous citer des centaines d'exemples.
Je suis en zone rurale. Ici, je vois tous les jours des gamins qui boivent le cocktail suivant : aucune discussion avec des adultes + passion pour la téléréalité + abandon des pouvoirs publics + trop peu d'heures de français + méthodes d'apprentissage de lecture douteuse + aucun équipement culturel.
Résultat : en 6e, 85 % des élèves sont incapables de comprendre un texte simple de moins de 10 lignes ; parmi ceux-là, 10 % seulement sont incapables de déchiffrer (l'adressage est le problème le plus fréquent) ; et parmi ces 10 %, la moitié arrive sans connaître l'alphabet.
Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
_________________
"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- User21929Expert
Moi je donne sa dernière :Cowabunga a écrit:Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
"Vu qu'ils sont (soi-disant) illettrés, vous n'avez qu'à vous filmer et mettre les vidéos à disposition des élèves qui pourront les regarder à volonté."
- InvitéInvité
:|
J'enseigne en Picardie, en ZEP rurale, et avec ma fille qui passe en CP à la rentrée parce qu'elle a su lire à 4 ans, je m'attends à de grands moments de solitude.
Mais nous ne comptons pas déménager.
C'est bizarre, mais au fil du temps, je me suis faite à cette région. En même temps, je suis née dans le Nord Pas-de-Calais et ce n'est pas beaucoup mieux. Il y a même des coins franchement plus inquiétants que la campagne picarde. Il y a deux soucis avec la campagne picarde : le niveau très bas alors que les élèves sont plutôt gentils (même si beaucoup ne comprennent rien) ; le racisme.
J'enseigne en Picardie, en ZEP rurale, et avec ma fille qui passe en CP à la rentrée parce qu'elle a su lire à 4 ans, je m'attends à de grands moments de solitude.
Mais nous ne comptons pas déménager.
C'est bizarre, mais au fil du temps, je me suis faite à cette région. En même temps, je suis née dans le Nord Pas-de-Calais et ce n'est pas beaucoup mieux. Il y a même des coins franchement plus inquiétants que la campagne picarde. Il y a deux soucis avec la campagne picarde : le niveau très bas alors que les élèves sont plutôt gentils (même si beaucoup ne comprennent rien) ; le racisme.
- InvitéInvité
Cowabunga a écrit:LouisBarthas a écrit:Cet échec n'est pas dû à ces réductions qui, bien sûr, sont regrettables, mais à la façon inepte d'enseigner la lecture : "reconnaissance visuelle" des mots, lecture par "hypothèses", recherche de "stratégies" de lecture et autres sornettes.may68 a écrit:C'est pas étonnant vu que le nombre d'heures de classe (et notamment de français) baisse inexorablement depuis 30 ans ...
Il est même probable que l'on consacre plus temps à l'apprentissage de la lecture qu'il y a un demi-siècle, pour des résultats déplorables.
La réduction du nombre d'heures de français touche toutes les régions, tout comme les méthodes inefficaces pour apprendre à lire. Si l'on prend ces deux critères (que je ne nie pas), la Picardie n'est pas plus mal traitée que les autres.
Les difficultés des Picards en lecture naissent principalement de lacunes épouvantables en vocabulaire. A titre d'exemple, j'ai vu un gamin de 6e, il y a deux ans, me soutenir mordicus que personne n'utilisait le mot "révolution" à part moi. Un élève de 5e ne pas savoir ce que signifie le mot "tronc" dans le groupe "un tronc d'arbre". Et je pourrais vous citer des centaines d'exemples.
Je suis en zone rurale. Ici, je vois tous les jours des gamins qui boivent le cocktail suivant : aucune discussion avec des adultes + passion pour la téléréalité + abandon des pouvoirs publics + trop peu d'heures de français + méthodes d'apprentissage de lecture douteuse + aucun équipement culturel.
Résultat : en 6e, 85 % des élèves sont incapables de comprendre un texte simple de moins de 10 lignes ; parmi ceux-là, 10 % seulement sont incapables de déchiffrer (l'adressage est le problème le plus fréquent) ; et parmi ces 10 %, la moitié arrive sans connaître l'alphabet.
Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
Mais sinon, forcément, je suis d'accord. Il y a deux ans, j'avais demandé à mes 5e de me décrire en quinze lignes leur fruit préféré. Un élève m'a donc parlé de la pomme golden et de son merveilleux noyau... Ce n'était pas une blague. C'est aussi après ce devoir qu'on a découvert que certains élèves, dans la même classe, ignoraient ce que sont un kaki, un kiwi ou un...abricot. Pour l'abricot, j'ai vraiment cru à une blague mais l'élève a reposé la question en fin d'heure à une collègue car elle voulait vraiment savoir. :| On se posait beaucoup de questions lors des conseils de classe.
Et l'année suivante, quand la professeur de géographie a évoqué le Brésil, une élève a levé la main : "C'est pas là qu'ils sont allés, les Chtis ?"
:| parce que oui, la passion pour la téléréalité est bien présente. Les équipements culturels sont dans les villes. Il faut à chaque fois plus de 200 euros pour payer le car "Taquet" ou "Automobiles picards" donc dans les campagnes, c'est le néant.
- User5899Demi-dieu
Heureusement que le nouveau collège garantira l'égalité complète à ces pauvres gosses.
- DenysNiveau 6
Beauvais, capitale de la France, au DNB.
Bon, ça, c'est un élève qui sait lire.
Bon, ça, c'est un élève qui sait lire.
- OlympiasProphète
Je suis toujours sidérée de ce que je vois, au bout de 23 ans dans la zone.
- Marie LaetitiaBon génie
Lornet a écrit:Cowabunga a écrit:LouisBarthas a écrit:
Cet échec n'est pas dû à ces réductions qui, bien sûr, sont regrettables, mais à la façon inepte d'enseigner la lecture : "reconnaissance visuelle" des mots, lecture par "hypothèses", recherche de "stratégies" de lecture et autres sornettes.
Il est même probable que l'on consacre plus temps à l'apprentissage de la lecture qu'il y a un demi-siècle, pour des résultats déplorables.
La réduction du nombre d'heures de français touche toutes les régions, tout comme les méthodes inefficaces pour apprendre à lire. Si l'on prend ces deux critères (que je ne nie pas), la Picardie n'est pas plus mal traitée que les autres.
Les difficultés des Picards en lecture naissent principalement de lacunes épouvantables en vocabulaire. A titre d'exemple, j'ai vu un gamin de 6e, il y a deux ans, me soutenir mordicus que personne n'utilisait le mot "révolution" à part moi. Un élève de 5e ne pas savoir ce que signifie le mot "tronc" dans le groupe "un tronc d'arbre". Et je pourrais vous citer des centaines d'exemples.
Je suis en zone rurale. Ici, je vois tous les jours des gamins qui boivent le cocktail suivant : aucune discussion avec des adultes + passion pour la téléréalité + abandon des pouvoirs publics + trop peu d'heures de français + méthodes d'apprentissage de lecture douteuse + aucun équipement culturel.
Résultat : en 6e, 85 % des élèves sont incapables de comprendre un texte simple de moins de 10 lignes ; parmi ceux-là, 10 % seulement sont incapables de déchiffrer (l'adressage est le problème le plus fréquent) ; et parmi ces 10 %, la moitié arrive sans connaître l'alphabet.
Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
Mais sinon, forcément, je suis d'accord. Il y a deux ans, j'avais demandé à mes 5e de me décrire en quinze lignes leur fruit préféré. Un élève m'a donc parlé de la pomme golden et de son merveilleux noyau... Ce n'était pas une blague. C'est aussi après ce devoir qu'on a découvert que certains élèves, dans la même classe, ignoraient ce que sont un kaki, un kiwi ou un...abricot. Pour l'abricot, j'ai vraiment cru à une blague mais l'élève a reposé la question en fin d'heure à une collègue car elle voulait vraiment savoir. :| On se posait beaucoup de questions lors des conseils de classe.
Et l'année suivante, quand la professeur de géographie a évoqué le Brésil, une élève a levé la main : "C'est pas là qu'ils sont allés, les Chtis ?"
:| parce que oui, la passion pour la téléréalité est bien présente. Les équipements culturels sont dans les villes. Il faut à chaque fois plus de 200 euros pour payer le car "Taquet" ou "Automobiles picards" donc dans les campagnes, c'est le néant.
Confrontée à des problèmes proches (mais tout à fait aussi graves) dans ma ZEP
- Spoiler:
- dans ma 5e difficile, la première année, ils ne savaient pas ce que c'était, du "terreau" ni ce que c'était un scarabée, même image à l'appui. Ça m'avait attristée. Ce sont les joies de l'enfance, cela, observer un scarabée dans la nature... Et puis j'ai le souvenir de ma mère remettant un scarabée sur ses pattes sur le bord d'un chemin en m'expliquant qu'on ne doit jamais faire de mal aux animaux, seulement abréger leurs souffrances quand on ne peut plus rien faire pour eux. Le réflexe de mes élèves était de crier d'horreur et s'ils avaient eu la bestiole devant eux, elle n'aurait pas vécu longtemps...
Cela dit, on manque des anciennes "leçons de choses" qui étaient au passage un moyen de faire (beaucoup) lire les enfants. J'ai récupéré un vieux manuel "de lectures courantes" sur la campagne, la ville, la vie quotidienne, l'hygiène et j'en passe. Vraiment impressionnant. Il faut que je le retrouve pour vérifier la date... Je ne crois pas que les gamins d'il y a un siècle partaient avec un meilleur niveau de culture générale. Mais les lectures proposées à l'école et la richesse des leçons leur permettaient vraiment d'acquérir tout ce qui pouvait leur manquer.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- DenysNiveau 6
Olympias a écrit:Je suis toujours sidérée de ce que je vois, au bout de 23 ans dans la zone.
+ 1
- User21929Expert
Vécu et entendu cette année :
- Messieurs, à dans 15 jours. Mardi prochain c'est férié.
- M'sieur C koi ferrier %
- C'est un jour sans travail, donc sans cours pour vous.
- pourkoI #
- On fête l'armistice de la première guerre mondiale.
- ha wouai, la guer 200 temps ]
- Non, tu demanderas à Mme Dupond en histoire.
- Haaaaaan, l'prof y C pa \
... fin du cours de mathématiques en seconde année de BTS SIO :shock:
- Messieurs, à dans 15 jours. Mardi prochain c'est férié.
- M'sieur C koi ferrier %
- C'est un jour sans travail, donc sans cours pour vous.
- pourkoI #
- On fête l'armistice de la première guerre mondiale.
- ha wouai, la guer 200 temps ]
- Non, tu demanderas à Mme Dupond en histoire.
- Haaaaaan, l'prof y C pa \
... fin du cours de mathématiques en seconde année de BTS SIO :shock:
- User21929Expert
Il y a 10 ans :
- ... le chiffre d'affaire de la société est de 55 milliard d'euros pour l'année dernière...
- Pour combien de salariés ?
- Quatre.
- QUATRE !?
- Ah, non ! Cinq, ils prennent toujours un stagiaire.
... soutenance orale de fin de stage de BTS, effectué chez France Télécom (Orange).
- ... le chiffre d'affaire de la société est de 55 milliard d'euros pour l'année dernière...
- Pour combien de salariés ?
- Quatre.
- QUATRE !?
- Ah, non ! Cinq, ils prennent toujours un stagiaire.
... soutenance orale de fin de stage de BTS, effectué chez France Télécom (Orange).
- almuixeNeoprof expérimenté
Il y aurait de quoi faire un bêtisier si ce n'était pas si affligeant.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- ChewbaccaNiveau 3
Cripure a écrit:J'ai dit ailleurs que ces inepties se pratiquent même fort tôt, et que mon frère vient de retirer définitivement sa fille de la section "moyens" de maternelle à cause de ces errements continuels.
Quels errements précisément ? Et comment, d'après vous, apprendre correctement à lire à un enfant ?
(Curiosité bien innocente : J'ai un enfant qui est dans une classe de "moyens-grands" de maternelle et je ne sais pas vraiment comment faire pour l'accompagner dans son apprentissage, sans nuire au travail de sa maîtresse ou paraître le "juger" - je ne sais d'ailleurs pas trop comment je pourrais évaluer les méthodes d'apprentissage qui sont utilisées par les enseignants de l'établissement.)
- InvitéInvité
Méthode syllabique ?
Bon, après, ma fille a su lire en trois semaines avant d'entrer en MS alors je ne sais pas trop comment on doit s'y prendre mais le point de départ à été b et a, ba, M et o, et après elle a tout compris. Il a fallu que je complète avec les n, les oi, les ai...en ce moment elle lit des romans pokemon et joue à Mario kart 8 ou à Mario party.
D'ailleurs ne pas savoir lire doit être handicapant même pour jouer à Mario : il y a du texte à lire quand elle joue à la console.
Bon, après, ma fille a su lire en trois semaines avant d'entrer en MS alors je ne sais pas trop comment on doit s'y prendre mais le point de départ à été b et a, ba, M et o, et après elle a tout compris. Il a fallu que je complète avec les n, les oi, les ai...en ce moment elle lit des romans pokemon et joue à Mario kart 8 ou à Mario party.
D'ailleurs ne pas savoir lire doit être handicapant même pour jouer à Mario : il y a du texte à lire quand elle joue à la console.
- InvitéInvité
En y réfléchissant, pour ma petite soeur, ça avait été pareil : un livre dont le héros était un lutin appelé Tipounet qui vivait dans le village des lettres. Il y avait la maison des b, la maison des a, etc. Il y avait du coloriage et de la combinatoire. Au final, elle savait lire mais j'ai regardé sur Amazon et il ne doit plus exister.
- sanoNiveau 3
Le problème de l'illettrisme ne réside-t-il que dans la méthode ? Dans les années 80 aussi on utilisait la syllabique, et cela ne nous empêchait pas d'apprendre à lire... Mais à l'époque, nos parents n'incendiaient pas les enseignants dès qu'il y avait de la lecture ou de l'écriture à faire à la maison, nous avions un vocabulaire plus riche et nous n'étions pas abrutis par les dialogues syntaxiquement recherchés de la télé-réalité...
- InvitéInvité
Je suis pour la syllabique. Justement. Dans les années 80 on l'utilisait et ça permettait d'apprendre à lire.
Sinon, si les parents incendient les enseignants, c'est aussi parce qu'on ne les remet pas à leur place. Quand j'étais néo-tit, déjà en Picardie, ma CDE m'avait convoquée pour me hurler dessus (on avait été 70 sur 72 à signer une pétition pour qu'on nous l'enlève...) parce que des parents d'élèves se plaignaient que je donnais trop de devoirs. Renseignement pris, ça concernait un seul parent !
Sinon, si les parents incendient les enseignants, c'est aussi parce qu'on ne les remet pas à leur place. Quand j'étais néo-tit, déjà en Picardie, ma CDE m'avait convoquée pour me hurler dessus (on avait été 70 sur 72 à signer une pétition pour qu'on nous l'enlève...) parce que des parents d'élèves se plaignaient que je donnais trop de devoirs. Renseignement pris, ça concernait un seul parent !
- AdriGrand Maître
La Picardie est en bas de classement depuis fort longtemps déjà, ce n'est pas une nouveauté... ça n'en reste pas moins tragique.
- e-WandererGrand sage
Intermède musical, pour se remonter le moral :
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Les VRP!!!
Merci!
Merci!
- Spinoza1670Esprit éclairé
Cripure a écrit:J'ai dit ailleurs que ces inepties se pratiquent même fort tôt, et que mon frère vient de retirer définitivement sa fille de la section "moyens" de maternelle à cause de ces errements continuels.LouisBarthas a écrit:Cet échec n'est pas dû à ces réductions qui, bien sûr, sont regrettables, mais à la façon inepte d'enseigner la lecture : "reconnaissance visuelle" des mots, lecture par "hypothèses", recherche de "stratégies" de lecture et autres sornettes.may68 a écrit:C'est pas étonnant vu que le nombre d'heures de classe (et notamment de français) baisse inéxorablement depuis 30 ans ...
Il est même probable que l'on consacre plus temps à l'apprentissage de la lecture qu'il y a un demi-siècle, pour des résultats déplorables.
Petit historique génial par Michel Delord :
Les prescriptions originales du ministère de l'Instruction Publique, malgré des modifications certaines mais secondaires , perdureront jusqu'aux Instructions relatives à l'enseignement du français à l'école élémentaire du 4 décembre 1972, dites circulaire Fontanet , qui marquent le triomphe de la méthode idéo-visuelle à la Foucambert.
Ces prescriptions permanentes sont constituées centralement par- la recommandation de méthodes d'écriture-lecture avec recommandation de la lecture à voix-haute,
- la périodisation de l'enseignement de la lecture en trois degrés bien décrits par Gabriel Compayré :" Quand l'enfant sait épeler ses lettres, les parents trop confiants chantent souvent victoire, et croient que tout est fini. La vraie difficulté, la lecture des mots, ne commence pourtant qu'alors : il faut souvent bien des mois pour que l'élève passe de l'épellation de son alphabet à la lecture courante. On doit donc distinguer divers degrés dans la lecture :
1° le premier degré, où l'élève apprend à distinguer ses lettres, à en savoir les noms, où il les assemble péniblement pour prononcer les syllabes et les mots ;
(dans une phrase des programmes de 1923, reprise dans les programmes de 1945, le premier degré est explicitement décrit ainsi : "Exercices qui doivent conduire progressivement l'enfant à la lecture courante et porter sur des mots et des phrases simples que l'enfant peut comprendre aisément et lire avec naturel.")
2° le second degré, où l'élève lit couramment, sans hésitation, sans tâtonnement;
3° le troisième degré, qui correspond à ce qu'on appelle la lecture expressive."
Dans la mesure où la méthode idéovisuelle, triomphante à partir de 1972,- prend comme modèle du début de l'apprentissage de l'écriture-lecture le mode de lecture silencieux d'un lecteur rapide qui se situe au-delà de la lecture expressive
- prétend accéder par la "voie directe" de reconnaissance globale des mots ou des phrases à la compréhension des textes sans passer par la "voie indirecte" c'est-à-dire le premier degré de la lecture,logiquement- elle critique les trois degrés de maîtrise de la lecture cités supra en les accusant d'être une conception étapiste et de "saucissonnage"
- elle met en avant la lecture de plus exclusivement silencieuse,
ce qui l'amène à :
- supprimer la lecture à voix haute
- nier le rôle prioritaire de l'écriture dans l'apprentissage de la lecture, c'est-à-dire à faire disparaitre définitivement la notion d'écriture-lecture, ce qui perdure jusqu'à maintenant où, y compris chez les "opposants à la méthode globale" et à l'exception de Liliane Lurçat, on parle de "méthodes de lecture-écriture" sans même d'ailleurs soupçonner l'importance de l'enjeu.
On ira jusqu'à considérer que le déchiffrage doit être interdit car il "empêche l'accès au sens" et même à "déconsidérer toute idée de méthode", principe argumenté à partir de "la diversité des savoir-faire des maîtres" et de "l'hétérogénéité des élèves" : "L'ajustement de la pédagogie aux besoins et aux intérêts des élèves devient donc le critère de qualité des pratiques"
(Cf. les directives de 1972 -1990 citées dans Roland Goigoux, L'évolution de la prescription adressée aux instituteurs : l'exemple de l'enseignement de la lecture entre 1972 et 2002, SELF2002) [Version locale]
État du débat 1992-200?
Devant l'ampleur de la catastrophe, la brochure La maîtrise de langue (MEN, 1992) et les programmes de 1995 et 2002- redonnent de l'importance à la "relation graphème-phonème", mais persistent dans l'enseignement de la voie directe (confondant en cela l'existence probable d'une voie directe dans la pratique de la lecture d'un adulte et la nécessité d'enseigner cette voie) ;
- réenvisagent la lecture à voix haute.Mais, tant que les programmes de 2002 sont en place et conformément à ceux-ci, ces modifications- ne touchent que le CP suivant des modalités d'ailleurs critiquables ;
- laissent de toutes les façons intactes trois années d'enseignement systématiquement idéovisuel en maternelle pendant lesquelles l’élève qui "n’apprendra à lire qu’à l’école élémentaire" (Point 4.2 des programmes de maternelle) doit "Découvrir le fonctionnement du code écrit" (Point 4.6), sans connaître les lettres.
Il s'agit donc du passage d'une méthode idéovisuelle pure à une méthode idéo-visuelle impure (voir "La Globale et La Syllabique") :
dans cette perspective, l'élève est donc condamné pendant 3 ans au moins à lire exclusivement en devinant sans que les moyens qui lui sont donnés ne lui permettent d'utiliser son intuition et son sens de l'analogie autrement qu'en répondant majoritairement au hasard. La persistance de ce type "d'enseignement" sur une si longue durée touchant un sujet aussi fondamental induit pour l'élève ce mode de "raisonnement" comme mode de raisonnement normal, ce qui revient à lui interdire ou au moins diminuer fortement sa capacité à entrer dans la rationalité.
De plus, pendant toute cette période, ne sont jamais abordés dans les débats contradictoires deux points aveugles mais fondamentaux, ce qui signifie explicitement que les défenseurs de la "transmission des savoirs" n'ont encore fait qu'une critique partielle de l'obscurantisme (Cf. Guy Morel, L’œuf du serpent : les dégâts du révisionnisme):
- la problématique de l'écriture-lecture (Voir Écriture-Lecture ou Lecture-Écriture : le cadavre dans le placard )
- l'enseignement de la lecture en maternelle (Voir 3mois ou 3 ans et 3 mois et Complément sur la maternelle)
Que faire ? (A partir de la conclusion de "LA Globale et LA Syllabique")
Les difficultés en lecture des élèves au collège et au lycée ne viennent pas seulement des difficultés engendrées par les méthodes de lecture, même si celles-ci engendrent des difficultés fondamentales.
Elles viennent de l'indigence intellectuelle générale des programmes et progressions : bien sûr du point de vue de la logique de la langue, la faiblesse de l'enseignement de la grammaire et de l'orthographe est en cause mais lorsque l'étape du déchiffrage est passée, la qualité des programmes - en calcul, arithmétique, histoire, géographie, sciences naturelles, en d'autres termes les bases de la culture générale - est ce qui permet d'améliorer la qualité de la lecture. En effet, comment pourrait-on prétendre séparer la connaissance du monde de la connaissance des mots qui servent à l'exprimer ?
Mais ceci a déjà été dit dans le texte SLECC (La lecture, moyen et objectif de l'acquisition d'une culture générale Ou Savoir lire exige une bonne connaissance des mots et du monde, pages 6 à 8.), dans lequel nous nous inspirions de l'article de E.D. Hirsch Jr, Reading Comprehension Requires Knowledge of Words and the World. Hirsch y montre que, si les programmes sont de piètre qualité dans les matières qui ne sont pas ceux de la langue maternelle, même si une méthode de lecture efficiente a été employée, la qualité de la lecture des élèves régresse de plus en plus, et manière particulièrement marqué à partir du CM1 : c'est ce que les Américains appellent le fourth grade slump, littéralement l'effondrement du niveau en lecture en CM1.
[...]
source : http://michel.delord.free.fr/lecture.html
_________________
« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- LeclochardEmpereur
Lornet a écrit:Cowabunga a écrit:LouisBarthas a écrit:
Cet échec n'est pas dû à ces réductions qui, bien sûr, sont regrettables, mais à la façon inepte d'enseigner la lecture : "reconnaissance visuelle" des mots, lecture par "hypothèses", recherche de "stratégies" de lecture et autres sornettes.
Il est même probable que l'on consacre plus temps à l'apprentissage de la lecture qu'il y a un demi-siècle, pour des résultats déplorables.
La réduction du nombre d'heures de français touche toutes les régions, tout comme les méthodes inefficaces pour apprendre à lire. Si l'on prend ces deux critères (que je ne nie pas), la Picardie n'est pas plus mal traitée que les autres.
Les difficultés des Picards en lecture naissent principalement de lacunes épouvantables en vocabulaire. A titre d'exemple, j'ai vu un gamin de 6e, il y a deux ans, me soutenir mordicus que personne n'utilisait le mot "révolution" à part moi. Un élève de 5e ne pas savoir ce que signifie le mot "tronc" dans le groupe "un tronc d'arbre". Et je pourrais vous citer des centaines d'exemples.
Je suis en zone rurale. Ici, je vois tous les jours des gamins qui boivent le cocktail suivant : aucune discussion avec des adultes + passion pour la téléréalité + abandon des pouvoirs publics + trop peu d'heures de français + méthodes d'apprentissage de lecture douteuse + aucun équipement culturel.
Résultat : en 6e, 85 % des élèves sont incapables de comprendre un texte simple de moins de 10 lignes ; parmi ceux-là, 10 % seulement sont incapables de déchiffrer (l'adressage est le problème le plus fréquent) ; et parmi ces 10 %, la moitié arrive sans connaître l'alphabet.
Je ne vous livre pas les différentes réponses de mon inspection face à ce problème, parce que je suis déjà tellement en colère ces derniers mois avec la réforme que je ne réussirai pas à être claire. Mais bon, je suis sûre que vous avez une vague idée de ce qu'on peut proposer de plus inadapté.
Mais sinon, forcément, je suis d'accord. Il y a deux ans, j'avais demandé à mes 5e de me décrire en quinze lignes leur fruit préféré. Un élève m'a donc parlé de la pomme golden et de son merveilleux noyau... Ce n'était pas une blague. C'est aussi après ce devoir qu'on a découvert que certains élèves, dans la même classe, ignoraient ce que sont un kaki, un kiwi ou un...abricot. Pour l'abricot, j'ai vraiment cru à une blague mais l'élève a reposé la question en fin d'heure à une collègue car elle voulait vraiment savoir. :| On se posait beaucoup de questions lors des conseils de classe.
Et l'année suivante, quand la professeur de géographie a évoqué le Brésil, une élève a levé la main : "C'est pas là qu'ils sont allés, les Chtis ?"
:| parce que oui, la passion pour la téléréalité est bien présente. Les équipements culturels sont dans les villes. Il faut à chaque fois plus de 200 euros pour payer le car "Taquet" ou "Automobiles picards" donc dans les campagnes, c'est le néant.
C'est un détail car je souscris à ton analyse (j'ai toujours entendu des collègues qui y avaient enseigné que le niveau culturel était catastrophique): le kaki n'est pas un fruit commun pour la majorité des gens -surtout dans le nord de la France. Quelle proportion de gens en ont mangé et sauraient le décrire ? De même que la nèfle, la grenade ou le fruit de la passion...
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Benji-XNiveau 8
Le niveau est tellement bas en Picardie que la fac de droit d'Amiens a mis en place des cours de maîtrise du français et de culture générale en L1 pour certains élèves. J'ai un formateur à l'ESPE qui se bat pour que les cours de maîtrise du français soient déployés dans l'ensemble des L1 de l'UPJV...
- dandelionVénérable
Dans le Pas-de-Calais, mes petits élèves de CE1 n'avaient pour beaucoup aucune idée de ce qu'était une prune. J'avais un prunier dans mon jardin. Ce n'était donc pas un fruit exotique.
J'ai entendu un copain un jour raconter que dans l'usine où il travaillait (en Picardie) les instructions importantes étaient fournies sous forme de pictogrammes, du fait du fort taux d'illettrisme chez les ouvriers.
Pour être tout à fait honnête, peut-on traiter un problème qu'on ne saurait nommer? Souvenez-vous du tollé déclenché par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'illettrisme, on a bien vu que c'était un tabou.
J'ai entendu un copain un jour raconter que dans l'usine où il travaillait (en Picardie) les instructions importantes étaient fournies sous forme de pictogrammes, du fait du fort taux d'illettrisme chez les ouvriers.
Pour être tout à fait honnête, peut-on traiter un problème qu'on ne saurait nommer? Souvenez-vous du tollé déclenché par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'illettrisme, on a bien vu que c'était un tabou.
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