- ParménideNeoprof expérimenté
Est ce que le problème soulevé par le sujet est celui-ci ? :
Comment la moralité, théoriquement désintéressée, peut-elle être mise à profit par la vie sociale?
D'ailleurs ce sujet tolère-t-il plusieurs problématiques ou seulement une?
Comment la moralité, théoriquement désintéressée, peut-elle être mise à profit par la vie sociale?
D'ailleurs ce sujet tolère-t-il plusieurs problématiques ou seulement une?
- PanturleNiveau 8
Histoire que ça ne soit pas toujours les mêmes qui le disent : un (vrai) problème ne peut absolument pas être formulé de cette manière. Un problème n'est pas une question sortie out of the blue. De fait, le sujet est (ici comme souvent) une question de type micro-trottoir et ne "soulève" aucun problème à lui tout seul (un protocole pour tester mon hypothèse : aller dans la boulangerie du coin et poser la question aux braves gens : on verra qu'elle ne pose aucune problème).
Il faut un philosophe pour soulever quelque chose par un bout qui dépasse, éventuellement voir qu'en réalité ça ne pose pas de problème, et recommencer (sans oublier d'imaginer Sisyphe heureux). Lorsque enfin on trouve quelque chose dont le traitement semble effectivement mériter une dissertation (d'au moins trois pages, donc...), il faut encore être assez bon pour présenter à son lecteur en quoi il y a problème...
Bref : la réponse à la question "le problème est-il x ?" est encore non (pour moi, en tout cas). Ou plutôt, on ne peut pas y répondre sans avoir la réponse à ces questions : Quel est le fil d'élaboration de ce problème ? En quoi n'est-il pas absolument contingent de le poser face à la question du sujet ? Bref : d'où sort-il, purée de moine ?
(ASTUCE : un problème ne se présente pas en moins de 10-15 lignes.)
Il faut un philosophe pour soulever quelque chose par un bout qui dépasse, éventuellement voir qu'en réalité ça ne pose pas de problème, et recommencer (sans oublier d'imaginer Sisyphe heureux). Lorsque enfin on trouve quelque chose dont le traitement semble effectivement mériter une dissertation (d'au moins trois pages, donc...), il faut encore être assez bon pour présenter à son lecteur en quoi il y a problème...
Bref : la réponse à la question "le problème est-il x ?" est encore non (pour moi, en tout cas). Ou plutôt, on ne peut pas y répondre sans avoir la réponse à ces questions : Quel est le fil d'élaboration de ce problème ? En quoi n'est-il pas absolument contingent de le poser face à la question du sujet ? Bref : d'où sort-il, purée de moine ?
(ASTUCE : un problème ne se présente pas en moins de 10-15 lignes.)
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Multaque res subita et paupertas horrida suasit.
- User17706Bon génie
MerciPanturle a écrit: Bref : la réponse à la question "le problème est-il x ?" est encore non (pour moi, en tout cas). Ou plutôt, on ne peut pas y répondre sans avoir la réponse à ces questions : Quel est le fil d'élaboration de ce problème ? En quoi n'est-il pas absolument contingent de le poser face à la question du sujet ? Bref : d'où sort-il, purée de moine ?
(ASTUCE : un problème ne se présente pas en moins de 10-15 lignes.)
- LevincentNiveau 9
Parménide a écrit:Est ce que le problème soulevé par le sujet est celui-ci ? :
Comment la moralité, théoriquement désintéressée, peut-elle être mise à profit par la vie sociale?
D'ailleurs ce sujet tolère-t-il plusieurs problématiques ou seulement une?
- PanturleNiveau 8
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- ParménideNeoprof expérimenté
Panturle a écrit:
un (vrai) problème ne peut absolument pas être formulé de cette manière.
J'ai déjà réussi des dissertations en formulant le problème de cette manière, pourtant.
La méthode, sur ce sujet-là, m'échappe, bizarrement.
Panturle a écrit:
(ASTUCE : un problème ne se présente pas en moins de 10-15 lignes.)
Et il ne doit pas comporter de phrases interrogatives?
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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https://www.babelio.com/monprofil.php
- JPhMMDemi-dieu
Allez hop, je tente ... façon conversation de bistrot.
Bon la vie sociale, c'est déjà quand même de la vie. Mais quoi, quand Marseille est touchée par la peste en 1720, prononcer le blocus de la ville, c'est condamner ses habitants, au mieux à la famine, au pire à la destruction par l'épidémie, acte difficilement qualifiable de moral. Ne pas le faire, c'est prendre le risque que l'épidémie touche toute la région, toute la France, l'Europe, and soon the Woooooorld ! Mais c'est un acte utile, donc, n'est-il pas ? donc bon... certaine moralité serait contraire à la vie ici. A moins que, diraient certains (hihi) sacrifier Marseille pour sauver la France ne soit une forme de moralité, un ... tada ! cas de conscience. Le pouvoir, mes bons messieurs, le pouvoir est fait pour cela ! pour dire le bien (notez, le bien) collectif qui n'est pas toujours bien particulier. En sacrifier 1 pour en sauver 100. Un calcul qui n'a rien de moral, quand on y songe. Un calcul que la puissance d'état fait bien souvent : on appelle parfois cela "une guerre".
Ça me rappelle que cette histoire de Marseille fut contée par un certain Antonin. Et je songe alors à Antigone... allez savoir pourquoi. Moralité versus vie sociale, Antigone connaît cela. C'est que la vie sociale est une préoccupation collective, et moralité est toujours affaire personnelle.
Plus humblement, nul n'est étranger au cas de conscience du mensonge poli. Dire que vivre en société demande toujours une part d'hypocrisie est devenu un lieu commun, au moins depuis le philosophe au tonneau — moi je pense que ce n'était pas un tonneau, mais plutôt une amphore, parce que les tonneaux, c'est un truc de Gaulois, et pas de Grecs, mais passons, hic ! c'est pas l'histoire du sujet. Doit-on préférer l'amitié ou la vérité ? la question vaut aussi pour une amitié comme règle de vie en société. La préférer à la vérité est-ce un acte moral ? La question est posée par le philosophe, car sa place dans la société est questionnée. Si le Bon est le Vrai, ce bon-là est-il compatible avec la vie sociale ? Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, ma bonne dame. Alors, le philosophe il doit trouver sa place. Sinon, gare à la ciguë.
Serveur, une tournée, merci !
Bon la vie sociale, c'est déjà quand même de la vie. Mais quoi, quand Marseille est touchée par la peste en 1720, prononcer le blocus de la ville, c'est condamner ses habitants, au mieux à la famine, au pire à la destruction par l'épidémie, acte difficilement qualifiable de moral. Ne pas le faire, c'est prendre le risque que l'épidémie touche toute la région, toute la France, l'Europe, and soon the Woooooorld ! Mais c'est un acte utile, donc, n'est-il pas ? donc bon... certaine moralité serait contraire à la vie ici. A moins que, diraient certains (hihi) sacrifier Marseille pour sauver la France ne soit une forme de moralité, un ... tada ! cas de conscience. Le pouvoir, mes bons messieurs, le pouvoir est fait pour cela ! pour dire le bien (notez, le bien) collectif qui n'est pas toujours bien particulier. En sacrifier 1 pour en sauver 100. Un calcul qui n'a rien de moral, quand on y songe. Un calcul que la puissance d'état fait bien souvent : on appelle parfois cela "une guerre".
Ça me rappelle que cette histoire de Marseille fut contée par un certain Antonin. Et je songe alors à Antigone... allez savoir pourquoi. Moralité versus vie sociale, Antigone connaît cela. C'est que la vie sociale est une préoccupation collective, et moralité est toujours affaire personnelle.
Plus humblement, nul n'est étranger au cas de conscience du mensonge poli. Dire que vivre en société demande toujours une part d'hypocrisie est devenu un lieu commun, au moins depuis le philosophe au tonneau — moi je pense que ce n'était pas un tonneau, mais plutôt une amphore, parce que les tonneaux, c'est un truc de Gaulois, et pas de Grecs, mais passons, hic ! c'est pas l'histoire du sujet. Doit-on préférer l'amitié ou la vérité ? la question vaut aussi pour une amitié comme règle de vie en société. La préférer à la vérité est-ce un acte moral ? La question est posée par le philosophe, car sa place dans la société est questionnée. Si le Bon est le Vrai, ce bon-là est-il compatible avec la vie sociale ? Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, ma bonne dame. Alors, le philosophe il doit trouver sa place. Sinon, gare à la ciguë.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- DimkaVénérable
Parménide a écrit:Panturle a écrit:un (vrai) problème ne peut absolument pas être formulé de cette manière.
J'ai déjà réussi des dissertations en formulant le problème de cette manière, pourtant.
La méthode, sur ce sujet-là, m'échappe, bizarrement.
Un jour, j’ai traversé l’Erdre bourré et habillé, c’est pas pour autant que j’en suis arrivé à la conclusion que c’était la condition idéale pour pratiquer la natation.
La méthode, tu la maîtrises quand tu la maîtrises tout le temps, y compris (et surtout) dans la difficulté. Avoir réussi un jour, un truc, une fois, plus ou moins bien (en passant, qu’appelles-tu « avoir réussi » ? Avoir ton maximum autour de la moyenne ? La réussite, c’est que ton minimum soit la moyenne…), ce n’est pas le maîtriser. La méthode, ça t’échappe pas sur un sujet, si c’est le cas, c’est que tu n’y es pas.
Sinon, je veux pas être méchant, mais quand on te lit à propos de la méthode, sur l’intro et la problématique, tu as une conception de la dissertation qui est à peu près celle d’un lycée moyen : simplifiée, mal digérée, vaguement transformée en recette miracle, le tout en se raccrochant sur de vagues considérations formelles piochées à droite à gauche (de genre, est-ce que ça doit être interrogatif), et il me semble que tu as un degré de rigueur et de profondeur dans la réflexion et l’analyse philosophique qui doit être à peu près celle du pilier de comptoir de bar.
Quand tu as pigé le fond de ce que c’est, une intro, tu ne te poses plus de questions plus sur la couleur de ton point d’interrogation. Sur un malentendu, ça peut passer une fois de temps en temps, si le reste est assez solide, mais comme à côté de ça, tu nous expliques que les connaissances, c’est trop dur, et la réflexion un minimum subtile et rigoureuse, c’est compliqué…
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- Spoiler:
- JPhMMDemi-dieu
Dimka a écrit:qui doit être à peu près celle du pilier de comptoir de bar.
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- ParménideNeoprof expérimenté
J'éprouve des difficultés à problématiser. Du moins sur ce sujet. Ce n'est pas uniquement un problème de manque de connaissances, il y a aussi les affinités intellectuelles qui jouent : on est plus à l'aise dans certains domaines que dans d'autres. Mais il est évident que tout repose sur une question d'entraînement. Je voudrais éviter à tout prix que cette mésaventure avec ce sujet altère à nouveau ma confiance en moi, difficilement regagnée au cours des derniers mois.
Ce qui est frappant aussi c'est qu'il soit si difficile de saisir la façon dont se construit un problème. Et maitriser la chose n'est qu'une étape, car ensuite, il s'agit de transmettre ce savoir-faire aux élèves.
Ce qui est frappant aussi c'est qu'il soit si difficile de saisir la façon dont se construit un problème. Et maitriser la chose n'est qu'une étape, car ensuite, il s'agit de transmettre ce savoir-faire aux élèves.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- AspasieNiveau 10
Parménide... Lis cela. Il y a plein de choses dans ce post pour une problématisation !JPhMM a écrit:Allez hop, je tente ... façon conversation de bistrot.
Bon la vie sociale, c'est déjà quand même de la vie. Mais quoi, quand Marseille est touchée par la peste en 1720, prononcer le blocus de la ville, c'est condamner ses habitants, au mieux à la famine, au pire à la destruction par l'épidémie, acte difficilement qualifiable de moral. Ne pas le faire, c'est prendre le risque que l'épidémie touche toute la région, toute la France, l'Europe, and soon the Woooooorld ! Mais c'est un acte utile, donc, n'est-il pas ? donc bon... certaine moralité serait contraire à la vie ici. A moins que, diraient certains (hihi) sacrifier Marseille pour sauver la France ne soit une forme de moralité, un ... tada ! cas de conscience. Le pouvoir, mes bons messieurs, le pouvoir est fait pour cela ! pour dire le bien (notez, le bien) collectif qui n'est pas toujours bien particulier. En sacrifier 1 pour en sauver 100. Un calcul qui n'a rien de moral, quand on y songe. Un calcul que la puissance d'état fait bien souvent : on appelle parfois cela "une guerre".
Ça me rappelle que cette histoire de Marseille fut contée par un certain Antonin. Et je songe alors à Antigone... allez savoir pourquoi. Moralité versus vie sociale, Antigone connaît cela. C'est que la vie sociale est une préoccupation collective, et moralité est toujours affaire personnelle.
Plus humblement, nul n'est étranger au cas de conscience du mensonge poli. Dire que vivre en société demande toujours une part d'hypocrisie est devenu un lieu commun, au moins depuis le philosophe au tonneau — moi je pense que ce n'était pas un tonneau, mais plutôt une amphore, parce que les tonneaux, c'est un truc de Gaulois, et pas de Grecs, mais passons, hic ! c'est pas l'histoire du sujet. Doit-on préférer l'amitié ou la vérité ? la question vaut aussi pour une amitié comme règle de vie en société. La préférer à la vérité est-ce un acte moral ? La question est posée par le philosophe, car sa place dans la société est questionnée. Si le Bon est le Vrai, ce bon-là est-il compatible avec la vie sociale ? Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, ma bonne dame. Alors, le philosophe il doit trouver sa place. Sinon, gare à la ciguë.
Serveur, une tournée, merci !
Si tu le permets, je prends un verre aussi JPhMM
- JPhMMDemi-dieu
Avec plaisir.Aspasie a écrit:Si tu le permets, je prends un verre aussi JPhMM
Un Tursan, un !
C'est pas exceptionnel, mais au moins, après quelques verres, on peut se dire nos quatre vérités entre potes sur la plage. Et si on en vient à se faire la gueule, c'est pas grave, on dira que c'était l'alcool. Le lendemain, les cheveux piquent mais on est encore potes. On est comme ça, nous. La société c'est bien. Cultiver son jardin, c'est mieux.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- ShajarVénérable
Bon, on va arrêter les frais ici. Sujet verrouillé.
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