- Reine MargotDemi-dieu
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/05/08/31003-20150508ARTFIG00232-jean-d-ormesson-lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-et-aux-attila-de-l-education.php
FIGAROVOX/EXTRAIT - Jean d'Ormesson écrit au président de la République au sujet de la réforme du collège. Il lui demande de ne pas laisser dépérir nos biens les plus précieux : notre langue, notre littérature, notre culture.
Monsieur le Président de la République,
Plus d'une fois, vous avez souligné l'importance que vous attachiez aux problèmes de la jeunesse, de l'éducation et de la culture. Voilà que votre ministre de l'Éducation nationale se propose de faire adopter une réforme des programmes scolaires qui entraînerait, à plus ou moins brève échéance, un affaiblissement dramatique de l'enseignement du latin et du grec et, par-dessus le marché,de l'allemand.
Cette réforme, la ministre la défend avec sa grâce et son sourire habituelset avec une sûreté d'elle et une hauteur mutine dignes d'une meilleure cause. Peut-être vous souvenez-vous, Monsieur le Président, de Jennifer Jones dans La Folle Ingénue? En hommage sans doute au cher et grand Lubitsch, Mme Najat Vallaud-Belkacem semble aspirer à jouer le rôle d'une Dédaigneuse Ingénue. C'est que son projet suscite déjà, et à droite et à gauche, une opposition farouche.
On peut comprendre cette levée de boucliers. Il y a encore quelques années, l'exception culturelle française était sur toutes les lèvres. Cette exception culturelle plongeait ses racines dans le latin et le grec. Non seulement notre littérature entière sort d'Homère et de Sophocle, de Virgile et d'Horace, mais la langue dont nous nous servons pour parler de la science, de la technique, de la médecine perdrait tout son sens et deviendrait opaque sans une référence constante aux racines grecques et latines. Le français occupe déjà aujourd'hui dans le monde une place plus restreinte qu'hier. Couper notre langue de ses racines grecques et latines serait la condamner de propos délibéré à une mort programmée.
Mettre en vigueur le projet de réforme de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ce serait menacer toute la partie peut-être la plus brillante de notre littérature. Montaigne et Rabelais deviendraient vite illisibles. Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet changeraient aussitôt de statutet seraient difficiles à comprendre. Ronsard, Du Bellay, Chateaubriand, Giroudouxou Anouilh - sans même parler de James Joyce- tomberaient dans une trappe si nous n'apprenions plus dès l'enfance les aventures d'Ulysse aux mille ruses, si nous ignorions, par malheur, qu'Andromaque est la femme d'Hector, l'adversaire malheureux d'Achille dans la guerre de Troie,si nous nous écartions de cette Rome et de cette Grèce à qui, vous le savez bien, nous devons presque tout.
Les Anglais tiennent à Shakespeare, les Allemands tiennent à Goethe,les Espagnols à Cervantès, les Portugais à Camoens, les Italiens à Danteet les Russes à Tolstoï. Nous sommesles enfants d'Homère et de Virgile- et nous nous détournerions d'eux! Les angoisses de Cassandre ou d'Iphigénie, les malheurs de Priam, le rire en larmes d'Andromaque, les aventures de Thésée entre Phèdre et Ariane, la passion de Didon pour Énée font partie de notre héritage au même titre que le vase de Soissons, que la poule au pot d'Henri IV, que les discours de Robespierreou de Danton, que Pasteurou que Clemenceau. Lire la suite dans le Figaro du 9 mai 2015
FIGAROVOX/EXTRAIT - Jean d'Ormesson écrit au président de la République au sujet de la réforme du collège. Il lui demande de ne pas laisser dépérir nos biens les plus précieux : notre langue, notre littérature, notre culture.
Monsieur le Président de la République,
Plus d'une fois, vous avez souligné l'importance que vous attachiez aux problèmes de la jeunesse, de l'éducation et de la culture. Voilà que votre ministre de l'Éducation nationale se propose de faire adopter une réforme des programmes scolaires qui entraînerait, à plus ou moins brève échéance, un affaiblissement dramatique de l'enseignement du latin et du grec et, par-dessus le marché,de l'allemand.
Cette réforme, la ministre la défend avec sa grâce et son sourire habituelset avec une sûreté d'elle et une hauteur mutine dignes d'une meilleure cause. Peut-être vous souvenez-vous, Monsieur le Président, de Jennifer Jones dans La Folle Ingénue? En hommage sans doute au cher et grand Lubitsch, Mme Najat Vallaud-Belkacem semble aspirer à jouer le rôle d'une Dédaigneuse Ingénue. C'est que son projet suscite déjà, et à droite et à gauche, une opposition farouche.
On peut comprendre cette levée de boucliers. Il y a encore quelques années, l'exception culturelle française était sur toutes les lèvres. Cette exception culturelle plongeait ses racines dans le latin et le grec. Non seulement notre littérature entière sort d'Homère et de Sophocle, de Virgile et d'Horace, mais la langue dont nous nous servons pour parler de la science, de la technique, de la médecine perdrait tout son sens et deviendrait opaque sans une référence constante aux racines grecques et latines. Le français occupe déjà aujourd'hui dans le monde une place plus restreinte qu'hier. Couper notre langue de ses racines grecques et latines serait la condamner de propos délibéré à une mort programmée.
Mettre en vigueur le projet de réforme de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ce serait menacer toute la partie peut-être la plus brillante de notre littérature. Montaigne et Rabelais deviendraient vite illisibles. Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet changeraient aussitôt de statutet seraient difficiles à comprendre. Ronsard, Du Bellay, Chateaubriand, Giroudouxou Anouilh - sans même parler de James Joyce- tomberaient dans une trappe si nous n'apprenions plus dès l'enfance les aventures d'Ulysse aux mille ruses, si nous ignorions, par malheur, qu'Andromaque est la femme d'Hector, l'adversaire malheureux d'Achille dans la guerre de Troie,si nous nous écartions de cette Rome et de cette Grèce à qui, vous le savez bien, nous devons presque tout.
Les Anglais tiennent à Shakespeare, les Allemands tiennent à Goethe,les Espagnols à Cervantès, les Portugais à Camoens, les Italiens à Danteet les Russes à Tolstoï. Nous sommesles enfants d'Homère et de Virgile- et nous nous détournerions d'eux! Les angoisses de Cassandre ou d'Iphigénie, les malheurs de Priam, le rire en larmes d'Andromaque, les aventures de Thésée entre Phèdre et Ariane, la passion de Didon pour Énée font partie de notre héritage au même titre que le vase de Soissons, que la poule au pot d'Henri IV, que les discours de Robespierreou de Danton, que Pasteurou que Clemenceau. Lire la suite dans le Figaro du 9 mai 2015
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- keroGrand sage
Bien !
Je suis juste embêté que les projecteurs ne cessent de se porter sur le latin/grec, au détriment de l'ensemble de la réforme, qui comporte bien d'autres inepties.
Je suis juste embêté que les projecteurs ne cessent de se porter sur le latin/grec, au détriment de l'ensemble de la réforme, qui comporte bien d'autres inepties.
- ZazkFidèle du forum
C'est sans doute parce que c'est le plus flagrant...Mais ça n'empêche malheureusement pas toutes les autres inepties...
- Thalia de GMédiateur
C'est pourquoi je préfère la lettre d'Alain Morvan qui émane d'un homme du sérail et dont la vision est plus globale : https://www.neoprofs.org/t89594-critique-de-la-reforme-par-alain-morvan-ancien-recteurkero a écrit:Bien !
Je suis juste embêté que les projecteurs ne cessent de se porter sur le latin/grec, au détriment de l'ensemble de la réforme, qui comporte bien d'autres inepties.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- lisette83Érudit
Parce que ce sont les fondations de notre culture donc, hors EN, la sensibilité sur ce point est plus forte; il en est de même lorsque l'on touche à l'histoire.kero a écrit:Bien !
Je suis juste embêté que les projecteurs ne cessent de se porter sur le latin/grec, au détriment de l'ensemble de la réforme, qui comporte bien d'autres inepties.
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